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[BONUS] Il fut un temps...



13 ANS PLUS TARD

La voiture ronronnait. Stationnée en face de l'école primaire de la ville, Chan attendait. Une petite musique des années deux-mille s'échappait par les fenêtres de la voiture qui restaient grandes ouvertes, laissant entrer un petit courant d'air. Le soleil de ce début de printemps tapait sur la carrosserie noire de la voiture de travail du blondinet qui attendait patiemment, l'air conditionné en plein visage.

Une sonnerie se fit entendre. L'entrée de l'école ne tarda pas à se remplir d'enfants. Le blond ne s'aventurait jamais là-bas comme tous les autres parents, il disait que c'était une perte de temps et qu'il fallait mieux attendre à l'extérieur de la foule pour pouvoir partir plus vite. Bien sûr, il passait outre les reproches de Minho qui le sermonnait à chaque fois, répétant sans cesse qu'il ne fallait pas laisser un enfant de 10 ans traverser la route tout seul.

Et à chaque fois, sa seule excuse était « désolé, je n'ai pas eu la même enfance que toi » ou encore « ma mère n'était jamais à la maison pour me dire de faire attention à la route et pourtant je suis toujours en vie. ». Malgré tout, dès que la sonnerie retentissait, il sortait de son véhicule pour voir si la circulation allait poser problème comme son copilote lui avait tant répété. Adossé sur la porte du côté passager, il attendait en scrutant l'horizon.

Un sourire se dressa sur son visage lorsqu'il aperçut le petit bout de chou qu'il était venu chercher. Son cœur s'accélérant, il regardait de chaque côté de la route à plusieurs reprises, mais l'enfant s'arrêta en regardant le blondinet. Il lui fit signe de la tête en guise de feu vert, puis le bambin s'empressa de traverser la route pour sauter dans les bras de Chan.

- Papa ! S'égosillait la jeune fille aux tresses brune qu'il portait dans ses bras.

- Alors ma chérie, tu as bien travaillé aujourd'hui ? Il caressa une de ses joues dans un geste affectif.

- Oui, c'était génial, mais facile comme toujours.

- Ne t'en plains pas, si tu as des facilités, il faut que tu aides tes amis. Il ouvrit la portière passagère, déposa sa fille sur le siège puis regagna la place conducteur.

- Mais c'est ce que je fais, toute la journée. Et j'aime beaucoup les aider. Je ne veux pas encore sauter une classe papa. Elle fait la moue, le regard tombant.

- Pourquoi tu dis ça ? Il la regarda sans vraiment quitter la route des yeux.

- La prof m'a donné une enveloppe adressée aux parents et j'en suis sûr que c'est ça.

- Ah oui ? Ne t'en fais pas pour ça pour l'instant, car on va... il s'arrêta dans sa phrase avant de changer de direction. Intriguée, sa fille le regardait perdue. Manger une glace ! Il annonça le sourire aux lèvres, visant à le donner à son enfant.

- Oh, c'est vrai ? La technique avait visiblement fonctionné.

Il tourna sa tête pour acquiescer d'un large mouvement de tête puis reporta son regard sur la route pour éviter tout accident. La musique à fond, ils chantaient tous les deux dans leur voiture en direction du centre-ville. Les sourires rayonnaient dans le véhicule. Si le châtain avait été là, il aurait sans doute reproché à Chan de ne pas regarder la route puis aurait chanté ses meilleures fausses notes pour faire rire sa fille, et Chan au passage.

Ils venaient d'arriver. La grande place du centre commercial proposait un grand parking et il pouvait constater avec ennui que l'endroit était plein. À son plus grand regret. Il sortit du parking et une idée lui éclaira la boîte crânienne.

- Ça te dit d'aller voir papa et on ira manger une glace au café tous ensemble ? Proposa Chan.

- On peut ? Demanda-t-elle en retour les yeux brillant.

- J'espère, on verra une fois là-bas. De toute façon, il n'y a pas de place ici ! Il scruta les alentours soufflant d'un air agacé.

- Moi je suis contente qu'il n'y a pas de place ici, comme ça on peut manger tous les trois une glace. Elle adressa à Chan un doux sourire qui l'apaisa.

- Tu as raison, comme toujours

La voiture se gara enfin près du cabinet de Minho. Le mardi, il avait une pause à seize heures, et Chan comptait bien se servir astucieusement de son emploi du temps pour lui faire des surprises. Le blondin détacha la petite fille et la porta sur ses épaules. Il lui passa les clés pour qu'elle verrouille la voiture puis ils se dirigent vers les portes de la boutique. Les bureaux vitrés donnaient tous sur l'entrée. Chan déposa sa fille qui s'impatientait là-haut. Elle partit en courant rejoindre le bureau de Minho mais s'arrêta devant la porte, il était au téléphone.

Le blond la rejoignit sur le pas de la porte, le châtain ne les avait pas remarqués.

- Oui, je vous rappelle demain sans fautes ! Tout sera fini dans les temps, je suis la plupart du temps organisé. À bientôt monsieur Choi. Il raccrocha et chercha un papier sur la table.

La brunette releva sa tête vers Chan comme pour avoir son approbation. Son visage s'illumina puis elle courut vers son autre père, criant de toute sa voix son nom. Un frisson de honte parcourut le blondinet et il suivit sa fille en fermant la porte derrière lui. Le visage de Minho, qui avait perdu de son éclat, était de nouveau ensoleillé par l'enfant. Il croisa le regard de Chan et ce dernier ne put réfréner son sourire contaminé par le brun qui tenait l'enfant dans ses bras.

- On voulait savoir si tu voulais venir manger une glace avec nous dans le café un peu plus loin ? Le questionna Chan.

- Aller papa dis oui, ajouta-t-elle les yeux larmoyants.

- Jeehee tu sais chérie j'ai du travail... Mais j'ai vraiment besoin d'une pose alors pourquoi pas. Il se leva déposant par la même occasion la brunette.

- Ouais trop bien. Elle courait dans tous les sens, elle avait beau être une enfant surdouée, elle n'en restait pas moins une enfant.

