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8 - Romain

27 juillet (quelques jours plus tard)

Alex

Assis dans le salon, à feuilleter un des vieux livres de mon grand-père, je savoure la tranquillité de la soirée. Pour une fois, la chaleur n'est pas étouffante. Vivi est pelotonnée dans le canapé, non loin de moi ; elle pianote sur son téléphone, en grande conversation, je pense, avec des copines.

Félis saute de mes genoux au moment où Romain dévale les escaliers comme le gamin qu'il est encore.

Il a mis sa veste en jean. Haussant un sourcil, je l'interroge du regard.

– Je sors, Papa ! T'as oublié ?

– Comment ça ? Avec Vivi ?

Sans lever la tête de son portable, elle répond à sa place.

– Non. Sans moi. Je reste au calme. Vous m'avez épuisé avec vos travaux de la ferme, Raphaël et toi.

Romain rigole et pousse la porte d'entrée.

– Petite nature. On sait maintenant qui a des muscles. C'est l'homme qui a de la réserve pour sortir encore le soir.

– Tu vas où ?

Il est déjà dehors, à surveiller je ne sais qui, quand il me répond.

– Bort-les-Orgues. Raphaël m'y amène. Tu sais, c'est pour le concert auquel il nous a invité hier.

Invitation que j'ai déclinée parce que... je ne sais pas. Mais je pensais que personne n'irait. Je dois faire une drôle de tête, car Romain se moque gentiment de mon inquiétude...

– Papa, j'ai plus quinze ans. Bort-les-Orgues est à quoi... trente kilomètres, c'est une ville de... deux mille habitants. Vivi et moi sortons assez souvent à Toulouse le soir et c'est... comment dire... plus animé.

Je me doute bien que les alentours des boites gays de Toulouse où ils traînent ensemble sont moins nets que notre campagne. Je cherche un prétexte pour justifier mon agacement qu'il prend pour de l'inquiétude.

– OK. Tu seras raisonnable avec l'alcool ?

Je suis ridicule et mes gosses ne me loupent pas.

– Papa ! soupirent-ils de concert.

– J'ai vingt ans, presque vingt-et-un. Même aux States, je pourrais boire, en plus je ne conduis pas.

La moto de Raphaël se gare devant la cour et je comprends sa dernière remarque. Ils partent à moto. Ensemble.

Raphaël descend et rejoint mon fils. Jean noir, blouson noir, il a fait des efforts de toilette et son allure ténébreuse augmente mon agacement. Il me rappelle le type qui est venu lui rendre visite un soir, dont il n'a pas voulu parler le lendemain. Je m'adosse au chambranle de la porte d'entrée et croise les bras sur ma poitrine.

– T'as deux casques au moins ?

Mon interpellation est sèche et mon voisin se tourne lentement vers moi.

– À ton avis ? répond-il doucement.

Je me freine pour éviter un interrogatoire désagréable, mais je n'apprécie pas l'idée qu'ils sortent tous les deux. Je fronce les sourcils. Raphaël est plus âgé que Romain. C'est...

– Papa ?

La voix de Vivi interrompt ma réflexion. Je me retourne vers elle.

– Lâche l'affaire, s'il te plaît. Tout ira bien, me dit-elle doucement.

Je ne sais pas vraiment de quoi elle parle, mais elle arrive à me déstresser un peu. J'ai tendance à surprotéger Romain, surtout depuis son coming-out. Vivi me tempère, me rappelant qu'il n'est plus un grand garçon, mais un jeune homme. Libre de ses choix et capable de les assumer.

Je garde cependant mon air revêche alors que les deux chiens de Raphaël, qui nous ont rejoints, entrent chez moi comme dans un moulin. Raphaël s'approche de moi de sa démarche souple et assurée.

– Alex ? Tu peux garder mes chiens ce soir ? J'ai pas envie qu'ils restent dehors et j'aime pas les laisser seuls.

Mila se frotte doucement contre ma jambe alors que le vieux chien renifle partout dans la cuisine. Félis gonfle son pelage soyeux et saute sur le comptoir en considérant l'intrus sans aménité.

J'acquiesce d'un hochement d'épaule.

– Merci.

Un sourire soulagé complète sa réponse.

– Raph ?

Vivi, depuis le canapé qu'elle n'a pas quitté, l'appelle.

– Oui, ma belle ?

Raphaël se faufile alors devant moi pour aller voir ma fille.

– J'ai envie d'un bisou avant que vous partiez tous les deux.

Elle a pris un ton de gamine que je ne lui ai pas entendu depuis une éternité pour lui réclamer ce câlin ridicule et mon voisin rigole.

– Je dois avoir cela en stock. Tu veux toujours pas venir ? Et toi, Alex ? complète-t-il en se retournant vers moi.

Une lueur dans son regard m'interroge. Je réfléchis, tenté une seconde de les accompagner, mais Viviane répond à ma place.

– Papa et moi, on se fait une soirée père-fille. Bien tranquille.

– Tant pis pour vous, le groupe est sympa.

Raphaël dépose un baiser sur le front de ma fille qui rougit légèrement. Elle ne semble pas insensible à son charme. Elle non plus.

– Vous rentrez tard ?

Raphaël se redresse et revient vers moi en me fixant dans les yeux comme s'il me défiait de quelque chose.

– À ton avis ?

Il m'envoie, une deuxième fois sa question provocatrice. J'en sais rien, moi. Il travaille tôt demain matin - comme tous les matins- mais s'il veut profiter de ce concert et faire la fête ? S'il boit alors qu'il conduit la moto ? Ils peuvent avoir un accident et ...

Que c'est pénible d'être parent !

Raphaël est devant moi et pose brièvement sa main sur mes avant-bras toujours croisés, comme pour me protéger.

- T'inquiètes pas, Alex. Je te ramène ton fils, assez tôt, en bon état. Si ça te tracasse, sache que je ne bois jamais quand je prends la moto et... Romain est un homme, tu sais, tu devrais lui faire un peu confiance, si tu ne me fais pas confiance.

Les derniers mots ont été murmurés avec une nuance de déception.

Je peux comprendre. Mais c'est comme ça. Je m'inquiète pour Romain et... je n'ai pas encore eu l'occasion de discuter avec lui de Raphaël.

La moto s'éloigne, emportant mon fils accroché derrière Raphaël, et ce pincement désagréable désormais familier dans la poitrine me gêne une fois de plus.

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28 juillet

Raphaël

Le jour est levé depuis quinze minutes à peine. Je répartis rapidement avec une fourche, le fourrage dans la bâche. Mes limousines auront de quoi se nourrir, car l'herbe du pré est relativement sèche et rare. J'aime pas trop puiser sur mes réserves, mais ce foin-là,de toute façon, ne passera pas l'hiver.

Romain a voulu m'accompagner, mais sans surprise, il est déjà assis sur un tronc couché et contemple le ciel et les alentours d'un regard curieux. Je remue lentement la tête en souriant : plus rêveur que lui, ça n'existe pas. Je l'aime bien. Notre complicité a été immédiate. J'ai rarement croisé un gay aussi bien dans sa peau. Du moins, à son âge. Le laissant à ses rêveries, je me concentre sur mes tâches. Plus tôt j'aurais terminé, plus tôt nous prendrons le petit déjeuner tous les quatre.

Leur réservoir d'eau sera rempli en dix minutes et j'en profite pour inspecter la clôture. Une grimace m'échappe, un sanglier a dû passer par là. En soupirant, je retourne au tracteur et sort mon kit de réparation.

– Ça te dérange pas qu'on reste un peu, je dois solidifier la clôture.

– Non, pas de problème, c'est superbe ici ! Tu as besoin d'aide ?

Il me propose gentiment, mais je sens qu'il a un autre projet en tête.

– Non, j'ai l'habitude de faire cela seul.

– Alors ça te dérange pas si je reste ici à dessiner un peu ?

– Profite. J'exige juste de regarder le résultat ensuite.

Je le laisse à ses rêveries alors qu'il sort déjà du sac à dos qu'il porte négligemment sur ses épaules, un carnet de dessin et quelques crayons. Il m'a déjà oublié semble-t-il.

Ma tâche achevée, je me relève et m'étire, détendant les muscles contractés de ma nuque. Lorsque je me retourne vers Romain, une seconde me suffit pour constater qu'il est toujours plongé dans son univers. Il crayonne fébrilement et relève la tête pour m'observer, surpris de constater que mon regard est sur lui.

– Alors, je peux voir ?

En quelques enjambées, je le rejoins et tends la main vers son carnet. Avec un sourire amusé, il me le tend.

Romain est doué. La page est couverte de croquis. Du paysage, il a rendu la tranquillité et l'isolement. Il y a aussi une dizaine d'ébauches de moi. Je ne m'y connais pas, mais j'ai l'impression de me retrouver devant une étude anatomique de Léonard de Vinci. Mes muscles sont disséqués de façon perturbante. Mon profil, répété plusieurs fois de façon aléatoire, renforce cet effet. Je souris.

– Tu me fais rougir, à m'exposer ainsi.

Il hausse les épaules.

– J'aime bien représenter ce qui est beau. C'est un sujet d'entraînement plus agréable que de simples natures mortes.

– Merci du compliment

Je feuillette alors son carnet, la plupart des feuilles sont comme celle-ci couvertes d'un fouillis de petits croquis, d'autres présentant des dessins plus élaborés. Un portrait de sa sœur au repos, très réaliste et empli d'amour, me fait prendre conscience du talent de Romain. Puis à la page précédente, mon cœur s'arrête quelques secondes avant de repartir brusquement.

Certes, Romain a représenté son père de façon magnifique. Certes, mon portrait est flatteur.

Mais l'ensemble est tel que je n'ose plus regarder Romain. Je souffle doucement. L'envie de posséder ce dessin est intense. Je veux ce morceau d'Alex, d'Alex et moi. Romain a, de mémoire, esquissé le bref échange en aparté qu'Alex et moi avons eu lorsque je suis venu le chercher l'autre soir pour le concert. Alex était perturbé. Sur le dessin cela transparaît clairement.

Les bras croisés fièrement sur son torse, il m'effleure de son regard incisif sans paraître me voir vraiment. Je suis debout devant lui, très proche, ma main posée sur son avant-bras, je lui chuchote quelque chose et ...

Putain, c'est pas possible.

Je déglutis avec difficulté. Romain a-t-il compris ?

Même si, consciemment, il ne le sait peut-être pas, son crayon a parfaitement restitué la posture ambiguë de nos corps proches et du geste simple, mais quasi-intime que j'ai eu. Il a capté et placé sur cette feuille que je caresse du bout des doigts, la forte attirance mêlée de déception que je ressentais à cet instant précis.

Déception, qu'Alex ne me fasse pas confiance pour ramener son fils en pleine santé et attirance comme... à chaque fois que je me retrouve près de lui. Depuis un mois ou presque, je craque pour cet homme. Physiquement certes, mais plus je le connais, plus j'apprécie ses qualités et même ses défauts. 

Alex m'aide chaque jour sans rien demander en échange. Alex a été là pour m'aider à foutre à la porte Stéphane et ne m'a pas tanné pour que je parle de ce petit con, surgi du passé. C'est un père attentif et proche de ses enfants. J'ai saisi, assez rapidement, que Romain est gay, comme moi, et j'ai immédiatement voulu comprendre si Alex le sait. Les traumatismes infligés par mes parents, qui m'ont fichu à la porte dès qu'ils ont pu, sont encore douloureux même si je pensais être avoir tourné la page. J'ai vite acquis la certitude qu'Alex sait et qu'il ne juge pas Romain pour être... ce qu'il est. L'admiration et le respect que j'ai pour l'homme ne m'aide pas à maîtriser cette attirance pour ce type a priori hétéro.

