#2 After - Bénédiction
Bonsoir bonsoir !
(Oui, il est plus de 3h30 au moment où j'écris cette intro xD)
J'aurais tellement de trucs à raconter que j'ai la flemme. Sorry XD
Sinon semaine fatigante, et week-end beaucoup trop court à mon goût. J'ai corrigé les abominations que j'ai pu voir (ça fait 3h que je suis sur ce chap' vous savez, j'ai cru que je n'allais jamais terminer...) mais il est possible qu'il en reste... Si jamais vous en voyez, merci de me les signaler, je corrigerai quand j'aurai un moment x')
Voilà voilà...
Sinon, la langue française est chelou. J'ai bugué 5 minutes sur le mot "serviette" tout à l'heure... c'est bizarre comme mot, vous ne trouvez pas ?
C'est sur cette question que je vous laisse. Je m'en vais comater dans mon lit jusque 13h.
J'espère que ce second "After" vous plaira.
Bonne Léocture ! ♥
~~+~~
Nous étions le vingt décembre. Il était près de dix-sept heures, et j'étais à l'aéroport Roissy-Charles de Gaulle. Son avion allait bientôt arriver. J'avais hâte. Tellement hâte. Je tournai encore en rond quelques minutes, avant de m'asseoir et d'essayer de me calmer. J'en pouvais plus d'attendre.
Il y a un mois, lorsqu'il avait à nouveau débarqué dans ma vie sans prévenir, nous avions été aussi perdus l'un que l'autre. Mais nous avions compris une chose : nos sentiments n'étaient plus parasités par des personnes extérieures, et ils étaient visiblement assez forts. Ni l'un ni l'autre n'aimions les relations à distance, et nous savions que nous ne pourrions pas supporter ça indéfiniment. Mais nous allions trouver une solution. Nous nous l'étions promis. Quoi qu'il en soit, je devais lui présenter quelqu'un, et c'était pour cette raison qu'il débarquait à Paris encore plus tôt que prévu, sans Jimin, ni Hoseok.
Il y a un mois, lorsque je lui avais dit que mon cœur lui appartenait, et que je l'avais embrassé, sa main s'était logée dans ma nuque et l'avait serrée fortement. C'était moi qu'il embrassait. Pas Jimin. Et j'avais senti des ailes pousser dans mon dos. Puis je m'étais rappelé qu'il allait devoir partir dans une semaine. Que nous allions à nouveau être séparés. Et lorsqu'il m'avait dit qu'il allait me laisser, j'avais commencé à paniquer. Il était hors de question qu'il s'en aille. Il était hors de question qu'il retourne dormir chez Taehyung. Je l'avais poussé dans le canapé en lui disant qu'il n'avait pas le droit de partir. Qu'il devait rester avec moi. Je tremblais de partout, j'étais affreusement pitoyable. Je ne voulais pas qu'il parte. Je ne voulais pas qu'il me laisse. Alors il m'avait dit qu'il resterait là. Je m'étais allongé contre lui et je l'avais pris dans mes bras. Je lui avais dit que je ne voulais pas qu'il s'en aille, et il m'avait répondu qu'il ne partirait plus sans mon accord. Il m'avait pris dans ses bras aussi, et nous nous étions endormis comme ça.
Le lendemain en me réveillant, j'avais eu mal partout. J'avais réussi à me lever sans le réveiller, et je m'étais préparé rapidement, car j'allais être en retard. J'avais envoyé un message à Taehyung pour le prévenir, vu que c'était lui qui faisait l'ouverture avec Nicolas, et j'avais laissé un message à Yoongi ainsi que mes clés, m'excusant pour la veille, et lui disant de les ramener à la librairie s'il sortait et qu'il n'en avait plus besoin. J'étais parti travailler après l'avoir couvert d'un plaid, et la journée avait débuté comme habituellement.
Je n'avais eu aucune nouvelle de Yoongi de toute la journée. Au moins, il n'avait pas rapporté mes clés, donc c'est qu'il était toujours chez moi... Je n'avais rien demandé à Taehyung, puisque lui parler et obtenir une réponse de lui, nécessitait que moi je réponde à ses questions sur ma soirée de la veille, et je n'en avais aucune envie. En sortant de la librairie, il n'était pas là. Alors c'était avec la peur au ventre que je m'étais dirigé vers chez moi. En arrivant à l'appartement, j'avais frappé à la porte, et il m'avait ouvert. J'avais avalé ma salive difficilement et je l'avais salué. J'étais rentré, et j'avais eu la surprise de voir que tout était rangé, et qu'une valise était posée dans le salon.
« Puisque tu ne veux pas que je parte, j'ai été obligé d'aller récupérer mes affaires chez Taehyung. Heureusement que Jungkook était chez eux, j'aurais eu l'air fin, autrement. M'avait-il dit.
– Mais... t'as rangé ?
