Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

Coup de grâce - Partie 2

Shiganshina, 3 août 852, après la bataille

Une rafale de tirs. Marion le ventre éclaté. Un dernier regard brisé, un spasme, plus rien. Puis une autre Marion, aux yeux intacts et cernés, aux traits plus adultes et durs, fusil en joue et un air détruit au fond de ses prunelles.

La bataille était passée. Mikasa et Eren avaient rejoint d'autres cadavres. Annie, Isaac, Antoine, Leah, Marion et un Armin au bord de la mort avaient rejoint l'infirmerie. Et Livaï, lui, restait figé dans son bureau depuis dix minutes déjà, le regard fixe.

Pourquoi s'être jetée entre lui et ce groupe d'américains ? Pourquoi s'être sacrifiée alors qu'elle savait qu'elle seule pouvait sortir les Murs de là ? Qu'aurait-il fait, si son alter-ego n'avait pas débarqué ? Il s'était senti prêt à déchiqueter. Le lien Chaillot, au moins ça.

Je vais juste lui demander pourquoi. Il s'approcha de la fenêtre d'un pas raide : là-dessous, sur les dalles, la lune reflétait sa lumière blanche dans des flaques de sang. Pourquoi un geste aussi con. Sa poitrine se compressa : le lien Chaillot, au moins ça. Elle a perdu vingt points de QI ce soir, c'est pas possible autrement. On se bouge pas le cul à la protéger pour rien...

« Bordel de merde ! » cracha-t-il finalement. Il frappa le mur de son poing, les dents serrées. Sans le jeu temporel de la Résistance 2.0, les Murs auraient perdu cette bataille-ci ; mais pourquoi Marion même avait-elle été remplacée ? Isaac, Mikasa, Leah, il saisissait. Kenny aussi. Ils avaient guéri deux guerriers et en avaient ressuscité deux autres. Marion lui avait de toute façon tout déballé : ils avaient eu besoin du plus de renforts possible pour fausser la mort de Leah. Du moins, presque tout, car le transfert de la chercheuse restait un mystère.

... Qu'est-ce que je fous ? se demanda-t-il en regardant ses phalanges légèrement éraflées. Je devrais les rejoindre après du lit de mort d'Armin, là. Surtout au vu des tronches qu'ils tirent. On dirait qu'ils vont abattre Marion sur place depuis qu'elle a fusillé Gaby. Ce putain de lien...

Au moins ça.

Il exhala un bon coup, pour se diriger sèchement vers la réserve. Six tasses, de l'eau bouillante, ils allaient avoir besoin de carburant pour veiller toute cette nuit. Et Marion crevait sûrement de soif. Ses gouttes, se souvint-il. Il balaya une énième vague de frustration et rejoignit toute la troupe.

Au coin d'un couloir, un timbre craché et un autre bien plus monotone caressèrent soudain ses tympans. Il se colla le dos contre les vieilles pierres, l'œil plissé. Kenny et Mike. Ces deux-là s'engueulaient – ou plutôt, le premier voyait rouge, et le second tentait de justifier que savait-il.

Jusqu'à ce qu'il discerne ce qu'ils murmuraient, et là son sang se glaça-t-il dans ses veines.

« Si t'essaies d'abattre une seule fois Marion, articula son excuse d'oncle, je te fais un second trou de balle dans le crâne.

— Ordres de Bern, contra le chef d'escouade.

— Je m'en tape. J'ai une gueule à suivre tout ce que ce minus raconte ?! »

Ses yeux s'écarquillèrent peu à peu. ... Comment ça, l'abattre ? Dans le cas où elle pète un plomb, comme son alter-ego il y a deux ans après le bal de Hansi ? Attends. C'est ça qui a déclenché les transferts ? Ses gènes foutus en l'air l'ont rendue tarée à la fin ?

