𝐕 | 𝐁𝐨𝐧𝐝
𝐀𝐩𝐩𝐚𝐫𝐭𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭s « 𝐊𝐚𝐮𝐬𝐞 »
𝐌𝐚𝐫𝐝𝐢 𝟏𝟏 𝐬𝐞𝐩𝐭𝐞𝐦𝐛𝐫𝐞, 𝟏𝟓 𝐡 𝟒𝟑
Les laissant à leur étreinte, l'homme aux cheveux charbonneux quitta son appartement et attendit son amie dans le couloir. Le couple sortit enfin et, sans un mot de plus, il se sépara.
Elle suivit son comparse et ils remontèrent dans la ville dans un silence religieux. Dehors, le ciel était recouvert, bien que le soleil perçât les nuages avec quelques rayons de temps à autre.
Un l'espace de quelques secondes et des poussières, ils atteignirent la faculté d'Incheon-Est.
La jeune femme ne se fit pas prier pour passer ses nerfs – en silence – sur l'homme aux cheveux de jais et à l'allure princière, bien que nonchalante. Les passants changeaient prudemment de trottoir, les automobilistes tournaient la tête vers eux, étonnés.
Ce n'était pas à cause de leurs éclats de voix inexistants, plutôt à cause de la magnifique femme. Elle était splendide, transcendante. Ainsi vêtue d'un court fourreau crème et d'escarpins à boucles blancs, elle attirait immédiatement l'attention. Ses longs cheveux or blanc coiffés en une longue demi-queue de cheval parfaitement tressée retombant à sa taille et ses yeux d'un bleu indescriptible n'ôtaient rien à son charme, au contraire.
À l'abri des quelques rares rayons de soleil, appuyés contre un mur du bâtiment, ils attendaient la sonnerie de l'université sous la voix stridente – et interne – de la jeune femme, pressée de retrouver son compagnon, ahanant qu'elle ne le reverrait pas avant une bonne heure, agaçant son ami qui choisit de rester muet, préférant lever les yeux au ciel.
Elle se tut lorsque ce dernier redressa soudainement le menton. Étonnée, elle le vit aussitôt esquisser un sourire ravi et faire un pas en avant. Toutes ses barrières mentales dressées, elle n'avait entendu personne approcher.
Elle se retourna. D'emblée, son regard accrocha un jeune homme sur le trottoir voisin. Ce dernier regarda à droite et à gauche, plusieurs fois, avant de traverser pour les rejoindre. Son sourire était éclatant. Elle devait bien avouer que, pour un humain, il était ravissant.
De courts cheveux sombres d'où quelques mèches ondulées retombaient sur la courbure de ses cils, assombrissant son regard bleu clair stupéfiant à un bleu de Prusse envoûtant, des traits fins et symétriques et une peau hâlée, illuminés par une expression allègre, heureux de revoir son ami.
Elle aurait pu le prendre pour un des leurs avec son sourire si exquis, sincère et unique, s'il n'avait pas eu la peau d'une pâleur maladive. Surtout, si elle n'avait pas entendu son cœur battre si faiblement dans sa poitrine.
Elle abaissa ses barrières mentales, prête à accueillir le flot d'émotions. Tout d'abord, elle sentit de son ami la joie et l'amour qu'il portait à l'humain. Une douleur plus aiguë revenait timidement, lorsqu'il inhalait son parfum envoûtant. Elle sentait qu'il avait du mal à se retenir.
Il luttait sévèrement pour ne pas lui sauter à la gorge. Très sévèrement.
Elle sentit qu'il ne le pourrait pas, il ne le toucherait jamais aussi violemment. Il aimait trop son visage et son être entier pour planter ses crocs dans sa chair. Son sourire et son rire. Ses cheveux et la couleur de sa peau. Ses yeux et l'éclat qui y brillait lorsqu'il était joyeux. Elle avait du mal à comprendre le sens de ses pensées. Elle percevait autant ses sentiments que ses élucubrations internes et tout lui paraissait mélangé, embrouillé.
Son ami repensa soudainement à leur rencontre. Et de la même façon que si elle avait vraiment vécu la scène, elle revit le jour où il était tombé sur l'humain, vendredi dernier.
Sa soif brutale, sa soudaine attirance incontrôlable. Puis, un bruit. Un petit cœur affaibli et trop silencieux pour un humain qui se pavanait. Ce petit cœur qui lui faisait chercher cette personne à la délicieuse odeur et à l'essence si fragile. Qui ne tenait qu'à un fil.
Cette première vision enchanteresse.
Et cet amour soudain, comme si le Destin les avait enfin réunis après tant d'années et de siècles d'errance, l'un sans l'autre.
Elle revoyait avec exactitude, ce vendredi-là, le visage étonné puis stupéfait de l'humain, juste avant qu'il secoue sa tête et cache son visage dans ses mains. Elle vit son ami qui avançait avant de faire rapidement demi-tour : l'odeur séduisait sournoisement sa bête interne, elle était trop puissante pour qu'il la supporte sans risquer de tenter quoi que ce soit. Trop tentatrice pour qu'il se risque à plonger son nez dans son cou chaud et humer l'odeur plus fortement jusqu'à s'en enivrer, puis sombrer dans la démence. Il ne devait pas s'approcher.
Comme lui, elle revivait ces deux jours de pérégrinations dans la ville, à la recherche désespérée de l'humain. Vaine. Amertume. Hurlement de désespoir. Terrain abattu. Arbres déracinés. Humaines chassées pour étancher sa soif puis aussitôt dégagées, sans planter ses crocs en elles. Il ne le voulait pas. Soif. Abandon. Lassitude. Errance. Châtiment.
Puis, il l'avait retrouvé.
Espoir. Allégresse. Euphorie.
Elle ne ressentit plus que joie, soulagement et amour, détonant violemment avec les émotions négatives précédentes. Elle frissonna. C'était puissant, trop puissant. Il n'avait plus eu le courage de le quitter d'une semelle, ayant été déstabilisé par les émotions qu'il avait ressenties en ne réussissant pas à retrouver l'humain.
Son humain.
Jamais, jamais il ne lui ferait de mal. Il ne le pouvait simplement pas. Il avait beau adorer jouer avec les humaines jusqu'à les mener aux portes de la Mort, mais il ne prendrait jamais un tel risque avec lui.
Elle sentait – tout comme lui – qu'il aurait directement dû rentrer dans ses appartements, ce vendredi-là. Il n'aurait jamais eu à le revoir. Ne serait-ce que la pensée de vouloir le revoir.
Une pointe de culpabilité étreint la jeune femme ; son ami se sentait coupable de la décision de l'humain à son encontre. L'humain avait tenu à le revoir... pourquoi ?
La jeune femme secoua farouchement la tête, s'attirant un regard surpris du jeune humain. Elle s'était trop laissée prendre dans les filets des sentiments et pensées de son ami. Fidèle à son devoir, elle se concentra sur l'humain et, si elle sentait avec précision les émotions qu'il dégageait, aucune pensée ne filtrait comme avec ceux de sa propre race.
Elle était certes, empathe, mais ressentir et voir les pensées de leurs compagnons était naturel pour eux.
Elle le trouva banal, pour une première inspection. Elle sentit son admiration ébahie pour la beauté surnaturelle de son ami. Sa timidité à parler à cause de sa présence à elle. Puis, alors que l'humain reportait son regard sur son ami, elle ressentit ce soudain besoin de l'avoir près de lui, comme un point central autour duquel s'organiser dans cette ville nouvelle.
Elle sentit aussi son inquiétude en rapport à... son cœur ? La jeune femme ne réussit pas à comprendre en quoi portait ce soudain souci. Il était également pressé, pourtant, une certaine frustration l'habitait, comme s'il savait qu'il ne pourrait pas avoir ce qu'il désirait avant un certain temps, ou un moment précis.
Elle tenta d'oublier cette soudaine inquiétude et l'examina du coin de l'œil. Il se tenait trop raide, sa main gauche se refermait sur le sac avec convulsion et il eut un réflexe de la main droite comme pour la poser sur son torse avant de la faire redescendre.
Inconfort.
Elle vit ses lèvres bouger et celle de son ami répondre. Mais elle n'entendait que distraitement ce qu'ils disaient – et elle devait avouer que l'humain avait une jolie voix grave, douce et fort agréable à l'écoute, apaisante. Elle perçut des noms, à travers son inspection. L'humain se nommait Taehyung et son ami disait s'appeler Jungkook.
Il était question de jeu, de cinéma. « Jungkook » lui demandait ce qu'il voulait aller voir. Elle sentit l'humain soudainement embarrassé, le voyant se dandiner devant son ami. Il se sentait à la fois gêné et ravi de son attention.
Néanmoins...
« Tu sais, ces derniers temps, je n'ai pas trop la tête à sortir. Je ne sais pas du tout ce qu'il m'arrive en ce moment. »
L'humain avait parlé. Elle sentit l'interrogation de son ami avant qu'une violente vague de douleur la transperce, comme elle avait transpercé « Jungkook ». Elle dut déployer toutes ses forces pour ne pas se plier en deux et hurler de souffrance.
Il avait si mal... !
Tellement mal...
Plus rien n'habitait son ami si ce n'était ce mal infini qui le rongeait dès la seconde où il entendit la phrase de ce Taehyung. Elle sentait au plus profond d'elle-même la peine de « Jungkook » qu'elle imaginait que trop bien ce qu'il avait pu vivre par le passé ; un vieux sentiment d'amour et de culpabilité remonta à la surface de son ami. Elle sentait presque les pleurs et les cris qu'il avait lâchés, avant, dans sa condition d'humain.
Mais ces souvenirs lui étaient inaccessibles. Pourtant, elle ne pouvait pas se tromper : son compagnon de race avait aimé quelqu'un. Et cette personne avait disparu de la vie de « Jungkook ». D'où sa souffrance qu'il liait inconsciemment avec celle présente.
Mais cette personne était morte ou peut-être simplement partie. Elle ne saurait le dire. Sa souffrance était telle que plus rien ne paraissait avoir de l'importance.
Elle tint bon, se forçant à fixer un point dans la rue pour ne pas lâcher prise.
Elle ressentait deux douleurs qui se chevauchaient en elle. Celui de son ami. Celui de l'humain.
Quant à la douleur de l'humain, Taehyung, elle la transperçait, lui donnait envie de hurler à la Mort.
Mais encore une fois, comme avec son ami, elle résistait, autant qu'elle savait que l'humain résistait.
Puis tout doucement, la douleur s'effaça et un rire grave et clair, mais doux et idyllique lui parvint. L'humain riait. Une douce brise agita ses sens et elle ne sentit plus que de l'apaisement et le bonheur qu'il avait retrouvé auprès de « Jungkook ». Sa présence permettait à l'humain d'oublier, pour un temps, le mal qui le rongeait.
Oui, elle l'avait compris : l'humain avait un besoin viscéral de rester auprès de son camarade de race.
La jeune femme fit un pas en arrière, s'attirant leur regard. L'humain s'interrogeait simplement et son ami la scrutait sévèrement.
« Qu'as-tu appris ? Quelle était cette souffrance que j'ai sentie en toi ? demanda Jungkook.
— Je ne sais pas ! Ce n'est pas moi qui suis son amie ! Et tu avais parfaitement raison ! Je n'aurais jamais voulu savoir ! », s'énerva-t-elle.
Il fronça les sourcils avant de se retourner vers Taehyung. Aussitôt, elle remonta ses barrières mentales, incapable d'en « entendre » plus.
« Taehyung, je te présente une amie. Voici...
— Iselin, enchantée, reprit la jeune femme d'une voix mélodieuse, faisant immédiatement rougir Taehyung qui baissa les yeux au sol, aussitôt intimidé par sa prestance et sa beauté à couper le souffle.
— E-enchanté. Je suis désolé de vous avoir coupé dans votre conversation, s'inclina-t-il.
— Il n'y a pas de soucis. J'allais justement m'en aller. Je vous souhaite une bonne fin d'après-midi. Jungkook, prononça-t-elle en appuyant sur son nom d'emprunt, à ce soir. »
Elle adressa un signe de tête au brun qui la fixait, les sourcils froncés, l'air de vouloir lui poser moult questions, avant de se tourner vers le plus jeune. Ce dernier la regardait de ses grands yeux pâles, un léger sourire aux lèvres. Elle hocha le menton et recula d'un pas.
« Taehyung, à bientôt, j'espère. »
Le dernier mot était plus accentué, comme si elle désirait vraiment le revoir. Taehyung ne vit pas Jungkook la foudroyer du regard.
« Oui, au revoir », répondit-il en s'inclinant de nouveau, poliment.
Iselin fit promptement demi-tour et s'éloigna de sa démarche dangereusement féline. En moins de temps qu'il le fallait pour le dire, elle avait rejoint le premier carrefour et trottinait jusqu'à la place. Lorsqu'elle y parvint, elle évita soigneusement un rayon de soleil joueur et disparut dans les sous-sols abritant les parkings.
Elle marcha un long moment parmi les voitures, évitant les caméras avec assurance. Enfin, une porte désignée comme une « réserve » attira son attention. Elle l'ouvrit et se précipita dans le vieil escalier métallique.
Là, deux portes se présentèrent et elle s'engagea dans celle annonçant « W.-C. ». Les lieux étaient étonnamment propres, pour un parking et une réserve. Il y avait même six cabines. Elle prit la plus éloignée, celle qui était « en panne ».
Personne n'avait jamais songé à faire venir un plombier et personne ne venait quasiment jamais ici. Elle referma derrière elle et, sans hésiter, elle ouvrit une énième porte, présente dans cette même cabine.
Cabine qui était en réalité un passage. Un nouveau souterrain creusé il y a peu de temps par les siens pour faciliter les mouvements.
Avec ravissement, elle s'y précipita, dévalant les mètres à toute allure malgré ses talons de dix centimètres. Elle parcourut deux kilomètres en huit secondes, avant de pousser une porte dérobée et de pénétrer dans de nouveaux couloirs mieux entretenus. Elle se remit à courir à une vitesse surhumaine.
Quelques secondes plus tard, elle lâcha la bride de ses barrières mentales et se dirigea dans la direction indiquée.
À un carrefour, elle croisa deux compagnons de sa race et les salua d'un geste avant de continuer sa course. En moins de temps qu'il faut pour le dire, elle s'arrêta devant une énième et dernière porte : les « Appartements Eller ».
Elle entra.
Deux bras puissants se refermèrent aussitôt sur son corps pour la faire tournoyer. Un rire ravi franchit ses lèvres. Les yeux dorés de son compagnon brillaient dans le faible éclairage de la pièce, emplis de bonheur et de sérénité.
« Maintenant, je ne te délaisse plus, murmura-t-elle, heureuse de le sentir contre elle.
— Oui, sjelevenn. Mais avant, dis-moi ce que tu as découvert, souffla-t-il, inspirant sa douce odeur.
— Oh, si tu savais... », gémit-elle aussitôt, se souvenant des nombreuses émotions l'ayant foudroyée, il y a moins de deux minutes.
Elle se laissa glisser à terre et entoura son propre torse de ses bras.
« L'humain... Il y avait tant de souffrance au fin fond de son âme, je n'avais jamais ressenti une pareille douleur. Ce fut si intense que, pendant un moment, j'ai cru que j'étais celle qui souffrait ainsi. Je ne sais guère ce qu'il a vécu, mais si je te perdais, min elskede*, je sais que ma douleur sera tout aussi intense, si ce n'est plus. »
Elle prit une pause, rassemblant ses souvenirs, l'âme en peine.
« Il avait si mal... Il se sentait coupable, pourtant, il y avait une certaine résignation, comme s'il savait qu'il n'avait rien pu accomplir. Je n'aspirais qu'à hurler, à périr tant la douleur était atroce... ! »
Ressentant sa détresse, il la serra étroitement contre lui, caressant ses longs cheveux en un geste apaisant, les sourcils froncés et la mine soucieuse, les yeux braqués sur sa bien-aimée.
« L'humain a besoin de lui, comprends-tu ? Je ne dis pas que je prends son parti, mais j'ai aussi senti que notre ami avait ce besoin équivalent. Il est rongé par la pusillanimité à l'égard du désir qu'il éprouve pour son sang et son corps, mais il ne peut pas s'empêcher d'aller le retrouver. Il a besoin de savoir qu'il est présent, qu'il est vivant. Il a besoin d'ouïr son cœur battre pour être certain qu'il ne lui arrivera rien. Cela est si... puissant... »
L'âme bouleversée, son amant la souleva délicatement pour l'entraîner sur son lit aux draps pourpres. Il s'installa près d'elle, ne cessant de caresser ses longs cheveux. Ses doigts dévièrent vers sa joue blanche, l'effleurant, taquinant ensuite son nez, un petit rictus tendre sur les lèvres. Elle sourit et ferma les yeux, lui intimant par ce simple geste de continuer ses doux effleurements. Elle se calma et finit par ne plus penser aux quelques minutes passées.
« Cela prend fin, tu n'as plus à t'inquiéter. Je suis là, avec toi. Je ne te quitterai plus, sjelevenn ».
Avec une tendresse inouïe, il emprisonna sa joue dans sa large paume et attira son visage contre le sien. Un instant, elle entrouvrit les paupières, laissant le loisir à son amant d'admirer encore et toujours des iris d'un bleu cobalt révoltant.
Il s'empara de ses lèvres d'une douce pression. Elle répondit avec plus de ferveur.
« Nous devrions tout de même penser à paraître à cette inauguration, sjelevenn...
— Plus tard, min elskede, plus tard... Embrasse-moi. »
☾
𝐃𝐞𝐯𝐚𝐧𝐭 𝐥'𝐮𝐧𝐢𝐯𝐞𝐫𝐬𝐢𝐭𝐞́ 𝐩𝐫𝐞𝐬𝐭𝐢𝐠𝐢𝐞𝐮𝐬𝐞
𝐌𝐚𝐫𝐝𝐢 𝟏𝟏 𝐬𝐞𝐩𝐭𝐞𝐦𝐛𝐫𝐞, 𝟏𝟔 𝐡 𝟏𝟗
Une fois seuls, les deux jeunes hommes observèrent Iselin s'éloigner pour disparaître à l'angle de la rue. Jungkook se tourna enfin vers l'humain, un petit sourire aux lèvres.
« Nous y allons ?
— Oui, dit-il, en lui emboîtant le pas. Dis-moi, ton amie est toujours aussi... sévère ? Elle n'avait pas l'air très joyeuse... »
Pour une raison qu'il ne connaissait pas, Jungkook éclata de rire. Un rire franc et fort. Mais il se reprit bien vite, surpris de lui-même. Il n'avait plus ri ainsi depuis si longtemps.
« Iselin, sévère ? Pas le moins du monde ! Elle est la personne la plus douce et la plus délicate que je connaisse. Elle n'était simplement pas dans son assiette, expliqua-t-il, amusé.
— Pourquoi ? Enfin, si ce n'est pas indiscret. »
Jungkook lui fit un petit clin d'œil et s'approcha de son oreille.
« Elle ressentait le besoin impérieux de rejoindre son amant », susurra-t-il, taquin.
Une fois de plus, son rire mélodieux résonna dans l'air lorsqu'il vit le visage furieusement cramoisi de Taehyung. Ce dernier, faussement indigné, accéléra le pas. Jungkook le rejoignit aussitôt, prétextant qu'il ne connaissait pas le chemin à suivre.
Effet escompté ; Taehyung ralentit le pas et reprit leur conversation. Enfin, il aurait bien aimé.
« À propos, lui demanda Jungkook, te restait-il bien une heure d'enseignement ? J'ai pris en considération ton emploi du temps, hier.
— Tu me fliques, maintenant ? marmonna-t-il, suspicieux.
— Cesse de dramatiser, tu avais ouvert ton emploi du temps sous mes yeux, soupira-t-il, amusé.
— Ça ne sert à rien, consentit-il à lui répondre, la voix basse.
— Ta mère n'appréciera pas, dit-il d'une voix légèrement soucieuse.
— C'est elle qui m'a inscrit dans cette fac de riches. Je n'avais rien demandé, moi. Disons que je ne suis pas d'accord avec certains de ses choix, même si je sais qu'elle fait du mieux qu'elle peut. Elle souhaite que je connaisse la meilleure vie possible, avant de... tu sais, quoi.
— Non. »
Taehyung lui lança un regard lourd de reproches avant de soupirer. Un soupir qui le fit aussitôt tousser. Il s'arrêta un instant, reprit calmement sa respiration et rejoignit Jungkook à deux pas de lui.
« J'ai une maladie du cœur, mes jours sont comptés, Jungkook. Je vais mourir. C'est tout.
— "C'est tout"... ? répéta Jungkook d'une voix douloureuse après s'être figé une seconde, terrassé par le choc.
— Oui ? Nous mourrons tous, un jour. À un ou deux jours près, je ne vois pas où est le problème, cingla-t-il, l'expression blasée.
— Le problème demeure dans le fait que ce n'est certainement pas à un jour près que tu dois mourir, mais à des décennies près, grogna-t-il péniblement.
— Oh, tu penses ? Alors, va dire ça à ma meilleure amie ! Le Destin n'a pas attendu qu'elle ait quatre-vingt-dix ans pour faire ses bagages ! Elle avait vingt-quatre ans, bordel ! Vingt-quatre ! Et un petit ami extrêmement respectueux, une mère débordante d'amour ! Elle rêvait de devenir artiste, de retrouver son père, de fonder une famille ! Et elle m'avait moi ! Moi, qui aurais dû mourir avant elle ! s'exclama-t-il, les yeux légèrement embués, l'expression douloureuse.
— Taehyung, je... souffla-t-il, foudroyé par la peine de l'humain.
— Ne me sors pas que tu es désolé ou je te fais bouffer ta chemise à un million de wons... grogna-t-il, la mâchoire serrée et les yeux lui envoyant des éclairs avertisseurs.
— Ce n'est pas pour autant que tu dois considérer la Mort comme étant une partie logique de la Vie.
— Bien sûr que si, puisque ça l'est, fit-il simplement, les yeux rivés droit devant. Qu'est-ce que tu racontes... marmonna-t-il ensuite, dans sa barbe.
— Pour la majorité, certes, murmura-t-il en se rendant compte de ses propos non destinés à un mortel. Mais tu n'as aucunement le droit de dire que tu t'en moques, qu'elle s'abat sur toi ou non.
— C'est pourtant le cas, rétorqua-t-il dans un calme olympien, bien que son esprit fût titillé par les propos inhabituels de Jungkook.
— Enfin, vas-tu cesser d'être ainsi ? s'exclama-t-il en se mettant devant lui, le stoppant dans sa marche tranquille. Ta mère a raison, tu dois profiter de la Vie.
— Je profite de la Vie. Je fais ce qu'il me plaît : je sèche et je passe du temps avec toi. À quoi me servent les études, Jungkook, mh ? Je ne finirai même pas mon année.
— Qu'est-ce que tu en sais ? murmura-t-il, profondément bouleversé.
— Je le sais, c'est tout, riposta-t-il aussitôt. C'est mon corps, pas le tien », dit-il un peu trop durement qu'il l'aurait voulu.
Ils se fixèrent du regard un moment, leurs prunelles exprimant clairement leur désaccord et Taehyung devait bien avouer que le regard sérieux et concerné de Jungkook le faisait drôlement angoisser. Pourtant, il ne détourna pas le regard, à l'inverse de l'autre.
« Discutons d'autre chose, veux-tu ? demanda Jungkook d'une voix maussade, plaçant sa main sur le milieu de son dos pour lui enjoindre à reprendre la route, la voix si basse que Taehyung en eut des frissons.
— Oui, changeons de sujet, ricana-t-il, amer en lui emboîtant le pas. Tu ne me demandes pas si je suis suicidaire, pessimiste ou psychotique ? Si je ne suis pas un échappé de l'asile ? Tu ne me demandes pas si je n'ai pas peur ? Si je crois fermement en tout ce que je dis ?
— Je sais que tu ajoutes foi à ce que tu dis, malheureusement. Je sais mêmement que tu n'es guère psychotique, lors même qu'il m'arrive m'y interroger, par instants », souffla-t-il, un brin amusé.
Taehyung se renfrogna.
« Tu es en train de te foutre de ma gueule, là ?
— Manifestement, répondit-il, sérieux malgré le léger éclat amusé dans ses pierres d'onyx qui se dirigèrent vers l'azur de Taehyung. As-tu peur de rendre l'âme ? murmura-t-il ensuite, en ôtant sa main du dos chaud, avec regret.
— Non, souffla-t-il, la voix ne souffrant d'aucune hésitation, d'aucune incertitude.
— En es-tu certain ? s'assura-t-il, les sourcils froncés par l'incompréhension.
— Oui, Jungkook. Pourquoi j'aurais peur ? Je n'ai pas peur d'avoir mal, si c'est pour la rejoindre. Elle a eu bien plus mal... Ma Hazel, partir seule... »
Son cœur s'était serré, le faisant soudainement suffoquer tout en le coupant dans sa parole.
« Narre-moi son triste sort, demanda doucement Jungkook, désireux de connaître le fin mot de la perte de ce qui semblait le faire atrocement souffrir.
— Percutée par un taxi », lâcha-t-il d'une traite, le visage neutre, bien que ses yeux irradiaient d'un chagrin fulgurant, heurtant l'âme de Jungkook.
Et le silence retomba. Pendant un long moment, Jungkook se perdit dans ses pensées. D'une oreille distraite, il écoutait le cœur de Taehyung qui battait trop vite, trop durement. Alors, Jungkook ralentit le pas sans en avoir l'air. Taehyung fit mine de ne pas l'avoir remarqué et le suivit dans son rythme plus lent, intérieurement ému et reconnaissant par son geste.
Bientôt, le cinéma fut en vue. À côté, une petite pâtisserie délivrait une odeur délicieuse.
« Souhaites-tu consommer une pâtisserie ? Ou une viennoiserie ? s'enquit Jungkook.
— Je ne veux pas t'ennuyer, fit remarquer Taehyung, même si ses yeux brillaient à l'idée de se nourrir de sucre.
— M'ennuyer ? fit-il, dubitatif.
— Tu ne manges déjà pas assez, ça m'étonnerait que tu aies un creux à quatre heures, dit-il, légèrement embarrassé.
— En effet. Aurais-tu un creux, Taehyung ? réitéra-t-il, amusé, sachant très bien que l'humain était un ventre sur pattes, surtout lorsqu'il s'agissait de viennoiseries.
— Un peu, j'avoue, bougonna-t-il, le joues se colorant d'un doux incarnadin.
— Croissant ? lança-t-il avec un doux sourire, connaissant pertinemment la réponse.
— Tu commences à me connaître », lui sourit Taehyung en retour.
Ils s'arrêtèrent pour acheter un croissant chaud pour le plus jeune, qui, ravi, offrit un sourire lumineux à Jungkook qui se perdit sans sa contemplation, l'âme chantant des lounges en faveur de l'humain. Ils se dirigèrent vers le cinéma, ayant une discussion animée.
« Quel est ton film préféré ? demanda Taehyung, une fois devant les affiches.
— En général ou tu me demandes de choisir un film ?
— En général, répondit-il entre deux grosses bouchées.
— "Vampyr" de Carl Theodor Dreyer. Un film poétique, un chef-d'œuvre du cinéma fantastique. Je l'ai miré avec Iselin. Je me souviens que nous avions bien ri, confessa-t-il, un léger sourire aux lèvres aux souvenirs de leurs éclats de rire.
— Oh, je ne connais pas.
— C'est un vieux film d'horreur. »
Qui date exactement de 1932. Un film antique, pour un humain, songea Jungkook.
« Et tu te marres sur des films d'horreur ? s'étonna Taehyung.
— Oh... J'étais jeune et idiot, à cette époque », ricana-t-il sobrement.
Il ne pouvait guère lui révéler la nature de leur hilarité ; ce film retraçait les individus de sa race tels qu'ils ne l'étaient pas.
Taehyung pouffa et manqua de s'étouffer avec un morceau de son goûter.
« Puisqu'on parle de Vampire, moi, c'est "Blood : The Last Vampire". Tu connais ?
— Bien sûr, affirma-t-il. Pourquoi ce film ?
— Ah, j'étais aussi dans ma période jeune et idiot. Et j'étais aussi avec ma meilleure amie. Mais je dois avouer que c'était bien gore ! N'empêche que j'ai trop aimé le style de Saya, la chasseuse !
— Parce qu'elle combattait des monstres ?
— Parce qu'elle est forte. J'ai apprécié son état d'esprit. Froide. Solitaire. Butée, aussi.
— Pas faux », sourit-il, acquiesçant.
Les pierres d'onyx s'aimantèrent aux saphirs rutilants sous les lumières et ce fut comme si le monde avait cessé sa course dans le seul but de leur permettre de se contempler à leur guise.
« Alors, qu'allons-nous voir ? murmura Jungkook, tentant de ne pas se montrer envoûté par l'humain.
— Puisqu'on a l'air d'apprécier les Vampires, tous les deux, ricana Taehyung après s'être raclé la gorge, en lui jetant un regard en coin que Jungkook eut du mal à identifier, je te propose celui-ci. »
Il tendit un doigt sur une affiche et Jungkook suivit son regard. Avant de se statufier. Un long et désagréable frisson glacial remonta le long de sa colonne vertébrale.
Insouciant, Taehyung regardait de ses grands yeux admirateurs l'affiche qui présentait une femme assise sur son trône, les pieds dans une flaque de sang. Devant elle se trouvait le corps exsangue d'une jeune fille.
Si l'image fit frissonner Jungkook, le titre le pétrifia d'horreur.
« La légende d'Erzsébet BÀTHORY »
Taehyung était-il au courant ? Pourquoi donc ce film ? Voulait-il lui faire comprendre qu'il reconnaissait sa véritable apparence ?
« Taehyung... commença-t-il, la voix incertaine.
— Quoi ? L'affiche te fait peur ? plaisanta l'étudiant. Allez, viens. Il ne faudrait pas qu'on loupe la séance », émit-il en le tirant par la manche.
En toute franchise ? Jungkook aurait préféré louper la séance.
Dans le noir de la salle, le film en marche, l'odeur et la présence de Taehyung se faisaient bien trop sentir. Sa tête tournait. Le film excitait ses instincts primaires, chatouillait ses canines, réveillait dangereusement la bête en lui. Le sang, la chasse, la peur émanant des victimes dans le grand écran l'obligeant à se tourner vers Taehyung et à le...
Non.
Il résista de toutes ses forces, s'enfonçant davantage dans son fauteuil, manquant de l'arracher du sol. Il ne pouvait pas lui faire de mal. Oh, il le voulait. Son sang. Tout. Il désirait une union entre leurs corps et une fusion de leurs âmes. Mais il devait résister ; avec le temps, son odeur exquise se ferait certainement moins tentatrice, moins obscène.
Avec le temps... elle le découvrirait et les tuerait.
Que devait-il faire ?
Fuir Taehyung au risque de le faire davantage souffrir ?
Après tout, peut-être que ce n'était que passager. Taehyung n'avait pas vraiment besoin de lui. Il devait plutôt se rapprocher de ses camarades à l'université.
Ou rester avec Taehyung au risque qu'ils meurent tous les deux ?
Peut-être devrait-il demander conseil à sa très chère « Iselin » et la questionner sur ce qu'elle avait ressenti en présence de l'humain... Pourquoi donc n'avait-elle pas eu le réflexe de humer son parfum exsangue ? Encore moins l'envie passagère de la goûter, de la lui voler ? N'y avait-il que sur lui que Taehyung produisait cet effet enivrant, mais monstrueusement dangereux ?
Une main agrippant la sienne de toutes ses forces le paralysa sur place. Instinctivement, il se raidit. Le contact brusque et chaud de l'humain décupla ses désirs et excita davantage ses instincts primaires.
Il voulait le chasser, puis le mordre. Non ! Il devait se faire violence. Ses canines étaient douloureuses. Sa gorge sèche. Son âme hurlait. Son cœur, s'il pouvait battre, aurait dépassé son propre record.
Lorsqu'ils sortirent du cinéma, Jungkook n'avait aucun souvenir du dénouement de l'histoire.
☾
𝐕𝐢𝐥𝐥𝐚 𝐊𝐢𝐦
𝐌𝐚𝐫𝐝𝐢 𝟏𝟏 𝐬𝐞𝐩𝐭𝐞𝐦𝐛𝐫𝐞, 𝟏𝟖 𝐡 𝟒𝟑
En poussant le portail en fer forgé blanc, Taehyung se demanda pourquoi Jungkook était muet et étrange dès leur sortie du cinéma. Le film lui avait-il fait peur ? Pourtant, il n'avait pas paru effrayé. Tout son contraire.
Il ne savait rien de cette Erzsébet Bàthory, mais le film retraçait sa vie de la façon la plus exacte possible. Il n'aurait pas souhaité vivre à cette époque...
« Tout va bien ? », demanda-t-il au noiraud.
Jungkook avait l'air plus pâle que d'habitude et gardait soigneusement ses distances avec lui. Pas qu'il le collait, mais les seules fois où il l'avait touché étaient pour le déposer sur son lit et tout à l'heure, sa main glaciale sur son dos. Et pour les deux gestes, Taehyung avait clairement vu que cela lui avait coûté un réel effort.
Peut-être n'était-il pas tactile ?
Et dire que dans le cinéma, il lui avait agrippé la main de toutes ses maigres forces... C'était donc pour ça ?
« Je suis désolé d'avoir attrapé ta main, pendant la séance, s'entendit-il dire. Je dois avouer que la fin m'a vraiment fait flipper et je n'ai pas réfléchi.
— Mh ? Oh, non, n'y vois aucune contrariété, murmura-t-il, le visage baissé et les mains dans les poches de son pantalon.
— Promis, je ne te toucherai plus sans ton accord », grimaça Taehyung, mal à l'aise à l'idée de l'avoir importuné de quelque manière que ce soit.
Cette fois, Jungkook releva le menton.
« Je te demande pardon ? dit-il, poliment.
— J'ai remarqué que tu n'étais pas trop tactile, alors je m'excuse. Tu m'écoutes quand je te parle ?
— Oh... oui. Merci... ? murmura-t-il, confus.
— Eh bien, de rien », marmonna Taehyung en remontant l'allée.
Une fois sur le perron, la porte s'ouvrit avant même que l'étudiant eût à poser la main sur la poignée. Sa mère se tenait près dans l'encadrement de la porte, vêtue d'une ample robe rouge et d'un tablier blanc taché de farine.
« Bonsoir maman, la salua-t-il en plaquant un baiser sonore sur sa joue un bras autour de sa taille.
— Tu as vu l'heure à laquelle tu rentres ? le gronda-t-elle avant de dévier son regard vers Jungkook. Oh, bonsoir ! Tu étais avec lui ?
— Oui, madame. Mille excuses, j'aurais dû le raccompagner plus tôt, dit-il en s'inclinant respectueusement.
— Non, non, si vous étiez ensemble, il n'y a pas de problème, répliqua-t-elle sous le froncement de sourcils de son fils. Où êtes-vous allés ?
— Au ciné, répondit Taehyung. On a vu un film gore, je te jure ! La légende d'Erzsébet Bàthory ! »
Sa mère ouvrit de grands yeux ronds avant de se tourner vers Jungkook, le regard interrogateur. Celui-ci haussa les épaules, un sourire contrit.
« C'est votre fils qui a choisi, madame.
— Hé ! s'exclama Taehyung. Tu dis ça, mais tu as aimé, avoue ?
— Oui », mentit-il.
La réalité était qu'il n'avait presque rien vu du film. Taehyung dut le comprendre, car il grimaça avant de se tourner vers sa mère.
« Alors, qu'est-ce que tu nous prépares de bon ?
— Surprise. Tu restes dîner, Jungkook ?
— Mes sincères excuses, madame, mais je suis attendu à la maison.
— Je vois. Dans ce cas, j'espère que tu reviendras vite nous voir. »
Interloqué, Taehyung regardait l'échange entre sa mère et son nouvel ami. Pourquoi avait-elle l'air aussi déterminée ? Et pourquoi Jungkook semblait-il hésiter et fuir le regard de sa mère ?
« Avec joie. Au revoir, madame. Taehyung. »
Après un signe de tête, Jungkook dégringola les marches du perron et sa silhouette s'évanouit dans l'allée. Pourtant, juste avant qu'il passe le portail, un rayon de soleil, jusqu'alors discret, s'échappa d'un nuage.
Les ombres des arbres et celle gigantesque du portail s'étalèrent sur le gravier blanc. L'air de rien, Jungkook sortit et s'éloigna rapidement, disparaissant de leur vue dès qu'il passa le mur d'enceinte.
Celui-ci étalait son ombre sur l'herbe verte du jardin.
Taehyung fronça les sourcils, réfléchissant sérieusement.
Puis, lentement, tout se rassemblait dans son esprit.
La soudaine attirance de Jungkook. Sa façon séculaire de s'exprimer, comme s'il venait d'une époque lointaine. Sa manière gracieuse de se déplacer, de se mouvoir avec légèreté, comme s'il effleurait le sol, bien qu'il soit grand et massif.
Ses questions éludées. Sa peau glaciale. Les repas qu'il picorait à peine. Son amie d'une incroyable beauté, la tigresse blonde qui rivalisait avec son aura mythique.
Son attitude réservée et déboussolée après le film.
Taehyung reporta son regard sur sa mère qui détourna immédiatement le regard, regardant elle aussi dans la même direction que son fils, avant de se dandiner sur le perron. Elle était mal à l'aise et triturait le coin de son tablier, les yeux baissés. Elle semblait en proie à ses pensées.
« Maman...
— Il faut que j'aille sortir le plat du four ! », s'exclama-t-elle aussitôt.
Elle fit vivement demi-tour avant d'être stoppée par le bras de son fils. Évitant soigneusement de le regarder, elle se perdit dans la contemplation de la porte d'entrée.
« Maman. Dis-moi ce que tu sais.
— De quoi parles-tu, mon chéri ? éluda-t-elle. Au fait, je t'ai fait ton dessert préféré ! Et la piscine est nettoyée ! Tu veux y faire un tour avant de manger ? Je mettrai la table toute seule, il n'y a pas de problème ! Mais avant d'y aller, tu prends une douche.
— Maman, soupira-t-il, sérieux.
— Oui ? Oh, pas de piscine, tu as raison. Il y a ton émission préférée à la télévision.
— Maman ! », s'exclama son fils, à présent agacé.
Cette dernière baissa les yeux sur les dalles de marbre, semblant plus intéressantes que les yeux furibonds de son fils, assombris en un envoûtant bleu de Prusse.
Je t'avais prévenu, Du-Ho. Je t'avais dit qu'il ne faudrait jamais le ramener ici. Pas à Incheon. Pas lui, songea-t-elle, comme si elle parlait à son feu mari.
« Tu sais ce qu'est réellement Jungkook, pas vrai ? », formula Taehyung, le ton grave et préoccupant.
Elle croisa son regard avant de le baisser aussitôt et hocher lentement la tête. Qu'elle aurait aimé n'avoir jamais eu à vivre ce moment ! Comment expliquer ce genre de choses à son fils ? Si Du-Ho était encore là, il aurait pu lui en parler.
Elle n'y comprenait rien à tout cela. Enfin, si ce « Jungkook » avait pris Taehyung sous son aile, c'était peut-être mieux.
Du côté de Taehyung, il était troublé. Il observait sa mère qui semblait indécise. Qu'avait-elle ? Était-ce cette révélation qui lui coûtait ?
Il reporta son regard sur le portail et les arbres qui étendaient leur ombre sur le gravier blanc.
𝐽𝑢𝑛𝑔𝑘𝑜𝑜𝑘 𝑛'𝑎𝑣𝑎𝑖𝑡 𝑝𝑎𝑠
𝑑'𝑜𝑚𝑏𝑟𝑒.
𝐴̀ 𝑠𝑢𝑖𝑣𝑟𝑒...
Relu par Ostaraa_
Alors, ce chap ? ☺️
J'introduis petit à petit le monde souterrain, surtout Miss Bàthory et son influence sur ses sujets (surtout sur JK, si tu as bien suivi, il est son Favori...🌝) !
À dimanche pour la suite et quelques révélations !
𝑾𝒊𝒕𝒉 𝑳𝒐𝒗𝒆, 𝑫𝒂𝒓𝒌 𝑬𝒚𝒆𝒍𝒆𝒕 🖤
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro