Bonsoir bonsoir !

Me revoilà avec un nouveau petit OS !

À l'origine c'était une histoire que j'avais écrit il y a bien dix ans de ça maintenant, sur les Tokio Hotel (ouai, j'suis plus toute jeune), et que j'ai repris et réécrit à la sauce Bangtan.

Je vous laisse le découvrir et j'espère qu'il vous plaira.

Bonne Léocture ! ♥

~~+~~

« Dis, tu me racontes comment ça s'est terminé ?

- Encore !? Ça fait déjà trois fois aujourd'hui !

- S'il te plait !

- Tu es désespérant.

- S'il te plaiiiiiiit !

- Je n'en ai pas envie.

- Mais moi je veux que tu me racontes !

- Tu peux m'expliquer pourquoi ?

- Parce que tu racontes trop bien ! Et j'aime cette histoire !

- Pas moi. Je la déteste. Et quand pourras-tu enfin prendre conscience de cette promesse ? Je la renie à chaque fois que je te raconte cette histoire... et tu sais combien ça me fait mal.

- S'il te plait ! Une dernière fois ! Promis !

- Je ne comprends pas pourquoi tu l'aimes tant... elle n'a absolument rien de drôle ni de passionnant. Cette période a été la pire...

- S'il te plait ! Une dernière fois, mmh ?

- Bon, d'accord. Mais c'est la dernière fois.

- Merci !

- Je m'en souviens comme si c'était hier...»

Jimin, affalé dans le canapé en cuir bleu marine de son salon, zappait nonchalamment, la télécommande en équilibre sur sa main droite, le menton posé sur sa main gauche, et le coude posé sur l'accoudoir. Il n'avait vu personne depuis deux jours et il commençait à s'ennuyer un peu. Sa porte d'entrée s'était alors ouverte dans un petit « bip », et un sourire avait décoré ses lèvres. Il savait qui c'était. Son ancien roommate était alors rentré dans la pièce du luxueux appartement où il vivait, et l'avait fixé tristement depuis l'embrasure.

« Salut.

- Mmh. Salut, hyung. »

L'homme de vingt-huit ans était resté là à fixer son ami pendant de longues minutes. Il avait finalement soupiré et s'était dirigé vers la chambre du chanteur. C'était encore un bordel monstre, et il n'avait pas aéré la pièce depuis quelques jours. Il avait donc rangé de nombreuses choses, fouillant dans les placards sans aucun problème pour trouver ce dont il avait besoin. En quittant la pièce une bonne demi-heure plus tard, presque étonné que Jimin ne soit pas venu le déranger ou l'interpeller pour des bêtises, il était finalement allé le trouver au salon, encore plus inquiet que d'habitude. Mais Jimin avait l'air d'aller bien. Enfin, si son état actuel pouvait être qualifié de « bien », alors il allait bien.

« T'as fait quoi aujourd'hui ?

- Rien, avait répondu Jimin.

- Et hier ?

- Rien non plus. »

Le plus âgé avait soupiré en silence. Jimin se laissait vivre autant qu'il se laissait mourir, et ça le tuait également à petit feu de voir que rien de ce qu'il pouvait faire ne semblait pouvoir l'aider.

« Il faut que tu te bouges, Jimin. Tu sais bien que ce n'est pas en restant allongé là que les rumeurs vont se taire.

- Je sais, hyung. Mais je les emmerde tous.

- Ba bravo, belle mentalité. »

Hoseok avait soupiré et était partit vers la cuisine. Son ami l'avait suivi du regard, comme à chaque fois, avant de reporter son attention sur la télé. Il lui avait alors dit d'une voix presque sensuelle, les yeux fixés sur l'écran, tandis que le plus âgé inspectait le frigo :

« Tu peux sortir le chien ce soir, s'il te plaît ? »

Hoseok avait alors fait demi-tour et fixé la tête de son ami qu'il voyait dépasser du canapé. Il avait soupiré longuement en pinçant l'arrête de son nez. Il l'exaspérait franchement. Et puis pourquoi avait-il voulu prendre un chien chez lui ? Il n'avait pas mieux à faire ? Déjà qu'il n'arrivait pas à s'occuper de lui-même...

