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L'après-midi s'en allait doucement vers sa fin. Dehors, le temps était simple, il ne faisait ni beau, ni moche. En somme, c'était comme si la météo était coincée dans une lente transition, ne sachant que choisir.

L'astre déclinait à son rythme, plongeant le grand manoir de la famille Kim dans une douce lumière, calme, sereine. Pour une fois, il n'y avait aucun cris, aucune grande agitation. La demeure entière semblait réfléchir, plongée dans un état amorphe, afin de prendre le temps d'assimiler les récents changements. Posé dans ce décor inerte qu'était les verdoyants jardins labyrinthique, tout vivait au ralenti, sans empressement.

Ce jour-là, NamJoon ne travaillait pas.

Il s'agissait d'un jour libre, une pause dans son horaire chargé, un moment pour souffler. Généralement, les autres employés profitaient de ce genre de journée pour prendre contact avec le monde extérieur. NamJoon, jusque-là, ne faisait pas exception.

Le jeune homme avait eut la journée rien que pour lui, une occasion inouïe de s'enfuir le temps de quelques heures. Habituellement, c'est ce qu'il faisait; il se forçait à sortir faire quelques courses, se promener. En réalité, il ne faisait jamais grand chose, tout simplement parce que le rose n'avait pas réellement de connaissance en ville. Alors, seul, sans réelle compagnie, il faisait juste quelques tours, achetait rarement, vaquait comme un touriste. Ça ne le dérangeait pas vraiment à vrai dire, il ne s'en plaignait pas et ne le ferait sûrement jamais.

Pourtant, NamJoon n'avait pas bougé de sa chambre aujourd'hui. Il n'était pas sortit, ne s'était pas promené, n'avait pas fait de course. Il avait juste traîné dans son chez-lui trop petit, sa chambre de bonne, dans son confort à lui. À la place de l'agitation citadine, le domestique avait opté pour un calme reposant et un silence religieux, car personne n'allait venir le déranger aujourd'hui.

Tout ceci lui avait permit de remettre ses idées en place, de reconstituer le fil exact de sa vie de majordome. Le grand rose avait voulu profiter de cette journée pour se vider le crâne également, mais il n'y était pas parvenu. Il n'avait eut de cesse de ressasser les évènements tragiques de la veille, si bien qu'il n'avait que peu dormi. Couché dans son lit, plongé dans le noir, il n'avait pas bougé durant les longues heures nocturnes qui avaient constitués sa nuit, se remémorant ces moments encore frais dans sa mémoire.

NamJoon, assis sur son lit pitoyable, dans sa vulgaire chambre de bonne, y pensait sans arrêt depuis qu'il s'était levé. D'ailleurs, il en était encore confus.

Jae-Hwa avait été virée. SeokJin en personne lui avait remit la lettre qui la congédiait, sous ses propres yeux. Le jeune homme, en comparaison, s'en était relativement bien sortit.

Vraiment bien sortit, si l'on prenait en compte l'expulsion sans équivoque de sa collègue. Justice avait été rendue fois deux. Il n'avait eut aucun problème, aucun soucis. Si ce n'est un; une idée persistante que SeokJin n'allait pas lâcher de sitôt.

Le jeune maître voulait absolument le punir.

Pour quelle raison ? NamJoon ne le savait même pas. Dans l'histoire, ce n'était pas lui le fautif. Il était la pauvre victime, celui à plaindre. Alors pourquoi châtier l'innocent ?

Le majordome se recoucha, s'installant sur le flanc. Sa tête s'enfonça dans l'oreiller dur comme un roc, alors que le fil de ses pensées n'étaient jamais interrompu.

Il se sentait mal pour Jae-Hwa. C'était l'un des sentiments clairs et nets qui ressortait de sa confusion. Certes, la demoiselle avait commis un acte qui lui déplaisait; elle lui avait volé un baiser, mais la sentence qu'elle en avait reçue lui paraissait démesurée. Mis à part cette faute, qui en soit n'avait strictement aucun rapport avec son job, elle n'avait jamais rien fait de mal. Elle ne méritait pas son sort.

Au fond de lui, NamJoon compatissait. Cela devait être dur de perdre son job après tout son temps passé ici, surtout aussi abruptement. Il savait ce que ça faisait, d'être renvoyé pour un motif peu glorieux.

En soupirant, NamJoon se retourna dans son lit, dont les ressorts grincèrent à s'en faire mal aux oreilles. Le jeune homme fourra son visage fatigué dans son coussin, une main contre sa joue. Ses paupières s'abaissèrent, et il plongea dans une longue sieste confuse.

[...]

Le lendemain matin, NamJoon eut tout le mal du monde à se lever.

Un son de cloche insistant l'arracha à ses songes cotonneux, à la douce chaleur de son lit de domestique. NamJoon grommela, peinant à s'extraire de sa couverture. Lorsqu'il jeta un coup d'œil à l'heure, sa mauvaise humeur fut amplifiée. Il n'était même pas l'heure de bosser, il avait été réveillé bien trop tôt !

Le jeune homme se frotta le visage, étrangement fatigué alors qu'il avait dormit toute la fin d'après-midi de la veille, sans compter cette nuit. Malgré toutes ces heures de repos, il se sentait plus épuisé encore. Rien n'était plus affreux que d'être extirpé de son sommeil par un horrible son de cloche.

Attendez... Un son de cloche ?

NamJoon fronça les sourcils, perplexe. Il alla allumer la lumière, jaune et vive, tandis que le bruit insupportable de cloche ne cessait son boucan dans sa chambre. Il ne connaissait que trop bien ce son.

À côté de la porte, une petite cloche était fixée à un mécanisme qui, selon tout un système, s'activait lorsque le jeune maître avait besoin de lui. Toutefois, SeokJin n'utilisait que rarement ce système-là, étant donné que NamJoon n'était pas souvent dans ses quartiers. Et puis, le fils du maître des lieux préférait largement hurler son nom à travers le manoir pour l'appeler. Efficacité garantie.

NamJoon se changea en vitesse, enfilant vite fait son pantalon, sa chemise, son veston et tout le tralala de majordome. Il eut tout juste le temps de bien arrangé les derniers détails, de faire rapidement sa toilette avant d'enfin quitter la pièce et marcher d'un pas hâtif vers la chambre de SeokJin.

Il était encore tôt, tellement tôt que normalement, le jeune maître dormait toujours d'un sommeil de plomb. NamJoon se demandait pourquoi il l'avait appelé, hors de son service qui plus est. Si le majordome n'était pas autant au petit soin pour lui, dieu sait ce qu'il deviendrait.

Lorsque le domestique arriva près de la porte, il n'eut même pas besoin de toquer. Le panneau de bois s'ouvrit à la volée, surprenant NamJoon qui fut entraîné à l'intérieur en un rien de temps.

« Jeune maître, qu– »

SeokJin ne le laissa pas terminer et le poussa jusqu'au grand lit à baldaquin. Il ne lui laissa pas non plus recouvrer son équilibre, et à force d'être bousculé dans une même direction, les genoux de NamJoon finirent par buter contre le matelas et il s'échoua misérablement entre les draps, la tête la première.

Confus et pris au dépourvu, le majordome ne se débattit par lorsque SeokJin grimpa sur son dos, s'installant sur ses reins comme si de rien n'était. Il tenta de se retourner, de faire basculer le grand brun, mais ce dernier se saisit de ses poignets et les bloqua fermement d'une seule main.

« Je ne t'avais pas dit de m'appeler par mon prénom ? »

NamJoon émit une plainte, mêlée à une excuse qui s'étouffa dans les draps. Il avait encore du mal à se dire qu'il y a moins de cinq minutes, il ne se trouvait pas dans une posture aussi humiliante et gênante.

« Je n'ai rien entendu, avertit SeokJin, en forçant sur les poignets de son prisonnier.

– Pardon... SeokJin, marmonna plus distinctement NamJoon. »

Satisfait, le jeune maître esquissa un sourire en coin, éphémère. Puis, comme s'il lui accordait une faveur, il s'écarta, dégageant ainsi l'autre de son poids. Il s'installa en tailleur à côté, alors que NamJoon se redressa également, les cheveux mal coiffés et la mine contrariée. Il n'appréciait pas vraiment ce genre de réveil forcé.

« J'imagine que tu sais déjà pourquoi je t'ai fait venir, annonça le châtain sur un ton d'évidence. »

NamJoon fit signe que non. Il n'en avait pas la moindre idée. D'ailleurs, ça avait plutôt intérêt à être une bonne raison, pour l'avoir fait lever aussi tôt. SeokJin en parut outré, si bien qu'il croisa les bras, un brin exaspéré.

« Pour ta punition, bien sûr.

– Quoi ? s'enquit le rose bonbon, manquant de rajouter une remarque sur l'heure. Il n'avait pas envie d'être punit maintenant mais surtout, il aurait pensé que l'autre attendrait un peu avant de le châtier.

– J'ai bien réfléchi, et j'ai trouvé la punition idéale. »

NamJoon, dans sa confusion, eut tout à coup envie de prendre la fuite. Il ne la sentait pas du tout, cette punition. Cependant, il se força à rester en place lorsque SeokJin sauta hors du lit, soudain très excité. Il disparut par la porte de sa salle de bain personnelle, abandonnant son domestique. Ce dernier hésita un court instant à s'éclipser, mais se ravisa. À quoi bon, l'autre n'allait pas le lâcher, alors autant endurer le calvaire maintenant et–

SeokJin reparut subitement, traînant derrière-lui une masse noire qu'il avait sûrement caché dans l'autre pièce en prévision de ce moment.

« Tada ! Regarde ce que j'ai pour toi ! »

D'un engouement sadique, le jeune maître brandit un immense costume de Kumamon.

NamJoon en resta pantois.

Allait-il vraiment devoir mettre ça ? Ce genre de costume utilisé pour amuser les enfants ou pour distribuer des prospectus dans la rue ?

Rien qu'en imaginant l'allure qu'il aurait là-dedans, la honte que ce serait, le majordome s'insurgea violemment.

« Hors de question que je porte ce truc ! s'écria-t-il en se levant.

– Allez NamJoon ! Fais pas ton timide ! répliqua SeokJin, pratiquement mort de rire.

– Non, jamais ! Plutôt récurer les toilettes pendant un an ! »

SeokJin fronça soudainement les sourcils, son sourire de sadique s'agrandit.

« Dans ce cas, tu ne me laisses pas le choix. »

Le jeune maître s'approcha, et NamJoon prit peur. Il n'attendit pas davantage avant de s'enfuir à toute jambe vers la porte.

« NamJoon ! cria SeokJin. Reviens ici tout de suite ! »

Faisant la sourde oreille, le concerné continua sa fuite sans se retourner. Son hyung le rattrapa en un temps record, se jetant presque sur son dos pour l'empêcher de franchir la porte.

« SeokJin, lâche-moi ! »

– Pas tant que tu n'as pas enfilé ce costume ! »

NamJoon grommela, tentant de se dégager de la prise de SeokJin sans lui faire trop mal. C'est qu'il s'accrochait fermement, il ne voulait vraiment pas le lâcher.

Ils se débattirent ainsi un moment, avant qu'enfin l'un d'eux ne se démarque du lot. Le châtain prit l'avantage en tendant un croche patte à son majordome, un coup traitre ! Tous deux frôlèrent la chute et, déstabilisés, SeokJin en profita pour –à nouveau– repousser l'autre vers le lit.

Leurs corps heurtèrent le matelas avec force. Le dos de NamJoon s'enfonça dans les draps, SeokJin le surplombait, coinçant rapidement ses mains pour qu'il cesse de se débattre.

Le majordome ne sut pas exactement comment son aîné avait fait, mais il se retrouva sans son veston, et bientôt les doigts effilés de SeokJin s'attaquèrent à sa chemise.

« SeokJin arrête ça tout de suite, se plaignit NamJoon, prit d'un coup de chaud aux joues. »

Ses mains s'entêtèrent à maintenir les deux pans de son haut ensemble, tandis que le châtain désirait l'inverse.

Le jeune maître arqua un sourcil, plissant ses lèvres en un rictus préoccupé. Son regard déterminé montrait qu'il n'allait vraiment pas le laisser s'en sortir.

Il n'y avait donc qu'une seule solution pour NamJoon; abandonner.

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Je réserve la fessée pour une autre mésaventure.