Ses dents se serrèrent d'elles-mêmes, mais ses neurones comprirent sans mal l'importance d'un tel geste. Marion suicidée, Marion sacrifiée, Marion abattue si elle devenait tarée. Pourquoi sa mort était sur toutes les lèvres ? Le caporal-chef avait assez d'informations à digérer.

Alors il ignora ses tripes nouées, prit un détour, se fit arrêter par Hansi qui demanda Leah, détendit ses pas et balança ses thés aux gardes et au médecin de l'infirmerie. Quand il croisa le regard épuisé de la scientifique, il manqua de freiner des quatre fers. Elle semblait complètement paumée. Si elle était toujours la Marion qu'il connaissait, la culpabilité la bouffait pour sûr. Et l'isolement, aussi, car personne n'osait la regarder en face.

Elle le mérite vraiment ?

Une discussion sur l'état potentiel du vingt-et-unième plus tard, Antoine se décoinça enfin et retrouva son comportement normal. C'était-à-dire un air sombre face à cette situation, les lèvres scellées, mais bien loin d'être glacial.

« Docteur Weierstrass », énonça alors Marion. « Je peux partir de l'infirmerie ? » L'intéressé battit des cils sans comprendre, les étudia un par un, puis fit un « oh » muet avec sa bouche. Il hocha la tête : elle se mit donc sur ses pieds en chancelant et se dirigea vers la sortie. Livaï se leva et l'arrêta aussitôt. Elle le dévisagea sans comprendre.

« Tu vas où, là ?

— Hein ? pataugea-t-elle.

— On est censé te garder.

— ... Ah. C'est vrai. Mais tu avoueras que là, y aura peu de volontaires. Mis à part... »

« Antoine », nom qu'elle ne parut pas oser sortir, car on ne savait jamais, il ne fallait pas s'avancer, peut-être le dégoûtait-elle. Mais l'intéressé but une gorgée de thé en toussotant.

« Le souci, c'est les neurones miroirs », anticipa-t-il. « Je dois m'associer avec Livaï le moins possible. Et on est tous épuisés. Je doute qu'Annie arriverait à se transformer. Isaac, peut-être ? Y a trop d'élites dans cette infirmerie, là », grogna-t-il.

L'albinos haussa les épaules. On va ramasser Marion à la petite cuillère, bordel. « Isaac », lâcha l'officier, « tour de garde. Annie aussi. » Les deux le fusillèrent du regard, mais obtempérèrent – seule la semi-géante le salua, car l'autre n'était toujours pas sous ses ordres.

Ainsi partirent-ils chacun de leur côté. Et seul Livaï traîna une Marion molle comme pas deux jusqu'au dortoir. Il avait deux-trois questions, peut-être plus, peut-être moins, il n'en savait rien, sa cervelle surchauffait et tournait au ralenti. Au final, dès qu'ils se retrouvèrent seuls entre les deux lits de la chambre, un silence de plomb tomba sur eux.

Marion le ventre éclaté. Un dernier regard brisé, un spasme, plus rien. Le corps de Livaï fit volte-face de lui-même. Ses pieds avancèrent d'eux-mêmes. Il saisit cette Marion-ci par son biceps intact et posa d'un coup son front sur son épaule : elle sursauta sous la stupeur.

« Pourquoi ? » cracha-t-il. « Quatre fois que tu te fous entre moi et un danger de mort. Tu peux arrêter ? C'est censé être l'inverse. »

Il la sentit inspirer sèchement, puis détendre ses muscles dans un soupir bien plus mou.

« Il s'est passé quelque chose avec mon alter-ego, devina-t-elle. Car personne n'a eu à la tuer. Qui...

— Tu t'es jetée entre moi et un groupe d'américains pour te faire fusiller à ma place.

— Oh.

— Donc...

— Ça doit faire plus d'un an que je ne t'ai pas vu, le coupa-t-elle d'un ton fatigué. »

De sa position, il ne voyait que leurs bottes militaires. Quelle tête tirait-elle ? Il encaissait le choc de son sacrifice en retard. Il n'avait pas la force de relever la tête. Il aurait tout autant foutu son front sur son bureau, mais sa cervelle avait choisi la clavicule de leur chercheuse à la place.

