Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

sur la route

Quand la silhouette de l'immeuble où résidait son meilleur ami apparut enfin dans son champ de vision, Minho ralentit peu à peu, pour aller se garer devant, contre le trottoir. Là, il envoya un bref message à Jisung lui signalant son arrivée, avant de sortir du véhicule afin de l'attendre, appuyé contre la portière. S'il était ici maintenant, c'était car la veille son cadet lui avait demandé de venir, en précisant qu'il devait apporter sa voiture. Cette dernière requête, Minho ne l'avait pas très bien comprise, surtout que celui qui en était à l'origine ne lui en avait pas le moins du monde expliqué la raison. Et si sur l'instant il avait accepté, la demande lui paraissait de plus en plus étrange, d'autant plus en sachant qu'habituellement le châtain se déplaçait toujours en transports en communs ou à pied, et qu'il n'avait pas pour coutume de lui emprunter sa voiture.

Il n'eut pas le temps de trouver ne serait-ce qu'une hypothétique réponse à ses interrogations, que quelqu'un l'interpella, le tirant de ses réflexions.

Et ce quelqu'un n'était autre que celui qu'il attendait, encore plus resplendissant que d'ordinaire. La veste en cuir, ou simili cuir Minho n'aurait su dire, qui reposait sur ses épaules le mettait étonnement bien en valeur, surtout alliée à ses boucles d'oreilles et son collier, une simple croix en métal. De plus, son visage était magnifiquement encadré par ses boucles blondes et tirant vers le châtain, qui semblaient avoir bénéficié d'un soin tout particulier.
Son meilleur ami trouva qu'à côté il contrastait un peu trop, n'ayant pas fait d'efforts spéciaux, habillé d'un simple sweat noir et d'un jean de la même teinte.

— Tu t'es fait beau à ce que je vois, il fit remarquer.

— Ravi que mon petit brushing te plaise, rit Jisung. Oh, t'as amené la voiture ! Parfait, il lâcha après un regard vers l'engin, tandis qu'un sourire malicieux avait pris place sur son visage.

Ce sourire, Minho ne le connaissait que trop bien. C'était celui qu'abordait son cadet lorsqu'il avait une idée en tête, bien souvent respectant peu voir pas du tout les règles ou conventions sociales. Lorsqu'il prévoyait quelque chose pour s'amuser, qu'il se laissait aller à son espièglerie. Autrement dit, lorsqu'il préparait ce que l'on appelait communément un "mauvais coup". Minho qui se demandait justement pourquoi le cadet lui avait fait cette demande, il se doutait maintenant que ce n'était pas dans l'unique but d'aller faire des courses.

— Je sais pas ce que t'as en tête, Han Jisung, mais je le sens déjà mal...

— T'as tellement confiance en moi, j'adore, ironisa le plus petit.

— J'ai vraiment besoin de rappeler à cause de qui on a fini au poste, le mois dernier ?

— Tu marques un point, admit le châtain. Mais je suis sûr que cette fois, tu vas aimer l'idée.

— Ah ouais ? Bah vas-y je t'écoute.

— Attends, d'abord on monte chez moi, je dois récupérer des trucs.

— Mais tu viens d'en descendre..? souligna le plus grand, confus.

— Ouais, mais tu vas m'aider à porter.

— Pardon ? Porter quoi ?

Le châtain ne prit pas la peine de répondre, déjà en train de passer la porte à double battant de l'immeuble.
En s'en rendant compte, Minho souffla un grand coup, exaspéré, avant de le suivre. Intrigué quant à ce qu'il était censé aider à porter, et surtout ce que le cadet avait en tête, une idée qui apparemment lui plairait, il le suivit sans rechigner plus. Sûrement qu'il avait raison, il le connaissait plus que bien après tout, après ces nombreuses années passées à ses côtés.

Une fois parvenu sur le palier de son appartement, Jisung poussa la porte imprudemment gardée ouverte, laissant à son ami le soin de la refermer derrière eux.

— Bon, tu veux pas m'expliquer maintenant ?

— Alors, où est-ce que... l'ignora le jeune homme, occupé à fouiller dans un grand sac de randonnée. Ah, trouvé ! il s'exclama soudain joyeusement, en sortant du dit sac une bouteille d'eau, qu'il alla sans attendre remplir à l'évier.

Peut être qu'il ferait mieux de lâcher l'affaire, songea son meilleur ami. Son cadet ne lui énoncerait pas ce qu'il avait en tête tant qu'il n'en aurait pas envie, il était comme ça et Minho s'y était habitué. Avec le temps, il avait même appris à apprécier ce côté nonchalant, insouciant et provocateur, cet esprit libre qui caractérisait tant le châtain. Parfois, il avait eu du mal avec c'était vrai, estimant que si des règles étaient mises en place ce n'était pas sans raison, pour la plupart du moins. Puis, il trouvait puérile la façon d'agir de Jisung. Maintenant ce n'était plus tellement le cas, le plus petit lui avait offert une autre vision du monde, un système de pensée différent, hors du moule de la société, qui, Minho s'en était rendu compte par la suite, lui avait fait l'effet d'une grande bouffée d'air frais.

Patientant donc, il laissa son regard vaquer dans le petit appartement, s'attardant tantôt sur les vêtements entassés dans l'armoire entrouverte, balancés en vrac sur les étagères, tantôt sur les croquis de bâtiment recouvrant presque entièrement la petite table à manger. Et alors qu'il se demandait sur quels projets le plus jeune pouvait bien travailler, son regard tomba sur la lueur douce d'une flamme, qui consumait doucement une mèche de bougie sur la table de chevet.

— Alors comme ça, tu t'es enfin décidé à l'allumer, mh ?

— Il fallait bien, un jour ou l'autre, sourit Jisung en se tournant vers lui. Mais je dois avouer que je regrette de pas l'avoir fait plus tôt, je l'adore. Cependant, pour ce que j'ai prévu j'en aurai pas besoin, donc je vais la laisser ici.

— Hum... Bah oui, c'est logique, répliqua à demi ironique, à demi amusé le plus âgé.

— C'est ça, que je voulais que tu m'aides à porter, lui expliqua subitement le châtain, un sac similaire à celui qu'il remettait en ordre un peu plus tôt en main, tendu vers Minho.

— Me dis pas que... oh non, j'ai peur de comprendre, paniqua le brun en voyant son ami attraper l'autre sac, et se diriger vers la sortie. Tu comptes partir où comme ça ?

— Loin d'ici, claironna son ami depuis les escaliers qu'il descendait.

Avec un soupir, Minho balança le sac sur son épaule, sans pouvoir s'empêcher, avant de quitter la pièce, de jeter un dernier regard à la petite bougie. Dont Jisung avait oublié d'éteindre la flamme. En s'approchant pour réaliser cette tâche, son ami nota un détail jamais remarqué auparavant, malgré ses nombreuses venues ; un petit papier, plié en deux et glissé sous le réceptacle en verre du cadeau. Le brun n'était pas certain que cette idée soit très lumineuse, mais soit. Sur le moment, il était plus attendri qu'autre chose, ayant reconnu le mot qu'il avait glissé en offrant le présent à son meilleur ami. Cela faisait maintenant trois ans, et tout ce temps il avait gardé précieusement cette petite lettre, Minho ne s'y serait même pas attendu un tout petit peu.

Dedans, il lui souhaitait seulement un joyeux anniversaire, en expliquant qu'il le savait adorer l'odeur du citron, et que de là venait cette bougie à la senteur particulière. Il se souvenait encore de sa réaction le jour de ses 23 ans, il avait juste éclaté d'un grand rire, en le remerciant.

Prenant conscience qu'il devait d'ailleurs déjà être arrivé en bas, Minho remit rapidement le papier à sa place initiale pour ensuite descendre à toute vitesse les marches du vieil immeuble.

—Et bah, c'est pas trop tôt ! Fallait le dire si t'avais une envie pressante, hein.

— Quoi mais- non ! C'est pas ça, idiot.

— Tout le monde va au petit coin tu sais, c'est normal. Même pour un monsieur parfait comme toi.

— « Parfait » ? Alors, c'est comme ça que tu me vois ? ricana Minho, avec une moue faussement flattée. J'suis honoré mais, tu vois-

— Je le disais pas dans ce sens là, le coupa le châtain. Mais si ça te fait plaisir...

En guise de réponse, Minho leva simplement les yeux au ciel, un petit sourire sur les lèvres, venant d'il ne savait trop où. Il était juste heureux de passer du temps avec son meilleur ami, qu'il voyait de moins en moins ces derniers temps. Force était d'admettre que c'était quelque chose qui lui avait pas mal pesé.

— Eh, Jisung. Tu veux partir loin d'ici... Mais où exactement ? Pour combien de temps ? Et pourquoi t'as l'air aussi pressé ? On dirait presque que tu veux fuir quelque chose. Et puis, je t'aurais bien prêté ma voiture, parce que je te fais confiance, mais t'as l'air d'oublier que t'as encore la conduite accompagnée obligatoire, il souligna finalement, en déposant au sol la cargaison qui chargeait son épaule.

— C'est pas un problème ça, comme t'es là.

— Y'a l'air d'avoir marqué taxi sur mon front peut-être ?

— Nan, c'est pas ça, t'as pas compris. Je te demande pas de m'amener quelque part, mais de venir en voyage avec moi. Juste, tous les deux, partir sur les routes du pays, aller de ville en ville, se laisser porter là où le vent nous mène. Ça te dit pas ? T'es pas obligé évidemment, mais sans toi ça sera pas pareil. Enfin, après si tu veux pas c'est pas grave, je me débrouillerai, en prenant le train ou autre.

— Euh... Je... Attends, laisse moi deux secondes. Dans l'idée, pourquoi pas, c'est vrai que c'est tentant mais... concrètement ? T'as prévenu ta famille au moins ? Ton travail ?

— Je leur ai vite fait dit que je serai occupé pendant quelques jours, et pour mon travail, j'ai rendu ma démission hier, il lâcha, comme si c'était la plus naturelle des choses. Ça faisait un moment que ça me plaisait plus, trier des documents toute la journée ça va deux secondes, il ajouta, devant la mine choquée de son ami.

Il le savait, son poste au sein d'une entreprise d'architectes s'était avéré plus que décevant, Jisung étant relégué au rang de secrétaire, sans qu'on ne lui laisse la moindre possibilité d'explorer son potentiel. Démissionner était drastique, mais s'il était plus heureux ainsi...

— Ouais, je comprends... Bon, tu sais quoi, c'est d'accord. Je viens. Je crois qu'une pause me fera pas de mal, à moi aussi.

— Je savais que t'accepterais, sourit son interlocuteur, en ouvrant la portière que Minho venait de déverrouiller, posant à l'arrière son sac et s'installant sur le siège passager.

Son meilleur ami lui, reprit le sac qu'il avait laissé par terre pour le faire atterrir à côté de celui de Jisung, puis alla s'asseoir à la place du conducteur.

— Dis Jisung...

— Encore une question ? rit le blondinet en attachant sa ceinture, pas exaspéré pour un sous.

— Ouais, et je suis pas près d'avoir fini, répliqua le brun, un sourire en coin aux lèvres. Je me demandais... c'est quoi, exactement, le but de ce voyage ?

— Se créer des souvenirs. Profiter de notre liberté, de notre jeunesse. Ressentir l'adrénaline du voyage dans nos veines, quand on accélérera sur la route. Juste, vivre un peu plus le temps d'un itinéraire. Vivre un peu plus ensemble.

Ces phrases, elles étaient sorties droit du fond de son cœur, Minho l'entendait dans sa voix, le voyait dans son regard intense. Son regard si intense en cet instant, qu'il crut se volatiliser, et il aurait apprécié, d'ailleurs. Disparaître sous la puissance de l'ouragan qui agitait les pupilles de son cadet et envoyait tout valser sur son passage, se cacher de la tempête qui s'annonçait déjà.

— Je crois que je vois... lâcha le brun, perdu dans la tempête qui s'offrait à ses yeux, avant de se racler la gorge et rompre le contact visuel, trop chamboulé pour le poursuivre ne serait-ce qu'une seconde supplémentaire. Mais et du coup, c'est quoi, le trajet pour l'instant ?

— Je m'étais dit qu'on pourrait commencer par aller vers l'est, lui offrit donc comme réponse le cadet, de nouveau insouciant et désinvolte.

Sa réponse, nonchalante au possible et tout sauf précise, réussit à faire oublier à Minho son trouble, du moins l'espace de quelques instants.

— « Vers l'est » ? Tu te fiches de moi ?

— Non non, j'aimerais bien aller à Gangneung ! répliqua Jisung avec enthousiasme. Après on redescendra en direction de Taegu, vers le sud. Enfin, on verra bien en chemin.

— Ok, donc... Gangneung ?

— Ouaip ! J'y suis allé une fois quand j'étais petit, j'en ai pas beaucoup de souvenirs mais je sais que j'avais adoré ! raconta le plus jeune tout en pressant le bouton pour ouvrir sa fenêtre, imité par son meilleur ami.

Meilleur ami qui insista ensuite pour vérifier et faire l'inventaire de ce qu'avait pris Jisung, et il semblait s'être plutôt bien débrouillé. La seule chose manquante était peut-être quelques couvertures, qu'ils allèrent prendre chez Minho en plus de ses propres affaires. Quand il fut de retour, avec désormais lui aussi un petit sac rempli, il ne manqua pas de faire remarquer qu'ils manqueraient cruellement de nourriture s'ils comptaient partir immédiatement, sans passer au supermarché. Son futur compagnon de voyage lui rétorqua qu'il le savait bien, et qu'il comptait déjà s'y arrêter avant de sortir de la ville.

Une fois le plein de provisions fait et tous deux revenus à la voiture, sur le parking du grand centre commercial où ils avaient fait leurs courses, le doute prit d'assaut Minho. Quelque chose lui paraissait étrange, il n'arrivait pas vraiment à mettre le doigt dessus mais, ça le dérangeait. Peut-être le fait que Jisung veuille partir si subitement, il devait bien y avoir une autre raison que seulement prendre quelques vacances, enfin, il devait sans doute se poser trop de questions.

Aussi, il arrêta de réfléchir aux contraintes qui le retenaient ici et démarra le moteur, au plus grand plaisir du jeune homme à ses côtés, qui lança alors sa playlist. Évidemment, il la connecta aux hauts parleurs du véhicule, et bientôt ils furent enveloppés par les musiques favorites du plus jeune, qui résonnaient dans tout l'habitacle et semblaient suivre le rythme du paysage défilant aux fenêtres.

— Tu mets des bonnes chansons, hein ? le taquina Minho.

— Oui, t'en fais pas, j'ai de bons goûts musicaux moi, le tacla gentiment Jisung.

— Bah moi aussi, qu'est-ce que tu baves encore ?

— T'en écoute presque jamais, donc tu connais que quelques musiques populaires ! Tiens, tais toi et écoute, je vais te refaire ta culture musicale tu vas voir.

Durant les dernières heures de la journée l'aîné resta au volant, écoutant les chansons plutôt légères, à la saveur estivale et portant un vent de liberté que passait son meilleur ami, qui avait en effet de bons goûts musicaux, Minho était bien obligé de l'admettre.

Quand le soleil disparut à l'horizon, mais qu'ils n'étaient toujours pas arrivés à Gangneung, les deux amis commencèrent à s'inquiéter. La ville ne se situait pas si loin de Séoul, alors pourquoi étaient-ils encore sur la route quatre heures après leur départ ? Jisung se chargeait normalement de regarder le trajet sur le téléphone de Minho, puis de lui indiquer quelle route prendre. Seulement ils étaient sur la même depuis un moment déjà, sans aucun signe qu'ils approchaient de la cité côtière. Aussi, le plus jeune rouvrit l'application pour vérifier, et son expression confuse confirma au conducteur qu'ils s'étaient bien trompés quelque part.

— Alors ?

— Et bien... J'ai pas vu qu'il fallait partir sur une autre route y a genre, une heure, et du coup je sais pas trop ce qu'il a fait, il a recalculé l'itinéraire et là il nous emmène toujours à Gangneung mais avec un chemin vachement plus long, qui nous fait faire un énorme détour comparé à ce qu'on voulait faire de base. Genre y en a encore pour trois heures là, mais bon si on fait demi tour ça en reviendra à peu près au même, expliqua Jisung.

— Mais c'est quel genre de GPS ça ??

— Le tien ? Mais je crois que c'est aussi parce que j'ai gaffé tout à l'heure, en réglant le chemin et tout, enfin peu importe, avoua sans le vouloir le châtain, avant de changer de sujet. Donc, on fait quoi ? On continue ou on retourne en arrière ?

— Je sais pas, mais dans tous les cas je vais pas pouvoir conduire encore trois heures, on va devoir s'arrêter ou alors tu prends la relève. Mais on arrivera quand même à minuit passé si tout se passe comme prévu, ce qui n'est pas du tout garanti, alors je suis pas sûr que ça soit une bonne idée. Il y a une aire d'autoroute dans mille mètres, on n'a qu'à s'y poser pour cette nuit, suggéra Minho en montrant un panneau sur le bord de la route.

— Mouais, t'as sûrement raison.

Et sur ce, Minho alla se garer sur le parking de l'aire d'autoroute, dans un coin où il n'y avait pas beaucoup de voitures et où ils seraient donc tranquilles. Cette aire était plutôt agréable, avec pleins d'arbres et de buissons fleuris, en ce beau mois d'août. L'espace restauration se dressait une trentaine de mètres plus loin, accueillant quiconque aurait un creux et souhaiterait acheter de quoi se nourrir rapidement, la petite supérette était là pour ça. Ayant déjà de quoi manger pour le soir, deux sandwichs préparés rapidement chez Minho, nos deux protagonistes ne s'y rendirent pas et se contentèrent de rester dans la voiture, cherchant comment s'installer confortablement pour la nuit. Ils en vinrent finalement à la conclusion que le mieux était que Jisung dorme à l'arrière et Minho sur le siège passager, en l'allongeant autant que possible.

Après avoir englouti leur repas, ils allèrent se laver les dents dans les sanitaires mis à leur disposition, puis s'enfermèrent dans la voiture pour les prochaines heures qu'ils devraient y passer, par souci de sûreté. Le plus âgé, épuisé par la journée, s'affala sans attendre sur son siège, déjà sur le point de sombrer dans le sommeil, à tout juste vingt-deux heures.

— Bonne nuit... il murmura, la voix déjà endormie.

— Bonne nuit, lui répondit Jisung, en se redressant un peu pour aller secouer avec délicatesse les mèches brunes de Minho, il adorait passer sa main dedans.

— Essaie de dormir... Et si t'y arrives pas, bah... Hésite pas à me réveiller... marmonna celui qui était presque déjà au pays des rêves, connaissant les problèmes de sommeil de son meilleur ami.

— Mais oui, allez toi dors maintenant, lui répondit le châtain avec douceur, touché que Minho se préoccupe autant de lui. Il savait qu'il tenait à lui, bien sûr, mais ses petites attentions le remplissaient toujours de joie et de tendresse, à croire qu'il ne s'y habituerait jamais.

Il finit par rejoindre lui aussi les bras de Morphée quelques heures plus tard, sans avoir réveillé le plus âgé comme il le lui avait demandé, il dormait bien trop paisiblement pour que Jisung ne se le permette.

˚₊· ͟͟͞͞➳❥

Le lendemain matin, quand le plus jeune ouvrit les yeux, il était seul dans la voiture. Légèrement inquiet il en sortit rapidement, encore à moitié endormi, et fut rasséréné en apercevant une silhouette familière à l'entrée de la supérette.

Sans attendre il la rejoignit, et arrivé à sa hauteur, alors que Minho faisait la queue pour passer en caisse, l'écureuil ne manqua pas de montrer son mécontentement.

— J'ai eu peur quand je me suis réveillé tout seul, refais pas ça.

— Ça va je comptais faire vite, je pensais revenir avant que tu te lèves. Je t'ai tant manqué que ça ? répondit Minho amusé, en voyant son cadet gonfler ses joues, contrarié.

— Ouais, c'est ça, tu m'as trop manqué. Et donc, t'es venu acheter quoi ici ?

En guise de réponse, l'interrogé lui tendit le sac de viennoiseries qu'il tenait à la main, et les yeux de Jisung se mirent à pétiller de joie en en découvrant le contenu. Son meilleur ami avait en effet sélectionné ses viennoiseries et pâtisseries préférées, et il en avait pris plusieurs, qui plus est. Puis le moment de passer en caisse arriva, suite à quoi ils allèrent s'asseoir à une table à la terrasse du café, pour déguster le petit déjeuner avant de reprendre leur voyage.

— Une tarte au citron, sérieusement ? fit le plus petit en sortant le gâteau du sachet.

— Bah, t'aimes ça non ?

Jisung prit une inspiration, prêt à rétorquer quelque chose, mais se résigna finalement, passant plutôt une main dans ses cheveux.

— Oui, oui. Oublie ça. Bref, on repart dans quel sens du coup ?

— Je sais pas, le mieux serait de faire demi-tour jusqu'à la route qu'on a ratée, mais... Tu voulais pas « te laisser porter la où le vent te mènerait » ? Parce que dans ce cas là, autant continuer et voir d'autres paysages.

— J'avoue que... T'as pas tort. On a qu'à faire ça ! Et du coup c'est moi qui conduit ! fit le plus petit en se levant, son petit déjeuner terminé. Minho but une dernière gorgée de son café avant d'aller débarrasser leur table, puis suivit son blondinet préféré jusqu'à leur moyen de transport.

— Pourquoi je le sens pas... lâcha-t-il quand Jisung s'assit tout guilleret devant le volant, peu confiant en son cadet après ce qui s'était passé la veille, et encore moins en le voyant si insouciant.

Mais enfin, c'était le principe même de ce voyage, non ? Ne se soucier de rien et avoir assez confiance en la vie pour se laisser guider par son instinct et ses envies...

˚₊· ͟͟͞͞➳❥

— Au fait, ça se passe comment avec ton copain en ce moment ? J'ai complétement oublié de te demander, fit Minho alors qu'ils semblaient enfin être sur la bonne route, longeant le littoral en direction de Gangneung.

Jisung eut l'air de se raidir en entendant la question, ses mains soudainement crispées sur le volant. Pourquoi cette réaction ?

— On est plus ensemble. Et c'était pas mon copain.

Voilà pourquoi cette réaction, pensa Minho, en se maudissant pour sa gaffe.

— Oh, euh... Mince désolé, tenta-t-il de se rattraper, avant de se rappeler que ses excuses n'allaient certainement pas aider son ami, puisque lui n'y était pour rien.

Il était désolé ? Désolé de quoi ? Pourquoi avait-on pris cette habitude de s'excuser, à la place d'autres personnes ou même de la vie et de la malchance dont elle pouvait témoigner ? C'était une forme de politesse certes, mais qui paraissait si futile aux yeux de Jisung, et à ceux de Minho aussi d'ailleurs. Il répétait seulement ces mots sans réfléchir, tel un robot, les rendant vides de sens si jamais ils en avaient été dotés auparavant.

— Attends, tu viens de dire que c'était pas ton copain ? il tilta soudain, avec un train de retard.

— Pas vraiment...

— Tu veux en parler..? il reprit prudemment, ne sachant pas trop sur quel terrain il s'aventurait là.

Jisung se mit alors à pouffer, surprenant son ami qui ne s'attendait absolument pas à cette réaction. Qu'est ce qu'il pouvait bien trouver d'amusant dans cette situation ?

— Tu sais ça va, t'as pas besoin de prendre autant de pincettes hein, l'informa-t-il, la voix rieuse. Je m'en fous un peu en vrai, je peux te raconter vite fait si tu veux.

Minho opina du chef, toute ouïe.

— On se fréquentait juste, y avait rien de sérieux entre nous. Enfin c'était ce que je pensais, ce qu'on avait prévu à la base. Mais les sentiments ça se contrôle pas, et je crois qu'il en a développé pour moi, ou quelque chose qui s'en rapproche, je sais pas trop. C'est idiot je sais, mais je pensais qu'on était sur la même longueur d'onde, et que pour lui aussi c'était rien de sérieux. Et j'ai pas osé lui dire que de mon côté c'était pas réciproque, quand je m'en suis rendu compte.

— Oh... je comprends mieux. Je sais pas trop quoi en penser, c'était un peu de la faute de personne. Enfin bref, et donc tu lui as dit finalement, que t'avais jamais eu les mêmes sentiments que lui ?

— Ouais. Quand il est venu chez moi, pour que je lui rende des comptes à cause d'une soirée, je lui ai dit la vérité. Que mes pensées étaient déjà occupées depuis un moment par quelqu'un d'autre que lui et que de toute façon pour moi, y avait rien entre nous. Il m'a insulté de tous les noms avant de partir, je l'avais mérité je crois.

— Un peu, je suppose, fit Minho, en train de trier les informations qu'il venait d'entendre. Pendant cette tâche son cerveau s'arrêta sur une phrase en particulier prononcée par Jisung, qui l'avait interpellé plus que tout le reste. Attends, t'as dit que c'était parce que t'avais déjà quelqu'un en tête ?

— Mh. Au fond de moi, j'espérais même rendre cette personne un peu jalouse avec ce « couple », mais ça a absolument pas marché, répondit Jisung d'un ton amusé, mais le sourire triste.

— Tu m'en as jamais parlé ! s'indigna son meilleur ami. Je sais qu'on est pas obligé de tout se dire bien sûr, mais quand même...

— Tout ce que je peux te dire pour l'instant, c'est que cette personne est tellement aveugle et stupide, que ça en devient même drôle.

— C'est Hyunjin ?

— Quoi ? Non, eww pas lui. Pourquoi je... En fait, t'as juste sorti la première personne qui t'es venue à la tête quand j'ai dit stupide, c'est ça ?

— T'as tout compris, rit Minho en attrapant la bouteille d'eau posée entre eux pour en boire quelques gorgées. Après s'être hydraté, il tomba sur le regard presque fasciné de son ami. Quoi, qu'est-ce qu'y a ?

— Où est ce que t'as appris à être aussi sexy, sérieux ? Je comprends mieux pourquoi toutes les filles sont à tes pieds.

— Concentre toi sur la route, tu vas nous faire avoir un accident abruti.

— Rolala, espèce de rabat-joie... Ça te tuerait de répondre que moi aussi je suis sexy-

— Oui.

— Pff, tu veux juste pas avouer que tu me trouves canon, râla le plus petit en levant les yeux au ciel.

— Tu prends tes rêves pour des réalités, Han Jisung.

— Si tu le dis. On arrive à Gangneung ! s'exclama brusquement le blondinet, en pointant du doigt la ville qui se dessinait en face d'eux, soudain enthousiaste.

Malheureusement, le pressentiment de Minho en montant dans la voiture quelques heures auparavant s'avéra vrai et Jisung, plus du tout concentré sur sa conduite, tourna le volant vers la droite dans un mouvement involontaire, les faisant brutalement virer vers la falaise les séparant de la plage.

— Et merde..! s'écria l'aîné en prenant le contrôle du volant, pour les ramener sur le centre de la route tandis que Jisung, effrayé, demeurait immobile et le souffle coupé.

Il reprit son rôle de conducteur quand son ami eut stabilisé la voiture, s'excusant à voix basse, le regard vide et perturbé. Dans ses yeux, on pouvait lire la peur qui l'avait soudainement assailli et deviner qu'il avait vu sa vie défiler devant ses yeux. Le jeune homme à ses côtés n'en rajouta donc pas plus en le disputant, Jisung s'en voulait déjà bien assez comme ça.

Quant à Minho, même s'il avait eu peur sur le moment, il s'était vite remis de ses émotions. Il avait cette capacité particulière à rester alerte en toute circonstance et à se concentrer sur le présent, sans s'attarder sur le passé et ce qui avait failli être ou ce qui avait été perdu. Ce qui était fait était fait et il savait que le plus important était de faire de son mieux au moment présent, au lieu de se focaliser sur les regrets et les erreurs passées, auxquels il ne pouvait plus rien. Telle était sa philosophie de vie, mais peut-être aussi pensait-il ainsi car il n'avait jamais connu de véritables déceptions ou pertes, lui-même n'aurait su le dire.

Le silence régnait dans l'habitacle, Jisung avait arrêté de s'excuser, mais n'avait pas l'air plus calme ou rassuré pour autant. Minho le remarqua à sa jambe secouée de violents soubresauts et ses mains dans le même état sur le volant, agitées de tremblements qu'il tentait de réprimer au mieux.

— Hé, Ji', ça va, d'accord ? Tout va bien. En ville on va pouvoir s'arrêter et se reposer, c'était juste une maladresse parce que t'es fatigué, c'est pas grave. Et je suis là au cas où, t'as bien vu que je nous ai sortis de situation non ?

Sans répondre par des mots, peut-être parce qu'il n'en avait pas les moyens en cet instant, Minho s'en doutait bien, Jisung hocha simplement la tête et même ce banal geste avait l'air de tant lui coûter.

Le plus âgé n'avait vu son meilleur ami dans cet état que très rarement, lui qui d'habitude ne s'inquiétait de rien et prenait tout à la rigolade, lui qui souriait en toute circonstance et remontait sans cesse le moral des autres rien que par sa présence. Et par conséquent, Minho ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter quand il le voyait comme ça, ce qu'il tentait de lui cacher autant que possible, parce qu'il fallait bien que pour une fois quelqu'un rassure Jisung, lui qui ne montrait jamais quand ça n'allait pas, gardait tout pour lui.

Lorsqu'ils pénétrèrent enfin dans la cité côtière, le plus jeune se gara devant le premier hôtel en bord de mer et les deux sortirent avec soulagement de la voiture, ils y avaient décidément passé trop de temps ces dernières heures. Ils se dirigèrent donc vers le bâtiment après s'être munis de leurs plutôt maigres bagages, constitués d'un ou deux sac chacun.

En entrant dans l'hôtel Minho constata qu'il s'agissait d'un lieu agréable et bien entretenu, ils paraissaient être atterris dans un bon endroit. La décoration minimaliste et fleurie inspirait confiance, conférait un certain charme aux lieux. Le jeune homme posté derrière le comptoir, prêt à accueillir des nouveaux clients dans ce hall déjà bien rempli de touristes, leur souhaita la bienvenue puis écouta leur requête. Pendant un instant il parût réfléchir intensément, Minho crût qu'ils allaient devoir tirer une croix sur la belle vue pour cette nuit, mais fut agréablement surpris quand l'employé répondit finalement par la positive, en se tournant pour attraper une carte magnétique rangée derrière lui et la leur tendre quand Minho eut réglé pour les deux nuits à venir. Suite à quoi ils le remercièrent et montèrent précipitamment à leur étage, le dernier.

À peine un pied posé dans la chambre, Jisung alla s'affaler sur le lit, alors que son meilleur ami filait à la douche. En sortant de la salle de bain, il entreprit de chercher un restaurant à proximité où ils pourraient se faire plaisir après ce trajet éprouvant, tandis que le cadet était à son tour parti se laver. Minho tomba facilement sur un établissement qui convenait parfaitement au niveau des prix et de la distance, et puis surtout, il savait que Jisung allait l'adorer.

Quand ce dernier le rejoignit dans le salon, le brun fronça les sourcils en remarquant le pull qu'il portait sur son dos.

— Eh mais c'est mon sweat, ça.

— Je sais, rétorqua le blondinet avec un sourire un peu trop provoquant, comme fier de sa bêtise. Il a ton odeur, j'aime bien.

Il avait prononcé ces mots si naturellement que Minho ne tiqua presque pas dessus. Presque. En notant son air confus, c'était difficile de le rater, l'autre jeune homme lui tira la langue.

— Allez, tu vas pas râler pour un pull, non ?

Comme si c'était ça, le problème.

— Mais non triple andouille, tu peux le garder si tu l'aimes tant que ça, se laissa finalement rire le brun, pour la plus grande joie de son ami.

Et Jisung avait beau affirmer qu'il ne l'aurait de toute façon pas enlevé, avec son accord ou non, le sourire rayonnant qu'il affichait ne trompait pas.

˚₊· ͟͟͞͞➳❥

— Oh... souffla le blondinet en découvrant le lieu choisi par son meilleur ami. Un restaurant malaisien, hein... La nourriture malaisienne me manquait justement, tu lis dans les pensées ou quoi ?

— Je m'en doutais c'est tout, t'en parles pas souvent mais à chaque fois que t'évoques la Malaisie, t'as l'air hyper nostalgique.

— À ce point-là ? J'ai adoré habiter là-bas c'est vrai, et parfois j'aimerais bien y retourner. Mais... Pas définitivement. Parce que je suis quand même content d'être rentré ici, je m'y sens plus... Chez moi. Enfin, chez moi, c'est un grand mot. Je me sens plus chez moi nulle part, en ce moment.

— Si ça va pas, tu sais que tu peux me parler quand tu veux, hein ? Et de tout ce que tu veux. Honnêtement, ces derniers temps je m'inquiète un peu, et je crois que je suis pas le seul-

— Y a pas de raison, je t'ai dit que je gérais et que tout allait bien, mh ? Alors arrête de t'inquiéter pour ça d'accord ? l'interrompit le plus jeune en lui tapotant le dos, dans un geste réconfortant.

— Euh... ou-ouais, balbutia le brun, déstabilisé par le contact du blond sur ses omoplates et encore plus embêté par le fait d'être autant perturbé.

Ce n'était pas la première fois qu'ils étaient proches tous les deux, alors pourquoi était-il si secoué ? Il n'aurait su le dire mais depuis qu'ils avaient commencé ce voyage, il avait l'impression que quelque chose était... Différent.

— Je vais essayer, conclut-il finalement en entrant dans le restaurant, suivi par un Jisung hilare.

Cet idiot, pas aussi stupide qu'il n'en avait l'air, n'avait pas manqué de remarquer le trouble de son meilleur ami.

Une fois installés à la terrasse et leurs plats commandés, tout proches de l'immense étendue azur aux reflets d'or qu'était la mer et pouvant en sentir l'odeur iodée qui la caractérisait tant, ils discutèrent de tout et de rien, mais Minho remarqua assez vite que son cadet avait l'esprit ailleurs. Plongé dans l'admiration de la mer, il ne participait que par de vagues réponses à la conversation. Dans l'espoir de le faire réagir, Minho lui lança avec désinvolture :

— Sinon, j'ai oublié de te dire mais je vais sûrement sortir avec quelqu'un, bientôt.

— Hein ? fit immédiatement Jisung, reportant toute son attention sur son ami, incrédule. Attends quoi ?!

— Ah bah là ça t'intéresse un peu plus d'un coup, ria le plus grand.

- Donc, c'est vrai... ?

— Mh. Tu vois Lia ? Je t'avais dit que j'avais un faible pour elle non ?

— Ouais, je m'en souviens t'inquiète, avait répondu le plus jeune, une pointe d'amertume dans la voix, que Minho n'avait même pas perçue.

— Et bien elle l'a appris, à cause de je-sais-plus-qui qui s'est pas gêné pour lui répéter. Et en fait... Elle est venue me voir y a pas longtemps pour m'avouer que je l'intéresse aussi, et qu'elle aimerait bien qu'on apprenne à se connaître.

— Mais toi, elle t'intéresse toujours ? Parce que tu m'en avais parlé y a un moment quand même... souligna le blondinet.

— Euh... oui, oui elle m'intéresse toujours. Elle est gentille et jolie, et... j'aime bien discuter avec elle, tenta d'expliquer Minho, hésitant.

— Je vois... fit son interlocuteur en laissant son dos se reposer sur le dossier de sa chaise, les bras croisés sur son torse.

Un blanc plutôt gênant s'installa alors entre eux durant de nombreuses minutes, qu'aucun ne semblait décidé à rompre. Jisung fixait de nouveau le paysage, mais à vrai dire le temps s'était assombri et le soleil était maintenant caché derrière d'épais nuages gris, tandis qu'un vent froid leur venait de la mer, aussi il n'était même plus agréable de rester sur cette terrasse. Minho, lui, ne savait tout simplement pas quoi faire, cette blague n'était apparemment pas de très bon goût, au vu du malaise qu'elle avait instauré entre eux.

— Jisung ? osa finalement l'aîné brisant le silence dans lequel ils s'étaient enlisés.

— Quoi ?

— C'était... C'était une blague hein, je vais pas sortir avec Lia, il annonça mal à l'aise.

Les yeux du plus jeune s'écarquillèrent de surprise, et sa bouche s'était entrouverte dans une expression choquée. Minho avait alors éclaté de rire tout en s'excusant, quant à Jisung il arborait un sourire soulagé, il y avait vraiment cru.

— T'es pas croyable... Mais juste, pourquoi ? demanda le châtain avec un petit rire d'incompréhension.

— Oh, comme ça, pour te faire réagir. Et d'ailleurs je suis étonné, je pensais que t'allais te réjouir pour moi, fit Minho avec une moue de reproche exagérée.

— Vraiment ? Faut croire que tu me connais pas si bien que ça, rétorqua son meilleur ami.

— Ah, et pourquoi ça ?

Jisung s'apprêtait à lui répondre quand un serveur se présenta à leur table, souhaitant savoir s'ils désiraient commander autre chose ou s'ils étaient prêts à régler.

— Non merci, on a fini. On va y aller, l'informa le châtain en se levant, déposant au passage quelques billets et pièces sur la table, épargnant ainsi à son ami le paiement.

Celui-ci s'inclina devant le serveur en guise de bref remerciement, avant de rattraper au petit trot son blondinet qui l'attendait dans la rue, adossé contre le bâtiment. Il respirait la nonchalance, ou du moins la feignait très bien, les mains dans les poches et une moue détachée sur le visage, on pouvait au mieux y deviner une certaine lassitude.

Minho se contenta de le fixer, le regard lourd de sens, attendant qu'il ne reprenne où il en était avant que le serveur n'intervienne, mais Jisung, être insolent et volatile, soutint sans vergogne son regard avant de se décoller du mur l'air de rien, clôturant définitivement le sujet. Il avait cet art de se faire comprendre sans même avoir besoin de paroles, et une fois encore, Minho avait l'impression de faire face à un ouragan incontrôlable, que seul un fou aurait osé défier, au risque de se faire balayé par la puissance de ses vents.

— On rentre à l'hôtel ? Et ce soir on va en ville, ça te va ? il proposa à son aîné, en sortant son téléphone pour vérifier l'heure.

La pression était retombée, la tempête avait pris fin aussi vite qu'elle était arrivée.

— Ouais, je me reposerais bien un peu là, avant de repartir quelque part. Bonne idée, articula Minho, toujours un peu secoué.

— Évidemment, j'ai toujours des bonnes idées, se vanta l'autre, en prenant la route de leur logis temporaire. Et je peux te dire que c'est pas fini, j'en ai encore pleins, il sourit malicieusement, éclatant de rire devant la moue exaspérée du brun.

˚₊· ͟͟͞͞➳❥

— C'est pas la ville, ça, remarqua Minho.

Son ami venait en effet de l'emmener en bord de mer, près des banlieues longeant la plage.

— Bien joué, Sherlock. Que de perspicacité.

— Plus sérieusement, qu'est-ce qu'on fait là ? Je suis pas contre me baigner, mais il fait presque déjà nuit, et c'est hors de question que j'aille dans l'eau si elle est glacée.

— Tu pourrais de toute façon compter sur moi pour t'y jeter ! Mais non, c'est pas pour ça que je nous ai amenés ici. En fait, tu vois quand on est arrivés à l'hôtel ? À un moment je suis allé visiter un peu, et j'suis tombé sur une meuf trop sympa, qui m'a proposé de venir à une soirée ce soir, chez un pote à elle !

— Attends, attends... vous vous connaissez depuis quelques minutes et elle, elle t'invite, alors que c'est même pas dans sa maison ?

— Bah, j'ai peut être demandé si y avait moyen qu'on se ramène, j'lui ai suggéré un peu l'idée, quoi.

— Ah bah d'accord, toi tu t'invites comme ça chez des gens, à des soirées où on connait personne. Normal je suppose.

— Faut se donner les moyens dans la vie, Minho. Si tu tentes jamais rien, que t'attends juste que tout te tombe tout cuit dans la bouche, et que tu saisis même pas les opportunités qui se présentent à toi, comment tu veux réussir à atteindre tes objectifs, mh ?

Des paroles qui donnaient matière à réfléchir, et Minho devait avouer que le discours du plus jeune était plein de sens. C'était agaçant, il n'avait rien à lui rétorquer, aucune manière de le contredire qui ne lui vienne à l'esprit.

— Je te laisse y réfléchir. Sinon, c'est par là qu'il faut aller, il reprit, s'aventurant alors sur la chaussée pavée de dalles beige et impeccables, entourée de buissons fleuris et verdoyants.

Le temps de trajet ne fut pas excessivement long, heureusement ou malheureusement, Minho n'était pas bien sûr de ce qu'il en pensait. D'un côté, il n'était pas vraiment à l'aise à l'idée de se rendre à cette soirée remplie d'inconnus, d'un autre, il voulait juste mettre un terme à sa remise en question personnelle, causée par les propos du châtain, quelques minutes plus tôt.

— Ah, bah le voilà ! s'exclama une jeune femme particulièrement enjouée, à l'intention de celui qui était sûrement son ami, ou peut-être même son copain, assis à côté d'elle.

Elle avait sauté avec aisance du muret où ils étaient tous les deux posés pour venir faire face à Jisung, et le présenter au blond sur le muret, un certain Felix. Il était drôlement mignon, c'était indéniable, et puis il dégageait quelque chose de chaleureux et d'avenant, il attirait l'attention et naturellement on avait envie de lui parler. Mais Minho, lui, ne le sentait pas trop. Peut-être parce qu'il l'avait superbement ignoré pendant les présentations, le saluant tout juste.

Ou bien à cause de sa manière de discuter avec Jisung, sa manière de le regarder aussi, comme s'ils avaient déjà une "connection spéciale" ou quelque chose du genre, comme s'ils étaient déjà les meilleurs amis du monde. Tout cela combiné ne lui donnait pas la moindre envie d'apprendre à le connaître, enfin, il devrait bien faire un minimum d'efforts dans son comportement, car la soirée se déroulait tout de même chez lui, comme il l'avait appris en échangeant quelques paroles avec son amie, qui elle s'appelait Tzuyu.

La jeune femme avait immédiatement commencé à lui parler, alors que le petit groupe se dirigeait vers l'intérieur de la villa. Celle-ci grouillait de jeunes adultes tout juste sortis de l'adolescence, posés dans le jardin ou le salon, certains même sur la plage, dans cette attente tranquille que la soirée ne commence vraiment, cette hâte paisible et contrôlée de pouvoir enfin lâcher prise, profiter.

Tzuyu était gentille et bavarde, assez énergique aussi, par bien des aspects elle ressemblait à Felix, il n'y avait rien d'étonnant à ce que ces deux-là soient de proches amis. Lorsqu'elle amenait Minho à un endroit pour lui montrer quelque chose, ses longues mèches brunes, retenues pour certaines en demi-queue de cheval, s'agitaient dans son dos, dans un mouvement presque hypnotisant. Honnêtement, Minho appréciait le fait de passer la soirée avec elle, ils s'entendaient plus que bien et la conversation était fluide, passant de leurs centres d'intérêts communs aux études qu'ils avaient faites.

À un moment, ils allèrent danser sur la piste de danse, remarquant qu'une chanson qu'ils connaissaient et appréciaient beaucoup passait enfin. Et alors que Minho se laissait aller aux plaisirs de la danse, légèrement désinhibé et ayant de toute façon toujours été doué pour ça, il ne comprit pas le regard noir que Jisung lui lança depuis l'autre bout de la pièce. Il venait vraisemblablement de rentrer dans la grande demeure, après être allé se promener sur la plage avec Felix. Cela devait bien faire une heure qu'ils s'étaient séparés, d'où pouvait venir un tel mécontentement ?

Une légère pression sur sa main le rappela à celle qui l'accompagnait, et Minho tilta soudain, après deux bonnes heures passées à ses côtés. Il repensa à ses grands sourires, la manière dont elle l'écoutait sans broncher, et une question jaillit dans son esprit ; était-il possible qu'elle soit intéressée ? Il n'y avait pas pensé plus tôt car, pour lui, ils discutaient juste normalement, comme deux personnes qui apprendraient à se connaître et à être amies. En tournant la tête vers elle, il tenta d'analyser son regard, ses expressions, mais tout ce qu'il voyait c'était qu'elle profitait du moment, de la musique. Elle avait attrapé ses mains et l'enjoignit à danser lui aussi, se mouvant au rythme énergique de la chanson.

D'une pichenette mentale, Minho balaya ses questionnements, il était là pour s'amuser, non ? Et puis, même si ça s'avérait vrai, et alors ? Il aviserait sur le moment, au gré de ses envies. C'est donc insouciant qu'il se laissa aller avec Tzuyu, se concentrant seulement sur ses sensations actuelles ; son coeur qui battait au rythme de la musique, enivrante et qui s'emparait de lui, sa tête qui lui tournait juste un peu, lui faisant ressentir l'état d'ivresse léger et agréable dans lequel il se trouvait. La lumière qui se reflétait sur ses rétines, par de vifs éclats colorés surgissant de l'obscurité. À ça pouvait s'ajouter l'odeur douce mais écoeurante des cigarettes, fumées par les autres invités, ainsi que celles d'autres substances illicites auxquelles Minho avait fait le choix de ne jamais goûter.

Submergé par toutes ces informations sensorielles, c'était à peine s'il avait remarqué combien ils s'étaient rapprochés, lui et Tzuyu, dansant presque l'un contre l'autre, se rapprochant puis s'éloignant, pour se retrouver ensuite. Avec un doux sourire elle avait relevé la tête vers lui, et déposé un chaste baiser sur ses lèvres avant de partir dans un rire cristallin, devant la consternation du jeune homme.

Minho n'était pas certain de savoir si cela confirmait qu'il l'intéressait bien, et il n'était pas certain de la réponse qu'il souhaitait, sa bonne humeur lui faisait juste du bien. Il se joint donc à son rire, et elle allait lui chuchoter quelque chose à l'oreille quand un grésillement sourd se fit entendre dans toute la salle. La musique continua en bruit de fond, quelqu'un en avait juste baissé le volume. Au micro, on s'éclaircissait la gorge. Puis, une voix que Minho ne connaissait que trop bien réclama l'attention, son propriétaire se tenait debout sur le bar, éclairé par la lumière bleutée et irrégulière de la pièce.

— Ok alors... déjà, vous tous là ! J'suis désolé de vous interrompre dans votre truc, mais... il clama, avant d'éclater de rire. Nan c'est faux, je m'en fous. C'est pas contre vous, hein, mais juste, je m'en fous !

Minho était habitué à reconnaître la voix qu'avait son cadet, lorsqu'il avait trop bu, et clairement là, il avait abusé sur les shots.

— Et puis d'toute façon, c'était fait pour, il reprit, d'un air guilleret et inconscient.

L'assemblée fut parcourue de quelques rires, chose compréhensible, l'attitude du châtain était plus que comique.

— Bref, je voulais juste dire quelques trucs, vous inquiétez pas j'en ai pas pour trois plombes. Déjà, soyez pas aveugles, enfin j'veux dire, soyez pas stupides. N'importe qui devrait être capable de voir quand quelqu'un est intéressé par soi nan ? Pourquoi c'est pas simple la vie ? Bref, pour résumer, soyez pas comme lui là, il continua en désignant Minho du doigt.

Toutes les têtes se tournèrent vers lui, intriguées, alors que Jisung s'apprêtait à repartir dans ses conseils. Son meilleur ami quant à lui, ne comprenait pas bien où il voulait en venir, ce qu'il cherchait à faire. La seule chose dont il était certain c'était qu'il était totalement à la merci de l'alcool, et qu'il ne contrôlait plus vraiment ses paroles. Aussi, il s'empressa de le rejoindre au comptoir, le tout sous les yeux éberlués de Tzuyu.

— Ensuite, tombez pas a- Ehh ! commença le châtain avant de se faire arrêter par Minho, qui lui prit le micro des mains et le força à redescendre au sol.

— Allez, je pense que ça suffit pour ce soir. Désolé pour le dérangement, il s'adressa brièvement aux autres invités, avant de reporter son attention sur Jisung.

Avec délicatesse, il l'avait forcé à s'accroupir avec lui derrière le bar, afin qu'ils puissent bénéficier d'un peu de tranquillité. De l'autre côté, il sembla que la soirée reprenait son activité, son cours habituel.

— Hé, Ji'. T'as trop bu, non ?

— Nan. J'suis pas bourré.

— Même là, je peux voir que t'as le visage rouge.

— T'es sûr que c'est pas à cause de toi ? fit le châtain, un sourire taquin aux lèvres et les yeux rieurs. Eh, beau brun, maintenant que t'en as fini avec la fille, tu veux pas t'occuper de-

— Ouais si, t'es bourré. Carrément bourré même. Je crois qu'il vaut mieux qu'on rentre.

— Pas déjà ! C'est mort, moi je rentre pas maintenant, répliqua Jisung en se redressant, mais sa fuite, ou plutôt tentative de fuite fut aussitôt stoppée par le rebord du comptoir, auquel il s'était violemment cogné la tête.

Il était alors retombé par terre, et Minho avait empêché sa tête de rebondir sur le carrelage immaculé de la cuisine, pestant dans le vide contre son ami dans les vapes. Heureusement, il avait plus ou moins réussi à le réveiller, et cette fois-ci, trop sonné pour protester, le plus jeune s'était laissé mener jusqu'à leur hôtel, sans oublier d'évacuer le surplus d'alcool une ou deux fois sur le trajet.

— Hmm... Qu'est-ce que... balbutia le plus petit, quand il se sentit hissé sur l'un des lits de la chambre.

— Shht, contente toi de dormir, d'accord ?

— Dis Minho, tu peux me promettre quelque chose ? demanda alors Jisung, tandis que son meilleur ami était occupé à le recouvrir d'une légère couverture.

Quand il termina, le jeune homme revint vers la tête du lit, où il s'accroupit, pour être à la hauteur du châtain.

— Quoi donc ?

— Tu vas rester, hein ? Parce que, enfin... Je... j'veux pas mourir. Et j'ai peur. J'ai peur mais quand t'es là, j'ai plus peur. Alors évidemment, c'est pas... Mais, tu... tu vas rester avec moi, pas vrai ? il s'embrouilla, et même si Minho n'avait pas tout compris, le pourquoi du comment de son angoisse, il avait compris qu'il devait le rassurer, et sa bouche forma immédiatement une réponse.

— Bien sûr. Toujours, tu pourras toujours compter sur moi, tu le sais ça, mh ? Quoi qu'il arrive.

— Moui... je suis rassuré alors, murmura le châtain, avant de changer de sujet, vraisemblablement libéré de sa peur. Tout à l'heure au fait, tu m'as pas laissé finir ce que je voulais dire.

— Ah oui ? Et qu'est-ce que tu voulais dire ?

— Tombez pas amoureux de votre meilleur ami... C'est trop compliqué.

;;

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro