#6 After - Crainte
Bonsoir bonsoir !
Comme vous le savez, je suis mariée à Min Genius, et Kwon Genius est tellement genius qu'elle s'est rendue compte la semaine dernière, après avoir posté son chapitre et commencé la correction de la partie 2, qu'elle avait oublié qu'elle avait rajouté un chapitre de transition avant ce double chapitre hahahaha...
Du coup je suis désolée pour la fausse joie, mais ce chapitre n'est pas à proprement parler la suite, mais un chapitre précurseur à celui que vous avez lu la semaine dernière. J'suis vraiment désolée de cette boulette, pas parce que ça vous a spoilé quelque chose (absolument pas, même), mais parce que vu la façon dont je vous ai laissé sur le 7.1 (qui est la bonne numérotation XD) vous allez grave me haïr de vous faire encore attendre probablement une semaine pour avoir la suite, même si elle est bouclée x'D
En plus il semblerait qu'un petit microbe sauvage vienne squatter une semaine chez moi, alors ça compliquera encore plus les choses xD
Mais bon. Voilà, désolée, ça m'apprendra à pas renommer les fichiers immédiatement après l'incorporation de nouveaux chapitres x'D
J'espère qu'il vous plaira.
Bonne Léocture ! ♥
~~+~~
Tapant le nombre de livres sur le PDA, j'entendis la porte s'ouvrir dans mon dos. Des pas se rapprochèrent de moi et je tournai la tête pour voir qu'il s'agissait d'Éléonore.
« Léo, le dernier Ninauts, il est dans la commande qu'on vient de recevoir ?
– Medusa ? Oui il est là, je ne l'ai pas encore compté. Tu en as besoin d'un ?
– Oui, s'il te plait. »
Je fis le tour de mon bureau, posant le bon de livraison sur la table ainsi que le PDA dont je me servais pour scanner les livres en renseignant le nombre, et je commençai à fouiner dans l'un des énormes cartons à la recherche du roman dont ma collègue avait besoin. Elle s'avança vers moi lorsque je trouvai où ils avaient été mis.
« Je t'en donne... fis-je en comptant la pile que je venais de saisir. Quatre. Je scanne juste, attends.
– Pas de soucis. »
Elle prit la pile tandis que je me saisis de l'appareil pour scanner l'un des livres, auquel je renseignai qu'il y en avait quatre.
« C'est bon.
– Je te remercie !
– Je t'en prie. »
Elle me sourit et quitta la réserve. Je soupirai longuement et continuai ce que je faisais. Je devais vérifier qu'absolument tout était là, et je devais tout rentrer dans l'ordinateur avant de tout ranger. Et vu la taille des cartons qui tenaient sur deux palettes, je me demandais si je ne devrais pas demander de l'aide à quelqu'un. Je scannai deux bouquins de diététique qui traînaient sur le dessus du premier carton et qui me gênaient, avant d'aller les ranger et de partir dans la librairie. Je remontai les allées, essayant de voir si l'un de mes collègues ou l'un des stagiaires serait disponible. Alors que j'allais héler Xavier du rayon Histoire, mon nom résonna dans mon dos. Je me retournai en fronçant les sourcils, ne reconnaissant pas cette voix, et j'écarquillai les yeux en découvrant là le visage de l'un de mes amis d'enfance.
« Putain c'est vraiment toi !
– Morvan ? Mais qu'est-ce que tu fous là !? m'exclamai-je en faisant demi-tour.
– J'ai trouvé du boulot sur Paris ! J'en reviens pas ! »
Il me serra dans ses bras et ma respiration se coupa sous son geste. Je ne l'avais pas vu depuis au moins cinq ans et il avait encore pris en muscle.
« T'as pas grandi ! rigola-t-il.
– Ma taille est parfaite, c'est toi qui es trop grand, répondis-je en le repoussant. Alors comme ça, t'as quitté la Bretagne ?
– Ouai ! J'en avais marre de ma boîte. C'est Gwen qui m'a dit que tu travaillais ici, mais je ne pensais vraiment pas te trouver en poussant la porte !
– Parce que tu m'as cherché ? rigolai-je.
– Évidemment ! me sourit-il en tapant dans mon bras. Tu deviens quoi ?
– Je... »
Je regardai alors autour de moi, puis reposai mes yeux sur lui.
« Excuse-moi, mais je suis en plein boulot, là en fait...
– Oh oui, désolé...
– Non, c'est bon. Tu fais quelque chose ce midi ? demandai-je alors que la clochette de la porte d'entrée retentit.
– Je devais voir des potes...
– Ou ce soir ? J'ai des tas de trucs à te raconter !
– Ce soir ça me va ! On se retrouve où ?
– Comme-
– Salut mon cœur, souffla alors Taehyung en s'approchant de moi. Tu me trompes déjà ? »
Je levai les yeux au ciel, avant de sursauter d'un coup en réalisant que nous n'étions pas seuls.
« Morvan Le Karadec, je suis un ami d'enfance de Léo.
– Oh, je vois. Taehyung Kim. Son patron, répondit mon ami en lui tendant la main.
– Enchanté. C'est donc vous !
– Moi ?
– Son compagnon !?
– Oui. »
Je m'étouffai alors que la main de Taehyung passa dans mon dos pour le taper doucement.
« Il est timide, faut pas faire attention.
– Qu'est-ce que... toussai-je.
– Ça va aller mon cœur, tapa-t-il une nouvelle fois dans mon dos avant de me coller une main aux fesses. Allez, reprends-toi, t'as du boulot. »
Il me relâcha et salua mon ami avant de faire son habituel tour de la librairie pour dire bonjour à tous nos collègues.
« Ça va ? me demanda alors Morvan.
– Oui... »
Je me calmai enfin et pus reprendre une respiration normale.
« C'est... c'est pas mon mec.
– Ah ?
– Non. »
Il haussa un sourcil, signe qu'il ne me croyait pas.
« Tu sais, Gwen me l'a dit, elle-
– Je suis bien avec un homme, mais ce n'est pas lui. Lui c'est... c'est juste Taehyung.
– Mmh. Je vois.
– Et Cécile du coup ?
– Elle est restée sur Rennes.
– Je vois...
– On est toujours ensemble. Mais ça risque d'être compliqué pendant quelques mois. Elle veut demander une mutation mais est-ce qu'elle l'aura...
– Toujours instit' ?
– Oui. Bon, je te laisse, t'as du boulot du coup.
– Ah, oui. Euh... je finis à dix-neuf heures ce soir...
– Pas de soucis, je serai là ! Bon courage ! Je suis heureux de t'avoir revu !
– Merci ! Et également ! À ce soir ! »
Il fit demi-tour et quitta la librairie, et je restai quelques secondes à fixer la porte qui venait de se refermer derrière lui. Pour une surprise... Je secouai la tête et repartis au fond de la librairie où j'étais à l'origine parti chercher l'un de mes collègues, avant de poser mon dévolu sur Xavier.
« Xavier ! »
Mon collègue se tourna vers moi et me sourit en remontant ses lunettes sur son nez.
« Oui ?
– Si tu as du temps, tu pourrais venir m'aider avec la livraison de ce matin ? J'ai l'impression que je ne m'en sors pas.
– Oui, pas de soucis. J'en ai pour cinq minutes.
– Super, merci ! »
Je retournai alors dans la réserve, où je trouvai Taehyung, assis sur mon bureau, qui regardait le bon de livraison avec attention. Je serrai les poings et marchai vers lui à grand pas, avant de lui taper l'arrière du crâne.
« Mais t'es pas bien !? s'écria-t-il.
– D'où tu te présentes comme mon mec ?
– Oh ça va, c'était drôle.
– Parle pour toi. C'est l'un de mes amis d'enfance, merci la réput' que tu me fais direct.
– C'est pas comme si j'avais balancé ça à quelqu'un qui ne savait pas que tu sortais avec un mec.
– Là n'est pas la question. Comment tu réagirais si je faisais la même chose avec toi ?
– J'acquiescerais. »
Je roulai des yeux. Certes, j'aurais été le premier à faire ça il y a quelques années. À croire que je devenais un vieux ronchon et que je perdais mon humour depuis que j'étais avec Yoongi. Son caractère était peut-être contagieux... Mais je n'avais absolument pas trouvé ça drôle sur le moment.
« Tu veux que je t'aide ? me demanda-t-il.
– J'ai demandé à Xavier. T'as rien d'autre à faire ? demandai-je en lui prenant le bon de livraison des mains.
– Si, je dois aller à la banque pour le prêt... mais j'ai pas envie.
– T'as pas le choix, c'est ton taf.
– Ba si j'avais su, je ne serais pas devenu le directeur, c'est absolument pas drôle, fit-il la moue.
– Fallait te renseigner.
– Je voulais continuer de lire et de ranger des livres, moi.
– T'aurais dû t'en douter. Tu l'as vu combien de fois ici l'ancien directeur ?
– C'est vrai... soupira-t-il. Je peux t'aider ?
– Va à la banque, et après on verra.
– Très bien. »
Il soupira fortement puis descendit de mon bureau.
« On mange ensemble ce midi ? me demanda-t-il.
– Qui te dit que j'ai envie de manger avec toi ?
– Léooooooooooo !
– Ok. Mais la prochaine fois que tu me fais un coup pareil, je prends ta tête et je l'enfonce dans un mur.
– Très bien, très bien ! »
Il quitta alors la pièce et je repris ce que j'étais en train de faire. Encore plus de cents ouvrages à compter et scanner. Vivement que Xavier me rejoigne.
[...]
Il était dix-huit heures trente et nous allions bientôt fermer. J'étais assis un peu à l'écart des caisses, les bras croisés contre mon torse, et j'observais les clients restant se balader entre nos rayons. J'entendis Taehyung quitter son bureau à l'étage et descendre les escaliers de bois, puis venir se poser près de moi en soupirant, sans prononcer un mot, visiblement aussi épuisé que moi. Nous restâmes comme ça de longues minutes, quand je remarquai l'une de nos collègues qui faisait des allées et venues entre les autres responsables de rayons.
« Qu'est-ce qu'elle fabrique... murmurai-je.
– Mmh ? fit Taehyung.
– Camille, du rayon jeunesse. Elle n'arrête pas d'aller voir tout le monde...
– Ah oui ?
– Oui. Regarde, elle est avec Éléonore, là. »
Je la pointai du doigt et Taehyung pencha doucement sa tête sur mon épaule pour observer. Elle quitta Éléonore pour ensuite disparaître dans le rayon des livres pratiques.
« Tu penses ?
– Oui.
– Elle m'a peut-être vu te toucher les fesses ce matin et elle le raconte à tout le monde.
– T'es bête, souris-je. J'suis sûr qu'il y a un truc qui va pas. Je vais aller lui demander.
– Attends deux minutes.
– Pourquoi ?
– J'suis fatigué. »
Il posa alors sa tête sur mon épaule et ferma les yeux.
« J'hallucine. Tu sais que tu peux rentrer chez toi aussi.
– Avec Kook qui bosse dans la chambre, je peux pas. On aurait dû prendre un appart plus grand pour qu'il ait un bureau. »
Je ne répondis pas et le laissai somnoler quelques secondes sur moi. Lorsqu'il se redressa enfin, je me levai et cherchai notre collègue dans les rayons. Je finis par tomber nez à nez avec elle et elle sursauta.
« Tu m'as fait peur, soupira-t-elle.
– Désolé, m'excusai-je. Tout va bien ?
– Oui... pourquoi ?
– Je te vois faire des allers-retours entre tout le monde alors je me posais des questions.
– Ah... non... c'est juste que... enfin non, y a pas de problème.
– T'es sûre ?
– Oui, merci. »
Elle me contourna rapidement pour retourner dans son rayon. Je savais qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas. Soupçonneux, je me dirigeai alors vers Éléonore.
« Dis... elle te voulait quoi, Camille ?
– Mmh ? Pourquoi tu me demandes ça ?
– Je la trouve bizarre.
– Elle voulait savoir dans quel coin j'habitais.
– Ah ? Pourquoi ? »
Elle posa son livre sur le rayonnage et se tourna vers moi.
« C'est une bonne question... »
Nous nous regardâmes pendant quelques secondes en silence.
« Je vais mener ma petite enquête », déclarai-je alors.
Je la laissai là et sortis de l'allée à la recherche d'un autre collègue. Je tombai alors sur Nicolas qui venait de quitter l'étage, alors je m'approchai de lui.
« T'as parlé à Camille dernièrement ?
– Pas depuis ce midi. Pourquoi ?
– Elle t'a pas semblé bizarre ?
– Si. Elle m'a demandé où j'habitais.
– Toi aussi ?
– Comment ça ?
– Elle a demandé la même chose à Éléonore. Y a un truc. Je vais lui demander. Viens avec moi. »
Nous partîmes à la recherche de la jeune femme et nous la trouvâmes rapidement, qui était en train de ranger des albums de Peppa Pig en bas d'un rayon.
« Camille ? »
Elle releva la tête vers nous et se redressa lentement.
« Oui ?
– Dis-nous quel est le problème. »
Elle regarda furtivement autour d'elle, puis reposa ses yeux sur nous.
« Il n'y a rien. Pourquoi ?
– Tu as demandé à deux personnes où elles habitaient. Si, il y a un problème. »
Elle baissa les yeux, visiblement mal à l'aise, et je m'en voulus immédiatement. Je m'approchai d'elle et levai ma main pour la passer dans son dos mais elle sursauta. Aussi surpris qu'elle, je ramenai immédiatement mon bras vers moi.
« Pardon. Viens, on va en salle de pause.
– C'est bon.
– Ce n'était pas une question. »
Elle posa alors les livres qu'elle avait encore entre les mains dans le bac, et elle hocha la tête, signe qu'elle allait nous suivre. Nous remontâmes alors la librairie, et en nous voyant passer, Éléonore m'interpella.
« Qu'est-ce que vous faîtes ?
– On va discuter. »
Elle fronça les sourcils puis cessa ce qu'elle était en train de faire pour nous rejoindre. Nous entrâmes tous les quatre dans la salle de pause au fond de la librairie, et Nicolas referma la porte derrière nous. Notre collègue se referma immédiatement sur elle-même et nous comprîmes tous qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas.
« Parle-nous, Camille. Dis-nous ce qui ne va pas. Pourquoi tu nous demandes à tous où nous habitons ? Qu'est-ce qu'il se passe ?
– R-rien, bégaya-t-elle.
– Camille... »
Éléonore s'avança vers elle et posa sa main sur son épaule. Nicolas et moi restâmes où nous étions et observâmes.
« C'est juste que... je me disais que ça serait sympa de rentrer avec quelqu'un, ce soir... C'est tout.
– Rentrer avec quelqu'un ? lui demanda-t-elle.
– Oui, pour discuter sur le chemin, tout ça... »
Mon cerveau tourna à toute allure. Elle avait peur de rentrer chez elle. Mais comment je pouvais dire ça sans qu'elle ne se braque ?
– Tu habites vers où ? lui demande Nicolas.
– Épinay...
– Sur Orge ?
– Sur Seine.
– Oh... »
Ouai, « Oh »... J'avais un pote qui habitait là-bas à une époque, et j'avais déjà fait de drôles de rencontres.
« J'habite à l'opposé malheureusement... lui dit-il avec un sourire désolé.
– C'est pas mon coin non plus, mais je peux faire le trajet avec toi si tu veux, lui proposa Éléonore.
– Non, ça va te faire faire un détour. Mais ce n'est pas grave, commença-t-elle à rire faussement, on aura bien le temps de discuter un autre-
– Je vais te raccompagner. »
Tous relevèrent la tête vers moi et me regardèrent avec de gros yeux.
« Quoi ? demandai-je en me sentant agressé.
– T'habites à Ivry, c'est à l'opposé aussi.
– C'est pas grave, ça me dégourdira les jambes. Puis Yoongi va probablement bosser dès qu'il va rentrer, alors que je sois là à vingt heures ou vingt-et-une ne changera pas grand-chose.
– Ça sera plus vingt-deux heures... souffla Nicolas.
– Pas grave. Puis t'en as d'autres des solutions ?
– Le taxi ?
– Tu sais combien ça coûte un taxi ?
– Vous-vous prenez pas la tête, hésita notre collègue, ça va aller.
– On ne se prend pas la tête, on débat. Je te raccompagne, point. Allez, il est bientôt l'heure. »
Je tournai les talons et retournai dans la librairie. Taehyung était en train d'encaisser un client avec un large sourire aux lèvres, et j'allai me poser à côté de lui en silence. Quand il le salua, il revint se poser vers moi et je souris doucement.
« Pas trop dur de s'y remettre ?
– Non. »
Il souriait également, et je pouvais voir à quel point ça lui avait manqué.
« Alors ? me demanda-t-il.
– Elle a visiblement peur de rentrer chez elle. Alors je sais pas si c'est des gens louches à sa station, dans son immeuble ou dans son appart', je ne sais pas avec qui elle vit, mais y a un truc.
– Elle habite où déjà ?
– Épinay sur Seine.
– Ah... je vois.
– Du coup je la raccompagne.
– Tu déconnes ?
– Non. Pas le choix. Bref. Quelle heure ? »
Je penchai ma tête sur la gauche pour regarder l'écran de la caisse, jusqu'à cogner mon crâne sur son épaule involontairement.
« Aïe.
– Genre t'as pas fait exprès », rigola-t-il doucement.
Je ne répondis pas et soupirai longuement, laissant ma tête reposer sur lui. J'étais fatigué et je regrettais déjà de m'être rallongé la journée d'au moins deux heures, mais je ne pouvais pas la laisser comme ça. Je n'allais sûrement pas m'y coller tous les jours, mais il fallait bien quelqu'un pour l'aider ce soir.
[...]
Verrouillant la porte arrière, il ne restait plus que moi, Taehyung, Nicolas et Camille. Les autres étaient partis, pressés de rentrer chez eux.
« T'es sûr ? me demanda alors notre collègue.
– Oui. Oh, attends, faut que je prévienne Yoongi au cas où. »
Je m'arrêtai pour prendre mon portable dans ma poche et je déverrouillai l'écran.
« Tiens, y a ton amant.
