Chapitre 20 - 201605
[21/04/2021]
Bonjour bonjour !
J'espère que vous allez bien !
Je ne vais pas traîner ici parce que je me relance dans un drama histoire de casser la routine, sinon je sens que je vais sérieusement commencer à déprimer -_-
J'espère que ce chapitre vous plaira.
Bonne Léocture ! ♥
~~+~~
J'essayais de me concentrer sur mon cours quand j'entendis Jaeheon se lever une fois de plus du canapé et se mettre à tourner dans son appartement. Je passai mes mains dans mes cheveux en soupirant bruyamment, puis je relevai le visage sur lui. Ça faisait plusieurs jours qu'il était nerveux, qu'il parlait peu et ça m'inquiétait énormément, mais il ne voulait rien me dire. Je n'avais pas non plus envie de le forcer à me parler de quoi que ce soit, surtout si ça ne me regardait pas. Après tout, j'étais qui... Mais là, ça m'empêchait de me concentrer comme je l'aurais souhaité. Je n'aimais pas rester étudier dans mon petit studio universitaire parce que mes voisins passaient leur temps à baiser ou à écouter de la musique super fort et ça me rendait dingue. Du coup, c'était toujours chez lui que j'échouais, comme si c'était de la pure logique, mais depuis une semaine c'était compliqué.
Je continuai de le regarder marcher pendant un instant sans prononcer un mot, puis il retourna s'asseoir dans le canapé en grognant avant d'écraser son téléphone à côté de lui. Est-ce que c'étaient ses examens qui le mettaient dans un état pareil ? Sa recherche de stage ? Ses recherches de boulot ou ses candidatures pour continuer ses études ? Ça allait finir par me stresser aussi et ce n'était absolument pas le moment. Moi aussi, j'avais une année à valider. Même si j'avais eu d'excellentes notes au premier semestre, je ne pouvais pas me permettre de rater le second et de compter sur la compensation pour passer en seconde année. J'en mourrais de honte et Haejoon se moquerait ouvertement de moi en l'apprenant. Ses parents s'inquiéteraient davantage. Et que penserait maman de là-haut ? Elle aurait honte.
Je soupirai une dernière fois et posai mon crayon sur mon livre avant de me lever et de me diriger vers lui. Il ne me remarqua même pas, jusqu'à ce que je vienne m'asseoir sur ses cuisses. À cet instant-là, il redressa la tête, ouvrit les yeux et fronça les sourcils avant de plonger ses pupilles dans les miennes.
« Jungkook ? »
Je ne répondis pas et passai doucement mes bras autour de sa nuque. Je le sentis se tendre, mais il ne me repoussa pas pour autant.
« Qu'est-ce que tu fais ? Retourne travailler, me dit-il doucement.
– Tu m'empêches de me concentrer à tourner comme un lion en cage depuis des heures comme ça. Je ne sais pas ce qui te stresse, mais il faut que tu te détendes.
– Plus facile à dire qu'à faire.
– Tu veux que je t'aide ?
– Comment ça ? »
Je rigolai doucement, puis me rapprochai de lui pour glisser ma bouche près de son oreille.
« Ne me dis pas que tu ne sais pas quelle est la meilleure méthode anti-stress qui existe au monde ?
– Je pensais avoir mal compris, rigola-t-il. Ça va aller.
– T'es sûr ?
– Oui, tenta-t-il de me repousser.
– Ça fait trois jours que tu ne m'as pas touché... soupirai-je en raffermissant ma prise autour de sa nuque. Tu es sûr que tout va bien ?
– Ça te manque ? éluda-t-il ma question.
– Pas à toi ?
– Je mentirais si je disais que non, sourit-il en glissant sa main droite sur ma gorge avant de pencher sa tête sur le côté pour me regarder. Mais j'ai pas la tête à ça.
– Tu veux que je t'aide à l'avoir ? souris-je avant de venir lui voler un baiser. En général, ça marche plutôt bien.
– Tu peux essayer, mais je ne suis pas sûr que ça marche.
– Ça marchera. Tu vas voir. »
Il rigola doucement et je l'embrassai tout en posant mes paumes sur sa gorge. Il semblait tendu, réticent comme il me l'avait dit, mais il finit par se laisser aller. Notre baiser devint de plus en plus chaud, mon corps se cambrant contre le sien, puis je reculai doucement pour retirer mon t-shirt. Ses yeux ne descendirent pas sur mon torse comme habituellement, comme s'il le connaissait trop bien pour avoir besoin de le regarder pour l'imaginer, ses pupilles ne quittant pas mon visage, et je revins l'embrasser en me plaquant contre lui. Ses mains finirent par longer mes cuisses pour arriver sur ma taille, avant de doucement redescendre sur mes hanches et de les rapprocher inconsciemment des siennes. Mais soudain, son téléphone vibra bruyamment sur le canapé et il nous fit sursauter. Nous nous séparâmes alors et posâmes tous les deux notre regard sur l'objet dont l'écran s'allumait contre la toile du meuble. Il tendit alors la main pour le saisir, mais je l'en empêchai.
« Laisse. Ça attendra », soufflai-je avant de venir l'embrasser de nouveau.
Il hésita quelques secondes, puis répondit à mon baiser avant que ses mains ne se reposent sur mon corps. L'appareil finit par arrêter de vibrer, mais une minute après, il recommença. Je ne voulais plus l'entendre, alors je reculai mes genoux et Jaeheon comprit ce que je souhaitais. Il se leva alors, puis me suivit jusqu'à la chambre où nous nous déshabillâmes sans un mot avant de reprendre ce que nous faisions. Je savais que ça risquait d'être rapide et que dix minutes plus tard, il retournerait probablement broyer du noir, alors il fallait que je le fasse languir, que je fasse durer le plaisir et l'instant un maximum de temps. Au final, il finit par me prendre sauvagement après de longues minutes de préliminaires qui furent presque de la torture pour lui comme pour moi, tellement notre envie était urgente, et il finit par jouir quelques secondes après moi en grognant mon prénom près de mon oreille.
Après ça, il déposa un bref baiser entre mes omoplates, se retira et se leva sans un mot. Il jeta le préservatif, se rhabilla, et partit immédiatement en direction du salon où je me doutais parfaitement de ce qu'il allait faire : regarder son téléphone qui n'avait pas arrêté de vibrer pendant toute notre petite partie de jambes en l'air. Mais en revanche, cette fois, après s'être encore mis à tourner en rond tandis que je sentais le sommeil s'emparer de moi, je l'entendis prendre quelques affaires et quitter l'appartement sans un mot. Un mauvais pressentiment s'empara de moi, mais je décidai de laisser couler. Après tout, j'étais épuisé.
[...]
Alors que je dormais encore, j'entendis la porte claquer, puis du bruit dans l'appartement. Je grognai et me retournai dans les draps, encore totalement nu, quand les bruits de pas se rapprochèrent de la chambre.
« Lève-toi.
– Mmh ? grognai-je.
– Lève-toi. »
J'ouvris les yeux difficilement, me rendant compte qu'il faisait presque nuit et donc que j'avais dû dormir plusieurs heures sans le vouloir, puis je me redressai un peu. En le voyant ranger mes affaires sur la table du salon, je fronçai les sourcils.
« Tu fais quoi ?
– Lève-toi. Habille-toi et pars d'ici.
– Quoi ? Pourquoi ? demandai-je en sortant mes jambes du lit. Qu'est-ce qu'il se passe ?
– Il se passe qu'il faut que tu t'en ailles.
– Ok... »
Je n'allais pas insister. Peut-être que sa folle de copine allait débarquer dans la minute, ou d'autres personnes pour qui je serais indésirable.
« Plus vite, Jungkook.
– Deux secondes enfin ! soufflai-je en enfilant mon pantalon par-dessus mon boxer.
– Non, pas "deux secondes". Tu prends tes affaires et tu sors.
– Mais qu'est-ce qu'il se passe ? Dis-moi ce qu'il se passe !
– Il se passe que tu dois partir.
– Mais pourquoi ? Qu'est-ce qu'il y a de si urgent ?
– À ton avis ?
– Je ne te poserais pas la question si je savais de quoi tu me parles. Ça fait des jours que tu ne prononces pas un mot alors-
– C'est fini. »
Je me tus, surpris, puis fronçai les sourcils.
« De quoi tu parles ?
– De toi et moi. Prends tes affaires et disparais.
– Quoi ? »
Ma voix était partie dans les aiguës. Je n'avais pas bien entendu, il n'avait pas pu dire ça, ce n'était pas possible.
« Il faut que je te le dise comment ? revint-il vers moi avec ma veste, mon sac et mes bouquins. Tu vires.
– Hyung...
– Tu ne croyais pas qu'on allait continuer comme ça encore longtemps ?
– Non mais... »
Si. Bien sûr que si, je le croyais. Et surtout, je le voulais. Mais pourquoi maintenant ? Pourquoi d'un coup ? Alors qu'il y a encore quelques heures...
« Ravale-moi tes larmes, je t'en prie, ce n'était que de la baise. »
Que de la baise ? Pardon ?
« Pourquoi ? m'écriai-je.
– Quoi ?
– Pourquoi ? hurlai-je en envoyant valser tout ce qu'il tenait, seulement vêtu de mon pantalon. Pourquoi comme ça, pourquoi d'un coup ? Pourquoi tu fais si peu d'efforts pour me ménager ?
– Te ménager ?
– Ce n'est peut-être rien pour toi mais moi... Tu sais très bien que moi...
– Je sais. Tu es idiot. Alors va-t'en.
– Idiot ? C'est toi qui as commencé ça !
– Et c'est toi qui as voulu continuer. »
Il avait raison sur ce point. Je ne pouvais pas démentir. C'était moi qui l'avais chassé avant de me jeter sur lui pour passer à autre chose. Sauf qu'au final, j'avais bêtement plongé.
« Je veux savoir pourquoi. Si je dois partir, alors je veux savoir pourquoi.
– Parce que je me suis lassé.
– Tu te fous de moi ? Tu t'es lassé ? Comment tu-
– La sodomie c'est marrant au début, mais quand ça passe tout seul alors il n'y a plus d'intérêt. Je ne te baisais pas pour avoir l'impression de coucher avec une femme. Vu que maintenant c'est le cas, ça n'a plus d'intérêt pour moi.
– Tu es odieux... »
Il ramassa mes affaires que j'avais précédemment jetées et il me les tendit une fois de plus.
« Tu ne t'en es pourtant pas plains, tout à l'heure, dis-je, les yeux remplis de larmes.
– C'était la dernière fois, il fallait en profiter, ricana-t-il. Allez, habille-toi et sors d'ici. »
Je me retournai, cherchai le reste de mes vêtements pour m'habiller, puis je pris ma veste, les livres qu'il me tendait et mon sac. Je me dirigeai vers l'entrée avant de faire demi-tour et je lui envoyai mon poing dans le visage. Il ne s'y attendait pas et gémit en reculant d'un pas, et moi je ne sentis même pas mes os craquer sous l'impact.
« Tu es un connard. Tu n'imagines même pas tout ce que j'ai fait pour toi, tout ce que j'ai supporté pour toi. Tu ne mérites même pas un dixième de ce que je t'ai donné.
– En dehors de ton corps, tu veux dire ?
– Je t'avais... Je t'avais donné mon amour.
– Je n'en voulais pas et je n'en ai jamais voulu. J'ai toujours été clair là-dessus ; si tu t'es imaginé des choses, ce n'est pas mon problème. En revanche, moi je t'ai donné un toit, de la nourriture, des sorties... Tu veux que je continue ? »
Je n'arrivais pas à en croire mes oreilles. Il était tellement odieux, tellement horrible... Il me donnait envie de vomir. Comment est-ce que j'avais pu l'aimer pendant tout ce temps ?
« T'es un connard...
– J'assume.
– Je ne veux plus jamais te revoir.
– Pareillement. »
J'ouvris la porte de son appartement de ma main valide et je la claquai dans mon dos. J'avais le cœur en miette. Je m'empressai de dévaler les escaliers et de partir vers le campus. Je ne sentais plus ma main tellement j'avais mal à la poitrine, tellement j'étais oppressé et que je n'arrivais pas à respirer.
Pourtant, j'avais toujours su que ce jour finirait par arriver. Nous ne parlions jamais de sa copine, jamais de l'avenir, jamais d'un futur ensemble. La seule fois où nous avions programmé quelque chose tous les deux, c'était l'année précédente, lorsque j'étais parti en vacances avec lui et ses amis. C'était la seule et unique fois. Autrement, il venait juste me voir dessiner quand il en avait envie. Je débarquais chez lui pour réviser ou pour réclamer son affection. Je n'étais qu'un élément perturbateur dans sa vie. Dans sa vie de couple. C'était moi qui n'avais pas ma place dans cette histoire, même si j'avais fini par réussir à me persuader qu'il m'aimait mais qu'il ne me le disait pas par gêne. Même si j'avais fini par me persuader que c'était moi qui me faisais tromper lorsqu'il s'en allait sans un mot pour retrouver cette femme maniérée que je n'aimais pas. Même si j'avais fini par me persuader que nous continuerions comme ça pendant des années.
Après de très longues minutes, je finis par arriver près de ma cité universitaire. Je grimpai rapidement jusqu'à ma chambre, ma main droite totalement endolorie, et lorsque je voulus chercher mes clés dans la poche de ma veste, ce fut à ce moment-là que la douleur qui irradiait toute mon ossature tira le signal d'alarme. Je retins un hurlement et tombai sur les genoux en lâchant absolument tout ce que je tenais de mon autre bras. Ma main droite était rouge, mes doigts étaient gonflés, tordus, et j'étais bien incapable de les bouger. Je tentai de les effleurer de ma main gauche mais je ne pus lâcher qu'un sifflement de douleur. Comment est-ce que j'avais pu me faire autant mal, uniquement en lui collant un poing dans la figure ?
Alors, tremblant de tout mon corps à cause de la douleur, mais surtout de la peur qui commençait à m'envahir, je cherchai mes clés de ma main gauche, ouvris la porte de mon mini studio et je me relevai sur mes jambes flageolantes, jetai mes affaires rapidement à l'intérieur avant de refermer la porte derrière moi et d'aller m'affaler dans ma salle de bain. J'ouvris le robinet et glissai ma main sous l'eau froide en espérant que ça me soulagerait. J'hurlai cependant davantage, n'ayant pas pu pincer mes lèvres, et je tombai à genoux une fois de plus.
J'avais tellement mal. Je venais de détruire ma main, en plus de détruire mon cœur et ma vie. Je n'allais plus pouvoir aimer à partir de maintenant, c'était une évidence. Je n'allais plus pouvoir vivre comme avant. Est-ce que j'allais pouvoir continuer de dessiner ? Si ce n'était pas le cas, alors il ne me resterait plus qu'à mourir. Je me relevai difficilement, m'emparai d'une serviette propre que j'enroulai autour de ma main en grimaçant, puis je revins vers la pièce principale. J'avais les yeux brouillés par les larmes, mais il fallait que je répare ce que je venais de faire. Il fallait que j'aille voir un médecin. Est-ce que celui de l'université serait disponible pour une telle urgence ? Est-ce que je devrais tout simplement aller aux urgences à l'hôpital ? Est-ce que je devrais prévenir quelqu'un pour qu'on m'y accompagne ? Est-ce que je devrais appeler Haejoon en priant pour qu'il décroche après tous ces mois ?
Dans tous les cas, j'allais avoir besoin de mes papiers alors il fallait que je les trouve. Je me dirigeai vers mon sac que j'avais balancé dans la pièce en entrant et tentai difficilement de l'ouvrir pour récupérer mon portefeuille. Puis, mes yeux tombèrent sur mon carnet de croquis qui était toujours dedans. Je m'en emparai, la vue encore floue, puis je l'ouvris rageusement et fis tourner les pages de ma main gauche avant d'en saisir certaines et de les arracher avant de les réduire en boules imparfaites et de les jeter à travers la petite pièce. J'avais tellement mal au cœur. Je savais qu'il ne me rappellerait pas pour me dire qu'il regrettait. Je savais qu'il n'y aurait pas de retour en arrière. La forêt lumineuse m'était désormais inaccessible, et le petit portail avait été changé en de hautes grilles de fer forgé.
Je serais assez fou pour retomber dans ses bras même si ce qu'il venait de se passer pourrait se reproduire à l'avenir, mais je savais qu'il ne reviendrait pas me chercher. Les choses étaient trop bizarres ces temps-ci, j'aurais dû comprendre que ça clochait quelque part. Alors ce que je pouvais commencer par faire afin de débuter mon deuil, c'était de détruire tout ce que j'avais de lui, en commençant par ses portraits. Les photos que j'avais prises de lui à la dérobée allaient suivre. Son numéro de téléphone serait ensuite bloqué. Mais je devais d'abord détruire tous les dessins que j'avais pu faire de lui.
Je me relevai alors et me dirigeai vers mon petit bureau. Je m'emparai du large carton à dessin qui était coincé entre le meuble et le mur, et je l'ouvris au sol avant d'éparpiller mes esquisses sur le lino jaune immonde afin de déchirer ses représentations.
Une, deux, trois, de nombreuses feuilles furent ainsi déchirées alors que j'avais passé tellement de temps dessus... Mais mon cœur était déjà détruit. Il ne pouvait plus l'être davantage. C'était pour ça que je devais faire ça maintenant. J'ouvris ensuite un deuxième carton, puis un plus petit, et je tombai sur le premier dessin que j'avais fait de lui. Ce dessin que j'avais fait dans l'un des carnets qu'il m'avait donnés, que j'avais déjà arraché une fois avant de le réduire en boule et finalement de le récupérer. Je le regardai longuement, puis le portait à mon visage. Je plantai mes dents dans le haut de la page, et le cœur lourd, je tirai sur l'autre partie. Le bruit du papier brisa mon cœur une fois de plus tandis que quelques larmes s'échappèrent encore de mes yeux.
