Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

6 - Moissons

14 juillet

Raphael

D'un grand geste, je lève le bras droit afin de signaler mon intention à mon suiveur, puis freine doucement la moissonneuse et l'arrête.

Le bruit infernal de ma machine bourdonne encore dans mes oreilles pendant trente secondes alors qu'Alex coupe lui aussi le moteur de son tracteur.

Nous échangeons un regard.

La poussière des épis de blé fraîchement coupés nous environne virevoltant dans l'air brûlant. Seules ces minuscules brindilles irritantes me retiennent d'enlever mon débardeur : la canicule est là, étouffante et menaçante. Je jette un coup d'œil au ciel, nettement moins inquiet que trois heures plus tôt. Azur radieux. Soleil de plomb. Si ce n'est la tension dans l'air et la moiteur collante, rien n'annonce clairement l'orage. J'ajuste mes lunettes de soleil et attrape une bouteille d'eau dans la glacière derrière moi avant de descendre souplement du monstre.

Il est à peine neuf heures et nous avons un peu de temps devant nous. Tandis que mon corps vibre encore lorsque mes pieds touchent le sol, Alex m'interpelle. Je le contemple avec un sourire détendu. Son jean est couvert de poussière, comme moi, il a ôté sa chemise depuis longtemps et son débardeur gris moulant dévoile des épaules musclées et des biceps luisants de sueur.

– Un problème ?

Le ton inquiet de sa question élargit mon sourire. Il est stressé alors qu'enfin, je me sens bien. Je secoue la tête et lui lance la bouteille. Il l'attrape adroitement et se rafraîchit avant de boire. Je détourne le regard. Joindre l'utile à l'agréable, c'est bien, mais à petite dose. Je suis loin d'être immunisé contre le charme brut de mon voisin et je n'ai vraiment pas le temps de réfléchir à cette attirance, qui m'a valu quelques soirées rêveuses dans le jardin.

– Non, aucun problème. On a juste bien mérité une pause. En quatre heures, on a réussi à engranger la totalité de l'orge mûr et la quantité de blé que je souhaitais. Tes allers retours avec la remorque m'ont vraiment été plus qu'utiles.

Me hissant sur une marche de la machine, je saisis dans la cabine un panier et la glacière.

– Viens ! Il y a là un petit banc de pierre juste parfait pour la pause. On dirait qu'un bienfaiteur l'a installé pour nous.

Il regarde dans la direction que je lui indique, sous les arbres délimitant le champ. Un demi-sourire éclaire son visage bruni par le soleil. En quinze jours, il a perdu sa couleur citadine.

– Ton bienfaiteur s'appelait Jules. C'était mon arrière-grand-père. Je venais m'asseoir ici avec mon grand-père les derniers mois avant sa mort.

J'oublie souvent que la plupart des champs de ma propriété appartenaient à sa famille ou même lui appartiennent encore. À grandes enjambées, nous rejoignons les rochers placés à l'ombre.

Tandis que je m'assois et commence à sortir les sandwichs que j'ai rapidement préparés ce matin en vue de cette pause, Alex, lui reste debout, il observe le paysage. Faut dire que c'est un des plus beaux coins de ma propriété. Le champ légèrement en pente est bordé par un petit étang longé par des bouleaux aux feuilles argentées. De l'autre côté, juste derrière nous, un petit bois tranquille nous isolent de la route et de la société. Et devant nous... la campagne auvergnate et sauvage jusqu'à l'horizon. Un vrai p'tit bonheur. À cette saison tout est sec, les champs moissonnés comme les prés où broutent les troupeaux de vaches tachetées, mais en automne ou en hiver, ce coin est splendide.

– Avec le temps qu'il fait aujourd'hui, on a une visibilité impressionnante. As-tu repéré les monts d'Auvergne ?

Alex interrompt mes pensées. Il semble heureux de retrouver sa région.

– Ouaip. Le Mont d'Or et même le Puy-de-Dôme. Ça fait deux ans maintenant que je viens ici au moins une fois par mois juste pour me reposer. C'est calme. J'adore. Mais je te promets que tu vas adorer aussi mon sandwich au fromage.

