"La patience est une vertu qui s’acquiert avec de la patience."
Alessandro Morandotti

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Pour être totalement franche avec toi-même, tu pensais que ça allait simple.

Ce matin, lorsque tu fus arrivée au Sanctuaire pour prendre un cours d'art mystique avec Stephen, tu sentis tout de suite que cette journée n'allait pas être telles que les précédentes. Quelque chose clochait, tu le vis dès ton arrivée dans le salon.

Le sorcier suprême était entrain de te sourire.

Au premier abord, on pourrait croire que ce détail était insignifiant mais pas pour toi. Tu connaissais Stephen depuis maintenant plusieurs mois et jamais il ne t'avais adressé ne serait-ce qu'un petit rictus amusé. Il gardait constamment cet air neutre et froid envers tous ses élèves pour, soit-disant, que la discipline soit mise en rigueur.

Cette méthode de travail, néanmoins, était des plus efficace, tu avais rapidement fais d'énormes progrès en quelques semaines à peine.

Enfin passons, revenons en au fait.

Strange était devant toi, un tasse de thé encore fumante entre ses mains gantées, la joie pouvant se lire sur ses traits.

Soit un miracle venait de se produire, soit il allait t'annoncer la plus bonne nouvelle de toute sa vie. Dans tous les cas, tu n'avais aucune crainte à avoir. En apparence.

Stephen : Bien le bonjour [T/P], comment vas-tu ?

C'était de pire en pire, il était réellement entrain de te faire la conversation, comme le plus banal des amis sur terre.

Quoique non, Strange n'était pas ton ami, c'était ton professeur, lui-même te l'avait annoncé dès le début de vos entraînements, on ne mélange pas les cours au privé.

Tentant de rester naturelle face à son air, pas du tout, naturel, tu lui répondis avec un léger sourire.

- Très bien et vous ? Vous m'avez l'air de très bonne humeur !

Tu allas rajouter « pour une fois ! » mais ta raison avait empêché ta bouche de prononcer ces mots qui t'aurais sans doute valu un tour dans la dimension miroir.

Stephen : Oui ça va. J'ai quelque chose de nouveau à te proposer pour notre cours aujourd'hui, ça va te plaire.

Décidément, ce matin, tes tympans avaient quelques problèmes. Tu avais bien entendu ? Il voulait te faire plaisir ? Ce n'était tout simplement pas possible, tu avais dû être transportée dans un univers parallèle pendant ton sommeil, tu ne voyais pas d'autre explication.

Stephen : Tu vas réaliser ta première mission. Seule.

Tu t’assayas doucement dans le fauteuil en comprenant ce qu'il venait te t'avouer, surprise. Tu attendais ce jour depuis longtemps, tu harcelais le brun depuis votre première rencontre sur ce sujet, tu étais même allée jusqu'au chantage mais malheureusement, rien n'avais fonctionné sur cet être borné et têtu.

- Je... Vraiment ? Je vous jure que si c'est une blague...

Stephen se mis en face de toi, buvant quelques gorgées de sa boisson avant de te rassurer par ses paroles.

Stephen : C'est la vérité. Attends moi ici, je reviens avec le matériel dont tu auras besoin.

Impatiente, tu essayas de rester statique à ta place, attendant son retour en laissant tes yeux vagabonder sur différentes parties de la pièce principale.

Tu venais quasiment chaque jour dans ce bâtiment depuis un bon moment et pourtant, tu ne le connaissais qu'à moitié, ce lieu regorgeait de secret, de pièces cachées, salles insolites ou fermées à l'aide d'un sort puissant.

De même, pour une raison qui t'étais encore inconnu, la sorcier t'avais formellement interdis d'ouvrir les frigos dans la cuisine, cela titillant ta curiosité. Tu te demandais bien en quoi de la nourriture pouvait être dangereuse. Enfin, mieux valait ne jamais savoir pourquoi.

Tes pupilles se détournèrent soudainement des innombrables bibliothèques en bois sculptés pour venir se déposer sur le grand sac noir que portait Stephen entre ses bras, le posant devant toi, encore fermé.

Stephen : Tu trouveras à l'intérieur tout ce dont tu auras besoin pour accomplir ton devoir du jour. J'espère que tu y arriveras. Sur ce, je te laisse, Wong m'attend pour une conférence avec d'autres sorciers à Kamar-Taj.

Te laissant sans voix, tu te levas d'un coup pour te diriger vers ton enseignant qui avait d'ores et déjà formé un portail doré.

- Mais attendez ! Je ne connais toujours pas le but de ma mission !

Une légère expression rieuse naquit sur les lèvres de Strange qui commença à disparaître vers un autre lieu, sans te jeter un regard.

Stephen : Si tu cherches Levi elle est au première étage...

Ne prenant pas le temps d'en dire davantage, le brun s'éclipsa en quelques secondes, te laissant seule face à ton incompréhension. Mais que diable faisait Levi dans cette discussion ? Il n'y avait aucun rapport !

Confrontée au caractère plus qu'étrange du sorcier qui se voulait apparemment joueur, tu soupiras d'exaspération en partant immédiatement près du mystérieux sac et l'ouvrit d'un coup sec.

En observant son contenu, tu hésitas entre éclater de rire ou désespérer face au ridicule de la scène.

Toi qui t'attendais à des armes mystiques ou des nouveaux livres de sort tu avais eu faux sur toute la ligne ! Tu étais loin, mais alors très loin de te douter qu'il y avait dans ce sac : plusieurs paquets de lessive ainsi qu'un adoucissant.

Tu cligna maintes fois des paupières avant de regarder la date sur ton téléphone. Non, ce n'était pas le 1er avril pourtant. Mais alors pourquoi t'avoir donner tout ce matériel à laver le linge ? Il te prenait pour sa bonniche ou quoi ? Il était hors de question que tu laves-

Levi.

Mettant une main à ton front, tu tentas de calmer ton énervement en respirant profondément.

Il ne fallait pas s'emporter, tout cela était un test, tu en étais certaine. Il voulait tester ta patience et ta persévérance voilà tout !

Strange voulait que tu mettes sa relique dans le lave-linge ? Très bien, ta mission sera alors terminée en un rien de temps.

Du moins c'est ce que tu croyais.

* * *

Un peu plus tard :

À première vue, tu avais l'air parfaitement débile.

Cela faisait trente bonne minutes que tu te baladais à travers les deux étages du Sanctuaire, sac entrouvert en main, faisant la course contre une cape rouge bien trop rapide qui ne voulait absolument pas se laver.

Tu juras une nouvelle fois lorsque cette fourbe partie se cacher dans le chaudron du cosmos, bougeant un bout de tissus pour t'inciter à venir l'attraper.

Oui, vous jouiez littéralement au chat et à la souris. Dire qu'au départ c'était un cache-cache sans fin... Tu te demandais avec sérieux si cette relique avait des milliers d'années à son compteur car en la voyant comme telle tu pensais que ce tapis n'avait pas plus de trois ans.

C'est donc essoufflée que tu redescendit l'escalier menant au rez-de-chaussé, cherchant avec entrain une solution. D'après tes déductions, tes sorts n'avaient tout bonnement aucun effet sur cette cape qui les contra tous avec facilité.

Comment était-il possible que Stephen supportait cette carpette depuis tant de temps ? Selon ton point de vue, tu l'aurais envoyé à la décharge depuis belle lurette.

Avançant à pas feutrés jusqu'à la relique volante, tu tendis délicatement ton sac au dessus d'elle afin de l'emprisonner dedans mais, dès qu'elle se rendit compte de ton manège, Levi émergea du chaudron et repartit au galop jusqu'au deuxième étage.

Tu balanças avec force ce foutu cabas vide au sol et lança un regard noir à ton ennemie.

- Tu vas pas t'en sortir comme ça bout de tissus !

Le tissus en question te salua avec l'extrémité de son corps tissé puis voleta jusqu'au bureau du sorcier suprême.

Elle se fichait complètement de ta figure.

Tu pris quelques instants pour reprendre tes esprits et t’écroulas sur le divan ancien situé dans le fond du salon, près de l'immense fenêtre.

Tu devais impérativement trouver un moyen de contrer cette fichue cape de lévitation et mener ta quête à bien. Tu fermas alors tes yeux et repensas aux dires de Stephen par rapport à sa relique, cela pouvant peut-être t'aider.

Un jour, cet objet rouge avait failli rendre son propriétaire fou en ayant tout mis en œuvre pour avoir un peu de glace. C'était il y a quelques jours, Strange et toi mangiez ici-même après un entraînement et Levi n'avait cessé de quémander de la glace, allant jusqu'à voler celle du sorcier.

Elle avait donc un faible pour ce dessert, c'était intéressant. Même si ce morceau de tapis ne pouvait manger, elle avait pour tu ne savais quelle raison, cette fascination pour la glace.

Tu te relevas en quelques secondes, une idée en tête, le sourire aux lèvres. Cette fois c'était sûr, ton plan allait fonctionner ! Vu que le sorcier ne lui avait jamais permis de « goûter » à cette nourriture, tu allais la lui donner, sur un plateau d'argent !

Tu partis au pas de courses jusqu'à la cuisine, se trouvant à gauche du hall et posas ta main sur la poignée du frigo, oubliant automatiquement toutes les restrictions prescrites par ton professeur.

Tu l'ouvris d'un coup et poussa un cri de surprise en sentant quelque chose agripper avec force ton avant-bras. La sensation était horrible, visqueuse et gluante sur ta peau qui semblait être aspirée. Tu jetas un coup d’œil devant toi et vis des énormes tentacules aux couleurs vives frétiller, essayant de t'attraper. Sans perdre plus de temps que ça, tu pris à la vas-vite un couteau de cuisine sur la table à tes côtés puis tranchas le membre de la chose qui te retenait. Tu bougeas précipitamment tes mains, afin de te protéger et pris en un rien de temps le pot de glace à la vanille dans le congélateur puis referma violemment le battent en haletant.

- Bordel mais qu'est-ce que foutent ces pieuvres la-dedans ?!

Tandis que ta respiration se calma lentement, tu en conclus que ces machins dégoulinants venaient sans doute d'autres dimensions, Stephen les ayant enfermés ici en attendant de les ramener dans leur monde.

Il aurait pu mettre un cadenas au moins !

Mettant ta colère de côté, tu souris en voyant l'objet tant convoité dans la paume de ta main. Tu ne te seras pas donné du mal pour rien ! Elle va voir ce qu'elle va voir cette carpette !

Tu repris la sacoche entre tes mains puis montas avec hâte au première étage, un stratagème assez simple en tête. Ne voyant pas ta proie aux alentours, tu plaças le sac ouvert au milieu de pièce puis, ouvrit le pot de crème glacée afin d'en déposer un peu dedans.

Ensuite, tu allas te cacher derrière une des armoires en verres trempés où reposaient des dizaines de vases inestimables. Tu fis un rapide sort pour te fondre dans le décor et commenças à attendre.

Au bout de quelques minutes, rien ne se passait, pour ton plus grand désarroi. La patience n'était pas une vertus que tu possédais mais à cet instant, il fallait en avoir pour venir à bout de Levi.

Et rendre Stephen fier de toi évidemment. Le décevoir ne faisait pas parti des choix envisageables.

Tout à coup, comme sortie de nulle part, la cape arriva jusqu'au sac, un peu craintive. Toutefois, dès qu'elle fût assez proche, tu invoquas un portail et t’engouffras dedans en souriant.

Pendant ce temps, l'objet doté de conscience rentra un peu dans ton piège et examina la boule de glace avec attention. Le portail s'ouvrit juste au-dessus d'elle et tu parvint à la faire entrer dans le sac sombre, t'étant jeté sur elle.

- Alors ? On fait moins la maline ?

Tu sentis le tissus se débattre avec force lorsque tu refermas enfin le zip puis portas la sacoche dans ton dos pour le transporter jusqu'à la buanderie, à côté de la cuisine.

Tu étais aux anges, après ce long combat acharné, tu avais pris le dessus sur ce tapis rouge vif ! Tu espéras secrètement qu'à son retour, le sorcier suprême te fasse part de sa gratitude et son étonnement.

Sans le savoir, tu avais raison sur ce point car tu ne te doutas pas que ton enseignant était entrain de d'observer grâce à sa forme astrale, tout au long de ta mission. Il ria même lorsque tu obligea Levi à entrer dans la machine à laver, le faisant sourire encore plus quand tu la narguas avec la lessive.

Il te regarda même la prendre en vidéo quand le tambour commença à tourner, rendant la cape sans force par le poids de l'eau et trimbalée de part et d'autre de la machine.

Stephen était surtout très heureux d'avoir pu assisté à ce moment inédit. Jamais personne n'avait réussi, à sa connaissance, à donner un « bain » à sa cape. Lui-même avait énormément de mal.

Tu avais donc parfaitement raison, il était fier.

Fier d'avoir une élève si patiente, battante et investie dans n'importe quelle directive qu'il pourrait te confier.

Il avait totalement confiance en toi et tes capacités désormais.

Tu pouvais aisément l'épauler dans de réelles missions qui arriveront sans doute très prochainement.