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1 - Au commencement : l'été

6 juillet

Alex  

Assommé par le voyage, je tiens à peine debout quand je glisse la clé dans la serrure de la maison. Ma maison.

Je n'allume même pas la lumière de la pièce à vivre et dépose lourdement mes deux valises sur le sol carrelé. L'odeur particulière de cette ancienne ferme chatouille mes narines, indéfinissable : un mélange de bois sec, de foin et de poussière. Dans l'obscurité, je me dirige vers l'escalier au fond de la pièce. Je connais si bien cette maison que je peux m'y diriger les yeux fermés.

En baillant je gravis d'un pas lourd l'escalier de bois qui grince. Les souvenirs de mon enfance menacent d'affluer, mais je les repousse.

Trop crevé.

Plus que quelques pas et j'arrive au bout du couloir. La chambre de mes grand-parents. La mienne maintenant. Là aussi le parquet grince, la maison accuse ses deux cents ans d'âge.

Je balance mon petit sac de voyage sur une chaise un peu branlante (me souvenir de ne pas poser mes quatre-vingt-dix kilos dessus) et file dans la salle de bains attenante pour uriner et me rafraîchir le visage.

Le grand brun aux cheveux courts avec ses yeux gris cernés de mauve me dévisage dans le miroir et accuse lui aussi ses quarante-deux ans et même un peu plus. Je passe une main lasse sur mon maxillaire mal rasé.

Si je dors pendant trois jours, les emmerdes et la fatigue s'envoleront-elles ?

De toute façon, je suis là pour ça. Partir. Oublier. Recommencer à zéro. Seul. On ne m'a pas donné le choix des cartes, mais la vie m'a appris à faire avec.

Bon Alex, cesse de ruminer sur ton sort. Va dormir.

Je baille une autre fois et salue mon reflet dans le miroir.

De retour dans ma chambre, je remarque la lueur nocturne qui filtre par les volets entrouverts. Sans réfléchir, je me dirige vers la porte-fenêtre et je les repousse doucement. Il doit être au moins deux heures du matin, et, si mon corps n'a qu'une envie : s'allonger, mon esprit reste curieusement en éveil, comme une lampe qui refuserait de s'éteindre.

Un bruit curieux attise ma curiosité. Un hululement, je n'ai pas entendu ce cri depuis mon enfance : il y avait des hiboux dans le grand arbre devant la maison, mais il a été abattu après la tempête de 1999. Une réponse lointaine au premier cri me fait vaguement sourire. Évidemment, ça me change du vacarme nocturne du centre-ville de Lyon.

Oubliant ma fatigue, j'ouvre grand la fenêtre laissant la tiédeur de cette nuit estivale pénétrer dans ma chambre. Machinalement, je saisis une cigarette dans le paquet placé, comme d'habitude, dans la poche arrière de mon jean. J'hésite à l'allumer. Je me suis promis mille fois d'arrêter. Haussant les épaules, je fais claquer mon briquet de luxe, cadeau d'adieu de mes collègues lyonnais. Eux n'en ont rien à foutre que je fasse un pas de plus vers l'enfer à chaque cigarette que je grille. La petite flamme grésille et j'inspire la bouffée odorante qui m'apaise instantanément. L'odeur du tabac me ravit autant qu'elle emmerdait Laetitia et faisait râler mes gosses.

Après quelques secondes de quiétude, je prends conscience de la multitude de bruissements qui vibrent autour de moi. Le vent, léger d'abord, mais aussi quelques souffles puissants et irréguliers. Je fronce un sourcil avant de comprendre. Le fermier voisin a dû mettre son troupeau de vaches dans le pré qui est à peine à dix mètres de la fenêtre. Ce doit donc être ces créatures idiotes et flegmatiques qui broutent non loin de moi. Elles sont aussi sûrement responsables de l'odeur de fumier qui me parvient par vague. Je renifle. Puis, je la repère enfin, provenant de ma chambre : l'odeur de ma grand-mère. Enfin non, ce n'est pas vraiment son odeur, mamie Jeanne est décédée il y a presque vingt ans, mais celle qui caractérise cette ferme. Ma madeleine de Proust à moi : mélange de foin séché au grand air, des meubles vernis fabriqués par Papi, de draps blancs lavés avec une lessive bizarre et de livres vieux de près d'un siècle.

Je vais être bien ici. Confit dans mes souvenirs d'enfance.

Je ricane en tirant une dernière taffe et m'apprête à coucher ma vieille carcasse épuisée lorsque soudain je les vois en levant la tête.

Punaise.

Cela fait si longtemps que je n'en avais pas vu autant. Ni d'aussi belles.

Sur le velours bleu-nuit du ciel, elles sont des milliers. Elles étincellent, piquetant leur support à la densité sombre et mouvante. Une brume grisâtre semble cacher certaines d'entre elles et je me demande s'il ne s'agit pas de la voie lactée. J'ai de sérieuses lacunes en astronomie. J'ai toujours été plus intéressé par les bestioles et le vivant que par les astres lointains et froids. De toute façon, l'essentiel n'est pas là. Elles sont devant moi accrochées au firmament depuis plus longtemps que mon pauvre esprit humain ne peut l'imaginer et seront là bien après qu'Homo sapiens ait détruit la vieille et sympathique sphère qui le nourrit.

