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7 - En famille

23 juillet  - (une semaine plus tard) 

Raphaël

C'est pour des moments comme ça que je ne regrette pas d'avoir quitté mon poste de chargé de communication. Le calme, la tranquillité et le meuglement de mes bestiaux.

Le stress et l'urgence liés au traitement des dossiers tous plus importants les uns que les autres ne me manquent pas. Mes collègues non plus. Je préfère les vipères qui se planquent dans les pierrailles sur le bord du chemin que celles qui n'attendaient qu'une qu'une petite défaillance de ma part pour me piquer mon poste. Roulant doucement avec ma moto dual sport, je rejoins le pré où une partie de mon bétail broute en paix. Les vaches, comme moi, profitent de la fraîcheur du matin pour explorer tout le champ. Dans deux heures, les températures les rassembleront sur la seule zone ombragée par de vieux résineux.

Je vérifie rapidement qu'elles ont suffisamment d'eau pour la journée. Je devrais les changer de pâturage d'ici deux ou trois jours. Peut-être qu'Alex me prêtera main forte. Depuis une semaine, il passe parfois me voir pour me donner un coup de main. J'avoue que son aide est appréciable et agréable. Même s'il n'est pas encore très causant, il est de bonne compagnie.

Un peu trop même.

Refermant avec soin la barrière derrière moi, je continue sur le chemin de terre qui me conduit à la route des Brandes. Chaque pré est à moins de deux kilomètres de la ferme et j'apprécie de rouler un peu sur ma bécane. Une des rares habitudes que j'ai conservées de ma vie d'avant. La moto a changé, certes. J'ai troqué ma cylindrée routière contre un modèle plus compatible avec les chemins de terre, mais la sensation de liberté est la même.

Je décide de faire un détour par Saint-Barthélémy pour me faire plaisir et acheter du pain frais et des viennoiseries afin d'accueillir les gosses d'Alex qui arrivent dans la matinée. Il est tôt et rien de tel qu'un bon café noir bien accompagné.

Le vent frais matinal est le seul à m'accompagner sur les petites routes sinueuses et désertes. En dix minutes, j'arrive à la boulangerie où Mélanie, la fille du boulanger, et sa longue tresse rousse m'accueillent avec un grand sourire.

— Salut Mélanie, c'est toi qui as fait le pain ce matin ?

Je la taquine un peu. L'adolescente est adorable et ses taches de rousseur me rappellent à chaque fois ma petite sœur.

— Non, j'aide juste mes parents pendant les vacances.

— C'est sympa pour eux. Je vais prendre quatre baguettes paysannes et une dizaine de croissants.

Elle hausse un sourcil, surprise, mais n'ose rien me demander. Elle a à peine quinze ans, cependant elle est atteinte, comme chaque membre de ce village, de curiosité aiguë. Cette maladie n'a pas d' antidote connu et je fais avec depuis deux ans. La gamine, encore timide, n'ose pas me questionner, mais si Justine, sa mère arrive, je vais avoir droit à un interrogatoire de première qualité.

Je jette rapidement sur le comptoir un billet et quelques pièces, puis fuis la boutique, mon dû dans un sac sous le bras.

Les viennoiseries tièdes et odorantes prennent place dans le top case à l'arrière de ma Honda quand une jeune femme apparait dans mon champ de vision.

Je ne la connais pas et la scrute attentivement.

Contaminé par la maladie locale.

Grande brune, ses cheveux coupés en un carré très court encadrent un visage fier et marquant. Sa peau pâle met en valeur ses prunelles d'un beau gris pâle qui me fixent sans ciller.

Je remonte mes lunettes de soleil alors qu'elle s'arrête à un mètre de moi, visiblement pour m'interroger.

Vêtue d'un jean clair et d'un simple tee-shirt blanc col V, sa silhouette féminine dégage une impression de calme surprenante pour une femme aussi jeune. Alors qu'elle s'apprête à me parler, je remarque qu'un jeune homme la suit. Il se place derrière la jolie brune, un sourire taquin sur les lèvres alors qu'il observe ma moto d'un air envieux.

