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La Trinité Poitevine - Partie 3

Ehrmich, 20 novembre 851

Le soir tombait sur la cité. Marlowe, assis au bureau de sa chambre, parcourait ses notes de long en large. L'escapade chez les Springer avait plus ou moins porté ses fruits. Ils avaient pu glaner quelques dates – et, en même temps, réconcilier Conny avec sa famille. Puis, ils avaient dû faire un tour chez les Braus, et interroger les habitants des deux maisons voisines.

Le deux août, Kaya Weinhold trouva la chèvre dans le nord des bois, et la ramena à son père, Adolf. Celui-ci accepta de la garder une nuit, mais ne supporta plus, et la donna à Lisa Braus le jour suivant. Le cinq, Rupert Weierstrass vint leur rendre visite, et la femme lui offrit l'animal en pensant qu'elle serait plus utile à lui qu'à elle. Tout se passa bien pendant un mois.

Ce fut le premier septembre qui fut déclencheur des ennuis. Monsieur Springer venait d'arriver à Shiganshina pour voir son fils. Seulement, il fut gentiment congédié par Sasha Braus : elle lui expliqua que le soldat n'était probablement pas encore prêt pour le rencontrer. Il resta toutefois quelques jours. Le trois, il fit des emplettes chez Kenny, et lui parla de cette étrange bête.

Celui-ci avait manifestement joué le désintéressé, mais parvint tout de même à se faire inviter chez les Springer. Une fois à Ragako, le sept septembre, il rôda quelques temps dans le village. Il tua Rupert Weierstrass le neuf, lui vola la chèvre, et quitta les lieux le dix dès l'aube.

Mais leurs témoignages ne donnèrent pas grand-chose de plus. Ils fouillèrent donc le nord de la forêt de Dauper avec l'aide du père de Sasha, qui était chasseur. Ils trouvèrent des traces de pas – un groupe de trois personnes, d'après lui. Leur trajectoire avait croisé celle de Chèvre plusieurs fois, mais à des temps différents. Elles étaient toutefois récentes : environ un mois... C'est-à-dire, au même moment que l'arrivée de l'animal.

Ils portaient manifestement des bottes. Toutefois, aucun villageois n'avait vu de suspect rôdant dans les parages. Ce seul critère était de toute évidence insuffisant. Il en avait donc conclu que les anciens propriétaires n'avaient pas pénétré le bourg.

Après ça, plus rien. Ils étaient passés dans d'autres villes, mais avaient été limité par la discrétion dont ils devaient faire preuve. Des brigadiers qui enquêtent sur une chèvre, cela pouvait paraître louche.

Désormais, lui et Sannes ne savaient plus par quel bout prendre le problème. Il laissa la mine de son crayon en suspens au-dessus de son rapport. L'ennui manifeste de son collègue n'arrangeait pas les choses. Si seulement ils l'avaient laissé gérer cette affaire seule... Il n'y avait que lui pour mettre les mains à la pâte : Djel ne faisait que de le ralentir. Encore un pourri par la corruption, il aurait pu y mettre sa main à couper.

Il jeta un nouveau coup d'œil à la synthèse, puis au compte-rendu. Comme il n'avait rien à ajouter, il conclut, et soupira longuement. Il se dévouait corps et âme à cette tâche, mais l'intérêt de retracer le parcours d'une chèvre lui échappait toujours. Enfin, si quelqu'un est allé jusqu'à tuer pour l'avoir, c'est qu'elle doit être importante. Après tout, on me l'a dit et répété...

Il se leva, et se dirigea vers le couloir de la base des Brigades. Mais alors qu'il allait tourner la poignée, on frappa à sa porte. Il fronça les sourcils, et l'ouvrit, pour se retrouver nez à nez avec Boris.

Ses yeux jaunes pâle le fixèrent avec la même fatigue qui s'y reflétait usuellement. « Marlowe », dit-il de sa voix monotone. « Sannes veut que tu le rejoignes dans son bureau. »

L'intéressé hocha la tête, et partit dans le corridor assombri par la nuit. Sa destination se trouvait à l'autre bout : on les avait logés dans la même portion du premier étage. Il signala sa présence. On l'invita à entrer.

La pièce de son collègue temporaire n'était pas bien différente de la sienne. Un lit simple dans un coin, une petite armoire dans un autre, un bureau et une chaise de bois face à l'étroite fenêtre. Enfin, désormais, il y en avait trois, puisque Ralph l'attendait également.

C'était un homme de taille moyenne, assez longiligne, avec des cheveux courts et clairs et un bouc au menton. Il n'était pas surpris de le voir : les deux travaillaient toujours ensemble.

« Freudenberg. Puisque tu n'as pas eu d'autres nouvelles de cette chèvre dans les quelques patelins de Rose que tu as passés au peigne fin, on t'a trouvé une carte. Peut-être que tu devrais te focaliser sur les plus petits... Sinon, on en aurait entendu parler, de cette biquette.

— C'est vous qui avez eu l'idée ?

— Bien sûr que oui, grogna-t-il. On a toujours fait notre job. Enfin, on compte sur toi pour...

— Naturellement, le coupa le soldat. On s'y mettra demain, à huit heures. »

Ils écarquillèrent les yeux. Encore une fois, ils avaient essayé de lui refiler tout le travail. Marlowe ne les appréciait pas, mais s'ils ne participaient pas plus que ça, ils n'amélioreraient jamais leur comportement. Il avait eu tort : leur collaboration pouvait, au final, s'avérer bénéfique... Du moins pour eux.

Et puis, il ne les laisserait pas se reposer sur leurs lauriers plus longtemps. Il comptait s'assurer lui-même qu'ils allaient remplir leurs devoirs de brigadier. Il leur fit donc un bref signe de tête, tourna les talons, et les laissa pantois.

***

Shiganshina, 21 novembre 851

« ... et après l'avoir examinée, j'en suis arrivé à la conclusion qu'il faudrait qu'elle aille à l'hôpital. »

Cela mit fin à la tirade du docteur Weierstrass. Il se trouvait dans le bureau d'Erwin, accompagné de Livaï et de Marion. Cette dernière fixait simplement ses pieds. Elle était manifestement dévorée par l'angoisse.

La convaincre d'entamer des soins avait été fastidieux. Tout le long de leur entretien, elle avait tenté de minimiser son état. Heureusement, le caporal-chef l'avait aidé à lui tirer les vers du nez. Arès tout, il avait assisté à ses crises... Et avait l'air de savoir comment s'y prendre avec elle.

Son cas était grave. Il n'y avait pas que le stress post-traumatique de tout ce qu'elle avait vécu, ou le deuil des êtres chers qu'elle avait perdus – difficultés communes à tous les soldats. Il avait décelé une réelle fragilité psychiatrique derrière. En réalité, il ne pouvait que la deviner : mais ce fait seul était un très mauvais signe. Après tout, il n'était pas psychiatre, et en avait vu des vertes et des pas mûres. Pour qu'il arrive à voir cela, lui, médecin militaire...

Le major réfléchissait, les mains croisées devant son menton. L'attente se fit longue, si longue que Weierstrass finit par froncer les sourcils. Cette problématique n'était pas si compliquée que ça. Il fallait l'envoyer dans Sina, point barre : son collègue était assez intelligent pour le comprendre.

Finalement, celui-ci planta son regard dans le sien. « Ça ne sera pas possible » fut tout ce qu'il dit. Le silence tomba comme un roc. Il mit un moment à réaliser ce que le blond venait de dire.

« Attends deux secondes. Je viens de te démontrer qu'elle est malade, et tout ce que tu fais, c'est...

— Elle n'est pas la seule à aller mal.

— Les autres ne vont pas jusqu'à tenter de s'égorger ! s'insurgea-t-il.

— Livaï fera en sorte de la maintenir en vie. »

De lourdes secondes passèrent. Weierstrass serra les dents, piqué au vif.

« Tu veux la laisser souffrir comme ça ?

— Elle s'en remettra.

— Non, elle ne s'en remettra pas ! Livaï parviendra peut-être à lui retirer un couteau des mains, mais il ne pourra pas empêcher sa mort psychologique. Est-ce que tu te rends compte de la décision que tu viens de prendre ?!

— On a besoin d'eux ici.

— Si tu veux continuer à la faire travailler, tu n'obtiendras aucun...

— C'est mon dernier mot, trancha-t-il. »

Il ouvrit la bouche, mais, pendant un court instant, ne trouva rien à dire face à sa stupidité subite. Merde, c'est moi, le médecin, il n'a pas le droit de refuser ma prescription ! « Erwin », parvint-il à grogner au bout de quelques temps, « tu... »

Il ne finit pas sa phrase. Le caporal-chef s'avançait à son tour. Il contourna le bureau, s'approcha du major, se planta face à lui, et hurla d'un coup.

Weierstrass manqua la crise cardiaque. Erwin lui-même écarquilla les yeux d'un air stupéfait.

« Livaï...

— Tu es en train de dire quelque chose ? lâcha l'intéressé. Navré, je ne t'entends pas, j'ai perdu tous mes points d'audition l'autre nuit. »

Cette fois-ci, le silence fit plus que tomber : il explosa. Le petit homme fixa l'autre un long moment. Un peu plus, et ses yeux auraient pu le tuer sur place. Le médecin se sentit béni de ne pas être celui qui était en train d'en souffrir.

« Je crois que tu n'as pas bien compris ce que notre cher docteur a dit. Il ne t'a pas posé une question : il t'a donné un ordre. Et si tu veux le contester, je peux m'occuper moi-même de te faire changer d'avis, au prix d'un os ou deux. »

Son interlocuteur soutint son regard un long moment. Puis, il ferma les paupières. Un petit sourire se dessina sur son visage rectangulaire. « Si c'est comme ça. » L'officier le sonda encore quelques instants, au bout desquels il fit volte-face. Il retourna à sa place, et ignora l'air absolument ébahi de sa subalterne.

« Quand est-ce que vous partez ?

— Le plus tôt possible, répondit le médecin. Idéalement demain.

— Livaï, tu l'accompagneras seul. Les risques seront bien moindres là-bas. Ne mets personne d'autre au courant de votre destination. Pour ce qui est des frais...

— Il est inscrit dans la loi que c'est l'armée qui doit prendre en charge les soins de ses membres, intervint-il une nouvelle fois. La psychiatrie ne fait aucune différence.

— Naturellement. »

Il se tut un instant. « Très bien. Vous pouvez disposer. » Marion le salua, et ils quittèrent la pièce.

« Eh bien », souffla Weierstrass une fois dans le couloir. « Ça, c'était quelque chose... » Livaï se contenta de continuer sa marche. Il était toujours aussi impassible, mais son aura, elle, témoignait de son irritation. Une humeur peu opportune à la discute.

Ils arrivèrent au hall d'entrée. « Merci », dit simplement le caporal-chef avant de se diriger vers la sortie. L'intéressé le gratifia d'un air surpris, qu'il ne vit pas. Il se retrouva seul dans le rez-de-chaussée.

Il se rappela du comportement particulièrement protecteur de la chef d'escouade, et de l'inquiétude qui flottait dans la froideur des yeux d'Annie. Si le cri de Livaï allait être le bruit qui allait le plus résonner dans son crâne pendant de longues semaines – et quelle voix !, tout le petit groupe était manifestement prêt à l'aider comme il se devait.

Il y en a au moins trois qui prennent la situation au sérieux, conclut-il. Avec ça... Il s'étira le dos, et partit à l'infirmerie. Elle ne peut être que bien entourée.

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