« Et donc ? lâcha-t-il.

— J'ai cru que tu allais m'être complètement étranger après tout ce temps. Au final, ce n'est pas le cas. Donc j'ai bondi entre toi et ces ennemis par réflexe car je tiens à toi. Ça m'a l'air évident. Comme quand Samuel a voulu t'attaquer, que ces 'ricains sur le retour de l'hosto ont voulu t'abattre, que leur espion a voulu te sniper sans sommation.

— Me quoi ?

— Te tirer dans la tête, il y a un an. L'infirmier infiltré dans l'hôpital psychiatrique. La nuit où il a voulu vous tuer, avec Ymir et Eren. Ça te dit quelque chose ? En bref, j'ai fait ça car je te porte en estime. Ou que tu étais Antoine. Les deux... ? Non, je ne savais pas à l'époque de Samuel, grogna-t-elle. Bon.

— Abrège ça, j'arrive pas à suivre.

— Je préférerais crever que vivre avec ta mort sur la conscience.

— Je t'ai dit que tu ne mourras pas tant que je serai vivant. Et que si t'y passais...

— Que tu deviendrais taré ? C'est réciproque. À croire qu'il y a un lien Griffonds, rit-elle amèrement. Peut-être, avec mes modifications génétiques. »

Il fronça le nez à l'entente de son ton cynique. Prenait-elle seulement sa question au sérieux ? Oui, au vu de sa réponse développée – un miracle, alors même qu'elle tenait tout juste debout. Il la sentait désormais vaciller et se retenir de bailler.

Au moins savait-il, même s'il trouvait ça stupide. Il s'éloigna et étudia, les paupières plissées, la chambre tout juste éclairée par la Lune. Les paillasses de Marion et Annie étaient ordonnées comme si personne n'y avait dormi depuis des lustres. Pas si faux, puisqu'ils avaient bougé dans un dortoir plus vaste.

Mais cette nuit-ci, l'isoler des autres était pour sûr le meilleur choix pour sa santé mentale.

***

Leah s'arrêta devant le bureau de Mike, son regard lugubre posé sur ses bottes tâchées d'écarlate séché. Son équipement pesait trop lourd sur sa taille. Ses lanières étouffaient trop sa poitrine. L'air même semblait si épais, à empester l'odeur métallique du sang – alors même qu'aucun cadavre ne traînait par ici.

Elle se doutait pourquoi Hansi la demandait. Elle l'avait deviné dès qu'elle avait vu l'état d'Armin, fusillé et dont la vie tenait à un fil. Elle l'avait connu enfant, les yeux pétillants, si souriant lorsqu'il parlait de l'extérieur ; allait-il seulement retrouver une telle expression ? Lorsqu'il allait voir la mer, à la fin de cette guerre, n'allait-il pas se sentir si seul de ne pas y être avec Eren ?

Eren. C'était un semi-géant. Celui avec le plus de chances de survie. Mais une fusillade surprise, ça abattait même les guerriers les plus aguerris.

Les guerriers les plus aguerris. Mikasa. Avec ses modifications génétiques, si seulement elle n'avait pas été si bouleversée ou que savait-elle, elle aurait entendu ces américains et leurs fusils – elle avait une ouïe de chat. Sauf que le choc de voir le choc de son frère adoptif avait pris le dessus.

J'étais censée les protéger. Leah serra lentement les poings, ses yeux brûlants écarquillés. À quoi ont servi mes efforts, s'ils ont dû mourir dès mon retour ? Une larme glacée coula sur sa joue pâlotte. Armin. Il ne s'en remettra jamais, n'est-ce pas ? Et moi, après mes parents et ma cousine, j'ai perdu ma famille de coeur – à la fin de tout ça, où est-ce que je vais aller ?