Alex sourit encore, juste un peu, comme s'il craignait de se laisser apprivoiser et son regard glisse sur moi. Il plisse les yeux et s'assoit. Juste à côté de moi.

– Après les croissants, des sandwichs. Merci, je suis gâté.

– Je ne sais pas si tu te rends compte que ce que tu fais aujourd'hui pour moi vaut bien plus que tous les sandwichs que je pourrais te confectionner ?

– Explique, je t'écoute, dit-il en s'essuyant les mains.

Il choisit un sandwich au saint-nectaire et mord dedans avec appétit.

– Pour résumer : Dieu peut maintenant déclencher ses foudres, cela m'est égal. On vient de mettre en silo de quoi nourrir mes bêtes cet hiver. Je veux obtenir le label européen "Agriculture Biologique" pour mes productions, légumes, lait et viande. Sauf que pour cela, évidemment, le sol ne doit pas contenir trop d'intrants, de pesticides et l'alimentation de mes vaches doit être naturelle et saine.

– Jusqu'ici, je te suis, c'est logique.

– Mon prédécesseur n'avait pas les mêmes objectifs que moi. Quand j'ai acheté la terre, j'ai compris à la première analyse que pour lui, engrais et pesticides s'utilisent sans modération. Et les résidus ne disparaissent pas aussi vite que je l'espérais : mes deux premières récoltes n'étaient pas conformes aux normes du label que je vise. J'ai bon espoir que cette récolte-ci passe le test favorablement. Cet orage qui menace aurait retardé d'un an au moins la rentabilité de mon exploitation. Dès cet après-midi, j'apporte au labo un échantillon de blé et d'orge pour être certain que tout va bien.

Alex m'écoute avec attention, contrairement à d'autres qui sont blasés ou indifférents, il écoute mes tracas et mes rêves.

– Bonne idée. Mais on va déjà rentrer les foins dont tu m'as parlé et pour ton analyse, je te souhaite bonne chance car à moins que la technicienne de ton labo préféré soit une jolie fille sensible à tes charmes, il faudra attendre demain pour ton test.

Je fronce les sourcils et comprends rapidement. Nous sommes le 14 juillet.

On bosse comme des dingues le 14 juillet. J'hésite une seconde à lui expliquer que cette technicienne de labo devrait plutôt être un bel homme mais je renonce à l'idée de lui annoncer cela alors que notre amitié est encore récente.

– T'as pas tort, lui concédè-je, avant de dévorer mon sandwich plutôt que son profil.

Il ne s'est pas rasé depuis plusieurs jours et j'aime trop ça.

Je consulte ma montre.

– On a encore droit à dix minutes de pause. Pourrais-tu me dire pourquoi tu es ici à cuire avec moi au lieu de suivre tranquillement les exploits de la patrouille de France au-dessus des Champs-Élysées depuis ton fauteuil ? Ou de bronzer immobile et tranquille dans ton transat sur ta jolie pelouse ?

Je me mords la langue, trop tard pour retenir les mots. Bon, c'est vrai je l'ai vu allongé sur cette putain de chaise longue, à quelques mètres de chez moi, mais ça ne veut absolument pas dire que je l'espionne ? Une autre bouchée de sandwich me permet de cacher mon malaise, mais je ne le quitte pas du regard, attendant sa réponse.

– Je suis sûrement maso. J'aime suer, me lever à quatre heures du matin et j'adore les démangeaisons dues aux foins. À moins que ce ne soit tes sandwichs.

En riant, je sors de la glacière deux canettes de bière fraîche, lui en tends une et ouvre la mienne.

– Ça tombe bien. J'ai l'intention de te faire souffrir encore.

▀▄▀▄▀▄ ▀▄▀▄▀▄ 

Alex

Lorsque je descends du tracteur après avoir garé dans le hangar la remorque vide, je suis partagé entre une immense fatigue et le plaisir du travail accompli. Une vive douleur dans le dos me fait grimacer, mais je la masque vite alors que la silhouette fine de Raphaël apparaît dans l'embrasure de la porte.

— Ça va ?

Il est toujours aussi vif et dynamique alors que nous avons sept heures de boulot dans les pattes.

— Parfaitement bien.

Hors de question de passer pour un vieux qui se plaint du moindre bobo. Je suis quitte pour filer demain à la pharmacie acheter une pommade anti-inflammatoire et me débrouiller pour atteindre mes omoplates.

— Viens voir !

Intrigué par son appel, je le rejoins et mon regard suit la direction du sien.

Incroyable, le ciel si bleu il y a deux minutes est devenu noir et déjà un éclair vrille vers l'est. Je consulte ma montre

— Midi trente. Météo France n'est pas en défaut.

— Mais tu as mis à l'abri ton foin sec.

Il éclate de rire et passe son bras autour de mes épaules.

— Grâce à toi. Merci

Son accolade se resserre une seconde, le temps de sentir sa musculature sèche et puissante contre moi puis Raphaël reprend ses distances et s'avance de quelques pas hors de la grange.

Ensemble nous contemplons l'orage menaçant sur le point d'éclater.

Un second craquement, plus fort, plus proche fait japper le petit Jack Russel qui se réfugie entre les jambes de Raphaël. La jeune chienne, plus calme, se campe entre lui et moi. C'est alors que le spectacle commence.

La grange se trouve à une cinquantaine de mètres de la maison. Légèrement en hauteur, elle nous permet d'apprécier les éclairs zébrant le ciel obscurci au-dessus de nos maisons.

Alors que Luce aboie son désespoir, le premier nuage éclate au loin. Une averse fraîche fait fumer le sol poussiéreux du chemin.

– Trop tard.

Je me tourne vers Raphaël pour comprendre. Nous avons rentré tout ce qu'il fallait.

À mon interrogation muette, il répond :

– Nous allons être trempés avant même d'arriver chez moi.

– Tu crains une petite averse ?

Il rigole.

– Petite ? Tu crois ! On court ?

Sans attendre ma réponse, le tricheur se lance et disparaît presque sous le rideau de pluie, suivi par ses chiens. Il a raison, on sera trempé. Sans même presser le pas, je le suis. Mouillé pour mouillé, autant profiter de la douche fraîche et naturelle qui me débarrasse de la poussière accumulée. Ce n'est pas cette ondée qui va me faire fondre.

Lorsqu'un nouvel éclair illumine le ciel, j'ai l'impression que le châtaignier derrière ma propriété va prendre la foudre. Il résiste cependant et j'arrive dégoulinant, mais souriant comme un idiot devant la porte que Raphaël a laissée ouverte pour moi.

– Entre, j'ai déjà dégouliné sur le sol.

J'enlève tout de même mes vieilles baskets souillées de boue et mes chaussettes sous le porche et entre pieds nus.

Dehors, je ne sentais pas l'eau froide, désormais je commence à frissonner. Alors que je passe une main dans ma chevelure pour en chasser les gouttes qui veulent glisser dans mon cou et je reçois, sans avertissement, mais à point nommé, une serviette moelleuse et sèche sur le visage.

– Merci.

– Je te dégage la salle de bain, c'est un peu le bazar. Patiente une minute.

– C'est pas la peine, je vais rentrer chez moi. Tu sais que je n'habite pas très loin.

La tête de Raphaël, cheveux trempés et hirsutes, émerge d'une porte entrouverte sur la droite. Il ne sourit pas.

– Hors de question. Tu restes, tu te sèches et on mange ensemble. L'hospitalité auvergnate les jours de moissons, c'est un truc avec lequel je ne rigole pas. Je t'attacherai, s'il le faut, mais le repas de « batteuse » des anciens, c'est aujourd'hui et maintenant.

Je ne crois pas que ce soit une bonne idée, mais je suis bien et j'ai pas envie de me battre.

– OK.

J'ai à peine prononcé ce mot que Raphaël sort de la salle de bains et se précipite vers moi. Torse nu, il a placé une serviette rose fluo sur son cou qui n'ôte rien à sa sa virilité. Un sourire m'échappe.

– Jolie, fais-je en montrant du doigt l'objet coloré.

Surpris, Raphaël suit mon regard et secoue la tête.

– Tu veux les mêmes ? Va t'en acheter. Je garde les miennes. Allez viens. Enlève ton débardeur trempé, tu vas attraper la crève.

