OS - Libre encore
[03/03/2020]
Bonjour bonjour !
Aaaaaaaaaah, ça fait une semaine que je n'ai rien posté et ça fait bizarre quand pendant trois mois on a posté un truc tous les jours XD
Cet OS n'est pas vraiment inédit dans le sens où il a déjà été publié en 2018 dans le Calendrier de l'Avent collaboratif auquel j'ai participé avec plusieurs auteurs de la plateforme. Si vous me suivez depuis quelques années, vous l'avez peut-être déjà lu ^^
Je vous encourage à aller découvrir le recueil si vous avez du temps libre et que vous cherchez de nouvelles choses à lire. Il s'intitule "Inspiration" et est hébergé sur le compte de Lyuushi. Vous pourrez y découvrir des auteurs formidables !
Bref, trêve de blabla, le Coronavirus commence à arriver chez moi et ça se ressent au niveau de mon taf : le magasin où je bosse était quasiment désert aujourd'hui, ça craint. Je ne vais pas vous répéter les consignes de sécurité qui nous sont rabâchées depuis quelques jours/semaines, mais faites bien attention à vous.
J'espère que cette histoire vous plaira (de nouveau ;)) !
Bonne Léocture ! ♥
~~+~~
« Il fait froid, aujourd'hui...
– Mmh. »
Yoongi resserra la chaude couverture sur ses épaules autant qu'il lui était possible, et son ami se rapprocha de lui pour l'emmitoufler. Le plus âgé rigola doucement en cachant son visage sous la laine puis grelotta.
« Tu ne veux pas rentrer ?
– Non. Pourtant j'aime pas l'hiver. Il fait froid, et il fait moche.
– Alors rentrons.
– Non. Je veux rester dehors.
– Je n'ai pas envie que tu attrapes un rhume en plus.
– Je vais bien, 'Seok-ah.
– Tu n'as quand même pas besoin de ça en plus.
– Arrête de me surprotéger, sinon je ne tiendrai jamais. »
Le cœur d'Hoseok se serra tandis que Yoongi regarda autour de lui. Le petit parc de l'hôpital était bien désert aujourd'hui, mais ce n'était pas surprenant.
« Oh, regarde ! »
Hoseok reposa ses yeux sur son ami avant de les lever en l'air, comme il lui avait indiqué de le faire. Le ciel, entièrement recouvert de nuages blancs et gris semblait se rapprocher d'eux toujours un peu plus, jusqu'à les étouffer.
« Quoi donc ?
– Il neige !
– Il neige ? Où t'as vu ça ? »
Yoongi soupira et fit signe à son ami de se rapprocher de lui. Hoseok avança donc vers son aîné d'un pas et se pencha à son niveau. Le plus âgé attrapa donc le menton du brun et le tourna sur la gauche.
« Ça, c'est pas de la neige ?
– Non, je ne pense pas.
– Pourtant, ça se rafraîchit.
– Tu as raison sur ce point. On va rentrer.
– Non, je veux rester dehors.
– Hyung, tu-
– Je veux rester dehors.
– Il fait froid et tu es assez malade comme ça.
– Je ne suis pas malade ! »
Ce cri avait brisé le silence, le temps, et tout ce qui se trouvait autour d'eux dans un rayon d'un bon kilomètre. Il avait aussi brisé Hoseok et ce dernier avait tourné la tête et porté son poing à son visage pour cacher ses lèvres qui tremblaient. Si, Yoongi était malade. Bien trop malade. Il était bien plus sensible au froid que les gens normaux.
« Je ne suis pas malade, Hoseok, dit-il d'une voix tremblante. Je vais bien. Ne viens pas briser ma bulle toi aussi, s'il te plait.
– Excuse-moi. »
Hoseok se rapprocha de Yoongi et s'agenouilla devant lui. Il prit son visage dans ses mains et caressa doucement ses joues glacées de ses pouces.
« Excuse-moi, je ne le dirai plus. Mais rentrons, mmh ? Ça fait déjà longtemps qu'on est dehors.
– Ça ne fait même pas dix minutes. On peut rester encore un peu ? »
Le cœur d'Hoseok se serra. Yoongi l'implorait du regard, alors que ce n'était absolument pas quelque chose d'habituel chez lui. Ce dernier sortit ensuite sa main gauche de sa couverture pour venir saisir les doigts de son ami.
« D'accord, capitula alors Hoseok.
