Chap. 31: Subir
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Le jeune homme, allongé sur le matelas inconfortable, restait parfaitement immobile. Ses yeux grands ouverts sondaient la semi-obscurité dans laquelle il était plongé.
La chambre était silencieuse. De temps en temps seulement, la structure craquait sous son propre poids, et les grincements s'étouffaient dans le silence nocturne.
NamJoon cligna des yeux sans pour autant parvenir à distinguer quoi que ce soit. La tête vide, cela faisait de longues minutes –si ce n'est des heures– qu'il ne dormait plus. Mais au lieu de se tourmenter pour ses heures de sommeil perdues, il restait simplement là, serein et tout à fait calme, sans torturer son esprit.
Les secondes suivaient leur fil sans interruption. Le tableau était aussi endormi qu'un étang gelé en hivers, et cette mort apparente s'appliquait également à l'esprit de NamJoon.
Le silence s'étirait, engourdis, comme une masse invisible pour l'homme mais qui pourtant, rempli l'espace. Dans ce calme, NamJoon ne put résister à la soudaine tentation de connaître l'heure. Lentement mais sûrement, il commençait à faire plus clair, le soleil allait sûrement se lever très bientôt. NamJoon tourna la tête sur le côté, la joue contre son coussin, et jeta un regard à son réveil.
Le cadran affichait quatre heures du matin, presque cinq. Le jeune homme remonta une main sur son visage, fourrageant ses cheveux décoiffés entre ses doigts. Il soupira. Ses yeux ne voulaient toujours pas se fermer, Morphée ne voulait pas de lui.
NamJoon se tourna sur le flanc, le lit grinça de douleur, et il fixa une autre partie de sa chambre, toujours invisible dans le peu de lumière qui l'éclairait. Doucement, il commençait tout de même à deviner l'emplacement des rares meubles et des murs étroits. Tout n'était plus que jeu d'ombre, gris sur gris. Les couleurs n'existaient plus dans ce monde sans astre lumineux. Tout était fade, dépourvu de vie.
Sans même qu'il ne se rende compte de l'élément déclencheur, les pensées de NamJoon se mirent en route, comme une machine que l'on aurait accidentellement lancée. Tout de suite, ce furent les récents événements qui lui revinrent en tête. Son corps en frémit à l'évocation du souvenir, encore tout frais de la veille.
Lui et SeokJin avait dépassé la limite. Il y avait eu bien plus que des simples baisers, déjà peu acceptables au départ. Ils n'avaient pas été jusqu'au bout, mais c'était déjà bien assez pour l'instant.
NamJoon s'agita dans son lit. La couverture tomba partiellement sur le sol alors qu'il enfonça son visage dans le coussin trop dur. Les scènes revenaient danser sous ses paupières closes, et il avait presque l'impression de tout ressentir à nouveau. Ses baisers, ses doigts plus bas qui le caressait longuement, sa chaleur. Tout était clair et net. Aussi bien ce qu'il avait subi que ce qu'il lui avait rendu après.
Le majordome sentit ses joues chauffer lorsqu'il pensa que, lui aussi, il s'était adonné à ce genre de pratique. Il se revoyait, presque vidé de toute énergie, au-dessus de SeokJin.
« NamJoon. »
Silence. Seul sa respiration comblait le vide.
« NamJoon, tu m'écrases... »
Il sentit SeokJin remuer vaguement sous son corps, son souffle contre son cou. Le front appuyé contre la moquette, le domestique émit un long soupir. Puis, il se redressa sur un coude.
SeokJin le saisit par les joues, ses paumes à plats contre son visage aux teintes rougie. Là, il l'attira vers lui et l'embrassa longuement. NamJoon n'eut presque pas assez de souffle.
« NamJoon, se plaignit encore le châtain lorsque leurs lèvres se détachèrent. »
SeokJin le regarda dans les yeux, l'air embarrassé et les lèvres pincées. Le majordome comprit lorsqu'il sentit ses cuisses frémir contre lui, tressauter d'une excitation inassouvie. Il comprit que ce serait égoïste de ne pas rendre la pareille au grand brun.
Alors, il fit ce qu'il devait faire, mais aussi ce dont il avait envie. NamJoon s'appuya davantage sur son coude, dégageant ainsi une voie pour sa main incertaine qu'il guida jusqu'à la ceinture de SeokJin. Sur son chemin, il s'attarda sur son ventre découvert et sali. Il agrippa la bordure de l'habit. Ses longues phalanges tirèrent le vêtement vers le bas, sur ses cuisses. Lorsqu'il jugea l'espace suffisant, il glissa alors sa paume entre le dernier morceau de tissu et sa peau.
SeokJin s'arc-bouta de façon indicible. Il agrippa le premier coussin qui lui tomba sous la main et, tremblant de désir, il laissa un soupir lui échapper. D'autres suivirent, son souffle devint saccadé à mesure que NamJoon cajolait cette partie si intime de son corps, la source même de son plaisir.
Le majordome continua ainsi, imprimant des mouvements soutenus avec sa main, grande et aux phalanges presque squelettiques. Mais NamJoon en voulait plus, toujours plus, car voir ainsi SeokJin, si satisfait par ses caresses, le rendait fou de contentement.
Il voulait lui faire davantage plaisir, lui montrer. Et c'est dans cette optique qu'il se redressa soudainement pour, l'instant d'après, replonger plus bas. Sa bouche rencontra son aine, traîna sur sa peau et enfin, arriva à son but.
SeokJin s'arc-bouta à nouveau sous la nouvelle sensation, mais plus violemment cette fois. Il retint une plainte de délice, le cœur battant, et marmonna des mots sans queue ni tête, étourdi par le plaisir que lui procurait les lèvres de son cadet.
Les doigts de ce dernier tenaient fermement ses cuisses, sa chair délicieuse, tandis que, avec toute la lenteur et l'application du monde, NamJoon s'évertua à faire glisser son membre brûlant contre sa langue.
Lui aussi, aimait cela autant que SeokJin, et ce malgré son inexpérience. Il y allait comme il le voulait, comme il pensait. Et jamais il n'aurait crut que donner autant de plaisir à son aîné puisse être aussi jouissif, aussi satisfaisant.
SeokJin ne put pas tenir bien longtemps. Il céda dans un long râle, agrippant les cheveux de NamJoon comme pour le prévenir trop tard. Les reins en feu, il eut l'impression de voir des étoiles danser sous ses paupières.
NamJoon se crispa, soudain à l'écoute. Il entendait du bruit, cela venait de derrière sa porte, dans le couloir. Il n'avait pas rêvé. Ses sourcils se froncèrent, et il se redressa sur son lit, perplexe. Il commençait à avoir un peu chaud, sa respiration s'agita.
Qui pouvait bien être debout à cette heure-ci ?
NamJoon réfléchit activement, il lui fallut un instant pour s'extirper de ses précédentes rêveries. Les autres ne pouvaient quand même pas être déjà réveillés et levés, c'était impensable. Il était bien trop tôt.
Le jeune homme s'extirpa de son lit. La plante de ses pieds se posa doucement sur le sol, comme s'il craignait de faire du bruit et de faire fuir la chose qui se trouvait dans le couloir. Tout aussi prudemment, il se leva et marcha jusqu'à sa porte, évitant soigneusement les lattes qui grinçaient.
NamJoon posa sa main sur la poignée et, délicatement, l'abaissa.
Dans le couloir, l'obscurité était maître. Comme il n'y avait pas de fenêtre, ce fut la pâle lumière venant de sa chambre qui éclaira un peu l'ouverture.
Mais à peine avait-il envisagé de mettre le nez dehors qu'un grand fracas fit bondir son cœur dans sa poitrine. NamJoon recula par instinct et faillit chuter en arrière tant il fut brusque.
Le majordome plaqua sa paume contre son torse afin de calmer ses palpitations effrénées. Alerté, il ne comprenait pas ce qui venait de se passer, qu'est-ce qui avait bien put faire un tel boucan devant sa porte. Ce n'est que lorsqu'il fut un peu calmé qu'il ouvrit complètement cette dernière avec une prudence extrême.
Sur ses gardes, NamJoon regarda dans le couloir. Immédiatement, son regard se posa sur l'objet au sol.
Un seau se trouvait là, renversé. Il bougeait encore de sa chute fracassante.
Intrigué, NamJoon se pencha et se saisit du seau étrangement lourd. Et pour cause, il y avait un bloc de glace à l'intérieur.
[...]
Seul dans la cuisine, le majordome essuyait très lentement les assiettes, les yeux plissés. Il n'y avait strictement personne, pourtant, NamJoon était vigilant. Et il avait de quoi.
Le grand rose ne s'était toujours pas remis de la frayeur de ce matin. Il avait frôler la mort, c'était certain, car s'il s'était prit ce bloc de glace sur le crâne...
Il serait sûrement à l'hôpital, à l'heure qu'il est. Ou à la morgue, suivant comment.
NamJoon eut un frisson dans le dos à cette pensée. Curieusement, le jeune homme avait l'intuition que tout cela avait un rapport de près ou de loin avec TaeHyung. Il le croyait parfaitement capable de faire un coup pareil, même si la gravité de l'acte freinait ses accusations.
Au fond, était-il assez fou pour vouloir sa mort ? Ses limites étaient floues. Mais ce qui était sûr, c'était que NamJoon se méfiait de lui. Il le fallait bien. Peut-être que ce n'était pas lui, peut-être que...
Le jeune homme arrêta son activité, posant tout en plan. Inquiet, il regarda derrière lui. La cuisine était déserte, pas la moindre trace d'une quelconque personne. Il n'y avait pas âme qui vive. Ses collègues n'étaient pas ici, ils l'évitaient toujours bien entendu. Mais à force, ce n'était plus le premier de ses problèmes.
NamJoon marmonna, se disant qu'il devenait paranoïaque. Il s'essuya les mains, arrangea son costume et quitta la pièce après avoir vérifié que tout était en ordre. Il avait d'autres tâches à exécuter et il ferait mieux de s'y mettre, au lieu de se faire du mouron pour rien.
Le domestique se dirigea vers la buanderie comme il en avait l'habitude à présent. Mais alors qu'il marchait sur le sol du couloir étrangement luisant, NamJoon perdit l'équilibre et chuta.
Il tomba sur le cul, ses coudes rencontrant brutalement le sol. Il marmonna des plaintes, le corps douloureux. Grommelant, il tenta de se remettre debout, avec beaucoup de peine ceci dit. Car c'était comme si le carrelage avait été enduit de savon, un peu comme si on avait voulu faire des glissades ici.
NamJoon, les coudes au sol, parvint enfin à se mettre à genoux sans glisser. Il s'appuya au mur et se releva. Les sourcils froncés, il regarda autour de lui, sans rien remarquer de curieux. Il n'y avait toujours personne. Alors, un peu perturbé, il repartit, surveillant toutefois où il mettait les pieds.
Le prochain problème ne tarda pas à se présenter à lui. À peine était-il entré dans la pièce où l'on lavait tout le linge de la demeure que son expression se décomposa. Il n'arrivait pas à y croire.
C'était littéralement le bordel. On ne voyait même plus le sol, les machines faisaient un bruit infernal. Elles crachaient toutes une quantité astronomique de savon, d'eau et de bulle, à un tel point que la pièce ressemblait à un bain de mousse géant.
NamJoon cligna des yeux, les bras ballants. Comment allait-il nettoyer tout cela ?
[...]
Le majordome allait retourner en cuisine après l'accident de la buanderie. Il lui avait fallut une bonne heure pour tout nettoyer, et à son plus grand désespoir, il n'avait même pas put sauver les draps. Ils étaient foutus, le jeune domestique avait dû les jeter.
Mais, contrairement à ce que l'on pourrait penser, NamJoon n'était pas en colère. Il était juste terriblement perplexe, et également inquiet. Ce qui était arrivé n'était qu'un accident, une erreur. Peut-être qu'il avait mal réglé les machines en mettant le linge à laver, ce matin...
Ou peut-être pas.
Instantanément, une pensée s'imposa: TaeHyung, ça ne pouvait être que lui.
NamJoon frotta son visage avec insistance, chassant toutes les accusations qui naissaient dans son crâne. Non, il ne pouvait pas dire cela, accuser quelqu'un comme ça juste avec son intuition en tant qu'appuis. Il n'avait aucune preuve ! Et puis, ce n'est pas parce que cet étrange domestique incompétent lui donnait du fil à retordre et que beaucoup de soupçon planait autour de lui qu'il fallait forcément l'accuser.
Le majordome se résigna. À quoi bon penser autant, s'il n'attrapait pas le coupable la main dans le sac, rien n'allait s'arranger. La prochaine fois, NamJoon se dit qu'il devait vraiment trouver le responsable avant que tout ça n'aille trop loin.
Tandis qu'il frottait ses tempes pour soulager un abrupt mal de tête, NamJoon franchit le seuil de la cuisine. Son mal de crâne prit fin lorsqu'il se prit un obstacle dans la figure. Un obstacle transparent, qui plus est.
Le majordome recula brusquement. Il cligna des yeux, tenta de comprendre, et finalement, quelque chose fit clic dans son cerveau.
Du papier cellophane avait été attaché dans le cadran de la porte, juste à la hauteur du visage. Il s'agissait là clairement d'une blague inachevée, puisque NamJoon arracha sans peine le plastique et le jeta au sol. Un agacement profond le fit grincer des dents et serrer la mâchoire.
« NamJoon. »
L'appelé se tourna vers la source de la voix, qu'il reconnut avant même d'avoir la personne en visuel. Il s'agissait d'HoSeok. Il ne l'avait pas entendu arriver vers lui et pour le coup, il était plutôt surpris de le voir ici.
« Qu'est-ce qu'il y a ? questionna le rose, intrigué. Sa fureur s'éteignit temporairement.
– Les... Le jeune maître te demande, marmonna précipitamment HoSeok. »
NamJoon sourcilla, vraiment intrigué. Pourquoi était-ce son collègue qui venait lui dire cela ? Habituellement, SeokJin s'y prenait autrement pour le faire venir. Ce n'était pas dans ses habitudes de faire passer le message ainsi, surtout que le noiraud s'occupait très rarement de lui. Alors comment avait-il put communiquer ? La question resta entière, puisque NamJoon décida de ne pas trop s'en préoccuper. Après tout, il avait déjà bien assez de matière pour ses réflexions avec ses problèmes récents. Une préoccupation de plus n'était pas la bienvenue.
« D'accord, acquiesça le domestique. Je vais voir ce qu'il veut. »
HoSeok hocha la tête. Son expression ressemblait à une grimace de mal-être, comme s'il avait avalé un citron. Visiblement, il était nerveux et mal à l'aise. Ce constat éveilla les soupçons du majordome. Il hésita grandement à lui demander si tout allait bien, mais finalement, il se ravisa en pensant que l'autre n'allait pas lui répondre. C'était comme cela ces temps, on l'ignorait toujours.
NamJoon passa alors à côté, sur le point de quitter son poste lorsque, sans raison, HoSeok posa sa main sur son épaule pour l'arrêter. Tous deux se regardèrent.
Le noiraud ouvrit la bouche, hésita, la referma et recula. Il lâcha NamJoon et s'excusa. Le majordome le fixa un long instant sans que rien ne se passe, sans que personne ne parle. L'ambiance entre eux était étrange, vraiment étrange. Il lui avait pourtant semblé qu'HoSeok avait voulut lui dire quelque chose, à l'instant.
« Euh, ça va ? »
Rien, aucune réponse. Le noiraud avait les lèvres scellées, son air éternellement inquiet sur ses traits fins. Il en paraissait presque malade.
Finalement, NamJoon se détourna. Rien n'allait se passer, l'autre ne lui répondait même pas, comme il s'en doutait. Vaguement déçu, le jeune homme s'éloigna pour prendre l'escalier et accéder à l'étage. Mais ce qu'il n'avait pas prévu, c'était la soudaine insistance d'HoSeok, lequel l'arrêta à nouveau au milieu du couloir.
« Non a-attend ! s'écria le noiraud, sur ses talons.
– Quoi ? répliqua sèchement NamJoon bien malgré lui. Il ne voulait pas être désagréable, mais il commençait véritablement à en avoir marre. Il ne se pensait pas aussi irrité, si subitement. »
Le noiraud eut un mouvement de recul face à tant de tact. Cela coupa presque son envie de parler.
« N'y va pas, ordonna HoSeok. »
NamJoon fronça les sourcils tandis qu'un trait barra son front. Son incompréhension montait en même temps que son irritation.
« Et pourquoi ça ? Le jeune maître m'a appelé, je dois y aller c'est une obligation, assura-t-il sûr de lui.
– N-Non, pas cette fois, il ne faut pas.
– Quoi ? marmonna le rose. En quoi cette fois est différente ? »
Le noiraud secoua la tête de gauche à droite sans pourtant argumenter. Il agita ses mains comme quelqu'un à qui on aurait coupé la langue et qui désirait ardemment se faire comprendre. NamJoon se fatigua rapidement
« Écoute HoSeok, soupira-t-il. Il saisit l'arête de son nez entre son pouce et son index, signifiant clairement sa lassitude. Je n'ai pas que ça à faire, alors tu m'excuseras mais je n'ai pas le temps pour tes énigmes. »
Et c'est sur ces mots que le majordome s'éclipsa, faussant compagnie au noiraud qui eut juste le temps de dire 'mais'.
NamJoon monta précipitamment les marches, pressé d'arriver en haut. Ses pas claquaient durement contre le carrelage, traduisant tout l'agacement qu'il pouvait éprouver. Mais là encore, la voix d'HoSeok attisa davantage ses mauvaises émotions.
« NamJoon ! S'il te plait ne bouge plus ! »
Le majordome ignora la supplique du noiraud. En signe de bravade, il continua sa route plus rapidement. Enfin, jusqu'à ce qu'un détail vienne entacher le tableau.
En moins de temps qu'il ne faut pour dire 'namjin', une ribambelle de petites billes dévala soudain les escaliers comme un torrent. Le vacarme que cela provoqua couvrit même les cris d'HoSeok.
Déstabilisé, NamJoon ne sut pas où mettre les pieds. Il voulut redescendre, mais ce fut une erreur fatale. Il glissa.
Il entendit la voix d'HoSeok crier son nom avant de sentir son corps chuter. Son dos rencontra les marches avec rudesse, et l'instant d'après, une vive douleur surgit à l'arrière de son crâne. Tout devint flou, puis complètement noir.
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