– Qu'est-ce que tu racontes comme conneries encore ? » grognai-je en relevant mon visage vers Taehyung.
Suivant ensuite son regard, je m'aperçus de Morvan qui était adossé contre le mur de la librairie. Putain, je l'avais complètement oublié... Il nous aperçut alors et écrasa sa cigarette au sol avant d'avancer vers nous. Je commençai à légèrement paniquer, me retrouvant coincé entre deux personnes à laquelle j'avais promis d'accorder quelques heures de mon temps.
« Sérieux, pourquoi il t'attend ? me demanda Taehyung.
– Oh, tu es jaloux mon cœur ? ricanai-je.
– Bah oui.
– Je lui ai proposé qu'on aille se boire un verre ce soir. J'avais oublié.
– Léo, t'es pas obligé, commença Camille, ayant entendu notre discussion.
– Non. C'est bon.
– J'te laisse Léo. Bonne soirée du coup.
– Salut Taetae. Salut Nico.
– Salut tous les deux. Rentrez bien ! »
Ils s'éloignèrent de nous, partant vers la station de métro, alors que mon ami arriva enfin devant nous.
« Bonsoir, salua-t-il alors ma collègue.
– Bonsoir. Camille.
– Enchanté, moi c'est Morvan.
– Excuse-moi, mec, interrompis-je alors les présentations, j'avais complètement oublié qu'on devait se voir ce soir, et j'ai promis à Camille de la raccompagner chez elle. »
Il fronça les sourcils une seconde avant de la regarder, et de reposer ses yeux à nouveau sur moi.
« Ça te dit qu'on remette ça à un autre jour ? J'suis vraiment désolé.
– Non, c'est pas grave.
– Quand même. Je vais pas t'obliger à m'attendre des heures, ni à te faire perdre ton temps dans les transports en commun.
– Ça ne me dérange pas. »
Je le jaugeai du regard une seconde. Je ne voulais pas qu'il tienne la chandelle, ni qu'il perde réellement deux heures de sa vie à cause de ma mémoire de poisson rouge.
« Tu habites dans quel coin ?
– Je suis sur Porte de Clichy.
– Oh sérieux !? m'étonnai-je.
– Oui, pourquoi ? rigola-t-il.
– Ba tu peux nous accompagner sur un bout de chemin si tu veux, je me sentirai moins mal...
– Vous allez jusqu'où ?
– Épinay sur Seine.
– Oh, mais c'est quasiment à côté. Allez, on y va.
– Quoi ? Mais-
– J'ai dit qu'on y allait ! »
Je jetai un coup d'œil à Camille qui n'avait plus décroché un mot depuis quelques minutes, et j'hochai la tête. Après tout, ça la rassurerait peut-être.
[...]
Arrivés à sa station, nous descendîmes tous les trois. La gare n'était pas très reluisante et je comprenais pourquoi elle avait un peu peur de rentrer, surtout à cette période de l'année où la nuit tombait tôt. Nous longeâmes les voies quelques minutes, puis remontâmes un petit chemin étroit, qui même à moi, me fila des frissons. Je n'étais vraiment pas rassuré. Nous discutâmes quelques minutes jusqu'à ce qu'elle nous indique qu'elle était presque arrivée, et que nous pouvions donc la laisser là, après qu'elle ait longuement regardé à droite et à gauche. Je n'insistai pas même si j'aurais bien aidé plus, et Morvan et moi fîmes demi-tour.
« Elle est sympa, constata-t-il.
– Oui, elle n'est pas méchante. Je ne la connais pas plus que ça en réalité.
– Ah oui ? s'étonna-t-il.
– Oui.
– Pourquoi tu la raccompagnes alors ? J'ai du mal à comprendre.
– Il semblerait qu'elle ait peur de rentrer chez elle... »
Entendant des rires gras dans notre dos, je m'arrêtai et me retournai.
« Qu'est-ce qu'il y a ?
– J'sais pas. Je le sens pas. »
J'accélérai le pas et remontai la rue. Ce n'est que lorsque j'entendis la voix de ma collègue prononcer mon nom que je compris ce qui n'allait pas avec elle. Le bas de son immeuble était infesté de types en sales état.
[...]
Traînant la jambe droite lamentablement, je serrai les dents sous la honte que je ressentais de m'être aussi bêtement fait prendre par surprise, et par derrière. Si Morvan n'était pas arrivé, j'aurais probablement une bouteille de bière vide et à moitié brisée d'enfoncée à l'arrière du crâne. Le quartier de notre collègue était invivable, et je me demandais bien depuis combien de temps elle vivait dans la crainte de se faire agresser de la sorte.
« T'étais vraiment pas obligé de me raccompagner, soufflai-je avant de commencer à ricaner.
– Je visite Paris, ça ne me déplait pas ! rigola mon ami, qui me soutenait toujours par un bras autour de ma taille, et le mien autour de ses épaules.
– Même, tu vas encore perdre une heure... Non, plus d'une heure, même...
– J'étais avec toi, ce n'était pas du temps de perdu, me sourit-il. Bon, nos retrouvailles auraient pu être moins violentes, mais je suis content d'avoir été là. Tu serais peut-être dans une marre de sang autrement.
– M'en parle pas. C'est là. »
Je passai le badge devant la porte d'entrée qui s'ouvrit, et nous nous dirigeâmes vers l'ascenseur. J'appuyai sur le bouton, et lorsqu'il arriva, nous montâmes dedans, direction le cinquième étage.
« Du coup, je vais avoir l'honneur de rencontrer ton vrai compagnon ? ricana-t-il.
– Ah. Ouai. Il est moche et pas aimable. Fais pas attention et te vexe pas si t'as l'impression qu'il insulte toute ta famille en te saluant. »
Il rigola fortement, sa prise bougeant contre moi, jusqu'à ce que l'ascenseur s'arrête et que les portes ne s'ouvrent devant nous. Il essuya ses yeux du dos de sa main gauche et nous sortîmes de la cage.
« C'est là », fis-je en tendant la main vers la porte de droite.
Il avança à ma vitesse et je glissai mes clés dans la porte. Je poussai cette dernière et rentrai dans le salon qui était encore éclairé malgré les vingt-trois heures passées.
« Ba c'est pas trop tôt, grogna la voix de Yoongi.
– J'te l'avais dit, soufflai-je à Morvan.
– Elle habite à Marseille ta collègue ? Tu pourrais répondre aux messages, tu fais chier. »
Sa silhouette revint alors de la chambre, des bouquins dans les mains, et ses sourcils se froncèrent violemment quand il vit que je n'étais pas seul.
« Tu m'expliques ? »
Je retirai mon bras des épaules de Morvan et m'avançai vers Yoongi lentement. Son regard n'arrêta pas de passer de moi à mon ami, et quand il s'aperçut de ma démarche, ses lèvres s'entrouvrirent, mais aucun son n'en sortit. Je glissai alors ma main dans la poche de mon pantalon pour en sortir mon téléphone, que je laissai tomber sur la table, à côté de ses affaires.
« Désolé Yoon', mon téléphone est mort. Et comme tu peux le voir, j'ai mis plus de temps à rentrer que prévu. »
Il resta silencieux, m'observant de haut en bas. Je me retournai vers mon ami et lui fis signe d'approcher. Il referma la porte derrière lui et nous rejoignit. Yoongi ne comprenait pas ce qu'il se passait, et une lueur étrange passait dans ses yeux.
« J'te présente Morvan. C'est un ami d'enfance, qui vient de débarquer sur Paris.
– Enchanté.
– Morvan, voilà Yoongi. »
Ce dernier observa la main que lui tendait mon ami sans la saisir, puis se retourna vers moi et avança d'un pas. Il saisit le col de ma veste et tira dessus.
« Tu m'expliques c'est quoi l'embrou- »
Il ne termina pas sa phrase, son regard glissant sur ma chemise.
« Ah, oui, c'est du sang. T'inquiète pas, un coup dans la machine et-
– Du sang ?
– Oui. »
Je passai mon pouce droit sur mes lèvres mais il n'y en avait plus.
« Y avait des mecs louches en bas de l'immeuble de Camille. Bref, j'te raconterai les détails plus tard. »
Je retirai la main de Yoongi de ma veste et me retournai vers mon ami.
« Il est tard, je vais te préparer le canapé. Désolé, je-
– Non c'est bon, on est vendredi, les métros circulent plus tard. Remets-toi bien, surtout.
– Oui, c'est pas grand-chose, ça va aller. Merci.
– Je t'en prie. Envoie-moi un message quand tu auras changé de téléphone et que tu voudras qu'on se fasse un truc.
– Ça marche ! J'te raccompagne.
– Pas besoin !
– Mais si, jusqu'à la porte ! rigolai-je.
– Dans ce cas, sourit-il. Bonne soirée.
– De même », répondit Yoongi tout aussi sèchement que d'habitude.
Je retraversai mon salon et ouvris la porte devant mon ami.
« T'es sûr ?
– Oui, rigola-t-il en tapant mon épaule. Soigne-toi.
– C'est pas grand-chose. Fais attention en rentrant.
– Promis. À bientôt.
– À bientôt ! »
Il franchit la porte et je le regardai s'éloigner vers l'ascenseur. Il me jeta un dernier regard et chuchota.
« T'as raison. Il est pas aimable.
– Et moche.
– Faut pas abuser, rigola-t-il. Allez, repose-toi. »
Les portes s'ouvrirent devant lui et il rentra.
« J'étais content de te revoir ! À bientôt !
– De même ! Salut ! »
Les portes se refermèrent sur lui alors qu'il appuya sur le bouton du rez-de-chaussée en me faisant un signe de la main, et je fermai enfin la porte d'entrée. Lorsque je me retournai, je sentis mon cœur me lâcher lorsque je découvris Yoongi dans mon dos, qui me fixait, les bras croisés sur son torse.
« "Et moche" ?
– Tu sais bien que je t'aime quand même.
– Explique-moi ! haussa-t-il la voix en attrapant mon poignet droit. Que s'est-il passé ?
– Y avait des mecs louches devant son immeuble. Je suis allé calmer les pauvres types qui étaient en train de l'emmerder alors qu'elle voulait juste rentrer chez elle, et un connard m'a choppé par derrière.
– Comment ça ?
– J'me suis pris un violent coup derrière le genou, j'ai encore mal d'ailleurs. Puis j'me suis pris un poing sur la lèvre aussi mais ça va.
– "Ça va" ? Tu te fous de moi ? Viens-là. »
Il tira sur mon bras pour me faire traverser la pièce jusqu'à la salle de bain.
« Moins vite, j'ai plus de genou, j'te rappelle !
– À poil.
– Quoi ?
– À poil. Je veux vérifier que tu n'aies rien d'autre.
– Mais j'te dis que c'est tout !
– Permets-moi d'en douter ! »
Je levai les yeux au ciel et finis par retirer mes vêtements.
« Voilà. Satisfait ?
– J'ai dit "à poil".
– Ils m'ont menacé de m'enculer mais ils ne l'ont pas fait, pas besoin de te montrer mon cul. »
Il soupira bruyamment et s'abaissa avant de poser ses mains sur mon genou. Je me tendis lorsqu'il effleura l'intérieur.
« Je suis une merde en médecine, je suis incapable de te dire ce qu'il faut faire contre ça. Mais tu vas sans doute avoir un hématome, c'est rouge.
– Merci Captain Obvious, je ne m'en doutais pas. »
Il se redressa sans relever et observa mon visage. Il posa ses doigts sur mon menton, ce qui me fit grimacer, et il le tourna doucement sur la gauche.
« Et ici aussi, c'est rouge. »
Il me lâcha et passa sa main dans ses cheveux.
« Prends une douche. »
Je ne répondis rien et retirai mon boxer avant d'effectivement aller me laver.
« Ce n'est pas parce que je t'ai dit de te laver que tu dois laisser tes vêtements par terre, grogna-t-il.
– J'ai un amoureux tellement génial qui aime les ramasser pour moi, je m'en voudrais de le priver de ça.
– Qui aime les ramasser, répéta-t-il. Et mon poing dans la gueule ? »
Je souris en expirant, grimaçant sous la sensation de coupure que je ressentis au niveau de la commissure de mes lèvres, et j'allumai l'eau chaude.
[...]
Une fois lavé et séché, je rentrais dans la chambre pour prendre un boxer et un t-shirt que j'enfilai. Yoongi était assis en tailleur sur le lit, la tête penchée en avant.
« Tu fais quoi ?
– Ramène-toi. »
Je roulai des yeux et allai déposer la serviette humide sur le repose-serviette avant de le rejoindre. Je m'assis également en tailleur à côté de lui sans un bruit, et l'observai imbiber une petite compresse de désinfectant.
« Oh...
– Quoi ?
– T'es vraiment adorable quand tu t'y mets, souris-je.
– Ça change de quand je suis moche, n'est-ce pas ? »
Je pouffai doucement, puis grimaçai sous la coupure que je devais avoir au coin des lèvres. Il releva le visage vers moi et posa les doigts de sa main gauche sur mon menton qu'il tourna à nouveau doucement. Il approcha la petite compresse qu'il tenait au bout d'une pince, et il claqua sa langue contre son palais pour que j'écarte mes lèvres. Je le fis alors sans discuter et il commença à apposer doucement le désinfectant. Je le regardai faire sans rien dire, mon cœur s'emballant tout à coup.
« Ne sors plus tard comme ça, souffla-t-il.
– Je peux-
– Je comprends que tu ne veuilles pas la laisser courir de risque, mais ce n'est pas une raison pour que tu prennes tout à sa place. C'est sa vie, et tu ne seras pas toujours là pour lui servir de bouclier.
– Yoon'...
– Y a pas de "Yoon'" qui tienne. Je ne veux pas que tu y retournes. Si tu le fais, c'est moi qui te frapperai. »
Je baissai les yeux et le laissai terminer. Il soupira doucement en me lâchant, et je fixai ses mains qui s'étaient posées sur ses cuisses.
« Si vraiment il n'y a personne pour l'aider et que tu es le seul disponible, alors tu m'appelles, et je viendrai avec toi.
– Me fais pas rire, tu serais encore plus amoché que moi. »
Il se releva sans un mot pour ranger la trousse de soin qu'il avait sortie, et disparut à la salle de bain. Je gardai la tête basse. Il s'était inquiété, et il avait peur pour moi. Je le comprenais. Mais je ne pouvais pas laisser une collègue galérer comme ça, même si nous n'étions pas proches du tout. S'il lui arrivait quelque chose, je ne pourrais plus jamais me regarder dans un miroir. Je sentis soudain les bras de Yoongi enlacer mes épaules, et sa tête se poser contre la mienne, sa joue gauche frôlant ma peau. Mon cœur s'emballa à nouveau alors que mes mains tremblèrent doucement, ne sachant pas ce qu'elles devaient faire.
« Très bien, fais ce que tu veux. Mais tant que tu n'as pas de téléphone, tu ne bouge pas. Je veux un message à chaque station, et toutes les deux minutes si tu es dehors.
– Tu deviens parano, soufflai-je en souriant.
– Il y a de quoi. Tu as vu ce qu'il t'est arrivé ?
– C'est rien.
– Non, ce n'est pas rien.
– Je vais bien, Yoongi, murmurai-je en posant mes mains sur ses bras. Arrête de trembler. Je vais bien.
– Putain...
– Ça va.
– Les sentiments rendent tellement faible. Je n'y suis toujours pas habitué. »
Des frissons remontèrent ma colonne sous cette déclaration d'amour sortie de nulle part, et je serrai mes doigts sur sa peau. Je penchai ma tête sur la gauche de façon à pouvoir tourner mon visage vers lui, et il fit de même. Je le vis m'observer doucement, centimètre par centimètre, avant que ses yeux ne se fondent dans les miens. Les paupières frémissantes, mon regard fatigué tomba sur ses lèvres, et après quelques secondes d'hésitation, et quelques centimètres gagnés par à-coups tremblants, je m'en emparai doucement, fermant les yeux pour savourer pleinement les papillons qui m'envahissaient et les sursauts de mon cœur. Il me répondit presque immédiatement, m'embrassant comme s'il ne l'avait pas fait depuis plusieurs jours. Mon cœur battait affreusement vite, et j'avais l'impression que j'allais faire un malaise. Je dépliai mes jambes difficilement et me tournai vers lui. Je glissai mes mains sur sa taille, l'invitant à grimper sur le lit, ce qu'il fit, et je me penchai doucement jusqu'à m'allonger sur le dos. Aucun de nous deux ne cessa le baiser qui était chargé des sentiments qu'il avait à mon égard. Je me sentais tellement bien... j'avais agréablement chaud. Et je savais que pour ne pas gâcher ce moment si précieux, qu'il fallait que j'y mette fin rapidement. Alors avant qu'il ne risque de se coucher sur mon corps, je cessai notre échange et observai son visage jusqu'à ce qu'il rouvre les yeux. Je glissai ma main droite dans ses cheveux et les ramenai doucement en arrière, pendant que la gauche quitta sa taille pour retrouver le frais du matelas.
« Je t'aime », chuchotai-je.
Il me sourit doucement et me vola un baiser avant de se lever. Je fermai les yeux fortement et me tournai sur mon côté droit pendant qu'il éteignit la lumière. Il revint se recoucher près de moi et se colla rapidement contre mon dos pour me prendre dans ses bras.
« Fais attention...
– Oui.
– Promets-moi que tu ne retourneras pas là-bas seul, même avec ton pote, là.
– Yoongi...
– S'il te plait. Je ne vais jamais avoir l'esprit tranquille dès que tu sors autrement... »
Sa prise s'était resserrée inconsciemment sur moi. Il était vraiment inquiet et il avait peur.
« D'accord. Je te le promets. »
Il déposa un baiser contre ma nuque pendant plusieurs secondes, ce qui affola mon cœur une nouvelle fois.
« Merci... » souffla-t-il.
Je glissai ma main gauche sur la sienne et enlaçai nos doigts fortement.
« Bonne nuit.
– Bonne nuit. »
Il déposa un nouveau baiser sur ma peau et mon corps frissonna de haut en bas. Je ne regrettais rien de ce qu'il s'était passé ce soir. Absolument rien.
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