Si seulement elle avait quelqu'un à blâmer. Marion, encore échauffée par ses tirs et plus sur les nerfs que jamais ? Non, elle avait tué une enfant de treize ans tout au plus. Cependant, des ordures comme elles avaient-elles seulement la capacité de s'en vouloir ?

Oui.

Elle l'avait peu à peu compris lorsqu'elles s'étaient retrouvées quelques mois plus tôt. Cette fille s'en voulait plus que jamais de s'être pliée aux américains après ces « douze jours décisifs » effacés de sa mémoire. Donc qu'elle ait été aveugle à son environnement après la mort de Gaby, compréhensible.

Mais Annie, Isaac, le caporal-chef Livaï ? Ce sont des élites. Pourquoi ils n'ont rien entendu ? Pourquoi ils n'ont pas réagi ? Comment ils ont pu laisser ces ennemis approcher ? Si Kenny ou moi avions été là...

Ses bouc-émissaires, ça y était, elle les avait. Isaac et Livaï plus que tout, avec leur sixième-sens guerrier. Qu'ils aillent aux diable. Qu'ils s'en veulent jusqu'à leur mort pour leur erreur fatale. Qu'ils en payent les conséquences psychologiques. Oh, et Carla aussi, puisqu'elle avait été sur le chemin de cette escouade ! Les Murs étaient donc remplis d'incapables ? Ils s'étaient autant ramollis que ça, en trois ans ?

Je les hais.

« Emilie », l'appela-t-on soudain.

Elle sauta en arrière, le souffle court, mais seule une Hansi épuisée et grave se tenait dans l'encadrement de la porte. « Pardon. Leah », se corrigea-t-elle dans un soupir. « Je suis soulagée de te revoir. Rentre, j'ai quelques questions. »

Chef d'es... Non, Major Hansi a l'air au bout. Leah la salua avant de la suivre dans un office plus simple que simple. Bureau rangé, commodes propres. Puisque celui de Hansi était devenu un bain de sang et la chambre de trois morts, elle avait dû déménager.

Sa supérieure s'assit de l'autre côté de la pièce et l'invita à prendre une chaise.

« Tout d'abord, est-ce que ça va ? » commença Hansi – et sa subalterne de se raidir d'un coup. Elle ouvrit la bouche, rien n'en sortit. « Mikasa et Eren sont morts. » Comment ça, « est-ce que ça va ? » ? Elle sentit son regard se glacer ; et la major resta muette un bon moment. Son silence foudroya pour de bon la bombe à retardement qu'était devenue Leah.

« ... Mikasa et Eren ont été tués », énonça-t-elle lentement. « Armin va peut-être y passer, peu importe ce que le médecin babille. Les trois enfants que je devais protéger, comme stipulé dans ma lettre de mort, ne sont plus là. Et vous me demandez comment ça va ? »

Rien : elle serra d'un coup les dents, le sang bouillant.

« Qu'est devenu le caporal-chef Livaï, depuis trois ans ? cracha-t-elle. Il s'est autant rouillé ? Pourquoi il n'a pas entendu cette putain d'escouade ?

— Il a vu Marion mourir puis revenir d'un coup..., commença Hansi. »

Elle sauta pour de bon sur ses pieds et frappa la table de son poing : des piles de papier tombèrent au sol. Son interlocutrice bondit sur place. « Quoi, le caporal a un faible pour cette enfoirée ?! Il est censé être le soldat le plus fort de l'humanité – de l'humanité ! » s'époumona Leah d'une voix brisée. « Et votre Isaac, le gars qui a décimé nos troupes dans ma ligne d'univers, qui a décimé les vôtres aussi, puisqu'il a tant envie de se racheter et qu'il est si fort, vous m'expliquez pour quelle raison merdique il n'a pas entendu ces ennemis ?! Annie, votre favorite qui a éclaté des centaines d'explorateurs, elle n'a pas bougé d'un poil non plus – qu'est-ce qui les a tous figés comme des abrutis ?! »

Elle haleta un instant, les yeux écarquillés. La face de Hansi tourna au fantomatique. « Mon sacrifice n'a servi à rien », siffla-t-elle. « Mikasa et Eren se sont fait fusiller. Le major Erwin s'est suicidé. Jean y est passé. Pixis aussi. Connie a perdu ses jambes. Marion a été capturée deux fois. Et en face, vous comptez combien de morts ? Ils ont encore Steel, Sieg, Peak, Porco, Falco, sans compter leurs titans et leurs troupes sur-entraînées. Dites-moi. Dites-moi qui a tué qui, dites-moi comment les Murs se sont tant ramollis, dites-moi comment on va se sortir de là. Car la seule qui peut mettre fin à cette guerre de merde, c'est la même merde qu'est Marion, et il semblerait les seuls compétents chez vous sont Antoine et Kenny ! Alors ?! »

Alors Hansi plaqua ses coudes sur le bureau et agrippa d'un coup ses cheveux. « Je n'en sais rien ! » rugit-elle.

Cette fois-ci, Leah resta sans voix.

« Qui on a tué ? Reiner, Bertolt, Grisha, Wilson et Gaby. Respectivement par Annie, Isaac et Antoine, Mikasa, Marion, puis Marion. Et ta Marion de merde a littéralement sauvé notre cul plus de fois que je pourrais le compter sur les doigts de ma main. »

Le coeur de la Résistante remonta dans sa gorge. Elle vacilla en arrière et se prit la chaise dans la hanche. Les larmes lui montèrent malgré elle.

« Dénoncer Reiner et Bertolt à son arrivée », murmura Hansi entre ses incisives. « Trouver comment sortir Annie de son cristal. Modifier les Titans pour que leurs talons ne puissent pas se régénérer, alors même qu'elle était amnésique. Décimer Wilson. Éclater de l'intérieur la base ouest. Sauver, sauver et re-sauver Livaï. Détecter un espion clé et le battre. Participer à tous nos plans de bataille. Et enfin, ce soir, tuer Gaby. Elle a sûrement fait encore d'autres choses au vingt-et-unième. Ça lui a valu deux séjours en psychiatrie et un traitement chaque soir.

« Ça a presque toujours été du travail d'équipe, mais ta Marion de merde, elle est l'une des plus dédiées de tous. Tu ne l'as pas vue sur le point de se pendre, se jeter d'une fenêtre ou se tirer une balle, puis se reprendre et se battre contre elle-même pour avancer. Ça fait combien de temps que tu la connais, un an ? Un an et demi ?

« Celle que tu avais connu est morte. Et celle qui vient d'arriver n'a pas besoin de ton venin : elle s'en injecte déjà assez. Qu'une autre personne la haïsse, et elle se fout en l'air. Isaac, Carla et Annie recevront la punition qu'ils méritent – tu devrais faire quelques jours de détention aussi, après m'avoir criée dessus comme ça, mais les circonstances sont trop délicates. Alors si tu te considères toujours comme l'une de nos soldats, cesse d'insulter tes camarades, tes supérieurs et ton armée, et mets-toi au boulot. Je n'ai pas le temps pour ça. Je n'ai plus le temps ! » gémit-elle.

... Ce sont les morts du Major Erwin et du Commandant Pixis qui ont tout foutu en l'air. Pourquoi le Commandant Bern nous a ramenés juste avant la bataille de ce soir ? Ses plans ont toujours été... très serrés. On aurait pu éviter tant de pertes, mais on a attendu sans bouger. Même s'il avait ses arguments, leur sang est sur nos mains. Donc...

« Leah, souffla Hansi. Si tu n'es pas en état, tant pis, je demanderai à Mike...

— Pas lui, trancha-t-elle aussitôt.