« Jimin...

- S'il te plait !

- Très bien. Mais c'est la dernière fois.

- Tu dis toujours ça.

- Un jour viendra où je ne viendrai même pas voir si tu es encore en vie, Jiminie. N'use pas de ma patience.

- Tu m'aimes trop pour ça. »

Hoseok ne voyait pas son visage mais imaginait parfaitement cet immense sourire qu'il ne connaissait que trop bien, collé aux lèvres pulpeuses du chanteur. Jimin savait très bien que son meilleur ami ne pouvait pas lui résister quand il modulait sa voix de cette façon. Quand il le suppliait encore moins. Et quand il voyait sa moue boudeuse et suppliante, il savait qu'il pourrait obtenir ce qu'il voulait du danseur. Ou presque tout. Jimin savait qu'il ne devrait pas abuser, mais il ne pouvait s'en empêcher. Il était comme ça, après tout.

[...]

Hoseok était alors revenu, après avoir sorti le pauvre chien qui se languissait dans la cuisine dans son panier, s'étant visiblement résigné au fait que son maître ne le sortirait pas, et s'était posté devant la télé où passait un film d'un genre assez douteux.

« Hyung, dégage de là ! avait grogné le chanteur.

- Jimin tu commences à me saouler, là. Regarde-toi, tu fais peur !

- Je n'ai pas changé depuis un moment.

- Bien sûr que si ! Tu as encore perdu du poids, ça se voit.

- Je sais que tu préférais quand mon cul était un peu plus volumineux, mais je t'assure que si tu me fous une fessée, ça claque toujours autant. »

Hoseok avait passé sa main dans ses cheveux en soupirant de lassitude.

« Arrête ça, Jimin. Ça ne fait plus rire personne.

- Ah bon ? Moi je trouve ça drôle.

- C'est parce que ton humour a foutu le camp en même temps que tes muscles. Regarde ton visage ! Tu es blanc comme un linge. Et t'as vu tes cernes !? Dors, putain !

- Tu fais du bruit, j'entends plus mon film.

- Parce qu'il y a quelque chose à entendre, là ?

- Ba ouai. Alors maintenant dégage de là, je vois plus la télé.

- Jimin !

- Allez ! avait-il râlé.

- Depuis quand tu regardes du porno comme ça en pleine journée ?

- Qu'est-ce que ça peut te faire ? »

Hoseok s'était retourné, avait éteint l'écran plat et s'était assis sur la table basse face à son ami, les bras croisés sur sa poitrine.

« Hyung, putain !

- J'en ai marre, Jimin.

- Pourquoi ?

- J'en ai marre qu'ils t'accusent à tort et à travers !

- Mais je m'en fous, laisse leur raconter leurs conneries, si ça leur fait plaisir !

- Tu vois Jimin, c'est ça qui me tue. Tu n'as aucune réaction face à ça. Tu ne laisses rien paraître devant personne. Même pas devant moi. Tu dis que tout va bien, mais je sais très bien qu'en fait, c'est tout le contraire.

- Je t'assure que ça va. Ne t'en fais pas pour moi.

- Arrête de me mentir. On a vécu ensemble pendant des années, je te connais par cœur. Et tu sais bien que je ne suis pas idiot.

- Ce n'est pas ce que j'ai dit. Juste-

- Alors explique-moi. Parle-moi.

- Y a rien à dire.

- Écoute, Jimin...

- Ça va, hyung. Laisse-moi regarder la fin du film, maintenant.

- À quoi bon ? Si c'était pour te branler, je comprendrais, mais tu ne-

- C'est parce que t'es là, comment tu veux que je bande alors que t'es là ?

- Ah ouai ? Pourtant je... »

Hoseok s'était retenu de dire des choses qu'il aurait pu regretter. Ce n'était pas le moment. Il voyait bien que Jimin était à bout. Il fallait qu'il fasse quelque chose. Il fallait qu'il puisse l'aider. Et rapidement.