La main de Chan vint s'entremêler dans celle de Minho qui tourna la tête vers lui à ce contact affectif. Un magnifique sourire tairait encore ses lèvres. Il n'avait pas changé ce sourire et le blondinet en tombait plus amoureux chaque jour. Le châtain déposa chastement ses lèvres sur celles de son copain et leurs joues s'empourprent. Malgré ses treize ans, rien n'avait bougé entre eux, ils s'aimaient encore corps et âmes au quotidien. Leur vie avait radicalement changé depuis le lycée, ils en étaient conscients. Lee avait gagné en maturité et Chan s'était teint les cheveux, radical, me diriez-vous, mais il avait ses raisons.

Leur vie était ce qu'elle était. D'autre aurait pu la qualifier de banale, ennuyante et comme toutes les autres, mais c'est ce que Chan et Minho avait tant cherché, quelque chose de banal et qui ne sort pas de la routine, il en avait besoin de la routine. Ils quittaient tous les trois le bureau de Minho pour aller manger cette glace que le brun avait si bien méritée. Après des heures au téléphone avec ce client, il acceptait enfin de faire confiance à son architecte et le laisser diriger ce projet qu'il avait mit du temps à imaginer pour lui. Il expliquait ça a Chan avec entrain et amour de son métier. Chan de son côté avait enfin trouvé un moment pour leur dire que qu'un groupe voulait bien qu'il s'occupe des instrumentales de leur album. Lui aussi parlait de son métier avec des étoiles dans les yeux. Son talent allait enfin être reconnu. Il le savait. Tout le monde était fier de lui. Jeehee allait encore pouvoir raconter les exploits de son père a l'école, elle adorait faire ça, elle les admirait et les deux hommes étaient des modèles pour elle.






4 ans plus Tôt

La salle était vide. L'automne avait recouvert la ville de ses feuilles orangées et par conséquent, quelques feuilles était parvenue à rentrer dans le hall d'entrée. Elles traînaient là, et à chaque fois que quelqu'un ouvrait la porte, elle dansait avec le vent sur la petite sonnette qui indiquait la présence de passagers venus donner grâce.

Chan attendait dans la salle d'attente, Minho dans la voiture, il cherchait une place. Au bout d'une dizaine de minutes, le conducteur avait parqué sa voiture et il entrait dans la salle d'attente, sa jauge de stress qui était sur le point de déborder à une goutte près. Il s'approcha de son petit ami les yeux écarquillés et lui demanda inquiet s'il était déjà passé.

- Calme-toi, je n'ai pas encore été appelé ! Tu as une feuille dans les cheveux. Un petit rire s'échappa d'entre ses fines lèvres alors qu'il retirait la feuille qui s'était logée dès les cheveux du brun.

Il acquiesça d'un hochement de la tête et prit place sur un siège à côté du blond. Une femme arriva, elle jeta un bref coup d'œil sur le tableau ou plusieurs document y était épinglés. Après avoir lu ce qu'elle cherchait, elle se retourna et commença à voix haute :

- Monsieur Bang ? Ils se levèrent, Minho était au bord du gouffre appelé hyperventilation. Suivez-moi s'il vous plaît.

Ils suivaient la femme, au bout de quelques mètres parcouru dans un long couloir, ils arrivaient dans un bureau. Elle se mit sur sa chaise et invita les deux à s'asseoir en face d'elle, les mains moites, ils s'exécutent. La blonde aux longs cheveux les rassura d'un large sourire dévoilant ses dents d'un blanc étincèlent. Elle releva ses mèches claires en un chignon négligé qui avait été rendu à la mode, néanmoins ce n'était pas l'esthétique qu'elle cherchait à atteindre, mais le confort et le côté pragmatique d'avoir une vision non troublé par le geste systématique et habituel de ses doigts venant ranger sa mèche rebelle derrière son oreille.

Sur sa chaise à roulette, elle se redressa et se poussa en arrière pour aller chercher le dossier des deux jeunes hommes en face d'elle. Elle attrapa du bout de ses ongles vernis d'un violet clair une pochette jaune qu'elle posa sur ses genoux avant de revenir fermer le tiroir quelle avait dû ouvrir de loin pour trouver ce quelle cherchait. D'une manière enfantine, elle se rapprocha de son bureau. Un rire nerveux sortit de sa bouche. Le rouge lui monta aux joues. Elle déverrouilla enfin son ordinateur et après tout cela, elle prononça pour la première fois depuis quelques minutes un mot, une intonation, un soupir.

- Pouf, et bah je suis longue aujourd'hui, ça sent les vacances... Je vous présente mes excuses. D'un sourire gêné, elle se toucha le haut de la tête par réflexe.

- Je vous en prie, vous devez avoir beaucoup de choses à gérer, c'est tout naturel. Répondit le blond.

- Oui je suis un peu débordée, ma stagiaire est malade et il faut dire qu'elle m'aidait bien à garder les petits monstres. Mais soyez sans crainte je m'en occupe comme il le convient. À vous de prendre la relève, c'est bien aujourd'hui non ? Demanda-t-elle, remuant les papiers du bureau.

- Il me semble bien oui, on l'a vu la dernière fois, et elle n'était pas contente de nous voir repartir de ce dont je me souviens. Ajouta Minho les yeux plein de joie et de mélancolie.

- Vous allez pouvoir l'emmener désormais, les papiers d'adoption sont en marche, il ne reste plus qu'à parapher en bas de page et à envoyer à la mairie pour compléter les papiers.

- Parfait. Lança Chan en regardant son petit ami.

Ils quittèrent la pièce. Minho avait les yeux brillants. Son rêve se réalisait. Fils unique, sans frère ni sœur, il avait toujours rêvé de s'occuper d'un petit être humain en construction et en formation de sa vie future. Il avait peur de rater, de ne pas être à la hauteur. Chan lui avait pourtant dit à plusieurs reprises qu'il allait être le meilleur père de tous les pères. Mais à vrai dire il n'y croyait pas vraiment au fond. Toutefois, l'instinct paternel lui coulait dans les veines. Il se triturait les doigts pendant qu'il allait jusqu'à la salle de jeux. Cette salle, il l'avait vue tant de fois déjà en trois mois, mais à chaque fois le stress lui montait à la tête, et si elle refusait de venir avec eux, si elle avait déjà trouvé de nouveaux parents et meilleur. Ses pensées vagabondaient furieusement dans sa tête.

Ils arrivaient dans une grande salle, des chaises et des tables à la hauteur des bambins parsemaient la pièce. Les tables étaient recouvertes de feuilles tachées de couleur. Les feutres traînant à côté, bouchon encore ouvert. Les enfants avaient quitté la pièce, se réfugiant dans le couloir pour s'équiper de manteaux et bonnets pour affronter le froid de dehors, la récréation avait sonné.

