Enfance (2)
"Le rêve est nécessaire quand s'achève à jamais le temps de l'adolescence."
Claude Jasmin
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Allongée dans ton lit, tu commençais à t'endormir doucement, au rythme du doux hululement des hiboux qui avoisinaient les alentours de ta maison.
Suite à une rude journée de cours au lycée, tu trouvas le sommeil en quelques minutes, ce qui t'arrivais rarement en ce moment, tous les examens que tu passais te stressais énormément.
Mettant les causes de son anxiété de côté, tu respiras calmement jusqu'au moment où un bruit sourd attiras ton attention.
Faible à ces débuts, il se fît de plus en plus intense, cette intonation semblant si proche.
Réveillée, tu sortis péniblement de ton lit moelleux en te frottant les paupières. Suivant le son répétitif, tu te dirigeas vers ta fenêtre en remarquant qu'une personne était entrain de jeter des cailloux dessus.
Bon sang, mais qui peut bien te déranger à une heure pareille ?
Tu jetas un regard furtif à ton jardin et observa le fauteur de trouble qui vint croiser ton regard.
Il était complètement paniqué. Ses habit froissés mettait en avant son air désemparé, ses yeux gris humides oscillaient entre ta maison et les environs, ses mains jouaient péniblement avec les petites pierres à sa disposition.
Tu t'empressas d'ouvrir ta vitre et lui demanda.
« Stephen ? Que fais-tu ici ? »
Il soupira de soulagement en t'entendant mais sa réponse ne fût pas à la hauteur de tes attentes.
Stephen : Je... Je ne... Tu...
Sous le choc, aucune phrase cohérente ne pouvait sortir de sa bouche, tu l'aidas alors et le rassuras comme tu pouvais.
« Je vais t'ouvrir, attends moi. »
Tu fonças vers ta porte d'entrée, bien heureuse que tes parents ne soient pas présents ce soir. Tu la déverrouillas en quelques secondes et fît entrer ton ami chez toi.
Ses membres tremblaient légèrement, ses pupilles figées retenaient un flot de larme, son corps était gelé... Il était dehors depuis un bon moment.
« Viens te réchauffer... », soufflas-tu en épaulant le brun jusqu'à ta chambre au premier étage.
Frigorifié, l'adolescent se laissa faire sans rien dire et une fois dans la pièce chauffée, tu l'installas sous tes couvertures au sein de ton lit encore tiède.
Tu t'apprêtas à retourner au rez de chaussé pour lui concocter son thé préféré mais une faible voix te répondit.
Stephen : Non... S'il te plaît... Reste...
Ce timbre brisa ton cœur.
D'ordinaire assez sûr et fier de lui, le Stephen Strange que tu avais sous tes yeux ressemblait plus au petit garçon timide que tu avais rencontré, six ans plus tôt.
« Je ne bouge pas... », répondis-tu en te remettant à ses côtés.
Tu pris ses mains glacées entre les tiennes et le regarda.
« Que s'est-il passé Steph' ? »
Il se crispa à ses mots et respira difficilement, ses doigts se serrant autour des tiens. Tu paniquas légèrement mais repris contenance, tu devais aider ton meilleur ami.
« Je veux juste t'aider Stephen... Tu peux tout me dire, je ne le répéterai jamais... Tu me connais, je suis une tombe... », rassuras-tu en caressant ses cheveux en bataille.
Le jeune pris de profondes inspirations avant de te répondre et murmura.
Stephen : Je ne savais pas où aller... J'avais peur qu'il se réveille alors je suis sorti... Je voulais pas laisser maman toute seule mais j'ai eu peur je...
Pour le calmer, tu l'enlaças tendrement en caressant son dos, essayant d'effacer les images violentes de la mémoire de ce jeune homme.
Stephen : Si je te raconte tout... Tu vas fuir... Comme tout ceux qui m'ont approché...
« Jamais. », répliquas-tu dès la fin de sa phrase. « Jamais je ne te laisserai tu m'entends ? Qu'importe ce qui c'est passé Steph', tu devrais m'en parler, ça t'allégeras d'un poids... Tu te sentiras mieux. »
Il réfléchit un moment puis lâcha dans un soupire.
Stephen : Ok... Tu as sans doute raison... Même si je redoute un peu ta réaction...
Beaucoup jugeait Strange sans le connaître, sans savoir réellement qui il était. Ceux qui le pensais froid et indifférent avait tord à un point qu'ils ne pouvaient imaginer.
Stephen était le garçon le plus sensible et émotif que tu connaissais. Seulement, il gardait fréquemment sa peine pour lui, n'en faisant pas part au autre, mis à part toi, dans les instants les plus compliqués de sa vie.
Tu posas une main protectrice sur son épaule tandis que le brun débuta son monologue.
Stephen : Mon frère et ma sœur sont partis chez mes tantes cette semaine, ma mère est très fatiguée en ce moment, elle passe le plus clair des ses journées à travailler tout comme mon père pendant que je suis en cours. Donc, elle voulait prendre quelques jours de repos en confiant ses plus jeunes enfants à la famille. Elle resta donc chez nous aujourd'hui et vu que je n'avais pas cours, j'ai pu passer un peu de temps seul à seul avec elle... C'était... Plaisant. Vraiment. Elle m'a écouté quand je lui ai parlé de ma vie au lycée, elle m'a soutenu dans mes projets, m'a conseillé... Cette journée avait si bien commencé...
Il soupira puis se racla un peu la gorge avant de reprendre.
Stephen : Ma mère, épuisée, est partie se coucher tôt et je me suis endormi sur le canapé... Ensuite...
Il se remis à trembler et ferma fortement ses yeux.
Stephen : Il est rentré plus tard et je... Il m'a...
Des gouttes silencieuses coulèrent le long de ses joues mais ses mains vinrent les sécher immédiatement.
Stephen : Mon père n'était pas dans son état normal... Il a sans doute dû boire à outrance à cause du stress de son boulot ou je ne sais quoi... Et... Je ne voulais pas qu'il s'en prenne à ma mère alors je l'ai lassé faire... Il a extérioriser sa rage sur moi... Puis, un peu plus tard... Totalement pris dans les vapes de l'alcool, il s'est écroulé par terre, j'en ai profiter pour fuir, loin, j'ai couru en répétant à quel point j'étais désolé... Tout ça... C'est ma faute... Ma faute... Je n'aurais...
Ce drame te bouleversant, tu caressas la pommette humide de ton ami en secouant la tête.
« Ce n'est en aucun cas ta faute Stephen... Tu as fais le bon choix... Ton père ne se lèvera pas avant demain, donc n'ai pas d'inquiétude pour ta mère, elle ira bien... »
Stephen : Je voulais pas te déranger... Mais à part toi... Je n'ai personne...
Son souffle se ralenti peu à peu, au rythme de tes étreintes et tu le resserras contre toi.
« Tu ne mérites pas tout ça... »
Stephen : Si... Comme l'a dis mon père, je suis la déception de la famille, je ne réussirai jamais rien... Je ne suis qu'un bon à rien... Il a sans doute raison de lever la main sur moi...
Outrée par ses paroles, tu relevas son visage baissé et l'observas droit dans les yeux.
« Ne dis plus jamais un bêtise comme ça... Tu es incroyable Stephen... Tu es intelligent, drôle, amical... Tu iras loin dans tes études... Ton père est juste trop aveuglé par la colère pour le voir... »
Mettant sa main sur la tienne, le brun rétorqua.
Stephen : Tu es la seule qui arrive à percevoir qui je suis vraiment [T/N]... Merci... Merci d'être là pour moi...
Tu souris et embrassas doucement sa joue. Pourquoi une personne aussi douée et forte que lui possédait une confiance en lui si faible ?
Les facettes de Stephen sont nombreuses, peu d'individus sont en mesure de les comprendre.
« Les meilleures amies sont faites pour cela non ? »
Il hocha la tête et esquissa un petit sourire avant de se blottir contre toi.
« Dors ici ce soir Steph', ne pense plus à rien... Demain on trouvera une solution... »
Après vous être glissés sous les draps, tu éteignis les lumières et gardas l'adolescent contre toi en continuant de le parler, le rassurer.
En s'endormant, celui-ci continua de te sourire, ce qui fût la plus merveilleuse des nouvelles pour toi.
Voulant le protéger, tu veillas sur lui pendant de longues heures jusqu'à ce que le sommeil t'emporte à son tour.
C'est bel et bien dans les instants les plus difficiles de notre existence que l'on reconnaît nos véritables amis.
Il y a ceux qui restent de marbre, au loin.
Et ceux qui ne nous abandonne pas.
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