– Ce dessin ne te plait pas, Raphaël ?

Je croise les prunelles grises de Romain, identiques à celle de son père. Il est taquin, mais inquiet en même temps.

Je passe mes doigts dans mes cheveux cherchant comment exprimer ce que je ressens.

– Tu es... doué pour le dessin.

– Merci

– Et pour l'observation.

– Un peu.

Il ne m'aide pas.

– Tu me donnerais ce dessin ?

Voilà, je l'ai dit. J'ai dévoilé à quel point cette feuille de papier me touche. Un large sourire illumine son regard.

– Hum, pourquoi pas... mais bon... il n'a rien de particulier, n'est-ce pas ?

Le p'tit salaud, il sait.

Il cherche à me faire parler. Et là, clairement, je suis gêné. Pas d'être attiré par Alex, j'assume. Pas que cela soit évident pour les autres, je me fiche de ce que pensent les gens. Mais Romain est son fils. C'est pas n'importe qui.

– Un peu quand même et tu le sais très bien.

– Peut-être, me concède-t-il, alors que je me laisse tomber sur le tronc à côté de lui.

Mes doigts caressent doucement la silhouette d'Alex sur le papier.

– Tu... l'as montré à ton père ?

Il rit doucement.

– Non, et je ne le ferai pas. En tout cas, pas maintenant. Tu vas galérer, Raphaël.

Je soupire. Il a raison, si je cherche à aller plus loin, je m'aventure sur un chemin inconnu et m'expose à de nombreuses déceptions. D'un autre côté, les paroles de Romain, expriment peut-être un espoir.

Je regarde le jeune homme. Il n'a que vingt ans, mais sa maturité transparaît dans chacune de ses paroles. Comme Viviane, il peut être posé et réfléchi. Il m'observe pensif.

– C'est sa vie, ce sont pas mes affaires. Il m'a laissé vivre la mienne quand j'ai expliqué ce que je ressentais. Ce que je suis au plus profond de moi. Il est très... compréhensif. Pour lui, c'est simple, normal.

– Tu avais quel âge quand tu leur as dit ?

Je suis curieux, ne serait-ce que pour gratter dans la plaie de mes propres souvenirs.

– Seize ans, je crois. D'ailleurs, c'est plus Vivi qui leur a dit. Je me souviens, Maman a pleuré et Papa a haussé les épaules. L'air de dire "et alors, ça change quoi ?". Pourtant, je suis certain qu'il n'a rien vu venir, il n'est pas très intuitif pour ce genre de choses. Depuis, on parle de temps en temps de mes copains, comme il parle des copains de Vivi : il râle, me met en garde contre eux. Menace de leur casser la gueule quand on se sépare. Je souris, le reconnaissant bien là. Un gros ours râleur et protecteur.

– On dirait que je viens de complimenter ton copain, dit Romain en me donnant un coup de coude.

Copain ? Il va vite en besogne. Je n'ose même pas encore pensé mettre un pied sur ce chemin-là.

– Ça ne te dérange donc pas qu'il... me plaise ?

– Pourquoi ça me dérangerait ? Mon père est un type bien. Toi aussi, je le sais. Après... je te l'ai dit : c'est pas gagné. Il... vient de se séparer de maman. Je ne crois pas qu'il envisage autre chose dans l'immédiat. Et puis toi et lui c'est pas...

Romain se tait, hésitant à poursuivre.Je ne vais pas lui extorquer des confidences, mais je ne résiste pas à lui faire confirmer ce que je crains, même si cette discussion est très tordue.

– Il a accepté sans problème ton homosexualité, mais n'a jamais eu d'aventures gay, c'est ce que tu veux dire ?

– En effet. Pas d'aventure masculine. Enfin, pas à ma connaissance. Va falloir mettre le paquet pour le séduire, Raph ! Mais t'as ma permission pour tenter ta chance.

Il se moque de moi, le p'tit morveux !

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