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NamJoon posa sa piètre valise sur son lit, dans son étroite chambre de domestique. Ah, le grincement du matelas lui avait presque manqué ! Assez content d'être de retour au manoir, le majordome défit rapidement son bagage; il remit tout en place et s'attela même à dépoussiérer sa chambre. Il ouvrit sa fenêtre pour aérer et le vent s'engouffra volontiers dans la pièce exiguë. Il ne manquait plus qu'une chanson, des animaux de la forêt et il se transformerait en Blanche-Neige.

Alors qu'il changeait les draps, le son de cloche si caractéristique sonna clairement à ses oreilles. Toujours plein d'entrain, NamJoon termina rapidement ce qu'il faisait puis sortit, le sourire aux lèvres, pour répondre à l'appel. Tout était à nouveau comme avant, si familier et si...

« NamJoon ! »

Une petite silhouette non-identifiée se jeta pratiquement sur lui; Jimin le serra dans ses bras sans aucune gêne ni honte, tout bonnement heureux de le revoir. NamJoon lui tapota dans le dos, signe qu'il devrait le lâcher, parce qu'il serrait plutôt fort, en fait. Jimin s'écarta et s'excusa rapidement, trop souriant pour être sérieux.

« Alors, c'était comment ces vacances ? Demanda le garçon, tout ouïe. »

NamJoon fit mine de réfléchir, faisant inutilement patienter Jimin qui ne tint pas très longtemps. Il frappa l'autre à l'épaule, trop faiblement pour que ce soit sérieux.

« Allez quoi ! S'impatienta le garçon. Dis-moi tout !

– Oui oui, plus tard, lâcha finalement NamJoon, dont le ton laissait deviner que la taquinerie l'amusait. Le jeune maître m'a appelé, alors je dois y aller. »

Jimin fit une moue boudeuse mais parut tout de même compréhensif.

« Très bien, tu y échappes pour cette fois ! Dit-il. Mais après, tu seras obligé de tout nous raconter, à moi et aux autres. »

Et il pointa deux de ses doigts sur ses yeux avant de les diriger vers NamJoon, signe qu'il le surveillait. Puis, avec un sourire, il s'éclipsa. Le majordome, amusé, s'empressa de reprendre sa route momentanément interrompue.

Sa bonne humeur ne le lâchait pas d'une semelle, pas même lorsqu'il arriva devant la porte de SeokJin qu'il frappa. Une sorte de grognement lui répondit, et il entra sans tarder.

NamJoon était déjà tombé sur un nombre incalculable de situations auxquelles il ne s'attendait pas, en entrant dans cette pièce. Il n'aurait pas dû être surpris de voir SeokJin affalé sur son lit comme une étoile de mer, couché sur une pile d'habits défaits. Les bagages étaient éventrés au pied du lit, et quelques vêtements trainaient encore à l'intérieur avec tous les bibelots qu'il avait acheté en vacances. Visiblement, il avait essayé de défaire sa valise tout seul, sans succès.

« Ça va ? Marmonna NamJoon, curieux de le voir aussi immobile.

– J'en peux plus, bafouilla SeokJin. Pourquoi c'est aussi dur de plier un t-shirt ? »

NamJoon pouffa et secoua la tête de gauche à droite. Il s'avança et ramassa les quelques habits dépliés, les accumulant sous son bras. Il les posa sur le lit, à côté de SeokJin. Ce dernier l'observait, les lèvres pincées. Le majordome lui tendit la main pour qu'il s'en saisisse et se redresse, chose que le châtain ne fit pas.

« Ça ne va pas ? Demanda NamJoon, un peu inquiet. Il laissa son bras retomber. Sa bonne humeur se fana aussi. »

SeokJin haussa les épaules, incertain. Il n'avait pas l'air aussi heureux que lui d'être de retour au manoir. Pourtant, à la base, il n'avait pas voulu partir d'ici b

« Juste fatigué, dit-il sans vraiment y accorder de l'importance. Aide-moi, s'il te plaît. »

Il ouvrit grand les bras comme s'il voulait que NamJoon s'y réfugie, ou qu'il l'aide à se redresser. Le domestique opta pour la deuxième option, mais en réalité, il n'avait pas spécialement le choix.

