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70 • J'ARRIVE•


Jeudi 06 Mars 22h21

Le froid l'avait réveillé et le jour était tombé depuis bien longtemps. Hoseok avait les yeux rouges et la gorge sèche. Son téléphone était encore à ses côtés sur le canapé. Le châtain grogna et un frisson lui traversa le corps. Il attrapa du bout des doigts son sweat et ne traina pas une seconde de plus pour l'enfiler. Sa vision se balada sur son appartement. Ses yeux terminèrent leur course sur la table base et ces carcasses de bouteilles de bière qui y gisaient sur la table, là et sur le sol. Épuisé, il laissa échapper un long soupir, se remémorant ce qu'il avait fait avant de s'endormir toute l'après-midi. Et pourtant, même après des dizaines de boissons alcoolisées, il y pensait toujours. Il était toujours là, dans un coin de sa tête, à le narguer, lui rappeler de vieux et bons souvenirs qui lui brisaient davantage le cœur. Jungkook était toujours là. Et même l'alcool n'avait pas réussi à le lui faire oublier.

Le châtain se leva, une main sur son front chaud et fiévreux. Il déambulait dans le quasi noir de son appartement. Sa destination fut la salle de bain. Il fouilla une bonne dizaine de minutes dans un placard et y sortit une boite en carton de médicament qu'il n'avait pas réutilisé depuis des années. Le vieux carton de la boite à la peinture presque effacé indiquait Doliprane. Il en attrapa deux comprimés puis les enfourna dans sa bouche, ne sachant pas s'ils allaient vraiment fonctionner. Hoseok se baissa au robinet et avala ses deux cachets. L'eau sur son visage le réveilla un peu. Les souvenirs de la veille lui revenaient. Il alla chercher son téléphone, les yeux prêts à redevenir rouge à tous moments. Hoseok fit défiler ses contacts pour tomber sur celui de Yeji, il appela la jeune femme sans plus attendre. Au bout du fil, la femme, inquiète, lui répondit. La voix tremblante de Hoseok articula une phrase que la jeune femme peina à comprendre, puis il se laissa aller. Il laissa les larmes couler.

- Bouge pas, j'arrive.

Cette réplique termina l'appel et le silence, entrecoupé des respirations et sanglots du châtain. Elle n'avait pas menti, il venait de s'écouler une bonne dizaine de minutes et la rousse avait frappé à la porte. Hoseok s'en étonna, il alla lui ouvrir.

- Comment t'es entrée, il faut le code en bas...

- Viens-la !

La jeune femme sur ses grands talons le prit dans ses bars. Il se laissa étreindre, premièrement sans lui rendre aucun gestes, puis, ses bras entourèrent timidement à leur tour la taille de la femme. Elle le serra davantage, comme une mère, comme cette figure qu'il n'avait jamais eue. Un fin sourire incontrôlé contribua légèrement à tordre son visage, ses yeux écarquillés en étant un autre élément. Lui et Madame Kim n'avaient jamais vraiment partagé ce genre d'intimité. Sa tutrice ressentait une sorte de gène, c'est ce qu'il avait fini par croire. Les larmes coulaient, Hoseok ne savait plus si elle était douloureuse. Yeji l'étreignait comme ce que sa propre mère n'avait jamais fait. Puis la jeune femme mit fin tendrement à leur échange. Elle le regarda dans les yeux et lui ébouriffa les cheveux.

- C'est ma faute ? hein ?

- Mais pas du tout Hoseok, on en a parlé la dernière fois, ce n'est pas à cause de toi, c'est sa faute à lui ! d'accord ?

- Oui, mais si je n'en avais pas fait toute une histoire, on serait encore la tous les deux.

- Je sais, mais tu as le droit à un peu de respect toi aussi hein !

- Ça me tue de savoir que je lui ai peut-être fait du mal.

- Il t'en a fait aussi, je te signale ! allé viens t'assoir. Elle le guida jusqu'au canapé.

- Oui, mais je n'ai pas répondu à ses messages volontairement, lui, il avait peur être une raison et, il doit être en train de déprimer. Tout seul parce qu'il fait ça tout le temps, il dit que tout va bien alors que non et...

- Hoseok ! calme-toi, toi aussi, tu vas mal ! je vais aller voir sur son Instagram, il a peut-être posté quelque chose, elle prit son téléphone tout en continuant sa phrase, tu sais ce genre de poste un peu niais ou il se lamente en disant que l'amour, c'est de la-

- Je devais peut être allé m'excuser...

