55 • INTERLUDE | Hoseok •
Le ciel commençait à se couvrir. Du haut de ses huit ans, le jeune châtain regardait les élèves de sa classe partirent aux côtés de leurs parents. Sur un banc de la cour de récréation, il attendait. Cette fois, il espérait de tout son cœur voir les longs cheveux noirs de sa mère se mouvoir au vent hivernal de la saison. Elle lui avait promis, enlacé son petit doigt et lui avait adressé un joli sourire débordant d'une confiance dont Hoseok était encore trop naïf pour y voir le mensonge d'une phrase jouée dans la comédie de sa vie. À chaque passant, il levait la tête, scrutant l'horizon sur la pointe de ses vieilles chaussures usées. Sous le préau, une maîtresse d'école le regardait les yeux noyés dans la compassion et la pitié. Hésitante, elle n'osait pas aller le voir par peur de se brusquer, le jeune garçon était peureux.
Elle se lança enfin après une longue minute de réflexion.
- Hoseok... ? l'interpella la femme d'une voix douce et rassurante.
Un long silence répondit à la jeune éducatrice. Elle prit précautionneusement place à côté de châtain sur le banc. Elle le regarda. Emmitouflée dans son écharpe bleue qui avait fait son âge trois fois, ses petites joues rouges ressortent, bien charnues. À cette vision, la femme fut adoucie et un léger sourire vint agrandir l'espace de sa bouche, dévoilant ses dents. Sans se retourner, le châtain vint briser le silence. La jeune femme, surprise, l'écouta.
- Elle ne viendra sûrement pas... avait-il enfin lancé à demi-mots.
- Je ne sais pas Hoseok, si tu désires attendre encore un peu, je reste avec toi jusqu'à ce que ce soit l'heure de la fermeture. Enchaîna-t-elle dans une délicatesse fluide et soyeuse.
- Non... je vais rentrer à pied, sinon je vais me faire engueuler...
- D'accord, fait attention sur la route. Si tu as le moindre problème, reviens ici.
- merci...
Sans un seul regard, il descendit du banc et quitta la cour de récréation pour rejoindre la sortie. La neige menaçait de tomber, la nuit, elle avait déjà sauté le pas. Les voitures se faisaient rares, le châtain marchait à petit pas sur le trottoir pour regagner son chez-lui. Il prenait de grandes inspirations, porté par l'air frais de la saison. Emmitouflé dans son écharpe, un léger sourire illustrait cet air serein sur son visage. Sa maison n'était pas si loin, pourtant ses petites jambes n'aimaient pas faire bon nombre de kilomètres. L'aube se couchait presque derrière les collines à l'horizon, donnant cette couleur rosée au ciel, qui semblait toutefois gris. Hoseok n'avait pas conscience de ce que le ciel pouvait bien présager, encore baigné d'insouciance. Il traversa la rue, évita le goudron pour ne marcher que sur le passage clouté et regagna le trottoir dans un saut enfantin, animé d'un rictus d'amusement.
Sa maison se dessinait quelques rues plus loin. Une petite maison dans la campagne reculée de Séoul, tout ce que pouvaient espérer des parents avec un enfant. Des barrières en bois blanc un peu usées délimitaient un faible jardin qui était défraîchi. En réalité, de loin, cette maison paraissait normale, mais plus on se rapprochait, plus elle se montrait vieille et en piteux état. Le crépi de la façade commençait à se détacher du mur, les poubelles n'avaient pas été sorties depuis bien longtemps. Le froid rentrait dans cette maison, la porte ne fermait d'ailleurs pas très bien. Le jeune garçon avait toujours redouté l'hiver, il tombait souvent malade et la plupart du temps, on ne prenait pas le temps de le soigner comme il faut.
Hoseok s'arrêta quelque maison avant la sienne. Il prit une énième respiration, anticipant les plaintes de son père, tel des pieux en plein cœur. Il devait résister, il ne devait pas pleurer, sinon il ne donnait pas chère de lui-même. Sa mère lui pansait ses blessures tard le soir quand la maison dormait, sûrement comme à son habitude. À petit pas, il avança, même s'il voulait faire demi-tour, son corps ne répondit pas, comme obéissant à des lois ridicules.
Il poussa la porte à peine fermée doucement et fut interpellé par les cris qui se jouaient à l'intérieur du domicile. Le châtain resta caché derrière la lourde porte à écouter son père hurler à pleins poumons sur sa mère qui était déjà au sol. Hoseok paniqua, un long frisson lui remonta la colonne vertébrale, il se crispa comme si une main venait de lui attraper le dos. Par réflexe, il passa la main à l'arrière de son manteau. Une larme coula malheureusement sur sa joue, involontaire. Sa respiration s'accélère, il ne sut comment inverser le processus. L'air était comme bloqué, elle ne voulait plus alimenter ses voies respiratoires. Un énorme fracas de verre brisé se fit entendre à l'intérieur. Les yeux du châtain s'écarquillèrent et il rentra hâtivement pour voir si sa mère avait été touchée.