– J'en ai marre d'être enfermé. J'en ai marre de toutes ces infirmières, de tous ces médecins qui me parlent d'une voix douce comme si j'étais un gamin de dix ans. J'en ai vingt-six, je sais ce que j'ai, je sais qu'il me reste peu de temps, mais je ne peux plus vivre enfermé et choyé comme ça. Si je le pouvais, j'enverrais tout balader. Je rentrerais chez nous, je ferais nos valises, je vendrais ma moto et viderais mon compte en banque dans des billets d'avion. On pourrait s'envoler loin d'ici tous les deux, on- »
Ses derniers mots se perdirent contre les lèvres d'Hoseok. Ce dernier n'en pouvait plus. Il cessa le contact et colla leurs fronts doucement.
« Pardon...
– Mmh, c'est bon... »
Le cœur de Yoongi s'était gonflé, mais il lui avait fait encore plus mal. Il savait à quel point Hoseok souffrait, et allait souffrir à l'avenir.
« Tu veux qu'on rentre ? demanda-t-il doucement.
– Comme tu veux... »
Les rôles s'étaient inversés et Yoongi sourit. Il rouvrit les yeux et observa le visage de son compagnon difficilement à cause de leur proximité, puis tourna le regard. Ses yeux s'écarquillèrent et il sortit sa seconde main de sa couverture pour poser les deux sur les épaules d'Hoseok.
« Regarde, il neige ! »
Hoseok se releva alors et essuya rapidement le dessous de ses yeux avant de se retourner. Effectivement, il neigeait. Il observa les flocons tomber, puis reposa ses pupilles sur son compagnon. Ce dernier souriait et tentait de lever ses mains pour saisir quelques petites particules de neige. Il était attendri mais attristé en même temps. L'innocence qui pouvait paraître sur le visage de Yoongi était inhabituelle et lui faisait chaud au cœur, mais elle était aussitôt gâchée par ses capacités physiques qui étaient horriblement diminuées. Hoseok se posa donc à côté de lui et passa son bras autour de ses épaules pour le rapprocher de son corps.
« C'est beau, en fait... souffla Yoongi.
– Bof.
– Tu ne regardes pas bien, c'est pour ça. »
Hoseok garda ses yeux fixes sur le paysage devant lui, sur les arbres qui disparaissaient de quelques centimètres carrés à chaque flocon qui tombait devant. Il sentit les doigts gelés de Yoongi saisir les siens alors il serra sa main fortement en reposant ses yeux sur lui.
« Tu es gelé.
– Oui... On peut rentrer si tu veux. »
Hoseok sourit tristement et se pencha sur son aîné. Il déposa un baiser sur le dessus de son crâne couvert d'un bonnet de laine noire, et il retira sa main doucement. Il réajusta la couverture sur les épaules de son compagnon, puis passa dans son dos, saisit les poignées du fauteuil roulant et ils repartirent en direction du hall de l'hôpital.
Yoongi grimaça en passant les larges portes vitrées. Il n'aimait pas être ici. Il voulait partir d'ici. Mais personne ne le lui permettait. Personne ne voulait qu'il sorte. Il était trop fragile, trop malade, il devait rester à l'intérieur. Mais c'était rester cloitré qui allait le tuer. Il en était convaincu. Hoseok le ramena silencieusement à sa chambre où il le déshabilla puis le porta jusqu'au fauteuil posé devant sa fenêtre. Il l'enveloppa à nouveau de sa couverture, et Yoongi soupira en regardant les jardins se couvrir doucement de blanc.
« C'est tellement beau... »
Hoseok ne répondit pas, posant simplement ses deux mains sur les épaules de Yoongi. Il déposa un baiser dans ses cheveux décolorés et aux racines redevenues noires par le temps et le manque d'entretien, et continua de sourire.
« J'aimerais tellement être en bas et courir à en perdre haleine, faire une bataille de boules de neige comme un gamin avec Taehyung et Jungkook, essayer de construire des trucs avec Jimin en espérant que Namjoon ne brise pas tout en se retournant, pendant que tu discuterais avec Seokjinie-hyung un peu à l'écart. Je t'aurais envoyé une boule en plein visage tout sauf accidentellement et tu m'aurais couru après en hurlant mon nom. Je t'aurais laissé me rattraper parce que tu aurais pu te lasser bien trop rapidement si Jimin t'avait appelé entre temps pour que tu viennes l'aider. Et une fois que tu m'aurais rattrapé, tu m'aurais plaqué contre le sol avant d'essayer de me noyer sous la neige pour te venger.
– Et après, reprit Hoseok, la voix tremblante, je t'aurais embrassé pour me faire pardonner. On serait rentrés à la maison, je t'aurais fait couler un bain chaud, et tu l'aurais pris pendant que j'aurais été préparer à manger... »
Hoseok s'arrêta là. Les sanglots coincés dans sa gorge l'empêchaient de continuer. Mais Yoongi ne voulait pas arrêter de rêver. Il remonta ses mains difficilement jusqu'à ses épaules et saisit celles de son compagnon.
« On aurait mangé. Et après on aurait été se coucher. On aurait fait l'amour encore et encore, et on se serait endormis l'un dans les bras de l'autre.
– Mmh. »
C'est tout ce qu'avait eu la force de répondre le plus jeune. Il laissa son visage chuter sur le crâne de Yoongi et y déposa un baiser plein d'amour.
« Tu restes dormir avec moi ce soir ? souffla le décoloré.
– J'aimerais bien, mais tu sais que je ne peux pas...
– Mais tu l'as déjà fait !
– Et je me suis fait engueuler à chaque fois pour m'être planqué quand ils viraient tout le monde. »
Yoongi rigola doucement et pencha la tête en arrière. Hoseok descendit son visage vers le sien et déposa un baiser sur son front.
« En plus je travaille tôt demain matin, c'est moi qui fais l'ouverture de la boutique.
– D'accord.
– Mais je reviens te voir demain soir.
– Repose-toi aussi.
– C'est quand je suis avec toi que je me sens reposé. Ne t'en fais pas. »
Hoseok l'embrassa à nouveau doucement et Yoongi se laissa faire en souriant, même si son cœur était serré. Il savait qu'Hoseok était épuisé de ce rythme de vie, et que ça lui faisait du mal de voir l'état dans lequel il était. S'il n'avait pas attrapé cette putain de grippe il y a deux mois, tout ça ne serait pas arrivé. Trois semaines après avoir été contaminé, il avait commencé à ressentir des douleurs dans ses jambes, puis une certaine faiblesse, jusqu'à ne plus être capable de les bouger. Hoseok l'avait bien évidemment emmené de toute urgence à l'hôpital le plus proche, et après de nombreux examens neurologiques comme physiques, le résultat était tombé. Yoongi était atteint du syndrome de Guillain-Barré, une maladie auto-immune qui s'attaquait au système nerveux périphérique. Il avait perdu ses jambes en un mois seulement, sans ne pouvoir rien faire. Et sa pathologie semblait être du cas le plus grave. Les médecins étaient convaincus que sa paralysie ne ferait qu'augmenter, et que petit à petit, Yoongi perdrait l'usage également de ses bras, de sa nuque, et qu'il finirait par mourir d'un problème respiratoire ou cardiaque.
Ce dernier avait été clair à propos d'une chose : si pour rester en vie, on devait l'intuber, et qu'il n'aurait plus que ses yeux et ses oreilles pour savoir comment le monde tournait autour de lui, alors il préférait qu'on le laisse mourir. Hoseok était contre. Parfaitement contre. Mais il comprenait la décision de son compagnon, alors il lui avait promis qu'il le laisserait partir à contrecœur.
Seuls dans la chambre face à la fenêtre, Yoongi n'ajouta rien de plus. Hoseok finit par le déposer dans son lit délicatement, et par s'asseoir à ses côtés même si la place était restreinte. Ils appelèrent plusieurs de leurs amis en facecam et cela fit du bien à tout le monde. Puis, Yoongi se blottit contre Hoseok et ferma les yeux en le serrant dans ses bras, jusqu'à ce que les infirmières viennent leur dire, comme chaque soir, que l'heure des visites était terminée.
[...]
Le mois de décembre était passé sans grand changement, même si Yoongi restait en observation quotidienne. Janvier aussi. Février aussi.
En mars, l'état de Yoongi s'était empiré. Il avait perdu l'usage de ses bras et sa nuque était de plus en plus rigide. Hoseok ne pouvait se retenir de pleurer à chaque fois qu'il le voyait. Yoongi ne s'y était pas encore fait, et nombreuses étaient les fois où il tentait de se pencher pour saisir un objet, ou qu'il souhaitait pointer quelque chose du doigt. Il se sentait fatigué, horriblement diminué, il avait de plus en plus l'impression d'être un boulet pour tout le monde et cela commençait à jouer encore plus sur son moral. Des fois, il souhaitait être décédé dans cet accident de moto il y a trois ans, ou lors de sa chute du toit de chez ses parents il y a cinq ans. Ça aurait été beaucoup plus simple. Et rapide. Pour lui, mais aussi pour les autres. Tout le monde aurait été choqué et horriblement triste, mais ça n'aurait duré que quelques minutes avec un peu de chance, quelques heures tout au plus. Là, certes, son entourage était conscient de tout ça et avait le temps de s'y préparer, mais ils vivaient chaque jour dans la peur que ça empire encore plus et qu'il ne soit plus du tout capable de pouvoir bouger. Ça allait finir par arriver, s'il ne s'en allait pas avant. Et Yoongi ne supportait plus de voir l'inquiétude de ses visiteurs même s'ils arrivaient en souriant.
Nous étions en avril, et le printemps commençait à pointer son nez. Yoongi aimait le printemps, Hoseok également. Alors comme chaque jour, ce dernier était venu lui rendre visite, et il l'avait sorti tranquillement dans le parc de l'hôpital. Hoseok lui racontait sa journée, comment ça s'était passé au travail, les personnes qu'il avait pu croiser, et également comment il avait passé sa soirée de la veille. Et Yoongi l'écoutait parler calmement. De temps à autre, il sentait le timbre de son compagnon vibrer sous l'émotion, et il crispait les coins de sa bouche pour empêcher ses lèvres de trembler.
Arrivés sur une petite butte, le regard perdu sur l'herbe verte et les fleurs, Hoseok s'arrêta. Yoongi observa le paysage qui s'étendait devant eux. C'était le même que d'habitude : le parc de l'hôpital, qu'il voyait depuis des mois, même si les saisons s'étaient enchaînées depuis son arrivée. Quand il regardait au loin, au-delà des grilles et des arbres, il voyait la ville qui l'appelait, qui le voulait. La ville voulait qu'il foule à nouveau son asphalte de ses pneus, ses trottoirs de ses semelles compensées, ses rues de ses rires, de ses respirations et de la fumée de ses cigarettes. Il voulait y retourner, partir d'ici, mais il savait que maintenant, plus personne ne le laisserait s'en aller. Personne ne le laisserait plus quitter l'établissement médical. Il savait qu'il finirait ses jours ici. Et il savait que ça serait pour bientôt. Très bientôt. Il se sentait partir. Et il en avait peur autant qu'il souhaitait que ça arrive rapidement. Yoongi n'en pouvait plus. Il voulait que tout s'arrête, il voulait partir, mais il savait que personne ne le laisserait s'en aller aussi simplement. Il ne voulait pas que sa maladie dégénère jusqu'à ce qu'il ne soit plus capable que de bouger ses yeux. Il ne voulait pas qu'on l'intube pour l'empêcher d'étouffer. Il ne voulait pas mourir. Mais il ne voulait pas vivre comme ça. Alors plus il était loin de sa chambre et de tout ce matériel médical, mieux il se sentait. Mais dernièrement, même ça ne le faisait plus se sentir mieux. Cependant, il ne disait rien à personne. Il ne voulait pas qu'on le regarde avec encore plus de tristesse et de pitié, même si ses difficultés respiratoires n'étaient un secret pour personne depuis un petit moment.
« Tu sais que... Jimin est passé ce matin ? murmura alors Yoongi.
– Jiminie ? Non. Il va bien ?
– Oui. Quand il n'est pas... avec moi en tout cas.
– Pourquoi ça ?
– Il a fondu en larmes en me voyant. Et... je n'ai même pas pu le réconforter. Vu que je n'ai plus de bras tu vois, hahaha...
– T'es con, sourit Hoseok.
– Cet homme est un ange.
– Oui... »
Hoseok passa tendrement ses bras autour du cou de Yoongi et déposa un baiser sur le dessus de son crâne avant de poser son menton dessus.
« Ça fait un... moment que je n'ai pas vu Jungkook... non plus. J'imagine que ses cours... lui prennent du temps.
– Oui. »
Ce n'était pas l'unique raison, mais aucun des deux n'était dupe. C'était dur pour leurs amis de venir le voir et de s'apercevoir encore un peu plus de son état qui s'était dégradé. Ils préféraient rester loin, en se disant que ça serait moins dur. Mais ce n'était pas le cas. Yoongi commença soudain à avoir énormément de mal à respirer. Sa vue se troubla quelques secondes et il voulut poser sa main droite sur les bras d'Hoseok. Mais il ne pouvait plus.
« 'Seok-ah, tu... tu peux...
– Mmh ?
– Je veux... sortir du fauteuil...
– Hyung...
– S'il te plait... »
Hoseok desserra donc son étreinte et contourna le fauteuil de son compagnon. Il détacha délicatement les ceintures qui maintenaient son corps immobile dans la chaise roulante et tenta de le prendre dans ses bras doucement. Yoongi était encore plus léger que d'habitude et ça lui faisait horriblement peur.
« Tu manges ce qu'ils te donnent ? demanda-t-il en se redressant. Je peux te porter sans problème.
– Je mange peu, je n'ai pas faim.
– Hyung...
– Ils me mettent des perfusions quand... quand je refuse de manger. Ce n'est pas comme si je pouvais... rétorquer. »
Yoongi ricana difficilement mais Hoseok resserra sa prise sur le faible corps de son ami. Il ne trouvait pas ça drôle, lui. Mais à quoi bon le dire.
« Tu veux t'asseoir là ? demanda le plus jeune en faisant un signe de tête vers l'arbre planté à leur gauche.
– Oui. »
Hoseok y porta donc Yoongi et le déposa délicatement dans l'herbe.
« Tu peux tenir ? demanda le brun en maintenant la nuque de son compagnon de sa main.
– Tu sais... bien que non, je suis une poupée de coton. Une petite peluche. Une-
– Oui, oui, j'ai compris, sourit doucement Hoseok. Je vais t'allonger alors.
– Oooh, tu... deviens entreprenant ?
– Ferme-la. »
Hoseok sourit sincèrement et allongea délicatement Yoongi dans l'herbe. Il se hâta ensuite de s'asseoir derrière lui, les jambes écartées autour du corps du plus âgé. Il glissa sa main droite sous le crâne de Yoongi, puis jusqu'à sa nuque qu'il maintint le temps de glisser sa cuisse en dessous. Puis, passant ses mains sous ses aisselles, il tira le corps de son compagnon doucement contre le sien, jusqu'à ce que Yoongi soit assis entre ses jambes.
« Heureusement que... je ne t'ai pas... chronométré, ricana Yoongi.
– Tu vas bien ? s'inquiéta alors Hoseok.
– Oui. »
C'était faux. C'était de plus en plus dur pour lui de respirer. Il commençait à avoir peur. Il sentait les larmes monter à ses yeux. Mais il ne voulait pas lui montrer.
« Serre-moi... contre toi... »
Hoseok glissa ses bras autour du faible corps de Yoongi et le serra contre lui. Cependant, son cœur se brisa. Son ami ne réagissait pas, son corps n'était plus son corps, il n'en était plus maître et c'était comme s'il serrait une peluche géante dans ses bras. Yoongi n'était plus Yoongi. Et le cœur de ce dernier se brisa à son tour. Il ne pouvait plus serrer Hoseok contre lui, même saisir ses mains et enlacer leurs doigts lui était désormais impossible. Il ne sentait même pas les bras de son compagnon autour de son corps, sa chaleur contre lui, il se sentait seul, horriblement seul, horriblement froid, horriblement mort. Même respirer lui demandait un effort considérable depuis tout à l'heure. Il sentit les lèvres d'Hoseok embrasser doucement son oreille droite, et il ferma les yeux en souriant. Des larmes s'échappèrent de ses cils et longèrent ses joues dorées. Il tenta de prendre sa respiration à deux reprises, mais ses poumons ne répondaient plus.
« Hoseok... souffla-t-il.
– Oui ? »
Yoongi ouvrit la bouche mais aucun son n'en sortit, en dehors d'un étrange sifflement. Il sentait son cœur s'affoler à la recherche d'oxygène. Hoseok pencha immédiatement le corps de son compagnon sur la gauche pour le regarder. Les yeux de Yoongi fixaient le ciel au dessus de lui, brillants de larmes. Il voulait être dans l'avion qui passait au-dessus d'eux. Il voulait partir loin d'ici avec Hoseok. Il voulait élever sa main vers les cieux et essayer d'attraper l'engin, mais plus rien dans son corps ne répondait. Hoseok prit donc sa main dans la sienne et la tendit vers le ciel.
« Accroche-toi, trembla sa voix. Regarde, on peut y arriver. On le prendra, le prochain avion.
– Je... »
Hoseok glissa ses doigts entre ceux, glacés, de Yoongi, et serra sa main.
« Je...
– Ne le dis pas, craqua Hoseok. Ne le dis pas, je t'en supplie... »
Il laissa son visage tomber sur l'épaule de Yoongi et continua de serrer son corps immobile contre lui.
« Comment tu veux que je te laisse partir... Je pourrais te ramener immédiatement à l'hôpital et les laisser t'intuber, tu sais... »
Yoongi sourit faiblement à travers ses larmes, puis il ferma les yeux et tenta de respirer. C'était vraiment difficile, il avait l'impression que ses voies respiratoires s'arrêtaient en bas de sa gorge, qu'il n'y avait plus rien en dessous pour faire circuler l'air. Il étouffait, il le savait. Mais il préférait ça. Il préférait mourir ici, au soleil, avec un avion au-dessus de lui emmenant ses rêves et son futur ; l'odeur du printemps et de ses fleurs chatouillant ses narines et son odorat affaiblit à chaque petit coup de vent ; et dans les bras d'Hoseok. Il préférait ça à survivre encore quelques semaines ou quelques mois mais branché continuellement à une machine pour l'aider à respirer et ainsi le maintenir en vie, incapable de bouger, de parler, coincé dans une chambre blanche où se suivraient sans fin les médecins et ses proches en larmes. Il préférait partir maintenant. Certes, il aurait préféré vivre encore quelques années, à ses côtés, mais pas ici, pas comme ça. Il préférait s'en aller et le libérer. Hoseok méritait de continuer à vivre, il méritait de tout recommencer. Il savait qu'il l'avait aimé et ça lui suffisait. Yoongi tenta de resserrer ses doigts sur ceux de Hoseok, en vain. C'est ce qui lui faisait le plus mal, il n'était plus capable de lui montrer son amour.
« 't'aime... »
Hoseok se figea, puis pleura de plus belle en écrasant le corps du plus âgé contre lui.
« Je te déteste », souffla-t-il.
Il déposa un baiser sur la gorge insensible de Yoongi qui se contractait nerveusement sous sa respiration plus que difficile.
« Je te déteste, Min Yoongi. »
Ses baisers remontèrent sa peau glacée jusqu'à son visage. Ses yeux croisèrent ceux, terrifiés, implorants et débordants d'amour de Yoongi, et son cœur se brisa une fois de plus. Il bougea doucement de façon à ce que le buste de son ami repose sur son bras gauche, et sa main droite glissa sur sa joue.
« N'aie pas peur, hyung, trembla sa voix, tout va bien aller. »
Il déposa un baiser sur ses lèvres et ferma fortement ses paupières d'où s'échappèrent de grosses larmes.
« Je t'aime, je t'aime, je t'aime, souffla-t-il contre le visage de son aîné. Ne l'oublie jamais. »
Yoongi hocha difficilement la tête. Non, il ne l'oublierait jamais. Il espérait qu'Hoseok n'oublierait jamais non plus à quel point lui aussi l'avait aimé, même s'il voulait avant tout qu'il puisse recommencer une nouvelle vie et sourire à nouveau.
« 'Seok-ah... »
Hoseok releva son visage et observa Yoongi. Il essuya doucement ses larmes, puis caressa son visage du bout de ses doigts. Il prit ensuite sa main gauche et la passa derrière sa nuque pour avoir l'impression que son compagnon le prenait dans ses bras, au moins une dernière fois.
« Je t'aime. »
Yoongi sourit tristement une seconde avant que son visage ne se transforme une nouvelle fois sous les spasmes que sa respiration bloquée créaient dans le reste de son corps encore valide. Alors Hoseok lui sourit une dernière fois, déposa de doux baisers sur tout son visage en le serrant encore plus fortement contre lui, puis il murmura une nouvelle fois à quel point il l'aimait contre ses lèvres avant de les caresser d'un ultime et fatal baiser. Yoongi se sentit partir, son cerveau commençant à saturer sous le manque d'oxygène. La liberté lui tendait les bras, Hoseok l'aidait à s'en aller avec tout l'amour qu'il éprouvait pour lui. C'était cruel, dans un sens. Mais quelle plus belle façon de mourir que sous le baiser de la personne que l'on aimait le plus au monde. Yoongi en était persuadé.
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