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Les Murs, nid d'espions - Partie 1

Stohess, Mur Sina, 20 février 852

« Alerte jardin. Un champignon tenace chez les ivrognes. Je vais utiliser un peu de chimique. Signé : un steak frais. » Sannes, assis à son vaste bureau de sa vaste chambre du second étage de la vaste base des Brigades Spéciales de Stohess, lut et relut cette missive que lui avait apportée le facteur. « Alerte rouge. Un américain dangereux dans la Garnison. Je m'en occupe », traduisit-il. Il dut retenir un rire intempestif. Les codes de la Résistance étaient toujours à se tordre.

Toutefois, son hilarité fut de courte durée. « Alerte rouge » était trivialement un très mauvais présage... Et là, elle ne voulait dire rien de moins que l'ennemi avait une grande influence sur les décisions stratégiques que prenaient les gradés, ou avait la possibilité de détenir des informations capitales. Et puis, pour que Steak Frais m'en parle, alors qu'il faut limiter au maximum les échanges entre Résistants de différents corps d'armée... Sinon, on pourrait se faire démasquer...

Une seule personne connaissait l'identité qui se cachait derrière leur pseudonyme : Le Postier. C'était le top du top, le meilleur membre de la R2.0 qui n'ait jamais existé, l'élite dont la volonté dépassait celle de Stéphane Bern lui-même. Il déguisait les lettres officieuses en lettres officielles comme un pro grâce à son talent incomparable à imiter la calligraphie de n'importe-quel énergumène qui passerait par là. En bref, c'était le pilier, et tout ce réseau tenait grâce à lui.

Au fond, le brigadier était heureux d'apprendre que les deux étaient encore en vie. Peu importe qui ils étaient : il n'était pas seul dans ce combat. Bon, dans tous les cas, il y a Mike. Même s'il a été con, de dévoiler son identité. Remarque, il n'avait pas vraiment le choix, puisque l'autre membre de Tickles... Je me souviens plus de son nom... A décidé de faire son coming-out en tant que résistante auprès de l'amour de sa vie, là.

Il fronça les sourcils. Non, c'était pas à cause de ça. Comment est-ce qu'il a fait, déjà ? Ça devait être circonstanciel... Avec l'arrivée de Marion, qui leur a dévoilé l'existence du manga. Des futés, hein. Enfin, je m'éparpille, là ! Il frappa la surface cirée du meuble du plat de sa main, et se releva immédiatement. J'ai du boulot, moi aussi.

Il jeta un œil à la fenêtre qui dévoilait les beaux bâtiments de Stohess. Pierres claires, toits de tuiles grenat... Et quelques trucs en reconstruction par-ci par-là. Le soleil s'était déjà couché. Les étoiles ne scintillaient presque pas, puisque des putains de nuages les bloquaient, mais elles étaient souvent au rendez-vous. Et c'était bien plus beau qu'au vingt-et-unième siècle ; les révolutions qui avaient éclaté à l'époque de la pollution lumineuse s'étaient, au final, avérées fructueuses.

Il observa sa chambre un instant. Les murs aussi étaient clairs ici. Son lit était à « une place et demi », principe qui lui était assez obscur. A moins qu'ils ne veuillent loger ce qu'il restait de Marco dedans – il avait lu le manga, il n'était pas inculte... Mais dormir avec un cadavre, très peu pour lui. Il aurait souillé la couverture brune, en plus.

Sannes bailla un coup, et défit les lanières de son équipement tridimensionnel. Il se retrouva avec son pantalon sobrement noir et sa chemise sobrement blanche. Puisqu'il avait quartiers libres à cette heure, il alla jusqu'à mettre sa veste sombre spéciale averse et sortir de la chambre.

Il la verrouilla, passa dans le long et large couloir aux nombreuses portes, descendit les marches du bout, arriva dans le rez-de-chaussée aux jolies dalles propres, fit coucou au flemmard qui servait de capitaine du coin, traversa un second corridor, arriva dans le vaste hall d'entrée, se cogna dans Marlowe...

Hein ? Celui-ci se frotta la tête, puis posa ses petits yeux sur lui. Hitch se tenait à côté, et le gratifia d'un air surpris... Qui se fit rapidement aussi blasé qu'usuellement. « Djel », marmonna le jeune garçon. « Qu'est-ce que tu fais en civil ? » L'intéressé plissa les paupières.

« Quartiers libres.

— Tu vas encore boire une bière ?

— Exact.

— Oh ! s'exclama la brigadière, les prunelles pétillantes. Je peux venir ?

— Tu es de garde, et tu les ferais flipper, avec tes cicatrices sur la face. »

Elle fronça le nez.

« Tu vas au bar tous les soirs, le sermonna le plus jeune.

