35 • LE RAYON CÉRÉALES •
La supérette était déjà ouverte. Hoseok rangeait des boîtes de céréales à leurs places sur une des nombreuses étagères. Le bruit incessant de l'horloge le faisait tiquer chaque fois qu'une seconde s'écoulait, résonant dans sa tête comme s'il devenait de plus en plus fort, encore et encore, couvrant le silence du magasin qui était d'autant plus bruyant. Cela faisait trois mois que le châtain restait seul dans cette supérette, Jungkook n'avait pas quitté le nez de son travail, il disait sans cesse devoir travailler et qu'il n'avait plus le temps pour le magasin.
Hoseok avait compris sur le coup, mais plus les mois passaient, plus il devenait fou. Vivant la peur au ventre que Yeji ou, plus improbable encore, son père revienne pour le prendre la main dans le sac, seul à travailler sans que Jungkook sois là pour lui tenir compagnie, parce que oui, on ne pouvait pas vraiment dire qu'ils vendaient quoi que ce sois, ils étaient plutôt des gardiens de magasin, et se tenaient mutuellement compagnie en jouant aux cartes ou en se regardant dans le blanc des yeux en écoutant les précieuses secondes de la vie s'écouler sur l'horloge du magasin, leur laissant que l'ennui pour les divertir.
Six heures du matin, les néons grésillaient, éclairant qu'une faible partie du parking. La porte s'ouvrît dans un petit bruit de sonnette qui indiquait un nouveau client. Un sursaut passa les épaules d'Hoseok et ses battements de cœur s'accélèreraient subitement. Il se retourna et lança à travers les rayons du magasin une phrase typique de personnes inscrit en top trois des personnages tués dans les trois premières minutes d'un film d'horreur. Quelque chose du genre «Il y a quelqu'un ?». Sa réplique sonna petite et dénuée de toute confiance. Néanmoins, il avança vers l'entrée pour voir qui avait franchi les portes.
Il s'arrêta, net. Là, dans l'entrée, la porte encore ouverte, laissant passer un léger courant d'air dans ses cheveux soyeux, il venait d'arriver. Le temps sembla s'arrêter. Le bruit de la boîte de céréales qu'il venait de tomber sur le sol le ramena à la réalité. Il cligna plusieurs fois des yeux pour être sûr de bien voir ce qu'il avait sous les yeux, à force d'être seul, sa tête lui jouait peut-être des tours. Pourtant, non, il était bien réel. Un sourire apparu aux bords des lèvres du châtain et elles soufflaient faiblement :
- Jungkook...
Il se laissa aller pour venir le prendre dans ses bras, au détriment de toutes ces boites qui attendait patiemment qu'on les range sur une étagère. Jungkook répondit à son étreinte. Ces quelques minutes résumaient tout ce qui leur avait manqué pendant ces trois mois. Après cette après-midi cinéma, il avait prétexté devoir rendre un travail et avait quitté le salon pour s'enfermer dans sa chambre. Avait alors commencé une longue absence ou les diners, petit déjeuner, activité et vie commune était rythmé de vide et d'un trio qui se sentait mal à l'aise sans le pilier de cette maison. Les seuls endroits où l'on pouvait le trouver était au café, mais lequel ? Il changeait tellement. La supérette était devenue optionnelle, une option qu'il avait préféré mettre de côté, dans un coin de sa tête. Le châtain avait envoyé des messages, mais ses réponses négatives avaient fini par remplir la conversation et avaient coupé le fil, laissant des vides, là où personne ne voulait déranger l'autre.
En réalité, il ne travaillait pas tant que ça, ce qu'il voulait était seulement se remettre les idées en place. Il avait été témoin d'une phase de lui qu'il ne connaissait pas et il avait finalement prit conscience qu'il ne comprenait pas d'où elle venait, cette horrible jalousie maladive. Au lieu de rentrer, il avait fait le tour des bibliothèques de la ville, avait à peu près lut l'intégralité de la littérature coréenne et inventé une dizaine de projets aboutis qu'il aurait pu présenter à un réalisateur qualifié. Il avait passé le début de ses nuits dans des cybercafés à attendre que la source de ses questionnements s'endorme lourdement pour ne pas l'entendre tourner la clé dans la serrure.
Ce temps de latence qui les avait accompagnés se termina, et ils se détachèrent après avoir réalisé leur action. Les joues cramoisies, ils hésitaient à lancer la discussion, ne sachant pas quoi dire ou comment réagir. C'est le noiraud qui brisa ce long silence qui s'était instauré entre eux.
- Alors la boutique ? Tout va bien ?
- Je..ouais, je rangeais des boites, des boites de céréales. Il passa sa main dans sa nuque par réflexe.
Silence.
- Ah ouais, bah je..je vais t'aider ! Un bref sourire occupa ses lèvres puis il se dirigea dans la réserve pour prendre son tablier.
L'ambiance n'était pas tendue, mais étrange. Comme deux inconnues qui auraient dû sympathiser du jour au lendemain, ils se regardaient de biais, un sourire gêné pendu à leurs lèvres. Ne sachant pas comment lancer des phrases si simples, tellement simples. Pourtant, aussi bêtement, elles ne sortaient pas ces phrases si banales. Jungkook les avaient dans la tête mais, les lèvres pincées, elle restait dans sa bouche et n'avait pas l'occasion d'aller jusqu'aux oreilles de son collègue.