Ils doivent avoir une vingtaine d'années. Soit dix ans de moins que moi. Ils semblent si... innocents, leur avenir est devant eux alors que j'ai déjà franchi plusieurs stades qui m'éloignent de ce temps où tout était à écrire. Je me demande soudain si Alex ressent cette différence de dix ans qui nous sépare lui et moi. Cette idée me perturbe.

— Bonjour, désolée de vous déranger. Nous sommes un peu perdus, cela doit faire trente minutes qu'on tourne dans ce bourg sans en trouver la sortie.

Elle est marrante, c'est vrai que St Barthélemy est un village bizarre, plein d'angles et de recoins, mais il est tout petit. Le jeune homme prend alors la parole en se collant contre ma moto.

— J'ai fini par croire que nous étions victimes d'un mauvais sort. Mais apparemment, il s'agissait juste d'une diversion en attendant votre arrivée.

Il me décoche un sourire éclatant et moqueur à la fois. Je lève un sourcil. Il semble encore plus amusant que sa copine. Ses doigts errent le long du guidon de ma bécane qu'il apprécie à sa juste valeur.

— Vous croyez ? J'ai une tête de sauveur ?

— N'écoutez pas mon frère. Il a dû se lever très tôt ce matin et ça perturbe son fonctionnement cérébral. Il n'est même plus capable de lire les panneaux d'indications routières.

— Et toi, alors ? Mon fonctionnement cérébral va très bien et te dit...

— Hum hum.

Je me racle la gorge pour interrompre l'échange d'amabilités entre le frère et la sœur.

– C'est vrai ici, il y a régulièrement des individus qui s'égarent. On les retrouve généralement, presque morts de soif et hagards, après des jours d'errance. Vous voulez aller où ?

Tout en plaisantant, je détaille le frère : un peu plus grand que la jeune femme, sa silhouette longiligne est plus fine, il porte tout comme elle un jean moulant et un tee shirt blanc, ça doit être leur uniforme. Mais à part leur regard gris, je ne leur vois guère de ressemblances. Alors que la fille est brune, lui, exhibe sans complexe une crinière blonde bouclée et désordonnée. Il est, comment dire... magnifique. Les traits sont bien dessinés : un nez fin parfaitement équilibré, une bouche sensuelle et souriante, de très longs cils pâles, presque féminins, ornent ses prunelles d'un gris plus soutenu que ceux de sa sœur. Ce visage parfait aurait pu servir de modèle aux sculpteurs et peintres de la Renaissance. Il émane de lui une sorte de fragilité nerveuse compensée par un charme naturel.

– On cherche un hameau pas trop loin. Les Brandes.

Je me tourne brusquement vers la fille qui vient de parler. Mince.

Les enfants d'Alex.

J'aurais dû m'en douter : deux jeunes citadins un peu perdus dans notre cambrousse justement aujourd'hui ! Je suis un idiot.

– Romain et Viviane ?

Le ton est à peine interrogateur et les deux jeunots échangent un regard surpris.

– Vous êtes plus que notre sauveur alors ? Ou peut-être êtes-vous le maître omniscient de ces lieux ?

Il n'a pas mis longtemps à se ressaisir.

– Juste un... ami de votre père, et à vrai dire ça, dis-je en montrant les sacs de viennoiseries, c'est pour vous. Je vous guide ?

J'attends leur verdict. Je me fais l'effet d'un vieux pervers qui cherche à attirer des gosses avec des bonbons. Les deux jeunes semblent communiquer par une sorte de magie qu'ils ne partagent qu'entre eux.

— Merci beaucoup. Ça serait sympa en effet, si ça vous dérange pas.

C'est elle qui m'a répondu. Le frère est pensif.

– Aucun problème. C'est à une dizaine de kilomètres. Alex est mon voisin. Votre père sera content de vous retrouver et d'échapper à mes griffes. Je l'ai épuisé.

Comme ils échangent un regard surpris, je précise.

– Il a bossé avec moi toute la semaine pour m'aider dans les champs.

– Vous plaisantez ? Papa sur un tracteur ? Il a lâché ses bouquins ?

– Ouais, faut croire. Vous verrez. Mais je lui accorde quelques jours de congés avec vous... à moins que vous vous joigniez à nous ?

Je plaisantais, mais la gamine rigole en regardant son frère.

– Ah ! Bonne idée, n'est-ce pas Romain ! Faire un peu de muscle ça te fera pas de mal, non ?

Il hausse les épaules, habitué aux moqueries de Viviane.

– Ma silhouette plaît suffisamment comme elle est. Tu es juste jalouse.

La fille hausse les épaules. Du coin de l'œil, je vois Romain caresser encore une fois la carrosserie noire de ma Yamaha.

– Elle te plait ?

– Elle est superbe.

– Merci.

– Je peux monter avec vous sur la moto ?

Sa demande me surprend à peine. À son âge, j'ai fait de même. Je grimace discrètement, soupçonnant qu'Alex ne sera pas enchanté de voir arriver son fils sur ma bécane. Haussant les épaules, je sors mon casque de son rangement et lui tends en enfourchant la moto.

– Allez, grimpe derrière moi. Viviane, tu nous suis en voiture ?


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25 juillet  

Alex

Je ferme les paupières pour échapper au soleil brûlant et au spectacle de mes gosses chahutant bruyamment dans l'eau.

Ils sont là depuis deux jours et tout est idéal. Rien n'a jamais aussi bien fonctionné entre nous. Ils s'amusent. On plaisante ensemble. On a même pris le temps de parler de notre situation, à Laetitia et moi. C'était une bonne discussion. Constructive. J'ai gardé pas mal de choses pour moi, car c'est leur mère et je ne peux pas tout leur confier. Mais globalement ils acceptent bien notre séparation. J'ai même l'impression qu'ils en sont soulagés. Et puis on travaille ensemble pour aider Raphaël. Celui-là n'arrête jamais de travailler d'ailleurs, sauf aujourd'hui. Vivi et Romain l'ont convaincu de faire une pause et de nous rejoindre pour pique-niquer près de notre étang.

Ils jouent tous les trois comme les gosses qu'ils sont alors que je tente de me détendre sur la "plage" enherbée. Mila s'est allongée à mes pieds et l'autre cabot vadrouille je ne sais où.

Me redressant légèrement, lunettes noires sur le nez, je jette un coup d'œil. Cris et éclaboussures m'avaient prévenu qu'une bagarre aquatique avait lieu.

Il semble que Romain et Vivi se liguent contre Raph. Le grand brun se débat en riant, Vivi collée, telle une pieuvre sur son dos, alors que Romain tente de lui enfoncer la tête sous l'eau.

– C'est pas du jeu, les mômes ! Deux contre un ! proteste-t-il.

Il s'amuse lui aussi, profitant sans arrière-pensées de cet instant de détente.

– Papa ! Viens aider ton ami. Il va perdre sans toi, il ne fait pas le poids ! m'appelle ma fille.

– Pas envie de me mouiller, ma puce. Je lis.

Je mens. Je les regarde par-dessus ma page avec une certaine envie. Soupirant, je ferme à nouveau les yeux laissant le soleil chauffer mon épiderme de vieux croulant.

Raphaël est plus proche, en âge, de mes gosses que de moi. Quant au dîner, il a avoué avoir trente-un ans, cette info m'a troublé. Jusqu'ici, je le classais, sans réfléchir parmi les adultes expérimentés, comme moi, tout en sachant qu'il était dans la trentaine. Mes enfants sont et resteront toute leur vie des enfants à mes yeux. Raph vogue quelque part entre nous.

Plongé dans mes pensées, je suis surpris lorsque des mains me saisissent brutalement et m'emportent.

– Non, mais ça va pas ?