« Jimin... tout à l'heure, dans ta chambre, j'ai trouvé...

- Mmh ? »

Mais voyant que Hoseok n'osait visiblement pas dire ce qu'il avait trouvé, Jimin avait senti ses entrailles se serrer. Il s'était alors redressé d'un coup, blanc comme un linge. Non. Pas ça.

« T'as trouvé quoi ? lui avait-il demandé, la voix tremblante.

- J'ai trouvé... j'ai trouvé une ordonnance de ton médecin... avait lâché le danseur après avoir respiré un grand coup.

- Où l'as-tu trouvée ? avait crié le chanteur, paniqué.

- Ce n'est pas la question, Jimin ! Tu prends des antidépresseurs et pleins d'autres conneries à cause des piques que t'envoient les médias et les internautes chaque jour, alors que c'est moi qui devrais en souffrir ! C'est moi qui devrais subir leurs insultes et leurs coups bas !

- Et qu'est-ce que ça peut changer ? De toute façon, tu as ta réputation, personne ne te croirait. Et puis, si je peux te protéger...

- Tu ne me protèges en rien, Jimin ! s'était emporté le danseur. Et puis, ma réputation, on en parle de la tienne ? J'en peux plus ! J'en peux plus que tu prennes toujours tout pour moi !

- C'est bon, hyung. Je m'en fous. Laisse couler. »

Hoseok s'était crispé. Il savait bien que Jimin s'en foutait. Sans tous ces cachets qu'il prenait chaque jour, et ces longues journées enfermé dans son appartement luxueux, il ne s'en moquerait pas du tout. Le brun avait passé ses mains dans ses cheveux nerveusement. Il fallait qu'il fasse quelque chose. Voir Jimin ainsi le tuait à petit feu. Alors il prit sa décision. Il y avait déjà longuement réfléchi. Il en avait déjà parlé autour de lui aux personnes directement concernées. Mais l'heure était arrivée.

« Très bien. Je vais tout dire.

- Quoi ? »

Jimin s'était redressé, faisant tomber la télécommande au sol sur le carrelage beige. Mais il n'en avait rien à faire, de ce pauvre morceau de plastique.

« Non, fais pas ça ! Fais pas ça, hyung !

- Tu ne me laisses pas le choix, Jimin.

- Tu peux pas faire ça Hoseok, le groupe est fini sinon !

- Je m'en fous ! s'était exclamé le plus âgé, sans relever la familiarité de son ami, bien trop souvent présente entre eux. Je préfère que le groupe se sépare plutôt que tu finisses par faire une connerie !

- Mais t'es devenu fou !

- Du tout, non ! Je l'appelle maintenant pour lui dire que j'ai décidé, déclara-t-il en se levant et en s'éloignant du canapé. Après tout...

- Arrête ! Ça ne pourrait que lui créer des ennuis aussi ! Tu sais très bien comment tout le monde est autour de nous ! Personne ne te laissera la moindre chance de t'en sortir ! Et à-

- Tu crois que je ne le sais pas ? l'avais coupé Hoseok.

- Alors pourquoi ? Pourquoi tu veux le faire quand même ? Vous n'en sortirez pas indemnes. Ils ne vous laisseront pas vous en sortir tous les deux.

- Je m'en fous !

- Fais pas ça, hyung ! s'était écrié Jimin en sautant au cou d'Hoseok. Fais pas ça. Lui dis pas. Reste avec moi, hum ?

- Arrête ça, Jimin.

- Je peux pas, avait soupiré Jimin en glissant ses lèvres sur la peau de son aîné. Tu sais bien que-

- Je sais, Jimin. Et je me suis déjà excusé des centaines de fois pour ça. Tu sais que ça ne sera jamais possible.

- On peut pas savoir sans essayer... avait soufflé la voix tremblante du chanteur. Reste avec moi...

- Ne rends pas les choses plus difficiles qu'elles ne le sont, je t'en supplie.

