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L'après-midi débutait et dehors, il faisait beau. L'air était calme, les environs également. Dans la demeure, les activités habituelles rendaient l'atmosphère bruyante, mais vivable.

À l'étage le plus haut, dans une aile très peu fréquentée du grand manoir des Kim, TaeHyung s'était replié dans une chambre quasi inconnue, que jamais personne ne visitait. Il n'y avait que lui qui se rendait ici, et c'était donc devenu son petit repère, un refuge, en quelque sorte.

La pièce dans laquelle il se trouvait était relativement petite, mais terriblement encombrée d'une multitude de vieux meubles, protégé de draps blancs. Tous n'avaient pas été touchés depuis si longtemps que la couche de poussière qui les recouvrait était épaisse, l'air à peine respirable. Le plafond était mansardé, et l'unique fenêtre qui donnait sur le ciel était ouverte, laissant le léger vent s'engouffrer entre les quatre murs, débarrassant un peu la poussière qui flottait constamment.

Debout sur une chaise, les coudes appuyées sur le bord de la fenêtre, le jeune homme avait une vue imprenable sur les toits des lointains bâtiments, de la ville en contrebas, des bois voisins. Le haut de son corps était dehors, ses cheveux châtains, colorés de mèches verte, bougeaient au rythme du vent, doux et agréable.

Le garçon était songeur. Son expression n'était pourtant pas sereine, comme dérangé par un détail qui lui collait à la peau. Et ce problème avait un nom, TaeHyung le savait.

Il s'agissait de NamJoon, le majordome qui obéissait personnellement à SeokJin.

Le jeune homme se gratta la nuque, réfléchissant activement à un moyen de se débarrasser de cet élément perturbateur. Cette tâche était d'ailleurs des plus ardues, puisque jusque-là, il n'avait jamais été confronté à un tel cas. Voici quel était le réel problème; SeokJin était si attaché à son domestique que pour TaeHyung, le faire renvoyer comme il l'avait fait pour tous les précédents était impossible. Ces derniers partaient habituellement de leur plein gré, soit parce que le caractère du fils du proprio était intenable, soit parce que derrière, TaeHyung tirait habilement les ficelles, manipulait les acteurs d'une scène grandeur nature.

Mais, si cette fois il utilisait le même stratagème pour faire dégager NamJoon, ce dernier ne se laisserait sûrement pas faire. Le caractère insupportable du jeune maître n'était visiblement plus un problème pour lui. De plus, et TaeHyung le savait parfaitement, SeokJin s'interposerait s'il tentait de le faire virer officiellement, c'était certain. Le fait que le jeune maître était émotionnellement attaché à ce pauvre domestique ne rendait pas les choses plus faciles. TaeHyung trouvait presque cela révoltant.

Apprécier quelqu'un qui ne possédait rien, qui n'était qu'un pion dans l'échiquier de la société, qui n'était même pas un acteur principal de ce théâtre imaginaire et qui ne pouvait rien lui apporter, c'était totalement impensable.

TaeHyung se détourna et sauta de sa chaise, faisant craquer le parquet sous ses pieds. Il fallait qu'il arrange les choses, qu'il remette l'ordre établi en place. Le brun était prêt à mettre en œuvre son plan B. C'était son dernier recourt.

Il ne laisserait pas les événements se répéter à nouveau. SeokJin n'avait pas à vivre ce que lui avait enduré. Il n'avait pas à souffrir encore.

TaeHyung se jura qu'avant la fin de la semaine, NamJoon sera déjà retourné chez lui, loin d'eux. Et ce, peu importe s'il devait retourner la maison entière pour y arriver.

[...]

Dans les cuisines, NamJoon éternua.

D'un simple geste, il se frotta le nez du dos de la main, puis continua ce qu'il faisait; nettoyer distraitement le plan de travail.

Dans la même pièce que lui, ses collègues vaquaient à leurs occupations, mais personne ne lui adressait la parole. L'atmosphère était relativement tendue, désagréable. Toutefois, NamJoon le supportait, simplement parce qu'il n'avait pas le choix. Ses amis et collègues l'ignoraient toujours depuis l'autre jour pour une raison qui, à l'instant, restait mystérieuse, même si le grand rose commençait à avoir des sérieux doutes.

Un soupir s'échappa de ses lèvres alors qu'il frottait frénétiquement le plan à l'aide d'une éponge. Ses pensées étaient totalement tournées vers autre chose que son devoir de domestique, si bien qu'il nettoyait la même zone depuis cinq minutes déjà.

Le majordome songeait à tout ce qui était arrivé, plus particulièrement à l'incident avec TaeHyung, qui avait eu lieu pas plus tard que ce matin, juste après son réveil dans la chambre de SeokJin.

Une question traînait sans cesse dans sa tête.

Qui était réellement TaeHyung ?

Tout portait à croire qu'il n'était pas un vrai domestique, ou qu'il était étroitement lié à SeokJin, d'une manière ou d'une autre. Il suffisait de voir la façon dont il parlait. C'était bien le seul parmi les employés qui appelait SeokJin par son prénom et non par son titre, si on ne prenait pas en compte l'exception qu'était NamJoon. Sans compter son langage hautain semblable à celui d'un enfant pourri gâté. Tout indiquait que quelque chose clochait avec ce gamin.

Cependant, à quoi bon avoir des soupçons s'ils n'étaient pas fondés ? NamJoon le savait, pourtant, il n'osait pas. Pour une raison quelconque, il sentait que ce n'était pas ses affaires, qu'il ne devrait pas s'en mêler davantage, creuser pour connaître la vérité. Et ce, même si cela le concernait un peu, d'une certaine manière.

