ıllıllı[ ᏞᎪᏙᎬᎡᏆᎬ ]ıllıllı

La scène qui se déroulait actuellement dans la rue ne manquait pas de faire rire les passants.

Un jeune homme à l'air affolé était en train de ramasser rapidement ses affaires éparpillées qui s'étaient précédemment échouées au sol. Ses cheveux couleur jais étaient balayés par une brise violente qui avait réussi à s'infiltrer dans les rues. Une main maintenait son linge contre lui tandis que l'autre passait distraitement dans sa chevelure, dégageant sa vue.

Il reprit sa marche et son rythme soutenue. Ses jambes avalèrent les derniers mètres le séparant de la laverie. Seulement, presque arrivé à destination, son regard qui observait ce qui l'entourait se bloqua sur quelque chose. Il s'arrêta et ses yeux ne voulurent plus se décoller de ce détail dans le paysage.

Une barre chocolatée. De sa marque préférée. Et visiblement c'était la dernière restante dans le rayon. Sans réfléchir, le garçon fit demi-tour et rentra dans la petite supérette.

La petite clochette annonça l'arrivée d'un nouveau client, et fit relever la tête de l'employé. À peine vit-il le garçon avec du linge froissé dans les bras, qu'il replongea immédiatement dans la lecture de son magazine. Le vendeur n'avait même pas l'air de trouver cette vision originale, son air blasé toujours collé à ses traits.

Les pieds du noiraud l'amenèrent rapidement devant l'étalage désiré. Il sourit en observant la dernière confiserie trôner au fond du carton. Sans attendre il la prit et continua son chemin au travers des rayons pour rejoindre la caisse.

Il fut étonné de voir la queue qui s'était formée en quelques instants. L'employé avait réellement l'air saoulé et ne mettait aucune énergie à sa tâche ce qui ne manquait pas de faire souffler les clients. Le jeune homme en profita pour observer les gens qui comme lui, attendaient impuissants derrière cette caisse.

Il s'attarda sur un homme en particulier. Celui-ci venait visiblement de sortir de son travail, le costard encore enfilé bien que sa cravate avait été à moitié retirée. Ses cheveux étaient en bataille, comme s'il y avait passé sa main encore et encore. Le sourcil de l'observateur silencieux se souleva en voyant que le salarié avait pour seul achat, une bouteille d'alcool. Et plutôt fort s'il croyait en son passif d'étudiant.

Il soupira une nouvelle fois, et en profita pour jeter un œil à son téléphone. 19h13, il espérait que faire une machine ne prenait pas trop de temps. Il avait hâte de rentrer fêter sa bonne nouvelle avec son meilleur ami.

Le garçon releva sa tête précipitamment en voyant la queue se réduire légèrement. C'était cette fois le tour d'une jeune femme. Il ne s'attarda pas trop longtemps sur elle et replongea sa tête sur son smartphone. La femme avait le même entrain que le vendeur mais était légèrement plus agressive. Ses yeux jetaient des éclairs de noirceur à quiconque croisait son regard. Elle paya et récupéra son dû en soufflant et sorti enfin en traînant des pieds.

Cinq minutes passèrent encore, et après un écolier ce fût enfin le tour du garçon et de sa friandise.

Le bip sonore de la machine résonna comme une divine mélodie quand il eut enfin sa barre chocolatée entre ses mains.

« 2000 wons, annonça l'employé de sa voix maussade. »

Le noiraud s'empressa de lui donner sa monnaie et sortit enfin du petit magasin.

Ayant les mains prises par son linge, il ne pouvait pas encore commencer sa douceur. Alors il se dépêcha de rejoindre une fois pour toute la petite laverie.

Avec son coude, le garçon ouvrit la porte de l'enseigne. Ses yeux balayèrent la pièce par réflexe. Un garçon était présent, assis sur un banc à côté d'une machine en route. Il était visiblement en train de dormir tout en écoutant de la musique s'il se fiait aux écouteurs vissés dans les oreilles de l'inconnu.

Le jeune homme s'approcha d'une des machines libres et resta bloqué quelques secondes. Comment est-ce que ça fonctionnait exactement? Il hésita.

Il jeta un coup d'œil au garçon présent dans la pièce, il n'aimerait pas être jugé à peine arrivé. Il sortit son téléphone et regarda sur internet si un tuto n'existerait pas dans le plus grand des hasards.

Un sourire radieux s'afficha sur son visage, il y en avait! Et cela n'avait pas l'air si compliqué. Méthodiquement il posa son portable sur la machine et suivi les instructions à la lettre. Il mit le linge dans la machine et referma bien fort la porte, comme indiqué. Ensuite il choisit la température mais pour son plus grand dam, il ne connaissait pas la nature de ses vêtements. Il soupira et rouvrit la porte pour jeter un œil aux étiquettes de ses vêtements.

Pendant ce temps, l'autre garçon présent dans la laverie avait ouvert un œil curieux. Il avait entendu le noiraud galérer avec l'appareil et cela l'amusait beaucoup. Il l'observa ensuite étudier attentivement les étiquettes des produits mis à disposition pour le lavage et il sourit encore un peu plus.