- Elles seraient plus simples si tu me disais que tu m'aimes aussi... Tu as juste à le dire, et-

- Je ne t'aime pas de cette manière-là, et je passerai ma vie à m'excuser pour ça. Tu sais que mon cœur est déjà pris.

- Ça peut changer... avait murmuré Jimin en resserrant sa prise sur l'homme qu'il aimait.

- Si jamais ça doit changer, tu seras le premier au courant. »

Hoseok avait le cœur horriblement brisé. Il savait qu'il était la première cause de la descente aux enfers de Jimin. Jamais il ne se le pardonnerait.

« Laisse-moi l'appeler pour lui dire qu'il faut qu'on dise tout.

- Fais pas ça... » avait tremblé la voix du chanteur.

Mais Hoseok avait doucement repoussé son ami et sorti son portable de sa poche avant de composer un numéro. Ce numéro. Celui qui avait le plus d'importance dans sa vie depuis plusieurs années. Une place qu'aucune personne n'avait pu prendre depuis tout ce temps.

« Oui ? avait fait une voix douce au bout du fil.

- C'est moi...

- Qu'est-ce qu'il se passe ? Tu as l'air...

- Oui je... écoute... il faut que... Jimin...

- Quoi ? Il lui est arrivé quelque chose ?

- Non, non... enfin... il prend tout à ma place depuis trop longtemps... à notre place. J'en ai marre. J'en peux plus.

- Hyung... » avait soufflé la voix de Jimin.

Hoseok s'était retourné vers lui. Le chanteur s'était recroquevillé au sol, le visage plongé dans ses genoux osseux, son dos laissant deviner sa colonne vertébrale bien trop apparente pour un homme de son âge. Son cœur était anéanti. Il n'en pouvait plus. Il en était de même pour le plus jeune. Cette histoire les détruisait tous les deux.

« Je vais tout déballer, avait finalement murmuré Hoseok, conscient du poids de ses mots.

- Quoi ? Mais...

- C'est la seule solution !

- Et l'agence ? Tu leur en as parlé ?

- Je vais le faire. Je vais appeler Bang PD-nim dès que j'aurai raccroché. J'en peux plus de voir Jimin dans cet état. Et je n'en peux plus non plus de me cacher.

- D'accord... mais tu penses que ça changera quelque chose pour lui si on raconte tout ? Il t'aimera toujours...

- Je sais... mais les regards se détourneront de lui. C'est ce que je veux en priorité, c'est le plus important. Je veux qu'on lui foute la paix pour qu'il aille mieux.

- Très bien...

- Je te demande pardon de prendre cette décision pour nous deux.

- C'est bon. On en a déjà parlé. Et je t'avais dit que je ne m'y opposerais pas. Si tu penses que c'est la meilleure des solutions, je te fais confiance.

- Merci...

- Mais tu veux tout dire... absolument tout ?

- Non. Dans un premier temps, je ne parlerai que de moi. Je vais essayer de limiter la casse.

- D'accord...

- Je te force déjà énormément la main en faisant ça. Je ne veux pas t'entraîner là-dedans maintenant.

- Ça va, ne t'en fais pas. Si ça peut sauver Jimin... je suis prêt à tout.

- Merci.

- De rien, on doit se soutenir. Tu viens chez moi ce soir ?

- Non, je vais rester avec lui... excuse-moi.

- Je comprends, ne t'en fais pas. On se voit demain alors ?

- Oui.

- Tu me tiens au courant pour l'agence ?

- Évidemment. Ne te couche pas trop tard. Je t'aime.

- Non ne t'inquiète pas. Je t'aime aussi. Prends soin de Jimin... »

Hoseok avait raccroché, puis il avait composé un nouveau numéro. Celui de leur patron cette fois-ci. Il avait regardé le corps de son meilleur ami qui tremblait toujours, recroquevillé au sol, pendant que ça sonnait. Allait-il rester comme ça toute la soirée ? Allait-il s'effondrer ? Allait-il se ruer vers sa salle de bain ou sa chambre pour se bourrer de calmants ou pire ?

« Hoseok ? Pourquoi tu m'appelles à cette heure ?

