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4 - Premier soir

7 juillet — le soir

Alex

Lorsque je coupe le contact de ma voiture sur le bas-côté du chemin entre la maison de Raphaël Da Costa et la mienne, je suis encore un peu hésitant. Comme toujours depuis que j'ai rencontré cet homme.

– Allez ! Venez. Je ne vais pas vous manger. Vous m'avez l'air un peu trop coriace et j'attacherai Luce. Promis.

Un vrai p'tit plaisantin, mon voisin.

Je souffle intérieurement. Sa marque de fabrique dévoile ses dents parfaites alors qu'il se penche vers moi d'un air enjôleur. Reculant un peu sur mon siège, je fuis son regard. Je suis épuisé. Il fait presque nuit et socialiser... ça me désespère d'avance. Après une année scolaire à côtoyer cent cinquante personnes par jour, j'en peux plus.

Remuant la tête, je me tourne légèrement vers lui.

Putain, il occupe le terrain, il est vachement plus proche que je ne le pensais.

Prudemment, je me redresse contre le dossier et me racle la gorge, prêt à dire non ; mon regard croise le sien, attentif, bienveillant.

– Je... OK. Ça marche pour une bière.

Pourquoi j'ai dit cela, moi ?

Le sourire "dents blanches" devient éblouissant. Un peu de travers, mais séduisant. Enfin quand on apprécie les beaux ténébreux. Une sensation curieuse me pince la poitrine.

J'ai une furieuse envie de sortir de cette bagnole.

– Parfait ! Vous me donnez cinq minutes, Alex ? Je vous attends chez moi. Traînez pas et entrez sans frapper, je serais probablement dans le jardin.

En moins de cinq secondes, il bondit hors de ma Volvo, comme s'il ne voulait pas me laisser l'occasion de changer d'avis.

Sa silhouette longiligne disparaît absorbée par sa baraque.

Le coude sur mon volant, je respire soudain plus librement et contemple sa porte restée ouverte. Mes pensées se dispersent dans un flou comme souvent lorsque je suis fatigué. Cette tendance à "m'évader" agaçait fortement Laetitia.

Mon tee-shirt bleu est décidément trop grand pour lui. Il faudra que je le récupère, je l'adore, c'est l'un de mes préférés. Le coton bio est fichtrement doux.

Bien sûr, Alex, tu vas lui dire : "Raphaël, cher ami, veuillez me restituer mon vêtement, il s'agit d'un coton de qualité qui m'est indispensable de par l'aspect confortable de son tissu.".

Pourquoi ça me dérange qu'il garde mon tee-shirt ? Qui me dit qu'il le gardera ? Secouant la tête pour éloigner ces pensées futiles, j'extraie ma carcasse de la voiture et claque la porte derrière moi.

Bon, je dois attendre cinq minutes. Puis, je resterai quinze minutes chez lui, maximum, pour partager la bière d'accueil. Honnêtement, je ne peux pas rester moins. Il m'a aidé pour le félin rouquin tout de même. Il n'était pas obligé.

Donc à vingt-et-une heures, je suis au pieu.

Réjouissant programme. Mais cela fait partie des joies de la vie de célibataire : je me couche quand je veux. Avec qui je veux.

Alors que je pose mes clés sur la table ancienne qui fait office de meuble d'entrée, un miaulement insistant attire mon attention : la chatte écaille de tortue qui accompagnait le rouquin me suit à l'intérieur.

Sa mère probablement.

Elle se frotte contre mes chevilles. Pas timide la fille. Je pourrais être un psychopathe tueur de chat.

Le félin tourne dans la cuisine et la salle à manger reniflant dans les recoins, sa queue noire et rousse relevée en un S arrogant. J'observe son manège en me servant un verre d'eau tandis que la bestiole miaule de plus belle.

– Hé, ton gamin, il n'est pas là. Je te le ramène demain.

Fouillant dans mes placards, je trouve ce que je cherche : une boite de thon.

– Désolée, ma belle, je n'avais pas mis "croquettes pour squatters inattendus" sur ma liste de course ce matin. Il faudra t'en contenter.

Apparemment, ça lui convient. Après l'avoir reniflé quelques secondes, elle dévore rapidement la friandise. Son ronronnement résonne: oublié le gosse perdu. Elle veut juste remplir son estomac.

Pensif, je m'appuie contre le comptoir. Elle est belle, cette chatte. Pelage typique tricolore avec une dominante noire et rousse comme si elle était passée au-dessus d'un feu et que son pelage avait grillé au passage. À ce propos, on est en été, mais il faudra que je me procure du bois de chauffage, car l'immense âtre de la cheminée mérite de belles flambées et puis, ça caille ici, l'hiver. Je demanderai peut-être à mon voisin.

