Les nuages recouvrent le ciel. Ma prière est exaucée. En avant pour lâcher les larmes rebelles. Et les mauvaises pensées.

« Comment te portes-tu en ce moment ? »

Seule la question et le sens resteront les mêmes pour un bon demi-siècle en perspective. Les mots changeront. Les voix aussi. Les raisons également. Les personnes de surcroît. Tout en théorie.

Tout. Sauf ce qu'on en attend.

« À merveille et toi ? »

Aucun regard direct. Petite tentative de fuite. Le trottoir d'en face semble soudain de meilleure compagnie.

« Pas trop... Mais je ne veux pas t'embêter avec ça. »

Réponse typique.

Mais à quoi bon s'entêter ? On finira toujours par écouter en se disant qu'on aurait finalement dû fuir quand il en était encore temps.

Le scénario ne change pas non plus, tristement. La longue plainte est en marche.

Les quelques gouttes de pluie me consoleront, tandis que mon cœur prisonnier de sa souffrance tentera de combattre le mal qui me ronge.

Et à côté de moi, une âme se plaindra. Encore et toujours. Pour les mêmes raisons en ignorant avoir dit « pour le meilleur et pour le pire » à la vie.

L'eau s'abat sur moi. Enfin. Suivie d'une vive lumière. Un regard en direction des nuages. Est là l'éclair divin.

C'est une belle soirée en perspective ! Enfin pour moi. Et peut-être les autres qui partagent les mêmes douleurs ici-bas.

Ordalie d'une vie. De la souffrance à l'ennui.

Le quotidien est une forme de torture où seules nos promesses de silence se transforment en mensonges sans convenance.

L'habitude. Voilà ce qu'on ressent à la fin.

Pourtant, ça nous dévore tout de même. On cogite, mais le résultat est toujours là. Et le seul à écouter nos tourments se joue parfois des autres violemment.

Merci, Cher Ciel !

De partager mes joies et de combler mes peines. De danser avec ma vie et de jouer avec mes envies.

« Tu m'écoutes ? »

Ô combien même, je le ferais, que m'apportera tout ça ? Un poids supplémentaire à ce que je ne supporte pas ? Un moment de pitié que je ne ressens pas ?

« Je suis désolée pour toi. »

Ou peut-être pas. Je ne sais pas. J'ai déjà mes problèmes à moi. Pourquoi écouter ceux d'êtres qui ne comprendront pas ?

« Mais sache que ça te passera. »

Plus de mots. Trop de mots. Mais ils sont sincères ceux-là. Je les pense, même si je ne devrais pas.

C'est vrai, ce n'est rien.

Ça ne valait pas une heure de sanglots et de pleurs sous la pluie, mais j'avais au moins de la compagnie.

Comme toujours. Un câlin. Un sourire. Un au revoir. Et tout s'envolera comme s'il ne s'était rien passé.

Tout. Sauf ce que j'ai ressenti.

L'être partira, sans plus. La conviction que tout ira bien coller au visage.

Pendant ce temps, je resterai planter là. À écouter les larmes du ciel s'écraser sur le sol. À regarder les gouttes caresser les miennes qui s'échoueront à leur tour.

Et quand tout cessera, espérant avoir assez donné, je souffrirai, seule, au milieu de mon futur linceul.