- Sunbaemin... Je vais tout avouer.

- Tout avouer ? De quoi tu me parles ?

- De moi. Je vais tout raconter.

- De toi... Quoi, ça ? Non, tu plaisantes !?

- Je préférerais mais non, je suis sérieux. Tout le monde parle de Jimin comme d'un drogué anorexique et il le devient avec toutes les conneries qu'il avale !

- Les conneries ?

- Oui... J'ai trouvé des ordonnances en fouillant dans ses placards, et aussi des trucs assez louches. Et il ne mange presque rien. Vous l'avez vu il y a deux semaines, et vous m'avez dit vous-même qu'il vous faisait peur. »

Le danseur avait jeté un nouveau regard à son ami, mais Jimin ne l'écoutait même pas. Hoseok allait partir. Hoseok allait le quitter. Il n'allait pas le supporter. Que devait-il faire pour le retenir ? Pouvait-il au moins le retenir ?

« On ne peut rien faire, démentir ne sert à rien, avait soufflé Hoseok. Alors il faut que je détourne l'attention de tout le monde. Je ne peux faire que ça.

- Écoute Hoseok, on n'est pas obligé d'aller aussi loin. L'album solo de Jungkook va bientôt commencer à être teasé sur Twitter, crois-moi que ça attirera l'attention de pas mal de mon-

- Ça ne sera pas suffisant. Vous savez bien que pour effacer un scandale, il faut un autre scandale. Il n'y a que moi qui puisse en créer un sans mentir et le regretter par la suite.

- Sans le regretter ? Tu sais dans quel pays on est, Hoseok ? Les journalistes ne seront pas plus gentils avec toi qu'ils ne le sont avec lui.

- Je sais. Mais je peux l'endurer, pas lui. Et ça devient urgent. Je suis certain qu'il a encore perdu cinq kilos depuis la semaine dernière. Il faut qu'on l'envoie à l'hôpital, ou quelque part où il pourra être soigné, et au calme, loin de tout ça. En attendant, je vais détourner l'attention des rapaces et des raclures de blogueurs. J'aurais pu le faire sans vous prévenir, mais je vous respecte trop pour ça.

- Je vois.

- Je suis désolé. Je me doute qu'il y aura des pertes. Mais c'est Jimin. Et il n'y a plus que ça que je puisse faire pour essayer de le sauver.

- Très bien. Je vais en informer tout le staff pour qu'il ne s'inquiète pas.

- Merci.

- Je veux tous vous voir à l'agence demain à la première heure. Il faut qu'on y réfléchisse. Tu ne peux rien dire sans qu'on n'ait préparé des solutions de repli.

- Très bien. »

Le lendemain, le groupe s'était retrouvé à l'agence, sans Seokjin et Yoongi qui étaient encore en plein service militaire. Même si le président de l'agence restait contre la décision d'Hoseok, tout comme Jimin qui voyait cette raison que comme une excuse pour enfin pouvoir s'éloigner définitivement de lui, le producteur avait compté sur le soutien des fans pour continuer à faire vivre le groupe. Namjoon, Taehyung et Jungkook avaient approuvé la décision du danseur quand ils avaient appris la raison de tout ça, même s'ils avaient peur que ça ait des conséquences irréversibles ; tout comme Seokjin et Yoongi qui avaient été prévenus de la gravité de la situation. Il fallait sauver Jimin. Jimin était bien plus important que le groupe.

Un an plus tard, Hoseok et Namjoon à l'armée, et les deux ainés enfin de retour, le groupe avait été mis en pause, même si ce n'était qu'une expression utilisée pour éviter la douleur que pourrait provoquer le mot « séparé ». Personne n'avait rien pu y faire. La décision d'Hoseok avait un temps calmé les articles sur Jimin, mais ce dernier s'était encore plus enfoncé dans sa spirale infernale, voyant que l'homme qu'il aimait s'éloignait encore plus de lui, et qu'il ne le reverrait pas avant un moment à cause de « cette putain de règlementation de merde ». Il ne pouvait plus ni chanter, ni danser, alors pour sa santé, tout le monde avait préféré qu'il se repose. Mais si Jimin s'en allait, BTS n'était plus BTS. Peut-être était-il temps de tout arrêter ?