Leur brillance, leur infini et la réalisation intime que j'ai de leur éloignement et de leur âge me saisissent.

Merci mon Dieu de me rappeler que je ne suis pas grand-chose dans l'immensité de cette vaste connerie de l'Univers. 

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Raphaël

Ça fait du bien.

Je m'étire pour décontracter mes muscles déjà assouplis par la longue douche tiède que je viens de m'accorder. La taille ceinte d'une serviette, je sors dans le jardinet à l'arrière de ma baraque. Frictionnant du bout des doigts mes cheveux afin qu'ils sèchent plus vite, je me dis que j'ai bien gagné un peu de repos. Il est deux heures du matin et j'ai sauvé Maggie.

Je sais, ce n'est qu'une vache. Une bonne grosse vieille vache normande qui ne produit plus de lait, ne vêlera plus, mais j'allais pas la laisser crever de cette putain de fièvre. Maintenant elle va bien, elle se repose dans l'étable voisine avec deux copines, pour qu'elle ne s'ennuie pas. J'entends le bruit de leurs chaînes de cou lorsqu'elles plongent leurs têtes dans la mangeoire. Je les ai gâtées. Foin de première qualité ce soir. Ben oui, le reste de la troupe est libre dans le pré, je ne vais pas en plus les priver de bonne bouffe ! Maggie va mieux. Un grand sourire, surement idiot, me barre le visage.

M'en fiche.

Il fait super bon. Je m'allonge sur un des transats verts et laisse tomber ma serviette sur le sol. Je laisse les rayons de la lune et de la nuit caresser ma peau. C'est le pied. En plus, je suis seul. Personne ne va hurler "au loup" en tombant sur ma... mes bijoux de famille. Dommage d'ailleurs.

Je rigole doucement et tente de caser ma carcasse dans cette chaise longue supposément confortable.

Le bonheur.

Le silence bruyant de la nuit auvergnate me berce. L'odeur de l'herbe coupée qui me confirme que j'ai bien bossé aujourd'hui encore. La tiédeur de la brise nocturne caresse mon épiderme avec une sensualité presque impudique.

Le ciel est beau, comme toujours ici. Celui qui n'a pas contemplé la voûte étoilée loin des lumières éternelles de la ville n'a rien vu. Chaque soir, je prends un putain de pied à les remercier de me permettre d'être là et de les admirer. La grande Ourse me fait immédiatement un clin d'œil, mais je suis avec plus d'attention le Dragon. Longue et discrète, cette constellation se déroule langoureusement entre les deux Ourses, je l'aime bien et c'est mon défi journalier de l'identifier avec précision chaque soir.

Ça y est, j'ai réussi. Je me congratule en caressant doucement mes abdos.

Le seul et unique problème de cette vie que je me suis choisi il y a deux ans, choquant mes parents à l'annonce de ma décision, le jour de mes trente ans, c'est la solitude.

St-Barthélémy : village le plus proche, dix kilomètres, 104 habitants, moyenne d'âge : 65 ans.

Quant à mon hameau,  Les Brandes, ... Il y a moi, mes deux voisins, les cousins fous 88 et 85 ans, vaccinés, mais pas toutes leurs dents. Leur ferme est à cinq mètres. L'autre ferme, plantée à moins de cent mètres de moi, est inhabitée. Sinon il y a mes deux chiens, Luce et Mina, mes poules, mes vaches et... les deux chats errants qui m'agacent à miauler toutes les nuits. Donc vous comprenez que je peux exhiber la nudité de mon corps d'athlète sans risquer ma vertu.

Dommage.

Je m'étire doucement, allongeant mes jambes. J'ai bien bossé et je vais peut-être m'endormir ici. Plaçant mes bras sous ma tête, je réfléchis à cette possibilité tentante si ce n'est que demain une dure journée m'attend pour préparer les foins et la moisson : j'aurais besoin de ma capacité musculaire optimale.

Une petite moue déçue sur les lèvres, je contemple la façade sombre de la maison voisine. C'est une sacrée belle ferme. Même abandonnée, les propriétaires la gardent en bon état. J'aurais préféré louer cette vieille baraque qui a vraiment du chien plutôt que le minuscule taudis que je tente de retaper. Mais ce dernier est lié à la propriété que j'exploite (ou qui m'exploite ?) depuis deux ans. Mon banquier me plume en se payant, à mes frais, des vacances de folie à Rio grâce au taux d'intérêts que j'ai mal négocié.

Je fronce les sourcils. Un truc est différent. La façade en pierre, percée de ces trois fenêtres au premier n'est pas comme d'habitude. L'une des fenêtres est ouverte et une cigarette rougeoie dans la nuit.

Le mec, car ça doit en être un, au vu de l'ombre que je distingue, fume à deux heures du matin ? Soit il adore l'idée de se fritter rapidement avec Lucifer - idée charmante, après tout, Lucifer a un sex-appeal extraordinaire - soit c'est sa gonzesse qui l'agace.

Dans tous les cas, il me semble que j'ai gagné de nouveaux voisins.

Merde ! Il faudra que je m'habille alors ? 

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