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Neuvième tintement

Il se tenait devant la fenêtre fermée de la chambre dans laquelle il passait la majorité de son temps par choix, plus que par obligation.

Il savait qu'il pouvait se déplacer sur une grande partie du domaine, pourtant tout le ramenait ici, dans cette pièce qui l'avait vu grandir, qui avait connu ses rires d'enfant, mais aussi ses pleurs et son désespoir d'homme.

Il savait que les années avaient défilé à l'extérieur de son domaine, même s'il pouvait difficilement le quantifier.

Sa perception du temps était différente dorénavant, il ne sentait plus le poids des jours qui défilaient, il errait juste, observant le monde comme le spectateur d'une pièce de théâtre qui se jouait sous ses yeux.

Il avait vu les gens naître, vivre et mourir en ces murs, sans jamais pouvoir interférer avec eux, présence fantomatique dont ils n'avaient aucune conscience, compagnon de vie dont ils ignoraient l'existence.

Les miroirs ne croisaient plus son reflet, la lumière lui avait volé son ombre.

Il en était ainsi depuis son réveil ce matin-là, près de la statue qui l'avait vu mourir. Il n'avait pas compris de suite pourquoi il voyait son corps se balancer au bout d'une corde, le visage bleuté, déformé par la tristesse et pourtant étonnamment serein.

Il était resté prostré des heures, peut-être même des jours, jusqu'à comprendre qu'il avait voulu partir, mais que quelque chose de lui était resté attaché à ses terres, lui refusant à jamais le repos éternel qu'il avait appelé de tous ses vœux.

Il avait vécu une longue errance, faite de questions sans réponse, portant en lui le poids de la culpabilité de ses erreurs, de ses choix, de sa vie.

Puis il avait accepté sa condition d'âme errante, à jamais condamné à ne plus ressentir la chaleur d'un regard sur lui, la douceur d'une caresse, l'ivresse d'un baiser.

Telle était sa punition pour ne pas l'avoir sauvé, et l'éternité était sa pénitence.

Jusqu'à son arrivée...

Debout, les mains croisées dans le dos, il suivit du regard les phares du véhicule qui s'approchait lentement de la maison.

Un sourire étira ses lèvres diaphanes quand il le vit descendre de la voiture pour entrer dans la maison.

Il serait bientôt là...

Comme si la mort lui avait donné un sursaut de vie, les choses avaient commencé à changer quelques jours avant son arrivée. Il y avait d'abord eu ce chat, qui se postait devant lui dans une totale immobilité, comme s'il pouvait distinguer sa présence.

Il lui avait murmuré un vieux poème dont il se souvenait encore, se sentant idiot de chercher l'attention du félin, et à sa plus grande surprise, avait vu ses petites oreilles s'agiter comme s'il captait le son de sa voix, alors que lui-même n'en connaissait plus le timbre.

Il avait pourtant hurlé son désespoir, jour après jour, quand il ne comprenait pas l'état dans lequel il se trouvait, espérant que quelqu'un l'entendrait, mais ses cris étaient restés silencieux aux oreilles de ceux qui traversaient son corps de brume, ignorant sa présence prisonnière de cet entre-deux.

Il avait commencé à sentir l'air gorgé de senteurs florales qui parcouraient les couloirs à la faveur des courants d'air de la demeure, c'était léger, comme la réminiscence d'un parfum autrefois connu qui venait caresser votre âme pour en réveiller les souvenirs.

Il avait ensuite senti sous ses doigts la texture du bois qui constituait le dossier de son fauteuil préféré, il avait caressé la tranche des livres de sa bibliothèque qu'il avait tant aimé parcourir lors des longues soirées d'été.

Il n'avait pas l'espoir fou de revivre, il savait qu'une partie de son esprit avait déjà quitté ces lieux, la partie heureuse, celle qui avait aimé, celle qui avait été aimée, celle qui pensait que la vie lui offrirait le plus grand des bonheurs.

De son âme ne restait que la tristesse, la rancœur et l'amertume.

Pourtant, quand il avait vu la première fois, il avait senti que quelque chose changeait en lui. Il n'avait pas reconnu son corps, mais avait distingué le dessin de son cœur.

Il savait dorénavant que seul lui était capable de lui donner l'absolution et de l'envoyer enfin dans les limbes de l'oubli pour trouver la paix.

...

Yoongi sortit de la douche seulement vêtu d'un caleçon, le corps recouvert d'une fine couche de transpiration, réduisant à néant ses efforts pour se rafraîchir. La chaleur moite laissait présager l'arrivée d'un orage et par la fenêtre ouverte, il pouvait déjà distinguer les éclairs qui illuminaient le ciel dans le lointain.

Il s'assit sur le rocking-chair qui se trouvait sur le balcon et fuma une cigarette comme il en avait pris l'habitude chaque soir.

Ses yeux se perdirent sur le spectacle de la nature qui s'illuminait sous la lumière des éclairs, dessinant la cime des arbres en ombre chinoise dans le ciel noir.

Il avait aimé cette soirée en ville, il en avait apprécié chaque minute, tout était tellement inhabituel et pourtant si familier, ne cessait-il de se répéter.

Avait-il déjà dansé au son de ses musiques enivrantes en dégustant des plats épicés ?

Ce n'était pas le genre de question que lui, Min Yoongi, l'être le plus rationnel qui soit, avait l'habitude de se poser, cependant depuis son arrivée, ses certitudes semblaient être mises à mal.

Devait-il vraiment croire cette histoire de fantôme et de sable magique ?

Si ses amis avaient écouté, bouche bée, le récit de Jin sur les propriétés que pouvait avoir le sable des berges de la rivière, lui était plus réservé sur ses croyances de vieillards et de bonne femme.

Il se souvenait avoir entendu des anecdotes similaires que lui racontait sa grand-mère avant de s'endormir, parlant de fantômes en quête de paix, d'endroits magiques où les miracles prenaient naissance, quand les hommes aux cœurs purs avaient la foi. Cela avait bercé ses rêves d'enfant, mais en grandissant, la dureté de la vie l'avait éloigné de ce monde mystique dont son aïeule l'avait abreuvé.

Pourtant, depuis son arrivée sur le sol de River Sand, quelque chose taraudait son cœur et son esprit, il était incapable de nommer ce sentiment qu'il l'avait submergé lorsqu'il avait croisé pour la première fois le regard émeraude de Park Jimin.

Secouant la tête pour sortir de ses pensées qu'il qualifia de divagations alcooliques, il écrasa sa cigarette dans le vieux pot de fleurs qui traînait au sol et se leva pour gagner son lit.

Il croisa Casper qui était assis sur le pas de la porte-fenêtre, le regard perdu vers un coin de la chambre, fixant quelque chose que lui seul semblait voir.

Yoongi se baissa et caressa doucement la soie noire de sa petite tête.

- Qu'est-ce que tu regardes comme ça, petit chat ?

Le félin leva son regard de jade vers lui avant de regarder à nouveau vers l'endroit de la pièce qui captivait son attention.

Yoongi se releva et regarda lui aussi attentivement dans la même direction, alors qu'un frisson lui parcourait l'échine.

Seul un vieux fauteuil se tenait près d'une cheminée gigantesque, il faisait face à un guéridon de bois laqué sur lequel était posé un échiquier sans vie, qui paraissait attendre qu'un joueur vienne en déplacer les pièces.

- Tu vois, dit-il au chat, il n'y a rien. Si tu veux foutre la trouille à quelqu'un, je t'invite à rejoindre la chambre de Taehyung, j'ai vu que sa fenêtre est ouverte.

Comme s'il avait parfaitement compris le message, Casper se leva et se dirigea d'un pas nonchalant vers le balcon, avec l'intention évidente de mettre à profit les conseils du jeune homme.

Il ne put s'empêcher de sourire en se disant que demain matin, il serait certainement à nouveau réveillé par les hurlements de Taehyung, dû à une énième bêtise du félin à son égard.

Il se tourna une dernière fois vers le fauteuil, puis se dirigea vers son lit avec un soupir.

- Trop de bouffe, trop d'alcool, mon pauvre Yoongi, tu divagues, murmura-t-il pour lui-même avant de se glisser dans les draps et de sombrer dans un sommeil peuplé de fantômes sous les accords de notes de blues, une odeur de vanille imprégnant l'air.

...

Il observa l'homme s'endormir profondément, Yoongi c'était son nom.

Cela ne lui disait rien et pourtant, cela sonnait comme le refrain d'une ritournelle qu'il connaissait par cœur.

Il ne lui ressemblait en rien, mais son regard était irrésistiblement attiré par l'albâtre de sa peau et par l'ombre délicate que ses cils formaient sur ses joues.

Tout en lui semblait l'appeler.

Pouvait-il sentir sa présence ? se demanda-t-il alors qu'il s'approchait du lit sans un bruit, comme glissant sur le parquet d'ébène.

Il en avait douté un court instant quand leurs regards s'étaient croisés quand il était assis dans le fauteuil de la chambre. Il avait ses yeux sur lui, aveugles d'images, tandis que lui-même plongeait dans les ténèbres brunes de ses yeux.

Il se pencha un instant vers celui qui était destiné à changer, peut-être, son destin d'errance et caressa du bout du doigt la courbe de sa joue.

Le jeune homme bougea dans son sommeil, dérangé par ce geste intime qui lui était dérobé.

L'horloge du hall perça la nuit de ses tintements marquants les heures.

Il recula doucement pour disparaître dans les ténèbres de la chambre, le sourire aux lèvres, se disant que malgré tout, il avait peut-être senti ce geste de tendresse qu'il avait voulu lui prodiguer.

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