La scène le paralyse. Le rouge sang remplissait son champ de vision. Un corps inconnu gisait au sol du salon, à côté de sa mère, les yeux remplis de terreur face à son jeune enfant qui venait de franchir les portes de l'enfer. Elle tenta tant bien que mal de se redresser pour supplier le châtain de quitter cette maison, de fuir loin, d'attendre Nayung et de se protéger. Mais il n'en fit rien, ses jambes autant faibles que d'acier ne vacillait pas, pourtant tremblante, son corps refusait de bouger, d'obéir. Son père continuait de casser des assiettes et d'autres objets dans un bruit monstre. Assourdissant pour le jeune homme qui n'avait même pas la force de lever ses mains pour couvrir ses oreilles. Sa mère non plus ne parvenait pas à se lever, sa jambe était pleine de sang et elle était arrosée d'éclats de verre. Les larmes dévalaient sur ses joues alors qu'elle faisait signe à son fils de partir. Le bruit s'arrêta. Les regards se tournèrent vers le père du châtain qui avait compris que son fils était rentré.
Il balança le dernier vase qu'il tenait encore entre ses doigts et s'avança doucement vers le châtain. Hoseok aurait voulu fuir, partir, aller chez madame Kim même s'il fallait marcher des kilomètres, courir des centaines de bornes et user davantage ses chaussures qui étaient en piteux état. Mais ses muscles refusaient de le laisser faire, il criait à l'intérieur, il se criait de bouger ne serait-ce qu'un petit orteil, prouver qu'il ne s'était pas complètement momifié.
- Dans ta chambre et pas bougé, c'est compris ? Grogna le père.
De glace, il resta stoïque, les pieds scotchés au sol face au regard destructeur de son père. L'homme se rapprochait pas à pas et le châtain ne savait que faire. Il priait pour que quelque chose le libère, retiennent son père, que le temps s'arrête ou encore d'autres choses. La main de l'homme se leva au-dessus de lui, mais sa mère s'était levée et elle s'était agrippée de toutes ses forces au bras qui menaçait de s'abattre sur Hoseok. Après ça, le jeune garçon avait fermé les yeux et il s'était écroulé, faisant un malaise. La dernière chose qu'il avait entrevue avant que ses paupières ne se ferment complètement était le sang de cette énième personne qu'il ne connaissait pas.
Le châtain se réveilla. Vêtu de vêtements qu'il ne connaissait pas, il était dans une chambre toute blanche. Le tintement d'une machine attira son attention à sa gauche. Son rythme cardiaque était affiché sur l'électrocardiogramme, les fréquences de son cœur provoquaient un petit 'bip' désagréable. Le châtain voyait encore un peu flou, mais il se perdit à observer le reste de la chambre, sans vraiment se redresser de son coussin. Dehors, il faisait nuit. L'endroit était pourtant bien éclairé, car le centre gardait pas mal de pièces en lumière. Avec difficulté, le jeune garçon se redressa de son coussin. La chambre était à moitié bleue et blanche et ne comportait que très peu de décoration. Une table où étaient posées ses affaires et un manteau inconnu. Quelque mètres plus loin, sur un petit fauteuil, une femme de l'age de sa mère s'était assoupie, elle gardait dans ses mains, son téléphone. Le châtain l'avait reconnue.
- Madame Kim ?
Cette dernière se réveilla, surprise par le bruit qui avait soudain envahi la pièce. Son visage se montait fatigué, les cernes l'avaient envahis et les larmes avaient rougi ses yeux perçants. Elle se releva et avança son fauteuil jusqu'au lit de son convalescent. La femme saisit doucement la main du châtain et elle afficha un faible sourire, venant briser cette barrière qui devait stopper toutes larmes encore en réserve. L'incompréhension se lisait dans les yeux du malade. Hoseok avait un vrai trou de mémoire, que s'était-il passé après qu'il se soit évanoui ? Sa mère, comment allait-elle ? Qu'avaient-ils fait de son père ? Pourquoi Nayung était-elle là ? Trop de questions trottaient dans sa tête, comment trouver les réponses alors que sa petite tête était encore dans le flou.
- Comment tu te sens mon ange ? tu vas bien ? Demanda madame Kim
- Je... j'ai mal à la tête... pourquoi tu es là, où est maman ?
