dernière valse.
' ❖ ,
⌦ 𝗺𝗶𝗻𝗶 𝗽𝗹𝗮𝘆𝗹𝗶𝘀𝘁
lucid, (G)I-DLE
chaconne, ENHYPEN
last waltz, TWICE
opening sequence, TXT
Take a sip, don't you doubt
You will see a whole new world baby
« On dit souvent des derniers instants précédant la mort qu'ils sont les plus doux. Ceux-ci sont les tiens, Taehyun, ta nuit des possibles à toi. Et elle commence dès maintenant. »
Des paroles qui résonnent en écho parmi les souvenirs de brume, les notes distinguées d'une mélodie élégamment divine et les lumières qui se découpent. La vision de Taehyun se stabilise doucement, il en profite pour noter quelques repères ; le lustre de cristal au plafond, l'imposant escalier tout de marbre, les larges fenêtres recouvrant l'un des murs. Et au milieu de tout ça, les danses et leurs beaux interprètes, cachés sous des couches et des couches de volants, anonymes grâce à leurs beaux masques de spectacle.
Ça frémit, ça rit. Ça ondule et ça berce, et chez Taehyun ça ne veut pas. Ça sent un peu trop le luxe pour qu'il n'ose une action. Il ne s'y sent pas à sa place, au milieu de ces effluves de vins rares, de parfums recherchés, de fleurs délicates et de somptuosité. Non, définitivement, il ne comprend pas ce qu'il fait là. Ce sont ses derniers instants, ultime chance de sourire avant le trépas, cette vérité est ancrée en lui avec les paroles entendues plus tôt. Doit-il rejoindre les autres âmes présentes dans une dernière valse, s'enivrer jusqu'à tout mélanger, tout oublier ? L'extérieur lui semble bien fade, vide même, en comparaison de ce hall des jolies mascarades. Si attrayant, si addictif quand il n'en a encore goûté que la vue.
Comme s'ils voulaient que j'y aille.
Alors ça le pousse à se méfier, forcément. Quand c'est beau comme ça, doré sans pourtant éblouir, c'est bien souvent une illusion. Un piège, une erreur à ne pas commettre. Puis il se rappelle, ses derniers instants, sa nuit des possibles.
Gâche pas tout.
Le temps passe vite, trop vite. Sur l'horloge murale, on croirait que l'aiguille des secondes veut rattraper celle des minutes. Et si on pourrait sourire doucement à cette pensée, le temps lui continue de s'égrener. Si bien qu'au final on aura rien vu passer, jusqu'au jour où elle aura réussi, l'aiguille des secondes. À rattraper celle des minutes. Quand tout s'arrête, à la fin de l'existence, à la pause éternelle de notre temps.
Taehyun songe. Son aiguille s'est arrêtée, il ne lui reste qu'une poignée d'instants avant que l'horloge du monde ne reprenne sans lui. Pour profiter, pour ne rien regretter. Pour aimer, s'amouracher, ne plus détester.
Une lucidité seconde, ailleurs pour un meilleur ici – l'alcool est pommade. Un nouveau visage, beau loup blanc ; le jeune homme paré pour rejoindre les valses. Là-bas tout tourne, vacille, on se croirait de retour au temps des nobles. Les autres se confondent en spirales de dentelle, spirales mouvantes dans la luminescence or.
Les salles changent au rythme des tournoiements et des danses, jeux de flous qui retracent son existence. Il y a la valse de son enfance ; douce et réconfortante, vivement colorée. La valse de son adolescence ; désirée malgré ses turbulences, autant habitée de bons souvenirs que de mauvais. La valse de l'âge adulte, tout juste entamée ; liberté volée, papillon délibéré. Et puis il y a la dernière, la valse encore sans nom, celle dont il détermine les mouvements à l'instant même. Dernier acte de la pièce au nom de Kang Taehyun, dernière possibilité de réécrire ses imperfections, contrariantes contradictions.
C'est fou, comme une âme peut se souvenir. Peut être nostalgique, malgré les efforts, les « je le déteste » et les « c'est du passé. » Un flux de pensées inconscientes qui n'écoutent qu'elles-mêmes, et au diable leur propriétaire, n'est-ce-pas ?
Au diable.
Un peu plus d'éthanol, un peu moins de présence amarrée. Beaucoup plus de Taehyun à l'état pur, beaucoup moins de peur formatée. Un beau loup noir au loin : la lumière attirée par son contraire, tout simplement.
— M'accorderiez-vous cette danse ?
— Mais avec plaisir. Qui refuserait ? J'en suis honoré, sincèrement, accepte l'autre dans un rire cristallin.
Ce faisant, il saisit la paume qu'on lui tend, noue ses doigts à ceux du protagoniste. Il aime bien cette sensation, le protagoniste, et encore plus lorsque la main du plus grand vient se réfugier dans le creux de sa taille. Plus grand qui l'a inexplicablement attiré, aimanté. Inexplicablement car, s'il a beau deviner des traits joliment taillés et un corps à en faire rêver plus d'un, sous ce masque et ce costume, il sait au fond de lui que ce n'est pas seulement ça.
Il y a aussi son aura mystique, ses yeux ensorceleurs, cet apaisement que lui seul dégage, à ce bal des magies disparues. Et puis ce foutu sentiment de familiarité, comme un reflux aigre-doux du passé, comme une phrase suspendue et qu'on pourrait enfin reprendre, après des années d'errance pas très signifiantes.
La musique s'accélère, leur danse aussi. Taehyun passe une main distraite dans ses mèches corail, le jeune homme en face ne le lâche pas du regard, suit son mouvement d'un œil attentif.
— Pourrais-je vous demander votre nom ? il sourit, se plaisant apparemment à s'exprimer ainsi, dans ce registre soutenu.
Ce qui n'est pas tant pour déplaire au plus petit. Ces mots contribuent à l'ivresse du moment, à la perfection et au merveilleux de ces lieux. Alors autant se prêter au jeu, s'il n'a rien à y perdre.
— Nous portons des masques, ce n'est pas pour révéler notre identité si vite, non ?
— Comment dois-je t'appeler, alors ? Bel inconnu dont j'ignore encore le nom, ça fait un peu long, tu ne trouves pas ? il rétorque sur le même ton taquin.
Taehyun lève les yeux au ciel, en même temps qu'il les entraîne un peu plus au cœur de la salle. Elle commence mieux qu'il ne le pensait, cette nuit des possibles.
— Tae. Ça suffira pour l'instant, mh ? Monsieur le charmeur.
Pour une infime seconde la lueur de ses yeux se tait, les eaux du lac perturbées, avant de reprendre aussitôt, l'air de rien, l'air de trop. Mais il n'y a pas le temps, la nuit s'égrène dans le sablier des époques.
— Joli. Tae... Tae. Oui, vraiment joli.
C'est presque mignon, cette manière d'autant exagérer – en tout cas, c'est ce que se dit le susnommé. Un sourire amusé aux lèvres, il pointe du doigt le buste de son vis-à-vis.
— Et toi, alors ? Je ne saurai pas non plus comment t'appeler, si tu ne me le dis pas.
— T'es mignon. Ce serait trop facile enfin, réplique-t-il en rapprochant son partenaire, au rythme de la mélodie qui leur paraît chanter pour eux, en cet instant.
Dans cette pièce de voûte remplie il n'y a plus qu'eux, l'autre et son sourire envoûteur, l'autre et son nom partiellement ou totalement inconnu. L'autre, leur danse et leur dernier avenir qui se joue, là maintenant.
Et ça continue de défiler. Les secondes, les sourires, les notes et les souvenirs. Et Taehyun lui, il se sent presque voler, porté par l'élan de tous ces défilements. Tellement léger, qu'il ose s'aventurer jusqu'aux courbes de son partenaire ; lentement, apprendre à le connaître. Taehyun qui pourtant, s'est promis de ne plus faire conscience aux autres, jamais. Parce que ce sont des menteurs, des rompeurs de promesse, des lâches. Parce qu'il se refuse à aimer, à donner en vain. Et c'est dommage, car il en a beaucoup à donner de l'amour, Taehyun. Si on veut bien le voir, s'il veut bien s'y autoriser.
Le plus grand glousse au toucher de son compagnon pour la soirée, qui effleure avec curiosité la peau diaphane de sa nuque. Mais plus ça va, plus il en est intrigué, happé : aussi, c'est presque inconsciemment que son attention dérive sur les clavicules découvertes face à lui, révélées par la chemise légèrement déboutonnée de son vis-à-vis.
— Pas ici enfin, fait remarquer le propriétaire des jolies clavicules, toujours plus enjôleur.
Comme pris en flagrant délit, le rosé s'éloigne aussitôt, sous le rire de son interlocuteur qui le retient d'une légère pression sur la paume. De quelques pas il se recule, se détache du bal de similitudes auquel ils participaient tous deux, et cherche dans le regard de Taehyun l'autorisation de l'entraîner avec lui.
Une fraction de seconde pour un fragment de choix, c'est qu'elle peut être rude, l'hésitation. Les principes contre l'envie d'y déroger, les habitudes contre l'adrénaline, la confiance contre la prudence. Lui contre lui, au final. Un n'importe qui luttant contre son n'importe quoi.
Au diable.
Un sourire soulagé de ses chaînes, une approbation timide, et le voilà parti dans une nouvelle danse. Rien que lui et ce beau garçon, de salles en couloirs, de couloirs en salles. Quelques dizaines de centimètres en retrait, il a tout le loisir de détailler son profil ; singulièrement princier, entouré de soyeuses boucles brunes. Et ses lèvres, généreux croissants de chair teints à la fraise, dont Taehyun aimerait bien se dire qu'elles l'attendent, l'appellent.
— Tae ? il le sollicite soudain, lâchant sa main pour un peu plus s'avancer.
— Qu'est-ce qu'il y a ?
— Regarde un peu ça.
D'un mouvement de tête, il désigne la grande fenêtre vers laquelle il s'est avancé, avant de se reculer de quelques mètres, laissant ainsi l'accès total à Taehyun. Ce dernier marche prudemment jusqu'à la vitre à double battant, qu'il ouvre une fois devant. Et la vision qui s'offre alors à lui, elle est tout simplement indescriptible, inimaginable pour qui ne l'a jamais vu ; un tableau surréaliste semble étalé sur toute la voûte céleste, oppressant cœurs et étoiles.
— J'en reviens pas... Ils ont transformé le ciel en horloge. En horloge gigantesque.
— Et si ça avait toujours été le cas ? Je veux dire, et s'ils n'ont fait que représenter, imager le temps ? suggère le brun, en rejoignant la fenêtre.
Son nouveau compagnon considère ses paroles, reporte son regard sur la cloche de verre qui leur sert de paysage. Ce n'est pas si impossible, en y réfléchissant. Enfin, il n'empêche que c'est perturbant tout de même, ce monde des dernières heures. Des millions et des millions d'étoiles, certaines plus nettes que jamais certaines toutes floues, séparées d'eux par une barrière immatérielle. Un cadran céleste dont on ne voit ni le début ni la fin, et la lune comme seul repère à ce temps nocturne.
— Je sais pas si je trouve ça magnifique ou effrayant... se prononce finalement le rosé, perdu dans ce vague irréel. Sûrement un peu des deux.
Et alors qu'il finit sa phrase, une brise légère. Un simple coup de vent, rien de bien significatif, normalement. Mais en cette nuit, la notion de normalité n'a plus tellement de sens. Plus du tout, même.
— Et toi ? Tu trouves pas ça...
Ça commençait bien, pourtant. Jusqu'à cette brise, jusqu'à ce masque déchu. Quand il n'était encore qu'un inconnu, ce beau danseur aux lèvres fraise.
— Kai..?
Le jeune homme acquiesce doucement, son beau masque ébène pendant au bout de son bras, sans vie. Ses pupilles appréhendent, s'inquiètent, sa bouche tente un sourire navré.
— Taehyun... C'est toi, hein ?
— Fais pas genre tu savais pas, il soupire, en s'asseyant sur les dernières marches du large escalier, juste derrière eux. Qu'est-ce que tu fais là, déjà ?
— La même chose que toi, non ?
Le rosé fronce les sourcils, tout ça est un peu trop illogique pour lui, un peu trop soudain et contrariant. Avec lenteur il s'adosse à la rambarde de l'escalier, peu soucieux du silence de plomb qui s'est installé, alors que dans le reste du manoir la musique et les émois ne se sont pas arrêtés.
— Donc même maintenant, même à mes derniers instants, j'peux pas être tranquille ? J'en ai marre que cette histoire me poursuive, marre que tu me poursuives. La vie m'en veut vraiment, en fait.
Façon de parler, évidemment. Kai ne l'a jamais poursuivi, jamais autrement que dans ses pensées, du moins. Une histoire comme la leur, ça ne s'oublie pas aussi facilement.
— Heureux de te retrouver aussi, Tae, ironise le jeune homme. Toujours aussi grincheux, certaines choses changent pas je suppose...
Et voilà. L'élément en trop, celui dont on aurait pu se passer. Rien de bien méchant ni marquant quand on y pense, il n'empêche que ça lui fait mal, à Taehyun. Parce que ce surnom qui prend soudain trop de sens, parce qu'il a maintenant la sensation d'être le seul affecté. Ça fait mal, il refuse d'être encore celui qui ressasse, n'arrive pas à tourner la page ; celui qui reste en arrière quand tout le monde avance.
— Non mais c'est une blague ? Kai. Tu vas me dire que j'ai aucune, pas la moindre raison d'être sur les nerfs ? De t'en vouloir ? T'en es certain ? Tu peux me rappeler comment ça s'est fini, la dernière fois qu'on s'est vu ?
Le susnommé déglutit, tout à coup moins fier, moins certain. C'est mal, mais le voir ainsi ça rassure un peu le rosé quelque part.
— C'était au lycée. La veille des vacances... On a parlé, comme d'habitude. Tu m'as souhaité un bon déménagement, et après...
— Et après tu m'as embrassé. Puis t'es parti. Comme si... comme si de rien n'était ? complète Taehyun, d'un rire jaune. Comme si ça allait pas tout changer pour moi, comme si ça allait pas me faire encore plus mal. Si on était resté en contact, je dis pas... mais non, monsieur a juste décidé de ne plus jamais donner de nouvelles. D'ignorer autant que possible mes messages, reporter le moment où on devait se revoir. Mais qui fait ça, merde ? Je croyais qu'on était amis. Visiblement pas, il termine.
Sa voix, comme craquelée à l'image des derniers mois de leur relation, assaille douloureusement Kai. De ses blâmes et de ses fautes, elle l'inculpe. Ce n'est pourtant pas le but du rosé, mais enfin, après des années à refouler sa culpabilité, ça ressort forcément.
— J'ai pas vraiment d'excuses. Il s'est passé un tas de choses à Atlanta, positives comme négatives, la plupart qui m'ont beaucoup préoccupé. Mais jamais, j'ai cessé de te voir comme mon ami. Et ça peut te paraître étrange, surtout au vu de mon comportement, mais... maintenant encore, t'es quelqu'un qui compte énormément pour moi. Et même, tu sais quoi ? Je crois qu'en réalité j'ai jamais arrêté de t'aimer.
Taehyun ouvre la bouche, la referme. Ça fait mal, d'apprendre ça à quelques pas de la mort. Ça fait mal mais ça fait plaisir, ça réjouit mais ça désespère. Surtout, ça laisse ce goût aigre-doux, délicatement nostalgique. Parce que lui aussi, il n'a jamais cessé d'y penser. À leur eux passé, leur amitié un peu au-delà de l'amitié, leur complicité tout ce qu'il y avait de plus banal entre deux amis qui s'adorent, au final. Et ses sourires, ses phrases toujours trop charmeuses, ces moments de révision peu concluants, mais si rafraîchissants. Elle est douce, si douce, la danse fanée.
Pour lui, le temps semble s'être arrêté ; lunatique répit accordé dans la tempête. Ce n'est apparemment pas le cas pour Kai, qui reprend sans lui laisser le temps de répondre quoi que ce soit.
— C'est con, hein... je t'aimais mais j'ai juste réussi à te faire souffrir. J'ai eu peur, j'ai fui, et... j'ai jamais eu le courage de revenir vers toi. Tu me manquais, pourtant, ah ça, je t'assure que tu me manquais. T'as qu'à demander à ma sœur, on en a pas énormément parlé mais... oh.
Prenant conscience de l'impossibilité de ses dires, le jeune homme s'interrompt, les pupilles perturbées et soudain plus sombres.
— Mais c'est plus possible, maintenant, finit Taehyun dans un soupir. Y'a plus de chemin retour.
À nouveau un silence s'installe, il le faut bien, pour digérer cette fatalité un peu trop vite expédiée. Et toujours la musique, à travers le mur au papier peint d'un autre âge. De l'or à écouter, elle veut les convaincre de la rejoindre, de se joindre à cette foule qui tente de tout rembobiner, de s'oublier. Taehyun veut lui dire de se taire, pleurer et crier à l'injustice. Ils ont du temps, une dernière chance, mais ils n'ont surtout pas assez. À peine réunis que déjà, minuit est depuis longtemps passé, et l'aube un futur proche, trop proche.
Mais enfin, qui est-il pour protester ? Dans un soupir de résignation il se lève, sous le regard curieux de Kai. Le surprenant de plus belle il lui tend sa main, prêt à repartir en salle.
— Que dirais-tu de nous remettre à danser ? Il nous reste vraiment peu de temps... autant laisser de côté le passé, non ?
— C'est pas moi qui vais dire non. Par contre j'ai mieux pour la danse... murmure le bouclé, en entrelaçant leurs doigts.
— Vas-y, je suis toute ouïe.
— Restons ici. C'est agréable, tu ne trouves pas ? Et puis... j'aurais bien besoin que tu m'apprennes des pas supplémentaires, avant d'y retourner, continue le jeune homme, en rapprochant son ami.
Ce dernier fixe un instant leurs deux mains désormais liées entre eux, leurs visages encore trop proches et le regard envoûtant de Kai.
— Tu veux bien faire ça pour moi, dis ?
Comment ne serait-ce qu'envisager refuser ? Avec un petit rire il hoche la tête, puis commence à enseigner quelques pas au garçon. Un, deux, trois. En avant, en arrière, virevolte et suit la vague. Un, deux, trois. Demi-tour et arc de cercle, penche puis redresse. Et répète. Jusqu'à l'avoir parfait, jusqu'à te l'approprier.
— T'es sûr d'avoir besoin de moi, en fait ? rit le rosé en continuant de guider son partenaire, dubitatif malgré son sourire.
— Absolument, réplique aussitôt l'autre, concentré sur ses mouvements. J'ai toujours besoin de toi.
— Je parlais de la danse.
L'espace d'infimes secondes, le plus petit croit ne jamais recevoir de réponse. Puis de légers gloussements parviennent à ses oreilles, indicateurs qu'il n'a pas totalement été ignoré.
— Qu'est-ce qui te dit que c'était pas mon cas ?
Taehyun soupire, le bouclé a beau jouer le malin, il le connaît. Ses stratégies d'évitement, toujours par la taquinerie ou le charme. Son ton joueur et son rire pour cacher sa gêne, son envie de défi et son refus de perdre, de laisser filtrer quoi que ce soit de compromettant.
— Kai, tente de le rappeler au sérieux le rosé.
— Taehyun, réplique l'autre sur le même ton, un sourire mal contenu aux lèvres.
Le nommé soupire de plus belle, provoquant l'éclat de rire du coupable. Ils se croiraient presque revenus à leurs années de lycée, là comme ça. De nouveau vivants, de nouveau avec tout leur temps. On a tout notre temps, on n'a plus de temps. Ça en revient un peu au même, au final. Au rien n'importe, au rien ne compte parce que tout, absolument tout est possible. Pas vrai ?
— Tae ? Hé, ça va..? s'inquiète son vis-à-vis, devant son absence apparente.
Sans pour autant sembler revenir vraiment à lui, l'interpellé reporte son regard sur celui qui l'a appelé. Kai dirait qu'il n'est pas comme d'habitude, pas dans son état normal, étrange. Et pourtant, c'est tout l'inverse pour Taehyun. Parce qu'au contraire, il est plus lui-même qu'il ne l'a jamais été ; réellement conscient et en réalité au-delà de la conscience même, pour une fois complètement lucide. Il va mourir d'ici peu et quelle importance, au final ? Quelle importance.
— Je peux t'embrasser ?
Silence. Regards. Sentiments ? Drôles d'émotions, drôles d'ambitions. Perturbées, ravivées. L'or qui danse dans ses yeux. Plus cette jolie impatience à l'équation. Depuis trop longtemps, plus pour vraiment. Et au final, comblée. Ses lèvres fades, colorées par la saveur fraise du charmant prince. C'est sucré, délicieux, plus merveilleux encore que dans chacun de ses pauvres rêves.
Et la douceur de sa nuque, et le frisson de ses mains, dans le creux de ses reins. Les sens saturent, le palpitant s'emballe, c'est pas si mal la mort, au final. Si seulement. Si seulement ça pouvait durer éternellement, si seulement l'aube pouvait ne jamais faire son entrée, ne jamais éteindre la nuit. On l'a prévenu, pourtant. Pourquoi tu résistes ?
La lune disparaît, les rayons solaires veulent se joindre à la danse, eux aussi.
Adieu nuit des possibles, c'est ça ?
Dernière ligne de la dernière scène du dernier acte ; l'or de la nuit part et celui du jour les atteint, s'échoue sur leurs corps. Doux voile de recueil, terminus enluminé. Une larme coule sur la joue de Taehyun, le plus dur se joue juste devant lui ; Kai qui se confond dans la lumière, Kai qui petit à petit s'estompe, se dissipe en particules chatoyantes. Kai qui s'en va. Et lui aussi, ça commence ; il le sent aux doux picotements, partout sur sa peau.
— Merci, il prononce finalement.
Et c'est certainement le remerciement le plus sincère qu'il ait jamais dit, empli de reconnaissance et de joie malgré les larmes, qui coulent sans vouloir s'arrêter. Il n'est pas si triste, pourtant. Juste un brin nostalgique, un brin perdu, un brin pris d'émotions toutes confondues.
— Idiot va, rétorque Kai, la voix nouée. On se retrouve bientôt, dis ?
Et ça, ce sont les derniers mots ; Taehyun a tout juste le temps d'acquiescer. Derniers mots entendus, dernières pensées, point final enfin posé.
C'était la dernière danse.
' ❖ ‚
I believe, this moment of just the two of us, it's like fantasy
Until the morning comes, stay with me
You won't regret baby
;;
voilà voilà!
qu'est-ce que j'ai adoré écrire ce one shot purée, vraiment je me suis éclatée, j'espère qu'il vous a plus aussi hihi
vrm j'aime trop écrire des trucs qu'ont pas vraiment de sens jpp de moi- mais j'aime bien donc let's go
sur ce bybye les loulous <3
( j'espère wtp a pas ruiné ma mise en page haha )
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro