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Partie Unique

Une feuille marron était tombée de son arbre. Déjà, l'automne avait recouvert de son manteau orange la grande ville coréenne. Une sonnerie avait retenti, libérant cette fourmilière d'étudiants après de longs partiels durement achevés. Yeonjun était sorti de la salle, son brouillon en main, il ne l'avait pas plus regardé avant de le jeter, froissé, dans une poubelle sur son chemin. La copie était encore gravée devant ses yeux. Le noiraud pesta, levant les yeux au ciel, regagnant son arrêt de bus. Il planta ses écouteurs dans ses oreilles et lança sa playlist, là, adossée au plan du métro de Séoul. Le bus arriva, il prit place et se posa face à la fenêtre, les pensées divaguant sur le goudron qui roulait sous ses yeux. Ses pensées remuaient dans tous les sens. Quelques arrêts plus loin, Beomgyu et Taehyun avaient rejoint le noiraud dans le bus, ayant, eux aussi, fini leurs examens.

Les deux amis étaient montés dans le bus, Beomgyu, suivi, comme à son habitude, de Taehyun. Une immense fatigue se lisait sur leurs visages. Cette année, ils passaient leur deuxième année de droit, les cours étaient compliqués. Beomgyu avait du mal à prendre sur lui. On pouvait remarquer ses yeux rouges cachés sous sa chevelure châtain clair. Elle contrastait avec sa peau blême, faisant ressortir davantage ses yeux. Parmi ses cheveux, quelques mèches étaient mouillées de ses larmes. Yeonjun lui fit une place à ses côtés. Il lança un dernier coup d'œil à Taehyun, qui prit place sur un siège un peu plus loin. Le noiraud tendit une main au châtain clair, ce dernier l'attrapa. Le regard de Beomgyu restait pourtant accroché à Taehyun.

- Allé Beom ça va le faire, tu sais très bien que tu as travaillé et que tu mérites une bonne note, moi, je suis fière de toi alors sèche tes larmes, c'est bientôt les vacances ! S'enjoua le noiraud.

- Merci Yeonjun...

Le bus se stoppa, des places s'étaient libérées et Taehyun avaient pris place à côté de ses amis, il ajouta sa main à celles qui étaient déjà entrelacées. Son large sourire habituel au visage.

- Et toi Tae, les partiels, tu veux en parler ? demanda le noiraud.

- Oh une petite catastrophe, mais je le savais de toute manière, j'avais ma sœur dans les pattes pendant toute ma semaine de révision. Il haussa les épaules, dégageant un détachement à toute épreuve, comme à l'accoutumé.

- Tout le monde s'est planté alors ? Des nouvelles de Soobin et Kai...

- J'ai eu un message de Hueningkai, il a réussi, je crois. Je ne sais pas pour Soobin.

- On va bientôt le savoir, on est à deux arrêts de sa fac.

Le châtain essuya du revers de sa manche ses larmes de fatigue et se posa sur l'épaule de Yeonjun. Le sommeil lui avait tellement manqué ces derniers temps. Le noiraud ne pipa mot à son action, le laissant récupérer ces nombreuses fois ou il n'avait pas pu voir Morphée. Ses yeux s'étaient alors clos et, après une grande inspiration, il s'était laissé bercer par les mouvements de la route. Le bus s'arrêta à l'arrêt tant attendu. Des étudiants étaient descendus et d'autres monté, puis Soobin monta à son tour. Vêtu d'un seul tee-shirt blanc alors que la capitale avait déjà atteint des température quasi hivernale, il portait son pull à la main, un air agacé placardé au visage.

D'un coup d'œil, il regarda ses amis avant de passer sa carte. La chair de poule lui hérissant les poils. Il s'accrocha à une des barres et resta debout devant ses amis, qui le regardaient en attendant qu'il explique pour quelle raison il était habillé comme en plein mois de juillet. Un long soupir combla le vide et, de lui-même, il s'expliqua, voyant bien que ses amis ne comprenaient pas cette situation démesurée.

- Ne vous inquiétez pas, tout va bien... Il perdait patience.

- Va y, tu peux t'énerver, explique nous tout ! Demanda le noiraud.

- Mais c'est cette conne de Daehyun avec son café à la con là. Elle n'est même pas capable de regarder où elle va, sérieux, je fais deux mètres douze, va t'acheter des lunettes ! avait-il beuglé.

- Oh wow, je ne m'attendais pas à ça !

- Et elle m'a sali mon pull, elle n'était même pas désolée, elle m'a demandé ce que faisait sur son chemin cette pouffiasse, non mais je rêve ! Il y a vraiment des gens qui manquent d'éducation dans ce monde de merde. Il plaqua une main sur sa bouche presque immédiatement. Oh, j'ai dit ça, je suis un peu énervé, désolé...

Sa réplique fit rire tout le monde, Beomgyu s'était réveillée à cet instant, un petit sourire au visage. Le cendré avait ébouriffé affectueusement les cheveux de l'endormi, content de voir cette triste mine disparaître de son visage. Il enchaîna :

- Oh, tu as réussi à faire sourire Beom bravo Soobin, toi qui as un humour de merde d'habitude ! s'avança-t-il, narquois.

- Ah la ferme avec ça, qu'est-ce qu'il y a Gyugyu ?

- c'est... Les partiel-

- Ah ne m'en parles pas, je vais tout casser, coupa Soobin. Ils se sont tous foutus de ma gueule... Ils ne sont pas capables de regarder la liste correctement, j'ai une tête à m'appeler Seo Changbin moi, sérieux ? Il se pointa du doigt lui-même pour appuyer ses dires.

Là encore, les trois amis se mirent à rire. Beomgyu n'avait plus envie de pleurer dès qu'il pensait à sa copie et Taehyun en était bien content. Yeonjun regardait le châtain, un petit sourire ne pouvait s'empêcher d'étirer ses lèvres charnues lorsqu'il voyait cette petite flamme dans le regard de Beomgyu. Ce dernier tourna le regard vers Yeonjun. Comme réponse, le noiraud lui adressa un plus ample sourire et secoua d'une main affectueuse ses cheveux.

- Mais oui, tu as raison Tae, il est drôle aujourd'hui Soobin, ce sont les journées de merde qui te rendent comme ça Bin ?

- Vous n'allez jamais la fermer hein, pas vrai ?

- Oh bah non, ça serait du gâchis ! S'enquilla Taehyun, le sourire aux lèvres.

- Vous êtes ignobles, et je pèse mes mots ! Heureusement qu'il reste Hueningkai pour me soutenir dans cette histoire... Il leva les yeux au ciel. D'ailleurs, des nouvelles de son côté, je n'ai pas eu le temps de lui envoyer un message ?

- Il a à peu près réussi, il faudrait qu'on aille boire un verre tous les cinq ! Proposa Yeonjun.

- Ça serait trop bien, on peut aller manger ensemble si vous voulez non ? lança Beomgyu qui avait l'intention de tout le monde.

- Aujourd'hui ? Ouais bonne idée, ça vous dit ?

- Carrément ! avaient répondu en cœur Taehyun et Soobin.

Les quatre amis avaient alors changé de bus pour aller en centre-ville, trouver de quoi remplir leur estomac et leur soirée. Ils avaient alors entamé une tout autre discussion, se libérant l'esprit, comme tant d'autres étudiants. Le bus s'était arrêté sur l'une des grandes artères de la ville, là où le monde se bousculait pour aller prendre un verre, manger ou encore prendre du bon temps entre amis. Le brun avait demandé à Hueningkai s'il voulait les rejoindre et ce dernier n'avait pas hésité une seule seconde. Les cinq garçons s'étaient donc retrouvés sur la terrasse d'un de leur restaurant favori, essayant d'oublier ce début de journée catastrophique. Le châtain pensait enfin à autre chose, Yeonjun rigolait avec Taehyun et Soobin et le blondin qui venait d'arriver quelque minutes auparavant, s'était installé en face de Beomgyu et les deux avait entamé une discussion sur des faits surprenants qui était arrivée dans le pays, d'étranges disparitions irréalistes. La serveuse était arrivée et avait pris leur commande et quelques minutes plus tard, ils avaient pu commencer à manger, tout en continuant de croiser les discussions les uns avec les autres.

- C'est des esprits, c'est sûr ! s'enquilla le blondin.

- Des esprits ? demanda Beomgyu. Mais, ce n'était pas un cyclone ? enchaîna-t-il perplexe.

- Kai... Tu n'as pas bientôt fini de raconter des conneries ? était intervenu Soobin, quittant sa conversation avec Taehyun et Yeonjun. Le cyclone de la semaine dernière a fait beaucoup de blessés, ils sont tous aux urgences, alors ne dit pas de bêtise.

- Mais, je ne dis pas de bêtise, j'y crois vraiment, les esprits sont partout et puis, on dit que les personnes qui ont été blessés le méritait sûrement...

- Quoi ? avaient aboyé Taehyun et Soobin sur une note commune.

- Il n'y a que la justice et les environs trois mille pages du code pénal qui peuvent juger quelqu'un Kai, surement pas des esprits mal lunés qui n'existent pas ! reprit le cendré, révolté.

- Mais, les esprits existent, vous verrez un jour, vous y serez confronté, ça vous fera tout drôle...

- Kai, je ne peux pas te laisser dire ça, il n'y a pas de preuves alors, non ! Les esprits n'existent pas, tout simplement ! répondit le brun pour donner son avis.

- Désolé kai, mais... Je suis d'accord avec eux... Ajouta Yeonjun sous le regard plaintif du blond.

- Oh, vous ne comprenez rien...

La discussion avait beau n'avoir aucun sens, elle avait encore continué jusqu'au dessert, où après ça, Beomgyu s'était remis à pleurer face à la tonne de devoirs qu'il avait pour la rentrée. Tout le monde s'était regroupé autour de lui pour lui donner du courage et de la force, mais ses larmes continuaient de couler, malgré lui. Taehyun avait pris sa main, il avait l'habitude de le voir complètement déboussolé face à tout le travail qu'il lui restait encore à faire. Étant dans la même classe tous les deux, ils auraient pu mieux comprendre comment se calmer l'un et l'autre. Les autres étaient regroupés dans d'autres filières et établissements, pourtant ils avaient gardé une sorte de liens les uns avec les autres.

- Je comprends Beom, je vais t'aider à les faire ces devoirs, même si la prof s'acharne sur toi, ça ne veut pas dire que c'est ta faute okay ?

- Ben... Il renifla, pourquoi elle m'envoie un mail pour me donner du travail supplémentaire alors...

- Parce que... C'est une co-

- Le langage Tae. L'avait repris Soobin.

- Oh et c'est toi qui parles !

Beomgyu laissa échapper un petit rire face à la faible altercation de ses deux amis. Toute l'attention avait alors été reportée sur lui.

- Bref Gyu, lança Soobin les deux mains sur ses épaules. Tu sais que tu es le meilleur niveau révisions ou devoirs ? Tu vas y arriver, qu'est-ce que c'est exactement ?

- Euh... Du droit constitutionnel et de l'anglais juridique...

- Tu n'inquiètes pas, on ira en amphi tous les deux avant nos TD d'accord ? S'avança le cendré.

- D'accord...

- Bon, arrêtons de parler de ça, ça nous fout le moral à zéro et moi aussi, alors avant que vous me voyiez perdre tout espoir pour la copie de merde que j'ai rendue, on va perler d'un autre sujet, d'accord ? Lança Yeonjun.

Lui aussi avait passé une mauvaise matinée, tout le monde s'était senti bête de ne pas avoir pensé à lui demander lui aussi. Il s'était concentré pour ne pas laisser éclater cette impulsivité qu'il cachait au fond de lui. Il avait repris.

- Bref, j'ai eu une idée, ça vous dit, on part en vacances ? Continua le noiraud après une petite pause dans son discours.

- Oh, quelle bonne idée ! Pourquoi t'as toujours des idées de malade toi ? répondit Soobin.

- Ouais, ça serait une bonne idée, je suis partant ! Ajouta le blond.

- Euh, vous êtes sûr ? On a pleins de devoirs et on a que deux semaines...

- Allez Beom, je t'ai dit que j'allais t'aider pour la Fac ! Moi, j'ai trop envie de prendre des vacances, je viens !

- Bon, allez, va pour des vacances...

- Et où irait-on ? demanda Soobin

- Euh... Je ne sais pas... Un truc tranquille.

- Ouais, un genre de chalet tout mimi dans la forêt ?

- Carrément, il y en a pleins qui se louent pas cher ces temps-ci !

                            

...»○«...

Le vent soufflait dehors. Yeonjun regardait à travers la fenêtre de sa salle de cours. En bas, Beomgyu et Taehyun prenaient l'air. Le châtain avait eu du mal à respirer quelques minutes auparavant et, naturellement, le cendré l'avait accompagné pour se reposer à l'abri de tous ces regards remplis de curiosité. Le noiraud, du haut de son perchoir, avait longuement hésité à les rejoindre, prétextant aller aux toilettes, mais il n'avait pas pu détacher ses yeux de la scène. Cette scène ou le cendré prenait soin du châtain. Leurs groupes d'amis s'étaient formés quelques mois déjà, toutefois, les liens entre eux n'étaient pas les mêmes. Taehyun et Beomgyu se connaissaient bien avant que le groupe se forme et, aisément, cette relation était alors restée.

La sonnerie avait retenti et, telle une flèche, le noiraud rejoignit sa cible. Il avait descendu les escaliers à vitesse express pour aller dans la cour arrière du lycée. Puis, il les avait vus, assis sur un banc, à l'ombre d'un joli Ginkgo aux feuilles jaunies qui, dû à la saison, avait laissé tomber ses jolies perles dorées sur le sol. Quelques feuilles étaient tombées devant ses yeux. Le noiraud avait voulu les rejoindre, simplement, il n'y arrivait pas. Il ne savait pas comment s'immiscer dans leur conversation, il le voulait pourtant tellement. Puis, un espoir avait fleuri sur son visage, il avait vu le cendré s'en aller, peut-être sous demande du châtain, Yeonjun ne le savait pas. Inconscient, il avait alors commencé à marcher jusqu'à ce banc qu'il regardait depuis de longues minutes maintenant. Le regard de Beomgyu s'était retourné sur le noiraud et les joues de ce dernier lui avaient semblé s'enflammer, il avait brusquement baissé les yeux et était allé s'asseoir à ses côtés.

- Ça ne va pas ? avait-il demandé faiblement.

- Si... Ça va...Tae est allé me chercher une bouteille d'eau, je... Ça va aller... Il baissa à son tour les yeux.

Une bourrasque avait accompagné ce silence de plomb qui suivait leur conversation. Les cheveux du noiraud avaient alors brouillé sa vision quelques instants. Beomgyu avait pris une grande inspiration, mais, il ne s'était pas lancé dans une phrase comme l'aurait aimé Yeonjun, n'ayant pas la moindre force pour une discussion. Contrairement à lui, le noiraud réfléchissait à un sujet de conversation, ce blanc lui montait une certaine angoisse à la tête. Au fond de lui, il aurait apprécié que Beomgyu se mette à parler, qu'il engage cet échange entre eux, mais il n'en fit rien. Le noiraud avait alors doucement déchiré le silence et avait continué son questionnaire.

- Tu veux en parler ?

-... Je... Ce n'est rien, juste une baisse de confiance en moi qui se mêle a plein d'autres choses... Ça ira mieux...

- Tu n'as pas confiance en toi...? il répéta, la voix vacillante, mais continua malgré tout. Moi, je te trouve génial, il ne faut pas te mettre dans cet état pour ça, tu es formidable Beomgyu... le noiraud regardait le sol tapissé de feuilles, les joues rouges. Tu es gentil, tu as la main sur le cœur. Tu es beau, tu as plein d'amis, on est tous avec toi, Taehyun surtout...il songea, et tu es intelligent, tu es le deuxième de la classe, tes parents doivent être fiers... De...Beomgyu ?

Son monologue fut arrêté par un sanglot. Le noiraud sentit un pincement au creux de sa poitrine alors qu'il regardait Beomgyu à ses côtés. Le châtain avait enfoui sa tête dans ses mains. Taehyun était revenu en courant et il s'était accroupi pour voir ce qui était arrivé au châtain, il avait lancé un regard d'incompréhension au noiraud qui, noyé dans sa panique, ne savait pas comment réagir. Il s'était levé pour laisser la place au cendré. Ce dernier passa sa main sur le dos de son protégé. Beomgyu se redressa pour venir se réfugier dans les bras du cendré. Les larmes continuaient de couler sur ses joues. Taehyun lui chuchotait dans l'oreille que tout allait s'arranger, passant une main rassurante sur son dos.

Yeonjun se sentait impuissant. La gorge nouée, il avait causé du mal et n'avait pas su le réparer, il avait cassé davantage celui qu'il voulait, lui aussi, protégé. Là, à côté du drame qu'il avait causé, il avait l'impression d'en être tellement loin pourtant. De belles perles salées menaçaient, elles aussi, de couler de ses yeux, mais il refusait, il n'avait pas le droit d'exposer sa douleur alors qu'il était lui-même la cause de celle de Beomgyu, c'est ce qu'il croyait du moins. Asphyxié par ses pensées qui le plombaient de secondes en secondes, il n'avait pas senti cette goutte s'échapper, unique et fière sur sa joue. Honteux, il l'épongea d'un furieux revers de la manche. Néanmoins, il l'avait vu cette larme, Beomgyu avait compris, lui qui pleurait encore sur l'épaule de Taehyun.

...»○«...

La dernière semaine de fac s'était durement achevée et les cinq amis avaient décidé de suivre les idées de Yeonjun et de se payer des vacances bien méritées, là où personne ne pouvait venir les déranger. Beomgyu était sorti de la voiture de Yeonjun et avait respiré un grand bol d'air frais, la montagne avait le don de le relaxer. Il aimait prendre l'air. Taehyun était, lui aussi, sorti de la voiture et avait sauté sur le dos du châtain qui, les yeux fermés, se laissait chatouiller par le vent frais du début de saison. Ils avaient rigolé et leurs rires s'étaient envolé à la cime des arbres de cette immense forêt qui se tenaient face à eux. La voiture de Soobin s'était, elle aussi, garé à côté de celle du noiraud, sur ce grand parking de cailloux blanc. Le brun et Hueningkai étaient sortis du véhicule et avaient rejoint leur groupe.

Les environs étaient vastes, de grands arbres, les montagnes en arrière-plan qui donnaient une profondeur à ce tableau splendide. Un sourire de satisfaction traînait sur le visage du noiraud alors qu'il regardait son petit protégé porter Taehyun sur son dos. Le téléphone de Yeonjun se mit à sonner, il décrocha le regard du châtain pour pouvoir répondre à ce numéro inconnu.

- Oui allo ? s'avança le noiraud.

- Agence voyage Yeohaeng, bonjour ! Que puis-je faire pour vous ?

- Euh, c'est vous qui venez de m'appeler, ce n'est pas grave, vous devez avoir fait une petite erreur, on s'est appelé tout à l'heure, vous avez peut-être appuyé sur le numéro par hasard.

- Ah bon, pourtant je suis confus, j'ai bien entendu la sonnerie... Et je n'avais pas votre numéro... Bon, veuillez m'excuser monsieur, je suis navré !

- Ce n'est rien !

Yeonjun raccrocha, intrigué par cet appel. Il ne comprenait pas ce qu'il se passait. Persuadé pourtant d'avoir assurément entendu la sonnerie de son cellulaire, il trouvait cette mauvaise blague absurde. Il ouvrit l'appli de voyage qu'il avait téléchargée pour réserver son logement, mais rien, le réseau ne fonctionnait pas bien par ici. Même si une énorme antenne relais avait été érigée quelques kilomètres plus loin, il semblait qu'elle ne couvrait pas cette zone. Le brun l'interpella pour lui demander ce qu'il faisait là, tout seul au milieu de la route alors que tout le monde avait déjà mis un pied dans la forêt pour rejoindre l'habitation. Le noiraud rangea son téléphone, les sourcils froncés, ne cherchant pas plus amples explications. D'un petit sprint, il rattrapa le reste du groupe.

Tous les cinq s'étaient enfoncés dans la dense forêt qui s'était dressée devant eux à leur arrivée. Un silence total les avait alors accueillis entre les troncs d'arbres, une fraîcheur bien plus hivernale que dans la ville avait aussi fait son apparition pour glacer le bout des doigts de Hueningkai, couvert par une simple doudoune sans manches sur ses vêtements d'hiver. Après quelque minutes de marche dans la faible obscurité des bois, ils étaient arrivés devant un petit chalet accueillant. Chacun avait porté ses affaires jusqu'à l'intérieur de la maisonnette. Taehyun s'était émerveillé de tout et Soobin en avait profité pour se remplir un grand verre d'eau, il mourrait de soif. L'endroit était grand malgré que de l'extérieur, on avait tendance à ne voir qu'une simple maison de repos pour les chasseurs.

Beomgyu s'était posé devant le feu de bois qui faisait partie de ce petit salon que l'on voyait de la porte d'entrée, il avait tout de suite remarqué le canapé et s'y était affalé comme s'il n'avait pas dormi depuis des semaines. La fin d'après-midi avait sonné et les amis s'étaient retrouvés sur la table de la salle à manger au-dessus d'un joli lustre qui faisait référence à l'époque victorienne. Le ventre de Soobin avait crié famine et Yeonjun et Hueningkai s'étaient alors chargés du dîner.

- Qui veut du fromage dans ses ramyeon ?

- Oh non, Kai, tu mets du fromage dans tes ramyeon ? Quel enfer ! c'est quel genre de goûts ça ?

- C'est goût fromage Tae, ça me paraît évident ! À sa blague fumeuse, le brun explosa sous les regards jaugeurs de ses amis.

- Oh pas mal, je n'aurais pas dit mieux ! s'enquilla Soobin.

- Vous avez un humour de merde... lança le noiraud en enfournant une grande bouchée de nouilles dans sa bouche.

Un rire général s'était alors déclenché quand le brun avait commencé à râler, et la soirée, calme, s'était déroulée jusqu'à l'heure du couché. Ils n'avaient pas examiné toutes les pièces, bien trop fatigué pour y penser et voulant rejoindre leur lit au plus vite. Le noiraud avait proposé de choisir les chambres, d'aller dormir et de s'occuper du reste quand le jour se serait levé, là encore, tout le monde opta pour cette idée fabuleuse. La maisonnette comportait un étage avec cinq chambres et une salle de bain, le blond avait sauté sur l'occasion de la fatigue générale pour aller prendre sa douche le premier. Il avait bien fait. La nuit avait alors atteint son apogée et les amis s'étaient alors endormis chacun dans leurs chambres respectives. Seule Yeonjun avait traîné un peu plus longtemps sur son téléphone, cherchant un brin de réseau, mais pourtant, Morphée lui avait lancé des terribles bâillements et il n'avait pu faire autrement que de s'endormir.

...»○«...


Un grand soleil de début de printemps frappait dehors. Soobin s'était réveillé, il avait mal dormi. À ses côtés, Yeonjun dormait encore, emmitouflé dans ses draps. Il se redressa, la tête engourdie. La veille, ses amis s'étaient tous réunis chez le brun pour passer le week-end ensemble. Ils avaient descendu tout un tas de couvertures et, leur matelas gonflé à bloc, ils s'étaient endormis après de nombreuses parties de jeux vidéo. Levé avec le soleil et réveillé par la lumière du jour, Soobin était désormais debout. L'horloge du salon indiquait déjà dix heures, la mère du brun n'allait pas tarder à rentrer. Elle était partie la veille, le travail l'obligeant, et avait laissé la maison à son fils, le jugeant suffisamment responsable.

Le brun avait tourné la tête pour voir ses amis. Taehyun dormait lui aussi, sur le canapé. À ses pieds, Beomgyu venait d'ouvrir les yeux, il avait saisi son téléphone et avait tiré le fil interminable d'Instagram, tel un automate contraint à la routine de cette technologie. Hueningkai n'était pas là, comme à son habitude, il devait être dehors à regarder la buée sortir de sa bouche, choqué par cet air frais matinal. Soobin se retourna pour voir s'il le voyait sur la terrasse, mais non. Il se leva alors, voulant savoir où il était allé. Il monta les escaliers pour rejoindre sa chambre et prendre un bon manteau.

- Kai ? Ça va ? Qu'est-ce que tu fais là ? Demanda Soobin devant le blond qui était assis sur son lit.

- Je... J'ai fait une crise de panique... C'est... Ce n'est rien...

- Oh mince... Il le rejoignit. Tu veux m'en parler ?

- Hum... Je crois que... Non, tu vas te foutre de ma gueule...

- Non jamais, pourquoi je ferais ça Kai...?

- Parce que je crois que j'ai vu un esprit qui voulait me tuer...

Le rire franc de Soobin résonna dans la pièce. Il prit le blondinet dans ses bras la seconde suivante, plaçant sa tête dans le creux de son cou.

- Oh Hueningkai t'es trop chou... Ne t'inquiète pas, je te protègerai de tous les mauvais esprits qui te voudront du mal et tu verras...j'aurai même pas besoin de lever le petit doigt ! Allez viens, on descend avec les autres. Il se redressa après sa phrase. Libérant le blond.

Le noiraud se réveilla en sursaut. Il avait fait un mauvais rêve, quelque chose d'étrange, même d'inexplicable dont il n'arrivait pas vraiment à se souvenir. Un silence pesant planait dans le salon. Beomgyu, qui traînait encore sur son téléphone, ne semblait pourtant pas l'avoir remarqué. Ce silence, Yeonjun le détestait. Il ne savait pas réellement pourquoi, mais il lui donnait cette mauvaise impression que tout allait basculer. Comme en haut d'une montagne russe avant la chute, cette chute vers le sol, le néant, là où rien ni personne ne serait capable de trouver le moindre retour en arrière. Il ferma les yeux un instant, une bribe de souvenirs venait de resurgir devant ses yeux. Yeonjun se retourna précipitamment pour chercher ses amis des yeux, ses battements de cœur s'étaient accélérés alors, Soobin et Hueningkai n'étaient pas dans son champ de vision. Il se calma néanmoins lorsqu'il les vit descendre les escaliers.

Les deux garçons étaient descendus, Hueningkai talonnait Soobin, la peur encore accrochée au ventre. Ils avaient discuté quelque minimum dans les escaliers, avant de retourner vers les autres, mais, une fois de plus, le côté rationnel excessif du brun l'avait emporté sur les propos du blondin. Ils avaient alors, tous les deux, silencieusement, rejoint le salon, là où tout le monde commençait à se réveiller. Le noiraud avait secoué la tête, essayant d'effacer ces images de sa mémoire, ces images insensées qui pourtant semblait vouloir s'accrocher à lui.



...»○«...



Le liquide ébène avait assombri la tasse et la machine s'était arrêtée quelques secondes plus tard. Le noiraud avait fait couler son café dans une grande tasse blanche. D'une main encore endormie, il attrapa l'anse et posa sa boisson sur la table, en contrebas de la machine. L'endroit était calme, trop calme. La maison était totalement isolée et, malgré la forêt qui encerclait cette charmante petite cabane de bois, on n'entendait rien, mis à part cet effroyable silence. Yeonjun décrocha les yeux des branches d'arbres qu'il voyait à travers la grande baie-vitrée, et vint briser ce blanc qui embaumait la pièce en reposant sa tasse sur la table. Après un énième long moment d'absence, le noiraud se leva et s'avança vers la porte fenêtre, il l'entrouvrit.

Un air frais s'infiltra dans le chalet, déjà bien assez froid. À cette action, un frisson parcourt le bras de Yeonjun. Dehors les oiseaux chantaient le début de journée et un bruit d'eau se faisait doucement entendre au loin, il devait sûrement y avoir quelque chose. Dehors, le bruit résonnait bien plus qu'à l'intérieur de ce chalet, bien plus que tout, pourtant à l'intérieur, ils étaient comme coupés du monde, coupé de ce dehors qui pourtant criait la vie. Il avait beau réfléchir, il avait cette désagréable impression de déjà vu, comme si, cette matinée, il l'avait déjà vécu.

Une main se posa sur l'épaule du noiraud, il sursauta, bien trop perdu dans ses pensées pour entendre Soobin arriver, accompagné de Taehyun, encore en train de descendre les marches de l'escalier.

- Alors, tu pensais à quoi, tu déprimes sur ta vie ? Demanda sarcastiquement le brun.

- Je réfléchissais, c'est vachement bien isolé là quand même non ? C'est une vieille maison pourtant on dirait... Il songeait encore, face à la vitre entrouverte.

- Jun referme s'il te plait je me les caille ! Lança Taehyun qui avait trouvé une place sur le canapé. Merci, ajouta ce dernier alors que le noiraud avait exécuté sa demande.

- Non, c'est cool que ça soit bien isolé, comme ça on n'entend pas Beom se plaindre parce qu'il a été réveillé par un oiseau ! Répondit Soobin.

À sa réponse, un petit rire cristallin s'échappa de la bouche du cendré, assis sur son canapé, il affirma que Soobin gagnait un point. Yeonjun regardait toujours par la fenêtre. Quelques minutes plus tard, les marches de l'escalier se mirent à grincer et le blond montra sa petite tête encore endormie. Hueningkai s'était assis aux côtés de Taehyun sur le canapé et s'était blotti contre lui pour y trouver cette source de chaleur humaine dont il avait besoin.

- J'ai entendu un cours d'eau tout à l'heure, ça vous dit d'aller faire un tour ? Proposa Yeonjun.

- Je vais rester avec Beomgyu et je vais aller couper du bois pour réchauffer cet endroit glacial aussi ! lança le cendré.

- Moi, je veux bien t'accompagner, j'avais envie de faire un petit tour autour de la maison de toute façon. S'avança le brun.

- Et toi Kai ?

- Pourquoi pas... Répondit-il, à moitié endormi sur l'épaule de Taehyun.

Les trois garçons s'étaient chaudement habillés après avoir pris le temps de déjeuner, ils avaient alors investi les lieux dans l'espoir de trouver souvenirs à raconter. Taehyun était sorti dehors, vêtu d'un bomber et d'une lourde écharpe, il avait trouvé un petit local aux alentours de la maison et, l'intérieur contenait ce qu'il était venu chercher. Le bois pour chauffer le salon. Beomgyu, encore sous ses couvertures, dormait rideaux tirés dans la chambre qu'on lui avait attribuée la veille. La fatigue de ces derniers jours l'avait assommée. La pendule allait bientôt sonner à neuf heures.

Les branches et feuilles mortes craquaient sous leurs pieds. Les trois garçons avaient déjà parcouru quelques mètres loin de la petite maison qu'ils habitaient pour les vacances. Yeonjun, à l'affût de tout cours d'eau, marchait à l'avant alors que Hueningkai et Soobin le talonnaient. Le soleil de la matinée se faufilait harmonieusement entre les branches des arbres pour venir créer, hasardeusement, une ambiance dorée. Le brun ferma les yeux en continuant sa marche, il apprécia les rayons de l'astre jaune qui lui réchauffait les joues. Le blond, lui, ramassa une feuille, ses belles couleurs rouges l'avaient intrigué. Il joua quelques minutes avec avant de la laisser tomber pour trouver un bâton, il le laissa traîner par terre, un petit bruit de frottement de feuille avait alors rejoint les pas et l'ambiance calme de la forêt. Le calme les embaumait et ils profitaient de cette balade qui, jusqu'alors, leur paraissait bien tranquille. Le noiraud cria eurêka, sa voix s'envola à la cime des grands arbres.

- Regardez, je ne suis pas fou, elle est là, rivière !

Aucune réponse. Ce dernier se retourna pour voir ce que pouvait bien faire ses deux amis, mais ce qu'il vit lui éleva un frisson dans le dos. Personne, personne n'était là. Seul le vide de cette grande forêt s'était alors retrouvé face à lui. Il cria le nom du brun, puis celui du blond, mais pas de réponse. Il rebroussa chemin tout en ronchonnant. Pourtant, plus il avançait, moins il avait l'impression de reconnaître où il était. Ses yeux se baladaient parmi les arbres pour trouver quelque chose de familier. L'air commençait à se faire rare, il avait un mal affreux à respirer, toutefois l'air abondait, le haut des sapins baignait dans un ciel bleu. À bout de souffle, le noiraud cria une fois de plus le nom de ses amis. Il porta une main sur son front, soudain comme engourdi.

Quelque chose se posa sur son épaule. Affolé, Yeonjun se retourna. Sa respiration se calma lorsque ses yeux se posèrent sur Soobin. Ce dernier ne comprenait pas pourquoi Yeonjun était dans cet état.

- Ça va ? On dirait que tu as couru ! Je t'ai cherché partout, pourquoi tu es parti comme ça, je sais bien que tu cherchais ta rivière, mais quand même.

- Je... où étiez-vous ?

- On était derrière toi, mais il n'a pas fallu deux secondes pour que je fasse mes lacets, que tu avais déjà disparu.

- Et Hueningkai ?

- Justement, je ne sais pas où il est. Je pensais qu'il était avec toi, j'ai baissé le regard un instant pour regarder mes chaussures et quand j'ai relevé la tête, vous étiez tous partit ! Merci hein. Franchement ça ne se fait pas, c'est immature. Râla le brun.

Le blond essayait de toutes ses forces de défaire son pied du sol. Quelque chose l'attirait, là, sous la terre, il en était sûr. Une peur considérable se lisait dans ses yeux. Couché sur le sol, a plat ventre, Hueningkai s'agrippait vigoureusement la branche qu'il avait plantée dans le sol. Malgré lui, sous les feuilles mortes, quelque chose le happait. Sa voix se propageait à la cime de ces grands arbres. Néanmoins, plus il bougeait son pied, plus il s'enfonçait. La terre avait déjà recouvert son genou. Le blond criait de toutes ses forces pour essayer de prévenir quelqu'un, de chercher de l'aide, sa voix commençait à se craquer. Il jetait de rapides coups d'œil à sa jambe qui s'enfonçait pas à pas. Si tout continuait comme ça, il allait finir par être enterré vivant. Une larme coula sur le visage rouge du blondinet et il cria davantage le nom du noiraud, espérant un retour. L'incompréhension le noyait, il ne sentait rien ni personne qui lui attrapait la cheville malgré tout.

Le blond avait lu tellement d'histoire d'horreur en ce genre, il n'avait jamais songé qu'un jour, il serait en train de se faire enterrer vivant, dans le sol d'une immense forêt qui semblait si tranquille, pourtant. Un sanglot s'échappa de sa gorge, sa voix avait faibli, il répéta le nom de son aîné, dans le vide une fois de plus. Soudain, la branche lui glissa des mains. Pris d'une immense panique, il essaye vainement de se rattraper aux feuilles mortes, mais il coulait, là, dans le sol boueux de cette forêt inopinément macabre.

- Non ! Aidez-moi, ses poumons se déchirèrent tellement son cri fut puissant.

Un battement de cil, rien qu'un seul. La forêt avait retrouvé son calme éternel. Le blond bougea son pied doucement, la terre ne l'entourait plus, il était de nouveau à la surface. Les yeux écarquillés, il se releva brutalement, la tête engourdie, le regard flou. Il se mit à courir, cherchant une porte de secours, une échappatoire. La branche qu'il avait plantée dans le sol s'éloignait à mesure qu'il fuyait dans une autre direction. Le regard toujours en arrière, il continuait à fixer cette branche, seul repère du cauchemar. Hueningkai heurta quelque chose. Il trébucha et tomba.

- Kai regarde où tu vas purée ! Tu m'as fait super mal. Se plaignit Yeonjun.

- Ye...Yeon...

- Qu'est-ce qu'il y a Kai ? Demanda Soobin en proposant ses mains au deux garçons qui tentait de se relever.

- Je... Là-bas... Il pointa du doigt la direction qu'il avait fuie. Ils ont....

- Quoi ? Crache le morceau ! Je ne comprends rien.

- Ils ont essayé de m'enterrer vivant...

- Hein, mais qui ? Demanda le noiraud....

- Je ne sais pas, un zombie ou quelque chose qui venait de la terre...

Le silence avait repris place entre les arbres. Ce dernier se brisa en mille éclats lorsque Soobin et Yeonjun explosèrent de rire dans un brouhaha commun. Le blond fronça les sourcils, pas sûr de comprendre leurs réactions.

- Mais, je vous dis la vérité.

- Allez Kai, on arrête les bêtises, on rentre aussi, il fait trop froid.

- Mais... C'est vrai !

Soobin rigolait encore à pleines dents. Le blondinet essayait de se défendre, agrippé à la veste du noiraud par peur de les voir disparaître de nouveau. Le brun l'avait engueulé, comme il s'en était chargé avec Yeonjun pour lui dire que ce n'était pas très mature de le laisser seul dans la forêt et d'en rajouter pour faire des blagues sans queue ni tête. Yeonjun avait le regard pendu dans le vide. Il cogitait, réfléchissait, il avait beau mettre tous les indices bout à bout, quelque chose ne s'expliquait pas. Il devait délirer, les histoires sordides de Hueningkai lui avaient peut-être monté à la tête. Il secoua vigoureusement son visage pour essayer de faire tomber ces mauvaises pensées.

Le cendré tenait sa hache des deux mains. Dans le petit cabanon, il avait trouvé du bois en gros rondins. Il avait donc cherché un outil pour couper des morceaux qui seraient susceptibles de rentrer dans la cheminée. La porte ouverte lui laissait un rayon de lumière qui illuminait le tabouret en fer sur lequel était posée sa bûche. Taehyun s'arrêta un instant, il essuya son front du revers de sa manche. Relever cette lourde hache en acier lui demandait un certain effort. Le bruit soudain du bois qui se brisa inonda la petite pièce, le silence reprit néanmoins son espace la seconde suivante. Entre deux blancs, il entendit les feuilles derrière lui craquées. Il se retourna, mais personne n'était là, le vent avait fait bouger quelques feuilles fraîchement tombées de leur arbre.

Taehyun s'empara d'une autre bûche, laissant sa hache sur le côté de son tabouret de fer. Un instant plus tard, ne serait-ce que l'espace d'un battement de cil, la porte se referma dans un vacarme assourdissant. Le cendré souffla, ses yeux se levèrent, par habitude. Il laissa tomber cette bûche et s'avança pour rouvrir la porte, a la recherche de lumière. Sur le chemin, son pied se posa sur quelque chose. Il grogna et par réflexe releva son pied du sol. Pourquoi le sol était-il mouillé ? Il n'avait pas plu pourtant. La main sur la poignée, il tenta d'ouvrir la porte, rien. Elle resta bloquée. Un autre ronchonnement se fit entendre dans le petit espace.

- Sérieux, c'est pas drôle, j'y vois rien...Et pourquoi il y a une flaque ici, la tuyauterie fuit ou quoi ?

À l'étage supérieur, le châtain, avachi dans ses draps, dormait encore. Un instant, il lui sembla voir la lumière du jour passer à travers le rideau de sa chambre. Ses yeux commençaient à s'habituer à la lueur qui colorait la pièce. Il inspira longuement, refermant momentanément ses yeux, savourant une dernière fois la chaleur de son lit. Ses pupilles se posèrent à nouveau sur la fenêtre en face de lui. Soudain, il se stoppa. Quelque chose était en train de lui grimper dans le coup. Après réflexion, il avait compris que ce quelque chose était une main. De longs doigts qui remontaient sa nuque pour venir se planter dans ses cheveux châtains. Son sang ne fit qu'un tour. Les yeux grands ouverts, il essaya alors de se redresser, mais, impossible, la main appuyait sur sa tête. Pas à pas, il s'enfonçait dans son coussin. L'air allait venir à lui manquer si cette mystérieuse main continuait de le plaquer contre son matelas. Il tenta de se débattre, mais rien ne semblait pourtant être au-dessus de lui. Il cria de toutes ses forces. La pression sur son crâne commençait à lui faire mal. Sa nuque craquait.

Soudain, il se releva. Il rouvrit les yeux, les avaient-ils fermés ? Son front dégoulinant de sueur, il avait été victime de son cauchemar, se disait-il. Beomgyu s'assit sur le rebord de son lit. Il resta là un long instant avant de venir prendre son pull, enfiler ses chaussons et descendre. Le salon l'accueillit, seul. Il jeta un œil dans la cuisine, mais personne. Peut-être aurait-il plus de chance dehors ? Il s'empara de la poignée de la porte d'entrée et l'ouvrit. Sur le pas de porte, il trouva Soobin, Yeonjun et Hueningkai en train de parler vigoureusement d'un sujet qui semblait au châtain sensible.

- Oh, on baisse d'un ton, ça vous dit ? Demanda Beomgyu, encore dans le flou de son cauchemar précédent.

- Mais Kai, tu dis n'importe quoi, tu ne peux pas t'être enfoncé dans le sol, regarde la preuve, elle est où la terre qui est censée être sur tes vêtements. Hein ?

- Je... Je ne comprends pas pourquoi elle n'y est pas, mais je peux te jurer sur ma collection de livres d'époque que je ne mens pas ! Croyez-moi bordel de merde.

- Il est ou Tae, il n'est pas avec toi ? Demanda le noiraud, complètement en dehors de leur conversation.

- Je ne sais pas, je viens de me réveiller, je pensais qu'il était avec vous. Vous êtes allés où ?

- Non, il est resté pour que tu ne sois pas tout seul. On est allés dans la forêt, mais on s'est perdu de vue tous les trois et Hueningkai est persuadé qu'il a failli se faire enterrer vivant.

- Hein, quoi ?

- Oh, c'est une longue histoire.

- Il faut qu'on parte d'ici. Je ne le sens pas là ! lança le blond.

- Ah non, je me suis cassé de cul pour vous trouver des vacances, on reste. Merde ! S'énerva le noiraud.

- Bref, ça ne me dit pas où est Tae. Relança le châtain, pensif.

Ce dernier descendit les petits escaliers qui menaient à la porte d'entrée. Il se stoppa et se focalisa sur une hache, que faisait-elle en plein milieu de l'allée ? Il s'en approcha sous le regard intrigué de Yeonjun, ce dernier le rejoignit. Beomgyu se baissa pour attraper l'outil. L'observant du regard et détaillant ses contours.

- C'est une hache ? Oh purée Taehyun devait aller couper du bois non ? Se demanda-t-il après un éclair de lucidité.

Le noiraud se précipita à l'arrière de la maison, dans l'espoir d'y trouver le cendré. Face à lui se tenait une petite cabane. Il s'arrêta premièrement, mais le châtain le rattrapa rapidement. Il prit l'initiative d'aller voir ce qui se trouvait dans la sorte de remise. Il ouvrit avec difficulté la porte et la lumière s'engouffra. Un Taehyun ronchon se leva d'un rondin de bois. Beomgyu s'exclama.

- Tae, mais, ça va ?

- Oui, la porte s'est refermée avec le vent et on ne peut pas l'ouvrir de l'intérieur, très mauvaise idée d'ailleurs.

Les trois garçons quittèrent le cabanon, Yeonjun ouvrit la marche, Beomgyu et Taehyun le suivaient. Ils n'avaient rien remarqué, seulement derrière eux, la porte de la remise se rouvrit. À l'intérieur, quelque chose avait coulé. Sur la porte dégoulinait un liquide rouge qui tombait sur les feuilles mortes en contrebas. Une trace de pied se dessinait sur sol terreux. Elle commençait néanmoins à s'effacer, mystérieusement.


...»○«...


Soobin avait dévalé l'escalier qui menait à la porte d'entrée. Il avait suivi le blond et tentait de le rattraper. Soobin avait saisi son poignet et Hueningkai s'était arrêté de marcher, retenu par son ami. Pourtant, une peur irrationnelle se lisait dans les yeux du blondinet. Son regard divaguait, il faisait attention à tout bruit qu'il captait, tournant brutalement la tête.

- Laisse-moi partir Bin... Je t'en supplie.... Venez avec moi... Allez, vous ne comprenez pas, il se passe quelque chose ici, quelque chose d'inexplicable-

- Kai réfléchit, ça ne peut pas être réel, tu comprends bien, hein ? Le coupa Soobin.

- Vous ne m'écouterez donc jamais, pour une fois que je vous le dis, ce n'est pas une de mes histoires sordides pour vous faire peur, pff, à quoi bon parler, personne ne me crois jamais...

Le blond se défit de l'emprise de son ami et il continua sa route vers les voitures, il comptait bien rentrer chez lui avant qu'il ne lui arrive quelque chose. Soobin était resté quoi face à la réaction de son cadet, il ne le voyait que rarement lui tenir tête à ce point. Il avait hésité à le suivre et, doucement, avait avancé d'un pas, d'un seul.

- Reviens sérieux, tu es vraiment un gamin ! Cria-t-il dans le vide de cette grande forêt sombre.

Personne ne lui répondit, seule la lumière de la lampe de Hueningkai se baladait à travers les branches, il ne voyait plus que ça. Le brun souffla d'agacement, Yeonjun allait encore lui faire la morale, lui dire qu'il n'avait pas su ramener le plus petit. Lui dire qu'il aurait dû y aller à sa place, ne pas le laisser tout gâcher. Il l'avait tellement entendu cette phrase venant du noiraud. Il s'était toujours dit qu'il disait ça sous le coup d'une terrible colère, il commençait à penser autrement.

Il se frotta le visage, fatigué. Puis soudain, il sursauta Une branche craqua derrière lui. Était-ce un animal, ou quelqu'un qui venait de l'intérieur de la maison ? Il se retourna, pris d'un frisson incontrôlable qui lui fit l'effet d'une main toute froide dans le creux de son dos. Il scruta du regard les alentours, mais rien. La porte de la maison était fermée. L'intérieur était allumé et permettait à Soobin de voir là où il posait ses pieds. Il pouvait très bien distinguer les feuilles et les brindilles à ses pieds. Le brun baissa le regard, ses yeux fixèrent cette petite branche qui avait été fendue en deux, comme si on avait posé le pied dessus. Peut-être était-ce lui, ou le blond en s'en allant.

Brusquement, Soobin se retourna, il avait cru entendre une autre branche craquer sous le poids de quelqu'un et surtout, il avait senti quelque chose, quelqu'un le frôler, là, a quelque centimètre, même millimètre de lui. Il avait ressenti une présence. La lumière de Hueningkai n'était plus là, il avait fait vite pour rejoindre la fin de la forêt, avait pensé le brun. Soobin se précipita vers la porte d'entrée, une sensation étrange lui parcourut le corps, un petit sourire avait étendu faiblement ses lèvres, pris d'une adrénaline soudaine. Il se sentait bête d'avoir réagi ainsi, après tout, il n'allait pas faire ce qu'il avait reproché au blondinet, faire l'enfant. Il avait passé l'âge. Soobin regardait encore à travers la petite vitre à coté de la porte, il regardait le noir de la forêt. Il attendait que quelque chose se produise, comme pour se contredire, contredire sa rationalité qui empêchait de faire germer cette idée farfelue qui commençait à voir le jour dans son esprit.

Rien, cela le rassura en un sens, il n'avait pas complètement perdu la tête.

Une main se posa sur son épaule. Il tourna violemment la tête, surpris par le geste si soudain de Yeonjun qui regardait lui aussi à travers la petite vitre, au-dessus de l'épaule du brun.

- Il est parti ?

- Oui... Désolé...

- Ce n'est rien, j'aurai dû y aller moi, mais il va revenir, ne t'en fait pas.

- ...Soobin leva les yeux.

- Vous êtes sûr qu'il va revenir ? Il avait l'air plus sérieux que la dernière fois. Demanda Beomgyu.

- Mais oui, vous vous souvenez, à Halloween dernier, il avait fait toute une scène, car il sentait l'esprit maléfique de la maison de Soobin. Lança le noiraud.

Tout le monde se mit à rire, ils avaient pris cette habitude avec Hueningkai. Le blond avait une peur bleue de ce genre de choses, même s'il en raffolait.

- Oui, vous avez raison, même au nouvel an, il avait coupé la musique pour pas énerver, je cite « les créatures qui ont les oreilles sur développées ! » les éclats de rires volèrent une fois de plus après la réplique de Taehyun.

- Bon, allons se coucher. On lui ouvrira la porte demain quand il aura passé la nuit à vider l'essence de la voiture.

- Oh non hein, j'espère qu'il ne va pas tout me vider, c'est ma caisse bordel ! S'écria le brun.

- Ah, chacun son tour. Répondit le noiraud en commençant à monter les escaliers pour accéder aux chambres. Oh, Bin, laisse ton portable allumé au cas où il aurait besoin d'aide, hum?

- Ouais, je vais faire ça. il hocha la tête.

Les quatre garçons avaient rejoint leur chambre respective. Le brun pensait encore à cette discussion qu'il avait eue avec Hueningkai, il regrettait de l'avoir traité d'enfant et il savait à quel point il détestait qu'on infantilise ce genre de sujets sur lequel ils avaient de gros différends. Le blond vivait davantage dans un monde imaginaire, celui qu'il avait lu des milliers de fois dans les livres qu'il feuilletait à longueur de journée. Soobin lui travaillait sur la théorie et on lui avait rabâché sans cesse pendant des années qu'on ne pouvait avoir bon argument sans preuves. Ils étaient forgés ainsi. Soobin était resté sur la conversation avec le blond en attendant un message. Morphée, armé de son sommeil, l'avait pris dans ses bras, il avait laissé tomber son téléphone sur le bord de son lit et avait rejoint ce monde imaginaire qu'il reprochait à Hueningkai, le monde des rêves.

Le ciel commençait à s'éclaircir, quelques nuages trônaient au-dessus de la cime de ces grands arbres. Soobin ouvrit délicatement les yeux, sa vision se focalisant sur son téléphone qui était encore sur le côté de son matelas. Il s'en saisit et alluma l'écran d'accueil. Rien, le blond n'avait pas envoyé le moindre message. Il souffla, agacé par la mauvaise foi de son ami. Le brun se laissa retomber dans ses couvertures, encore endormi. Il se leva cependant quelques minutes plus tard pour chercher des vêtements plus chauds dans la valise qu'il avait apportée avec lui.

Yeonjun fut réveillé par les grincements des pas du châtain. Un bâillement s'échappa de sa bouche avant que ses lèvres ne se referment, les yeux fixés au plafond, il passa une main dans ses cheveux. Un cri strident qui venait d'en bas le secoua subitement, il se releva dans la foulée et dévala les escaliers. Taehyun et Soobin avaient, eux aussi, été réveillés et ils avaient suivi le noiraud en bas, faisant tous les trois grincer les vieilles marches de bois à toute allure. Ils avaient premièrement vu le châtain devant la grande baie vitrée, figé et pourtant tremblant à la fois. Puis, ils avaient descendu les marches davantage.

La scène était comme gelée, arrêtée, tout comme le cœur de Soobin qui semblait se détruire de l'intérieur. Le souffle coupé. Venait-il de prendre un coup dans le ventre ? Non, du moins, il avait cette sensation horrible, comme touché par balle en pleine poitrine. Ses yeux commençaient à s'humidifier avec, devant lui, le corps de Hueningkai, sans vie, accroché vulgairement aux branches d'un arbre en face de la maisonnette. Le temps se remit à couler, calme et néanmoins si déchaîné. Les genoux de Beomgyu atteignirent le sol alors que le brun avait accouru vers la porte-fenêtre, poussant tout le monde dans les escaliers. Il avait collé ses mains sur la surface froide, si froide de la vitre et une trace de buée avait alors flouté sa vision sur la scène atroce qui se déroulait sous ses yeux. Du rouge se dessinait encore à travers la surface peu visible.

- Bin non... N'y va pas ! s'égosilla le noiraud, le visage horrifié.

Ce dernier n'écouta pas une seule seconde et se rua sur la porte d'entrée. Il descendit les quelques marches qui bordaient la porte et se stoppa, les yeux en l'air sur le corps du blondinet. Sa tête était recouverte de sang, elle avait été comme frappé. Le regard de Soobin descendit un peu plus. Une grosse trace de strangulation avait gravé son cou. Les larmes se manifestèrent. Il continua sa route avec ses iris tremblante, le pull blanc du blondinet étaient recouverts de traces de mains ensanglantées, qui ressortait davantage dû à la couleur albe de son vêtement. Mais, ces mains, ce n'étaient pas les siennes. Les doigts étaient bien trop grands pour s'y apparenter. Un peu plus bas se trouvait sur son pantalon bleu jean des traces. Le cœur de Soobin se retourna à la vue de ces grosses traces de terre, elles recouvraient la quasi-entièreté de ses jambes, comme s'il avait été happé par le sol. Cette situation avait déjà été évoquée par le blond et Soobin n'avait pas daigné s'y intéresser davantage. Une immense vague de culpabilité était venue nouer sa gorge. Alors, de nombreux souvenirs étaient venus s'y mêler, troublant son esprit.

Un sanglot s'échappa dans cette grande forêt, froide et pourvue d'une faible lumière matinale. Le brun s'écroula sur les feuilles mortes, son cœur se serra, un poids lourd lui comprimait la cage thoracique. Les yeux noyés, il laissa couler ses larmes douloureuses sur ses joues rougies par le froid. Taehyun avait rejoint le brun en courant et il s'était agenouillé à ses côtés pour le prendre dans ses bras. Des perles ornaient aussi ses yeux, il essayait de ne pas le montrer, mais il voulait tellement se laisser aller, pleurer à s'en rougir la vision. Les souvenirs lui revenaient gouttes à gouttes. Rouges, du moins. Il sentait de nouveau la chaleur de l'étreinte qu'il avait donné au blond lorsqu'ils s'étaient revus au café, cette larme avait fini par couler, malgré tout.

Yeonjun les avait rejoints, à petit pas, il regardait la scène de loin, comme bloqué. Ses pieds hésitaient, le regard perdu dans l'horreur qu'il venait de voir quelques minutes plus tôt. Comment cela avait-il pu se produire ? Ses neurones fusaient, il devait comprendre, le regard trouble, il essuya une larme qui avait franchi la barrière de ses yeux.

Beomgyu était resté à l'intérieur, ne sachant pas comment réagir. Une seule émotion l'animait, la peur. Et s'il lui arrivait la même chose ? Il était persuadé que le blond avait raison la veille, lorsqu'il s'était plaint. Il tenta de bouger ses yeux de la scène, regarder ailleurs ne serait-ce qu'un simple instant, mais, il ne lui répondait plus, son corps à la dérive, il ne maîtrisait plus rien. Le châtain n'avait pas cillé davantage alors même que Taehyun avait ramené Soobin à l'intérieur de la maison et que Yeonjun était retourné dans la chambre chercher son téléphone.

Beomgyu avait attendu, là, genoux au sol. Écoutant le noiraud redescendre et tenter d'appeler des secours. Il n'avait pas bronché aux pleurs incessants du brun dont la tristesse déchirait les poumons. Non, pas une seule seconde, il n'avait réagi. Sa tête tournait en boucle, il sentait cette pression sur son cœur, comme si le danger n'était pas loin. Tout près même.

- Putain, il n'y a plus de réseau. Pesta le noiraud, la panique sous-jacente.

- Quoi, plus du tout ? Demanda le cendré, affolé.

- Non, ça ne marche pas, on en avait déjà presque plus hier.

- Ça doit être un orage. Hein ?

- Sûrement Tae, mais ça ne nous avance pas... Euh... Il... Il faut qu'on réfléchisse, hein, allez, on va commencer par se calmer... Il était au bord de la crise de larme.

Un sanglot brisa leur conversation. Beomgyu s'était écroulé. Le noiraud accouru, il le prit dans ses bras. Taehyun avait laissé Soobin sur le canapé, le regard vide et où on pouvait voir la vie s'y échapper. Puis, il était allé chercher un drap, il fallait recouvrir le blond et laisser cet incident derrière eux et se relever, même si cela pouvait sembler impossible. Même si cela était impossible.

- Yeonjun... il va nous... nous arriver la même chose ? demanda le châtain, la voix tremblante.

- Non, Beomgyu, pourquoi tu... Pourquoi tu penses ça hein ?

- Je... Je ne sais pas, j'ai peur, trop peur...

- Euh...Jun... Lança le cendré qui revenait de dehors, les yeux rougis et la respiration courte. Vous... Venez voir...

Yeonjun avait suivi Taehyun, Beomgyu, attaché à la manche du noiraud, suivait le troupeau. Soobin n'avait pas réussi à se lever. Les trois garçons étaient allés vers l'arbre, le cendré avait fait descendre le corps, difficilement. Recouvert de son linceul, le blond avait une feuille morte déposée par le cendré sur sa poitrine en signe de condoléance. Cependant, à l'arrière de l'arbre, quelque chose d'étrange se trouvait. Ce liquide rouge coulait sur la surface du bois qui avait été lacéré pour en éclaircir l'écorce. Ils se stoppèrent à la vue de ce qui était écrit sur le bois, d'un horrible rouge sanguin, qui coulait inlassablement jusqu'à s'incruster dans la peau de l'arbre. Yeonjun recula instinctivement d'un pas, pris au dépourvu. Beomgyu fut tiré par la manche qu'il tenait toujours. Le cendré avait juste enfoui sa tête dans ses mains pour se remettre des idées au clair. Un frisson parcourut le noiraud, la boule au ventre, il réalisa, il avait enfin réalisé que le châtain avait raison, ils étaient en danger.

- C'est... Je lis bien...?

- Oui, " ne fuyez pas"... répondit le cendré.

Les trois garçons étaient rentrés à toute vitesse, les frissons dans le dos, et ils avaient fermé à double tours. Yeonjun avait regardé par la vitre à côté de la porte, il ne voyait rien. Pouvait-il voir quelque chose ? Où y avait-il quelque chose à voir ? Beomgyu était dans un état second, il avait rejoint Soobin sur le canapé, une bûche noircie par le feu réchauffait la pièce d'une belle lumière jaunâtre, donnant à l'endroit un sentiment de sérénité, cette lueur faisait contraste avec la situation. Les deux jeunes hommes regardaient la flamme consumer peu à peu le vieux bout de bois. Sans un seul mot. Taehyun était allée noyer ces images sous l'eau chaude de la douche.

Toujours les yeux plantés à travers la petite fenêtre de longues minutes durant, le noiraud avait le regard perdu dans la forêt en face, si calme et paisible. Elle était envoûtante cette forêt, elle appelait quiconque la regardait. Une petite brume matinale avait recouvert le sol, elle recouvrait les feuilles mortes qui tapissaient la terre. Taehyun s'était levé de la table et d'une voix tremblante, il se lança.

- il... il faut réagir. On fait quoi hein, Yeonjun ?

- Je ne sais pas, on va commencer par fermer toutes les portes et fenêtres et... on verra...

- Vous êtes sérieux ? Mais... Cette chose est peut-être déjà à l'intérieur... Pleura le châtain.

- Comment ça, cette chose ? C'est un tueur ? Hein ? Demanda Soobin à qui une colère commençait à monter. On ne peut pas laisser Hueningkai dehors, vous.... Vous n'avez pas de cœur...

- Il va nous tuer, nous aussi, si on ne fait rien Bin

- Mais putain, je n'y comprends rien, on était en vacances pas plus tard qu'hier. Le brun avait haussé la voix. Je... Je suis à bout, ça n'a vraiment aucun sens...

- On aurait dû l'écouter... Lança Beomgyu, irrésolu...

- Tu penses vraiment qu'il avait les idées claires, Kai baignait dans l'imaginaire ! S'énerva Soobin. Ça ne tient pas la route merde.

Yeonjun quitta les yeux de cette petite fenêtre, il marcha jusqu'à la cuisine et là, s'empara d'un couteau sous les regards silencieux de ses amis. À l'aide de la lampe torche de son téléphone, il éclaira le haut de l'escalier, puis, après avoir repris un peu de contenance, il monta les marches une par une avec prudence, son couteau ouvrant cette marche effrayante. Le noiraud n'entendait rien d'autre que le silence et, entre celui-ci, les battements de son cœur qui ne cessait de s'accélérer, poussé par l'adrénaline. Son regard se retourna vers le bas de l'escalier alors qu'il avait grimpé sur la quasi-totalité des marches. Les trois garçons le regardaient, la boule au ventre et la peur au visage. Le noiraud souffla, il ne tenait pas fermement son couteau, les mains tremblantes. Il n'eut à peine le temps de cligner des yeux qu'un lourd bruit avait retenti en haut de l'escalier, le noiraud s'était ressaisi et avait brandi son arme, ses genoux avaient du moins faiblit et il s'était retrouvé recroquevillé sur lui-même sur la marche d'escalier qu'il avait investi pour quelques instants.

Sur leurs gardes, les quatre garçons attendaient qu'il se produise quelque chose d'autre, mais rien. Absolument rien. Le silence avait repris le fil de la conversation qu'il essayait de tenir, seul. Yeonjun avait rouvert les yeux et, il avait alors senti sur son visage un fin courant d'air frais. Courage en main, il s'était relevé et, la lampe éclairant le chemin, il avait avancé vers ce qui était pour lui un danger, l'inconnu. Qui avait bien pu décider de les traquer de la sorte ? Peut-être étaient-ils fous ? Sûrement avaient-ils tout compris de travers, ou alors même, sûrement, rien compris du tout ? L'interrupteur était là, il appuya dessus et la lumière se propagea dans le petit couloir qui desservait les chambres et la salle de bain.

Les autres en bas se regardaient, déphasés, perdu dans ce qu'il ne pouvait comprendre. Ils avaient un lourd poids sur la poitrine et cette horrible sensation qui les laissait penser que s'ils osaient respirer ne serait-ce qu'un peu d'air nouveau, ils auraient provoqué des ouragans. La voix de Yeonjun avait résonné en bas des marches et, un soulagement laissa alors se calmer les garçons.

- Ce n'était rien, juste la porte de la salle de bain qui a claqué, ça doit être un courant d'air.

- tae, c'est toi qui es allé prendre ta douche non ?

- Oui, j'ai bien ouvert la fenêtre... répondit le cendré. Mais... C'est la seule à être ouverte.... Elle ne pouvait pas claquer aussi fort... Chuchota-t-il d'une voix à peine audible.

Yeonjun était redescendu avec le matelas de sa chambre et l'avait installé au beau milieu du salon sous les yeux remplis d'incompréhension de ses amis, il avait alors pris une grande respiration et avait commencé à s'expliquer, ne voulant pas laisser planer le doute sur ses intentions.

- On va tous dormir ensemble, s'il se passe quelque chose, on est tous au même endroit, ça sera bien plus prudent, pas vrai ? Et... Personne ne bouge seul, c'est trop dangereux. Il essayait de garder contenance malgré que le corps du blond dormait éternellement, là, dehors, par ce froid glacial.

- Ouais... Je... Je suis d'accord, je veux qu'on reste ensemble, j'ai trop peur... il va nous arriver la même chose, c'est sûr... lança faiblement le châtain, au bord des larmes.

Tous les matelas avaient été installés à même le sol, entre le canapé et la porte. Beomgyu était déjà couché dans ses couvertures, triturant le bout de ces dernières. Il regardait le plafond, la tête remplie de pensées qui lui torturait l'esprit. Soobin s'était assis sur son lit, vidé de toutes émotions, il tournait ses doigts nerveusement, pris d'une vague de remords incontrôlable. Le noiraud aidait encore le cendré à descendre ses couvertures et à s'installer avec les autres. Cinq minutes plus tard, ils avaient tous rejoint leur lit et un silence morne avait envahi la grande pièce. Ce silence mortuaire allait de pair avec la froideur de l'endroit, la bûche avait été réduite en cendre et elle demeurait à l'état de poussière dans la cheminée, aux côtés de quelque bout de charbon encore rouge de chaleur.

Un semblant de calme était revenu et ils s'étaient endormis, seule les pleure de Beomgyu se faisait faiblement entendre. Le stress lui nouait la gorge et il commençait à devenir fou, il lui semblait encore qu'une main se tenait là, prête à l'étouffer dans son coussin la minute suivants. Ses respirations se faisaient lourdes et bruyantes, pourtant, tout le monde dormait, assommés par les événements. Ne restait que le châtain qui regardait avec insistance cette porte, à demi cachée par sa couverture. Il avait les yeux sur le danger, du moins c'est ce qu'il croyait, sans savoir que le danger qui les traquait n'était qu'invisible.

La nuit allait bientôt se terminer, une faible lueur s'infiltrait à travers les grandes baies vitrées. Les garçons dormaient encore. Une ambiance fraîche trônait ici-bas. Emmitouflé dans ses couvertures, le noiraud avait fini par se réveiller à cause de quelque chose dont il ne pouvait vraiment nommer : ce silence pesant. Là où on n'entendait rien du monde extérieur. Mais, dehors, les oiseaux avaient commencé à chanter et le vent sifflaient, mais pour eux, il n'entendait pas plus loin que les respirations de chacun. Le noiraud s'était alors redressé puis il avait frotté son visage pour se ressaisir. Son regard avait alors fait le tour de la pièce vers les fenêtres,

le noir de la forêt allait bientôt s'éclaircir. Puis, un peu plus bas, il regarda à sa hauteur. Il vit premièrement Taehyun, encore endormi, Soobin qui commençait doucement à se réveiller, puis son regard s'arrêta, figé sur la place de Beomgyu qui était vide. Le noiraud souffla et râla, il avait demandé la veille que l'on reste ensemble pour tout déplacement.

Il se leva difficilement puis, il rationalisa. Beomgyu était sûrement parti aux toilettes. Sa réponse sembla se confirmer lorsque des bruits de pas se firent entendre, quelques mètres plus haut. Un sourire satisfait étira alors le doux visage de Yeonjun et il entreprit d'aller attendre le châtain en haut des escaliers pour qu'il ne redescende pas seul. Le noiraud arriva en haut de marches et il se posa sur cette dernière. Le bruit qu'il avait entendu il y avait maintenant une bonne dizaine de minutes lui paraissait de plus en plus étrange. Il se leva, hésitant. Les lattes du plancher avaient grincé sous son poids. Il s'aventurait peu à peu dans le couloir dans le but d'atteindre la salle de bain.

Le silence pensant était revenu, comme une étrange fumée, un brouillard silencieux qui se baladait ici-bas. Yeonjun lança doucement le nom de son ami en quête de reconnaissance, mais aucune réponse. Il haussa la voix, mais là encore, toujours rien. Peut-être s'était-il endormi dans la baignoire, pensant qu'il y serait plus en sécurité ? Le noiraud toqua à la porte, trois coups, ils avaient résonné mais au bout du compte, rien.

Le vide absolu.

Il frappa une nouvelle fois mais personne ne semblait être à l'intérieur. Yeonjun entreprit alors d'ouvrir lentement la porte pour ne pas brusquer le châtain. Le verrou n'était pas enclenché, il posa sa main sur la poignée, faisant tanguer la porte entre la serrure. Il souffla un coup puis quelque chose humidifia ses pieds. Il baissa le regard et sursauta alors qu'il vit le bout de ses chaussettes blanches recouvert d'un rouge vif. Le noiraud s'écroula en reculant les mains au sol, cherchant à se tenir quelque part. Le regard agrafé sur ses pieds. Sa chute avait enchaîné un petit cri de panique qui avait réveillé Taehyun et Soobin. La flaque de sang s'étendait sous la porte, bientôt, elle allait recouvrir la largeur du détalonnage. Les traces des deux pieds du noiraud étaient encore reliées à la flaque sur le parquet. Le liquide s'échappait jusqu'à Yeonjun dans une lenteur exorbitante.

Les mains tremblantes, Yeonjun avait essayé de se relever pour atteindre la porte de la salle de bain. Soobin avait accouru, suivi du cendré, juste derrière lui. Une fois de plus, le temps avait semblé s'arrêter lorsque le brun avait vu cette effroyable flaque écarlate qui glissait sur les lattes de bois. Il avait marqué une pause alors que le cendré derrière lui eut une tout autre réaction. Taehyun avait lui accouru vers la porte en criant le nom du châtain. Il l'avait ouvert, les larmes aux yeux. La tête ensanglantée de Beomgyu était tombée sans vie sur la flaque dans un bruit sourd. Taehyun prit le châtain dans ses bras, les yeux noyés dans son chagrin. Il jura tous les noms qui lui passaient sur la langue et il avait fini par mettre sa tête dans le cou du châtain. Soobin l'avait rejoint, son cœur tanguait, il y avait peur. Taehyun, lui, était en colère, une colère noire, ou plutôt rouge, rouge vif. Seul Yeonjun était resté figé face à ce qu'il voyait, là, écrit sur le mur.

Les mains recouvertes d'un sang qui n'était pas le sien, il venait de se faire jeter dans la cage du loup. Et ce loup affamé avait relevé les yeux du corps de Beomgyu et avait déchiffré la même chose que le noiraud, quelque chose qu'il avait du mal à lire avec les yeux troublés par les larmes. Lorsqu'il comprit enfin, il se retourna face à Yeonjun qui était toujours figé au sol, les frissons de mauvais pressentiments lui parcourant le corps. Le sang des lettres écrites aux doigts dégoulinaient encore, mais la phrase restait intacte sous les yeux de Soobin : " Alors Yeonjun c'est bien ce que tu avais prévu, je me trompe ?"

La soirée avait commencé difficilement. La colère ingérable du cendré avait explosé, mettant en confrontation sa rationalité et cette chose absurde qu'il leur arrivait. Ils avaient alors haussé le ton et tout avait dégringolé Les larmes menaçaient néanmoins de couler sur leurs joues, des larmes de colère et de rage. Yeonjun tremblait de peur, il baignait dans une sorte d'incompréhension, un flou total qui le rendait fou. Pour une fois, il n'avait pas de solution à ce problème qui se présentait sous ses yeux. Les nerfs à bloc, il avait du mal à garder son sang froid. Il voulait s'expliquer et dire qu'il n'avait rien à voir dans cette histoire, mais, plus il faisait quelque chose, plus ces mensonges, qui n'étaient pas les siens, l'attiraient vers le bas.

Soobin n'avait, lui, pu retenir ses larmes. Cette réalité dans laquelle il avait grandi commençait doucement à se briser et il avait cette désagréable impression d'être coincé dans un cauchemar sans fin. Il essayait de ressaisir le cendré qui, perdu dans sa colère, était aveuglé et cherchait une solution au plus vite. Il avait rapidement donné raison à la phrase ensanglantée sur le mur de la salle de bain et, il avait accusé froidement le noiraud, une once d'hésitation qui se mêlait à la peur immense qui le comblait chaque seconde. Les yeux troubles, il avait demandé à Yeonjun s'il avait un quelconque lien avec les incidents de ces derniers jours. Le visage dans une étrange fumée, Taehyun avait secoué la tête dans l'espoir d'arrêter ce qui semblait lui tourner la tête.

Il avait replongé les yeux dans le regard du noiraud et lui avait posé la même question. Yeonjun essaya de s'approcher de Taehyun pour savoir ce qu'il lui arrivait, pourquoi il réagissait comme ça mais, ce dernier cria, recroquevillé sur lui-même. Soobin regardait la scène derrière le noiraud, hésitant à intervenir.

- Dégage, ne me touche pas...

- Taehyun... Comment tu peux croire que j'y suis pour quelque chose dans cette histoire....

- Comment ça se fait alors... Hein, cette phrase ?

- Hein, mais je n'ai rien à voir avec ça moi !

- Calmez vous ! on va tous se faire tuer a cause de vous. Si vous commencez à vous embrouiller, on court à notre perte ! avait crié Soobin les yeux rouges de larmes.

- Bin...

- Restez calme, Yeonjun... d'habitude, c'est toi qui as les bonnes idées... Sors-nous de là... s'il te plait.

Le noiraud s'apprêtait à répondre, mais il se résigna. Cherchant encore ses mots. Taehyun, encore tremblant, restait éloigné du noiraud, il n'avait pas les idées claires, aveuglé par sa colère et ce déni qui naissait en lui. Le regard de Yeonjun se reporta sur le cendré, voulant lui dire quelque chose, mais rien ne parvint à sortir de sa bouche. Il ne fit que bredouiller son nom.

- Ne m'approche pas, j'ai dit ! hurla le cendré qui avait reculé jusqu'à la cuisine.

- Tae putain merde, tu ne vas pas me faire ça !

- Espèce de monstre, tu as fait ça parce que tu ne pouvais pas avoir Beomgyu pour toi seul, c'est ça ?

- Quoi ? Tu laisses ta colère parler à ta place là, calme-toi...

- Pff tais-toi, plus la peine de cacher cette jalousie mal placée Yeonjun, on avait tout remarqué, sauf Beomgyu comme d'habitude. Si tu veux te venger, je ne vais pas te laisser faire...

Yeonjun s'était encore approché et Taehyun avait ouvert un tiroir pour en trouver un gros couteau de cuisine. Les mains peu assurées devant lui, il brandissait son arme comme si sa vie en dépendait. Le noiraud s'arrêta, pris d'une incompréhension, son visage se ternit, noircit de trahison. Comment ses amis avait-il pu se retourner contre lui seulement à cause d'une phrase bêtement écrite sur cette paroi de douche ? Cette absurdité lui déchirait le cœur autant que la mort dès ses amis déjà partis.

- Mais merde, vous deux, calmez-vous, si vous continuez, on va y passer... Je n'ai pas envie de mourir...

- Prouve-moi que tu y es pour rien... demanda tremblant le cendré.

Yeonjun ne savait quoi dire. Il ne pouvait pas prouver son innocence, les deux meurtres avaient eu lieu en pleine nuit, là où tout le monde dormait. Ce dernier se laissa tomber sur ses genoux, à bout de force, les larmes ruisselaient sur ses joues, rouge de chagrin. Taehyun se relâcha quelques instants. On semblait déceler dans ses yeux une peur qui se fondait avec une attention hors du commun, ses sens à l'affût. Pourtant, il n'était plus autant attentif que la minute précédente.

- Je... Jamais j'aurais tué l'un d'entre vous...

Taehyun souffla, un sanglot menaçait d'exploser à tout moment. Soudain, il sentit quelque chose l'attraper sur sa main, cette même main qui brandissait cette lame tranchante devant ses deux amis. Quelque chose essayait de lui retirer doucement l'arme des mains, quelque chose d'invisible. Taehyun regarda, confus, ses amis et, sans vraiment avoir le temps de dire quoi que ce soit, l'arme s'extirpa d'entre ses doigts. Il se recula de cette dernière qui flottait là dans les airs. Les pleurs de chacun avait cessé, focalisé maintenant sur la lame brillante qui volait devant eux. Un effroyable silence de glace s'était alors retrouvé dans la pièce. Le couteau tourna lentement, dans une lenteur insupportable. Puis, enfin, il accéléra avant de venir pointer le cendré qui le possédait quelques minutes plus tôt.

- Baisse-toi Tae, cria Soobin.

L'arme était allée se planter dans le mur derrière eux. Les trois garçons, pris d'une immense panique, avaient couru, montant les escaliers à toute vitesse. Le cœur battant, Yeonjun ne s'entendait plus penser. Il voyait au loin cette mare de sang qui avait recouvert une partie du couloir. Le sang du châtain qui lui gisait encore sur ce sol dur à moitié entre la salle de bain et le couloir. Sa course s'était arrêtée lorsqu'il avait entendu un cri d'effrois et de douleur suivi d'un bruit sourd, celui d'un corps tombant au sol. Il avait aperçu dans le haut de l'escalier le cendré qui, les yeux écarquillés, était éclaboussé de sang. Tremblant, ce dernier avait réussi à monter la marche qui lui restait et avait dévalé le couloir, toujours suivi par l'armée, cette fois-ci ensanglantées. Le noiraud, talonné par Taehyun étaient alors entrés dans une chambre, une petite chambre non utilisée et avaient fermé la porte derrière eux.

Yeonjun s'était adossé à cette dernière pour bloquer quiconque voudrait entrer, mais, il fut surpris lorsqu'une lame bien aiguisée se planta dans la porte, juste à côté de son oreille. Brusquement, il se recula, se tassant avec le cendré au fond de la pièce. La porte ne bougeait plus, le couteau était encore planté là, entre le bois vieillit de cette première. La pièce qu'ils avaient investie était sombre, sans lumière ni fenêtre. À vrai dire, elle se rapproche davantage d'un placard que d'une chambre. Seul le dessous de la porte qui donnait sur un couloir lumineux d'un joli début de journée éclairait les deux garçons.

- On... On fait quoi Yeonjun...? demanda le cendré, les yeux rivés sur l'arme qui brillait sous la lumière du pas de la porte.

- je....je n'en sais rien...

- Comment ça tu n'en sais rien, ce n'est pas le moment d'en savoir rien là, s'énerva-t-il. Il se retourna face au noiraud qu'il voyait faiblement.

- Pourquoi c'est toujours à moi de trouver une solution, tu n'as qu'à te creuser les méninges toi aussi...

- Oui, mais mes idées ne sont pas les meilleures et puis tu ne t'es jamais plaint pourquoi... Euh, c'est quoi ce bruit.

Face à eux, le verrou de la porte tournait doucement. Les frisons leur avaient traversé le dos et les yeux écarquillés, ils étaient comme bloqués, n'ayant plus de solution de repli. Leur corps refusait de faire le moindre mouvement, paralysé la peur. La porte s'ouvrait lentement, les cœurs battants, ils attendaient que quelque chose se produise, à l'affût, les deux collés l'un à l'autre. Un horrible grincement accompagnait la porte alors qu'elle s'ouvrait de plus en plus, comme si quelque chose voulait entrer. Elle s'arrêta. Calme et silence était revenu, une ambiance pesante errait dans la pièce. Le souffle du cendré était devenu court et il avait alors cherché le bras de Yeonjun à ses côtés pour demander, chuchotant :

- Que se passe-t-il ?

- je... Je ne sais pas....

Brusquement, Taehyun senti deux mains l'attraper au cou. Il laissa échapper un faible cri, coupé par le manque d'air dont il était victime. Ses pieds touchaient difficilement le sol et à côté de lui, le noiraud ne savait pas comment réagir. Les yeux écarquillés par ce qu'il voyait, à demi éclairé par l'ouverture de la porte. Soudain pris d'une vague d'adrénaline, il décrocha un revers de son point droit sur la joue du cendré, espérant que ce qui le tenait au cou prendrait la fuite. Taehyun tomba sur ses genoux, une grande bouffée d'air afflua enfin dans ses poumons. Il se releva immédiatement et, suivi de Yeonjun, ils avaient quitté la petite pièce en courant, encore traqués par cette bête invisible. Les regards en arrière, ils avaient atteint la fin du couloir hâtivement.

Taehyun trébucha et sa cheville fut saisie par une main d'une froideur glaçante. La chose le traîna en arrière. En face d'eux se trouvait une fenêtre. L'aube les regardait. Taehyun cria en vain et le noiraud ferma les yeux. Un bruit de verre se fit entendre, Yeonjun descendit les escaliers, regardant derrière lui. Il n'avait pas vu, mais Soobin gisait entre les marches et, le pied du noiraud s'accrocha, il termina sa chute en bas de l'étage, a plat ventre et la tête sonné sur le sol. Il mit un certain temps avant de se ressaisir. Une affreuse douleur lui déchirait les entrailles. Difficilement, il passa sa main sous son corps et l'apporta devant ses yeux, une trace rouge teintait ses doigts. Une larme dévale la pente de ses joues. Il trouva la force de toucher son dos pour voir ce qui le dérangeait, puis, ses doigts avait atteint quelque chose, quelque chose qui s'apparenterait au manche du couteau de cuisine. Sa vision était devenue floue et il avait peu à peu fermé les yeux. Le soleil avait envahi la pièce froide de la nuit précédente.

Un rayon était venu lui brûler la rétine et, dans cette blancheur étincelante, des souvenirs étaient revenus le hanter. Toujours ce silence pesant régnait ici, ce silence qu'il détestait par-dessus tout, celui qui lui criait le danger, là où il entendait son cœur battre pour encore quelque minutes. Dehors pourtant, les oiseaux continuaient de chanter, innocents. Yeonjun allait rendre son dernier souffle, quelque chose dégagea les fines mèches qui lui cachaient les oreilles, puis un léger chuchotement lui était parvenu, alors.

- Et maintenant, ne peux-tu pas me voir Yeonjun ?





- FIN -

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