Je ne sais pas si je supporterai cette solitude. Pourtant il faudra bien, je me suis engagé au moins sur une année scolaire. Je suis un ours, certes, peu sociable — Laetitia me l'a reproché si souvent - mais de là à rester dans ce hameau perdu où, si je compte bien, nous ne sommes que quatre représentants de la lignée humaine.

Enfin, si Raphaël vit seul. Pourquoi ai-je supposé qu'il vivait seul ? Il est peut-être marié et croule sous les gosses. Je me demande comment peut être sa femme.

C'est un bel homme. Il a pour lui un sourire aguicheur, c'est un séducteur et en plus, il est serviable.

Je suis injuste, c'est pas un séducteur. Mais il possède un truc encore plus rare. Un truc qui plaît aux femmes : il charme sans le savoir.

Raphaël ressemble à mon fils, en fait. Romain est comme ça : depuis tout petit, tout le monde l'adore. Le charisme à l'état brut. Parfois, Laetitia et moi plaisantions en disant qu'il avait dû être échangé à la maternité. Vivi me ressemble : calme et posée, elle réfléchit avant d'agir et ne court pas après les rapports humains. De sa mère, elle a hérité d'un esprit scientifique et d'un manque de fantaisie qui me fait grincer des dents.

Romain, c'est... un bonheur. Il est tranquille, souriant et absolument pas stressé. Très fantasque, il agit comme il le souhaite, sans respecter les règles et en se foutant clairement de l'opinion des autres.

J'admire mon fils. Il a un sacré courage.

Perdu dans mes pensées, je ne vois pas le temps passer. Ce n'est que lorsque la chatte bondit sur le comptoir et approche son museau parfumé "saveur marine" de mon nez que je reviens à la réalité.

Mince, Raphaël doit m'attendre !

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Raphael.

Je me suis changé, troquant mon short ridicule contre un slim noir et un polo gris tout simple. Sans donner l'impression de rester négligé, mais sans qu'il ne s'imagine que je fais des efforts pour lui. De toute façon, il ne verra pas la pile de vêtements entassés sur mon lit qui n'ont pas réussi le test "je fais simple et cool" : j'ai fermé la porte de ma chambre chamboulée par mon stress. Dans la lueur orangée du soleil couchant, je regarde le pré voisin sans le voir.

Raph, sois simple et cool, c'est juste une bière entre voisins pour faire connaissance, tu ne vas pas le demander en mariage.

Certes non.

Mais.

Le voir s'inquiéter pour un minuscule chat qu'il ne connaissait pas vingt-quatre heures avant, discuter avec lui ou plutôt essuyer sa mauvaise humeur... J'avoue que c'est un cocktail explosif, en plus d'un physique qui réveille mes hormones.

J'avais dit cinq minutes. Nerveusement, je consulte ma montre. Sans surprise, le temps n'a avancé que de trente secondes depuis la dernière fois que je l'ai regardée. J'attends depuis une demi-heure.

J'expire doucement dans l'espoir de me calmer un peu. Je laisse la porte d'entrée entrouverte et attrapant ma bière, je sors dans le jardin. Mina me suit, collant à ma jambe. Pourquoi ai-je toujours l'impression qu'elle veille sur moi ?

Je la caresse doucement. Cela doit la rassurer sur mon bien-être, car elle file dehors rejoindre Luce qui adore vadrouiller à la nuit tombante.

Alex a sûrement changé d'avis.

Tant mieux.

Parce que... Alex m'intéresse trop.

Et ça, ça me stresse.

Il ne viendra pas.

La déception me fait grimacer. Je dois avoir un fond un peu maso que j'ignorais

Quoique avec Mickael...

Le petit souvenir flotte à la limite de ma conscience avant que je ne le repousse. Mickael, ou plutôt les souvenirs de lui, n'ont aucune place dans ma vie maintenant.

Cependant, après lui, je n'ai plus dragué. Parce que rechercher un partenaire dans une boîte de nuit pour un instant de plaisir, je n'appelle pas cela "draguer". Je n'ai d'ailleurs jamais été vraiment été doué pour cela. Et ici... la bière laisse soudain un goût amer sur ma langue.

Depuis mon arrivée en Auvergne, mes virées nocturnes dans les lieux de plaisirs de la ville la plus proche se comptent sur le doigt d'une main.

Pas envie, pas le temps.

Si ma libido se réveille à cause du grand brun, je vais devoir trouver une solution. Autre que d'agresser mon sexy et ronchon voisin.

Raphaël, 31 ans, célibataire. Une sérieuse et douloureuse histoire derrière lui. Cherche comment lier amitié et plus si affinités.

Je devrais tenter une annonce de ce genre. Les journaux locaux doivent avoir une rubrique rencontre. Un sourire ironique m'échappe. Nous sommes au fin fond du cul de la France profonde, au centre de la diagonale du vide, et la chance de trouver un partenaire de mon orientation sexuelle est malheureusement corrélée à l'âge et à la densité de la population locale. Autrement dit proche de zéro.

— Il y a quelqu'un ?

Belle voix grave.

Frisson le long de ma colonne vertébrale. C'est agréable.

Je ne l'attendais plus celui-là. Presque à regrets, je fais quelques pas en direction de la salle, afin qu'il me repère. Il ne s'est pas changé, même jean, même chemise ouverte et attend sur le seuil de ma maison, les mains dans les poches, jambes légèrement écartées bien implantées sur le sol.

— Entre. Luce et Mina sont sortis se promener. T'inquiète pas.

Ma voix et ma plaisanterie idiote le déstabilisent et Alex se dandine, passant d'un pied sur l'autre deux ou trois fois ; il plisse les yeux, ses prunelles grises concentrées sur moi, puis avance à l'intérieur. J'ai l'impression curieuse qu'il a pris une décision qui m'échappe totalement. Il ne tique pas au tutoiement qui m'apparaît si évident et je me détends un peu.

– Désolé pour le retard.

Il ne se justifie pas et j'aime cela. Après tout, c'est son droit.

– On passe au jardin, il fait bon et...

– Pas de problème.

Je m'écarte légèrement de la porte et il me frôle en sortant. Je serre les dents et reste planté, les mains dans les poches à surveiller alors qu'il découvre mon univers.

Mon jardinet est ridiculement petit par rapport à son propre parc qui le jouxte, juste derrière une haies de cotonéaster. À droite, j'ai placé une vieille table en fer forgé rectangulaire recouverte de céramique bleue et verte, chinée sur un marché. Son aspect exotique jure furieusement avec le vieux banc de bois typiquement auvergnat que j'ai recouvert de coussins beiges, mais je m'en fiche. Les couleurs vives me plaisent et sa petite taille correspond aux besoins du célibataire que je suis. J'y mange tous les soirs de mai à octobre, à l'abri sous l'avancée de bois que j'ai construit pour prolonger mon séjour. Les plantes commencent à envahir la pergola, donnant une ambiance assez sympa à cette saison. Sur la gauche, paradant sur le rectangle de pelouse laissé libre, deux transats moelleux se font face sous un parasol coloré.

Alex observe mon installation sans mot dire et jette un coup d'œil aux fenêtres de sa maison. Les trois chambres du premier étage sont parfaitement visibles de chez moi et si je n'avais pas été si attentif à ses réactions je n'aurais pas noté l'infime crispation de sa mâchoire.

– Ben oui, nous sommes de vrais voisins très proches. Si tu oublies une fenêtre ouverte et que l'orage menace, je ne pourrais le manquer... et si tu as besoin de café ou de ma trousse à pharmacie, fais-moi un signe.

Il se décrispe un peu et le quart de sourire que j'adore menace de se libérer, mais Alex gagne et reste impassible.

– Assieds-toi... Banc ou transat comme tu veux. Je vais chercher les bières promises.

Je parie avec mon double intérieur qu'il choisira le banc. Pour qu'il puisse se mettre à l'aise, autant que cela soit possible pour lui , je m'éclipse. Hors de sa vue, je prends le temps de respirer profondément. Sa proximité me perturbe comme lorsque j'étais ado et que j'avais craqué sur le capitaine de mon équipe de football, Antoine. Ledit Antoine n'en a jamais rien su. Comme il n'a jamais appris qu'il a été responsable de mon départ de l'équipe : je n'arrivais pas à suivre la trajectoire du ballon, car seule celle de son postérieur se déplaçant sur le terrain me captivait. L'entraîneur n'a pas aimé et m'a viré. Antoine est aussi responsable de mon coming-out et de mon départ de la maison paternelle à dix huit ans. Mon père n'a pas aimé et m'a viré.

Sortant du frigo un pack de Uberach, fourni par un ami alsacien, je rejoins, toujours aussi inquiet mon invité.

Gagné.

Il s'est assis sur le banc, mais, plus tranquille que je le pensais, il a étiré ses bras sur le dossier, faisant ressortir la musculature de ses biceps. Les jambes allongées, cheville droite posée sur la gauche, sa posture est enfin détendue. Je pousse devant lui le pack et lui tends le décapsuleur.

– Sers-toi.

– Merci.

Il fonctionne à l'économie de mots. Pourquoi pas. M'asseyant sur l'autre banc qui fait angle, je décide de laisser le silence s'installer un peu. Je n'ai aucune envie de me montrer envahissant, même si mille questions tournoient dans mon esprit.

– Tu vis seul ici ?

– La maison est-elle habitable ?

Nous avons parlé en même temps et sa question personnelle me surprend, mais j'y réponds avec plaisir avec un sourire.

– Oui, je suis seul et tranquille ici depuis... deux ans et demi, je crois. À ton tour.

– Est-ce que la maison est habitable ? Ça va... J'ai du travail pour dépoussiérer et lessiver, surtout pour meubler à mon goût, mais il n'y a pas de problèmes majeurs. L'eau et l'électricité fonctionnent toujours, malgré le ... décès de mon père.

– Je l'ai connu un peu, ton père. J'ai dû acheter la propriété aux cousins en novembre et ton père est décédé peu après.

– Cela fait un peu plus de deux ans en effet. Je ne suis pas revenu ici depuis l'enterrement. J'étais venu seul. Les enfants... n'avaient pas voulu.

– Tes enfants ont quel âge ? Ils ne sont pas dans le coin ? Ils sont avec leur mère ?

Le bombarder de questions n'est certainement pas une bonne chose, malgré mes craintes, Alex me répond.

– Ils sont jumeaux. Romain et Viviane ont vingt-un ans.

Ah. En effet. Je ne sais pas si j'aime l'idée que ses enfants ne soient clairement plus des enfants. Devant mon silence, il poursuit.

– Ils sont étudiants. Ils ne vivent donc plus avec leur mère.

Je l'observe en portant mon verre vers mes lèvres, il tourne son alliance. Soufflant discrètement, je me lance.

– Et toi ?

– Moi quoi ?

Il revient avec moi, son regard m'effleure, surpris.

– Toi, tu vis avec leur mère ?

– Non.

Un non clair, mais bref, celui qui te dit "c'est pas tes affaires". OK, j'ai compris. Je souris malgré tout. Peu à peu, j'arriverais à le déchiffrer. J'ai le temps.

Le temps aussi de comprendre ce que je veux faire de cette... proximité. J'étends ma jambe et nos chevilles se frôlent. Parfaitement conscient de mon geste, j'attends sa réaction. Rien. Apparemment il se fiche totalement de moi.

Le silence s'est de nouveau installé entre nous et si cela ne me dérange pas vraiment, j'aurais vraiment préféré que mon voisin soit plus... réceptif. La soirée risque d'être longue surtout si je louche trop sur ses lèvres qui lèchent le goulot.

Je choisis de me tourner un peu, pour me mettre plus à l'aise, et arrêter de le contempler comme si je n'avais pas vu d'homme attirant depuis une éternité, ce qui est le cas d'ailleurs.

Fermant les yeux, je me concentre sur les bruits de la campagne qui envahissent le crépuscule. Des criquets, les vaches dans l'étable qui soupirent encore plus bruyamment que moi. Les jappements des chiens dans le lointain. Un vrombissement de moto sur la route beaucoup plus loin et une sonnerie de téléphone. Inconnu.

– Désolé.

Alex se redresse et sort de sa poche un smartphone qu'il déverrouille rapidement. À la grimace et la crispation nouvelle de son maxillaire, je saisis que le correspondant n'est pas le bienvenu.

– Je dois décrocher.

Il m'avertit par politesse et je lui fais signe de procéder sans m'occuper de moi.

– Quoi ?

Curieuse façon d'accueillir son interlocuteur.

–....

– Bonsoir Laetitia.

Le ton est ironique et glacial et je suis heureux de ne pas être Laetitia.

– ....

– Tu plaisantes, j'espère ?

Deviner une conversation lorsqu'on entend qu'un des protagonistes est assez compliqué, mais si Laetitia est son ex, comme je l'espère, il ne semble pas la porter dans son coeur, même s'il porte encore son alliance.

– Non. Je ne comprends pas pourquoi j'aurais dû t'appeler en arrivant. Tu m'as répondu quand tu as mis mes affaires sur le palier ?

Je n'aime pas non plus ladite Laetitia et commence à me demander si je ne devrais pas disparaître pour laisser à Alex un peu d'intimité.

– ....

– Ça ne change rien : le résultat est là.

–...

– C'est ça. Bonne nuit.

Lorsqu'il raccroche, je saisis de la violence dans ses prunelles grises et une pointe d'autre chose. Une fragilité douloureuse qu'il éteint immédiatement.

– Je suis désolé, je vais rentrer. Je suis claqué et de mauvaise compagnie. Merci pour... tout ça.

Je n'ai pas le temps de me relever qu'il abandonne sa bouteille sur la table et s'enfuit comme s'il avait Luce à ses trousses. 

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