Lorsqu'il n'y eut plus de résistance, j'ouvris la bouche et le papier tomba. La coupure n'était pas droite, mais j'avais séparé sa tête, ses mains et son épaule gauche du reste de son corps. Sans le vouloir, le papier s'était déchiré au niveau de son cœur. Et bien égoïstement, j'espérai qu'il ait ressenti cette douleur, autant que moi. Je rassemblai les deux morceaux du dessin de mes doigts tremblants, et un nouveau sanglot s'empara de moi. Je me détestais. Je le détestais aussi, mais je me détestais davantage de m'être autant accroché à quelqu'un pour qui, je le savais, je ne représentais rien depuis le début. Le premier jour, j'étais le gamin timide et intriguant, puis l'apprenti dessinateur coincé et qui rougissait bien trop vite. Je suis ensuite devenu l'enfant pourri gâté qui s'impose, puis le coup d'un soir. J'ai fini par devenir l'amant de manière inattendue. Et je le suis resté. C'était ça, ma place. Jamais elle n'aurait pu changer.
Je m'étais promis de ne jamais voler la femme ou l'homme de quelqu'un d'autre et de ne jamais laisser quiconque me dérober ce qui était à moi. De ne jamais être un poids pour quiconque et de ne dépendre de personne. De vivre pour moi et uniquement moi. Je n'avais pas pu respecter la moitié de ces principes que je m'étais pourtant imposés depuis le décès de ma mère. Que pensait-elle de moi, depuis là-haut ? Me regardait-elle encore, depuis le temps ? M'aimait-elle toujours, malgré le fait que j'aie couché avec un homme à de multiples reprises et que je m'étais laissé humilier de la sorte tant de fois ? J'étais devenu un jouet. N'avait-elle pas honte de moi ? Ne m'avait-elle pas renié depuis le temps ?
Après quelques minutes à pleurer dans mon bras gauche, j'essuyai mes yeux et m'emparai de mon portefeuille avant de me relever maladroitement. Cependant, mes yeux se posèrent sur le cadre accroché au mur. Ce cadre où un arbre en plein mois d'octobre perdait ses feuilles petit à petit sous le souffle du vent que j'avais dessiné de mon crayon gris. Je m'en approchai alors difficilement, le décrochai tant bien que mal tout en manquant de m'assommer avec lorsque le poids ne fut plus supportable d'une seule main, puis je vins le retourner sur la table présente au milieu de la pièce. Ma main droite plaquée contre mon ventre et toujours enroulée dans ma serviette me lançait toujours, mais c'était une douleur constante, comme si elle avait toujours été là. Elle pouvait encore attendre quelques minutes, j'en étais certain. Après tout, si je perdais l'usage de ma main, je ne pourrais plus dessiner. Je ne pourrais plus dessiner des choses qui me détruiraient. Je fis tourner les attaches avec difficulté, puis soulevai la petite planche de carton qui maintenait le dessin en place contre la vitre. Et là, mon cœur s'arrêta. Je sentis les larmes monter de nouveau à mes yeux tandis que je fixais ce nu que j'avais fait un an et demi auparavant. Ce nu qui m'avait valu des éloges de mes professeurs. Ce nu que j'avais fait si sérieusement alors que pourtant, mon cœur battait si vite dans ma poitrine. Il était caché là, derrière cet arbre, depuis tout ce temps. Personne ne le savait, et personne ne l'apprendrait jamais. Le modèle-même n'avait jamais su qu'il était affiché ici, à ma seule vue, à ma seule connaissance.
Comme les feuilles qui tombaient de l'arbre face au vent, mon cœur tombait en morceau au sol face à ses paroles. Pourquoi m'avait-il parlé de cette manière ? Que s'était-il passé ? Est-ce que j'avais vraiment fait quelque chose qu'il ne fallait pas ? Ou est-ce que la situation n'avait aucun rapport avec moi ? Dans tous les cas, il aurait pu me parler calmement. Il aurait pu m'expliquer, me dire qu'il ne pouvait plus supporter de tromper sa copine, que je ne lui plaisais plus... Il aurait pu tout me dire. J'aurais pu tout encaisser. Mais pas ça. Pas la manière dont il m'avait dit les choses. Pas en étant aussi cruel et en ne faisant aucun effort pour ménager mes sentiments. Sentiments qu'il avait tordus et jetés au sol avant de marcher dessus, d'ailleurs.
Il ne me restait plus que ce dessin-là. Mais pourtant, je ne réussis pas à le détruire. Mes jambes me lâchèrent et je tombai sur le bord de mon lit avant d'éclater sous un nouveau sanglot, la main toujours affreusement douloureuse plaquée contre mon ventre. Je ne pouvais pas le détruire. Je ne pouvais pas.
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