don't have wings but i'm flying.
Chez les Lee, rien n'avait changé. En revanche, Seungmin avait oublié l'odeur de Séoul, tout particulièrement à l'aube du printemps. Son enfance entière, conservée entre ces rues et sous ce ciel, sembla alors lui revenir, même et surtout, les plus infimes détails qu'il pensait effacés de sa mémoire. Et Minho, n'en parlons même pas. Il avait grandi, pour sûr, s'était embelli et puis, il avait une teinture rousse désormais, qui lui allait divinement bien. Également, il avait depuis la décennie dernière trouvé son identité, un style vestimentaire, en larges vêtements aux teintes pâles et plus ou moins longues boucles d'oreilles. Ça aussi, ça lui allait bien. Néanmoins, il avait gardé son regard émerveillé, doux et plein de vie que Seungmin chérissait tant. Et c'était peut-être ça, le plus important.
En arrivant dans la chambre de son hôte, le brunet sourit. C'était perturbant mais étrangement satisfaisant, d'enfin voir l'autre revers du dialogue. Irréel, presque faux. Il connaissait déjà cette pièce mais, contrairement aux autres de la demeure, elle avait complètement changé. Le plus âgé l'avait en effet personnalisée, en dessins crayonnés au mur, parfois teints d'aquarelle, partitions se mêlant aux cours ou encore vêtements éparpillés d'un peu partout – il semblait qu'il portait un soin particulier à son apparence.
Mais tout de même, les œuvres miniatures épinglées de-ci de-là, elles l'intriguaient drôlement. Ces fleurs ou portraits aux couleurs abstraites, dont on sentait l'émoi débordant, Seungmin n'en avait jamais vu de tels.
— Tu t'es mis à la peinture ? interrogea donc le brunet, ses yeux virevoltant de croquis en croquis.
— Mh ? Oh non, du tout. Ils sont de Hyunjin, un ami. Bah d'ailleurs tu le connais, c'est lui qui..
— Qui m'a traité d'idiot insupportable et mesquin ? Ouais, c'est bien lui.
Un silence mille fois plus malaisant qu'avant suivit l'amère réplique du cadet, porteuse de différents encore lourds. Minho, l'allure coupable, se recroquevilla légèrement sur sa chaise de bureau, les mains occupées à se tordre. Voyant cela, Seungmin s'adoucit et esquissa un de ses sourires, légers mais pas vraiment forcés, ceux qui rassureraient n'importe qui.
— Allez, fais pas cette tête ! On s'en fout. Je l'avais mérité en plus, il rit sans ironie.
— C'est vrai ça, se détendit le rouquin. T'as vraiment été un imbécile, ça devrait même pas être autorisé.
— Oui bon, j'sais...
— Un idiot de première, il enchaîna, voyant Seungmin embêté.
— Bon ça va, j'ai compris hein, rouspéta finalement l'autre, peu ravi de ces taquineries vengeresses.
Minho éclata de rire et Seungmin le rejoignit bientôt, c'était comme ça entre eux, des piques bon enfant dénuées de réelle méchanceté. Puis s'il y avait bien un fond de vérité cette fois, l'ainé avait complètement pardonné Seungmin, qui ne pouvait qu'en être reconnaissant. Car ouais, il aurait eu toutes les raisons du monde Minho, de ne pas l'excuser.
Avoir peur est une chose, s'éloigner ou se faire plus vague une autre, mais disparaître du jour au lendemain, c'est encore d'une autre teneur. Et le garçon aux émotions décuplées, forcément que ça l'avait impacté. Tellement qu'il s'était mis à se poser des questions, son plus proche ami. Le fameux Hyunjin un peu trop fouineur, n'empêche que sans ses remontrances, pas sûr que les deux lycéens auraient encore été amis, aujourd'hui. Alors on remerciait bien le fouineur, mine de rien.
— Dis, Seung. l'apostrophe ramena au présent ce dernier, qui détacha son attention de la fenêtre enneigée. J'ai cours au conservatoire tout à l'heure, ça te dit de m'accompagner..? Madame Seo serait très heureuse de te revoir !
— Elle me reconnaîtra pas oui, pouffa le brunet, s'asseyant sur le lit suite à une invitation de l'hôte.
— Sûrement pas de suite, c'est vrai... Enfin, si tu veux rester ici c'est comme tu veux, y'a aucune obligation.
Et tout en parlant, il gardait les yeux rivés sur son pc, vérifiant visiblement notifications et applications. Seungmin, intrigué, se leva et discrètement, se positionna juste dans son dos, la tête presque au-dessus de son épaule, finalement. Qu'il avait une bouille mignonne Minho, quand il était concentré.
— Tu parles à un autre de tes amants secrets ?
Sans surprise, le roux sursauta violemment, avant qu'une deuxième vague d'étonnement l'assaille, à l'assimilation des mots prononcés. Ses oreilles rougirent, juste assez pour permettre à Seungmin de remarquer, qui se délecta de cette réaction. Il s'agissait certes d'un jeu déjà entre eux, ces taquineries, n'empêche que tout était si différent, maintenant qu'ils étaient de chair et d'os l'un avec l'autre.
Depuis leur discussion quant au comportement du plus jeune, où celui-ci avait à demi-mot avoué être effrayé par la distance, ainsi que son attachement sans doute trop signifiant, quelque chose avait changé, c'était infime pour l'instant mais tout de même, pas inexistant. Aussi et surtout parce que Minho avait confié qu'il en allait de même pour lui, alors ils ne pouvaient s'empêcher de rire de leurs propres paroles. Le sérieux qu'ils avaient eu ce jour-là, ça leur allait pas tellement. L'expression de sentiments c'était déjà plus eux, seulement ils préféraient encore le nier en dérision, comme Seungmin à l'instant.
Mais était-ce réellement cette même dérision, lorsque son cœur battait à s'en déchirer la poitrine, à Minho ?
Rien n'était moins sûr. Sauf, peut-être, leur aveuglement.
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— T'as pris ton violon, mh ? Va le chercher, comme ça on joue ensemble tout à l'heure. Comme avant.
Oh non, songea Seungmin. Pas un de ces doux sourires, de ces regards naïfs, il savait si peu y résister.
— Je t'ai dis que j'en jouais plus, désolé. Vraiment.
Et il avait rarement eu l'air aussi abattu en s'excusant, le franco-coréen.
— Je sais. Je te dis juste de l'apporter, je l'ai vu dans tes bagages.
Cramé. Il aurait peut-être pas dû, Seungmin, se laisser autant porter par l'espoir. Croire qu'il retrouverait sa complicité d'antan avec la musique, seulement parce qu'il l'avait retrouvée avec Minho. Il en avait simplement été déçu mais comment l'expliquer au pianiste de passion, que ce lien n'était plus ? Lui-même, ça l'écœurait, un niveau aussi vite perdu. Une passion abandonnée sans plus de pensées, des regrets latents tandis que la couleur, déjà trop fade, l'avait à son tour délaissé ; il fonctionnait ainsi le garçon du réconfort, et il se détestait pour ça. Sa loi interne, voix de reproches, lui murmurait qu'il n'y parviendrait pas, plus jamais. Minho s'était tellement élevé, leurs mélodies n'étaient plus synchrones.
Il avait oublié que ledit Minho, il se croyait au dessus des lois, n'avait foi qu'en ses sentiments et l'espoir éternel. Alors elle avait beau parler la voix de reproches, il les emmena elle et son ami jusqu'au conservatoire. Puis comme la vie l'avait en bonnes grâces, le rouquin à l'enthousiasme chatoyant, ils jouèrent bel et bien ensemble. Dans ce même conservatoire qu'il y a dix ans, où Minho avait continué la route seul, où tout était bâti en notes et accords.
Ça sonnait maladroit, timide et même parfois faux, mais surtout, ça chantait deux partitions enfin retrouvées. Une mélodie unie et pleine d'émotions, puissantes chez Minho et discrètement puissantes chez Seungmin, leur amitié réécrite sans lois ni contraintes, des ailes qu'on s'autorisait à déployer. Et parce que c'était léger et prenant à la fois, sophistiqué mais brut à moitié, on s'arrêta pour les applaudir, eux et leur harmonie toute en volupté, au rythme de leurs cœurs.
Comme quoi, elle avait pas tant raison, sa voix interne. Mais tout ça, peut-être était-ce seulement Minho. Sa présence enchantait les esprits et réchauffait les âmes, faisait sourire même les larmes.
Février touchait à sa fin et Seungmin se laissait aimer. Car c'était tellement plus beau que ses rêves réfrénés, ce qui arrivait.
ఌ︎.
bonne année loliloul
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