Malgré cette décision qui avait été la leur, elle avait beaucoup affecté les membres du groupe et leur entourage. Yoongi s'était refermé sur lui-même, produisant des titres nuit et jour, sans relâche pour d'autres groupes. Et quand ses chansons lui rappelaient trop ce qu'il avait perdu, il supprimait ces chefs-d'œuvre qui ne devaient être écoutés et interprétés par personne d'autre que les six hommes avec qui il avait partagé sa vie pendant tant d'années, ces six hommes qui étaient sa famille.

Jungkook, malgré son album solo qui avait fait un carton et sa grande tournée à guichets fermés, avait été énormément affecté par la perte de son groupe, mais davantage par l'état psychologique de ses aînés après ça. Si eux ne tenaient pas le choc, comment lui, le pouvait-il ? Alors il avait laissé tomber la musique et s'était réfugié dans le sport. Il s'était refermé sur lui-même également et ne parlait plus à personne, passant ses journées dans une salle de musculation à suer à grosses gouttes, ou dehors à courir sous des températures extrêmes.

Seokjin s'était marié avec une fille de bonne famille et avait repris l'entreprise de son père bien malgré lui. C'était difficile puisqu'il n'avait pas un jour pensé devoir prendre ce chemin-là. Durant toutes les années de vie du groupe, il s'était imaginé un monde dans lequel il ferait ça jusqu'à ce qu'il ne soit plus capable de danser ou de chanter. Il n'avait pas fait d'études lui permettant de savoir comment gérer une entreprise et c'était très dur. Mais il tentait de s'accrocher. Si lui ne tenait pas le choc, comment ses cadets allaient pouvoir le faire ?

Taehyung s'était reconverti dans le cinéma, mais son cœur était toujours lourd et il n'arrivait plus à jouer aussi bien qu'avant. Il n'était jamais satisfait de ce qu'il faisait, et bien souvent, il causait des problèmes sur ses lieux de tournage. Il était la hantise de nombreux producteurs, mais il avait toujours une cote incroyable auprès des femmes, malgré le scandale auquel avait dû faire face son groupe.

Quant à Namjoon, c'était celui qui s'en sortait le mieux. Il produisait des chansons pour d'autres groupes comme Yoongi. Il vivait toujours avec sa copine et allait bientôt devenir papa. Il voyait régulièrement ses anciens amis, les anciens danseurs en particulier, mais leur état n'était pas franchement enviable malgré tout ça.

Les deux meilleurs amis...

« Qu'est-ce qu'il s'est passé avec les deux meilleurs amis ?

- Tu le sais très bien !

- Ba non ! Continue l'histoire s'il te plait ! »

Le plus âgé avait été descendu par les médias, et jugé comme un criminel de guerre sur les réseaux sociaux, comme il s'y était attendu. Mais qu'une bonne partie des fans lui tourne le dos, ça, il ne l'avait pas vu venir.

C'était plus une partie cancéreuse de leur fanbase qui s'en était allée, et au fond, ce n'était pas plus mal. Mais dans ce cas, pourquoi tout le monde se sentait aussi mal ? Pourquoi ça avait eu tant de répercussions négatives sur le groupe ? C'était différent, ça n'avait rien à voir, il restait celui qu'il était jusque là, ça ne changeait rien. Alors pourquoi les gens faisaient cet amalgame idiot ? Mais il avait gardé la tête haute. Il n'allait pas abandonner ! Il était libre d'aimer qui il voulait, et si les gens ne l'acceptaient pas, tant pis pour eux. Il allait rester avec son âme sœur, quoi qu'il arrive.

Jimin, retombé petit à petit dans l'oubli, avait été envoyé en institut médical où il avait été désintoxiqué et où ou l'avait soigné de ses troubles alimentaires. Il avait repris des formes et des couleurs, et Hoseok était heureux d'avoir pu le sauver. Le chanteur s'était fait à l'idée que son meilleur ami ne pourrait jamais lui retourner ses sentiments, et avait pris conscience de ce que son égoïsme avait poussé l'homme qu'il aimait à faire. Il était responsable de la fin du groupe, et de la tristesse qui noyait les pupilles de son meilleur ami quotidiennement, malgré le sourire chaleureux qu'il lui offrait pour le rassurer.

Alors Jimin avait tenté de faire le deuil de ses sentiments, et il s'était marié avec une femme adorable qui l'aimait pour ce qu'il était. Il s'était efforcé de la chérir du mieux qu'il le pouvait, parce qu'elle le méritait.

Les deux meilleurs amis étaient heureux.

« Étaient » heureux.

Parce qu'un jour, tout a basculé. Parce qu'un jour, les rôles se sont inversés entre Jimin et Hoseok.

Le compagnon du plus âgé, pris de violentes douleurs, avait été emmené à l'hôpital, et après de nombreux examens, le danseur paniqué à ses côtés, les médecins lui avaient annoncé qu'ils ne pourraient rien faire pour rallonger sa vie. Qu'il ne lui restait plus que quelques mois.

Seokjin ne voulait pas y croire. Yoongi ne voulait pas y croire. Hoseok ne voulait pas y croire. Namjoon ne voulait pas y croire. Jimin ne voulait pas y croire. Taehyung ne voulait pas y croire. Et Jungkook ne voulait pas y croire non plus.

Mais c'était l'horrible vérité. Il ne lui restait plus que quelques mois. Alors il fallait chérir ces quelques mois plus que tout.

Le cancer avait terrassé le cœur d'Hoseok en quelques mois, comme l'avaient annoncé les médecins. Ils avaient pourtant eu l'espoir qu'ils se soient trompés. Mais ils se trompaient malheureusement rarement.

Et avant de mourir, il avait fait promettre à Hoseok de ne jamais se remémorer cette histoire, de ne jamais se remémorer cette fin pour ne pas être triste, de se souvenir uniquement des bons moments qu'ils avaient passés ensemble. Il ne voulait pas que le visage du danseur soit dévisagé par cette peine que l'on pouvait y lire à chaque fois qu'il se rendait à l'hôpital. Il souhaitait avant de mourir, que Hoseok lui promette de ne plus se rappeler ces moment tristes pour ne plus perdre son sourire. Ce sourire qu'il avait tant vu. Ce sourire qui l'avait tant charmé. Ce sourire qu'il avait tant aimé.

Alors Hoseok avait promis.

Sauf qu'Hoseok n'a pas pu tenir cette promesse, parce que la perte de la moitié de son cœur lui était trop douloureuse.

Et aujourd'hui, bien que la douleur se soit apaisée avec le temps, il ne peut toujours pas tenir cette promesse.

Car son ami, au fil du temps, a commencé à voir sa mémoire s'effacer.

Parce que l'homme qui partageait ses après-midi longues et ennuyeuses dans le salon de sa maison en campagne lui réclamait sans arrêt, inlassablement, la même histoire.

Cette histoire.

Une larme dévala ma joue. Puis une autre.

« C'est une histoire triste...

- Oui, très triste, répondis-je avant d'essuyer mon visage rapidement.

- Et elle se termine comme ça ?

- J'ai bien peur que oui.

- Oh, dommage, tu racontes tellement bien... »

Sauf que ces compliments n'étaient rien face à la peine que l'on pouvait ressentir quand on perdait les gens que l'on aimait. Qu'on revivait cette perte jour après jour. Toujours un peu plus, devant un autre ami que l'on perdait un peu plus à chaque heure qui passait également. Devant le dernier ami qu'il nous restait.

L'homme de 70 ans à qui je venais de raconter une fois de plus mon histoire, se leva difficilement et alla chercher le journal posé sur la table deux mètres plus loin, avant de revenir s'asseoir dans son fauteuil. Il enfila ses lunettes qui étaient suspendues comme à leur habitude à un cordon autour de son cou, et il commença à lire la première page du Chosun Ilbo.

« 12 juin 2066... Déjà ! C'est fou comme le temps passe vite ! Vous ne trouvez pas ?

- Si... c'est effrayant.

- Comment vous appelez-vous déjà ?

- Jung Hoseok. Et vous ?

- Tiens, c'est amusant ! Je connaissais quelqu'un qui s'appelait comme vous il y a longtemps !

- Peut-être parce que vous avez connu mon groupe... Bangtan Sonyeondan...

- Oh, oui ! C'est ça ! C'était la belle époque... »

Il repartit dans la lecture de son journal. Il lut les deux premières pages distraitement, parlant de la situation politique et économique du pays, tandis que je l'observais toujours en silence. Puis, se sentant observé, il tourna la tête vers moi.

« Oui ?

- Pardon. »

Il soupira et reposa son journal avant de fermer les yeux. Il chantonna doucement, les lèvres closes, une mélodie venant de très loin, et qui me fit horriblement mal au cœur.

« Hyung, raconte-moi comment ça s'est terminé...

- Je viens de te le raconter il y a à peine cinq minutes, Jimin. »

Jimin rouvrit les yeux et retira ses lunettes. Il me sourit doucement et me regarda sans rien dire. Je savais exactement ce qu'il était en train de penser. Il pensait toujours la même chose quand il me regardait. Il répétait toujours la même chose, que ça soit à un autre vieillard, une infirmière ou ses enfants qui étaient à ses côtés. Il pensait : « C'est Hoseoki hyung. Il a vieilli, il ne se rase plus tous les jours pour être impeccable en toute circonstance, mais il est toujours là. Malgré tout ce qu'il s'est passé, malgré toutes ces années, il ne m'a pas abandonné, il est toujours avec moi. » Parce que oui. Malgré tout ça, malgré tout ce temps, et peut-être aussi à cause de sa maladie, il m'aimait toujours autant que lorsque nous avions encore la vingtaine. À croire que c'était même la seule chose dont il se rappelait clairement, quand il réalisait qui j'étais. Mais peut-être devrais-je me réjouir qu'il se souvienne de ça. Ça voulait dire qu'il était encore présent avec moi et que sa maladie ne s'aggravait pas.

« Oui, mais je veux savoir. Encore. Tu racontes tellement bien.

- Jimin, soupirai-je. J'en ai assez. Tu ne te rends peut-être pas compte mais... à chaque fois que je te raconte cette histoire, je replonge dans cette horrible période. La pire de toute ma vie.

- S'il te plait !

- Et cette promesse ! Je lui avais promis ! Je lui avais promis que j'effacerais cette période de ma vie pour ne pas avoir de regret ! Pour ne plus avoir de peine ! Et pour ne plus perdre mon sourire !

- S'il te plaiiiit !

- À la seule personne que je n'aie jamais eue dans ma vie, je lui avais promis...

- Une dernière fois, hyung ! S'il te plait, une dernière fois ! Je te promets que je vais m'en souvenir et que je ne te le demanderai plus !

- Très bien... »

Jimin rapprocha son fauteuil du mien et prit ma main dans la sienne, m'observant avec toujours autant d'amour que cinquante ans plus tôt. Mon cœur se serra, mais je lui souris doucement et serrai mes doigts sur les siens autant que je le pouvais. Il était encore là. Il fallait que je profite de sa présence avant qu'il ne disparaisse à son tour. Avant qu'il ne soit plus qu'une coquille vide qui me laisserait encore plus seul que je ne l'étais déjà depuis des années. Je devais sauver Jimin. Je devais au moins essayer, même si je savais parfaitement bien qu'un jour, il finirait par me quitter aussi, et de la plus horrible des manières.

Alors je pris une grande inspiration, puis ouvris la bouche pour prononcer une fois encore, ces horribles mots d'une voix tremblante, rouvrant mes cicatrices encore à vif, et me rappelant encore et toujours qu'au final, je n'avais pu sauver personne.

« Jimin, affalé dans le canapé en cuir bleu marine de son salon... »

Pardonne-moi, Taehyung.