Son tablier en main, il l'attacha maladroitement, sans un bruit. Il s'installa à la caisse qui lui était destinée et regarda ses doigts s'entremêler les uns sur les autres. Inlassablement. Le châtain lui regardait son téléphone, pour éviter de lever le regard vers celui qui lui faisait se poser tant de questions. Le noiraud tournait sur sa chaise à roulette, faisant couiner le mécanisme rouillé de l'assise. Hoseok releva le regard, malgré ses efforts pour rester concentré sur le fil interminable d'Instagram. Un petit rire, un simple souffle, s'échappa de la bouche du châtain. Jungkook releva la tête et s'arrêta en passant sa main dans ses cheveux, le regard évasif.
drrring...
La sonnerie du téléphone de Jungkook les avait fait sursauter. Le noiraud décrocha rapidement pour faire taire son cellulaire. Taehyung était à l'autre bout du fil et lui reprochait d'avoir coupé court à leur soirée de la veille. Il se leva et commença à marcher frénétiquement dans les rayons de la petite boutique, il en avait vite fait le tour, mais il recommençait pour ne pas que Hoseok ne s'intéresse à leur conversation. Ce qui s'avéra complètement raté, par le simple fait que le noiraud faisait des rondes comme un gardien de prison lors de son premier jour.
- Parles moins fort putain Tae. je ne suis pas seul. chuchota t il près de son micro pour le concerné.
- Oui ça va j'ai compris. Enfin non j'ai pas compris, pourquoi tu mens à ta mère que tu vas a des soirée avec moi, tu as bien le droit.
- Des soirées ? une soirée pour être exacte, et c'était une erreur, je n'aurais pas dû te suivre. marmonna-t-il agacé dans son cellulaire.
- Mais elle ne te laisse pas vivre ? tu n'as pas le droit ? Ah c'est une question de relations, elle pense que son petit garçon fréquente des vilains dealer de drogue ? Je peux lui présenter mes parens si elle veut comme ça elle sera plus sereine.
- Non ! affirma Jungkook en haussant un peu le ton. Surtout pas, ça serait tragique, elle va te détester c'est sûr !
- Me détester ! Pfff, personne n'est autorisé à me détester, c'est tout, je suis sûr qu'elle ne résistera pas elle non plus !
- Oui, qu'est ce que j'ai fais de dire ça a un narcissique moi, tu as raison Tae c'est sur qu'elle va t'aimer...
- bah voila, plus de problème alors, pourquoi t'as dit ça si tu savais qu'elle ne pouvait que me porter dans son cœur de fan de Kim Taehyung ?
- je... je voulais te garder pour moi mon petit Taetae...
- Que c'est mignon, c'est vrai que si elle me voit tu n'auras plus l'exclusivité, ça c'est sûr ! bon, pas de dîner alors...Il faut lui dire que je viens d'une famille riche, même avec mon nom ça devrait passé, elle va dire oui tout de suite, aucun Kim Taehyung n'est dealer de drogue, c'est sur ! ajouta t-il, confiant.
- Exactement t'as tout compris, un vrai génie celui-là ! oh voilà ma mère, je vais te laisser, je vais aller lui dire que t'es pas un charlatan, a plus Tae.
- C'est ça fille, dis lui bien hein ! Un charlatan, non mais je rêve...il coupa de lui-même la conversation téléphonique sans laisser le noiraud dire un simple "à plus".
Jungkook laissa tomber ses épaules et souffla les yeux clos. Le stress quitta doucement son corps, il calma sa respiration. Au milieu des conserves de légumes, il se remémorait cette fameuse soirée qu'il avait fait la veille. Un sourire s'afficha sur son visage, il se frotta la figure pour faire partir ces images. Après avoir retrouvé ses esprits, il retourna sur sa chaise, poker face.
- Alors..
- alors...quoi ? demanda le noiraud innocent.
- comme ça tu vas a des soirées toi maintenant ?
- tu...tu m'a entendu...?
- Le magasin est minuscule Jungkook, c'est pas comme si c'était le château de Versailles quoi que ça se rapprocherait mieux de la chapelle sixtine niveau résonance, enfin...tu vois ce que je veux dire !
-je...oui c'est vrai, il tourna la tete pour se parler a lui meme, merde j'aurais dû aller dehors, quel con !
- Je croyais que tu détestais ça, je t'ai vu plusieurs fois mépriser des gens qui achètent de l'alcool ici, j'espère que tu t'es bien amusé au moins.
- Non, c'était vraiment merdique, et je méprise toujours autant les addicts de la boisson, je trouve ça débile !
Hoseok ne répondit pas. Il lui adressa un simple sourire qui signifiait bien plus qu'une simple phrase. Ce sourire persistait sur les lèvres du châtain. Ce dernier retourna sur son téléphone et ses yeux défilèrent de nouveau le film infini de l'application. Les doigts de Jungkook s'étaient rejoints pour s'entortiller les uns avec les autres une fois de plus. Un léger soleil commençait à éclairer le magasin par la grande baie vitrée.
Me voilà de retour avec Sunflower ! J'espère que le chapitre vous a plu ! Moi j'ai pris beaucoup de plaisir à l'écrire, j'ai fait une longue pause et je m'en excuse. ( Le bac en est la raison x') )
Bref, sur ce, je reprends enfin cette histoire avec beaucoup de chapitres d'avance ! J'espère également que la suite vous plaira ;)))
Bizzzzz :33
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro