#22.1 After - Jeune ange et vieux démons
[29/03/2019]
Bonsoir bonsoir !
Il est bientôt 1h et demain j'ai une grosse journée de merde et donc... bah je suis dans la merde hahaha
Je suis sûre que j'ai des tas de trucs à dire comme ça fait... une bonne semaine et demi que je n'ai pas posté je crois 🤔 mais je n'ai pas le temps de réfléchir haha
Je dirai juste Kim Namjoon. Voilà.
Je serai sur Paris le weekend du 6 autrement, si jamais certain-e-s d'entre vous se baladent dans le coin et ont une heure à perdre dans un bubble tea héhé 🙃
Sur ce, je file. Cet After sera en 5 parties. Je m'arrêterai normalement au 24, sauf si le dernier nécessite finalement une coupure plus nette qu'une sous-partie. Nous verrons ça en temps et en heure xD
Bonne Léocture ! ♥
~~+~~
Assis en tailleur au pied du lit, les cheveux en bataille, les yeux difficilement ouverts et le drap enroulé autour de mon corps, j'essayais d'observer Yoongi ajuster son col de chemise dans la salle de bain. Il s'était levé seulement une demi-heure auparavant parce que j'avais refusé de le lâcher, et il avait dû réduire son petit déjeuner et activer sa toilette pour ne pas risquer d'être en retard.
« Arrête de me fixer comme ça, grogna-t-il.
– Je peux pas.
– Tu veux que je te crève les yeux ?
– Tu les aimes trop pour ça.
– Bien sûr. »
Voyant que je ne voulais pas bouger, il s'avança dans ma direction, puis avec un petit sourire en coin, il referma la porte. Je restai figé quelques secondes, incrédule, puis je laissai tomber ma tête en avant.
« Connard. »
J'expirai longuement, puis finis par me laisser tomber sur mon côté droit comme une loque.
« T'es obligé d'aller travailler ?
– Quoi ? me demanda-t-il.
– T'es obligé d'aller travailler ? haussai-je le ton pour qu'il m'entende de l'autre côté de la porte.
– Qui va ramener de l'argent si je n'y vais pas ?
– T'as le droit aux congés maladie.
– Et puis quoi encore ? Tu veux que j'aide à renforcer le cliché comme quoi les enseignants sont des feignants ?
– Un de plus ou un de moins.
– C'est avec cette logique que les clichés se renforcent. »
J'expirai profondément et fermai les yeux. Après quelques minutes, il finit par rouvrir la porte alors je soulevai ma paupière gauche pour l'observer quitter la pièce. Il disparut dans le salon alors j'attendis encore un peu avant de me redresser.
« Tu veux pas venir avec moi ce soir ? demandai-je.
– Non, tu sais que j'ai du boulot en rentrant. Je ne peux pas me permettre de sortir en semaine.
– Même si on ne reste pas tard ?
– La dernière fois que tu as dit ça, il n'y avait même plus de métros pour rentrer.
– Oui mais bon...
– Demain si tu veux à la limite, je n'ai pas de cours samedi cette semaine. Mais pas ce soir.
– Tant pis... »
Je l'entendis glisser son ordinateur dans sa pochette et en refermer la fermeture, puis ses pas revinrent vers moi.
« Arrête de bouder. Pourquoi tes potes sortent le jeudi soir aussi, sérieux ? Ils sont tous au chômage ?
– C'est une vieille coutume étudiante.
– Vous n'êtes plus étudiants depuis longtemps, sourit-il en se rapprochant de moi.
– M'en fous. Puis je dois profiter de mes deux semaines de battement.
– À ce propos, pourquoi tu ne retournes pas à la librairie au lieu d'enchaîner les contrats ennuyeux ? me demanda-t-il en posant sa main sur mon épaule gauche. Non seulement on n'arrête pas de se rater, mais en plus tu sais que Taehyung a gardé ta place et qu'il t'attend.
– Justement.
– Quoi, "justement" ? fronça-t-il les sourcils.
– J'suis pas prêt.
– C'est dans ta tête », me sourit-il doucement.
Je tournai la tête de gauche à droite avec un sourire triste.
« Non. Je préférerais.
– Ce n'est pas parce que tu travaillerais de nouveau avec lui que vous vous sauteriez dessus dans la seconde, tu sais.
– Je préfère ne pas courir le risque. J'ai pas envie de te tromper.
– N'importe quoi. »
Il souffla doucement, amusé, et se pencha vers moi avant de m'embrasser.
« Tiens-moi au courant pour ce soir.
– Mmh. Pourquoi tu t'es rasé ?
– Parce que ça me fait paraître plus vieux.
– Oui mais ça te va bien. Ça te rend sexy.
– Je préfère paraître jeune auprès de mes étudiants que sexy auprès de toi.
– Ce n'est pas logique.
– Bien sûr que si. Je t'ai déjà séduit, je n'ai pas besoin de recommencer.
– Quel connard.
– Tu dis ça, mais tu m'aimes quand même. »
Je glissai mes mains sur son cou et l'embrassai à mon tour, puis je le laissai s'échapper et quitter l'appartement. J'expirai bruyamment et me laissai tomber en arrière. Bon, l'avantage, c'est que j'avais pu respirer l'odeur de son après-rasage. Après cette nuit, j'en avais besoin. Je me souvenais du moindre soupir, du moindre frisson, de chaque « Léo » murmuré entre deux baisers, entre deux caresses. Je ne comprenais toujours pas comment ni pourquoi il avait pu s'abandonner à moi aussi facilement hier soir. Même si au final, le maximum que j'aie pu faire eut été de saisir l'une de ses fesses fermement alors que j'étais quasiment glissé entre ses cuisses, sa jambe remontée contre mon flanc, jamais il ne m'avait laissé le toucher comme ça.
Je me plaisais à croire qu'en l'habituant petit à petit aux caresses et aux contacts de plus en plus osés, que son blocage, quel qu'il soit, pourrait finir par totalement disparaître. C'était récent à vrai dire, je m'en étais rendu compte par hasard il n'y avait que quelques semaines en réalisant qu'il n'attrapait plus mon poignet pour l'éloigner de lui lorsque ma main s'aventurait vers le bas de son corps. Puis j'avais accidentellement effleuré sa poitrine quelques jours plus tard et j'avais vu son visage réagir même s'il avait aussitôt repris le contrôle de lui-même. Alors dès que l'occasion se présentait désormais, j'essayais d'être un peu plus tactile, de l'habituer à certaines choses, de lui montrer qu'il n'avait pas à avoir peur avec moi, qu'il n'avait pas à être dégouté, et que s'il voulait que j'arrête, il n'avait qu'à me le dire.
Mais bordel ce que c'était frustrant. Je devais me retenir de ne pas planter mes dents dans sa peau dorée, de ne pas laisser mes doigts franchir la dernière barrière de tissu, et pourtant Dieu sait que j'en avais envie. Mais je ne pouvais pas oublier qu'un an auparavant, tout ce que je faisais actuellement était tout simplement hors de question. Alors je ne devais pas être trop gourmand. Même s'il était réticent, il acceptait de me toucher si j'en avais besoin, mais j'avais aussi besoin de le toucher lui et de lui faire du bien. C'était étrange à concevoir peut-être. Mais j'en avais besoin. Même s'il m'assurait que ma présence lui suffisait, je voulais quand même faire plus et j'en avais besoin. Alors j'étais plus qu'heureux que les choses évoluent petit à petit. Et qui sait, peut-être qu'un jour nous pourrions enfin ne faire qu'un, lui et moi... Cependant, j'allais bientôt reprendre le boulot, alors la fatigue que je ressentais déjà rien qu'à y penser me faisait peur. J'avais peur qu'on fasse un pas en arrière.
J'avais bossé tout le mois d'août à l'office de tourisme du 13e arrondissement et j'avais terminé la semaine dernière. Mon épuisement mental et physique avait été l'un des pires tue-l'amour que j'avais eu à supporter en plus de trente ans d'existence. Là, j'avais deux semaines de chômage jusqu'à ce que je commence à bosser à la bibliothèque Nelson-Mandela. Nous nous rations souvent, Yoongi et moi, il n'y avait plus que le soir où nous pouvions être ensemble, mais j'avais également besoin de voir du monde, et je pouvais comprendre qu'il doive rester au calme pour travailler le soir. J'allais essayer de rentrer tôt ce soir, c'était tout. Mais en attendant, il fallait que je trouve de quoi m'occuper. Je m'enroulai dans les draps et tentai de me rendormir, sans succès. Le contact froid du tissu sur ma peau me dérangeait. Alors je repoussai ce dernier en soupirant et enfonçai mon visage dans mon oreiller le temps de réussir à trouver la motivation de me lever.
[...]
Je baillai doucement, plissai les yeux sous le soleil, puis rentrai dans le bâtiment et gravis les marches entre des dizaines de personnes plus jeunes que moi. Arrivé devant son bureau, je frappai à la porte et attendis qu'on me dise de l'ouvrir pour la pousser doucement. Seulement il n'était pas à son bureau, alors je plongeai mes yeux dans la seule autre personne présente dans la pièce, sa collègue et ex-fiancée, Lee Sojung.
« Bonjour, me sourit-elle doucement.
– Bonjour.
– Vous cherchez Yoongi ?
– Je... oui.
– Il est en cours mais il ne va pas tarder à finir. Vous voulez l'attendre ici ?
– Ça ira. Merci. Bonne journée. »
Je reculai et voulus m'en aller quand elle me retint.
« Attendez ! »
Je me stoppai dans mon geste et la regardai se lever de son bureau qui était dans l'angle droit de la pièce. Elle longea le mur et s'avança vers moi, ses mains jointes devant son corps.
« Je... commença-t-elle. Nous n'avons pas été correctement présentés. »
Je ne répondis pas, la regardant s'arrêter à un mètre de moi et ramener l'une de ses longues mèches acajou derrière son oreille. Qu'est-ce qu'elle me voulait ?
« Je m'appelle Sojung Lee. Je suis une collègue de... de Yoongi. Et... je suis très mal à l'aise de faire les présentations seulement maintenant. »
Je rentrai dans la pièce puis refermai la porte derrière moi en attendant qu'elle continue.
« Il m'a beaucoup parlé de vous, et il m'a raconté qu'il ne vous avait jamais dit que lui et moi nous nous connaissions depuis de nombreuses années. Je voulais m'excuser pour le cas où je vous aurais causé du trouble l'année passée. Il ne savait pas vers qui se tourner alors il est venu vers moi et j'ai tenté de l'aider du mieux possible. Mais il ne s'est rien passé entre nous deux. Je sais que ça lui pèse énormément alors je voulais éclaircir ce point si possible. »
Je continuai de la fixer, puis détaillai son visage et sa silhouette minutieusement. Je me fichais de la mettre mal à l'aise. Mais elle était vraiment belle. Vraiment très belle. Je remontai finalement mes yeux dans les siens et vis qu'elle m'observait toujours, attendant un mot de ma part.
« Il m'a raconté ça il y a quelques mois en effet. Mais apprendre de la bouche d'amis en commun qu'il s'était réfugié chez son ex n'était pas franchement très agréable à découvrir. »
Son regard changea d'un coup et un pincement de culpabilité m'envahit.
« Je suis désolée. Je ne savais pas du tout avec qui est-ce qu'il était à l'époque, et quand il m'a dit que c'était vous, je pensais que vous le saviez.
– Il est assez secret sur son passé. Il y a des tonnes de choses que j'ignore sur lui.
– Vous n'êtes pas le seul, vous savez », me sourit-elle doucement.
Je fronçai les sourcils, et elle tourna la tête pour regarder l'heure avant de reposer ses yeux sur moi.
« Il a toujours été secret sur sa vie personnelle et sa vie intime. Je ne suis sans doute pas la meilleure personne pour en parler, mais je sais que c'est dur pour lui d'aborder ces sujets-là. Il finira peut-être par s'ouvrir petit à petit. Mais il faut se montrer patient. Ne soyez pas trop dur avec lui.
– Vous savez pourquoi il est terrifié par... »
Je me stoppai immédiatement. J'allais demander quoi et à qui, là ? Je n'avais pas un minimum d'amour propre ?
« Par ? »
Je mordis mes lèvres et détournai les pupilles. Je ne pouvais pas le dire.
« Je sais juste que ses premières fiançailles se sont mal passées. Que ça soit par rapport à la jeune fille ou à sa propre famille. Je ne sais pas si cette sorte de... traumatisme, fit-elle une pause, vient de là, mais je suis certaine que ça y est lié.
– Je vois. »
Je remontai mes yeux sur elle et vis qu'elle se pinçait les lèvres, mal à l'aise d'avoir dû aborder ce sujet avec moi.
« Désolé, je n'aurais pas dû demander ça... soufflai-je.
– C'est bon. Je peux parfaitement comprendre à quel point ça peut être dur pour vous. »
Nous nous observâmes pendant quelques secondes, jusqu'à ce que j'entrouvre les lèvres difficilement.
« Je peux vous poser une question indiscrète ? »
La surprise se lut sur son visage, mais elle hocha la tête sans aucune hésitation.
« Pourquoi vous ne vous êtes pas mariés finalement ? »
Elle pâlit d'un coup et déglutit difficilement. Elle m'observa silencieusement, ses pupilles passant de mon iris droit à mon iris gauche, puis elle prit la parole.
« Il vous a dit quoi à ce sujet ?
– Juste que vous saviez que ça ne pourrait pas fonctionner pour aucun de vous deux.
– D'accord. »
Elle tourna alors la tête, regarda à nouveau l'heure, puis baissa ses pupilles sombres sur le bureau de mon compagnon.
« Il est vrai que ça n'aurait pas pu fonctionner entre nous, déjà parce que c'était un mariage d'intérêt organisé par nos parents et que tous deux refusions de nous plier à ça, mais aussi parce que lui aimait quelqu'un d'autre à l'époque, et que c'était aussi mon cas.
– Mais vous vous appréciiez...
– Oui. C'est pour ça que nous sommes restés amis.
– Mais vous avez quand même été jusqu'aux fiançailles... pourquoi annuler après ça au lieu de le faire avant ? »
Elle porta alors sa main droite à son coude gauche et le serra doucement tout en baissant la tête.
« C'est assez compliqué... commença-t-elle. Nous nous connaissions depuis longtemps alors au début, nous nous étions dit que, peut-être, ça pourrait quand même marcher. Nos familles nous mettaient énormément de pression alors c'était aussi une façon de s'en soulager.
– Pourquoi avoir annulé finalement alors ? »
Elle prit une profonde inspiration et remonta la manche de son chemisier. Je ne tardai pas à apercevoir une longue cicatrice sur sa peau dorée. Pourquoi elle me montrait ça ?
« C'était un accident. Mais il m'a fait peur, et il s'est fait peur à lui-même ce jour-là. Nous étions en train de parler de notre future vie commune si nous allions jusqu'au mariage. Il est entré dans une colère noire lorsque je lui ai dit que je voulais des enfants et que ce n'était pas négociable. Et c'est arrivé. Je sais qu'il ne se l'est jamais pardonné et il se sent encore redevable à mon égard à cause de ça. »
Il l'avait blessée à cause de ça ? Sérieusement ?
« Ne lui en parlez pas, il n'a pas besoin de savoir que je vous ai raconté ça, il s'en veut déjà assez comme ça.
– D'accord... »
Elle baissa la manche de son vêtement et recula d'un pas avant de se racler la gorge.
« Quoi qu'il en soit, je suis heureuse que les choses se soient arrangées entre vous. Je sais à quel point il vous estime et à quel point il tient à vous.
– Je sais... »
Elle me sourit doucement et je finis par faire de même. Toutes ces informations ne me rendaient que plus dubitatif. La porte du bureau s'ouvrit alors et je me retournai, tombant alors nez à nez avec Yoongi.
« Que... qu'est-ce que tu fais là ? s'étonna-t-il.
– Je voulais te faire un coucou comme on ne va pas se voir avant ce soir », soufflai-je.
Sojung retourna alors à son bureau et Yoongi resta figé quelques secondes, avant de faire un pas en arrière.
« Suis-moi. »
J'haussai un sourcil et lorsqu'il quitta la pièce, je me retournai vers sa collègue qui n'avait rien ajouté depuis.
« Bon eh bien... bonne fin de journée, lâchai-je.
– Merci, à vous aussi ! »
Elle me sourit sincèrement et je finis par quitter la pièce pour rejoindre Yoongi dans le couloir où quelques étudiants passaient.
« Tu voulais me dire quelque chose ? me demanda-t-il alors.
– Non. J'avais juste envie d'un câlin. Et d'un bisou. »
Ses lèvres s'étirèrent doucement tandis qu'il pencha légèrement sa tête sur le côté.
« Je dois prendre ça pour un "non", le fait que tu nous aies fait sortir de ton bureau ?
– Tu voulais roucouler devant Sojung ? Très peu pour moi.
– Tu préfères le faire devant tes élèves ? ricanai-je.
– Non plus. Mais si tu insistes... »
Son sourire en coin fit fondre mon cœur. Je regardai rapidement autour de nous avant de sauter sur ses lèvres. Son bras droit passa rapidement autour de ma taille et je le laissai me rapprocher de lui avant de passer mes bras autour de sa nuque. Je me sentais tellement bien contre lui...
