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L'éclat du soleil était si brillant et réchauffant que, lorsque NamJoon sortit en dernier du jet privé, il crût bien qu'ils avaient atterris au paradis.

Une main faisant de l'ombre à ses yeux, il lui fallut quelques instants pour accommoder son regard à la lumière vive du jour, fronçant les sourcils de par ce moment désagréable. Mais à l'instant même où il put parfaitement voir les paysages alentours, il ne fut pas déçu.

Le goudron de la piste s'étendait juste assez pour l'atterrissage d'un petit avion et, au-delà des grillages, la végétation paradisiaque montrait sa beauté et son éclat verdoyant. Plus loin encore, le bleu marin de l'eau étalait sa nappe brillante et au-dessus, le coton des nuages s'étirait comme pour remplir cette immensité bleutée. L'air était tiède et, dans cette brise légère, une odeur d'eau salée et d'asphalte flottait.

Un coup de coude dans les côtes fit soudainement revenir le majordome sur Terre. C'était HoSeok, qui lui était passé à côté pour aller chercher les bagages et qui lui rappelait qu'il devait en faire de même, alors que la petite famille Kim, elle, était accueillie par un comité de bienvenue. NamJoon ne put pas y porter beaucoup d'attention, car il se devait d'accomplir son devoir; transporter les pénibles valises de son jeune maître. Et c'est ce qu'il fit.

Lorsque le comité d'accueil eut terminé de distribuer des faux colliers de fleurs à la famille et que ces derniers eurent terminés de boire leurs coupes de champagne pour célébrer le début de leurs vacances, tout ce beau petit monde fut guidé hors de l'aéroport. Là, des berlines les attendaient déjà pour les conduire à l'hôtel.

[...]

Lorsque, dans un dernier effort, NamJoon posa les valises encombrantes sur la moquette épaisse, le domestique espérait que cela soit son dernier effort de la journée, car il n'en pouvait plus. Les multiples trajets l'avaient épuisés, sans ajouter qu'il avait également dut se balader des bagages qui ne lui appartenait pas, et ce depuis qu'ils avaient quittés le manoir jusqu'ici, dans cet hôtel luxueux, en plus de ses maigres affaires à lui.

En se redressant, une main sur son dos douloureux, NamJoon jeta un coup d'œil à SeokJin qui, debout devant la grande porte-vitrée, regardait dehors, par delà son petit balcon. L'une de ses mains agrippaient le long rideau qui virevoltait dans la brise, comme s'il avait peur de s'envoler, emporté par le vent.

Le majordome observa longuement cette silhouette de trois-quarts qui lui était familière. Dans ce cadre idyllique, il ne manquait plus qu'un sourire sur son visage pour que tout soit parfait. Détail qui, malheureusement, était cruellement absent.

NamJoon resta un instant interdit, se demandant s'il devait intervenir ou non. Finalement, il dit, plus pour attirer l'attention, en s'efforçant de paraître bienveillant malgré sa fatigue:

« Tu veux que je défasse tes valises ? »

SeokJin eut un mouvement dans sa direction, mais il tourna à peine la tête.

« Non, dit-il, distrait. C'est pas la peine. »

Et il continua à observer l'extérieur depuis son poste. Curieux, NamJoon contourna le lit impeccable et s'arrêta derrière SeokJin, de sorte à voir ce qu'il fixait avec tant d'acharnement mais en même temps, avec autant de désintérêt.

Dehors, en contrebas, la piscine de l'hôtel ne donnait qu'une seule envie; y plonger sans attendre. Quelques personnes prenaient le soleil sur le bord, mais impossible de voir leurs visages. Au loin, par delà les quelques grands palmiers, on pouvait voir le banc de sable et l'eau bleutée de l'océan. La vue était juste magnifique. Cela changeait totalement de ce à quoi il était habitué, et NamJoon ne comprenait pas pourquoi les yeux de SeokJin ne s'illuminaient pas devant un tel spectacle. Lui, à sa place, il en aurait profité dès que possible.

Il songea alors que, peut-être, il avait l'habitude de ce genre de voyage, que cela ne lui faisait plus d'effet à présent. Cette hypothèse rappela à NamJoon qu'il n'était dans sa vie que depuis peu de temps ou du moins, pas assez pour connaître ce type de détail futile.

Le majordome émit un son pour désapprouver sa pensée et, comme un signe de révolte envers un être invisible qui tenterait de les séparer, il saisit subitement l'autre à plein bras, l'attirant tout contre lui. Son torse s'appuya à son dos, et il sentit le châtain faiblir sous cette pression inattendue. Surpris, le grand brun tourna la tête et leva des yeux intrigués sur son domestique, mais ce dernier avait fait taire ces questions d'un simple regard.

« À te voir, on dirait que tu vas à l'échafaud. »

Le coin des lèvres de SeokJin tiquèrent à cette remarque. Il posa ses mains sur les avant-bras de son geôlier provisoire, comme pour desserrer son étreinte sans y mettre un quelconque effort.

« Non, marmonna le châtain. Tu divagues.

– Mes yeux ne me trompent pas, renchérit NamJoon.

– Tu en es sûr ? »

SeokJin esquissa un sourire en coin, taquin. La tête tournée pour pouvoir regarder le visage de son majordome, il lui murmura un simple « ferme les yeux » auquel le grand rose n'obéit pas tout de suite. Ce dernier considéra un instant l'expression de son jeune maître, qui était passée d'une indifférence certaine à ce petit air joueur qu'il arborait si souvent avec lui. Au moins, NamJoon avait de quoi se féliciter; il avait changer l'humeur de son aîné.

En totale confiance, le majordome ferma les yeux, comme on le lui avait demandé. Il attendit, serrant toujours l'autre dans ses bras. Il sentit SeokJin remuer, un peu comme s'il tentait de se retourner pour lui faire face. NamJoon le laissa faire en se demandant s'il allait le regretter ou non. Il n'eut aucune réponse.

Les secondes passèrent, et le majordome, qui avait toujours les paupières closes, commençait à devenir soucieux. Pourquoi ne se passait-il rien ? SeokJin demeurait dans ses bras, immobile, serré contre lui. Mais il ne faisait rien. Ses mains inertes étaient posées sur son buste, proche de ses épaules et de son cou. Prenant tout cela pour une blague pas très drôle, NamJoon rouvrit les yeux.

À peine les eut-il rouvert qu'il fut tirer vers l'avant. Le dos du châtain heurta le mur derrière lui, manquant presque de finir contre la vitre. Le rose vit SeokJin agiter et tortiller ses bras pour attraper un pan du rideau qu'il tira pour les entourer, les couvrant tous les deux. Ils se retrouvèrent dans une obscurité partielle.

SeokJin maintint le rideau derrière NamJoon avec une main, tandis que l'autre était partie sur les côtes du majordome, lequel ne comprit pas tout de suite le pourquoi du comment. Il n'identifia pas ce que l'autre faisait en tortillant ainsi ses doigts, mais lorsqu'il comprit enfin, il ne put pas retenir le rire qui s'échappa de sa bouche.

Attaqué par les chatouilles, NamJoon gigota, tentant de se débarrasser de la main qui le chatouillait et bientôt, des deux réunis, se pliant en deux, écrasant au passage SeokJin. Tous deux manquèrent de perdre l'équilibre, de verser tantôt sur la droite, tantôt sur la gauche, s'enroulant dans le rideau alors que les rires fusaient, ponctués par les supplications de NamJoon.

Finalement, la torture s'arrêta et, épuisé comme jamais, le majordome mit ses derniers efforts pour se dégager de la prison que formait le rideau. Une fois libéré, il se laissa tomber sur le grand lit, son dos s'enfonçant dans les draps, et SeokJin le suivit immédiatement. Il se coucha sur lui sans douceur, et NamJoon émit un grommèlement sourd sans pour autant protester. Il avait tant rit qu'il en avait mal au ventre, alors il n'avait vraiment pas la force ni l'envie de dire à l'autre de dégager.

SeokJin, tout sourire, le regardait reprendre tranquillement son souffle, les coudes sur le haut de son torse, se fichant bien d'écraser un peu ses poumons. En rigolant, il mima un bisou grossier avec ses lèvres, menaçant d'embrasser NamJoon. Ce dernier l'esquiva en tournant la tête, et le châtain embrassa sa mâchoire à la place. Lorsque l'autre revint à la charge avec son baiser baveux loin d'être glamour, le domestique attrapa ses joues entre ses doigts pour bloquer son visage.

Le châtain leva les yeux au ciel et marmonna ce qui semblait être un « t'es pas drôle » grincheux. NamJoon lui sourit, trouvant cela plutôt amusant, au contraire. SeokJin ne put que lui rendre son sourire, même si le sien était coincé entre les phalanges du domestique.

« Si tu souriais tous les jours comme ça, fit alors remarquer NamJoon, sans finir sa phrase qu'il laissa donc en suspend.

– Si tu rigolais tous les jours comme ça, au lieu d'être aussi formel, répliqua SeokJin après s'être débarrassé de son emprise. »

NamJoon soupira, pour la forme. Les bras écartés, il marmonna, d'un air faussement désabusé:

« Si je rigolais tous le temps, je me ferais renvoyer à coup sûr. »

SeokJin ignora son commentaire, fit la moue et à la place, il dit:

« Alors ne rigole que pour moi, et ne souris que pour moi. »

Et il scella ses propres mots dans une étreinte fragile. Sa joue contre son torse, il entendait ses battements de cœur du rose. Ils étaient bruyants et effrénés.

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