Ses lèvres fines n'arrêtaient pas de s'étirer toujours davantage en contemplant l'objet de sa distraction. Ses yeux en profitèrent pour descendre sur la silhouette élancée de son vis-à-vis. Il appréciait ce qu'il regardait. Des jambes visiblement musclées reposaient dans ce jean-slim aussi foncé que ses cheveux, et cela lui allait divinement bien. Et ne parlons pas de son t-shirt jaune parfaitement taillé, ni de son visage angélique.

Il détourna rapidement son regard, le rouge lui était monté aux joues à une vitesse hallucinante. Il se mit à observer la rue à travers les fenêtres, secouant sa tête au rythme de la musique résonnant dans ses oreilles pour se changer les idées.

Le noiraud referma son portefeuille et appuya finalement sur le bouton "Sᴛᴀʀᴛ". Il s'écrasa ensuite sans délicatesse sur le banc à côté de la machine. Il regarda l'heure et grimaça en voyant que l'heure avait bien avancé.

Heureux comme un enfant le jour de Noël, il s'empressa de prendre sa friandise préalablement achetée. Lorsque le chocolat rencontra ses papilles, ce fut une explosion de bonheur. Un feu d'artifice fusait dans son esprit tant il dégustait sa barre de chocolat. Les yeux fermés, il soufflait fort par le nez de contentement. Et l'autre garçon n'en louma aucune miette, presque hypnotisé par les traits du noiraud. Jusqu'à ce que celui-ci se réveille de sa torpeur, faisant détourner les yeux de l'autre. Une fois la confiserie terminée, il enfouie l'emballage dans sa poche.

Il en profita pour chercher dans son jean mais remarqua qu'il avait oublié ses écouteurs à l'appartement. Son crâne s'échoua contre le mur, il allait attendre une heure dans cette salle sans pouvoir se distraire comme il le souhaiterait.

Il se mit à envier fortement l'autre garçon qui observait dorénavant le paysage urbain. Il adorerait lui enlever ses oreillettes et s'enfuir à toutes jambes avec pour ne jamais revenir. Cette idée lui sembla bien pourrie après quelques secondes de recul.

Le jeune homme croisa ses bras et contempla le plafond en chuchotant les paroles d'une chanson qu'il avait en tête. Il se permit même d'élever un petit peu sa voix, n'ayant pas peur de se faire entendre par l'autre garçon grâce au bruit des machines et de ses écouteurs.

Les minutes passèrent, longues et silencieuses. Le garçon au haut couleur soleil avait vu son regard s'échouer sur celui à la chevelure brune. Et une chose l'avait frappée après de longs instants d'égarement.

Il était divinement mirifique.

Depuis, il ne se gênait pas pour laisser ses pupilles vagabonder sur lui. Il aimait ce qu'il regardait. Étonnamment il ne semblait plus s'ennuyer autant qu'avant.

L'heure avançait toujours plus, jusqu'à ce qu'il soit temps d'y aller pour l'inconnu. Il se redressa et se frotta les yeux, fatigué. Il ouvrit la porte de sa machine et fit de gestes mécaniques, comme imprimés dans la mémoire de ses muscles.

Dans le ventre du noiraud, quelque chose se serrait. Il n'avait aucune envie de voir l'autre garçon s'en aller. Il adorerait lui demander de rester et parler avec lui. Seulement il n'osait pas, pour une raison obscure.

En se retournant vers la sortie, ses yeux captèrent ceux du garçon toujours assis sur le banc. Il eu un moment d'arrêt, ne s'attendant pas à ce qu'il le fixe lui aussi.

Et une autre chose le fit hésiter à partir sans un regard en arrière. Le garçon à la chevelure onyx lui souriait d'une manière indescriptible. Il ne savait pas si c'était timide ou séducteur, mais ça lui fit monter le sang à la tête.

Perturbé, il ne répondit au garçon qu'avec une grimace ressemblant à peine à un sourire. Avant de franchir le pas de la porte, il tourna une dernière fois sa tête vers lui et repris contenance.

Leurs regards se croisèrent encore une fois. Et cette fois-ci, le brun répondit avec un clin d'oeil avant de s'effacer dans la rue.

Le noiraud resta interdit quelques secondes puis une mélodie rieuse mais néanmoins impressionnée traversa ses lèvres.

Son téléphone sonna au même moment, coupant court à son excitation. C'était son colocataire.

« Jimin? T'es où, j'viens d'arriver là.

— Je suis aller laver de quoi m'habiller demain.

— Vraiment? Wow je suis impressionné ça fait deux choses à fêter! Grouille-toi de revenir et de me raconter à quel point t'a galéré, se moqua-t-il.

— Hmm... resta-t-il silencieux perdu dans ses pensées. Eh Tae', la prochaine fois, je pourrais aller à la laverie?

— Euh ouai si tu veux, tant que tu niques pas mes affaires j'te laisse faire. Pourquoi cet engouement soudain pour la lessive?

— Rien... 'Fin c'est juste... J'aime bien c'est tout pourquoi tu demandes aussi toi? détourna-t-il le regard, gêné.

— Pour rien Jimin-ie, pour rien. »

Le noiraud ne le savait pas, mais à l'autre bout du fil son ami souriait amusé par la réaction du garçon. Connaissant son colocataire, il croyait percevoir pourquoi la lessive était si soudainement intéressante.

→𝓳𝓲𝓴𝓸𝓸𝓴