Depuis la porte Minho et Chan regardait les enfants se précipiter vers leur porte-manteau. Dans la pièce, il ne restait qu'une seule petite fille qui prenait plaisir à ranger les feutres qui avaient été abandonnés là. Elle les triait par couleur et rangeait chaque chaise qui n'était pas à sa place. Habillée d'une jolie robe rouge, elle ressemble à une princesse pourtant son caractère en était tout autre. Un ruban blanc marquait le tour de sa taille, elle l'avait ajouté elle-même. Répétant tout le temps que c'était celui de sa mère et qu'elle aimait se sentir enlacée par quelque chose qui lui appartenait.

- Jeehee, tu ne vas pas en récréation avec tes camarades ? Demanda l'institutrice.

- Je range madame, ils vont sécher sinon. Elle ne regardait pas son interlocutrice et continuait de mettre crayons et feutres dans leurs boites.

- 6 ans et déjà autonome, regardez là ! Lança Chan pour signaler leur venue.

La fillette se retourna. Ses yeux s'allumèrent à la vue des deux jeunes hommes. Elle posa la boîte de feutres et se jeta dans les bras du blond.

- Vous êtes venu ? Je vais partir avec vous ? Hein, c'est ça hein ?

- Demande à madame Yoon ! Lui répondit Chan

Sa tête se tourna vers la concernée, elle la supplia du regard et quelque secondes après, la femme craqua, elle affirma en un hochement de tête, accompagné d'un bref sourire. La fillette cria de joie. Au combien elle avait pu rêver de ce moment. Amenée très jeune dans cette institution pour enfants, elle avait été laissée par son oncle après le décès de sa mère un an auparavant. Jugée trop étrange, car trop intelligente pour son âge. Mais elle n'avait pas baissé les bras et avait toujours espéré qu'une famille voudrait bien d'elle, et ce même si elle était déjà grande.

Sa valise faite, les papiers signés, elle regardait le ciel bleu défiler par la fenêtre de la voiture. Dans ses mains un bout de son ruban qu'elle portait à la taille, ses yeux humides refusait de verser la moindre larme. Minho la regardait dans le rétroviseur, ses mains entremêlées par le stress, il voulait faire de son mieux, mais il ne savait pas comment. La voiture s'arrêta, la jeune fille quitta la route aérienne des yeux.

- Vous n'avez pas faim ? Demanda Chan.

- Si, c'est vrai.

- Moi aussi. Lança à son tour Minho

- Vous voulez qu'on s'arrête quelque part ? Ou Min tu fais à manger sinon !

- Tu cuisines quoi ? Demanda intéressée la jeune fillette.

- Il se retourna vers elle, je ne sais pas, qu'est que tu aimes ?

- J'ai le droit de choisir ?

- Bien sûr !

- Alors j'aimerais des macaronis au fromage, on n'en mangeait jamais là-bas...

- Tu sais faire ça ? Demanda Chan au brun.

- Oui je sais faire, je mangeais ça avec ma grand-mère. Un léger sourire nostalgique étirait ses lèvres

- Moi, je mangeais ça avec ma mère, c'était notre moment à nous deux. Elle afficha, elle aussi, un sourire nostalgique.

Ils arrivèrent devant un portail blanc. Chan et Minho avait décidés de s'acheter une maison quelque mois avant de décider d'adopter Jeehee, il n'avait pas de grands moyens, mais ils avaient travaillé dur pour s'offrir ce privilège et cela avait payé vu qu'il avait une très belle petite maison avec deux chambres, dont une déjà prête pour la fillette. Il avait commencé par apprendre à la connaitre pour décorer l'endroit. Minho avait fait de A à Z tout l'agencement de sa pièce, il se disait que ça allait être un lieu important pour elle et que si elle ne s'y sentait pas bien elle ne pourrait pas grandir convenablement. Et le châtain avait bien fait son travail, car en la découvrant elle avait été émerveillée. Cet endroit lui convenait parfaitement.

Elle y était restée pour ranger ses quelque affaires et Minho s'était mis à la cuisine. Un petit tablier qui indiquait "Le Soma de la famille", un peu ringard comme avait l'habitude de dire Chan pour le taquiner. Les pâtes au fromage étaient cuites, elle chauffait dans la casserole. Les yeux qui brillaient, Minho avait l'impression de revoir sa grand-mère qui cuisinait pour lui étant petit. Il se voyait sur sa chaise à attendre que la vieille cuisinière de famille lui serve son plat préféré.

Chan mit la table et appela JeeHee pour qu'elle vienne manger, elle arriva toute contente avec son livre dans la main. Elle s'arrêta pour réfléchir à où poser son livre et elle opta finalement pour le mettre sur la commode juste à côté de la table. Elle prit place sur une chaise, un peu haute pour elle, l'escalader fut difficile, mais elle y arriva. Minho lui servit une portion, elle en avait les brillants.

- Aller dis moi ce que tu en penses ! Il stressait encore. C'est chaud un peu alors fais attention d'accord.

- D'accord. Elle esquissa.

- Bien ! Il baissa la tête, jamais un jour, il n'aurait pensé prendre sa place et voir qu'un autre enfant était à la sienne.

À peine une bouchée mangée qu'elle laissa ses larmes s'échapper de ses paupières dans une moue triste et qui dévoilait qu'elle n'était finalement qu'une enfant. Elle s'excusa plusieurs fois, répétant qu'elle savait qu'elle ne devait pas, elle le savait, mais elle s'arrêta quand la châtain la prit dans ses bras. Les larmes avaient aussi humidifié ses joues. Tous ces souvenirs l'avaient touché, il ne pouvait pas le nier, mais le plus blessant était de voir que sa petite protégée versait, elle aussi, des larmes en sanglots. Chan les rejoignit dans ce grand câlin.




9 ans plus tôt

Le soleil se levait à peine, derrière sa colline au loin, éclairant d'une jolie lumière rosée par les immenses baies vitrées de la salle d'attente de l'aéroport. Assis sur sa valise, il attendait, non sans impatience, le retour de Chan qui enregistrait ses bagages. Le regard perdu dans le vaste paysage qu'offrait la piste d'atterrissage, une douce mélodie de piano se jouait dans ses oreilles. L'orchestre enchaînait les notes au rythme cardiaque de Lee.

