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17h57
Voici l'heure qu'annonce ma montre. Mon cœur s'emballe et mes lèvres frétillent d'impatience. Il ne va tarder.
Je range mes mains dans mes poches, elles-mêmes emmitouflées dans deux grosses moufles grossièrement tricotées en laine verte. Dois-je l'attendre ici-même dans le froid, ou dois-je directement m'installer à l'intérieur ?
J'opte finalement pour l'attendre au chaud, prêt de la grande cheminée. Mes affaires déposées, je retire l'enveloppe devenue froide qui entourait mes mains, et dépose les gants sur mon manteau.
Mes doigts sont tentés d'aller effleurer les flammes dansantes juste devant mon regard, mais ma raison me rappelle l'idiotie de mes désirs en m'interdisant tout mouvement.
En me réinstallant sur ma chaise, mes yeux ne peuvent quitter ce spectacle que m'offrent ces formes ardentes. Dessinant, peignant, un de ces si beaux tableaux aux couleurs si chaudes que j'en reçois la chaleur jusque dans mon cœur.
Les gens déambulent entre toutes ces immenses allées de savoir. Toute ces allées de livres me paraissent interminables, jamais je ne pourrais ne serait-ce qu'en finir un ouvrage.
Pourquoi suis-je dans une bibliothèque après tout, pourquoi fais-je donc autant d'effort pour au final, me retrouver entouré de papier jaunie par des années d'inattention ?
Suis-je devenu si fou?
Oui, fou amoureux.
Est-ce éthique ? Je ne le pense pas, mais jamais je ne m'empêcherais de vivre. Ce serait trop cruel.
Mon visage à présent réchauffé se tourne vers les fenêtres démesurées. Je ne peux rien distinguer mis à part une vague forme de sapin noyé sous les flocons fraîchement tombés.
Le soleil se couche si tôt en ces périodes hivernales, mais en un sens je trouve cette ambiance tellement chaleureuse, cela me fait sentir si bien.
Les couloirs sont vides de monde en cette veille de réveillon. Je suis triste car je ne vais pas pouvoir revenir en ce lieu avant quelques jours, le temps des fêtes.
Ce soir sont les derniers instants que je vais passer avec lui. Mon cerveau doit absolument se souvenir de ses traits dans les plus parfaits détails. Son visage masculin doit être imprimé en moi, son odeur doit être collé à moi, sa voix doit résonner dans ma tête et son sang doit couler dans mes veines.
Je vérifie ma montre; 18h12. Il va arriver. Mon rythme cardiaque s'accélère en le voyant ouvrir la porte après quelque secondes d'attente.
Son corps svelte s'élance parmi les places vides avant de finalement se poser non loin de moi. Dans un silence toujours omniprésent, il finit par s'assoir.
Il ne bouge pas d'un pouce. Même lorsqu'une légère brise traverse la pièce à cause du carreau de fenêtre abîmé prêt du toit. Mes poils se hérissent dû au froid, lui continue d'écrire, muet.
Alors avec toute la discrétion du monde, je me déplace d'une chaise après l'autre, jusqu'à arriver en face de lui.
J'affiche une moue déçue alors qu'il est déjà beaucoup trop concentré sur son travail. Il pourrait faire un effort et relever la tête non d'un chien!
Une mèche de cheveux s'est délogée et pend actuellement sur son front. J'ai une envie irrésistible de la lui replacer. Avant que je ne bouge, sa main calleuse vient traverser sa chevelure de vin avec une fine sensualité.
Un souffle de fatigue s'écoule de ses deux croissants de chaires. J'ai envie de les toucher, de les chouchouter, de les embrasser à pleine bouche.
Mais je me retiens.
Brutalement il se redresse et se retourne en direction des allées sinueuses rempli d'ouvrages. Suis-je donc invisible à la fin?
Je me mords la lèvre inférieur en fixant son corps disparaitre petit à petit au travers des étagères.
Je souffle de fatigue, soulevant une de mes mèches retombantes sur mes yeux. Mon menton trouve sa place dans ma paume tandis que j'observe ce qui m'entoure.
Mon œil est attiré par quelque chose paraissant doux et si cotonneux.
Une écharpe.
Son écharpe.
Montant presque sur la table, je m'empare du tissu et m'empresse d'entourer mon cou du vêtement.
J'inspire, puis expire, me remplissant de son odeur si particulière. Une si belle odeur mériterait une médaille. Sérieusement, comment un humain peut-il sentir si bon?
À la fois si fruité et exotique comme on n'en trouverait jamais par ici. Et en même temps si amère et sec qu'une fève de cacao. Peut-être... Du chocolat à la framboise!
Oh oui, ce serait exactement la même odeur! Simplement exquise, délicieuse.
« Taehyung? » m'interpelle sa voix.
Je n'avais pas remarqué qu'il était revenu. Il pose ses trouvailles sur la table.
« Namjoonie-hyung ! » m'écriais-je avec un sourire resplendissant.
Il m'en rend un identique tout en s'asseyant. Il s'humidifie les lèvres, geste auquel je prête toute mon attention tandis qu'il se racle la gorge.
« Tu as attendu longtemps? » me questionne-t-il en me fixant dans le blanc des yeux.
« Comme d'habitude ; dis-je sans quitter son regard. Mais ça ne me dérange pas. »
Il rompt finalement le contact, me laissant encore une fois déçu.
« Tu vas me manquer Hyung. Même si ce n'est que quelque jours. »
Il relève ses pupilles vers moi, ses lunettes tombantes sur le bout de son nez.
« Toi aussi Tae-... Hyungie. »
Je m'approche soudainement et les lui enlève délicatement. Je les replace sur mon nez à moi et lui sourit innocemment.
« Elles... Elles te vont très bien.
- Merci! »
Il replonge dans son travail et fronce plusieurs fois les sourcils, sans doute à cause de l'absence de ses lunettes. Je pose ma tête entre mes bras, m'allongeant sur la table.
« Dis-moi Taehyungie. s'exclame le garçon aux cheveux semblable à du raisin.
- Hmm?
- Tu en penses quoi des jeux olympiques d'hiver toi ? »
Je réfléchis quelque instant avant de répondre tout simplement.
« Il n'y a pas d'épreuves intéressantes selon moi. »
Il hoche la tête, pensif. Je relève la tête et observe un début de devoir écrit sur ce même sujet. Je l'encourage silencieusement, je n'aimerais pas être à sa place.
Une heure passe, lentement mais sûrement. J'ai pu observer ses traits d'Apollon. Il est tellement beau.
Je l'aime tellement.
Je voudrais l'aimer à jamais.
« Namjoonie-hyung?
- Hmm?
- Tu en penses quoi des sentiments ? »
Il semble prendre du temps pour réfléchir à ma question.
« Les sentiments? C'est vague... Mais je dirais que c'est quelque chose de très puissant. Qui nous donne de la force pour faire de grande chose.
- C'est beau ce que tu dis Hyung. » pensais-je à voix haute d'un ton rêveur.
Il me sourit. Il a de belles fossettes. J'ai envie de les embrasser. J'ai envie de l'embrasser partout de toute façon. Tous les endroits possibles et imaginables.
« En tout cas, un coureur amoureux est plus fort qu'un coureur sans émotions. Il a des motivations en plus. » déclarais-je sérieusement.
Il rigole doucement en se levant. Il contourne la table tandis que je me redresse intrigué.
« Tu imagines une épreuve olympique de sentiment? » demande-t-il presque naturellement.
Il est à côté de moi, je suis obligé de lever la tête pour le regarder dans les yeux.
« Ce serait tout de suite plus intéressant. » lui répondis-je.
Il acquiesce puis plus personne ne dit rien. C'est le calme plat pendant que nous nous observons l'un l'autre. Mon regard se stoppe une énième fois sur ses croissants de chaires avant que je reprenne.
« En tout cas je gagnerais. »
Il hausse un sourcil puis m'intime de me lever. Une fois sur mes deux pieds, nous nous fixons de nouveau.
« Pourquoi en es-tu si sûr ? » chuchote presque sa bouche.
En parlant, son souffle chaud s'écrase sur mon visage, me faisant rougir davantage. Est-ce mon esprit ou il faisait moins chaud même accolé au feu?
Ses doigts me surprennent quand ils viennent d'abord effleurer mes cheveux, puis caresser directement mon crâne.
« Je pense pouvoir te battre. » dit-il de sa voix rauque.
Je suis obligé de papillonner des cils pour évacuer ce tas d'émotions et de pensées qui traverse mon esprit.
Mon corps n'a plus contrôle de lui-même alors que mes yeux s'humidifient légèrement sans raison.
« Tu en es si sûr ? » tentais-je de dire sans défaillir.
Sa deuxième main vient trouver sa place sur ma joue, son pouce traçant des cercles sur ma peau. Je n'entends plus rien ni ne sens plus rien à part lui. Lui et seulement lui.
Ça a toujours été lui.
Je tends légèrement davantage mon cou vers son visage pour me rapprocher toujours plus de lui. Ma mâchoire tremblerait presque. Je veux l'embrasser. J'ai envie de l'embrasser. J'ai besoin de l'embrasser. Alors je dis dans un dernier souffle un souhait, une promesse.
« Je gagnerais ces olympiques des sentiments. » mon souffle s'écrase sur son visage.
D'un accord commun nous nous élançons tous les deux vers la bouche de l'autre, collant finalement nos lèvres ensembles. Nos yeux fermés, nous scellons mutuellement ces derniers instants ensembles en un souvenir mémorable.
Suis-je devenue entièrement fou?
Oui, je suis fou amoureux.
→Vmon←
Mots donnés:
Olympique & sentiment
○ᴏɴᴇ ᴘᴀɢᴇ
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