« Yoon' ? soupirai-je.
– Mmh ? »
J'ouvris la bouche mais aucun mot n'en sortit. Ça ne servait à rien de poser la question. Je le savais. Et ce n'était ni le lieu, ni le moment.
« Non, rien. »
Je l'embrassai une dernière fois et reculai d'un pas pour briser notre bulle.
« J'essaie de ne pas rentrer trop tard ce soir, mais ne m'attends pas.
– Ça marche. Mais envoie-moi un message quand tu pars, que je ne m'inquiète pas.
– Promis. À ce soir.
– À ce soir. »
Je lui volai un dernier baiser après avoir vérifié que les alentours étaient vides, puis je tournai les talons. Au final, j'étais venu ici pour pas grand-chose. Je ne l'avais pas vu beaucoup de temps et j'avais appris quelques informations qui n'allaient sans doute pas énormément me servir. Mais peu importe.
Je repris le métro, puis partis vers l'ouest où je ne tardai pas à pousser la lourde porte vitrée de la librairie. Je croisai rapidement Éléonore que je saluai, je discutai quelques secondes avec elle, puis je partis vers la réserve où était apparemment Taehyung.
« Taetaeeeeeeee ! m'exclamai-je en poussant la porte.
– Léo !? »
J'entendis ses pas venir vers moi et je sautai dans ses bras lorsqu'il me les ouvrit.
« Je ne m'attendais plus à te voir, sourit-il. Comment tu vas ?
– Ça va. »
Je le serrai fortement contre moi, puis j'expirai bruyamment.
« Taetae...
– Oui ?
– J'ai envie de baiser. »
Il pouffa nerveusement et me repoussa sans pour autant lâcher totalement mon corps.
« Qu'est-ce que tu veux que j'y fasse ? me sourit-il, amusé.
– Nan mais j'suis frustré... même s'il est ok pour une br-
– Tu peux m'épargner les détails, me coupa-t-il.
– Nan mais sérieux, les prélis c'est-
– Je m'en fous, rigola-t-il.
– Comment je peux faire, mmh ?
– Pour ?
– Pour le faire s'abandonner totalement ? le repris-je dans mes bras. À ce rythme, ça va prendre des mois, voire des années... Mes couilles ont le temps d'exploser d'ici là.
– Charmant.
– Mmh, t'as pas une idée ?
– Non, désolé.
– Je sais qu'il en a envie. C'est ça le pire. Ça me rend dingue.
– Je ne sais pas ce qu'il se passe dans sa tête...
– J'ai discuté avec son ex, tout à l'heure.
– Qui ça ?
– Sa collègue. Lee Sojung.
– Ah oui ?
– Tu ne savais pas ?
– Non... Et je ne la connais pas du tout.
– Je me sens moins seul alors...
– Et donc ? Tu as appris quelque chose ?
– Mmh. Mais c'est bizarre. Ça colle pas. »
J'expirai bruyamment et le resserrai contre moi.
« Tu veux pas coucher avec moi pour apaiser ma frustration ?
– Et puis quoi encore ? » fit une voix cinglante.
Je relâchai alors Taehyung et me tournai vers l'origine de cette voix sèche.
« On ne t'a jamais dit que c'était impoli d'écouter les conversations des autres ?
– Et toi de faire des avances à un homme qui n'était pas le tien ?
– Taetae est à moi. »
Il s'approcha de nous, les yeux roulant, et je reposai mes pupilles sur mon ami.
« Alors, qui est-ce qui roucoule dans un lieu interdit au public ?
– Je ne roucoule pas, je travaille, se défendit-il.
– Mon cul, oui.
– Et puis toi non plus tu n'as rien à faire là, vu que tu ne travailles plus ici. Ouste.
– Taehyung !? fit alors la voix de Kevin. On a besoin de toi, tu peux venir ?
– J'arrive tout de suite. »
Il nous planta alors ici tous les deux, et le silence commença rapidement à devenir pesant.
« Tu as fini ton boulot ? lui demandai-je.
– Oui, c'est vacances en ce moment.
– C'est cool.
– Et toi aussi visiblement.
– Oui. Il me reste une semaine de libre avant de commencer mon nouveau boulot.
– C'est bien.
– Oui. »
Cette discussion ne menait nulle part. Pourtant, je savais qu'une question lui brûlait les lèvres depuis quelques minutes. Pourquoi ne me la posait-il pas ? Il ne gardait habituellement pas sa langue dans sa poche.
« Tu peux me poser ta question, tu sais, je ne vais pas m'en offusquer.
– La situation est toujours la même entre Yoongi hyung et toi ?
– Oui.
– Et ça te va ?
– Oui.
– Menteur. »
Je serrai les dents et reposai mes yeux sur lui.
« Je mens ?
– Tu es arrivé en te jetant sur Taehyung et en lui disant que tu voulais baiser. Tu sais mieux que quiconque qu'il y a toujours un fond de vérité sous une plaisanterie. »
Je soupirai bruyamment et tournai ma tête de gauche à droite.
« Ouais, j'ai envie de baiser. Mais je peux faire sans. Il fait beaucoup d'efforts alors j'essaie de m'en contenter.
– Mouais.
– Je t'assure.
– Tu n'as pas tenté quelque chose ?
– Si mais... j'ai peur de le mettre mal à l'aise. Alors je me retiens et j'attends que ça vienne de lui.
– Et il n'a rien tenté ?
– Disons que...
– Oui ?
– Disons qu'il m'a proposé d'aller plus loin quelques fois.
– Plus loin ?
– Plus loin que ce qu'on fait... habituellement...
– Je vois. Et alors ?
– J'ai dit non.
– Pourquoi ? s'étonna-t-il en écarquillant les yeux.
– Parce que j'ai peur que tout recommence. »
Il leva les yeux au ciel avant de les reposer sur moi.
« Tu es idiot. C'est justement en te retenant que tout va recommencer, parce que rien ne changera à ce rythme.
– Je sais. Mais ça me va.
– Menteur.
– Je t'assure.
– Tu feras comment quand tu te retrouveras avec une érection en face de lui si tu l'envoies balader alors qu'il veut enfin tenter quelque chose ? Et puis lui... s'il te le propose c'est qu'il en a envie, non ? Si jamais il n'en a pas envie comme ça avait l'air d'être le cas avant, mais qu'il te le propose quand même, tu imagines comme ça doit être dur pour lui d'oser sortir ces mots-là ? Le recaler ne peut-être que contre-productif.
– Mmh.
– Ce n'est pas une réponse.
– Tu m'emmerdes.
– Tu feras comment, hein ? »
Je soupirai en levant les yeux au ciel à mon tour, puis je lui envoyai un sourire en coin.
« Je n'aurai qu'à penser à toi et ça redescendra tout de suite. Ne t'en fais pas.
– Je vais faire comme si je n'avais jamais entendu ça de ma vie. »
Il tourna les talons et partit d'un pas décidé vers la sortie. J'aimais tellement l'emmerder, ça m'avait un peu manqué aussi. Je finis par suivre son chemin mais je ne le retrouvai pas, une étrange foule se massant au niveau des rayons devant la caisse. Je me posai dans un coin, croisant mes bras contre ma poitrine en attendant que Taehyung me soit rendu, quand je me fis aborder.
« Oh, bonjour monsieur ! »
Je descendis mes yeux sur une jeune fille qui venait souvent à la librairie quand j'y travaillais encore.
« Bonjour.
– Vous allez bien ? Ça fait longtemps que je ne vous ai pas vu !
– Je vais bien, merci. Et oui, j'ai démissionné il y a quelques mois.
– C'est dommage, j'aimais bien vous demander votre avis. Vous avez une suggestion à me faire parmi les dernières sorties ? me sourit-elle.
– Je n'ai pas tout lu, mais j'ai commencé le nouveau roman de Lyuushi et j'aime beaucoup pour le moment.
– Je l'ai lu aussi et je l'ai adoré ! La fin est surprenante, vous verrez !
– Je vais me dépêcher de le terminer alors. »
Je lui souris en retour et elle jeta un œil au niveau des caisses.
« Il y a la queue mais je suis pressée alors je vais y aller. Je suis contente de vous avoir revu !
– Également, hochai-je doucement la tête. Si jamais je reviens travailler ici un jour, je vous ferai énormément de suggestions.
– Je retiens ! Bonne journée !
– À vous aussi ! »
Elle tourna les talons et alla se placer dans la file. Je soupirai doucement, agréablement surpris de voir que des gens pouvaient se souvenir de moi et tenir à ce point à mes avis, quand une voix près de mon oreille me fit sursauter.
« À peine revenu et tu recommences déjà à draguer les clientes ? »
Je me retournai donc et frottai mon cartilage de mon poing en jetant un regard noir à Nicolas qui ricanait depuis les marches derrière moi.
« Je draguais pas, je discutais juste.
– Très certainement, hocha-t-il la tête avec un sourire entendu. Alors, quoi de beau ? Ça fait un moment qu'on ne t'a pas vu, et la dernière fois tu m'as snobé comme une grosse merde. Je t'en veux encore.
– Désolé mec, j'étais vraiment pas bien ce jour-là.
– J'avais pu voir ça, oui. »
La dernière fois que j'avais débarqué à la librairie, c'était il y a plusieurs mois, après ma dernière discussion avec Ethan et la fin de notre relation, quelle qu'en soit la nature.
« Désolé, m'excusai-je encore. Du coup, tu deviens quoi ?
– La même chose qu'avant, aucun changement. »
Je levai les yeux au ciel et soupirai. Pourquoi il me faisait chier alors ?
« Et toi ? Tu as retrouvé du boulot ? »
J'hochai la tête et croisai mes bras contre ma poitrine avant de m'épauler contre le bord de la rambarde du bas.
« Dans une semaine et demie je vais bosser à la bibliothèque Nelson-Mandela de Vitry-sur-Seine.
– Oh c'est super, c'est proche de chez toi en plus !
– Nettement plus qu'ici c'est certain, souris-je.
– C'est un CDD ou un CDI ?
– CDD, remplacement de congé maternité.
– Je vois. »
Ses yeux partirent vers les caisses dans mon dos, puis il soupira avant de revenir sur moi.
« Je sais que ça ne me regarde pas, mais pourquoi tu ne veux pas revenir ici ? »
Je le regardai longuement dans les yeux, puis détournai le regard en avalant ma salive difficilement.
« C'est compliqué. J'ai des choses à régler, et tant que ça ne sera pas fait, je ne pourrai pas envisager de revenir ici.
– On dirait que tu parles de drogue, arrête de te prendre au sérieux, rigola-t-il. Nan parce que, Taehyung, il va finir par nous faire un malaise.
– Quoi ? relevai-je la tête sur lui. Pourquoi ?
– Tu ne vois pas qu'il a repris ton boulot, là ? »
Je me retournai alors et cherchai mon ami du regard. Il était derrière la caisse à côté de Kévin et tentait de réduire au maximum la foule qui s'accumulait devant eux.
« On pensait tous qu'il allait promouvoir quelqu'un d'ici à ton poste, ou qu'il allait embaucher quelqu'un d'autre. Mais non. Il a juste embauché une petite jeune pour tes rayons, mais elle n'a pas fait long feu, et le mec d'après se la pétait tellement qu'aussitôt sa période d'essai terminée, il l'a viré.
– Tu rigoles ?
– Je t'assure que non, rigola-t-il. Du coup il cumule son taf et le tien. Je me demande quand est-ce qu'il dort. Son mec vient même nous aider de temps en temps. »
J'ouvris de grands yeux en entendant ce qu'il venait de dire.
« Jungkook ?
– Oui.
– Il vient aider ici ?
– Oui.
– Mais... il a aucune formation ni quoi que ce soit...
– Il ne faut pas un doctorat pour savoir se servir d'une caisse ou ranger quelques bouquins, sourit-il. Comme mon rayon est juste à côté de son bureau, même si c'est plutôt bien insonorisé, je les ai entendus plusieurs fois s'engueuler à cause du fait qu'il ne voulait pas te remplacer et qu'il préférait faire des semaines de cinquante heures plutôt que, je cite : "embaucher le premier diplômé venu qui viendra ruiner tout notre travail fourni parce qu'incapable de différencier un livre de recettes bretonnes d'un roman graphique érotique".
– The f... laissai-je échapper. C'est sorti d'où, ça ?
– Aucune idée, rigola-t-il à nouveau. Mais bref, tout ça pour te dire qu'il refuse de lâcher l'affaire. S'il finit à l'hôpital, tu auras ça sur la conscience. »
Je baissai les yeux, puis me tournai à nouveau en direction de Taehyung. Je n'avais pas fait attention en lui sautant dessus, mais c'était vrai qu'il avait l'air fatigué. Ses sourires étaient moins brillants que d'habitude, ses réflexes moins présents, ses gestes plus lents. C'était à cause de moi ? Mais je ne voulais pas revenir. Pas tout de suite. Et même si je n'avais encore signé aucun contrat avec mon futur employeur, je m'étais engagé pour les six mois à venir, je ne pouvais pas...
« Bon je te laisse, j'ai des tas de trucs à mettre en rayon aujourd'hui. Mais ça m'a fait plaisir de te revoir. Prends soin de toi en tout cas, me dit-il en se relevant.
– Oui, pareil. Bon courage alors.
– Salut ! »
Je levai ma main doucement pour lui répondre et il monta les marches pour retourner à l'étage où se trouvait tout le rayon bande dessinée. Je refis face à l'entrée et reposai mon regard sur Taehyung qui était toujours occupé, puis je finis par m'enfoncer un peu dans la librairie, et après une minute, je tombai sur Jungkook qui avait réussi à me semer un peu plus tôt.
« Je vais devoir y aller, lui fis-je alors. Dis à Taehyung que je l'aime.
– Bien sûr.
– Et prends soin de lui. S'il continue de se donner trop de travail, frappe-le pour le forcer à lever le pied.
– Je n'ai pas attendu ton autorisation pour le faire. Mais il est borné.
– Vous êtes deux.
– Alors bouge-toi pour revenir.
– Pardon ? »
J'haussai un sourcil, choqué par ce qu'il venait de dire, mais il garda son regard rivé sur son compagnon à l'autre bout de l'allée.
« T'es au courant que si je reviens, je vais encore plus le monopoliser et tout ?
– Oui. Mais au moins ça ne devrait plus empiéter sur ma vie privée.
– Comment ça ?
– C'est limite s'il ne dort pas ici. Et moi aussi j'ai envie de baiser, tu sais. »
Je rigolai alors nerveusement et assez fortement, et il me foudroya du regard.
« Tu es mal placé pour rire, il me semble.
– En effet, me calmai-je doucement. Mais il y a quelques mois, c'est lui qui devait garder son caleçon. Ça me fait rire que les rôles se soient inversés.
– Mes excuses étaient valables, moi. Pas lui. Il pourrait engager quelqu'un d'autre, même si ce n'était qu'en CDD. Mais il ne le fait pas. Parce qu'il ne veut que toi, et qu'il est persuadé que tu vas revenir.
– Je suis désolé. Mais ce n'est pas dans mes plans.
– Dans ce cas, va lui dire. Parce que je commence vraiment à en avoir marre.
– Oh, petit craquelin est frustré, ricanai-je.
– Va te faire foutre. »
Je ricanai à nouveau, puis expirai longuement avant de poser mes yeux sur Taehyung à mon tour. Puis, après un silence de plusieurs secondes, je repris la parole.
« Je ne sais pas pour lui, mais pour moi, notre problème n'est toujours pas réglé. Alors je ne peux pas revenir.
– Personne n'a dit que vous deviez vous foutre un doigt dans le cul pour vous dire bonjour, hein. »
Je manquai de m'étouffer en avalant ma salive et il me jeta un drôle de regard.
« Je sais bien, toussotai-je. Mais je ne peux pas.
– Alors dis-lui.
– Je lui ai déjà dit. Je ne peux pas faire plus pour le moment.
– Mmh. »
Je le quittai des yeux et regardai le sol. Lui aussi avait l'air fatigué. C'était à cause de Taehyung ? À cause de moi indirectement ?
« Et Sun Mi ? Elle va bien ? Et sa mère ?
– Elles vont bien toutes les deux. Sun Mi te réclame souvent encore. Il faudra que tu passes à la maison un weekend, ou que tu la prennes un après-midi pour sortir quelque part, elle me casse les pieds à hurler ton nom. Mais sinon elle va bien. Ça se passe très bien à l'école, même si un jour elle est copine avec sa meilleure amie, puis le lendemain elle ne l'est plus. Elle râle tout le temps parce qu'il y a plein de garçons qui sont amoureux d'elle aussi, et du coup ses copines sont jalouses. Bref, les problèmes d'enfants, quoi.
– Je vois. »
Je souris doucement, imaginant ma filleule me raconter tout ça, puis je relevai les yeux sur Jungkook.
« J'y vais. Embrasse-les pour moi.
– Oui.
– Et prends soin de Taehyung. Je sais qu'il est stupide et qu'il lui faudra du temps pour se faire une raison, mais ne le laisse pas continuer comme ça.
– T'inquiète.
– Salut.
– Salut. »
Je finis par le quitter sans qu'il ne m'accorde un seul regard, et je sortis de la librairie sans avoir pu serrer Taehyung une dernière fois dans mes bras. Mais ce n'était peut-être pas plus mal au final.
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