Une main sur son épaule le fit sursauter. Le blondinet le regardait, un sourire à la bouche et billets en mains. L'avenir leur réservait encore bien des surprises, qu'allaient-ils devenir ? La question restait en suspens.

Il le leva avec fatigue et retira l'un de ses écouteurs. Un faible sourire modelant son visage. Les notes de la symphonie de Chopin continuaient leurs rondes.

- Tu vas bientôt pouvoir dormir mon amour, le rassura Chan.

- Ça se voit tant que ça que je suis crevé ? Il releva l'anse en métal de sa valise pour la tirer jusqu'au quai d'embarquement.

- Absolument ! Un rire se fit entendre de la part du blondin.

- J'ai hâte de dormir, j'en peux plus.

- Si tu avais dormi cette nuit... Lança Chan, sous-entendant l'erreur du brun.

Un regard de travers fut la réponse que Chan reçut, il s'en doutait. Minho s'avança devant une colonne destinée à ceux qui embarquaient sur le même vol qu'eux.

- Si seulement j'avais pu, je serais bien moins crevé, répondit-il finalement.

- Ta mère n'est jamais d'accord de toute façon Minho, tu le sais bien, elle aurait trouvé tout un tas d'excuses à la noix pour te garder auprès d'elle. Il pressa le pas pour le rejoindre, il marchait cruellement vite.

Une hôtesse faisait passer les voyageurs, tamponnant leurs billets. La foule était contrôlée, leur conversation reprit.

- Je sais bien, sinon je ne t'aurais pas suivi, elle n'aurait pas voulu, mais la laisser dans l'ignorance comme ça me tue, c'est ma mère, je ne l'aime pas, certes, mais c'est ma mère ! Il baissa le regard, jouant nerveusement avec ses doigts.

- Eh, regarde-moi, il lui releva le menton de son pouce et son index, après la frontière passé, elle sera bien obligée de reconnaître que tu as grandi Minho, tu n'es plus le même adolescent de dix-sept ans, tu en as vingt-deux désormais. Et puis le Canada, que rêvé de mieux, ils nous acceptent là-bas au moins. Son regard bifurqua et sa main retomba dans sa poche.

- Oui, tu as raison.

Leurs bagages en soutes, Minho avait déjà pris place sur le siège qui lui était attribué. Ses yeux se fermaient tout seul. La fatigue le gagnait et pourtant, il y pensait encore. Les répliques toutes faites de sa mère lui tapissaient la boite crânienne. Mais son corps ne put résister. Il s'endormit.

Chan le regardait sombrer dans le sommeil. À vrai dire, il n'avait pas bien dormi non plus. La maladie de madame Yang s'intensifiait de jour en jour, mais il avait promis à son amour de jeunesse un renouveau, une nouvelle vie, loin du malheur et des préjugés. Alors, voyant l'avion décoller, il se disait qu'il avait de la chance de vivre, et de faire ce qu'il s'était promis de faire. La peur ne le quittait pas un seul instant mais, pour rester fort, il secoua la tête, chassant ses idées noires.

Une secousse les réveilla, puis une deuxième.

" Mesdames et messieurs, veuillez regagner votre siège et attachez votre ceinture, nous nous apprêtons à atterrir. Les tablettes doivent être relevées et les bagages à mains rangés. En cas de dépressurisation, des masques à oxygène seront à votre disposition au-dessus de vos têtes. Veillez à aider toutes les personnes plus jeunes que vous. Nous vous souhaitons un agréable atterrissage."

L'air chaud les frappa de plein fouet. Le soleil rayonnait, une douce odeur de printemps les attendait dehors. Le vent soufflait une légère chaleur. Leurs valises en mains, Minho était aux anges. C'était pour ça que Chan se battait, pour voir les lèvres de son bien aimé s'étirer en un rictus de joie. Il le suivit, il avait enfin repris son énergie. Le voyage avait été long.

Ils montèrent dans un taxi. Chan sortit un bout de papier avec l'adresse d'une des vieilles maisons que sa mère occupait quand elle résidait dans le pays. "Elle est tellement vieille maintenant qu'elle tomberait presque en lambeau" avait prévenu la mère du blond. Mais peu importait les apparences, rien ne pourrait les empêcher de vivre là- bas, ils le voulaient. Plus que tout au monde.

Le chauffeur prit leur adresse et les déposa devant la vieille bâtisse, l'air septique placardé au visage. Il s'arrêta même plusieurs instants avant d'ouvrir la fenêtre côté passager pour demander :

- Vous en êtes sûr, c'est là que vous allez habiter ?

- Exactement, ne vous en faites pas pour nous, on va redonner vie à cette bonne vieille maison, rassura Minho, le sourire en coin de bouche.

- Les jeunes de nos jours, vous êtes bien vifs. Sur sa phrase, il les salua d'un signe de main puis repartit.

La porte grinçait horriblement. De loin, la maison semblait abandonnée. Reculée, elle était envahie par les lierres et les fleurs sauvages qui recouvrait sa belle façade blanc crème. Ses tuiles d'ardoises lui donnaient un côté sophistiqué dont les deux amoureux ne raffolaient pas spécialement. Mais le tout allait néanmoins ensemble. Une grande allée donnait sur un escalier en marbre. Digne d'un roman du dix-neuvième siècle, la maison était aussi grande que le manoir de Dracula. Eh bien évidemment, tout aussi angoissante.

- Cher Monsieur le Comte Bang, après vous je vous en prie ! Lança le brun sur le ton de la plaisanterie.

- Merci mon très cher sous fifre, je vous en suis reconnaissant ! Il fit mine de le prendre de haut.

- Ton quoi ? Redis ça pour voir ! Le défia le concerné.

- Attrape-moi alors. Il s'échappa dans la grande bâtisse. Fais attention de ne pas trouver le fantôme de Jane Eyre derrière l'une des portes. Il riait au loin devant.

Le silence se fit entendre puis un cri strident s'ensuivit. Minho se rua vers Chan qui criait. Tous ses sens en éveil, les frissons lui parcouraient le corps. Il le rejoignit dans la pièce où il s'était caché. Au sol, le regard apeuré, Lee s'agenouilla pour savoir ce qui l'inquiétait autant.

- Qu'est-ce qu'il y a Chan ça va ?

- Une... Une araignée.

Le silence, une nouvelle fois, emplissait la pièce. Cette fois-ci, ce fut le châtain qui s'égosilla sur la situation. Il riait à gorge déployée.

- Ça mon cher, ça s'appelle le Karma !

La nuit était tombée, les araignées chassées et les portes fermées. Sur leur lit de fortune, les deux hommes regardaient le plafond. Un vent frais emplissait la pièce, doux, rassurant et à la fois terrifiant. La liberté faisait parfois peur. Pour eux, le noir de la nuit les avait fait réaliser que quitter tout sans prévenir était une idée en l'air. Mais pourtant, maintenant à 10552 kilomètres de chez eux, il souriait face au plafond de cette vieille maison qui s'effritait.

Minho s'était déjà endormis. Le blondin regardait les fissures craqueler le plafond. Il pensait à tous ceux qu'il avait dû laisser derrière lui pour accomplir ce qui lui plaisait vraiment : vivre au jour le jour. Depuis le lycée, rester dans la même ville ne lui disait rien, sans arrêt ramené au mauvais souvenir qui y étaient ralliés, il voulait fuir, fuir les souvenirs, fuir cette vie, fuir ces années d'enfers qu'il avait subis. Tant que Minho le suivait, ils iraient là où ils le désiraient.

Le soleil s'infiltrait à travers les volets cassés de la vieille bâtisse. La nature se réveillait elle aussi. Les oiseaux chantaient de leur air matinal et le vent jouait dans les feuilles des arbres. La trace de l'oreiller sur la joue, Chan se réveilla en sursaut. Une vieille habitude disait-il. Minho dormait encore comme un bébé. Emmitouflée dans ses couvertures, le monde des rêves était encore à sa portée.

Le blondinet se leva et rejoignit la cuisine pour se faire couler un bon café. Mais une fois devant les placards vides, sa moue enjouée à l'idée de boire un liquide qui aurait le pouvoir de le réveiller. Si seulement il y avait pensé avant, il aurait pu prévoir que la cuisine devait essentiellement contenir des vieux bouts de gâteau rassis et des boîtes de conserve datant du siècle dernier. Un rire étouffé et ironique s'échappa de ses lèvres. Puis une phrase, presque dites à voix basse, pour ne pas réveiller Lee :

- C'est donc ça de vivre au jour le jour.

Des mains vinrent enlacer son ventre. La petite tête de Minho sur son épaule, le souffle dans son cou. Tout le rendait encore plus accros. S'en séparer, jamais ! Un bref sourire étira doucement ses fines lèvres, puis ses mains se posèrent sur celle qui avait déjà pris possession de sa taille. Le châtain laissa un chaste baiser sur la parcelle de peau non couverte du dos du blondinet qui frissonna instantanément. La réaction de son partenaire fit rire Minho, il se détacha de sa prise.

- Tu veux du café toi aussi ? Demanda-t-il en fouillant une énième fois les placards vides.

- Oui... On va en chercher ?

Un doux vent frais les douchait doucement dans les rues de leur petit village. Main dans la main, les deux amoureux cherchaient désespérément un café pour bien commencer la matinée — qui d'ailleurs n'était plus vraiment une matinée. Ils habitaient un joli petit village, fleuri, accueillant. Le bord de mer donnait à l'endroit un côté apaisant par le vent de la côte qui se baladait fraîchement dans les rues. Une ambiance teinter de jaune et ocre grâce au soleil se reflétant luxueusement sur l'eau qui ondulait.

Un café en coin de rue venait d'ouvrir, les deux amoureux y entrèrent. En tirant la porte de bois, un vieil homme se retourna, un balai à la main, il se pressa de balayer et épousseta son tablier confus face aux deux jeunes hommes. Un grand sourire fit plisser les rides qui ornaient son visage verni par le temps. Deux cafés arrivèrent quelques minutes plus tard sur la table, la douce odeur, la chaleur s'en échappant, la mousse plus claire qui tournait légèrement dans la tasse. Tout ça semblait être un rêve, la réalité étant parti en vacances, les deux seuls clients de ce café se regardait dans les yeux, la vision rose d'amour.

Le vieil homme les interrompit pour leur donner l'addition.

- Vous venez de loin les jeunes ?

- De Corée du Sud, c'est un peu loin oui, mais heureusement ! Répondit Chan

- Eh bien, ravi de faire votre connaissance, ici on se connaît un peu tous, si vous avez un problème, je suis l'homme de la situation, d'accord ? Posa-t-il rhétoriquement

- C'est très gentil de votre part, on y pensera alors. Répondit le blondinet.

Le vieil homme retourna derrière le comptoir, se tenant le dos, il retira son vieux tablier vert bouteille et laissa apparaître ses vêtements de ville. Un jean sali et abîmé par le temps et un teeshirt blanc avec un petit dessin de canard qui disait dans une bulle : « i love coin coin ». Un bref sourire s'afficha sur le visage de Minho, Chan le regarda sans l'interrompre. Un vrai miracle qu'était de le voir sourire. Ses joues s'empourprèrent à la vue du regard de son petit ami braqué sur lui.

Les tasses vidées, ils avaient déjà quitté le café, remerciant une bonne dizaine de fois de vieil homme qui leur assurait que ce n'était pas la peine. Ils avaient promis de revenir tout le matin s'il le fallait mais, ils allaient devenir plus proche tous les trois. Ils le voulaient.

La ville était encore calme, vide. Pourtant, elle n'était pas dénuée de vie. Des chats se baladaient dans les rues, tous à la recherche de nourriture. D'une certaine manière, il embellissait ce côté paradisiaque que l'endroit possédait déjà grâce à sa bordure océanique : Un air de vacances. Les couleurs, elle aussi, se mêlait parfaitement. Vies, mais à la fois claires. Les habitants de cette petite bourgade avaient de quoi être fière.

Le soleil commençait à se lever, et ce, depuis déjà bien longtemps même. Combien de temps avaient-ils passé dans ce café à discuter de tout et de rien ? Bien jusqu'à sept heures disait Chan en regardant sa montre. Il ne savait pas quoi faire de leur journée. Après avoir tourné en rond pendant au moins vingt minutes, Minho points quelque chose en haut derrière le blond. Ce dernier se retourna et contempla la colline qui les surplombait. Elles étaient constellées de pleins de petites maisons. Et un vieux funiculaire qui les menait à une grande église au sommet. Le brun avait trouvé, il voulait il y aller.

- Viens on fait ça ! Il pointa du doigt la cabine qui montait pour rejoindre le sommet de la montagne.

- Le truc qui monte là-haut, euh... aller pourquoi pas. Un sourire aux lèvres, il prit le brun par la main et à deux il commençait à rejoindre la base de la colline.

- Tu n'as pas trop peur ? Demanda Chan a un Minho tendu, qui tenait fermement la barrière.

- Je... Non je ne vois pas pourquoi tu dis ça, je vais très bien.

- Ah oui ? On ne dirait pas ! Un doux rire s'échappa de sa bouche.

- Je vais très bien je te dis. Il lâcha doucement la barrière.

Il avait beau faire la fière, il avait cette peur irrationnelle que la cabine cède sous leur poids pourtant infime pour venir retracer tout son chemin inverse. Chan prit doucement sa main et la serra dans la sienne.

- Cette journée va être amusante, je le sens. Avoua le blondinet, rictus aux lèvres.

- Je ne te le fais pas dire.

Le blond se retourna, il fut stupéfait de voir la vue. Un joli panorama de toute la côte. Les maisons en bord du funiculaire de toutes sortes de couleurs donnaient une impression d'arc-en-ciel, moins coloré néanmoins. Les yeux pleins d'étoiles, il tapota sur l'épaule de Minho et lui proposa de se retourner mais, il n'avait pas l'air emballé par l'idée. Il renonça alors à l'idée après avoir pris une belle photo de cette vue imprenable.

Là-haut le vent soufflait légèrement pour faire danser les feuilles des chênes qui vivaient là, surplombant la ville. Les passagers de la cabine descendaient les uns après les autres. Des vieilles dalles carrées dormaient sur le sol jusqu'à l'église là où menait le regard du Châtain, époustouflé alors, même pas encore sorti du funiculaire.

- Il faut descendre monsieur ! Lança la dame qui gérait le bien être des passagers.

- Oui pardon.

Elle lui esquissa un sourire avant de repartir. Minho avait déjà rejoint Chan. Face à la belle basilique, ils levaient la tête pour en voir la grandeur. Des étoiles plein les yeux, Chan se contenta de prendre la main du châtain. Le regardant dans les yeux la minute d'après, pleins d'amour. Il prit une photo de Lee devant l'église en lui lançant un petit "souri un peu pour voir" ce qui le fit rire. Le cliché fut envoyé sur un groupe de message. Changbin le vit, puis Sujin.

" Quel beau gosse" de la part de Binnie

"Waaaah, vous êtes où bande de fous, j'ai jamais vu ça en Corée?" De Susu se contenta de répéter Chan pour que Minho puisse prendre connaissance de la conversation. Il répondit à la question posée et retourna en excursion avec son bien aimé.

La journée avait bien terminé. Ils avaient retrouvé leur chez-eux. Eh bien évidemment, s'étaient éteints tout juste rentrer. La semaine d'après, même rengaine. Il avait voyagé dans un autre versant de la côte, à la plage comme les vacanciers étrangers qui venaient là pour se reposer de leurs dures heures de travail annuelles. Eux aussi comme deux touristes, malgré qu'ils étaient bien résidents du pays.

Après un mois, ils commençaient à bien connaître la ville. Minho travaillait avec le vieil homme du café : Alberto. Il rigolait tous les jours et Chan, lui, avait décidé d'aider la femme d'Alberto, sous la demande de ce dernier, dans la vente de fleurs de saison. L'hiver, Alberto lui trouverait une place dans son café, il lui avait promis. Et le blond n'en doutait même pas une seconde. L'hiver était néanmoins encore loin d'eux. En plein mois de mai, les fleurs bourgeonnaient encore et Marta avait confié à Chan de réfléchir à la disposition des fleurs à venir dans le mois. Le magasin se devait d'être présentable.

À la maison devant la télé, le blond attendait Minho. En plein dans son match de foot américain, il avait laissé sur la table feuilles et stylos pour dessiner les devoirs que lui avait donnés Marta. Son téléphone sonna, Lee ? Non... Sa mère. Il éteignit l'écran et décrocha.-

- Allo ?

D'une voix tremblante, elle lui répondit. Elle n'avait pas les idées claires. Chan voulait savoir ce qui la tracassait comme ça. Un silence. Elle renifla. La boule au ventre, il s'inquiétait. Que se passait-il enfin ? Il voulait avoir des réponses. Rester dans le flou général ne lui augurait rien de bon. Il osa chuchoter sa question, à voix basse, elle lui répondit.

- Chan.... C'est horrible... Madame Yang... Elle est... Morte... Elle éclata en sanglots.

- Quoi... Il se tut.

- Elle... Un nouveau sanglot... La nuit dernière... Un arrêt cardiaque... elle allait bien pourtant ! Elle se remit à fondre en larmes.

Une larme s'échappa sur sa joue, dévalant jusqu'à la chute, une autre en suivit, puis ses yeux noyés, il tomba au sol d'épuisement. Épuisé de se retenir de pleurer, épuisé de tenir debout, épuisé de parler, même d'ouvrir la bouche, épuisé de respirer. Son jean se tâche une auréole plus sombre, une goutte tombée là, encore et encore, une autre. La nuit tomba, elle aussi, fatigué on supposait.

Minho était rentrée. Il avait trouvé le blondinet dans le canapé en état de choc, il ne parlait pas. Un mot sur la table racontait en quelques phrases ce qu'il s'était passé, il se tut également. Il ne connaissait pas autant madame Yang, mais elle avait été un soutien pour lui, son cœur se serra, sa respiration se fit faible, et pourtant il ne se sentait pas légitime à être triste d'avantage. Il voulait pleurer, se laisser aller, s'abandonner à la tristesse, qu'elle le tire dans ses endroits les plus sombres. Mais méritait-il de ressentir cette peine, aussi lourde que celle de l'homme le plus concerné par la situation ? L'homme qui avait connus cette femme en tant que mère.

Les mots lui manquaient pour guérir sa peine, il voulait lui dire que tout allait bien, que la vie se déroulait normalement et que, étant qualifié de phrase bateau, "c'était la vie", mais, y croyait-il lui-même ? Question insoluble. Contre son gré, du moins celui de son être tout entier, son corps se dirigeait vers la chambre. Il tomba sur le lit, on ne pouvait qu'accuser la fatigue, fautive universelle.

La semaine qui suivit fut brève. Train. Embarquement. Avion. Arrivée. Train une seconde fois, puis l'enterrement allait avoir lieu dans quelques jours. Le noir inonda la famille, de retour dans cette ville vide de sens, excepté le sens et la cause de tous leurs malheurs. Le regard bas et le sourire oublié sur la plage de la petite bourgade qui les avait séduits. Ils avaient retrouvé chez eux une vieille impression de déjà vu, comme de retour dans un cauchemar, ils ne pouvaient pas s'échapper de leurs cages, prisonniers de la vie qu'ils vivaient.

Ce jour-là, le ciel pleurait lui aussi, il devait être sensible pour pleurer lors de chaque enterrement. Ce cliché qu'avait toujours connu Chan se révélait vrai. Mais après tout, cela lui était favorable, il pouvait lui aussi laisser les nuages de ses pensées se déverser en cascades sur ses joues. Il ne pouvait pas faire autrement. Le cœur serré, il arrivait à peine à regarder le cercueil disparaître sous terre. Le vent jouait de sa mélodie mélancolique, le blondinet se sentait submergé, noyé par ses larmes et son chagrin. La peur, peur de se perdre, d'être perdu se lisait noir sur blanc sur son visage. Tous inconnus l'auraient pris dans ses bras à la vue de son état.

La cérémonie terminée, chacun se dirigeait vers la sortie pour définitivement clore cet événement. Là, seuls et sous la pluie, Minho et Chan regardait la tombe. Les larmes montaient toutes seules. Ils ne s'en rendaient même plus compte. Minho aurait voulu le prendre dans ses bras. Mais il ne voulait pas le blesser. Cet air apeuré le rendait fragile. Comme si un simple câlin pouvait définitivement le briser en mille morceaux. Pourtant, les bars de ce dernier vinrent s'enrouler autour de Chan. Il avait finalement, au risque de le briser, décidé de prendre une décision. Un sanglot arriva à son oreille, comme trop lourde à porter, il avait décidé de tout poser de se reposer sur les épaules de celui qui l'aimait même dans ces moments.

- Merci. Ce fut son premier mot depuis longtemps.






13 ans plus tôt

Il venait de se réveiller. Après toutes ces émotions, il avait dû se rendormir avec la main de Minho dans la sienne. Il se releva en sursaut, le coup de poing de Hyunjin lui revenait en tête. Il ferma brusquement les yeux par peur de se prendre une fois de plus un pour, les larmes s'échappaient sur ses joues sans qu'il ne le veuille.il avait eu un retour d'émotion. C'était bien normal. Une voix le calma. Minho était toujours là pour tenir la main. Il le regardait encore un peu endormi. Il avait encore dû veiller toute la nuit pour le regarder avant de venir s'écrouler de fatigue.

- Ne pleure pas, c'est fini. Tout est enfin fini. Un sourire rassurant venait prendre place sur le visage de Minho, là où il avait vu avant la peur et l'inquiétude.

- D'accord. Chuchota-t-il sans pouvoir parler plus fort à cause de l'émotion.

Quelques heures plus tard, la mère de Chan vint les chercher. La Chambre avait été rangée et le médecin du jeune homme lui avait prescrit des médicaments pour soigner ses blessures superficielles. Il avait hâte de rentrer chez lui et de retrouver son vrai lit, ses amis, madame Yang. Tout ça lui manquait terriblement. Il ne les avait pas vus depuis longtemps. Son hospitalisation n'avait pourtant pas été si longue, mais ça lui avait suffi pour se dire que ses moteurs dans la vie étaient ses personnes et qu'il ne voudrait pour rien au monde les quitter.

Dans la voiture, il tenait la main de Minho. Il ne savait pourquoi, mais la simple idée de la lâcher lui faisait peur. Il ne voulait pas le perdre. Mais, il voulait fuir, fuir loin sans jamais se retourner, il ne savait pourquoi tant de pensées contradictoires fusaient dans sa tête comme ça, mais elle lui disait si fort de faire une chose et son contraire. Minho non plus ne voulait pas lui lâcher la main, mais il ne ressentait pas cette peur irrationnelle qu'avait Chan, ni cette petite voix qui lui disait de courir, de fuir et de ne jamais revenir. Néanmoins, il la ressentait et ne savait pas quoi faire. Être impuissant l'attristait et il ne pouvait rien y faire.

La voiture s'arrêta. La voix dans la tête du brun fut plus forte et il ouvrit brusquement la portière en plein milieu de la route pour s'enfuir là où il se prendrait lui-même. Les voitures qui attendaient que le feu passe au vert furent surprises, mais elles n'y prêtèrent pas plus attention. Minho sortit lui aussi de la voiture.

- Je reviens, je vais tenter de le retrouver, rentrez à la maison, on vous rejoint. Lança t -il avant de définitivement quitter la route pour s'enfoncer dans les petites rues piétonnes.

Chan avait fini par s'arrêter de lui-même. Rattraper sa condition physique qui avait atteint la fin de ses compétences. Il soufflait de fatigue, après avoir repris son souffle, il se redressa. Son reflet dans la vitrine du magasin le regardait avec ce petit sourire condescendant. Il avait l'impression de voir le regard diabolique de Seungmin, il ne se reconnaissait plus.

Une larme se fraya un chemin en dehors de son œil, suivi d'une autre qui en entraina, elle aussi, pleins d'autres. Attiré par la gravité, elle tombait jusqu'au sol, venant créer des petites taches plus foncées sur le béton, comme si la pluie commençait à tomber. Effectivement, il pleuvait, mais dans le cœur de Chan. Il se releva complètement et leva les yeux sur l'enseigne de la boutique. Après un revers de manche, il poussa la porte et une clochette se fit entendre.

Minho arpentait les rues en courant, il avait peur. Chan était tout juste sorti de l'hôpital. Et s'il avait rechuté, s'il était tombé et s'était encore fait mal à la tête, ou s'il avait été percuté par une voiture dans sa course. Les larmes lui montaient. La gorge serrée, l'air lui manquait, mais que faire ? Cela faisait déjà quatre appels en suspens, à tomber sur un répondeur préenregistré de la voix de Chan qui disait qu'il n'était pas disponible pour le moment. Le regard perdu dans les rues, bientôt flouté par les larmes de culpabilité. Le souffle court à force de le retenir pour ne pas tout laisser tomber, ne pas s'abandonner à la tristesse de ses remords.

Pourtant, il s'arrêta. Un bruit de taule frappé résonna dans la rue. Le regard des passants se retrouvait fixé sur le brun. Son poing avait furieusement cogné dans un panneau. Il cria de frustration et se laissa glisser le long du poteau. Ce besoin d'air si pesant était à son paroxysme. Il n'avait qu'une envie, crier ne plus s'arrêter, se libérer enfin de ses chaînes qui l'empêchait de prendre ne serait qu'une bouffée d'air frais. Les sanglots lui faisaient comme une boule dans la gorge et il peinait à déglutir normalement. La culpabilité était si lourde à porter. Mais elle coulait avec les larmes sur ses joues. Il devait retrouver Chan, il le devrait, que penserait ses proches s'il n'y arrivait pas ? Il ne voulait même pas l'imaginer.

La vision trouble, il reprit sa course à la recherche de l'homme de sa vie. Il avait bien fait tous les alentours et commençait à revenir dans des rues qu'il avait déjà vues. Il souffla un peu, Minho avait mal aux jambes à force de courir. Toutes les rues se ressemblaient et elles étaient étroites. Il arriva devant un parc pour enfants, un homme blond se tenait de dos, assis sur un banc, il regardait le sol la tête dans ses mains. Minho s'approcha pour lui demander s'il n'avait pas vu un châtain courir de partout. Mais il s'arrêta à mi-chemin ayant compris.

- Chan ?

- Mi... Minho ? Désolé.

- Ne t'excuse pas, raconte-moi ce qui ne va pas ? Je t'en supplie dis-moi je veux savoir, je veux te comprendre.

- Je... Je pouvais plus me voir, j'avais honte de moi...

- Pourquoi ? Ce n'est pas ta faute !

- Je sais mais... Je voulais juste tourner la page et ne plus revoir cette scène à chaque fois que je me vois dans le miroir... J'en avais besoin !

- Je comprends... Il s'approcha... Enfin non je ne comprends rien, je ne suis pas à ta place et j'aurais voulu, j'aurais voulu qu'il ne t'arrive rien, que tu sois sain et sauf, si j'aurais pu prendre ta place je l'aurais fait...

- Ne dis pas n'importe quoi-

- Je ne dis pas n'importe quoi Chan, je suis sérieux, tu ne le méritais pas. Il baissa les yeux.

- Toi non plus, personne ne méritait ça, mais ça m'est arrivé, il faut faire avec. Il baissa lui aussi le regard.

- Je sais... mais la vie est injuste.

- Elle l'est, mais c'est le jeu non ? Il souffla, il s'était calmé et avait retrouvé un semblant de paix intérieure.

- Ton sang froid me fait peur. Ils rigolaient tous les deux. Allez viens on rentre !

- Ouais... Ils se levèrent.

- Ça te va bien le blond !

- Ah bon ? J'ai fait ça sur un coup de tête !

- Merci, j'avais remarqué.

Mains dans les mains, il rentrait doucement chez eux. Il en avait besoin. Faire une pause, se reposer et ne plus penser à rien. Quelques minutes plus tard, Chan poussait la porte de Chez lui, Minho derrière lui. Des lumières de toutes les couleurs l'attendaient, tout le monde s'était réuni pour fêter son retour. Enfin, il n'était pas vraiment prêt à faire la fête. Changbin et Sujin s'étaient endormis dans le salon, devant le poil tout chaud " le rêve" avait lancé Changbin avant de s'endormir comme un nourrisson dans les bras de sa copine, qui l'avait suivi quelques minutes après. Madame Yang dormait sur le comptoir de la cuisine, un livre de recette comme oreiller et la mère de Chan était en face d'elle, elle ronflait et bavait sur sa main qui lui servait de coussin.

- Quelle belle brochette de marmottes tu parles d'une fête ! J'aurais mieux fait de mettre de la musique avant de partir. Quelle idée d'organiser une fête s'il y en n'a pas un pour réveiller les autres quand ils s'endorment ! Cracha Minho les bras croisés.

- Ne t'inquiète pas, tu ne peux pas savoir à quel point ça me fait plaisir

- Je sais, c'est bien pour ça que j'avais dit à Bin que tout devait être parfait et ce boulet, il s'endort comme un gosse au coin du feu. Un petit sourire sournois naquit sur son visage.

- T'as une idée en tête non ?

- Exactement !

Il branche son téléphone à l'enceinte et lança une musique à fond. Tout le monde se réveilla en panique. Chan ne put s'empêcher de rigoler face à la tête de son meilleur ami dans un tel état. Minho non plus même s'il se calma lorsqu'il rencontra le regard meurtrier de Sujin. Il sourira par peur et appréhension, mais elle n'avait pas l'air de plaisanter.

- Lee Minho tu es un homme mort ! Elle se lance à sa poursuite.

- Mais, c'est votre faute aussi, pourquoi vous vous êtes endormis...?

Chan les regardait se bagarrer comme des enfants dans un bac à sable. Changbin le rejoignit pour se joindre à la fête.

- Ça te va bien le blond ! Il lui fit un clin d'œil et un petit sourire qui suivit.

- J'espère bien, j'en ai eu marre de l'autre couleur ! Il regarda le sol, un sentiment de culpabilité qui n'avait pas lieu d'être.

- Tant que tu restes Chan, le seul et l'unique, moi ça me va. Il le prit dans ses bras. Tiens, ça faisait longtemps les câlins.

La soirée se terminait sur des rires et de la joie. Ils en avaient tous bien besoin. Leur vie mouvementée n'allait pas s'arrêter là, il y en avait encore tellement à voir et à surmonter. Pourtant, avec le sourire aux lèvres, les bleus que Chan avait au cœur commençait à s'estomper.



Voilà !

Ce bonus signe la vraie fin de cette fanfîc, c'est très symbolique pour moi car c'est ma première sur Wattpad donc je voulais vraiment faire un bonus pour les ( bientôt ) deux ans ! Mes personnages ont bien grandi et je suis contente de la vie que je leur ai construite :)

J'espère que ce bonus vous aura plu, merci énormément à ceux qui ont lu et qui ont voté !

Désolé pour les fautes, je n'ai pas vraiment changé niveau orthographe ( merci à ma correctrice pour les autres histoires ) mais ce n'est pas grave tant que vous saignez pas trop des yeux c'est l'essentiel non ? :')

Je vous aimes <33333
Bizzzzzzz ;)

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