Je n'ai pas fait attention au silence des combattants et maintenant les trois me portent, me traînent vers l'eau. Mes deux idiots d'enfants m'ont saisi par les jambes et je suppose que c'est le corps trempé et musclé de Raph qui me soutient par les épaules. Ils courent tous les trois en direction de l'étang.

Punaise, je déteste l'eau froide !

– Lâchez-moi !

– Ok Papa.

Ils obéissent et me lâchent... avec un peu d'élan vers l'eau.

Glaciale.

Je le savais. Je coule sans élégance dans l'eau peu profonde et ressors, crachant et fulminant contre les conspirateurs.

Volontairement je disparais à nouveau sous l'eau.

Je n'ai pas nagé depuis un certain temps, mais je ne mets que quelques secondes à m'acclimater et à ouvrir les yeux sous l'eau claire et limpide. Les mollets fins de mon fils sont à ma gauche. Il trépigne sur place, incapable de rester calme comme toujours. C'est sûrement lui la cause de mon plongeon. Sans difficulté, je repère les jambes de ma fille un peu plus loin. Celui qui s'est éloigné en nageant, devinant sûrement mon dessein est Raphaël, son corps fend l'eau puissamment à quelques mètres. Mais j'ai de la ressource et, sans remonter à la surface, je le rejoins rapidement, nage en silence sous lui, l'eau étant enfin plus profonde avant de me retourner et d'attraper ses épaules pour l'entraîner avec moi sous l'eau. Lorsque je le relâche quelques secondes plus tard, il remonte à la surface en suffoquant alors que j'éclate de rire. De la bataille confuse qui s'ensuit, les mômes nous ayant rejoints avec cris et rires, il est impossible de déterminer qui gagne. J'ai l'impression de revenir dix ans en arrière lorsque je jouais avec eux et que Laetitia nous regardait, allongée sur sa chaise longue. Quand je pense que j'ai eu la même attitude. Souffrait-elle de la même jalousie ? Aurais-je dû la faire partager de force nos jeux ?

Alors que je cherche dans le sac les draps de bain et les jette à la ronde sur mes compagnons trempés, ces pensées me hantent.

– Papa, ça va ?

Vivi a posé sa main sur mon épaule et me questionne.

- Très bien. Oui. Mais je ne suis pas certain de te pardonner d'avoir pris parti pour ces comploteurs.

Je souris en lui désignant Raphaël et Romain qui chahutent encore, l'un poursuivant l'autre sur la pelouse.

– C'était la seule solution pour que tu nous rejoignes et je ne regrette pas.

Elle s'assoie souplement à côté de moi. Je l'observe discrètement alors qu'elle m'aide à sortir le repas de la glacière. C'est une belle fille, mais plus que cela, elle est forte et posée. Elle a choisi d'être médecin quand elle n'avait que quinze ans - je dois cela à un certain Dr House en partie - et elle s'y tient depuis. Elle entre en troisième année en septembre. J'en suis extrêmement fier et le type qui s'avisera de lui faire du mal aura affaire à moi. Romain, lui... c'est Romain. Il erre de cursus en cursus, les réussissant puis les quittant. Je crois cependant qu'il a confirmé son passage en seconde année de graphisme. Peut-être a-t-il trouvé sa voie. En tout cas, il a trouvé un ami. Complices, Raphaël et lui reviennent vers nous chacun ayant un bras posé sur les épaules de l'autre. Le minuscule chien aux poils ras les suit en sautillant de plaisir autour d'eux, admiratif du duo qu'ils forment. Mon fils et Raphaël ont le même type de silhouette longiligne, la même démarche assurée et séduisante. En mûrissant, Romain acquiera sûrement la carrure fine et musclée de Raphaël. L'un est aussi brun et bronzé que l'autre est blond à la peau pâle, mais leurs beautés se ressemblent.

Je fronce les sourcils alors qu'une idée dérangeante me traverse.

Il faut que je parle un peu avec Romain. Ou avec Raphaël. 

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