Il y était bien forcé. Le majordome devait tout de même trouver pourquoi est-ce que TaeHyung lui en voulait tant. Ce dernier n'avait pas répondu à ses interrogations lors de leur face à face. Au contraire, il n'avait fait que créer davantage de questions. À force d'y songer, il devenait donc curieux.

Dans ce quiproquo, NamJoon devait avouer qu'il s'emmêlait un peu les pinceaux. Il y avait bien des choses qu'il ne savait pas –dieu sait qu'il y avait de la matière de ce côté là. Mais une chose était certaine, il devait questionner SeokJin. Il n'avait pas le choix. Quoi qu'il fasse, quoi qu'il en pense ou quoi qu'il décide, SeokJin en savait sûrement quelque chose. Le jeune maître était la pièce maîtresse de l'échiquier fictif. Il était forcément impliqué. C'était indéniable.

NamJoon soupira pour la énième fois. Il lui demandera tout à l'heure, lorsqu'il irait lui servir le goûter dans sa chambre, comme d'habitude.

[...]

L'après-midi était passé lentement aux yeux de NamJoon qui à présent, préparait le goûter de SeokJin comme il en avait l'habitude.

Rassemblant gâteaux et biscuits sucrés sur un plateau, accompagné d'un thé indémodable, le domestique ne tarda pas à quitter l'ambiance incommodante des cuisines. Son plateau dans ses mains gantées, il s'en alla sans regret en direction de la chambre de son jeune maître. Il était même relativement content d'y aller.

Mais alors qu'il montait les escaliers, une silhouette apparut à ses côtés. Quelle ne fut pas sa surprise en découvrant HoSeok, un sourire crispé sur son visage habituellement si enjoué.

« Salut, NamJoon, bafouilla le noiraud, mal à l'aise.

– Salut, marmonna à son tour le rose, quant à lui surpris de voir quelqu'un lui adresser la parole. »

Tous deux s'arrêtèrent en haut des marches, sans que ni l'un ni l'autre ne l'ordonne réellement. Muets, ils se jetèrent des regards mi-embêtés mi-interrogateurs.

NamJoon se décida tout de même à parler en premier. Il devait savoir ce qui amenait soudainement HoSeok, alors qu'il l'avait ignoré comme la peste les jours précédents.

« Qu'est-ce que tu veux ? demanda le rose. Son ton était involontairement sec, mais il devait bien admettre qu'il était un peu en colère contre lui. »

HoSeok déglutit, grattant sa nuque. Ce geste traduisait à lui seul à quel point il était nerveux.

« R-Rien de spécial, avoua-t-il. »

NamJoon parut perplexe. Il ne disait pas la vérité, c'était indéniable.

« Ne me mens pas, s'il te plaît. Il doit bien y avoir une raison pour que tu viennes me voir après m'avoir laissé tomber, non ? répliqua le majordome, acerbe. »

Une mine peinée s'installa sur le faciès d'HoSeok.

« Je suis désolé je- Le jeune domestique hésita grandement sur les mots. Il semblait prêt à lui avouer quelque chose d'important, mais se ravisa à la dernière seconde. Comprend-moi NamJoon, je n'avais pas le choix. On avait pas le choix.

– Pas le choix ? Vraiment ? questionna le grand rose, ironique. Alors explique-moi pourquoi tu ne pouvais rien dire, et surtout pourquoi tu viens me voir maintenant. »

HoSeok jeta un coup d'œil nerveux sur la gauche, vers le fond du couloir qui s'étendait à l'infini.

« Je ne peux pas, assura-t-il. Tout ce que je peux te dire c'est qu'il faut te méfier de TaeHyung, ajouta-t-il en chuchotant. S'il te plaît ne te mesure pas à lui !

– Quoi ? Mais pourquoi—

– S'il te plaît NamJoon ! N'essaies rien contre lui ! Tu ne sais pas de quoi il est capable, bafouilla HoSeok sur un ton pressé. C'était comme s'il n'avait pas le droit de lui dire tout ça, comme s'il risquait sa peau en le faisant. »

NamJoon fronça les sourcils, de plus en plus mal à l'aise concernant les paroles de l'autre. Il avait beau de ne pas tout comprendre, une étrange impression commençait à s'installer.

Il avait vraiment un mauvais pressentiment.

« Hey, le caniche ! »

NamJoon se retourna en reconnaissant ce surnom désagréable. Son expression se durcit sous la colère, alors que le garçon à l'origine de tous ses soucis venait de pointer le bout de son nez.

Au fond du couloir, TaeHyung agitait les bras pour qu'on le remarque. Puis, alors que les deux domestiques l'observaient de leurs yeux, pour l'un anxieux et pour l'autre haineux, le brun aux mèches vertes leva sa main droite pour leur faire un doigt.

Ce fut le geste de trop pour NamJoon.

« Tiens-moi ça, gronda-t-il en fourrant le plateau qu'il tenait dans les bras d'HoSeok, lequel avait pâlit en réalisant.

– Non NamJoon ! s'écria le noiraud. N'entre pas dans son je– »

Trop tard, le majordome venait de s'élancer vers TaeHyung d'un pas rageur, prêt à botter le cul de ce gamin.

Aussitôt, TaeHyung prit la fuite en riant à gorge déployée. Il disparut bien vite dans d'autres couloirs, suivit par NamJoon, qui lui ordonnait de s'arrêter.

Leurs deux silhouettes ainsi que les rires du châtain ne furent plus qu'un lointain souvenir pour HoSeok, lequel se tenait debout, un plateau dans les mains, le teint livide. Ce qu'il redoutait allait se réaliser.

NamJoon venait de se jeter dans la gueule du loup.

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Pour ceux qui espèrent encore, il n'y aura pas de vkook ici, sorry.