- Il y a eu un problème chez-toi mon ange et ta maman a essayé de te protéger... Elle... Un sanglot lui échappe, elle ne va pas bien mon chéri, elle est un peu malade...
Le châtain resta calme, il ne comprenait pas pourquoi il était si calme. Il n'arrivait pas à réaliser ce que venait de lui dire Nayung. L'information restait en dehors de ses pensées. Essayant à tout pris de préserver son innocence et cette âme enfantine qui lui avait été bien trop tôt. La porte s'ouvrit, une femme s'engouffra dans la chambre, refermant la porte derrière elle. Vêtu de son uniforme de policière, elle tenait dans sa main un petit carnet, venu pour faire la déposition du jeune garçon, sans aucun doute. Elle prit une chaise et les salua avant de se présenter.
- Bonjour, je suis l'agent en charge de toi petit bout de chou, tout va bien se passer, je te le promets, il te suffit juste de répondre à ces questions, il n'y a pas de réponse fausse, dis-moi juste ce que tu as vu d'accord ? Elle affichait un large sourire qui ne sembla pas faire bouger le châtain en face d'elle.
- Il n'est pas très bavard avec les gens qu'il ne connaît pas... s'enquilla Nayung pour mettre au clair les ressentis de son petit protégé.
- Je vois, pas de soucis, on fera comme bon te semble, si tu ne veux pas répondre, je ne te force pas, ne dis rien.
Le châtain opina sans jeter de coup d'œil à la jeune policière.
- Très bien, tu te souviens combien vous étiez dans la pièce ?
- ... Trois... Non quatre il...il y avait quelqu'un par terre, plein de sang...
- Tu es arrivé dans la maison quand il était encore debout ?
- Non.
- Que faisait ton père quand tu es rentré chez toi Hoseok ?
- Il... il cassait des trucs en verre... Les larmes lui montaient aux yeux.
- Il t'as fait mal ?
- non... Mais à maman oui...Il... lui fait toujours mal et je... je ne fais jamais rien... sa gorge se noua.
- Ce n'est pas ta faute jeune homme...Tu sais où était ta maman quand tu es rentré dans la maison ?
- elle...elle était sur le sol, et je...je crois qu'elle avait... mal à la jambe.
Nayung ne savait-elle non plus pas ce qu'il s'était passé, elle essayait de faire le lien entre tout ce qu'il s'était produit de soir, mais rien n'avait de sens. La jeune femme avait rassuré le petit garçon et avait quitté la pièce. Madame Kim n'avait pas pu s'empêcher de la rattraper pour lui demander plus amples détails.
- Madame, je..excusez-moi, je suis une amie très proche de la famille et je...je voulais savoir..que s'est il passé ? J'ai du mal à comprendre à mettre les pièces du puzzle dans l'ordre...
- La seule hypothèse qu'on essaye de prouver et que monsieur Park Hyoji aurait tué Choi Sooyung mais reste à savoir ce qu'elle faisait là-bas, avec la mère de ce petit... si vous avez des-
- C'est une amie...Choi Sooyung était une amie de Jung Hyunae, si elle était avec la mère de Hoseok c'est sûrement qu'elle avait prévu d'emmener le jeune garçon loin de son père pour qu'il vive une meilleure vie... Un sanglot là traversa une fois de plus.
- Pourriez-vous venir faire une déposition au poste demain ? Vos informations sont cruciales pour rendre justice à cette famille, ou du moins ce qu'il en reste. Si nous arrivons à prouver la culpabilité de Park Hyoji, il encourra trente ans de réclusion criminelle.
- Sans problèmes, je viendrai si je peux obtenir justice pour Hoseok et sa mère, Hyunae...
La femme retourna auprès de Hoseok. Il regardait de vide de la pièce. Il n'avait même pas tourné la tête à la venue de madame Kim. Cette dernière était venue reprendre place sur son fauteuil. Bientôt, une infirmière allait arriver pour prendre la tension du jeune garçon et lui donner à manger. Une larme silencieuse coula sur la joue du convalescent. La femme le remarqua et elle le prit dans ses bars. Hoseok répondit faiblement à l'étreinte.
- Je suis là mon ange, on veillera sur ta mère toi et moi, hein ?
Ahh la guitar, ma faiblesse....bref
Voilà un petit interlude flashback de l'enfance de Hoseok, j'espère que ça vous aura plu, on commence à rentrer dans le vif du sujet ! Leur passé. L'histoire est encore loin d'être fini !
Désolé de le poster un jour en retard mais les cours me prennent plus de temps que prévu mdrr x') je pense à passer les update de Sunflower le dimanche maintenant ! Je sais pas si c'est une bonne idée :/
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