[06/10/2020]

Bonjour bonjour !

Et voici enfin le premier chapitre de cette nouvelle histoire ! Je posterai deux fois par mois minimum, ou toutes les deux semaines si cela m'est possible, et ce jusqu'à décembre. Nous verrons comment ça se passera concernant 2021 en temps et en heure ^^/

J'espère que cette petite mise en contexte vous donnera envie de connaître la suite.

Bonne Léocture ! ♥

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« Et toi Jung', tu fais quoi ce weekend ? »

Je relevai le visage vers mon ami et le sondai du regard quelques secondes avant de répondre.

« Je ne sais pas encore.

– Tu veux venir avec nous ? On va au Dureraum ! Ça va être cool !

– Je ne sais pas... Il faut que je demande à ma mère.

– Ah. C'est vrai... »

Je souris avec désolation à mes amis, priant intérieurement pour qu'ils relancent une discussion rapidement. Nous n'avions pas beaucoup d'argent avec ma mère. Le peu qu'elle arrivait à gagner à son travail servait à payer la cage à poule dans laquelle on vivait, et surtout à me nourrir et à me permettre d'aller à l'école. Je savais qu'elle ne voudrait pas que j'aille au cinéma avec mes amis. Enfin, pour être honnête, elle le voudrait, mais elle ne pourrait pas me payer l'entrée. Et je ne lui en voudrais pas. Jamais je ne pourrais lui en vouloir.

Elle se tuait au travail tous les jours, cumulait même des petits jobs supplémentaires parfois pour m'élever au mieux et que je ne manque de rien. J'avais beau lui dire que j'avais juste besoin d'elle et de manger un minimum, elle voulait que je sois en bonne santé, que je puisse faire des études, et qu'un jour, je puisse sortir de cette précarité dans laquelle j'étais né.

Peu m'importait de ne pas avoir le dernier sac à dos à la mode pour aller au collège, le nouveau Sony Ericsson coulissant, de ne pas partir en voyage pendant les vacances ou de ne pas aller dans les parcs d'attraction ou au cinéma avec mes amis. Tout cela était bien futile pour moi.

« Au fait, vous avez fait les devoirs pour le cours de maths ? Il est vraiment trop con ce prof, on n'a pas encore étudié ça ! lança Jimin.

– Mais oui ! J'ai pu les faire parce que j'avais étudié toute seule ce chapitre mais sinon c'était impossible !

– Tu me fatigues à travailler autant ! rigola Haejoon en tapant sur l'épaule de Bora.

– Bah avec ce prof on n'a pas le choix excuse-moi ! »

Je les écoutai commencer à discuter de leur prof et de leur cours tout en souriant, me retrouvant une fois de plus mis à l'écart bien involontairement. Ils étaient tous plus âgés que moi, et je traînais avec eux parce que Haejoon était le fils de la meilleure amie de ma mère.

Je n'avais pas d'amis dans ma classe parce que la plupart des élèves me considéraient comme « celui à ne pas fréquenter ». Parce que j'étais petit, parce que j'étais maigre, parce que j'étais moche, parce que j'étais pauvre. Quand j'étudiais dur pour ma mère, on se moquait de moi en me traitant d'intello raté ; quand je faisais en sorte d'avoir des mauvaises notes pour être plus accepté, on me traitait de crétin raté. Quoi que j'aie pu faire, jamais je n'avais réussi à sortir du lot de la bonne manière, alors j'avais fini par cesser. Peu importe qu'on ne m'accepte pas, qu'on ne m'aime pas. Je n'avais besoin que de ma mère et d'Haejoon.

Mon ami avait deux ans de plus que moi. Grand, toujours souriant, intelligent et d'une gentillesse et d'une patience incroyable, je le connaissais depuis que j'étais petit, étant donné le lien entre nos deux mères. Il était presque comme un grand frère pour moi. Je l'aimais énormément et je savais qu'il m'aimait aussi beaucoup. C'était mon seul réel ami, même si ses camarades de classe étaient gentils et essayaient d'être aimables avec moi à chaque fois qu'ils me voyaient.

Sa petite bande était bruyante et chaleureuse, mais bien souvent, leurs discussions finissaient par me passer au-dessus, et je ne pouvais pas leur en vouloir ; ils ne pouvaient pas être sans arrêt en train de faire attention à ce qu'ils racontaient pour ne pas me laisser à l'écart, ça deviendrait rapidement insupportable. Au moins, ils ne me jugeaient pas et m'acceptaient. Je n'étais qu'une pièce rapportée, mais j'étais une pièce rapportée considérée. C'était plaisant.

« Oh, Bora ! Ça fait longtemps ! »

Je relevai les yeux sur mon groupe d'ami qui se retourna sur un garçon que je ne connaissais pas.

« Kyungie !? Qu'est-ce que tu fais là !? s'exclama-t-elle.

– Je passais dans le coin. Comment tu vas ? »

J'observai ce nouveau venu en silence tandis que leur discussion ne parvint plus du tout à mes oreilles. Il était beau... Il ressemblait vaguement à Kangin des Super Junior maintenant que j'y pensais... Et alors que j'étais perdu dans mes pensées, ses yeux croisèrent soudain les miens et mon cœur loupa un battement donc je me dépêchai de détourner le regard. Merde, c'était quoi, ça ? Il continua cependant sa discussion avec mes amis et je regardai ma montre pour voir quelle heure il était. Il ne fallait pas que je rentre trop tard pour pouvoir préparer à manger pour ma mère. Qu'est-ce que j'allais pouvoir faire d'ailleurs ? Il me semblait qu'il restait quelques légumes... Je pourrais lui préparer une soupe et faire griller quelques légumes pour mettre avec un peu de riz...

« Comment tu t'appelles ?

– Quoi ? »

Ma voix était partie dans les aigus et lorsque je tournai la tête pour voir cet inconnu assis à côté de moi, je sursautai.

« Pardon de t'avoir fait peur, rigola-t-il. Je m'appelle Kyung Jaeheon. Je suis un ami de Bora.

– Je... enchanté. Je... m'appelle Jeon Jungkook. Je suis un ami d'Haejoon. Bora est son amie donc... enfin, comme tout le monde.

– Tu dois aussi l'être, sinon tu ne serais pas ici, me sourit-il. Tu as quel âge ? Tu es en classe avec eux ?

– No-non, je suis encore au collège, je n'ai que quatorze ans.

– Vraiment ? s'étonna-t-il. Je ne pensais pas que tu étais si jeune.

– Je... je vais en avoir quinze en septembre...

– Je vois. J'ai dix-neuf ans pour ma part. Je suis à l'université en économie.

– D'accord... »

J'étais mal à l'aise. Il me regardait, me parlait gentiment, me souriait... Je n'étais pas habitué à ça de la part d'un total inconnu.

« Tu ne t'ennuies pas trop avec eux ? me demanda-t-il alors.

– Non, démentis-je. Ils sont super gentils.

– Mais leurs sujets de discussion peuvent t'échapper, non ?

– Si, des fois, avouai-je.

– Tu as des centres d'intérêt ?

– Euh... oui... J'aime dessiner...

– C'est vrai !? J'admire les personnes qui savent dessiner. Les seuls gribouillages que je fais sont sur mes feuilles de cours, rigola-t-il. Ça ne ressemble jamais à grand-chose car j'ai deux mains gauches. J'aurais beau m'entraîner et essayer de m'appliquer, ça finirait juste par me prendre la tête alors je ne persiste pas.

– Je suis sûr que tu ne dessines pas si mal que ça.

– Je t'assure que si ! Je te montrerai si tu veux.

– D'accord ! lui souris-je.

– Mais toi, tu dois bien te débrouiller j'imagine.

– Oui, c'est la seule chose dans laquelle je suis vraiment doué, souris-je timidement. J'ai quelques dessins dans mon sac, tu veux les voir ?

– Avec plaisir ! »

Je sentis mes joues rougir doucement alors que j'attrapai mon sac à dos pour l'ouvrir et en ressortir un petit carnet de croquis. Je faisais des tas de dessins sur les mêmes pages jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de place afin d'économiser le papier au maximum. Ma mère me l'avait offert pour mon anniversaire et j'y tenais énormément. Il fallait que je le fasse durer le plus longtemps possible.

« Tiens, regarde. »

Je lui confiai mon bien le plus précieux et il souleva la couverture avec soin, comme s'il avait compris à quel point j'avais peur qu'il ne s'abime.

« Wow... murmura-t-il. Tu es super doué...

– Merci... Et encore, là ce ne sont que des petits dessins, je peux faire des trucs encore mieux sur de grandes surfaces.

– C'est vrai ?

– Oui.

– Tu me montreras ?

– Si tu veux... »

Il continua de tourner les pages avec émerveillement et je sentis mon cœur gonfler. Il aimait ce que je faisais et disait que j'étais doué... Je venais seulement de le rencontrer mais il m'avait accepté sans problème. Il aimerait me revoir pour que je lui montre ce que je pouvais faire d'autre ? Je m'emballais sans aucun doute, mais je me sentais léger. Pour la première fois de ma vie, j'avais le sentiment d'avoir trouvé un semblant de place auprès de quelqu'un.