Ⅴ ◇... αη∂ rεαlιτγ
Ça n'allait pas.
Plutôt, quelque chose n'allait pas. Mais quoi donc ?
Je sais pas.
Après être resté un temps indéterminé dans la salle de musique, je me suis aperçu que l'heure du couvre feu arrivait à grand pas.
Je dus me résoudre à retourner dans cette chambre si dénuée de couleurs. Dénuée d'effets personnels, or le petit tas de fringue dans l'armoire et quelque illustrations.
Dénuée de vie.
Tout ce qu'il y a de plus normal, en somme.
Mais ce matin, c'était anormal.
Moi qui d'habitude, ne posais aucun problème au lever, il y avait cette drôle de sensation engloutissant mon être.
Celle qui vous dit que vous feriez mieux d'éviter toutes actions, tous mouvements.
Sans parvenir à saisir le sens de cette soudaine inquiétude vis à vis du quotidien ennuyeux que nous vivons chaque jour.
J'ai un mauvais pressentiment pour la journée à venir.
Peut être était-ce à cause d'hier ? Peut être n'aurais-je pas du faire courir mes doigts sur le clavier de cet instrument ?
Ou bien je délirais, tout simplement.
Après tout, aujourd'hui sera juste un jour comme les autres, pourquoi en serait-il autrement ?
Et comme les habitudes se perdent aussi facilement qu'un boulet auquel notre vie est accrochée, je ne pris juste pas la peine de prendre mon téléphone pour me rendre à la salle de bain.
Tandis que j'entreprenais mes soins buccales, j'évitais du mieux que je pus de m'exposer au miroir.
Même si cette chose est sympa, une question m'est toujours venue à l'esprit, du type "ce reflet que je vois, serait-ce la vision de quelqu'un d'autre de l'autre coté de cette vitre ?"
Et rien qu'à cette pensée, que quelqu'un pourrait m'épier lors de ma toilette, de mon temps sur les toilettes aussi ; quand je prends ma douche, et pire ; lorsque je suis à 'découvert', me terrifie.
Il pourrait observer tout mes moindres faits et gestes, interpréter tous mes états émotionnels, pour ensuite me ruiner la vie par je ne sais quel moyen et ce, sans rien que je ne puisse faire.
Même si la vie m'a appris que ce n'est qu'un matériaux, et que derrière, seul un mur était présent, il m'arrive souvent de remettre en question certaines affirmations.
Je crachai dans le lavabo le surplus de dentifrice, et je dus me résoudre à regarder le moi de l'autre côté pour me coiffer un minima, malgré l'inefficacité de ce geste à dompter cet attroupement de cheveux, mais quelque chose m'interpellai, alors que je me fis face ; quelque chose avait changé.
Oh, rien de bien important. Mes cheveux n'avaient pas soudainement poussés, mes pupilles n'avaient pas changées de couleurs.
Juste, j'avais des cernes.
C'est tout bête, hein, et pourtant je trouvais ça drôle. Parce que ça m'allait bien.
Ça noircissait mon regard. Ça lui donnait un air plus 'sérieux', et donnerait l'envie à n'importe qui de baisser le regard. Oui, ce genre de regard qui indiquait que tu dominais la situation, mais m'attribuer à moi, cet impression là ? S'ils le font, ils sont loin du compte.
Aussi loin que de se douter de ce que je suis.
Alors que je ricanais amèrement devant la glace, j'abandonnai la brosse pour m'occuper de la bande, à enrouler autour de mon torse en m'assurant de bien la serrer, sans penser aux événements de la veille.
Puis, en ouvrant un des tiroirs que j'ouvrais chaque matin, je suis tombé sur la lame au dessus d'un tas de pansements.
"Comme par hasard, hein ?" je murmurais alors que je prenais quelques pansements, non sans caresser du bout des doigts l'objet tranchant.
Je ne m'y attarda cependant pas, sachant que je pouvais revenir sur cette décision à n'importe quel moment, mais surtout pour n'importe quelle raison.
Les pansements, quand à eux, n'étaient pas non plus d'une grande utilité.
Peut être un Toc, que de me savoir bandé, et pansé là ou j'ai des 'bobos'. Disons que ça me fait me sentir comme si on s'occupait de moi.
Mais ça aussi, c'est drôle, parce que personne ne s'occupe de moi.
Personne n'aura jamais à le faire, ceci dit, et c'est déjà du temps de perdu en moins.
J'installai donc quelques pansements, là ou les plaies étaient les plus rougeoyantes sur mes bras, malgré le fait que j'aurais préféré les laisser à l'air libre. Enfin, sous le pull, mais c'est pas quelques chose de très important.
Elles sont à moi, et je haïrais la personne qui portera le regard sur les signes de ma délivrances.
Personne n'a à savoir ce que je possède.
Il en restera ainsi.
Je finis donc mon train-train quotidien, avant que je ne me rende compte qu'il ne me restait que très peu de temps avant le début des cours.
J'attrapai une veste et me mis donc en route pour cette matinée débordante de joie.
Art abstrait ... J'ai jamais vraiment compris le sens qu'on emploie pour cette forme d'art, mais j'aimais bien l'idée.
J'entend encore le prof, dans son discours de début d'année énoncer cette phrase d'un certain artiste, probablement décédé depuis : 'J'appelle art abstrait tout art qui ne contient aucun rappel, aucune évocation de la réalité observée, que cette réalité soit, ou ne soit pas le point de départ de l'artiste'
Ca me rappelait à quel point la réalité se différencie du surréaliste, ce dernier terme étant une des sources de ma provenances, selon les Hommes.
Je ne viens pas de leur réalité.
Leur réalité ne m'est pas destinée.
Je ne suis qu'une âme passagère dans leur vie emplie de réalisme qui se dénigre au fil des années.
Ils ne peuvent plus se le cacher.
Leur monde n'est plus ce qu'il était.
J'arrivai en classe juste quand la sonnerie assourdissante retentie, et comme toujours, cette classe ne m'octroyait pas le droit à ma place habituelle : il me suffisait d'un simple coup d'oeil pour voir qu'elle était prise.
C'est donc légèrement ennuyé que j'allai rejoindre une chaise au centre de la pièce, toujours aux côtés de Mikasa et Armin.
"Eren ! Tu peux pas savoir comme je suis soulagée, je ne te voyais pas arriver, j'avais peur que tu sois encore mal d'hier !" Mikasa ne pus s'empêcher de commenter mon arrivée tardive.
"Nan, t'inquiète pas, tout va bien, j'ai un peu loupé mon réveil" je lui donnai un petit sourire rassurant, mentant à moitié, mon retard étant surtout du à ma non-envie de me lever du lit.
"Et bien, c'est une première ! Je pensais que rien ne pouvais empêcher le Grand Jaëger de battre le réveil de 9h !" Armin m'offrit son éloge avec un air amusé en voyant mes légéres cernes.
"Et bien, il faut une première fois à tout !"
Alors que Armin allait rétorquer, le professeur arriva, un poil essoufflé.
Il introduit son court comme tout professeur fait à chaque début de sujet, pour ensuite blablater sur un sujet que lui seul comprend réellement.
Et encore, parfois c'en est même à en douter.
Alors que le professeur divaguait sur les récentes études démontrant l'importance de l'art abstrait dans notre société, je reçus un rayon lumineux en pleine face.
Blague qui n'était plus faite depuis les années collèges.
Je tourna alors légèrement mon regard en la direction de la provenance du faisceau lumineux, et m'aperçus que c'était la fille que j'avais accompagnée l'avant-veille chez le directeur, en train d'orienter son équerre dans ma direction pour créer un jeu de lumière. Hanji, je crois qu'elle s'appelle.
Elle sembla s'apercevoir de mon regard sur elle, puisqu'elle se tordit en deux pour me faire de grands signes de bras, sans se soucier que le professeur ne la voit gesticuler.
D'ailleurs, je crois que si ça vient d'Hanji, il s'en fout.
Parce qu'il semblait l'avoir vu mais n'interrompit pas son cours pour les gamineries de la brunette.
J'étais en pleine estimation de mes pensées, lorsqu'Hanji, voyant que je ne répondais pas à son 'salut', se mit à bouder.
Mais pas bouder en faisant seulement la moue. Non.
Il a fallut qu'elle se mette à gratter la table, bruit irritable, puis à donner des coups de pieds à la chaise de devant son bureau quelques minutes après.
Chaise qui n'était pas mienne.
Je plains le pauvre ignorant qui sied sur cette chaise.
Jusqu'à ce qu'il se retourne.
"Putain, t'as pas finit de m'enfoncer ton pieds dans ma chaise, , je vais finir par te l'enfoncer dans l'cul, si tu continues." le jeune à la tignasse bicolore s'était retourné et grognait d'une air menaçant envers Hanji.
Celle ci arrêta aussitôt de taper, d'ailleurs.
Mais elle ne lui donna aucune réponse, gardant son regard vexé plongé dans le mien, qui n'avait pas quitté la scène des yeux.
Trouvant cette situation dépourvue de sens je retournai mon attention vers le cours, même si ça ne m'intéressait guère.
Juste histoire que ses folies ne m'attirent pas d'ennuis.
Cette réponse silencieuse ne sembla pas lui plaire, parce que je reçus à mes dépends son équerre avec laquelle elle luminosait mes yeux quelques instant plus tôt.
Après avoir ramassé l'instrument, je ne pus que la regarder l'air interrogatif afin d'obtenir une justification à cette acte de harcèlement pendant les heures de classe.
Elle sembla se satisfaire de l'attention que je lui portais en m'adressant un sourire.
Juste un grand sourire.
Elle commençait à me faire peur, cette fille.
Moi qui souhaitais seulement vivre sans faire de vagues, je me retrouvai par deux fois sa fautes le sujet d'attention de bon nombre d'élèves dans la classe.
Et Dieu sait que je déteste être observé de la sorte.
Si Dieu existe vraiment.
C'est vrai, c'est pas parce que je suis un ange, plutôt 'étais', que nous sommes forcément sous les direction de leur soi-disant Dieu.
Ce culte que les humains exercent en faveur d'une divinité, à quoi ça sert de la pratiquer ?
Peut être qu'ils souhaitent seulement espérer qu'il les protégera, ou bien les rendra heureux.
Et puis d'abord, qui dit que 'Dieu' est un être masculin ?
Bref, quoiqu'il en soit, ma notoriété s'amenuisa au fil que les minutes défilaient.
Jusqu'à la sonnerie de midi, toute la classe se tenait tranquille, même Hanji qui semblait vraiment avoir eu envie de me faire chier au début.
Cependant, je sens que ça n'allait pas s'arrêter la.
L'heure du repas arriva donc comme une bénédiction pour tous les élèves qui rangèrent précipitamment leur affaires. Tandis qu'ils se tapaient un sprint afin d'arriver en avance à la cafet', Mikasa et Armin optèrent de reprendre la conversation laissée en suspens ce matin.
D'ailleurs, nous n'étions pas les seuls à savoir que courir ne servirait à rien pour manger en avance. Après tout, quel besoin de manger à une demie heure près, c'est pas comme s'il allait y avoir une rupture de stock ...
Nous étions donc la, avec mes amis alors que j'aurais dû fuir le plus tôt possible.
Mais cette information arriva trop tard à mon cerveau, lorsqu'une main se posa sur mon épaule et un léger souffle sur la nuque me glaça sur place.
Sans parvenir à établir un quelconque lien entre la masse sur mon épaule et les mots étouffés prononcés à proximité, je sentis mon rythme cardiaque s'accélérer progressivement que je sentis la chose sur mon épaule.
Tout n'était plus que silence dans la salle, décor qui commençait à se dépeindre peu à peu de ma vision.
Je ne sentais pas le regard des gens m'entourant, ni même les nouvelles présences qui s'est introduite dans notre 'zone de confort'.
Je ne pouvais focaliser mon attention seulement sur la pression qu'exerçait ce poids, mais peu à peu, son emprise semblait se resserrer.
Je pouvais presque sentir les extrémités s'enfoncer dans ma peau.
Jamais tu ne sortiras de ce cauchemar.
Cette voix monotone chantait désormais cette même phrase dans ma tête, tel un démon ayant pénètre mon être.
Je ne pouvais la faire taire.
Je ne voulais plus l'entendre.
Je ne veux pas qu'un autre malheur n'arrive.
Je ne veux pas causer une autre catastrophe.
La Folie.
C'est tout ce que la vision noirâtre me permettait de voir.
Jusqu'à ce qu'on retire brusquement la morsure qui s'était attacher à mon épaule.
Comme l'effet d'un remède, l'obscurité disparu pour laisser place à des mouvements troubles et des sons à peine perceptible.
Me sentant au bord de l'agonie je força ma respiration à ralentir, quitte à m'étouffer, et lorsque je repris un état similaire à celui de stable, je compris la scène qui se déroulait sous mes yeux.
"... sans savoir qu'on aborde pas les gens ainsi ! Déjà que tu foutais la merde en cours, non mais ces quoi ces manières d'importuner les gens avec une équerre ? Et qu'est ce que tu fois avec une équerre, déjà ?!" le discours de Mikasa ressemblait à ça. Elle avait saisi une autre personne par le col de sa chemise et lançait le regard du 'tu touches pas à Eren', comme elle savait si bien le faire.
"Roooh, dis pas ça je suis sûre qu'il est super content de me voir, hein Eren ?" la brunette me regardait avec des yeux joueur, telle une gamine à qui on aurait offert un jouet à utilisation unique.
Je pus à peine inspirer que Mikasa reprit à ma place
" Ne lui adresse même pas la parole ! Tu le traumatises, pov' folle !" si elle savait ce qui me traumatisant vraiment, elle ne pourait même pas se battre contre ça. Je frissonnais alors que je regardais Mikasa qui s'était penchée pour me prendre les mains. "Ça va aller, ok ?"
"C'est pas grave, tu sais Mika'." je lui répondit d'un ton léger, incurvant mes lèvres légèrement.
Après tout, si c'était bien Hanji qui s'était approchée -de trop près-, ça ne pouvait être de sa faute, vu que j'étais celui qui avait fait changer sa présence en celle d'un démon. "C'est juste qu'Hanji m'a surpris, rien de grave"
Je n'étais bien sûr pas sans savoir que tout le monde avait du voir la tête terrifiée que je fis.
"Mais Eren--" Mikasa voulu contester mes dires, mais il semblerait qu'une autre préfère s'en vanter.
"Haha, je le savais, je suis la meilleur pour faire peur aux gens, yeah ! Bref du coup, comment ça va ? On t'as pas vu hier, je t'ai chercher partout ! Au faite, je me présente, c'est Hanji ! Enfin bon, je suppose que tu me connais, vu qu'on est ensemble depuis le début de l'année, bref, je voulais aussi te présenter quelqu'un correctement et ...merde." elle avait appuyé son 'correctement' et s'était retournée en direction des places-coté-fenêtre, avant d'être catastrophée devant ... Bah, des chaises et des tables. Vides, ceci dit.
Je vois que je suis pas le seul à débloquer sur des trucs bizarres...
" ... Il est parti ... " elle avait pris un ton déçue, et semblait presque se morfondre " bon, je vais le chercher, bougez pas vous !" et elle sortit de la salle plus vite que les autres cons pour aller bouffer.
Elle serait pas bipolaires des fois ? De ma misérables existence, je n'ai jamais vu quelqu'un changer si rapidement d'humeur.
"Bon, on fait quoi ?" Armin qui était resté silencieux juste là interrompit le silence grandissant.
"Je sais pas ... On attends ?"
" Eren, tu vois bien qu'on ne peut s'attendre à rien de bien avec elle ... Allons nous en."
" Moi j'ai plutôt peur de ce qu'elle pourrait nous faire, si on partait" Armin rit nerveusement à sa propre remarque, et je ne pouvais qu'approuver son raisonnement.
Bien qu'elle semblait être une fille bien, elle dégageait tout de même quelque chose d'assez singulier, qui pourrait terrifier n'importe qui.
Nous attendimes quelques minutes dans un silence pesant, lorsqu'un doublet de voix se fit entendre dans le couloir
"Putain, binoclarde, je t'ai déjà dit que je m'en foutais ! Et puis laisse moi aller bouffer, merde "
"Allons, Livai, c'est pas tous les jours qu'on fait des connaissances !"
Hanji venait de pénétrer dans la salle, tirant un homme plus petit qu'elle par le bras. D'ailleurs, sa tête me disait quelque chose, et il ne me fallut pas plus de cinq malheureuse secondes pour me souvenir que c'était le gars chez qui on s'était arrêté l'avant-veille.
Il ne semblait pas avoir changer d'humeur depuis deux jours.
"J'te jure, qui c'est l'con à qui je doit refaire la face ?" ils s'étaient arrêtés auprès de nous, guidés par les pas d'Hanji.
"Liliii, c'est pas comme ça qu'on dit bonjour !"
"Toi tu fais chier avec ta politesse à la con."
"Oui oui, bien sûr. Bref, je te présente Eren. Et Armin et Mikasa." elle fit un grand geste de ses bras en notre direction, avant de retourner le regard en ma direction, les yeux pétillants " Et Eren, voici Livaï !"
Livaï ... Drôle de prénom. Quoique originale.
Aux vus de son aspect, ça lui allait bien.
Moi qui pensait ne jamais le revoir, je sens que je suis loin de ma première estimation.
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On m'a conseillé des chapitre plus court à écrire, pour publié plis vite ... Je vais m'y essayer mais je garantis rien 😅
Aussi, je remercie nemesismora pour l'aide que tu m'as apportée ^^
Aussi, j'ai peur de tout faire foirer avec les réponses d'Eren (pour plus tard, et pas seulement question dialogues, finalement ^^') ... Si vous avez des conseilles à me donner pour rendre ses réponses intéressantes ou au moins qu'elle servent à quelques chose pour la suite, je suis preneuse !
Par contre, je vous préviens, c'est une histoire à construction lente ... Vraiement lente ... 😅
√HL
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