Il attrape mon épaule et me tire vers sa salle de bain. Sans réfléchir, je lui obéis et retire mon haut effectivement glacial.

– L'eau est chaude. Tu prends une douche pendant que je réchauffe le repas.

– Euh...

Il me tourne le dos et s'active devant moi, ramassant ce qui traîne un peu partout. Raphaël n'est clairement pas un maniaque du rangement. J'observe le tatouage, assez discret, qui orne son épaule droite. Un dessin traditionnel maori, un peu comme ceux que j'aurais voulu faire si Laetitia ne détestait pas cela, noir et sinueux accompagne parfaitement les mouvements de ses deltoïdes. Ce qui m'intrigue est plutôt la ligne d'encre rouge qui traverse en diagonale le motif à la façon d'un éclair pour finir à la base de sa nuque. Elle donne l'impression dérangeante que le motif est découpé en deux.

– Je n'ai pas besoin de douche.

– Si.

– Dois-je en déduire que je pue ?

Je croise les bras sur ma poitrine le défiant du regard comme un adolescent.

Il se retourne vers moi. Nos regards s'affrontent et après une légère crispation de sa mâchoire lorsqu'il note mon attitude provocatrice. Raphaël s'approche de moi, envahissant mon espace vital jusqu'à ce que son torse heurte mes avant-bras. Sans me quitter des yeux, il renifle discrètement.

– Tu veux vraiment une réponse ? Je crois que tu n'aimeras pas.

Il recule un peu et sourit. Encore. Dévoilant sa dentition parfaite et moqueuse.

– Je t'apporte de quoi te changer dans cinq minutes.

Il m'a véritablement reniflé ?

Alors que le grand brun sort de la salle de bain, je vérifie discrètement mon aisselle. Non j'ai bossé sous le cagnard, mais je suis acceptable. D'où sors ce type qui pense que... je vais me doucher chez lui ? Pourquoi l'ai-je provoqué ainsi ?

Torse nu toujours, bien décidé à reprendre le contrôle de mes décisions, je ressors de la salle de bain.

Raphaël, livide, a ouvert à un type planté devant sa porte.

L'homme, très jeune, est habillé de cuir noir, ses cheveux, trempés, d'un blond tirant sur le blanc trop long attaché en catogan, son pied et son bras maintiennent la porte d'entrée ouverte. Sa longue silhouette fine se dessine devant le ciel sombre. Dehors, la pluie tombe de plus belle. Alors que je note tous ces détails, Raphaël semble sur le point d'exploser de fureur.

– Raph, je suis venu jusqu'ici pour te parler. Laisse-moi entrer.

– Non. Dehors. Je ne veux plus entendre parler de vous. Vous n'existez plus pour moi. File Stéphane et oublie mon adresse.

– Je veux te parler de Mickael. Il aurait voulu...

– Non.

Je m'approche alors sans réfléchir et me poste à côté de Raphaël.

–Raph vous a demandé de partir.

– C'est qui lui ? De quoi il se mêle ?

Le gringalet commence à m'agacer et mes poings se crispent malgré moi. Cela fait quinze jours que je ne me suis pas défoulé sur quoi que ce soit. Il tombe à pic.

– Peu importe qui il est. Pars.

Ensemble, nous avançons et le type est obligé de reculer sous la pluie.

– Je reviendrai, Raph.

Il a jeté ces derniers mots comme une menace avant d'enfourcher une moto que je n'avais ni vu ni entendu.

Lorsque celle-ci disparaît sur la petite route, je tire Raphaël vers l'intérieur. Il semble en état de choc et referme la porte derrière nous. Sa peau est glacée sous mes doigts et il frissonne. Son éternel sourire a disparu et ses yeux noirs brillent d'une émotion que je n'identifie pas.

– Mon grand : TU vas à la douche, tu en as plus besoin que moi. Pendant ce temps, je trouverai bien dans ta cuisine de quoi réchauffer ce fameux repas de moissons.

Sans protester, il m'obéit et disparaît dans la salle de bain. Secouant la tête, je me demande si j'ai bien fait de le laisser seul.

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro