Il hurlait. Il hurlait à plein poumons, comme si la vie lui ordonnait de sortir tout ce qui lui pesait sur la conscience - alors qu'elle même était perdue.

Les voix résonnaient dans sa tête comme des marteaux tapant sur du métal encore chaud, sans jamais s'arrêter. Il couvrit ses oreilles du mieux qu'il put, mais les voix n'étaient pas à l'extérieur. Elles hurlaient, à s'en déchirer les cordes vocales, mais cela ne se passait que dans sa tête. Tandis qu'à l'intérieur, tout n'était que chaos, il hurlait, comme pour faire barrage à celles qui n'étaient que des mirages. En dehors, autour de lui, personne ne les entendait ces voix. Ces femmes, ces hommes, ces enfants hurlant son prénom toute la nuit, personne à part lui ne les entendait, il était seul. Seul contre elles.

Jisung colla son corps contre la porte en bois de sa chambre, s'accroupissant de plus en plus, espérant que les voix finiraient par se taire en le voyant tenter de se faire tout petit. C'était peine perdue. Au contraire, ces dernières, voyant leur hôte à leur merci se firent un malin plaisir à prendre possession de toute sa cavité. Tentant de maitriser celles qui le faisait tant souffrir, il se prit la tête entre ses mains, triturant et tirant de toutes ses forces sur ses cheveux, malheureux et maltraités qui finirent par eux aussi abandonner le combat et tomber à terre.Il leva lentement ses yeux vers ses mains, desquelles pendaient quelques fils fins décolorés aux bouts rouge sang. Ses cheveux n'avaient pas résisté longtemps à son attaque.

Il sentit les larmes monter, venir tandis que par poignées, ses cheveux si chers à ses yeux voltigèrent jusqu'au plancher. Il était incapable de se maitriser, d'éviter toutes ces douleurs, aussi bien physiques que mentales. Jisung se sentait lâche. Il était lâche. Lâche de se laisser envahir par elles, elles ne méritaient pas autant d'attention, pourtant il ne supportait plus, tout ce qu'il souhaitait c'était qu'elles se taisent.

Ses pensées atteignant son cerveau, il ne sut retenir l'océan qui montait en lui, et laissa s'échapper des torrents de perles salées, qui s'écoulèrent le long de ses joues. Ses larmes atteignirent le bout de son menton et tombèrent par dizaines sur ses vêtements jusqu'ici épargnés par les flots brûlants de haine, de colère et de tristesse, qui était en train de le submerger. Il finit par poser sa tête sur ses genoux qu'il avait repliés contre son torse – sorte de bouclier protecteur de ces furies qui l'attaquaient ce soir-là – et laissa doucement les sanglots monter et l'envelopper.

Ses épaules, secouées de spasmes essayaient tant bien que mal de suivre le rythme. Sa voix, qui jusqu'à présent était éteinte - nouée par les émotions - commença à pousser de longs soupirs de soulagement, comme si elle n'attendait que ça, se libérer de ce fardeau qu'il portait depuis le début. Il ne put articuler qu'un seul mot, celui auquel il se raccrochait lorsque ça n'allait pas, lorsqu'il savait qu'il était en train de perdre pied - son phare dans son océan de larmes.

"- Minho..."

Ce seul nom, prononcé du bout des lèvres, comme une bouée lancée en pleine tempête. Cette simple pensée de l'être si cher à ses yeux lui permis de prendre ne serait-ce qu'une seconde le dessus sur ses voix, sur ses peurs, sur ses émotions. Il posa alors sa tête contre ses paumes, inspira longuement, et sanglota.

Ses larmes finirent par tarir, son corps ayant épuisé toute son énergie et écoulé toutes les larmes disponibles. Il s'essuya maladroitement les joues et les yeux avec sa manche et s'appuya contre la porte pour se relever. Sa tête tournait, sa vue était trouble, Jisung ne savait à peine combien de temps s'était écoulé depuis que les voix avaient pris le contrôle de son esprit conscient.

Il finit par récupérer assez d'équilibre pour faire quelques pas, il attendit malgré tout que son second vertige passe, et continua sa lancée jusqu'à finalement atteindre la fenêtre. Il ouvrit en grand celle-ci et se posta devant, inspirant les grandes bouffées d'air frais de cette nuit de mai, sans lune. Il ne faisait pas beau ce soir-là, mais il observa avec tendresse la pluie tomber lentement sur le sol. Il tendit la main et accepta avec bonheur ce que la nature lui offrait. Contemplant avec nostalgie combien encore une fois, son état d'esprit correspondait au temps actuel.

Il soupira à nouveau avant de prendre une autre grande inspiration, laissant l'air frais emplir ses poumons qui semblaient en manque cruel d'oxygène. 

Ce soir encore, il n'avait su faire taire ces voix, il avait cédé à leur chantage, à ce qu'elles attendaient de lui, qu'il craque. Pourtant, il ne perdait pas espoir, il y croyait, il savait qu'il était plus forte qu'elles. Il finirait par les faire taire une bonne fois pour toutes. Jisung savait qu'il n'était pas seul dans ce combat, malgré le fait qu'il ne parle que très peu de ce qu'il lui arrivait ces nuits où il s'enfermait seul dans sa chambre. Il devait y croire, il devait continuer à espérer, ses amis, sa famille, Minho. Tous comptaient sur lui, il ne pouvait pas abandonner le combat, il y croyait. 

Et même si cela devait durer des années, alors il était prêt à se battre. Mais cette fois-ci, ce ne serait pas non pas pour gagner la bataille, mais la guerre.

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Hello ! nouvel OS pour aujourd'hui, en croisant les doigts pour qu'il ne soit pas trop mauvais :)
Bonne journée ou soirée !

IlEtaitUneFoiis 🖋