Lorsqu'il tendit les mains pour saisir celles de SeokJin, ce dernier les agrippa fermement et tira. NamJoon essaya de freiner sa chute et ne réussit qu'à l'amortir à moitié. Il tomba à moitié sur le châtain et sur le matelas, confus.

« Outch, se plaignit SeokJin sous le choc. Tu pouvais pas tomber d'une manière plus élégante ?

– Il ne fallait pas me tirer sans prévenir, répliqua NamJoon, contrit. »

Le grand brun agita la tête et un sourire perça son air à priori mécontent. NamJoon l'ignora et se redressa en prenant appuis sur ses bras, histoire de ne plus écraser l'autre. Curieusement, SeokJin l'empêcha de se relever totalement en agrippant son col. Ses grands yeux noisette le fixaient.

« Quoi ? Marmonna NamJoon, assez confus. Il avait un étrange pressentiment.

– Reste comme ça, ordonna SeokJin, alors que son sourire s'élargissait. »

Il avait décidément quelque chose derrière la tête. Et NamJoon était décidé à ne pas le laisser faire, quelle que soit son idée. Il étudia longuement les traits du châtain, suspicieux; son sourire était aussi mesquin qu'adorable.

Le majordome sursauta presque en sentant une main remonter sa cuisse jusqu'à son postérieur, où les doigts empoignèrent fermement l'une de ses fesses, envoyant comme un frisson dans ses cuisses. Embarrassé, NamJoon comprit à l'expression de SeokJin que c'était ça, ce qu'il avait derrière la tête. Il saisit son poignet pour éloigner sa main de son–

« T'es gêné, Joonie ? Demanda le châtain. Pourtant on a déjà fait plus, une fois.

– SeokJin, avertit NamJoon, mal à l'aise. Il faisait trop jour à son goût et il n'était mentalement pas prêt à ça. Ce n'est pas le moment...

– Donc il y a un moment ? Conclut SeokJin. Sa main était toujours scotchée à l'une de ses fesses. Tu préfères le matin, en fin de journée ou la nuit ? »

Le majordome secoua vivement tête. Il était censé plier ses vêtements, pas parler de ça ni organiser ce genre de chose. En plus, la porte n'était même pas verrouillée et ça le rendait tout particulièrement anxieux.

« SeokJin... la porte... »

SeokJin huma. Il se servit de sa poigne –assez forte, tout de même– pour rapprocher le visage du domestique du sien. Leurs bouches se frôlèrent volontairement. Alors que le châtain baissa les yeux comme pour admirer ses traits soucieux d'aussi près, sa voix se fit moins forte et plus douce. Mais même la douceur ne pouvait retirer aux mots leur impact.

« NamJoon, t'es trop coincé parfois. »

Le majordome fronça les sourcils et plissa ses lèvres. Il commençait à avoir mal aux bras, à essayer de se maintenir ainsi en suspension au-dessus de SeokJin.

« Et toi t'es trop insistant, répliqua-t-il. »

SeokJin roula des yeux et relâcha sa poigne. Bizarrement, il ne fit pas de commentaire. NamJoon fut surpris de constater qu'il abandonnait et passait à autre chose. Il ravala son impression d'être obéit et écouté lorsque SeokJin le repoussa sans ménagement afin de le faire basculer sur le matelas. Le châtain sauta ensuite sur ses pieds et s'étira en levant ses bras très haut, froissant sa chemise. Il se tourna vers le domestique.

« Je vais prendre le thé dehors, informa SeokJin. Tu viens ? »

NamJoon hocha lentement la tête et se remit sur ses pieds. Toutefois, il remarqua à nouveau les vêtements en désordre qui traînaient sur le lit.

« Je vais ranger ça d'abord, dit-il. Je te rejoins plus tard. »

Vaguement concerné, SeokJin haussa les épaules et accepta sans broncher. Il ne rajouta rien et sortit de la chambre pour laisser NamJoon faire ce qu'il avait à faire.

Aussitôt que la porte se referma, le majordome rassembla les vêtements éparpillés et débuta sa tâche fastidieuse. Il plia les t-shirts et les pantalons un à un, jusqu'à avoir une pile bien épaisse. Puis, il alla tout ranger à sa place dans l'armoire. Lorsqu'il eut vidé deux des trois valises et qu'il s'attaqua à la dernière, NamJoon se souvint d'une léger détail.

Il se remémora le collier d'argent qu'il avait trouvé lors de leur séjour, ainsi que les photographies qu'il contenait. Au même instant, il saisit un pantalon et vit l'objet en question, à peine dissimulé. Il s'en saisit d'une main, mais ne l'ouvrit pas. NamJoon savait pertinemment ce qu'il y avait à l'intérieur et se releva, sa trouvaille en main. Il fixa les gravures qui ornaient le bijou trop lourd.

Il ne sût point où le poser. Songeur, il observa tantôt la table de nuit près du lit, tantôt la commode et ses tiroirs. Il pouvait le ranger, le faire disparaître de sa vue. Peut-être ferait-il mieux de simplement disposer le collier bien en évidence, mais curieusement, l'idée ne plaisait pas à NamJoon. Il préférait le rendre à SeokJin en main propre. Alors, d'un geste distrait, il glissa le bijou dans une poche à l'intérieur de son veston. Ce fut curieux de sentir un tel poids à cet endroit, contre son flanc.

Enfin, l'esprit ailleurs, NamJoon termina de ranger la dernière valise. Il arrangea le lit de SeokJin et ouvrit les fenêtres pour aérer avant de finalement sortir de la chambre silencieuse. Il se dirigea d'un bon pas vers les cuisines.

[...]

NamJoon eut bien du mal à quitter les cuisines, là où, semblerait-il, tous ses amis et collègues avaient soudainement décidés de se réunir. Jimin ne l'avait pas raté; alors qu'il préparait et rassemblait de quoi prendre le thé, il avait été assailli de questions et pratiquement forcé de tout raconter en détail. Pas que cela dérangeait le majordome, ça non, au contraire, mais raconter son voyage en omettant toutes les fois où SeokJin et lui avaient passés des moments spéciaux s'était avéré compliqué.

Fort heureusement, NamJoon était parvenu à esquiver, et ses collègues avaient finalement été convaincus par ses histoires et ses anecdotes. Ils avaient bien ris, laissant la cuisine emplies d'amusement et de discussion durant de longues minutes.

Un plateau en main, NamJoon marchait à présent d'un bon pas vers la porte qui menait à la cours, derrière le manoir. Il essayait de se dépêcher, car cela faisait déjà un moment que SeokJin devait attendre sur lui dans les jardins. Le majordome espérait sincèrement qu'il ne soit d'ailleurs pas remonté dans sa chambre, entre temps.

Il ne faisait pas très chaud, dehors. Le vent soufflait, suffisamment fort pour menacer d'arracher les draps qui séchaient sur la corde tendue à travers la cours. NamJoon tint fermement sa cargaison sur son plateau et pressa le pas. Il foula l'herbe tondue du gazon, cherchant SeokJin des yeux. Mais il ne le trouva pas à la petite table de jardin où il venait occasionnellement. Perplexe, NamJoon fut un instant perdu. Jusqu'à ce qu'un autre lieu ne lui vienne à l'esprit.

Si le jeune maître n'était pas rentré, il se trouvait peut-être sur le banc, dans la roseraie. Il ne faisait pas un temps à se balader, mais les grandes haies du jardin labyrinthique suffisaient sûrement à ralentir le vent, à créer un endroit protégé. NamJoon continua plus loin, espérant que l'autre l'attendait là-bas.

Et tel fut le cas. Lorsqu'il arriva près du banc, NamJoon vit la grande silhouette de SeokJin assise là, les mains sur ses genoux et le visage levé vers le ciel grisâtre. Autour de lui, les pauvres roses s'agitaient dans le vent, comme empreintes de vie, mais la roseraie empêchait ainsi l'endroit d'être trop exposé. Il n'y avait donc presque aucun courant, bien qu'il ne faisait pas chaud pour autant. La météo changeait drastiquement de la chaleur et du soleil des îles paradisiaques. Tout compte fait, ce n'était pas vraiment un temps à rester dehors.

NamJoon approcha SeokJin, prêt à lui demander s'il ne préférait pas déjà rentrer; après tout, il allait peut-être pleuvoir. Il ne voulait pas se laisser surprendre par la pluie. Le majordome se racla la gorge, et le jeune maître tourna la tête vers lui, concentrant son attention –auparavant distraite– sur sa personne.

« Il ne fait pas très beau, débuta NamJoon. Il sentait un courant d'air froid sur sa nuque, et s'il n'était pas assez couvert, il aurait peut-être trouvé qu'il faisait frisquet. Tu ne veux pas rentrer ? »

SeokJin haussa clairement les épaules, indifférent. Il observa à nouveau les alentours, le visage sans émotion. Il paraissait très calme, presque pensif. La météo n'était pour lui pas un problème et pourtant, il était en t-shirt, bien qu'il avait la chair de poule.

« On peut rester encore un peu, Marmonna-t-il. »

Perplexe, NamJoon n'osa pas le contredire, car il savait déjà ce que représentait ce lieu pour lui. Il posa son plateau sur le bout du banc abîmé et s'assit juste à côté de son jeune maître, afin que leurs cuisses se touchent. Le contact ne fit qu'à peine réagir SeokJin, qui le fixait à présent pour voir ce qu'il faisait. le majordome s'empressa de servir une tasse de thé qui, fort heureusement, était encore suffisamment chaud. Tenant la tasse des deux mains, il la porta vers SeokJin. À l'intérieur, le liquide brunâtre faisait de légère vague et libérait un filet de vapeur rapidement dissipé dans l'air frais.

« Bois ça, avant que ça ne refroidisse. »

SeokJin resta muet et prit la tasse sans broncher. Il la porta à ses lèvres, avala une petite gorgée et frissonna. Ses épaules se crispèrent. Il redonna le breuvage à NamJoon sans vraiment faire de commentaire. Il était d'un calme olympien, aussi le majordome trouva que cela pouvait être à son avantage. Un peu mal à l'aise, il prit la parole.

« J'ai quelque chose pour toi, dit-il lentement. »

NamJoon posa la tasse, plongea sa main droite dans son veston et, le poing fermé, présenta soudain l'objet au regard de son aîné, paume vers le ciel. Ses doigts gantés se déplièrent et le collier d'argent paraissait presque terne sur son gant blanc.

SeokJin fixa le bijou. Ses yeux s'écarquillèrent, première véritable émotion depuis tout à l'heure.

« Où l'as-tu pris ? S'enquit-il.

– Il était dans ta valise. »

À l'expression qu'afficha le grand brun, NamJoon comprit qu'il avait totalement oublié cet objet. Et pourtant, c'était bien lui qui l'avait mit dans sa valise avant de partir.

« Je l'ai ouvert, avoua alors NamJoon. En vérité, je l'ai trouvé durant le séjour, en défaisant tes bagages.

– Alors tu as vu les photos, pas vrai... »

NamJoon hocha la tête, vaguement désolé. SeokJin se mordilla l'intérieur de la joue, avant de passer une main dans sa nuque.

« Tu n'es pas forcé de me dire quoi que ce soit à ce sujet, expliqua doucement le majordome. Il tendit le collier gros comme une montre de poche pour le fourrer entre les doigts crispés de SeokJin. Je n'ai pas besoin de savoir. »

Le châtain baissa les yeux sur leurs mains; celles de NamJoon étaient refermées sur les siennes, qui enveloppaient à présent le bijou en métal. Il était froid contre sa peau, sans vie aucune, mais une douce tiédeur émanait des paumes du domestique. SeokJin sentit son cœur se serrer au fond de sa poitrine.

« Si, tu devrais savoir. C'est une photo de ma mère, Marmonna-t-il, la gorge serrée. Et une photo de... de lui.

– Lui ? Répéta tout bas NamJoon, sur un ton qui réclamait une explication. »

SeokJin parut se redresser et, sans démêler leurs mains, secoua la tête de gauche à droite comme pour chasser un mauvais souvenir. Il fit une grimace, mais son rictus se transforma en quelque chose à l'allure plus fatiguée. NamJoon, de son côté, avait une hypothèse sur le bout des lèvres. Ça le brûlait presque de ne pas la partager, et il ne put pas s'en empêcher.

« C'était ton majordome, pas vrai ? Questionna-t-il alors que la conversation avec M. Kim au casino lui servait d'indice. Ton premier majordome. »

Mal à l'aise, SeokJin ne parvint pas à rester calme. Son cœur battait trop fort et il avait les mains moites. Il parla trop vite.

« Il m'a laissé tomber. »

NamJoon eut presque du mal à reconnaître la voix de son jeune maître, tant elle était teintée d'une peine profonde, indélébile, mais aussi d'une certaine rancune.

« Il m'a laissé tomber, il est partit, répéta encore SeokJin, les yeux brillants mais presque en colère. Et tous les autres après lui... Ils sont tous partis aussi, tous. Ils m'ont tous abandonnés.

– SeokJin...

– Quoi que je fasse, balbutia le jeune maître en tremblant. Il cligna des yeux, et la première larme roula sur son visage jusqu'à sa bouche crispée. Ils m'abandonnent tous ! Tout le monde finit par partir et moi– moi il me laisse tout seul e-et– »

NamJoon ouvrit les bras pour le prendre contre lui, et SeokJin se jeta presque dans son étreinte, abandonnant sans hésitation le collier qui tomba alors au sol, dans l'herbe.

« T-toi aussi, continua SeokJin malgré tout, dans une accusation à peine véridique. Tu finiras aussi par partir... »

Le majordome le serra fermement, une main sur sa nuque étrangement brûlante et l'autre dans son dos. SeokJin ne pleurait pas, ou du moins, aucun son ni aucun sanglot ne lui parvint. Son front était scotché à son épaule, et ils restèrent ainsi un long moment, tendus.

« Je suis toujours là, murmura NamJoon, sur un ton calme, doux. Je ne suis pas parti, et je n'en ai pas l'intention. »

Le silence sembla s'étendre à l'infini. Jusqu'à ce que SeokJin réponde, plus détendu.

« Merci... »

Le domestique esquissa un sourire discret et frotta affectueusement le dos du châtain, juste entre ses omoplates. Il sentit l'autre soupirer, puis ils se séparèrent enfin. Mais sur le visage de SeokJin, NamJoon ne lut qu'une grande fatigue qui laissait à peine de la place à son soulagement.

Inquiet, le majordome plaça sa main sur le front du grand brun, prenant vaguement sa température. Il semblait plus chaud que ce qu'il aurait peut-être dû être.

« Je crois que tu as un peu de fièvre, supposa NamJoon. Il attacha ses doigts à son poignet, frottant sa cuisse de l'autre en signe d'affection. Rentrons. »

SeokJin se contenta d'acquiescer en silence, les yeux baissés.

« Je n'ai pas de fièvre, assura-t-il néanmoins. Je suis juste un peu fatigué. »

NamJoon voulut bien le croire, et il ne s'inquiéta pas davantage.

[...]

La nuit qui suivit, NamJoon fut brutalement tiré de son sommeil par un son de cloche infernal.

Le tintement résonna à ses oreilles avec insistance et le majordome se redressa si vite qu'il faillit bien tomber de son lit; il garda l'équilibre et regarda l'heure, l'air paniqué. Il était à peine minuit.

NamJoon abandonna vite sa couette, alluma sa lampe de chevet et s'habilla en vitesse. Le tintement ne cessait de résonner dans sa piteuse chambre de bonne ainsi que dans son crâne et cela ne faisait qu'empirer son inquiétude soudaine, faisant monter le stress et la confusion à une vitesse phénoménale. Jamais SeokJin ne l'avait appelé avec autant d'insistance auparavant. Il devait y avoir quelque chose de grave.

NamJoon sortit de sa chambre sans même refermer la porte et s'élança dans le couloir désert. Il faisait sombre mais le majordome connaissait le chemin par cœur, aussi parvint-il rapidement en haut. Son inquiétude s'était accentué en gravissant les dernières marches, renforcée par le grave silence qui plongeait le manoir dans une horrible léthargie. Le majordome était pratiquement certain qu'avec sa course hâtive, il avait bien dû réveiller quelqu'un au passage.

Essayant autant que possible de conserver un calme apparent, ce fut néanmoins avec les sourcils froncés qu'il toqua doucement à la porte de SeokJin. Personne ne lui répondit, alors il appela le jeune maître, d'abord timidement puis plus clairement. Finalement, ne pouvant plus attendre, il posa sa main sur la poignée et entra.

La chambre était plongée dans le noir, à l'exception de la lampe de chevet qui éclairait la table de nuit ainsi que le lit aux draps en désordres. Sur le matelas, SeokJin était allongé sur le dos, un bras et une jambe pendant dans le vide. Il n'avait pas l'air bien. Pas bien du tout, même. NamJoon se précipita vers lui.

« SeokJin, marmonna-t-il en voyant l'état du châtain. Hey, Jin. »

L'appelé ouvrit à peine les yeux, le visage comme tordu d'un mal inconnu. Il respirait lourdement, son visage brillait de sueur à la lueur jaunâtre de la lampe et il avait l'air étourdi. NamJoon posa sa main sur son front pour la retirer peu après; il était bouillant.

« Bon sang Jin ! S'exclama NamJoon avec une inquiétude de dément. Tu es brûlant ! »

SeokJin marmonna quelque chose entre ses lèvres, mais ses mots étaient incohérents et sa bouche pâteuse ne délivra soudain que des souffles difficiles. Il s'agita sur son lit, dérangé par ses vêtements qui l'étouffait. NamJoon l'aida à retirer son haut pour le soulager un peu, puis il s'empressa d'aller chercher de l'eau dans la salle de bain attenante.

Il revint tout de suite après avec un linge humide qu'il espérait assez froid. Il se mit à genoux au bord du lit et posa brusquement la serviette sur le torse transpirant de SeokJin. Ce dernier marmonna son nom en agrippant son veston, mais il avait si peu de force dans les doigts qu'il lâchait sans arrêter sa prise. Sa tête dodelina sur le côté et NamJoon glissa une main dans sa nuque pour maintenir son visage droit.

« SeokJin, appela-t-il pour essayer d'attirer et de fixer son attention sur lui. SeokJin ouvre les yeux. »

Le châtain ne parut pas entendre ce qu'il disait, mais il murmura une plainte claire et évocatrice; il mourrait de chaud.

Le cœur battant, NamJoon ne sût point que faire. Il appuya la serviette déjà tiède sur le front de SeokJin pour tenter de le soulager un peu, mais ce n'était sûrement pas suffisant.

Paniqué, le majordome ne songea plus qu'à une chose; appeler un médecin.

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*se savonne avec le scénario*
Ce moment étrange où tu dois relire ta propre fanfic pour comprendre ce que tu voulais faire avec.