– Ouai, j'ai fait le ménage, mais c'est la seule et unique fois. Je déteste faire ça, c'est long et chiant, alors soit on vivra dans un bordel ambiant, soit tu rangeras. »
Je lui avais sauté dessus et l'avais serré contre moi. Il avait dit « on vivra ». Ça allait être dur. Mais lui aussi envisageait bien une vie où nous habiterions ensemble, tous les deux. Et ça avait réchauffé mon cœur. Cependant, nous n'avions qu'une petite semaine. Dire qu'il cherchait un nouveau sujet d'étude, un cobaye, n'était qu'une excuse. Il ne pouvait pas s'absenter aussi longtemps, même avec son statut d'enseignant-chercheur. Mais il m'avait promis qu'il reviendrait vite. Il m'avait demandé de l'attendre. Et je l'avais fait. Ce n'était qu'un petit mois, ce n'était rien... mais c'était tout de même énorme pour moi. Et je me plaisais à me dire que pour lui aussi.
Jimin et Hoseok s'en amusaient. Ils étaient toujours aussi adorables qu'avant, mais bien plus insupportables, car maintenant qu'ils connaissaient mes points faibles, ils pouvaient s'en amuser. Jimin continuait de m'envoyer des noms de monuments pour que je lui donne l'architecte ou la date de construction, et je continuais de lui envoyer des noms de romans en lui demandant l'auteur et la date de parution. Mes messages avec Hoseok étaient bien plus différents. Il me demandait souvent de mes nouvelles, espérant que j'aille bien, et il me disait ce qu'il en était pour Yoongi, car ce dernier me cachait bien souvent des choses concernant son état. Autant parce qu'il n'aimait pas dire comment il allait, que parce qu'il ne voulait pas m'inquiéter.
J'avais hâte qu'il arrive. Que je puisse le prendre dans mes bras à nouveau, et le serrer contre moi. L'embrasser une nouvelle fois et sentir la chaleur de son corps contre le mien. J'avais tellement hâte. Je passai mes mains dans mes cheveux et tentai de faire disparaître ce sourire niais de mon visage. Bordel, l'amour ne me réussissait pas. Vraiment pas.
« C'est penser à moi qui te met dans cet état ? »
Je rouvris les yeux immédiatement. Il était là. Je me redressai sur mes deux jambes, ne comprenant pas comment j'avais pu louper l'annonce.
« Du tout, arrête de te faire des films. »
Ses yeux me sourirent alors qu'il enroulait son écharpe autour de son cou.
« Mais bien sûr. »
Je tentai de bouder quelques secondes, en vain. Lorsque son odeur emplit mes narines, je ne pus que me jeter dans ses bras. J'étais faible. Tellement faible.
« Tu m'as manqué... Soufflai-je.
– Toi aussi. »
Ces deux mots eurent raison de moi. Je resserrai ma prise sur lui en tentant de retenir les sanglots qui menaçaient de m'envahir à chaque nouvelle seconde. Il m'avait tellement manqué, putain. J'avais vraiment cru que j'allais crever pendant tout ce mois. Il embrassa doucement mes cheveux, et je finis par le lâcher.
« Allez, on y va. Il faut que tu te reposes. Dis-je.
– Oui. »
Je glissai ma main dans la sienne, et ensemble, nous quittâmes l'aéroport.
[...]
Nous avions fait une grosse grasse mat', épuisés tous les deux, tant lui par ses onze heures de vol, que moi par les six heures de travail de la veille. Nous allions enchaîner plusieurs heures de train dans l'après-midi en plus, alors il valait mieux nous reposer. Nous ne partions que trois jours, mais ça allait être éprouvant, surtout pour moi.
Une fois nos valises bouclées et notre repas avalé, nous partîmes pour la gare Montparnasse.
[...]
Quelques heures et une correspondance plus tard, nous étions arrivés. Nous marchâmes pendant une dizaine de minutes, jusqu'à arriver devant la maison. Je sortis les clés de ma poche et cherchai la bonne, avant de l'enfoncer dans la serrure. Je la tournai, et appuyai sur la poignée.
« Tu aimes bien les chats ?
– Quoi ? »
Je rigolai doucement et reposai ma question, traînant ma valise derrière moi, éclairant mon passage grâce à mon téléphone.
« Oui. Me répondit-il finalement. Pourquoi ?
– Comme ça. Je te présenterai Bidule, alors.
– Bidule ?
– Oui. Le chat. C'est comme ça que Sun Mi l'a appelé.
– Je vois. »
Je refermai la porte derrière lui et filai vers le tableau électrique. J'appuyai sur le bouton rouge et refermai la porte. Puis, appuyant sur le bouton de la lumière de l'entrée, le vieux lustre s'alluma.
« Bordel, ça a besoin d'être aéré. » Constatai-je.
J'abandonnai ma valise dans le hall et me dirigeai vers la cuisine. J'ouvris les fenêtres et ensuite les lourds volets en bois, avant de laisser ça comme ça et de filer vers le salon. Rien n'avait changé. Les bibelots en tout genre étaient toujours posés aux mêmes endroits, les cadres photos étaient toujours les mêmes. Seul l'écran de télé éteint était différent de d'habitude. Je souris tristement en observant tout ça, imaginant Sun Mi courir derrière le chat, et ma grand-mère la hélant de faire attention dans les escaliers. J'ouvris les deux fenêtres et les volets, puis m'accoudai sur le rebord en respirant l'air marin. Ça me manquait. J'entendis Yoongi arriver derrière moi, et lorsque je sentis ses bras entourer mon corps, je me retournai et me dérobai rapidement. Je n'avais pas besoin d'une étreinte maintenant.
« Allez viens, je vais te faire visiter !
– Léo...
– C'est grand, mais tu ne te perdras pas, va ! Viens ! »
Je pris sa main dans la mienne, et commençai une rapide visite du rez-de-chaussée.
« Donc là, tu as remarqué, c'est le salon et la salle à manger. Là, on a la cuisine, et le cellier à côté. Là, c'est juste un bête placard. Dis-je en ouvrant les portes. Bon, il est vide, mais... ba donne ton manteau, le chauffage va bientôt se mettre en route je pense.
– D'accord. »
Il se déshabilla et me donna ses affaires, que je rangeai dans le placard, et je retirai ensuite les miennes que je posai à côté.
« Bon, là, c'est la porte qui mène au garage, mais y a plus grand-chose dedans à part un tracteur et des trucs de jardinage. Ici, c'est les toilettes. »
Je repris sa main et le tirai vers moi, alors que je commençai à monter les escaliers. J'allumai au passage le lustre et nous arrivâmes rapidement à l'étage.
« Là, c'était ma chambre quand j'étais petit. Maintenant, c'est celle de Sun Mi. Tu veux voir ?
– Si tu veux. Me sourit-il.
– C'est un peu trop rose et rempli de peluches et de poupées pour moi, mais ça ne me dérange pas. Puis je n'y dors plus de toute façon alors bon. »
J'ouvris la porte, puis allumai la lumière avant de rentrer. L'odeur de la poussière s'étant déposée sur les radiateurs était plus que désagréable, mais il fallait prendre notre mal en patience.
« En effet, c'est très coloré. Constata-t-il.
– Et très décoré.
– Tu as grandi ici ?
– Oui.
– Je vois. »
Je posai mes yeux sur lui. Il observait tout ce qu'il pouvait voir. Et c'était à ce moment là que je remerciais ma filleule d'avoir redécoré la pièce à son goût. Voir Yoongi m'analyser en tant qu'enfant et adolescent à cause de la décoration de ma vieille chambre, me foutrait mal à l'aise.
« Bon, tu regarderas ça après, ok ?
– D'accord. » Rigola-t-il.
Je quittai la pièce et il me rejoignit dans le couloir. J'ouvris la porte se trouvant en face, et allumai la lumière brièvement, le temps qu'il puisse voir.
« La salle de bain. »
Je remontai le couloir, lui montrant la pièce à côté de mon ancienne chambre.
« La pièce fourre-tout. La plupart du temps, c'était là que ma grand-mère faisait son repassage et tout. Y a un grenier derrière, on y accède par une petite porte, et quand j'étais petit, j'avais peur de cette pièce, parce que j'étais persuadé qu'il y avait des monstres dans le grenier.
– C'est pour ça que tu ne me la montres pas ? Me demanda-t-il avec un sourire aux lèvres.
– Absolument pas. »
Il rigola doucement, et je posai la main sur la poignée de la porte tout au bout du couloir.
« Et ça c'est la chambre d'ami. En gros, on dormira là.
– D'accord. »
Je poussai la porte et allumai la lumière. Je me dirigeai vers la fenêtre et l'ouvris aussi, avant de pousser les lourds volets de bois.
« On va étouffer, bordel. »
Je reposai mes yeux sur lui. Il observait à nouveau l'intérieur de la pièce, sans prononcer un mot.
« Bon, je vais chercher les valises.
– Quoi ? Non, je vais t'aider.
– Si tu veux. »
Il me suivit hors de la chambre et descendit les escaliers avec moi. Nous prîmes nos bagages et les remontâmes dans la chambre.
« Bon, j'vais faire à manger. Ça sera pas la joie, mais bon. »
Je le laissai là, mais il me rattrapa rapidement.
« Léo ?
– Mmm ?
– Et cette pièce-là, c'est quoi ? »
Je m'arrêtai et resserrai mes doigts sur le bois de la rampe d'escalier.
« Une pièce où personne n'a le droit d'entrer. Pas même moi. »
Je repris ma descente, et filai vers la cuisine. Je refermai la fenêtre et pris l'un des sacs que j'avais amené. La maison avait été vidée depuis des mois, et il n'y avait plus rien à manger dans les placards, pas même des pâtes ou du riz. Je fouinai dans les placards pour trouver une casserole et la remplir d'eau, avant d'allumer le gaz en espérant qu'il en reste dans les bonbonnes. Le feu s'allumant, je posai la casserole dessus, rassuré que nous puissions manger, et je me retournai. Je sursautai en découvrant Yoongi, de l'autre côté de la table, qui me fixait d'un air inquiet.
« Tu m'as fait peur, imbécile.
– J'ai vu ça. Pardon.
– C'est bon. Soupirai-je. Du coup ça sera du riz avec de l'omelette, j'espère que tu aimes ça.
– Oui, ne t'en fais pas.
– Super. »
Je pris les œufs dans le sac, ainsi que le beurre que je posai près de la gazinière, avant de chercher une poêle et un saladier dans les différents placards.
« Attends, je vais t'aider.
– Non c'est bon.
– J'insiste. »
Je soupirai et lui tendis ce que je venais de sortir.
« Tiens.
– Merci. »
Je cherchai du sel, du poivre, tout ce que nous pouvions mettre dans une omelette, et je le posai à côté de lui pour qu'il s'en serve à sa convenance. Après ça, voyant que l'eau commençait à bouillir, j'y jetai le riz et baissai l'intensité du gaz. Je me poussai pour que Yoongi puisse faire cuire sa préparation, et j'allai nettoyer la table de la salle à manger avant de la dresser. Revenant dans la cuisine, je sortis une nouvelle assiette que je posai à côté de mon ami pour qu'il y dépose l'omelette une fois cuite, et je pris une pelle en bois pour touiller le riz. Une fois qu'il eut terminé, il déposa tout dans l'évier, se lava les mains et partit sans un mot vers le salon. Je terminai de surveiller la cuisson du riz en silence, puis le mis à égoutter quand je le jugeai prêt. Je pris un saladier dans lequel je plaçai le riz encore fumant, et je saisis ce dernier et l'assiette contenant l'omelette pour aller les déposer au salon. Yoongi était en train de fumer dehors, et l'odeur de son tabac fuitait légèrement par la porte-fenêtre restée entrouverte. Je m'y dirigeai donc et sortis à mon tour. Il observait le petit jardin, ma vieille cabane qui tombait en morceau, le vent balayant les sapins doucement, et peut-être aussi le ciel dégagé, et le croissant de lune qui devait bien éclairer l'océan en contrebas. J'avançai jusqu'à lui et passai mes bras autour de son ventre.
« Tu m'as surpris. Souffla-t-il.
– Pour une fois que ce n'est pas l'inverse. Souris-je en posant ma tête sur son épaule.
– C'est vrai. »
Je le serrai contre moi, et sa main gauche ne tarda pas à venir se poser sur mes bras.
« Tu aurais dû enfiler quelque chose, tu vas attraper froid. Me dit-il.
– Tu t'es regardé avant de parler ?
– Je suis habitué à bien pire que ça, à Séoul.
– C'est pas une raison.
– Mais si.
– Non.
– Allez, rentre.
– Pas besoin. Tu me tiens chaud, donc ça va.
– Idiot. »
Je fermai les yeux et me laissai bercer par les battements de son cœur, ses expirations, et le bruit du vent et des vagues. J'étais bien. Il finit par terminer sa cigarette, et je le lâchai en le sentant bouger dans mes bras. Le vieux cendrier traînait toujours sur la table de jardin, alors il écrasa son mégot dedans, et nous rentrâmes dans la maison. Nous en profitâmes pour refermer les volets, puis les fenêtres, et nous mangeâmes en silence.
[...]
Il était près de vingt-deux heures. Yoongi et moi étions assis sur le canapé. Mes jambes étaient encore posées sur ses cuisses, malgré ses nombreuses ripostes, et je l'observais en silence par-dessus mon téléphone. Il lisait un livre calmement, ses larges lunettes noires sur le nez. Je n'avais jamais imaginé que le voir porter des lunettes le rendrait si... différent ? Ça lui donnait encore plus un air de prof de fac, et bordel. Mon esprit n'était pas prêt pour ça. Cette vision me donnait des pulsions étranges, et je savais qu'il fallait que je me calme. Mais il était affreusement beau comme ça, et ne pas le regarder était une horrible torture. Je soupirai et posai mon téléphone sur mon ventre. Je rejetai ma tête en arrière, toujours posée sur l'accoudoir, et je regardai autour de moi. Rien n'avait changé, depuis la dernière fois où j'étais venu ici. En même temps, pourquoi ça aurait changé. J'étais la seule personne à encore pouvoir venir ici. Mes yeux se posèrent sur une photo de moi et de ma grand-mère. Posée sur un rayon de la bibliothèque, devant de nombreux livres de littérature classique, nous sourions tous les deux. Je ne savais plus par qui elle avait été prise. Et c'est là que je regrettais que nous n'en ayons pas prises plus que ça. Il y en avait des tas de quand j'étais gamin. Mais beaucoup moins lorsque j'étais adolescent, et quasiment plus aucune lorsque j'avais atteint l'âge adulte.
En rentrant d'Italie, lorsque nous étions allés la voir avec Taehyung et Sun Mi, elle avait compris que quelque chose n'allait pas. Elle avait compris que c'était à cause de quelqu'un. Elle avait tout de suite fait le lien. Je ne l'avais pas appelée une seule fois lorsque nous étions là-bas, et c'est seulement à ce moment-là que je m'en étais rendu compte. J'avais dit que je l'appellerais, et je ne l'avais pas fait. Pourtant, même si à partir du moment où Yoongi avait commencé à me perturber, je n'avais plus la tête à ça, et que ça aurait pu l'expliquer, ce n'était pas le cas du début du séjour. Je n'avais pas eu besoin d'avouer ou de démentir quoi que ce soit. Elle me connaissait par cœur. Alors j'avais fini par lui dire ce que j'avais sur le cœur. Que j'avais rencontré un homme, qui m'avait retourné, et changé sans le vouloir. Et elle m'avait dit qu'elle s'en fichait. Que je pouvais aller chercher cet homme par la peau du cul, draguer Taehyung si ça me chantait, ou n'importe qui d'autre, puisqu'elle avait Sun Mi, et que ça lui suffisait. Elle voulait seulement que je sois heureux, peu importe avec qui.
Je me sentais seul. Encore plus seul qu'avant. J'avais tellement regretté d'avoir quitté la Bretagne et ma grand-mère. Elle avait besoin de moi, j'aurais dû rester avec elle, faire mes études dans la région, et chercher du travail dans le département. Je n'aurais jamais dû partir pour la capitale. J'aurais dû être là avec elle, jusqu'à la fin. Mais je l'avais abandonnée, en partant si loin. Lorsque j'avais appris la nouvelle, j'étais à la librairie. On était en début d'après-midi, et c'est Éléonore qui m'avait passé le téléphone, me disant qu'une certaine Gwenaëlle voulait me parler. Après avoir parlé brièvement, j'avais raccroché, et j'étais allé me laisser tomber sur le canapé en salle de pause. Après plusieurs heures sans pouvoir prononcer un mot, j'étais rentré chez moi, sans prévenir personne, et j'avais tout cassé. Ou presque. Taehyung m'avait rapidement rejoint, s'inquiétant de voir que je n'étais plus là, et il s'était jeté sur moi. Il m'avait serré dans ses bras pour que je me calme. J'étais seul. J'étais vraiment tout seul, maintenant. Mais Taehyung m'avait serré contre lui en me disant que je n'étais pas seul, qu'il était là pour moi, avec moi. Mais ses paroles rassurantes ne pourraient malheureusement jamais guérir la blessure qu'avaient créée les mots prononcés par mon amie d'enfance au téléphone, quelques heures auparavant.
Je sentis alors une main se poser sur les miennes, et je rouvris les yeux, avant de ramener ma tête en avant.
« Oui ? Demandai-je.
– Ça ne va pas ?
– Si, pourquoi tu me demandes ça ? »
Il posa son livre, saisit mes jambes qu'il me força à retirer de ses cuisses, et il se rapprocha de moi. Je me redressai tout en reculant, quand sa main droite se posa contre ma joue.
« Qu'est-ce qu'il se passe ?
– Rien, je... »
Je reniflai et repoussai sa main doucement, qui était en train d'essuyer une fine larme qui m'avait échappée.
« Je pensais à ma grand-mère. Je l'ai laissée toute seule, toutes ces années. Je n'aurais pas dû.
– Arrête de te faire culpabiliser. Je suis certain qu'elle était heureuse que tu aies une belle vie et un bon travail, même si c'était loin d'elle.
– Elle l'était. Mais ça n'efface pas la culpabilité que je ressens. »
Il me regarda tristement pendant quelques secondes, avant de plonger sa main dans la poche droite de son pantalon. Je passai mes mains sur mon visage pour essuyer les quelques larmes encore coincées dans mes cils.
« J'sais pas si tu te souviens... quand on était à Rome. Un soir, on a fait le tour du marché nocturne, place d'Espagne.
– Mmm ? Oui, je m'en souviens. Reniflai-je en levant les yeux au ciel. Pourquoi ?
– Tiens. »
Je baissai la tête vers sa main, où se trouvait une chaîne.
« Pourquoi tu me donnes ça ?
– Je l'ai achetée là-bas. Mais j'imagine qu'elle t'ira mieux qu'à moi. »
Un faible sourire décora mes lèvres, et je la pris. Drôle de façon d'essayer de me remonter le moral, mais j'allais m'y habituer.
« Merci... »
Je l'étendis dans mes deux mains et observai l'acier gris, qui n'était pas étrangement froid, contrairement à ce que je pensais. Ça devait faire un moment qu'elle était dans sa poche. J'ouvris le mousqueton en mordant ma lèvre inférieure doucement, et je passai mes mains autour de ma nuque pour refermer la chaîne. Mon cœur se mit à battre affreusement fort en imaginant les mains de Yoongi se poser sur les miennes pour la fermer. Quelle fleur bleue j'étais. Je laissai reposer la chaîne contre ma poitrine, et je me tournai vers lui.
« Alors, verdict ? Elle me va mieux qu'à toi ? »
Il tendit la main vers moi et j'eus un petit mouvement de recul. Il réajusta doucement la chaîne autour de mon cou, puis me sourit.
« Oui. Elle te va mieux qu'à moi. »
Sans réfléchir plus longtemps, je plongeai mes mains dans son cou et plaquai mes lèvres contre les siennes. Surpris, il ne bougea pas, et ne me répondit pas non plus.
« Merci. Soufflai-je contre ses lèvres.
– Je... de rien. »
Ce n'était pas grand-chose. Mais il avait réussi à chasser ma peine en une minute, et mon cœur s'était gonflé. Je le serrai fortement contre moi, comme si j'avais peur qu'il s'échappe. J'avais besoin de lui. Je n'avais plus que lui. Je ne pouvais plus me raccrocher à Taehyung comme je l'avais fait pendant tout ce temps. J'allais avoir besoin de Yoongi à l'avenir, et surtout demain, encore plus que jamais.
[...]
J'avais eu du mal à sortir du lit. Même si les radiateurs avaient fonctionné toute la nuit, rien n'était aussi chaud et confortable que ses bras. Il était arrivé il y a deux jours, et il repartait déjà dans douze jours. Ça passait affreusement vite. Je n'avais pas envie qu'il s'en aille. Je ne voulais pas qu'il me quitte à nouveau. Mais nous n'avions pas le choix. J'avais été me laver et m'habiller, avant de préparer le petit déjeuner. Il avait fini par me rejoindre. Nous avions mangé calmement en silence, et peu avant midi, nous étions partis.
[...]
Poussant le lourd portail en fer forgé blanc, je posai le pied sur le sable et le fin gravier recouvrant le sol. Un bouquet de roses dans les mains, Yoongi dans mon dos, j'avançai dans les allées tantôt claires, tantôt sombres. Le vent était toujours là, les arbres bougeaient toujours à cause de lui, et seul son sifflement et le bruit de nos pas parvenaient à nos oreilles. Les oiseaux, les mouettes, tous les animaux que nous pouvions entendre habituellement, s'étaient tus. Et arrivant devant elle, son visage toujours aussi souriant, je lui tendis mes fleurs.
« Salut mamie. Tu vas bien ? Désolé, je suis en retard. »
Je posai le bouquet à ses pieds, et elle continua de me regarder, avec toujours autant d'amour dans ses yeux.
« Taetae n'est pas là aujourd'hui. Je sais qu'il te manque, ne dis pas le contraire. Moi, ça va. Je suis en vacances, là. Oui, je sais, j'aurais dû garder mon argent, mais je serais un bon à rien si je ne venais pas te voir dès que j'en avais l'occasion. Et puis, tu dois t'ennuyer toute seule. Bon, je sais que papy est juste à côté de toi, mais quand même. Qui ? Oh, lui ? »
Je tournai la tête pour regarder Yoongi, qui m'observait étrangement, puis je fis la moue et m'accroupis en haussant les épaules.
« Lui, c'est Yoongi. Tu le connais sans vraiment le connaître. Je t'ai déjà parlé de lui une fois, tu t'en souviens peut-être. Il est moche, hein ? Il est bizarre aussi. Et il est chiant. Je ne l'ai pas vu depuis un mois, donc pour l'instant c'est un amour, mais je te promets que dans quelques jours, ça sera différent. Le mois dernier, il a passé son temps à râler et à m'envoyer bouler. Non mais j'te jure. »
J'expirai longuement, et une larme coula sur ma joue. Je l'essuyai rapidement et continuai.
« Je sais que tu attendais avec impatience que je me marie, ou qu'au moins je te donne des arrière-petits-enfants. Parce que oui mamie, ça aurait été tes arrière-petits-enfants. Souris-je. J'imagine qu'on ne se mariera pas. On n'en a jamais parlé, mais c'est quelque chose de compliqué. Et j'imagine qu'on n'en aura pas besoin. Après tout, ce n'est qu'une signature sur un bout de papier. Bon, les réductions d'impôt, je dis pas, mais c'est quelque chose de paradoxalement néfaste pour les couples. Et je ne veux pas le perdre, donc je préfère ne pas prendre le risque, tu vois ? Enfin bref. Et concernant l'autre sujet... »
Je rigolai doucement et jetai un coup d'œil à Yoongi, qui regardait le marbre sans rien dire.
« Ça risque d'être compliqué. Les adoptions pour les couples gays, c'est pas encore ça. Alors à part s'il se fait opérer...
– Qu'est-ce que tu racontes comme conneries ? Me demanda-t-il.
– Rien. »
Je lui souris doucement, et les coins de ma bouche commencèrent à trembler. Je reposai à nouveau mes yeux sur la dalle de marbre noir et respirai profondément, avant de me relever.
« La lignée des Le Goff s'éteindra avec moi, désolé mamie. Et tu devras te contenter de Sun Mi. Tu lui manques, tu sais. À chaque fois qu'elle vient à la maison, elle... elle me demande où tu es... »
Je baissai la tête en serrant fortement mes lèvres, avant de tourner le visage sur la droite pour ne pas que Yoongi me voie pleurer. Mais il n'était pas idiot. Je sentis sa main se glisser dans la mienne et la serrer doucement.
« Bonjour. » Dit alors Yoongi.
Je relevai la tête et le regardai sans comprendre. Il fixait la tombe, l'air neutre.
« Je n'ai aucune idée de si ce message vous parviendra, et de si vous le comprendrez. Commença-t-il. Mais je tenais à vous dire quelque chose, moi aussi. Je regrette de ne pas avoir retenu Léo il y a un an. Parce que si je l'avais fait, j'aurais pu vous rencontrer. Il est chiant, bordélique, et un peu trop fier, mais je voulais vous remercier de l'avoir élevé avec amour. Je vous serai éternellement reconnaissant. Et je vous promets de prendre la relève. C'est moi qui prendrai soin de lui, maintenant. »
Ma vision commença à se brouiller à cause de mes larmes, et lorsque je crus entendre « Sois heureux, Léo » dans ma tête, prononcé par la voix de ma grand-mère, je craquai. Je vis néanmoins Yoongi sourire avant de baisser la tête, et il lâcha ma main. Il passa son bras autour de mes épaules et m'attira à lui tendrement. Je me laissai faire tout en continuant de pleurer. Elle me manquait. Elle me manquait tellement.
[...]
Ça faisait dix bonnes minutes que j'étais sous la douche. Il fallait que je me détende après ce dur moment au cimetière. Yoongi était au salon en train de bricoler je-ne-sais-quoi. Je l'avais entendu farfouiller dans les placards lorsque j'avais préparé mes affaires, mais je n'avais rien dit et je l'avais laissé faire. Après tout, il était ici chez lui aussi... Je finis par sortir de la cabine et enroulai une serviette autour de mon corps. Je marchai jusqu'au lavabo et passai ma main sur le miroir qui était couvert de buée. J'attrapai une autre serviette et je m'en servis pour éponger mes cheveux et essuyer mon visage, avant de la reposer à sa place. Mes doigts parcourant rapidement mon menton, je me rendis compte que j'allais devoir me raser. Mais ça allait attendre demain. Je me séchai donc rapidement, et j'enfilai un sweat, un boxer et un jogging afin d'être à l'aise, et au chaud. J'étendis mon drap de bain sur le porte-serviettes chauffant afin qu'elle sèche, et je quittai la pièce. Je commençai donc à descendre les escaliers, baillant le nom de mon compagnon, et lui demandant ce qu'il faisait. Et rouvrant les yeux, je vis que le salon, comme la cuisine, étaient plongés dans le noir.
« Yoongi ? Demandai-je.
– Je suis là. » Me répondit-il depuis le salon.
Fronçant les sourcils, j'avançai jusqu'à la pièce et cherchai le bouton pour allumer la lumière.
« Qu'est-ce que tu fous dans le noir ?
– Ça. »
Un petit « clic » retentit, et la pièce fut alors éclairée de multiples couleurs. Je regardai avec stupéfaction le petit sapin artificiel entouré de guirlandes lumineuses, qui trônait devant la télévision, puis après un autre petit « clic », des guirlandes aux diodes blanches s'illuminèrent le long des bibliothèques.
« Mais... »
Je ne terminai même pas ma phrase, trop surpris pour prononcer un mot de plus. Je l'entendis ricaner, puis se laisser tomber sur le canapé.
« Je suis tombé sur ça tout à l'heure. Et comme Noël est dans deux jours, et que ça fait une éternité que je n'ai pas décoré une maison ou un appartement, je me suis dit que c'était l'occasion. Et puis je m'ennuyais. »
C'était vrai. Noël était dans deux jours maintenant. Et à bien y réfléchir, ça faisait également une éternité que je n'avais pas décoré mon appartement, ou cette maison pour l'occasion. Je m'avançai jusqu'au canapé et m'y laissai tomber, écrasant de tout mon poids les jambes de Yoongi, qui râla sous le coup.
« Dégage ! T'es lourd !
– Merci...
– Quoi ? »
J'observai le petit sapin artificiel pendant quelques secondes sans rien dire, puis je tournai la tête vers lui. Je plongeai mes yeux dans les siens et le fixai, alors qu'il me regardait sans trop comprendre. Je levai ma main gauche et je la glissai dans son cou pour caresser sa joue de mon pouce.
« Dis...
– Mmm ? Fit-il.
– Ça te dit qu'on annule nos billets de train ?
– Comment ça ?
– Qu'on passe Noël ici ? Tous les deux ? Et qu'on ne reparte que le 26 ? Tout le monde arrive le 27. »
Sa main saisit mon poignet et le serra doucement.
« Comme tu veux. Si ça te fait plaisir, ça me va.
– D'accord. Lui répondis-je en souriant.
– Mais c'est toi qui paies la différence sur les nouveaux billets de train. Et vu la période, je te plains.
– Quoi ? M'écriai-je. Mais j'hallucine ! Quel radin !
– C'est toi qui veux changer nos plans ! Dit-il en se couchant, les bras croisés derrière la tête.
– Mais c'est de ta faute aussi !
– De ma faute ?
– Oui ! C'est toi qui me fous mal et nostalgique avec ton sapin à la con, là !
– Je me retiendrai de te faire des surprises à l'avenir, alors.
– Fais donc ça ! Grognai-je.
– Descends de mes jambes. Gigota-t-il.
– Non. Ça t'apprendra.
– Non mais j'te jure. » Soupira-t-il.
Ça faisait quarante-huit heures que nous étions ensemble, et ça y est, nous commencions à nous prendre le chou. Évidemment, c'était gentil et sans conséquences, mais j'étais persuadé qu'à un moment, ça pourrait être différent. Et ça me faisait peur. Je me levai alors et partis vers la cuisine.
Je l'aimais, et il m'aimait. Les moments que nous passions ensemble étaient courts, mais précieux. Et tous les deux, nous nous imaginions une vie commune, même si pour le moment, c'était loin d'être gagné. Mais qu'allions nous faire si ça ne marchait pas ? Si nous ne pouvions pas nous retrouver ? Si jamais nos petites piques devenaient de plus en plus grosses et qu'à la fin, nous ne puissions plus nous supporter ?
« Léo ? Me fit sa voix depuis le salon.
– Oui ?
– Tu fais quoi ?
– Rien. Je pense.
– Tu penses à quoi ?
– À Taetae. Je dois lui manquer, actuellement. »
Il ne dit rien, et un petit sourire triste se dessina sur mon visage. Ça ne me faisait même pas rire de le taquiner sur ça.
« Pardon. Soufflai-je.
– Viens là.
– Pourquoi ?
– Parce que je te le demande.
– Et puis quoi encore ?
– Ramène tes fesses. »
Je serrai les dents et me retournai, observant la porte du salon depuis la cuisine. Je finis par traverser la pièce, arrivant ainsi dans le couloir, et je vis ses cheveux noirs tomber sur ses bras, toujours posés sur l'accoudoir du canapé. Je soupirai et m'avançai vers lui.
« Quoi ? Demandai-je en me postant juste derrière sa tête.
– Viens.
– Où ça ?
– Là. Me fit-il signe, en indiquant ses cuisses.
– C'est mort.
– Léo. » Me fit-il d'un ton menaçant.
Il me regardait, les sourcils froncés, mais il ne me faisait pas peur. Je me penchai au dessus de son visage et tapai de mon index contre son front.
« Quoi, le vieux ? C'est quoi ton problème ?
– Répète un peu ça ! M'ordonna-t-il d'un ton scandalisé.
– Le vieux. T'es sourd en plus ? Tu- »
Sa main était passée beaucoup trop rapidement dans ma nuque pour ramener mon visage près du sien, et son baiser avait été tout sauf attendu. La position à la Spiderman que nous avions était tout sauf confortable, mais mon ventre papillonnait. Je finis par me laisser tomber à genoux et par pivoter un peu pour approfondir notre baiser s'il me le permettait, glissant du même coup mes doigts dans ses cheveux. Il finit par y mettre fin, et il colla son front contre le mien, avant de se redresser un peu, mais en maintenant nos deux visages l'un contre l'autre.
« On ira revoir ta grand-mère avant de partir ? »
Je restai muet sous sa question sortie de nulle part.
« Oui... pourquoi ?
– Parce qu'il faut que je la remercie.
– Pourquoi donc ? Pour le baiser du siècle que je viens de te donner ? »
Il me relâcha et tapa sur le dessus de ma tête en rigolant doucement. Il se rallongea sur le canapé, les bras à nouveau pliés sous son crâne.
« Pourquoi ? Demandai-je à nouveau.
– Je viens de te le dire.
– Mais pourquoi tu veux la remercier ?
– Parce qu'elle m'a donné sa bénédiction.
– De quoi tu parles ? »
Un petit sourire innocent décora ses lèvres. Ça ne lui allait pas, il fallait que je le détruise de suite. Alors j'enfonçai mes doigts dans sa taille et il se plia en deux sous le réflexe, tout en couinant, avant de m'insulter.
« Réponds-moi.
– Tu crois que je vais le faire, maintenant ? Tu peux crever. »
Il se retourna, m'offrant une magnifique vue sur son dos et ses fesses, alors que lui devait maintenant contempler le dossier. J'attrapai ses vêtements et tirai dessus pour l'obliger à se rallonger sur le dos, et je lui montai dessus, saisissant le col de son pull de mes deux mains.
« Accouche.
– Et le mot magique ?
– Va voir ailleurs si j'y suis.
– Sois heureux, Léo. »
Ma bouche resta entrouverte, et ma voix coincée dans ma gorge, coupé dans mon élan. Je m'apprêtais à lui envoyer une nouvelle insulte, mais pas un mot n'avait pu sortir de ma gorge. Qu'est-ce qu'il venait de dire, là ? Et en français, qui plus est ? Mes mains commencèrent à trembler.
« Quoi ? Finis-je par demander d'une toute petite voix.
– Je pense avoir compris ce que ça voulait dire. Mais j'ai cette phrase qui tourne en boucle dans ma tête depuis qu'on est rentré. C'est bizarre, non ? »
J'avais entendu ça aussi, lorsque nous étions au cimetière. Exactement la même phrase. Et même si je ne croyais pas vraiment au paradis, à la réincarnation ou toute autre sorte de truc du même style, je savais que s'il y avait un endroit où devaient aller les bonnes âmes après la mort, que ma grand-mère y était. Mais est-ce que nous étions fous tous les deux ? Nous ne pouvions pas avoir entendu cette phrase, exactement la même... Il me regardait en silence, stoïque, les bras toujours croisés contre son ventre, et mes yeux retombèrent sur son torse, alors que ma vue se brouilla doucement. Est-ce que ma grand-mère lui avait vraiment donné sa bénédiction ? Ou il se payait ma tête ? Ses mains finirent par venir se poser sur mes poignets, et ses pouces caressèrent ma peau doucement.
« Tu penses que tu peux être heureux, si tu es avec moi ? »
Je relevai le visage et clignai des yeux.
« Pourquoi tu me demandes ça ?
– Je veux être certain de prendre la meilleure solution pour toi.
– La question ne se pose même pas, imbécile... comment je pourrais être heureux sans toi ? »
Il me sourit doucement, puis sa main droite vint se glisser dans mes cheveux. Je fermai les yeux et me laissai attirer vers lui doucement. Peu importe si nous passions notre temps à nous taper dessus et à nous envoyer des piques continuellement. Je ne pourrais jamais être heureux sans lui. Et j'espérais bien, égoïstement, que l'inverse était réciproque.
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