— Tu verras, quand t'auras l'âge d'y aller ! Maintenant, laisse-moi passer. Pas de temps à perdre. »

Son interlocuteur pinça les lèvres, mais finit par se décaler à contrecœur. Quant à la soldate, elle tapota l'épaule de son ami. « Tu sais », susurra-t-elle, « ce n'est pas grave si tu es déçu. Comme il a dit, tu n'as pas encore l'âge, ça doit être frustrant... »

Djel s'éloigna, mais regarda tout de même l'autre serrer les dents, et elle commencer à se gausser. Embrassez-vous et faites pas chier. Ça fait depuis début décembre que vous tournez autour du pot. Faut se décider, à un moment, on n'est pas jeune éternellement ! Il poussa les lourds battants, et sortit dans l'air frais, sans oublier de rabattre sa capuche – à cause de la pluie, bien entendu.

Ce genre de situation l'irritait pour la simple et bonne raison qu'il avait fait la même erreur qu'eux. Il y avait eu cette fille, aux Brigades d'Entraînement, qui faisait toujours la gueule. Elle était mignonne, avec ses boucles noires et son petit nez. Lors des beuveries, lui et Hannes la faisaient parfois chier... Mais elle ne frappait que le blond. Lui, elle le fusillait simplement du regard, puis lui fourrait une bière sous le nez. Un soir, ils s'étaient retrouvés seuls, et...

Et je suis déjà arrivé. Il étudia presque avec surprise la ruelle étroite dans laquelle il venait de s'arrêter. Toutefois, il repéra vite la maison où il allait devoir s'incruster... Et caressa machinalement son poignard.

Eugeniusz Kostrovicki était mort le 30 janvier. Il connaissait le génie de cet homme, et l'avait soupçonné d'en connaître un peu trop sur l'histoire des Hommes depuis le vingt-et-unième siècle. Cela ne le dérangeait pas, au contraire ; mais il avait sérieusement craint pour sa survie.

Il avait donc rôdé un moment autour de son appartement, faignant de faire un chemin quotidien entre la base d'Ehrmich et le bar du haut de la rue dans laquelle habitait le roux. Il avait ainsi discrètement observé l'attitude des personnes qui passaient par là... Et il y en avait deux, un duo féminin a l'air comique, qui étaient toujours dans le coin, et jetaient des coups d'œil un peu trop intéressés à la fenêtre du pauvre géographe.

C'est qu'elles étaient revenues tous les jours, ces connes. « Bof, peut-être que c'est une coïncidence », s'était-il dit ; « je ne peux pas simplement me baser sur cela », s'était-il répété ; mais l'après-meurtre l'avait grandement confronté dans son idée. Elles étaient repassées, certes... Mais sans un regard pour la bâtisse. Puis, pouf, plus rien, disparues dès que la nouvelle était sortie dans le journal.

Sannes le savait par expérience : des assassins dignes de ce nom ne restaient pas dans la même ville après l'instant fatidique, au risque de se faire coffrer. Mais ils ne partaient pas non plus rapidement, et prévoyaient leur déménagement à l'avance, histoire que les dates ne semblent pas suspectes.

Le résistant s'était donc assuré de se faire un pote dans une agence immobilière, de le faire boire quelques whiskys, et de lui tirer les vers du nez tel le fourbe qu'il était. Il était certes un tricheur, mais la fin justifiait les moyens. Ainsi avait-il appris que ce couple d'amies avait déménagé à... Stohess, dans cette rue même.

Je suis trop fort, quand même... Même si je n'ai pas pu empêcher la mort de Kostrovicki, admit-il amèrement. Mais bon, il est temps de le venger un coup. Il avait l'air sympa, le type. Il avança discrètement sur les pavés inégaux, prit soin de ne pas trop se coller aux murs humides, et atteignit enfin la porte branlante.

Ce n'était pas le quartier le plus chic du coin, mais pas le plus dangereux non plus. De toute façon, en cas de problème, il avait du flouze sur lui. Il s'arrêta donc sur le palier, prit son couteau dans sa main gauche, et frappa trois coups tout à fait classiques.

« Oui ! » s'éleva une voix. On descendit les marches avec énergie, ouvrit l'entrée sans attendre, cracha du sang en silence. Il n'avait pas attendu pour couvrir la bouche de l'individu, et enfoncer sèchement la lame dans son cœur. Où était la seconde ? Il posa délicatement le cadavre au sol, et attendit, plus aux aguets que jamais.

« Excusez-moi de vous déranger », expliqua-t-il comme si la femme était encore là, debout, en face de lui. « C'est bien la maison de monsieur Haus ? » Quelques secondes. « Oh, je suis désolé, peut-être que je vous dérange... » Quelques secondes. « Mais je cherche monsieur Haus... » Quelques secondes.

Enfin, une deuxième personne fit son apparition.

C'était une grande femme aux courts cheveux roux. Elle lui sourit d'abord... Mais grimaça bien vite. Ce fut avec une horreur sans nom qu'elle posa ses prunelles brunes sur ce qu'il restait de son amie. « Non... » murmura-t-elle. Elle les remonta lentement sur lui. Des larmes y naquirent, qui s'avérèrent être moins tristes qu'enragées.

« Son of a bitch... » souffla-t-elle en sortant un poignard. Merde, il va falloir que je me batte ! Dans un sursaut, elle dévala les marches, et fonça vers lui avec haine. Pourquoi j'y ai pas pensé avant ?! Il esquiva de justesse son premier coup, mais sentit sans problème le second passer sur son épaule.

Il serra les dents, évita encore, recula sous ses attaques rapides et répétées. C'était certain, elle était bien plus douée que lui... Ce qui n'était pas bien compliqué. Et les coupures, elles, se faisaient de plus en plus nombreuses. Comment allait-il s'en sortir ? La fourberie, Djel ! La fourberie ! Il écarquilla donc les yeux... Pour poser un regard effrayé sur le corps.

L'autre s'arrêta brièvement. Là ! D'un mouvement circulaire, il l'égorgea profondément, et la retint de justesse de tomber. Il la posa délicatement près de l'autre, tira la première dans un salon qu'il ne prit pas la peine d'étudier.

Il les allongea côte à côte, assez proches pour qu'on croie à un suicide collectif, assez aléatoirement pour qu'on ne le pense pas maquillé. Puis, il fouilla dans les tiroirs de leur cuisine, prit un couteau, le planta dans le trou qui servait de poitrine à celle qui l'avait accueillie. Il se contenta de mettre le sien dans la main de la dernière... Et observa la scène.

Cela donnait définitivement l'effet escompté. Ne manquait plus qu'à nettoyer le pourpre qui avait tâché le plancher, ce qu'il fit par automatisme. Il avait l'habitude : désormais, tuer ne lui faisait presque rien, surtout au bout de trois décennies. Un petit pincement au coffre, bien entendu. Quelques cauchemars, aussi.

Porter un masque, jouer avec les sentiments des gens, les détourner de leur objectif principal. Voilà sur quoi il pariait à chaque fois. Cette fois-ci, il avait fait croire à l'ennemie que sa camarade avait survécu... Espoir qui lui fut fatal. Cela faisait de lui un connard invétéré, mais peu lui importait, tant que la mission que lui avait confiée Stéphane Bern était menée à bien.

Et en plus, elle n'a même pas beuglé ! De toute façon, ça se voyait à sa tronche. Elle n'était pas du style à hurler. C'est qu'on apprend, avec le temps. Il s'essuya le front, sur lequel gouttait un peu de sueur. Puis, il lava ses propres mains, vérifia trois fois qu'il n'avait laissé aucun indice derrière lui, et ressortit dans le froid.

Dans tous les cas, les brigadiers étaient encore assez flemmards pour ne pas prendre cette affaire au sérieux. Il n'avait pas grand-chose à craindre... Mais il allait devoir justifier ses blessures – qui, d'ailleurs, commençaient à sérieusement le brûler.

Comment faire ? Leur cerveau était-il assez développé pour qu'ils fassent le lien entre les deux mortes et son état ? Le risque était trop gros. Il sortit rapidement de l'allée sombre, et continua dans une autre rue coincée entre des bâtiments hauts et peu luxueux. Il réfléchit, réfléchit encore, chercha et tria le peu de possibilités que ses neurones daignaient lui offrir...

Et se retint de justesse de hurler « eurêka ». Il y en avait une, d'issue. Il avait passé quoi, vingt minutes, dans la maison des deux américaines ? Et le quartier risqué-mais-pas-trop de Stohess se trouvait à quinze minutes d'ici... Pile entre la base et son bar favori.

Il n'avait qu'à y faire un saut, se faire un peu tabasser, et se plaindre auprès de ses camarades de beuverie. Il aurait un alibi, et serait en plus tourné en victime. Même s'ils allaient partir à la recherche de la seconde chèvre le lendemain, et qu'il sera légèrement courbaturé, c'était mieux que de se faire démasquer et jeter en prison.

Il avait utilisé la même technique il y avait huit ans de cela. Année 843, deux américains repérés à Shiganshina... Steak Frais n'étant pas disponible, il avait dû miser sur l'excuse du « ils détiennent des archives illégales » pour aller faire un tour chez eux.

Ça lui avait arraché le cœur : ils avaient un gosse de huit ans, les couillons. Heureusement que son grand-papa était là, déjà pour récupérer le môme, ensuite pour stocker les bouquins. Lui, c'était un bon, venu dans les Murs simplement dans le but de suivre son propre enfant. Et aussi un grand sage, pour n'avoir jamais pris parti... D'ailleurs, est-ce qu'il a survécu à l'attaque de Shiganshina ?

Sannes secoua brusquement la tête. Il se distrayait encore : bientôt, il n'allait même pas réussir à retrouver le chemin jusqu'au bled ! Il bifurqua sèchement dans une ruelle. S'il avait échoué à tuer les parents, il avait pu s'en sortir pour la coupure qu'il avait récolté à la cuisse grâce à la même technique : voilà tout ce qu'il avait besoin de se remémorer.

Un détour chez les délinquants ne fait donc jamais de mal... songea-t-il en accélérant le pas.

Lien vers l'image : https://www.liberation.fr/debats/2018/06/22/comment-emmanuel-macron-est-devenu-oss-117_1660927

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