- Ah non ! je refuse, je vais voir sur son compte... bon, il n'a rien... et ses amis... je vais bien trouver quelque... Cho....se...

- Tas trouver quelque chose ?

- Hein ?

- Yeji ! montre-moi

- tu sais, ce n'est pas la peine après tout...

- Montre-moi s'il te plait...

- Bon... mais tu ne pleures pas hein ?

- Pourquoi je pleurerai ?

- Parce qu'il est en soirée avec ses potes...

Le silence reprit la conversation. Le châtain venait aussi d'entendre son cœur se briser une nouvelle fois. Une larme singulière coula sans un bruit sur sa joue gauche. Puis, dans un sanglot plus bruyant, les autres survirèrent. Yeji le prit dans ses bras. La soirée s'était terminée comme ça. Le châtain s'était endormi et la jeune femme était rentrée chez elle. Il lui manquait du sommeil et le lendemain, elle devait remplacer Hoseok a la supérette.



oOo


Vendredi 07 Mars 07h 53

Il venait d'allumer la boutique. La lumière s'était répandue dans tout le magasin et les rayons avaient alors présenté leurs étalages bien remplis. Ces jours-ci, ils ouvraient plus tard avec Yeji.Hoseok se dirigea vers sa caisse. En face de la sienne, celle de Jungkook la regardait, vide, encore. Il détourna le regard rapidement avant que les perles ne viennent à couler. Son téléphone résonna dans la pièce. Un message de la rousse apparut sur l'écran d'accueil. Il y lu qu'elle allait arriver dans quelques minutes. Ses doigts s'agitèrent mollement sur le clavier pour lui donner une réponse. Hoseok posa son portable sur le plan de travail et rejoignit le rayon des boissons réfrigérées. Le châtain s'arrêta devant la vitre. Après de longues minutes à choisir sa boisson, il attrapa un latté au chocolat, toujours dans une lenteur monotone. Ses pas traînaient par terre, mous, vide de sens, de vie et surtout d'envie. Il regagna sa caisse, s'y installa et attendit Yeji en se perdant sur son téléphone. Depuis peu, l'envie de lire lui était passé. Il avait rangé sa bibliothèque loin de ses yeux humides, elle lui rappelait le temps où il se perdait à regarder le noiraud du coin de l'œil au-dessus des pages.

Après quelques longues minutes à regarder des choses qu'il qualifiait débile sur Instagram, la jeune rousse arriva enfin. Elle avait à nouveau troqué ses escarpins pour des baskets de travail. Elle alla poser ses affaires. Le soleil inondait déjà tout le magasin de ses teintes orangées. Hoseok l'entendit revenir, il éteignit son téléphone et posa les yeux sur elle. Elle lui adressa un tendre sourire qui voulait transmettre de la force et du courage, c'est ce qu'en avait ressenti le châtain.

- Comment ça va toi aujourd'hui ?

- Hum, ça peut aller, ne t'en fait pas et toi, tu es resté tard chez moi hier à t'occuper de moi ?

- Non, minuit parce que tu parlais dans ton sommeil et que c'était super intéressant.

- Merci Yeji !

- Pour ?

- être resté auprès de moi, avoir rangé mon appartement, m'avoir rassuré et... tout en vrai, tu as fait beaucoup pour moi... il baissa la tête.

- Et j'en suis ravie, si je peux t'être utile, je suis heureuse.

- Il faut que j'aille distribuer des flyers... je te rembourserais apres tout ça !

- Paye déjà l'avocat, il ne te manque pas beaucoup !

- Oui, mais après, je dois te rembourser toutes les fois où tu as travaillé à ma place... c'est la moindre des choses !

- Tu as tout le temps et puis, j'y travail parce que ça me fait plaisir... enfin surtout parce que ma mère aurait aimé que je le fasse, alors je le fais...

- Et ton père, comment va-t-il ?

- Il est en soins, ça va bien mieux, après quelques mois, je serais plus la patronne ! un rire cristallin, mais gêné, s'échappa de sa bouche.

- S'il va mieux c'est génial !

- Hum. Elle acquiesça d'un hochement de tête ! bon allé, au travail, tu vas être en retard !

- Ouais, si le mec de la pizzeria est là déjà, c'est lui qui est toujours en retard à vrai dire...

- Pas une raison pour faire comme lui !

- Tu as raison ! j'y vais, je vais marcher, il fait beau aujourd'hui et pas froid en plus ! Il prit une grande inspiration et tenta d'afficher un sourire.

- Hoseok, ne te force pas à sourire quand tu ne vas pas bien...

- Je... Une larme s'échappa. Il se frappa mentalement d'avoir laissé cette perle dévoiler son vrai visage. Il me manque, ça me fait mal yeji...

- Je sais, je sais... viens là... elle le prit dans ses bras.

- Si j'avais fait une bêtise en partant... pourquoi je sens que c'est lui qui me contrôle, j'ai tellement... envie de répondre à ses messages... qu'est-ce que je dois faire...?

- Hoseok ! elle posa ses mains sur les épaules frêles de son vis-à-vis. Tu vas sécher ces larmes, allé travailler et on en reparle ce soir au téléphone d'accord !

- hummm....d'accord.

D'un revers de la manche, il épongea son visage. Puis il sortit, il marcha et marcha encore. La musique dans ses oreilles, il avait fini par mettre tout ça de côté pour la journée. Sur le passage piéton en face de lui, le feu allait bientôt passer au rouge, il pressa le pas pour ne pas être en retard. Le vendeur serait capable de lui faire la morale. Le châtain atteignit la rue. Il s'arrêta quelque instant avant de rentrer dans la boutique pour ranger ses écouteurs et prendre deux ou trois grandes inspirations.


oOo


Le châtain venait d'ouvrir la porte de la pizzeria. Le vendeur se tenait là, avachi sur sa chaise, à faire défiler les images sur son téléphone. Il arborait une nouvelle couleur de cheveux d'un bleu éclatant et les mèches bien plus courtes que la dernière fois, le châtain se retint de lui faire remarquer. Il s'avança et posa le carton avec les flyers et le costume dans un coin de la pièce. Le vendeur posa son téléphone brutalement sur le comptoir et posa son regard sur le châtain qui commençait à se sentir dévisagé. Il releva aussi ses yeux sur le vendeur et croisa son regard.

- Euh...c'est quoi ton nom à toi déjà ?

- Hein ? euh moi ?

- Non non, le pot de fleurs à côté de toi ?

- Ah... euh...

- Pardon, pardon... je recommence... il se redressa. Au fait, je suis malpoli, je ne t'ai même pas demandé ton nom ! lança-t-il d'un ton théâtral.

- je... m'appelle Hoseok !

- Hum Hoseok....alors Seokie, t'as quel âge ?

- je... j'ai vingt-cinq ans... mais, pourquoi tu me poses toutes ces questions...?

- Hein ? oh parce que j'en ai envie !

- Ah... d'accord...

- Donc Hoseok, vingt-cinq ans et distribue des bouts de papier moisis dans une pizzeria qui ne passerait pas le service sanitaire... pourquoi ?

- Parce que c'est payé ! et que je n'ai pas besoin de contrat de travail !

- hummm, t'as besoin d'être payé au black donc !

- J'ai besoin d'argent, c'est tout !

- D'accord... T'as pas des amis qui peuvent t'aider ?

- Tu veux plus que je travaille pour toi ?

- Ah si si ça m'arrange bien parce que je n'ai pas envie de remettre ce costume, plus jamais de ma vie.

- Tu m'étonnes. Se parla-t-il à lui-même.

- Et Seokie est en couple ?

- Non... je...

- Oh pardon, je voulais pas... je n'ai rien dit d'accord... tu vas à quelle fac ? peut-être qu'on n'est pas loin !

- Je ne vais pas à la fac, ça coute trop cher

- C'est pas payant...

- Si ça prend du temps, ce temps dont j'ai besoin pour gagner de l'argent.

- Ah oui, compréhensible...

- Bref... je peux...

- Ah oui, tiens ta paye et tu... tu peux y aller...

- Tu... m'a payé pour toute la journée...? j'ai fait que la matinée...

- Ouais... je suis pas la semaine prochaine... c'est... une avance sur ton salaire... voit ça comme ça !

- D'accord...



Et voici un petit chapitre dans le point de vue de Hoseok ! J'espère que ça vous a plu, on se retrouve samedi prochain pour le chapitre suivant :3

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