Chap. 36: Débordement
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« Non et non, refusa la voix autoritaire de Mme Kim. C'est tout à fait inapproprié pour un tel événement voyons, hideux. Allez m'en chercher d'autres. »
D'un geste de la main, elle fit mine de balayer les motifs de serviette qu'on lui présentait et renvoya la domestique hors de la pièce. Cette dernière s'en alla hâtivement, comme si elle avait le diable à ses trousses. Puis, la femme prit une gorgée de son thé, tranquillement assise à la table semi-dressée. Tout autour d'elle, le remue-ménage contrastait avec son calme olympien.
NamJoon, de son côté, avait observé la scène du coin de l'œil, content de ne pas être concerné par les problèmes, pour une fois. Il reposa ses yeux sur le carnet qu'il tenait en main, gribouilla des notes quelconques et donna des directives aux quelques domestiques inoccupés qui vaquaient dans la salle, où les préparatifs avançaient à grands pas.
L'organisation de la réception battait son plein. Depuis quelques temps déjà, l'on préparait la grande salle à manger à recevoir tous les invités de ce soir, qui s'avérait être une petite centaine. Exorbitant, pour une simple réception. NamJoon songea que Mme Kim ne faisait jamais les choses à moitié, comme son fils, malheureusement. En fait, on ne faisait jamais petit, ici, chez les Kim.
Le buffet était déjà couvert d'une nappe blanche immaculée, prêt à accueillir les en-cas dans son écrin. Le rose envoya poliment une demoiselle qui passait par là lui rapporter des nouvelles de la cuisine, et la jeune domestique le fit avec plaisir. Il fallait que la nourriture soit prête au bon moment, au risque d'avoir trop d'avance, ou pire, du retard. Il devait également organiser et nommer les serveurs, qui tourneraient dans la salle avec les amuse-bouches. C'était tout un art, et il fallait que tout soit aussi parfait que possible. Le moindre soucis risquait d'avoir des répercussions.
Le majordome se trouvait être le principal organisateur de toute cette agitation et il n'avait que cela en tête. Pas un seul instant, il ne pouvait songer à autre chose. Il était sollicité de tous les côtés. Sans cesse, il donnait des ordres à ses semblables, vérifiait sa liste, contrôlait que tout soit bien exécuté. Bien entendu, rien ne se faisait sans l'aval de Mme Kim, qui lui avait confié cette délicate tâche, mais malgré tout, le gros du travail était exécuté par NamJoon. Et ce dernier ne désirait pas décevoir la femme de son employeur. Ce serait le pire des scénarios, même s'il doutait que la mère de TaeHyung soit aussi impulsive que sa progéniture, ce qui serait bien sa vaine.
Malgré tout, le jeune majordome gardait bien en tête que cette femme, aussi sympathique soit-elle au premier abord, pouvait bien cacher son jeu. Il se méfiait, car si son fils en était capable, pourquoi pas sa mère ?
« NamJoon, appela une voix féminine. Le concerné se tourna vers la domestique qui accourait vers lui. Tout est prêt en cuisine, ils n'attendent que ton autorisation pour amener les plats.
– Merci d'avoir fait aussi vite, remercia NamJoon. Il vérifia l'heure sur l'horloge, puis s'adressa à la demoiselle. Dis-leur qu'ils peuvent les amener dans une heure. En attendant, qu'ils préparent des réserves, au cas où. »
La demoiselle acquiesça et repartit vivement. NamJoon jeta un coup d'œil à son carnet, pour voir ce qu'il lui restait à faire, mais quelqu'un d'autre l'interrompit dans sa réflexion.
C'était Mme Kim, qui lui faisait signe d'approcher depuis sa place où elle observait tout le déroulement. Le grand rose laissa tomber ce qu'il faisait et avança jusqu'à la table où elle demeurait depuis le début des préparations.
« Vous faites du bon travail, complimenta Mme Kim. Elle jeta un regard autour d'elle, puis fit une moue légèrement consternée. Par contre, êtes-vous certain que tout sera prêt pour ce soir ?
– Ne vous inquiétez pas, certifia NamJoon, moins sûr qu'il ne le laissait paraître. Il savait bien qu'il avait un peu de retard sur son planning, mais tout devrait jouer. Il ne reste pas beaucoup de chose à mettre en place. »
La femme braqua ses yeux en amande sur lui et hocha la tête, l'air de dire que c'était okay, elle le laisserait gérer le reste jusqu'à la dernière minute.
« Bon et bien, qu'attendez-vous ? dit-elle en souriant. Allez ouste, remettez-vous au travail ! »
NamJoon acquiesça précipitamment et tourna les talons. Son sourire s'évanouit bien vite lorsqu'il se remit sérieusement à sa tâche.
[...]
Tout était fin prêt. Il ne manquait qu'une chose, les invités.
En observant la pièce parfaitement préparée, NamJoon se félicita lui-même. Il avait tant courut et tant blablater pour organiser tout ça qu'il ne pouvait qu'en être satisfait. Enfin, il avait accompli sa besogne –voire carrément cette épreuve– aussi bien que possible et enfin, il avait droit à une minute de répit.
Mme Kim passait par là. Dans une robe chinoise au tissu délicat, enfilée pour l'occasion, elle inspectait les lieux avec un contentement dissimulé. La salle, lumineuse, avait été totalement préparée pour la réception. Pour l'occasion, même les rideaux avaient été changés. Le buffet était prêt, les multiples plats également. Même les serveurs n'attendaient plus que la foule pour se mettre au travail.
« Plutôt pas mal, pour une première. »
NamJoon accepta volontiers ce semblant de compliment de la part de Mme Kim. C'était une bien faible récompense pour son important travail, mais il s'en contenta. Il imagina qu'un compliment de la femme de M. Kim était une denrée rare qu'il se devait de mériter. Cette dernière toisa le majordome, qui paraissait quelque peu fatigué. Pourtant, elle n'y porta aucun intérêt et lui demanda même une dernière faveur.
« Pouvez-vous aller chercher TaeHyung ? demanda la femme, les mains croisées devant elle. Je ne l'ai pas vu de la journée et il ne faut jamais le laisser seul bien longtemps.
– Bien sûr, acquiesça machinalement NamJoon. J'y vais de ce pas. »
Et c'est ce qu'il fit. Le jeune homme quitta la salle de réception encore vide de monde et monta à l'étage. À contre-cœur, il se dirigea vers la chambre du garçon qu'il cherchait. Enfin, 'officiellement', il s'agissait de sa chambre, mais NamJoon avait eut vent par HoSeok qu'il ne s'y trouvait jamais.
Une fois n'était pas coutume, elle était vide. Lorsque le majordome toqua, personne ne lui répondit. Alors, soucieux, il ne sut point où aller ensuite. Il devait bien avouer qu'il ne s'avait jamais où TaeHyung se cachait. Seul son collègue, HoSeok, paraissait connaître le moindre de ses déplacements. Ce n'était pas étonnant, en soit, puisqu'à présent, il avait la lourde charge de s'en occuper.
Une idée lui vint, mais NamJoon était partagé entre le fait qu'il appréciait grandement cette idée et le fait qu'il la redoutait tout autant.
Et s'il allait voir dans la chambre de SeokJin ? Peut-être qu'il se trouvait avec lui, et dans ce cas là, le majordome pourrait faire d'une pierre deux coups. Il pourrait voir son jeune maître. Cela faisait des jours qu'ils ne s'étaient pas parlés, et avec cette histoire de réception, NamJoon n'avait même pas eut le temps d'y songer davantage.
Pour tout dire, ils ne se voyaient même plus, et cela peinait beaucoup le rose, qui depuis la convocation dans le bureau de son employeur, avait terriblement envie de revoir et de discuter avec le jeune maître. Mais l'occasion ne s'était jamais présenté.
Rapidement, ce fut décidé. Il irait voir dans sa chambre, plus pour SeokJin que pour sa tâche première. Et il espérait de tout son cœur que les deux héritiers des Kim s'y trouvent.
NamJoon prit alors le chemin le plus rapide et se retrouva rapidement devant cette porte qu'il avait ouvert un nombre incalculable de fois. Précipitamment, il toqua. Ses palpitations prirent un rythme plus rapide en pensant que, peut-être, il allait vraiment le revoir, qu'il serait là, juste devant lui. Cette pensée le stressa, et le rose sut qu'il n'avait que quelques courtes secondes pour se calmer.
La porte s'ouvrit lentement. NamJoon cessa de respirer. Son cœur fit un bon dans sa poitrine. Il avait l'impression que son organe vitale allait sauter hors de sa cage thoracique tant il fut soulagé de voir le jeune homme en face de lui.
SeokJin était aussi beau que d'habitude. Son visage, ses prunelles, ses lèvres, tout lui avait manqué. NamJoon s'en rendit compte subitement. Ça lui revenait à la figure avec autant de hargne qu'une gifle. Il avait l'impression que cela faisait des années qu'il ne l'avait pas vu.
Toutefois, le châtain ne parut pas aussi ravi de le voir. Si les premières secondes, son visage avait exprimé la joie de revoir un être cher, un soulagement extrême dans ses prunelles noisettes, son expression ne tarda pas à se décomposer comme un puzzle que l'on aurait jeté au sol.
« C'est qui ? demanda la voix agaçante de TaeHyung, derrière lui. C'est déjà mes tartes ? C'était plutôt rapide. »
Le silence tomba. NamJoon resta là, debout, immobile, et SeokJin également. Ils se regardaient dans les yeux, sans savoir quoi faire, sans savoir qui devait bouger en premier. Ils se fixèrent juste, comme deux statues. Finalement, TaeHyung sembla s'apercevoir que quelque chose clochait.
Il s'approcha de SeokJin, dont le corps cachait la personne à qui il venait d'ouvrir. Au moment même où il pencha la tête pour voir, son visage se crispa, son front se plissa.
« Qu'est-ce que tu fais là, toi ? cracha TaeHyung, terriblement amer. »
NamJoon sourcilla sous cette attaque impromptue. Il ne s'attendait pas à tant de ressentiment. Enfin, c'était plutôt logique, mais disons que le majordome venait brutalement de retomber sur Terre, à cause de lui et de sa rudesse.
SeokJin fit face à son demi-frère et posa sa main sur son épaule, en espérant que cela le calmerait ou qu'au moins, son attention soit détournée.
« J'aimerais être seul avec NamJoon, alors TaeHyung est-ce que tu peux juste–
– Non, je ne vais nul part, bloqua le garçon. Son expression s'adoucit, et il parla moins sèchement. Hyung, on peut pas continuer à jouer ?
– Mais tu vois bien que NamJoon–
– Alleeez hyung ! Il tira sur son bras pour le faire venir, ou pour l'éloigner du rose. Ce dernier fronça durement ses sourcils en le remarquant. »
SeokJin afficha une moue embêtée. Il regarda tantôt son demi-frère, tantôt son majordome, même s'il s'attardait toutefois bien plus sur NamJoon. En conséquence, le plus jeune tira plus fort. Le jeune maître fut forcé de faire un pas en arrière.
Le majordome loucha sur la main de TaeHyung, posée sur le bras de SeokJin. Il essayait de l'éloigner, de le prendre loin de lui. À nouveau il se mettait sur son chemin. NamJoon n'apprécia pas, clairement pas. Dans sa tête, sa conscience venait d'appuyer sur le bouton d'alerte, et subitement, toute la rancune, refoulée depuis bien trop longtemps, revint à la charge.
Il détestait ce garçon, source de tous ses problèmes, de tous ses soucis. Oui, il le haïssait, l'exécrait tant. Pourquoi avait-il rendu la vie de ses amis et la sienne aussi difficile, en semant trouble et zizanie sur son passage ? Mais surtout, pourquoi tentait-il toujours de se mettre en travers de son chemin ? Il causait du tort à tout le monde, était hautain, détestable. NamJoon avait essayé de faire des efforts, de considérer tout ça autrement, de façon plus posée et réfléchie. Mais au final, à quoi bon. Pourquoi s'était-il insinuer entre lui et SeokJin, alors que tout allait si bien ?
Mécontent, NamJoon ne réfléchit pas davantage. Il attrapa le coude de TaeHyung et serra fort pour qu'il laisse le châtain tranquille. Le garçon émit une plainte de douleur et lâcha instinctivement le bras de SeokJin.
« NamJoon, qu'est-ce que tu fais ? Bon sang arrête ! »
L'appelé obéit automatiquement à la voix autoritaire de SeokJin. Il lâcha tout, sans regret aucun. Les bras ballants, il resta sur place.
TaeHyung recula comme un chien auquel on aurait donné un coup de pied. L'air outré, il se tenait le bras, trop choqué pour répliquer tout de suite.
SeokJin, à moitié furieux, se mit à réprimander sérieusement son majordome, agitant presque ses mains devant son visage. Mais ce dernier faisait la sourde oreille. Il ne le regardait même plus, ne l'écoutait pas. Le flot de ses paroles s'évanouissait dans l'air tandis que, de ses yeux froids, NamJoon fixait encore et toujours TaeHyung.
Lui aussi, le fixait, mais d'une manière différente.
De la peur. Voilà ce qu'il lisait dans ses yeux ronds. Il avait peur, peur qu'enfin, NamJoon se réveille et se décide à lui faire payer, peur qu'il cesse de se retenir. Soudain, il se rendait compte de la menace. Le grand rose put tout lire sur ses traits, mais lui ne pouvait rien lire sur les siens, et il trouva le sentiment de satisfaction qui en émergea tout à fait plaisant.
TaeHyung se replia soudain derrière SeokJin, comme si le corps de son demi-frère suffirait à le protéger du cinglé au regard de glace. Le majordome eut presque envie de sourire. Mais il se retint. Il avait autre chose à faire, malheureusement.
« NamJoon, je sais que tu ne m'écoutes pas, se plaignit le beau brun, ses poings sur ses hanches. Sa voix ne comportait plus aucune colère. Il s'était calmé, entre temps. »
Le concerné arqua un sourcil. Il ne regrettait rien, pas même d'avoir ignoré son aîné, pas un seul instant. Et sincèrement, il était presque frustré de ne pas avoir put extérioriser davantage son mécontentement. Il regarda SeokJin et malgré tout, s'excusa du regard. Le brun crut fondre en contemplant ses yeux désolés. Il devint douceur et pardon en moins de deux secondes.
Puis, NamJoon s'adressa à TaeHyung, d'un air clairement sec, limite agressif.
« Votre mère m'envoie. Elle vous attend dans la grande salle. »
Le garçon plissa les yeux, fusillant le rose du regard. Ce dernier l'ignora ouvertement, tout sauf affecté. Il croisa les bras, et TaeHyung ouvrit la bouche pour lui cracher des invectives.
« Elle vous attend, répéta NamJoon, juste à temps pour l'interrompre, plus durement encore. Tout de suite. »
Cela suffit à décourager l'ancien faux domestique, qui grinça des dents. Il ragea d'autant plus en remarquant le sourire en coin de ce fichu majordome. Quant à SeokJin, il n'était même plus en état de le soutenir de quelque manière que ce soit.
Mais, contre toute attente, TaeHyung se calma. Son expression passa alors de la colère à une assurance détestable.
Mauvais signe, se dit NamJoon, qui perdit instantanément tout sentiment de jubilation.
« Très bien, marmonna TaeHyung, la tête haute. »
Là, il fit deux pas en avant, sa main sembla saisir quelque chose au niveau de la poignée avant qu'il ne franchisse le seuil, toujours avec ce petit air condescendant. NamJoon le toisa avec suspicion, mais cela ne suffit pas pour anticiper ce qui arriva l'instant d'après.
TaeHyung se retourna et poussa SeokJin à l'intérieur. Tout aussi rapidement, il claqua la porte et ferma à clé. Il se tourna ensuite face à un NamJoon surpris et afficha une expression de vainqueur. Il osa même tirer la langue. Derrière le bois, on entendait le pauvre brun lui crier, je cite, 'd'ouvrir cette putain de porte' suivit d'un cortège de gros mots.
TaeHyung n'écouta pas les suppliques de son demi-frère. À la place, il agita la clé sous le nez de NamJoon. Ce dernier loucha et tenta de la lui prendre, mais le garçon l'esquiva. Il se mit soudain à courir en riant à gorge déployée.
Cette fois, c'en était vraiment trop pour le majordome. TaeHyung n'allait pas s'en sortir si facilement, ah ça non.
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J'ai trop hâte d'écrire un truc en particulier. Non, c'est pas ce que vous croyez.
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