— Hein ? »

Elle ouvrit la bouche, puis se retint de justesse. Devrais-je lui dire que Mike est chargé de tuer Marion si tout dégénère ? Mais on lui coupa l'herbe sous le pied. « C'est vrai qu'il n'a pas participé à vos transferts », chuchota-t-on. « Qui était dans le coup, sur le long terme ? Ce soir, ça a été la pagaille, je sais juste qu'il y a eu un jeu temporel... »

La soldate se reprit comme elle le put. Une façade impassible plus tard, elle expliqua lentement que seuls elle, Annie, Antoine et Kenny étaient restés plusieurs années ensemble à peaufiner leurs capacités – ou plutôt, à se faire tutorer par leur cowboy attitré. Marion était revenue vers la fin de leur séjour passif, puis les avaient rejoints Isaac et Mikasa la veille de la bataille. Une plâtrée de lignes d'univers éclatées en mille morceaux pour sauver celle-ci.

Le visage de Hansi s'assombrit de plus en plus.

« Donc il ne faut absolument pas perdre, articula-t-elle. Pas après que nos camarades soient morts, combien... sept fois ?

— Environ, déglutit Leah.

— D'autres informations importantes ?

— Il semblerait que beaucoup de Résistants aient été transférés cette nuit, du vingt-et-unième à maintenant. Eux sauront quoi vous dire, si seulement ils parlent allemand. Et... »

Son coeur se serra : elle braqua ses prunelles ciel sur ses bottes.

« Il existe une machine nommée attack_on_titan&0.7(1), et je pensais que tout le monde le savait. Il s'avère que non.

— Pourquoi rajouter un « un » ?

— C'est ce qui arrive lorsqu'on copie quelque chose sur un appareil électronique : ça garde le même nom, mais rajoute un « un » entre parenthèses. Et cette machine s'appelait pile comme...

— Il y a une autre machine numéro sept ?! »

La voix affolée de la major cingla ses tympans. Elle s'était levée d'un coup, les paupières écarquillées jusqu'à manquer de se déchirer. De la pure panique. De la pure rage.

« Il y en a une seconde à sceller ? C'est Marion qui l'a faite ?!

— Oui, et non, se précipita Leah. Le général Bern n'était même pas au courant. Et Marion... ne semble pas impliquée. Cette machine-ci serait une copie de la numéro sept...

— Donc on ne connaît pas le code. »

Hansi se mit à faire les cent pas, une main dans les cheveux.

« Non, non, il faut mettre ça de côté pour l'instant, déballa-t-elle avec frénésie. Là, on doit compenser nos pertes. Savoir où vous mettre, toi et Isaac. Les positions de Kenny et Antoine sont assez obscures comme ça – ni sous nos ordres directs, ni hors du Bataillon... et Rebecca Stewart aussi... ! Bon sang, mon cerveau va exploser !

— Major...

— Et si j'y passe, qui va me remplacer ? Mike ? Non, non, il est trop occupé. Moblit ? Il n'est taillé pour. Antoine ? Ou Livaï ? Qui ici a assez d'expérience pour mener des troupes ?!

— Major, retenta Leah.

— Peut-être Kenny... !

Major Hansi ! la héla-t-elle enfin. »

L'intéressée se figea aussitôt ; un silence sec suivit. La résistante poussa un long, très long soupir. « Je suis désolée de m'être énervée tout à l'heure », s'étrangla-t-elle. « Vous êtes déjà assez sur les nerfs. Juste, si je peux me permettre... Est-ce qu'il ne faudrait pas, ce soir, avant tout, décompter les morts et blessés et s'assurer qu'aucun américain ne reste dans Shiganshina ? Se concentrer sur ça et ça uniquement. Et demain, voir ce que vous faites de nous. »

L'officier baissa le menton. Ses mèches folles retombèrent devant ses lunettes. « En effet. Je manque de sommeil, décidément », rit-elle sans grande conviction. « Si tu veux bien aller chercher Moblit... Ah, et au cas où tes anciens camarades te reconnaissent, ne... ! Non », se coupa-t-elle, « tu as trop changé. Ça te fait quel âge, désormais ? »

Leah dut compter les dernières années sur ses doigts.

« Vingt-neuf. Bientôt trente.

— Quoi, tu es plus âgée que moi, pourquoi me vouvoyer – tu n'appartiens même pas encore au Bataillon..., plaisanta-t-elle sans conviction aucune. Je tiendrai une réunion demain. Pour l'heure, relaie le message et va chercher Moblit.

— Compris. »

Dernière oeillade avant que Leah ne quitte la pièce. Une engueulade puis un débat ; à quoi ressemblait cet entretien supérieure-subalterne ? Ça faisait trop longtemps qu'elle n'avait pas croisé un officier. Le seul ayant plus ou moins servi de supérieur avait été Kenny, mais elle ne le considérait pas même comme tel. Il les avait tutorés ; cependant, il n'était qu'un collègue.

Elle se dirigea vers le hall, les épaules contractées et les muscles douloureux. Ici, il n'y avait pas un chat, là où elle pouvait voir et entendre bien des soldats se hâter dans la cour sous la froide lumière de la Lune. Où pouvait donc se trouver Moblit, dans le tas ?

Les visages de ses « anciens camarades » s'imposèrent alors dans son esprit. Eren, Mikasa, Armin, Historia, Ymir, Sasha, Connie, Jean. Trois d'entre eux étaient morts ; l'un d'eux, amputé ; et les autres, elle l'espérait, toujours en vie après cette attaque-ci. Si je les croisent et qu'ils me reconnaissent, même si j'ai « trop changé », qu'est-ce que je fais ? Ironiquement, la seule que j'ai côtoyé est Annie.

Elle posa le pied dehors : la douce bise d'août caressa son visage fatigué. Elle scruta la foule, vit des chariots de cadavres passer par là, chercha et chercha Moblit en vain. Les explorateurs et leurs ailes de la liberté se mêlaient aux uniformes si variés de ces personnes des Divisions. Lourdes armures ou robes orientales de combat, fines cottes de mailles ou plastron de cuir, cette foule la perdait déjà.

Elle se dirigea vers une jeune recrue, aux courts cheveux châtains et deux longues mèches caressant son menton fin. « Excuse-moi », commença-t-elle – son souffle se coupa dès qu'elle croisa son regard. Yeux ambre et tombants. Nez pointu, face fine, joues légèrement arrondies. À ce visage se superposa aussitôt celui de Petra : son coeur remonta dans sa gorge, et elle trébucha en arrière, le souffle coupé.

« Qui es-tu... ? »

Son timbre confus, on le coupa net : les prunelles de cette guerrière s'enflammèrent d'un coup. Elle lui fonça dessus, lui faucha les pieds, dégaina une lame et la plaqua sur sa carotide, les dents serrées et les paupières écarquillées.

« Qui es-tu ?! rugit-elle. T'es pas de notre armée... !

— Je suis de la Résistance !

— Hein ? »

Leah reprit enfin ses esprits. Elle leva les mains et arbora un air plus assuré.

« Demande à Mike s'il le faut. Je suis de la Résistance, j'ai débarqué ce soir. Tout vous sera expliqué demain. La Major Hansi m'a ordonnée d'aller chercher Moblit.

— ... Ton nom, siffla cette adolescente.

— Leah Dainsborth. »

Elle hoqueta aussitôt et reprit son épée. Un choc sans nom modela ses traits. « Leah Dainsborth... ? » À celle-ci d'arquer un sourcil – mais leur discussion se coupa net. Le sol tremblota sous elles, et elles étudièrent les alentours en chœur. Cette fille se redressa derechef, lui lança un dernier regard, secoua vivement la tête et partit en manœuvre tridimensionnelle. « Il se passe quoi ici ?! » l'entendit-elle s'exclamer : la suite la foudroya sur place.

Un Titan fonçait à pleine vitesse dans leurs rues.


Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro