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The Last - Épilogue

[25/06/2019]


Bonsoir bonsoir !

Bon, vu l'heure à laquelle je poste, je me doute qu'une grande partie d'entre-vous ne lira ce dernier chapitre que demain matin mais peu importe XD

Ça fait quoi... deux semaines presque trois depuis la fin du dernier After ? J'suis vraiment désolée, mais avec le taf, mes galères de PC et puis surtout cet épilogue que je voulais vraiment enrichir et rendre parfait... (même s'il ne l'est pas, évidemment, mais vous aurez compris ce que je voulais dire j'imagine...)

Bordel, il y a tellement de choses que j'aurais à vous raconter depuis la dernière update... Mais je me contenterai juste d'une anecdote. Je ne sais pas si certains d'entre vous se souviennent, mais en octobre dernier j'avais ragé que Min fucking Yoongi m'ait encore ignorée pendant les concerts à Bercy, et j'avais dit que si je n'avais pas mon eye-contact la prochaine fois, que je lui péterais les deux jambes. Vous vous en souvenez ? EH BAH DEVINEZ QUI A FLIPPÉ SA RACE ET N'EST FINALEMENT PAS RENTRÉ EN CORÉE EN FAUTEUIL ROULANT ? :D

J'ai eu deux eye-contact pendant le soundcheck le samedi (bon en quelques secondes, il est juste passé et revenu sur moi (et je le soupçonne d'avoir juste remarqué mes coups de soleil et de m'avoir trouvé affreusement abominable mais osef)) et ce petit con m'a notice aussi pendant le concert alors que j'étais au fin fond de mon bloc, mais comme tout le monde était agglutiné au niveau de la scène et que je suis restée derrière, quand il s'est posé devant nous, boom bébé, j'étais plus que repérable avec mon army bomb et les deux bras en l'air comme une teubé. ET KOOK CE PETIT CON M'A MÊME PAS RECONNUE APRES SA SCÈNE DE L'ANNÉE DERNIÈRE JE SUIS FRUSTRÉE (nan je déconne, faut pas trop en demander non plus XD)

Bref, j'avais dit que je ne parlerais pas beaucoup mais me voilà à taper un roman alors que mon ordi menace de crasher quand ça lui chante alors je vais abréger.

Donc voilà, l'épilogue, posté au final un mois après l'anniversaire de Léo huhu

Il est spécial, surtout au niveau de la forme, mais j'espère que ça ne gênera pas trop votre lecture et surtout votre compréhension de ce qu'il y est raconté.

Il vous laissera sans doute sur votre faim et fera naître beaucoup d'interrogations, mais je tenterai de répondre à tout ça dans la petite FAQ que je ferai sur la prochaine update ^^

En vrai, je n'ai vraiment pas envie de poster ce segment parce que ça sera le dernier et que je ne suis vraiment pas prête à laisser partir mes personnages et leur histoire, encore moins que pour LPELD. Mais il le faut, il est temps... Alors si je ne réponds à personne dans les commentaires et que vous n'avez aucune nouvelle de moi pendant plusieurs jours, ne vous en faîtes pas, c'est que je serai en train d'essayer de faire mon deuil hahaha

Bref. Je m'en vais.

J'espère que cette histoire vous aura plu jusqu'au bout. Pour ma part, j'ai été heureuse de la partager avec vous pendant tout ce temps.

Alors je vous laisse découvrir cette conclusion en vous souhaitant pour la dernière fois sur cette histoire, une bonne Léocture ♥




~~+~~




Assis sur ma chaise de bureau, les yeux clos et les pieds sur le bois rayé, je réfléchissais. Je n'avais rien envie de faire. J'avais pourtant du boulot à rendre pour les cours, mais je n'avais juste pas envie de le faire. Je restai pensif jusqu'à ce que du bruit retentisse dans la cuisine un peu plus loin. Je rouvris les yeux et soupirai.

« Putain Hoseok, tu ne peux pas faire attention ?

Pardon ! Je vais nettoyer ! »

Je roulai des yeux et soupirai à nouveau. Pas vrai, ça. C'était vraiment un incapable quand il s'y mettait... et ça ne faisait que trois mois. J'allais sérieusement péter un câble. Il finit par revenir vers moi alors que je venais de prendre mon paquet de cigarettes dans le tiroir de mon bureau.

« Désolé, hyung. Tu veux manger quoi ce soir ?

Rentre chez toi, Hoseok.

Je-

Non, y a pas de "je" qui tienne. Reprends-toi en main, mec. Ça fait trois mois. »

Il ne répondit pas. Il savait que j'avais raison. Certes, c'était mon ami, mais il y avait des limites.

« Je sais, souffla-t-il. Mais juste ce soir. S'il te plait. »

J'allumai ma cigarette en levant les yeux au ciel, puis je balançai mon briquet sur mon bureau en recrachant la fumée.

« Tu dis ça tous les jours, Hoseok. Demain aussi ça sera "juste ce soir". Et après demain aussi. Je te connais.

Je vais me reprendre. Promis. Juste ce soir. S'il te plait. »

Je serrai les dents.

« Très bien. Mais je te préviens que demain, tu resteras à la porte.

Oui. Merci. »

Je fermai les yeux et passai mes doigts sur mon front. Je n'allais jamais pouvoir m'en débarrasser.

« Du coup, tu veux manger quoi ? »

Je soupirai une nouvelle fois.

« Ce que tu veux, je m'en fiche.

D'accord ! Je vais faire des sushis !

Fais donc. »

Il repartit vers la cuisine d'un pas rapide. Il fallait faire quelque chose. Ça faisait trois mois que Jimin lui avait avoué qu'il l'aimait. J'avais dit que je le laisserais rester à mes côtés parce que c'était mon ami. Mais je regrettais d'avoir pris cette décision. Je savais qu'il avait besoin de moi, mais j'avais besoin de ma liberté, de ma tranquillité. Et je n'avais rien de tout ça avec mon petit caniche qui m'attendait bien sagement devant la porte chaque soir au retour de la fac.

Nous mangeâmes finalement ses sushis, qui entre nous étaient franchement bons, même si jamais je ne le reconnaîtrai, tranquillement assis sur mon canapé. Lorsque le film fut terminé, je me douchai, et lorsque j'allai me coucher, c'est sans surprise que je l'entendis gratter à ma porte après qu'il ait quitté à son tour la salle de bain.

« Tu me saoules, soupirai-je en m'enfonçant sous ma couette.

Je sais... désolé... »

Je serrai les dents. Il faisait tout pour que je me sente coupable ou quoi ? Sale mioche.

« Amène-toi. Mais c'est la dernière fois. Je ne rigole pas.

Oui. Promis. »

J'entendis ses pas se rapprocher de mon lit, puis je sentis la couette se soulever. Un petit courant d'air froid chatouilla mon dos avant qu'il ne rabatte le tissu sur nous.

« Désolé hyung... souffla-t-il.

Arrête de t'excuser. Si tu es vraiment désolé, retrouve du boulot, et surtout retourne chez toi. Si tu paies un loyer, autant utiliser l'appartement, tu ne crois pas ?

Désolé...

Arrête de t'excuser putain. Tu me saoules. »

Il resta muet, et tant mieux, parce que sinon je l'aurais cogné.

« Il me manque... »

Je roulai des yeux malgré mes paupières closes.

« Je sais.

Je ne sais pas quoi faire...

Tu sais ce que tu dois faire, Hoseok. Je te l'ai déjà dit des dizaines de fois. Il reviendra si tu ne pars pas. Alors prends ton mal en patience.

J'ai mal...

Je sais. »

Je le sentis bouger sous la couette et se rapprocher de moi. Quel casse-burnes.

[...]

Le lendemain, lorsque je me réveillai, il n'était plus là. Tant mieux. Je me levai en grognant et regardai l'heure. Huit heures vingt-trois. J'avais encore du temps, mais je n'avais pas préparé mes affaires alors autant me lever, même si clairement ça m'emmerdait.

La journée se passa comme habituellement, et sur le chemin du retour, je soupirai d'avance de trouver Hoseok devant la porte de chez moi. Et ça ne loupa pas. Je ne prononçai cependant pas un mot et le laissai entrer. Je tentai de travailler tandis qu'il manquait encore de casser des choses dans ma cuisine, mais après m'avoir préparé le repas, il vint me saluer, réclamant une étreinte que je lui donnai finalement après avoir vu la tête qu'il tirait, et il s'en alla. Je restai dubitatif un instant après que la porte se soit refermée, et pendant les deux heures qui suivirent, je jetai des coups d'œil à mon téléphone ou au palier pour m'assurer qu'il n'avait pas fait demi-tour et qu'il n'attendait pas que je lui ouvre. C'était étrange. Mais tant mieux, peut-être avait-il compris qu'il fallait vraiment qu'il se reprenne en main.

Le jour suivant se passa de la même façon, le surlendemain également, à la différence que je ne le trouvai pas devant chez moi en rentrant. La soirée se passa, le lendemain également... Deux semaines s'écoulèrent comme ça. J'étais en train d'essayer de comprendre une théorie quand un nouveau bruit se fit entendre dans la cuisine.

« Bordel Hoseok, tu ne peux pas faire attention ? » râlai-je.

Mais il ne répondit pas. Je fronçai les sourcils, puis me levai.

« Hoseok ? »

Entrant dans la cuisine, je vis que j'étais seul dans mon appartement. Le bruit venait juste de mon assiette de la veille qui avait glissé sur l'égouttoir et qui avait chuté contre une tasse et quelques couverts. Ça faisait plusieurs jours que je n'avais pas vu Hoseok. Plusieurs semaines, même. Ce n'était pas normal. Il avait continué de venir après que je lui aie dit de se bouger, alors pourquoi avait-il disparu d'un coup ?

Je sortis donc mon téléphone et l'appelai, mais je tombai sur le répondeur après de longues secondes. Pourquoi il ne me répondait pas ? Est-ce qu'il allait bien ? Je lui envoyai plusieurs messages et je retournai bosser dans ma chambre. Mais les minutes passèrent et toujours rien. Est-ce que je devrais demander à Jimin ? Si jamais il n'était au courant de rien, il risquerait de paniquer et de prendre le premier avion pour ici. Et je n'étais pas franchement prêt pour des retrouvailles langoureuses et larmoyantes.

Je finis par me convaincre qu'il dormait et je continuai de bosser. Quelques jours s'écoulèrent encore sans nouvelles de mon ami alors je finis par me pointer devant chez lui et par sonner à sa porte avant d'y tambouriner. Rien. Je commençai alors à vraiment flipper et je frappai plus fort en hurlant son nom. C'est là que son voisin ouvrit sa porte et m'insulta en me demande ce qu'il me prenait.

« Il ne m'a pas donné de nouvelles depuis plusieurs semaines, j'ai le droit de m'inquiéter, non ?

C'est peut-être qu'il n'a pas envie de te parler ?

Pourquoi il n'en aurait pas envie ? m'offusquai-je.

T'as l'air d'être du genre ex collant et dérangé. Je suis pas étonné.

Du genre... »

Je commençai alors à ricaner et il continua de me regarder noirement.

« Loin de là. Dis-moi où il est.

Il est au boulot, il ne rentrera pas avant minuit. Alors fous le camp ou reste tranquille, il y en a qui veulent dormir. »

Il referma la porte de son appartement en la claquant et je restai immobile et muet. Au boulot ? Hoseok était au boulot ? Et il n'allait pas rentrer avant la nuit ? Mais qu'est-ce qu'il avait fait encore...

[...]

Il finit par rentrer plusieurs heures après la tombée de la nuit et il me trouva là. J'étais frigorifié et il me fit rentrer avant de m'enrouler une couverture autour du corps. Il m'expliqua alors qu'il avait été repris dans le restaurant où il travaillait avant et qu'en plus il cumulait ça avec un job de barman ; qu'il s'en sortait plutôt bien, et qu'il ne pensait pas que je m'inquiéterais de ne pas avoir de ses nouvelles. Il ne voulait plus s'accrocher à moi comme il l'avait fait jusque-là, et il voulait avancer pour lui, et surtout pour Jimin. Il voulait gagner assez d'argent pour pouvoir le rejoindre en Italie. Alors j'acquiesçai en silence. C'était une bonne chose qu'il prenne enfin sa vie en main et qu'il prenne des décisions importantes. C'était la première fois et j'étais horriblement fier de lui, même si je ne lui dis rien. Il était bien plus courageux que moi en réalité. Moi, je n'avais toujours pas réussi à fuir mes démons depuis des années, je les enterrais juste au fond de moi en espérant qu'ils ne remontent pas. Je n'étais pas du tout courageux. Lui allait tout quitter pour l'homme qu'il aimait. Ça me rendait heureux pour lui. Et dans un sens, ça me rendait un peu triste.


Le temps passa encore, les mois s'enchaînèrent et ma vie n'évolua pas d'un pouce. À la différence qu'Hoseok ne venait plus pleurer chez moi comme auparavant. Il m'envoyait des messages de temps en temps et quelques soirs, quand il ne travaillait pas, il venait me rendre visite, me préparait à manger et rigolait devant un film que lui seul regardait, mes yeux perdus sur un écran qu'ils ne voyaient pas, ou sur le profil de mon ami. Il était bruyant, collant, dépendant et insupportable. Mais il allait bientôt partir, et cette idée le remplissait de joie. Plus les mois passaient, plus la distance entre Jimin et lui diminuait. Plus celle entre lui et moi s'agrandissait. Et ça me faisait peur.

Mais tout bascula un midi, lorsque je vis son nom apparaître sur l'écran de mon téléphone. Je m'étais couché tard la veille alors je n'avais pas vraiment les yeux en face des trous, mais je décrochai tout de même en me redressant.

« Quoi ? soupirai-je.

Hyung... »

Sa voix était tremblante et faible.

« Qu'est-ce qu'il y a ?

Je... j'ai... il est... Jimin...

Quoi ? Qu'est-ce qu'il a ? Abrège, soupirai-je.

Il est... Je lui... hyung... j'ai... j'aurais pas dû...

Pas dû quoi ? répétai-je en commençant à en avoir marre.

Je suis horrible...

Tu commences à me saouler, crache le morceau !

Je... »

Il commença à sangloter et je pris une grande inspiration pour ne pas m'énerver.

« Écoute, je sais qu'il te manque, comme d'habitude, blablabla, mais-

Mal... me coupa-t-il.

Quoi ?

Je... je lui ai fait mal... »

Je passai mes jambes à l'extérieur du lit et je me penchai légèrement en avant.

« Tu as fait quoi ?

J'ai... il bouge plus...

Comment ça ?

Je voulais pas mais... il a...

Il est là ?

Oui... »

Je raccrochai aussitôt et enfilai des vêtements. Jimin était là ? Il ne bougeait plus ? Qu'est-ce qu'il avait fait ? Qu'est-ce qu'il lui avait fait ? Les entrailles serrées et le cœur battant affreusement vite, je quittai mon appartement et fonçai en direction de chez Hoseok. J'y arrivai en trente minutes et je montai les marches en courant jusqu'à arriver sur son palier où il était assis sur la pierre froide, recroquevillé sur lui-même, s'arrachant visiblement les cheveux. Il eut à peine le temps de relever le visage sur moi que je le saisis par le col de sa veste et que je le relevai d'un coup.

« Il est où ? Qu'est-ce que tu lui as fait ? hurlai-je.

Je... je voulais pas, mais...

Putain ! »

Il me gonflait. Je le repoussai brutalement et envoyai valser la porte de son appartement. J'y découvris alors plusieurs valises posées un peu partout dans le salon et je compris que Jimin venait de débarquer, et visiblement pour un long moment.

« Il est où ?

Dans...

Il est où putain ? m'emportai-je.

Dans la chambre mais... hyung, je- »

Je l'ignorai et me ruai sur la porte de la chambre que j'envoyai valser.

« Jimin ! Tu vas... »

Il sursauta alors violemment et s'empressa de saisir le bord de la couette pour la remonter sur son corps.

« Jimin... »

Ça n'avait pas été assez rapide pour que je ne remarque pas les traces sur sa peau.

« Tu peux partir ? » murmura-t-il, la voix tremblante.

Je déglutis difficilement, la peur commençant à envahir mon corps tout entier et mon passé remontant tout d'un coup, alors je me retournai et me jetai sur Hoseok.

« Qu'est-ce que tu as fait ? le secouai-je. Réponds-moi !

J'ai... j'ai pas fait exprès, je voulais pas...

"Pas fait exprès" ? Tu te fous de ma gueule ? T'as vu les bleus qu'il a ?

Je-

T'es un animal ou quoi putain ? Tu voulais pas ? Tu peux pas te contrôler ?

Je voulais pas... pleurnicha-t-il.

Arrête de dire ça ! ARRÊTE DE DIRE ÇA ! hurlai-je.

Hyung...

Je vais te-

Hyung ! » m'appela alors Jimin.

Un bruit retentit dans mon dos et je me retournai, maintenant toujours fortement Hoseok entre mes mains. Je voulais le pulvériser. Mais la vision de Jimin rampant désormais sur le sol me fit perdre toute force.

« Jimin...

Calme-toi, c'est... tout va bien.

Tout va bien ? Tu déconnes ? Tu ne peux même pas marcher ? »

Son visage changea instantanément de couleur.

« C'est moi qui lui ai demandé et j'ai un peu... forcé les choses. Je ne peux m'en prendre qu'à moi-même. »

Je mis de longues secondes avant de comprendre ce qu'il venait de me dire. Il lui avait demandé de le mettre dans cet état ? Il baissa alors la tête et se cacha sous la couette qu'il avait emportée avec lui.

« J'ai juste mal au cul mais ça va aller, souffla-t-il, honteux. Le reste c'est rien. Lâche-le, il panique parce qu'il est idiot, tu le connais. Désolé de t'avoir fait peur. »

Je continuai de fixer son corps recroquevillé sous la couette à quelques mètres de moi, puis je me retournai sur Hoseok que je tenais toujours et je le fusillai du regard.

« Tu te fous de ma gueule ou quoi ? J'ai cru que... »

Je serrai les dents à m'en faire mal et je le repoussai violemment avant de quitter l'appartement en claquant la porte.

Mais quel abruti. Pourquoi il m'avait appelé pour ça ? Pour me narguer d'avoir pris son pied ? Pour me narguer d'avoir baisé Jimin ? D'avoir pu assouvir sa soif, son envie, son amour, et peut-être tous ses fantasmes possibles et imaginables ? Putain. Je pris la direction de mon appartement, hors de moi, et ruminant toute ma colère contre cet imbécile. Pourquoi il m'avait appelé pour ça ? Espèce d'abruti.

Une fois rentré chez moi, je tournai dans mon appartement comme un lion en cage, fumant cigarette sur cigarette pour essayer de me détendre, mais rien à faire. J'étais toujours dans un état d'énervement proche du pétage de câble, et en même temps, une sorte de malaise m'envahissait. J'avais mal au cœur. Pourquoi donc ? À cause de Jimin ? Parce que je savais que c'était définitivement terminé, même si jamais nous n'aurions pu avoir une chance tous les deux ? C'était étrange. Et ça ne me plaisait pas. Alors après quelques heures, je finis par prendre une veste et je partis pour Hongdae. J'avais besoin de me changer les idées, de me défouler quelle qu'en soit la manière, et j'avais besoin de rafraichissement, quelle qu'en soit la forme.

[...]

Je travaillais depuis plusieurs heures et l'été se faisait de plus en plus dur. J'avais soif.

« Hoseok, apporte-moi un verre d'eau pendant que t'es là. »

J'attendis quelques secondes, mais Hoseok ne m'apporta pas de verre d'eau. Parce qu'il n'était pas là. Je commençai à ricaner nerveusement en portant ma main à mon visage. Hoseok ne m'apportera plus de verre d'eau. Il ne viendra plus ici maintenant que Jimin est revenu. Tant mieux. J'allais enfin pouvoir être tranquille.

Mais le temps passa, et bien que depuis toujours, être seul me plaisait, je me rendis compte que j'étais de plus en plus isolé. Être seul et être isolé étaient deux choses différentes. Je n'aimais pas être isolé. Alors je commençai à sortir, ou plutôt recommençai, comme quelques années plus tôt lorsque j'avais fait la connaissance de Taehyung et de ses amis, et que j'avais essayé de m'adapter à leur milieu... mais mon rebut pour les contacts physiques me rattrapa bien rapidement. Je n'arrivais pas, et je ne voulais plus penser à Park Jimin, je ne voulais plus penser à Park Haneul qui était la cause de tout ça. À elle et ses demandes répétitives, à elle et ses excuses fausses et ses sourires brillants, elle et ses verres qu'elle me donnait encore et encore en me promettant qu'elle attendrait. Et puis le lendemain ses éclats de rire après que je me sois rhabillé, souffrant d'absolument partout, ses regards condescendants, et toute sa petite cour autour d'elle me regardant avec amusement. Je ne voulais plus penser à eux, eux qui me faisaient détester ça, eux qui me faisaient me détester, eux qui me donnaient envie de faire autant de mal qu'on m'en avait fait, eux qui me donnaient envie de faire souffrir et de salir toutes les personnes qui voudraient encore me toucher, même avec de bonnes intentions.

Je ne voulais pas être comme ça. Je ne voulais pas penser à eux et être violent, salir autant qu'être sali, et détruire autant que je l'étais. J'avais déjà détruit l'une des choses qui aurait pu me maintenir à flot, il ne fallait pas que je risque de recommencer. Rester seul était bien mieux, tant pis que je sois isolé ou non. Au moins, je pouvais guérir ou tout du moins essayer, je pouvais être en paix, je pouvais être loin de tout ça et de ces pulsions suicidaires qui m'avaient envahi par le passé.

Quelques mois passèrent encore, tout allait bien, jusqu'à ce jour de mai, à Daegu, dans la maison familiale où mes parents m'avaient convié. Je n'y avais pas remis les pieds depuis un moment, vivant depuis de nombreuses années à Séoul et n'ayant plus quitté la capitale depuis que j'avais commencé à travailler en tant que professeur à l'université. Ça avait été étrange de revenir ici. Et j'aurais dû savoir que je n'aurais jamais dû y réapparaître.

Assis devant une tasse de café dont je ne voulais pas, mon frère discutait encore avec mes parents, leur racontant à quel point il travaillait bien dans son entreprise, à quel point sa femme à côté de lui était parfaite, cette dernière pouffant niaisement, tandis que nos géniteurs s'extasiaient une fois de plus de sa réussite. Je ne voulais pas venir et je n'y serais pas venu si je n'avais pas risqué de me faire totalement et définitivement rejeter par ma famille. Je ne m'entendais pas avec eux et ils me considéraient comme un moins que rien, mais je ne pouvais pas me permettre de leur tourner le dos. Maintenant que Jimin était revenu et qu'Hoseok ne venait plus pleurer chez moi, je n'avais vraiment plus personne. Pas que ça me dérangeait, mais en cas de problème... Mon frère, sa femme et mon père se levèrent alors et je ne tardai pas à me retrouver seul avec ma mère. Je sentais son regard sur moi mais je gardai les yeux rivés dans mon café.

« Et toi, alors ? » me demanda-t-elle après une bonne minute de silence.

Je relevai le visage, les sourcils froncés, et je secouai doucement la tête pour lui faire comprendre que je ne saisissais pas de quoi elle parlait.

« Tu vois quelqu'un en ce moment ? »

Je roulai des yeux par réflexe avant de les reposer sur elle.

« Non. Je suis très bien tout seul.

Arrête de te voiler la face, Yoongi. Il est temps que tu te maries.

Mais je n'en ai aucune envie !

Ce n'est pas une question d'envie mais de devoir.

De devoir ? Je ne dois rien à personne, mère, et encore moins à une femme et une famille que je ne connais pas. »

Elle soupira fortement et se leva. Je la suivis des yeux jusqu'à ce qu'elle disparaisse de mon champ de vision, puis je replongeai mes iris dans mon café. C'était prévisible. Elle finit par revenir vers moi, tira la chaise en face et s'assit dessus. Je ne bougeai pas, et j'entendis bientôt quelque chose glisser jusque moi. Je levai mes pupilles et regardai le porte-document que ses doigts vernis quittèrent.

« Non merci.

Mon fils... soupira-t-elle. Je me fais du souci pour toi. Comment tu feras quand nous ne serons plus là ? Tu-

Je survivrai très bien tout seul, ne t'en fais pas. »

Elle claqua sa langue contre ses dents, agacée, et leva les yeux au ciel.

« Personne ne survit seul. L'être humain a besoin des autres. Tu n'as peut-être besoin de personne pour le moment, mais un jour tu auras besoin de quelqu'un. Si tu ne t'y prends pas maintenant, ça sera trop tard.

Ça m'est égal et tu le sais très bien. Et je ne veux pas d'enfants non plus.

C'est parce que tu n'as pas ren-

Ce n'est pas une question de bonne personne. C'est physique. Je ne veux pas.

Arrête d'être aussi égoïste bon sang ! Tu as déjà fait fuir la fille des Lee alors-

Laisse Sojung en dehors de ça ! élevai-je la voix. Elle non plus ne voulait pas de ce mariage.

Mais ça aurait pu fonctionner !

Ça n'aurait pas marché.

Regarde quand même.

Non.

Ça pourrait marcher avec elle !

Avec elle... ricanai-je en posant mes yeux sur la bibliothèque à ma gauche.

Qu'est-ce qui te fait rire ?

Rien. »

C'était plus nerveux qu'autre chose en réalité. J'avais failli lui demander si elle était rousse, mais elle m'aurait probablement demandé si c'était mon seul critère. Mes pensées partirent une seconde sur l'homme qui m'avait inconsciemment mis en cage depuis des années quand la voix de ma mère me rappela sur Terre.

« Regarde au moins. La famille et la jeune femme sont d'accord, tu n'as qu'un mot à dire et tu es marié.

Maman...

Regarde, s'il te plait. On ne sait jamais. »

Je levai les yeux au plafond une nouvelle fois et posai ma main gauche sur la pochette pour la faire glisser jusqu'elle.

« Tu sais que ça sera non.

S'il te plait. »

Je plongeai mes yeux dans les siens puis fermai mes paupières en soupirant longuement. La pochette glissa à nouveau vers moi et ma paume s'y posa doucement.

« Très bien. Après tu ne m'en parles plus jamais, qui qu'elle soit. Et tu arrêtes. Je t'ai dit que je ne voulais pas me marier, ni me mettre en couple, que je voulais rester seul, et que rien ni personne ne pourra rien y changer.

Nous verrons.

Maman... »

Elle expira puis hocha la tête. Je savais qu'elle n'en pensait rien et que dans six mois elle me proposerait un nouveau CV. Après tout, le fait que j'aie pu céder deux fois et aller jusqu'à des fiançailles ne pouvait que lui donner de l'espoir. J'avais été trop naïf la première fois en pensant que c'était comme ça que marchait le monde et que ça arrangerait les choses entre eux et moi, et idiot la seconde fois en me disant que peut-être, comme c'était Sojung, que la chose serait plus facile à accepter, et possible à apprécier. Alors là, si en plus la famille prétendante, et surtout la jeune femme avaient déjà donné leur accord sans même avoir eu à me rencontrer, elle ne pouvait qu'espérer que je cède. Et connaissant mes parents, ils seraient même capables de m'y forcer. Mais je préférerais tout plaquer et fuir à l'autre bout du monde plutôt que de subir ça une troisième fois.

J'attirai le porte-document bleu marine à moi et je l'ouvris sans grande conviction tout en avalant ma salive. Mais lorsque mes yeux tombèrent sur le portrait de la femme en question, mon cœur s'arrêta et ma respiration se bloqua. Mes yeux commencèrent à s'embuer et je refermai l'objet d'un coup sec avant de porter ma main droite à ma poitrine et d'enfoncer mes doigts dans ma chemise assez fortement pour l'arracher d'un coup sec si l'envie m'en prenait. Je pus enfin recommencer à respirer mais mes inspirations étaient rapides et mon cœur battait à tout rompre.

« Mon fils ? »

Je me levai d'un coup en claquant la pochette sur la table et je me dirigeai vers le salon sans répondre. J'avais à nouveau du mal à respirer. Je me cognai dans l'un des fauteuils, la vue troublée par mes larmes.

« Yoongi ! »

Elle me rejoignit alors tandis que j'essayais de me calmer. Elle ? C'était une blague ?

« Qu'est-ce qu'il y a ? Tu ne te sens pas bien ?

Hors de question, soufflai-je.

Quoi donc ?

Cette fille. Plus jamais tu ne me la montres et plus jamais tu m'en parles. D'accord ?

Pourquoi ? C'était une de tes anciennes camarades de classe ! Tu-

Je n'ai plus aucun contact avec mes vieux "camarades de classe".

C'est parce que tu as un mauvais caractère ! Elle-

C'était la meilleure amie de la première cinglée à qui tu as essayé de me vendre ! élevai-je la voix. Et tu voudrais que je me case avec ?

Ne parle pas de la jeune Park comme ça, tu nous as fait perdre une fortune-

Je vous ai fait perdre une fortune ? m'écriai-je. Et tu oses prétendre que c'est pour moi que tu fais ça ? »

Elle leva les yeux au ciel et soupira une fois de plus.

« L'argent de sa famille te serait revenu.

C'était une cinglée ! Tu sais ce qu'elle m'a fait ! Et tu voudrais que j'épouse Yoo Haejin alors qu'elle était au courant de tout et qu'elle en a bien ri ?

C'est dans ta tête, ça...

Dans ma tête ? DANS MA TÊTE ? répétai-je en hurlant. Comment tu peux dire ça ?

Qu'est-ce qu'il se passe ici ? gronda soudain mon père.

Vous voulez me marier à cette femme ? C'est une blague, sérieusement ?

Fais-lui entendre raison enfin ! s'exclama ma mère. Il refuse parce que c'était l'amie de Park Haneul et-

Évidemment que je refuse !

Écoute mon fils-

Non ! le coupai-je. Non, jamais ! Vous oubliez encore plus que pour les autres !

Tu remets ça sur le tapis ? ricana alors mon frère. Passe à autre chose.

Je te demande pardon ?

Arrête de faire ta sainte-nitouche, si t'en avais pas eu envie, ça ne serait jamais arrivé.

Yoonsik ! s'exclama ma mère.

Quoi donc ? C'est la vérité ! »

Il reposa ses yeux sur moi et me jaugea de haut en bas. Il ne comprenait rien. Absolument rien. C'était un pauvre type et ça me rendait malade. Il fallait que je m'en aille. Il fallait que je m'éloigne d'eux. Alors je poussai mon frère d'un coup d'épaule et sortis dehors.

« Yoongi ! » s'écria ma mère.

Je plongeai ma main dans ma poche et sortis mon téléphone. J'appuyai sur le raccourci de contact présent sur l'écran principal et je portai l'objet à mon oreille tout en plongeant mes yeux noirs sur ce qui me servait officiellement de famille. Ils me parlèrent mais je ne les écoutai pas. Ça sonna, et après quelques secondes, j'entendis qu'on décrochait.

« Hyung, quelle bonne surprise ! Alors, tu viens enfin m'avouer que tu m'aimes ?

Ne prends pas tes rêves pour la réalité. C'est juste pour te dire que tu gagnes malheureusement ton pari.

T'es sérieux !? s'écria-t-il.

Oui. J'ai besoin de changer d'air, alors prends-moi un billet d'avion. Je pars à Rome avec vous. »

[...]

« J'ai trop hâte, chantonna Jimin.

Je sais, sourit Hoseok.

Mais ne t'en fais pas. Je te resterai fidèle. »

Je levai les yeux au ciel avant de les reposer sur le décor qui défilait, quand l'architecte s'adressa à moi.

« Et toi aussi hyung, t'en fais pas.

Je ne m'en faisais pas.

Tu mens. Je sais que tu bouillonnes tellement je te manque.

Dans tes rêves.

Ça ne sert à rien de mentir, il suffit de regarder tes cheveux.

Tu me fais chier. »

Il rigola dans la voiture et posa sa tête sur mon épaule. Je le repoussai mais il revint rapidement à la charge et je serrai les dents. Je n'aurais jamais dû venir. C'était une mauvaise idée. Les vacances, la chaleur, l'alcool, Jimin... C'était un mauvais mélange. Le plus mauvais mélange qu'il puisse exister. J'avais dit que je venais sur un coup de tête pour fuir autant que pour faire chier mes parents et je l'avais aussitôt regretté. Et je ne parlerai même pas du côté capillaire. Nous descendîmes enfin et j'accélérai le pas avant que Jimin ne me saute à nouveau dessus, seulement je ne fus pas assez rapide. Il passa son bras gauche autour de mes épaules et me rapprocha de lui.

« Dis, elle te plaît pas ?

Qui ça ?

Bah, Dina !

Non.

Sérieux !? Elle est carrément bonn-

Je me passerai de tes réflexions.

Tu ne démens pas.

Ça ne fait pas tout.

C'est quoi ton genre ?

Absolument pas le sien.

C'est quoi alors ?

J'en sais rien. »

Il ricana alors à mon oreille et me rapprocha encore plus de lui.

« C'est moi ton genre, avoue. »

Je déglutis difficilement et serrai les dents.

« Il manquerait plus que ça. »

Il rigola à nouveau puis me relâcha avant de retourner en arrière. Il me faisait chier. C'était une mauvaise idée. Je n'aurais pas dû partir avec eux. Je n'aurais pas dû partir avec lui. Je suivis les autres, peu convaincu, tout en gardant une oreille attentive à ce que cet imbécile pouvait dire ou faire. Et après quelques minutes, je l'entendis prononcer mon prénom alors qu'il parlait à Hoseok. Il me gonflait. Je ne voulais pas de l'un de ses énièmes plans pourris, et surtout pas avec elle. Rien qu'à la voir, je l'avais comprise. Il ne m'avait fallu que quelques secondes pour cerner sa personnalité. C'était une narcissique. Sa façon de parler, de regarder les autres, de se comporter... Elle était jolie, certes, mais il fallait être totalement idiot pour se laisser avoir. Ou simplement en manque, certes, mais c'était le genre de femme qui pouvait mener n'importe qui par le bout du nez. Je ne comprenais pas comment Jimin pouvait l'avoir dans ses fréquentations. Enfin... avec son besoin d'être admiré et désiré, ils avaient un gros point en commun. D'ailleurs, s'était-il assagi depuis les années, ou était-ce juste moi qui ne le voyais plus agir comme avant avec l'habitude ? Quoi qu'il en soit, je l'avais remarquée, analysée et black-listée. Je lui avais fait comprendre très clairement sans même avoir eu besoin de prononcer un mot la veille et ça l'avait contrariée. Mais je m'en fichais.

Tout le monde s'arrêta d'un coup alors je fis de même, relevant les yeux sur l'immense hall. J'attendis de longues minutes en compagnie des autres, tapant nerveusement mes doigts contre ma cuisse car l'envie de nicotine me démangeait, et ayant malgré tout hâte de revoir Taehyung depuis tout ce temps. Puis soudain, me rendant compte que je n'entendais plus Jimin chuchoter dans mon dos, je me retournai. Qu'est-ce qu'il foutait encore, celui-là ? Il n'avait pas été tailler une pipe à son mec en cinq minutes dans des chiottes ou derrière un groupe de touristes quand même ? Je continuai de le chercher du regard, sortis mon téléphone de ma poche pour vérifier qu'il ne m'ait pas envoyé un message, puis je reposai mes yeux sur tous les voyageurs qui étaient désormais devant moi et qui pouvaient potentiellement cacher cet imbécile et Hoseok. Ils foutaient quoi putain, tous les deux ?

« Bonjour. »

Je me retournai d'un coup, ne m'attendant pas à ce qu'on me parle. C'était qui, lui ? Lorsque je compris enfin qu'il devait s'agir de l'ami de Taehyung, je défronçai mes sourcils et ouvris la bouche.

« Oh, pardon. Bonjour. Min Yoongi.

Pas de soucis. Léo, Le Goff Léo.

Enchanté.

De même. »

Il avait de ces yeux bordel... Bref. Je me retournai à nouveau pour voir où était passé ce foutu Jimin, quand je revins faire face aux nouveaux arrivants. Je laissai Taehyung me prendre dans ses bras et taper doucement dans mon dos, me dire à quel point il était heureux de me revoir depuis tout ce temps etc., avant que Jimin ne déboule enfin en hurlant et en me poussant d'un coup d'épaule. Je te demande pardon, Park Jimin ? Lui et le nouveau venu s'observèrent alors en silence quelques secondes et je les regardai faire, perplexe. Ils échangèrent quelques mots que je ne compris pas avant de se serrer la main en souriant. Je n'avais pas saisi ce qu'ils avaient dit, mais je l'avais compris par leurs gestes et leurs expressions du visage. Jimin s'en alla alors sauter sur Taehyung tandis qu'Hoseok arriva pour saluer notre nouvelle connaissance. Je me mis un peu en retrait et les observai sans rien dire. Et puis un drôle de sentiment m'envahit ; ça me sauta aux yeux. Ils ne pouvaient que bien s'entendre, ces trois-là. Parce que ce mec, avec ses yeux pétillants, ses sourires charmeurs et ses reluquages express qui ne m'avaient absolument pas échappé sur les deux femmes présentes, était visiblement un Jimin numéro deux.

Après que l'aîné du groupe, l'ancien colocataire de Jimin, nous ait rejoint et ait salué tout le monde, nous prîmes la direction du parking. J'emboîtai donc le pas aux autres, tout en restant un peu en retrait. Jimin guidait tout le monde, sa main dans celle d'Hoseok tout en discutant avec Taehyung. Il relâcha soudain son compagnon et sauta sur son meilleur ami en hurlant. J'aperçus dans ma vision périphérique le petit nouveau sursauter en portant sa main à sa poitrine. J'expirai par le nez avec amusement et souris doucement.

« Ça lui arrive souvent. Tu vas t'y habituer. »

Jimin était comme ça. Il fut un temps où il me faisait peur aussi. Je reposai mes yeux sur le français et l'observai alors que son expression avait changé du tout au tout. Je regardai ce qu'il fixait et me rendis compte qu'il s'agissait de Taehyung. Taehyung, contre lequel Jimin était en train de hurler et de se frotter comme un gamin faisant un caprice. C'était quoi, ce regard ? Puis Seokjin relança la marche plus dynamiquement et Jimin et Hoseok commencèrent à se prendre le chou à coup de « j'ai fait ça parce que toi tu n'as pas fait ça ». Fatigants.

Je posai rapidement mes yeux sur ma montre, puis observai le monde autour de moi tandis que nous continuions de nous rendre au parking. J'observai chacune des personnes avec qui j'allais passer une semaine et demie, déprimant intérieurement pour ma tranquillité déjà foutue, et lorsque mes pupilles tombèrent sur l'ami de Taehyung dont j'avais oublié le nom à rallonge, je suivis son regard. Il matait encore. Je ne comprenais pas le regard qu'il avait pu avoir envers Taehyung et Jimin quelques minutes plus tôt alors qu'il reluquait les deux femmes du groupe de cette manière. Et d'ailleurs, si j'avais bien compris les dernières nouvelles, c'était lui qui allait venir partager ma chambre dès ce soir. Un mec en rut, comme si j'avais besoin de ça. Un casse-couilles de plus, adieu tranquillité. J'aurais vraiment mieux fait de rester en Corée.

[...]

Quand j'étais à l'université et que j'ai rencontré Jimin et Hoseok par le biais de Taehyung, je ne sortais pas vraiment. Les soirées étudiantes ou les sorties ne m'intéressaient pas, je préférais de loin rester chez moi à lire un livre ou à étudier. Mais le libraire a fini par réussir à m'y entraîner, et l'architecte a réussi à m'y faire rester, toujours un peu plus longtemps. Il avait réussi à me prendre dans ses filets et je ne m'en étais rendu compte que bien trop tard. Alors j'avais essayé d'être comme lui, d'être comme les autres de mon âge, de m'amuser et de prendre du plaisir à chaque chose, à chaque nouvelle expérience. Mais j'essuyais échec sur échec et je me dégoûtais de plus en plus. Et puis il y avait eu cet étudiant en doctorat qui donnait des cours dans ma promo et que je ne laissais visiblement pas indifférent. Il était beau. Il n'était absolument pas comme Jimin. On pouvait avoir de longues et intéressantes conversations avec lui sur de nombreux sujets. Alors quand un soir il m'avait proposé qu'on aille discuter autour d'un verre, j'avais dit oui. Après tout, j'avais vingt-deux ans alors j'avais bien le droit de sortir et de boire un verre en discutant. Avec un homme qui était l'un de mes professeurs. Dans une université en Corée. Et loin de Park Jimin.

Et je ne sais comment, je l'avais fait tomber amoureux de moi. Il était d'abord devenu distant, m'ignorant pendant les cours, ne répondant plus à mes messages quelle qu'en soit la nature. Ça m'avait frustré, et puis j'avais été lui demander des comptes. Il m'avait alors tout avoué, s'excusant si jamais je le dégoûtais, et tout ce qu'un homme de ma société pourrait penser en entendant ce genre de propos à son attention. Alors j'avais pensé à Jimin, et je m'étais dit que peut-être cet homme serait le bon moyen pour m'en débarrasser. Que peut-être il serait la personne qui me ferait changer, qui me ferait m'aimer. Nous avions donc commencé à nous fréquenter plus, allant parfois chez l'un ou chez l'autre même si tout était purement platonique. Mais ça m'allait. Ça m'allait parfaitement. Je n'avais pas envie de plus et je n'en voulais pas de toute manière. C'était quelque chose qui me rebutait toujours. Tout était parfait, tout était doux, tout était joyeux. Nous devions vivre notre semblant d'histoire de manière totalement cachée, mais je n'avais pas envie que le monde entier soit au courant de toute manière. Pas forcément par honte. Peut-être plus parce que je ne considérais pas vraiment ça comme un réel couple malgré tout. Il m'embrassait et me prenait dans ses bras, parfois ces gestes venaient de moi, mais c'était plus que rare, mais ça me faisait étrangement du bien. Il m'arrivait de ne pas m'imaginer Jimin lors de ses étreintes, de totalement l'oublier, chose qui jusqu'alors était impossible. Et puis un jour, il a enfin osé me faire part de ses envies pour moi. J'ai longtemps réfléchi, et j'ai fini par y céder. Après tout, pourquoi pas, j'avais déjà couché avec des gens que je ne connaissais pas juste pour avoir l'impression d'être normal, priant pour que ma peur de la chose et que ma peur de Park Jimin disparaissent, que mes phases de dégoût se traduisant par des actes de violence non maîtrisés s'arrêtent. Jusqu'ici en vain. Mais cette fois c'était différent. Peut-être que j'allais changer. Peut-être que j'allais enfin être libéré de mes démons. Mais dès l'instant où je lui ai cédé, je l'ai détruit.


C'était pour cette raison que je m'étais promis de ne plus laisser quelqu'un tomber amoureux de moi, et de ne plus tenter d'essayer d'être comme les autres personnes de mon âge, d'essayer de coucher à droite et à gauche, d'essayer de me mettre avec quelqu'un et de m'ouvrir aux autres. J'étais bien mieux seul, loin de ces choses artificielles dont tout le monde raffolait, qui étaient si faciles à avoir, à prendre, à voler, sales et dégradantes ; et loin de Park Jimin et de ses regards appuyés, de ses gestes explicites et de sa voix langoureuse.


Mais j'ai pourtant recommencé, et avec la personne la plus pure au monde. Avec un ange. Je l'ai aussi fait tomber amoureux de moi sans le vouloir, et de la pire des manières. J'ai calqué mon démon sur lui et j'ai utilisé ses sentiments à sens unique pour me sentir important, pour avoir l'impression d'être normal et que je pouvais être aimé. Que quelqu'un comme lui pouvait m'aimer. Que quelqu'un comme Jimin pouvait m'aimer. Et je l'ai détruit.


Deux ans plus tard, je suis venu le chercher parce que je me suis rendu compte que je m'étais aussi détruit cette semaine-là, en Italie. Qu'il n'y avait pas que Jimin. Mais Jimin resterait toujours là, quoi que je puisse faire. J'avais essayé de me persuader que non mais je m'étais menti pendant tout ce temps. Alors il fallait que j'y mette un terme.

« Jimin. Je dois te parler. »

C'est ce que je lui avais dit. Il avait froncé les sourcils, mais avait hoché la tête sans me questionner avant de se laisser entraîner. Je l'avais emmené dans un petit restaurant où j'avais commandé une bouteille de soju et un repas même si je n'allais pas boire et que je n'avais pas faim. Et alors qu'il dévorait le porc qui grillait entre nous sur la plaque, je lui avais tout avoué.

Il avait rigolé avant de se resservir un verre en disant que je racontais n'importe quoi, et qu'il allait me le prouver. Il avait vidé son soju et avait fait le tour de la table. Il avait passé son bras autour de mes épaules, avait rapproché son visage du mien et avait chuchoté tout contre que je ne pouvais pas l'aimer. Que je n'en avais pas le droit. Je n'avais rien répondu. Et la tension, puis la chaleur montant de plus en plus, il m'avait embrassé, peu importe ce que les autres clients autour de nous puissent en penser.

Puis la soirée s'était terminée comme elle aurait dû se terminer. Avant de sombrer définitivement, des dizaines de choses étaient passées devant mes yeux : notre rencontre, nos rapprochements, plusieurs épisodes plus ou moins glorieux de ma vie dont il faisait partie... et ce jour où j'avais compris qu'il m'avait définitivement échappé... Et puis j'avais pris une décision. La plus importante de toute ma vie. Je voulais que ça change. Je voulais vivre. Alors j'allais tout tenter. Pour lui.



Je repoussai le drap et m'étirai en gémissant. Je tournai la tête et observai ce corps contre lequel j'étais encore étroitement serré quelques secondes plus tôt.

Encore aujourd'hui, je revois parfaitement cette scène. Sa peau caramel et sa colonne vertébrale ressortant légèrement. Ses épaules courbées et le creux de ses reins. Ses genoux remontés contre son torse et les multiples tâches sur sa peau, dues aux heures passées. À ces premiers ébats. Je souris doucement pendant que mon ventre se serra. Mon cœur accéléra sans que je ne puisse le contrôler, et je remontai le drap légèrement sur son corps pour ne pas qu'il attrape froid. Je continuai de l'observer sans rien dire. Un suçon dans le creux de son cou, quelques griffures sur son épaule, une morsure assez profonde, et ses cheveux roux en bataille.

Je te demande pardon, Jimin. Pardon de ne pas t'avoir aimé à temps, pardon de ne pas avoir su gérer ton amour après que tu sois passé à autre chose. Pardon de m'être servi de toi pour tenter de pouvoir vivre comme tout le monde, d'avoir ce qu'ils appelaient « une vie normale ». Pardon de t'avoir rejeté, insulté, blessé encore et encore pendant tous ces mois alors que tout ce que tu voulais c'était me protéger, c'était m'aider, c'était me montrer à quel point je comptais pour toi, à quel point mon bonheur t'était important. Pardon de ne pas avoir été là quand j'aurais dû l'être et d'avoir été l'une des causes de la descente aux enfers qui a failli t'emmener loin de nous tous. Un jour peut-être viendra où tu t'excuseras d'avoir brouillé mon cœur et mon esprit aussi longtemps. Mais qui sait, c'était peut-être simplement ma punition pour t'avoir fait autant de mal.

Je levai ma main vers sa tête et je caressai doucement sa chevelure qui redevint brune sous mes yeux. Je laissai mes pupilles descendre sur sa nuque, puis le haut de sa colonne et mon estomac se retourna lorsque mon esprit redevint parfaitement clair. Ce n'était pas Jimin. Et ce que j'avais devant moi était de mon fait. Je bondis hors du lit et traversai l'appartement avant de vomir de justesse dans les toilettes. J'avais... Je tirai la chasse d'eau tout en essuyant mon visage, encore affalé sur la cuvette. Je passai mes mains tremblantes dans mes cheveux et je tirai dessus. Je l'avais fait. Je l'avais sali. Je l'avais profané. Je l'avais blessé. Je l'avais détruit. Encore. Et définitivement. Ça allait recommencer.

Je me relevai, tremblant de tout mon corps et en sueur, et je revins vers la chambre. Il était huit heures moins quatre à en juger par son réveil. Il faisait déjà jour et donc c'est avec peur que je reposai mes yeux sur lui. Il dormait encore, le bras droit sous son oreiller et le gauche replié contre son torse. Je rentrai dans la pièce et longeai le mur, craintif, de peur de le réveiller. Je m'enfermai dans la salle de bain, passai mon visage sous l'eau, mouillai ma nuque et nettoyai ma bouche pour retirer cette désagréable sensation. Je finis par me pencher sur l'évier, puis je relevai le visage après plusieurs minutes et m'observai longuement dans le miroir. Je me dégoutais. Je lui avais fait la même chose qu'on m'avait faite des années plus tôt. Ce n'était pas ça qu'il attendait de moi, mais c'était tout ce que j'avais été capable de lui donner. Parce que j'étais trop faible. Parce que j'étais trop lâche. Parce que j'étais trop peureux. Parce que j'étais trop con. Ce qu'il venait de se passer était exactement ce que je ne voulais jamais qu'il arrive. Il fallait que je disparaisse. Il fallait que je m'en aille, quelque part où il ne pourrait jamais me retrouver, quelque part où je ne pourrais plus lui faire de mal... Il fallait que je le libère... que je lui rende sa liberté une bonne fois pour toutes... J'ouvris le petit meuble derrière le miroir et je farfouillai dans les différents médicaments. Je n'avais plus le choix...

Avec un mélange d'antidépresseurs, d'aspirines et de somnifères, je retournai dans la chambre. Je l'observai longuement et je sentis mon cœur accélérer. J'étais malade. Et rien de ce que j'avais pu tester n'avait réussi à me guérir. Ce que je venais de faire pendant les heures précédentes en était la preuve, même si... même si je sentais que quelque chose avait changé en moi. Ça ne serait pas suffisant. Je m'approchai doucement et m'assis sur le bord du lit. Je sentis des larmes monter à mes yeux. Je l'aimais. Je l'aimais tellement. Je l'aimais tellement que j'en avais mal. Mais je ne pouvais pas rester avec lui. J'allais encore le faire souffrir. Même si je le quittais, nous allions finir par nous retrouver parce que nous étions comme deux aimants. Nous nous attirions inexorablement tout comme nous pouvions nous repousser violemment. Et si je restais avec lui, ça serait la même chose, à la différence qu'actuellement, je ne pouvais pas concevoir la chose. J'étais mauvais pour lui. Trop mauvais. Il méritait bien mieux que moi. Je me penchai doucement sur lui et avalai difficilement ma salive.

« Quoi qu'il puisse arriver, sache que je t'aime et que jamais je n'ai aimé qui que ce soit de cette manière. Mais je vais continuer de te faire souffrir et je le refuse. N'oublie jamais que je t'aime et que je t'appartiendrai toujours. »

Il bougea un peu et je me redressai rapidement de peur de l'avoir réveillé. Seulement il fronça juste les sourcils en crispant un peu les commissures de ses lèvres, visiblement trop fatigué pour être réveillé par quelques mots prononcés près de son oreille. Je glissai ma main droite dans ses cheveux et les caressai doucement avant de me pencher sur son visage et de déposer un baiser sur sa tempe. Je me relevai ensuite, saisis sa bouteille d'eau posée au pied de sa table de nuit et je la débouchonnai, les cachets toujours dans mon poing serré.

« Tu n'étais peut-être pas le premier comme se plaisait à répéter Taehyung il y a quelques années... mais tu es le second... tu seras le dernier à avoir capturé mon cœur, Léo Le Goff. »

Puis, fixant son visage que j'aimais tant encore en compagnie de Morphée, je portai les pilules à mon visage et les fis basculer dans ma gorge avant de les avaler difficilement avec un peu d'eau. Je reposai la bouteille au sol, puis continuai de l'observer avec amour mais également avec crainte. Ça allait le détruire. Il serait capable de vouloir mourir lui aussi et je le refusais. Il fallait que Taehyung prenne soin de lui. Alors tant que j'avais encore quelques forces, j'allai chercher mon téléphone et j'envoyai un message à mon ami de longue date.


« Prends soin de lui. »


J'abandonnai mon téléphone au salon et revins vers la chambre en sentant mes forces me quitter de plus en plus. Mon pied sentit soudain quelque chose de froid contre lui alors je baissai les yeux au sol. Sa chaîne et la bague... Un sourire se dessina sur mon visage et j'étouffai un sanglot de justesse, les larmes venant tout de même brouiller ma vue. Je me penchai de façon saccadée vers le sol et je la ramassai. Elles représentaient tellement pour nous deux, et pourtant elles nous pesaient tant... Je fus soudain parcouru d'un désagréable frisson. J'avais froid. Je repartis vers la chambre et j'enfilai un boxer et un sweat avant de me rattraper de justesse à la commode où son ours en peluche le veillait en silence. J'avais peur. J'étais lâche. Mais d'un autre côté, c'était la chose la plus courageuse que je puisse faire pour le libérer définitivement. Je savais que je ne pourrais jamais être à la hauteur, que jamais je ne pourrais le mériter. Je tentai d'enfiler un pantalon pour aller m'isoler mais je restai finalement là à l'observer. J'hésitai quelques secondes, puis je repris place dans le lit. N'était-ce pas le plus horrible à faire ? Est-ce que ça n'allait pas être plus traumatisant qu'autre chose pour lui quand il se réveillerait ? Sans doute. Mais égoïstement, je voulais le tenir contre moi une dernière fois. Alors je me rapprochai de lui et je le pris dans mes bras en le serrant fortement contre mon corps, sa chaîne coincée entre mes doigts.

« Je t'aime... » murmurai-je en français.

Je sentis mon corps trembler encore plus violemment. J'avais tellement froid. Je pinçai mes lèvres et le serrai encore plus fortement contre moi. Je ne voulais pas le lâcher. Jamais. Mais je le devais. Alors je m'accordai une dernière étreinte. Un dernier contact. Après tu seras libre, Léo. On sera libre. Je ne te ferai plus jamais de mal. Et enfin, tu pourras vivre.

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