Chapitre 𝟰𝟲 - Sous tes écailles
[07/10/2020]
Bonjour bonjour !
J'ai failli écrire ma date de naissance à la place de la date d'aujourd'hui, j'suis grave xD
Bon, rien de spécial à dire aujourd'hui en dehors du fait que j'ai officiellement fait un pas de plus vers la tombe XD
Concernant cette update, je n'arrive pas à croire qu'on en soit déjà rendus à là. Je me suis inspirée encore et toujours de la traduction du Livre des morts de Grégoire Kolpaktchy, comme expliqué dans l'intro et la biblio. Ce chapitre est également un de mes préférés, mais il est lourd alors bon courage :')
J'espère qu'il vous plaira tout de même.
Bonne Léocture ! ♥
~~+~~
« Inspiré par Horus, je m'envole tel un grand Faucon d'Or et plane à travers le domaine de Nout. Quittant mon cercueil voyageant sur la barque Mesektet, je vole jusqu'à la barque Mandjit de mes ailes puissantes et longues de quatre coudées. Et alors que l'Ennéade m'accueille, je m'adresse à eux. »
Aapep fit une légère pause et reprit, tandis que le fils de Pharaon le regardait toujours, admiratif, et bercé par ses paroles qu'il entendait à peine, le visage soutenu par son poing droit.
« Me voici devant vous, ô, dieux anciens, fils et filles de Shou et Tefnout. Regardez-moi ! »
Appuyé sur ses coudes, le jeune homme repoussa la page de papyrus et en saisit une autre.
« C'était la transformation en Faucon, ça ? demanda le prince.
– Oui, c'était le chapitre de la métamorphose du défunt en Faucon d'Or.
– Ça n'a pas du tout parlé de transformation, dit-il en faisant la moue, je m'attendais à un peu de magie. Le titre est trompeur.
– Tu es infernal, sourit le prêtre. Le chapitre suivant est un de mes préférés. »
Il se racla la gorge et recommença sa lecture.
« Ô Premiers nés de Nout, écoutez mes paroles. L'usage de mon larynx m'a été rendu par Nepra, mais ne révélez à personne le discours dont je vais vous faire part, car Maat surveille et pourrait vous entendre. »
Hotepaton, le regard toujours posé sur son ami, leva doucement sa main gauche et la porta au-dessus de sa nuque.
« En vérité, Osiris parle par ma bouche. J'accomplis mon dessein et mes créations grâce à la puissance de mon âme et la force de mon Verbe. Les morts s'inclinent devant moi car je suis, moi, l'é- arrête. »
Il bougea ses épaules pour que les doigts de son ami quittent sa peau.
« L'égal d'Osiris, Roi du monde de-
– C'est toi, le Faucon d'Or. »
Aapep soupira, ferma les yeux, puis tourna la tête vers son ami.
« Quoi encore ?
– Je dis que c'est toi. Tes ailes sont cachées sous tes cicatrices.
– Très bien, disons ça, sourit-il avant de retourner à sa lecture.
– J'aurais dû rester. »
Le plus jeune se figea, puis soupira.
« Non, ça aurait causé encore plus de problèmes.
– Mais j'aurais pu te défendre !
– Ce n'est rien, je t'ai dit. Vas-tu me laisser finir ? C'est toi qui voulais que je te lise quelque chose à l'origine.
– Je sais... mais je n'arrête pas d'y penser. Dès que je te vois...
– Alors ne me regarde pas. Problème résolu. »
Il soupira de nouveau fortement avant de reprendre sa respiration pour continuer. Cependant, Hotepaton l'empêcha une nouvelle fois de lire la suite du texte sacré.
« Pourquoi a-t-il hurlé "djayt" ? »
Aapep serra les dents. Pourquoi fallait-il qu'il se rappelle de ça ?
« Aucune idée. »
Il inspira fortement et reposa ses yeux sur le texte. Il ne voulait pas en parler.
« Les-
– C'était ça, ton nom ? »
Le cœur du plus jeune loupa un battement.
« C'est pour ça que tu ne voulais pas me le donner ? Ils t'appellent comme ça, là-bas ?
– Je ne veux pas en parler.
– Pourquoi "crime" ? »
La poitrine du prêtre se serra et il déglutit difficilement.
« Parce que le monde est pourri, murmura-t-il. Mais c'est du passé, maintenant. J'ai un nouveau nom. Grâce à toi. »
Il tourna la tête sur sa gauche, puis se redressa pour rouler les petits papyrus. Il n'avait plus envie de lire et il savait que son aîné n'était plus d'humeur à écouter quoi que ce soit.
« Ils ont raison, dans un sens... »
Aapep se figea tandis que son cœur se brisa doucement.
« Ah oui ?
– Oui. Je ne m'en étais jamais rendu compte...
– Alors tu devrais t'en aller... trembla sa voix.
– C'est un crime d'être aussi beau... »
Aapep écarquilla les yeux, puis pouffa doucement en se retournant vers son ami.
« Tu es sérieux, là ?
– Oui. Pourquoi ?
– Parce que tu m'as fait peur. J'ai cru que... »
Il ne termina pas sa phrase et tourna de nouveau le dos à son ami.
« Tu es bête, sourit tendrement Hotepaton.
– Pour t'accueillir aussi souvent chez moi, c'est certain.
– Arrête d'être de mauvaise foi, mon ami, rigola le prince. Si ton nom était à prendre au sens littéral, alors sa réelle signification serait ta beauté. Intérieure comme extérieure.
– Je ne suis pas beau. En aucune façon.
– Si. Et en plus de ça, tu es une tête de mule. »
Aapep rangea les petits rouleaux dans une boîte de bois qu'il remit à sa place près de celle contenant son matériel d'écriture, puis il revint s'allonger sur son minuscule lit en posant sa tête entre ses bras pliés, le visage vers la gauche pour ne pas voir son ami. Cependant, Hotepaton ne le quitta pas un seul instant du regard, et après quelques minutes de silence, il remonta sa main sur le crâne de son ami et le caressa doucement avant que ses doigts ne viennent effleurer sa nuque.
« J'aurais dû rester...
– Ne vas-tu donc jamais cesser ? soupira Aapep en se tournant sur son côté droit, lui tournant ainsi le dos.
– Non. Je m'en voudrai toute ma vie.
– Tu es idiot de souhaiter culpabiliser autant de temps pour une chose aussi idiote.
– Elle n'est pas idiote.
– Toi tu es idiot.
– Il n'y a aucun rapport. »
Aapep sourit malgré tout et son ami pouffa doucement. Il continua de l'observer en silence, profitant de la faible flamme encore brillante près d'eux tant qu'il le pouvait.
« Allez, il est tard, dit le prêtre, il faut qu'on dorme. »
Il expira profondément et bougea un peu pour être allongé confortablement, ses bras repliés contre son corps. Il était épuisé par cette journée. Et reparler de ce jour sombre où les anciens prêtres d'Amon étaient encore venus déverser leur haine sur lui n'avait pas été la meilleure chose à faire. Il voulait oublier tout ça, juste profiter de l'instant avec son ami, comme toujours.
« Tu aurais dû tout me dire... Je n'aurais jamais insisté pour qu'on aille là-bas non plus... J'aurais pu attendre d'être pharaon...
– N'en parle plus. S'il te plaît.
– D'accord. Pardon. »
Hotepaton inspira et ferma les yeux, mais il savait qu'il n'arriverait pas à s'endormir immédiatement. Trop de choses le travaillaient.
De longues minutes passèrent et le prince n'arriva pas à trouver le sommeil. Il rouvrit donc les paupières et ses pupilles tombèrent sur son ami. Il reprit son observation en silence à contrejour, et après un instant, il se rapprocha petit à petit de son corps, puis posa sa main sur sa hanche. Ce dernier se tendit, ses yeux se rouvrant d'un coup, et sa respiration se coupa. Incapable de prononcer le moindre mot, Aapep attendit de voir ce que son ami allait faire. Allait-il le prendre dans ses bras ? Après tout, c'était ce qu'il avait fait quelques heures auparavant quand il avait déboulé dans le temple.
En voyant l'état de la peau de son ami, le prince avait été affolé, puis en colère quand il avait fait le lien avec son départ précipité lors de sa dernière visite. Il avait sauté sur Aapep et l'avait serré fortement dans ses bras en s'excusant et en lui disant qu'il le vengerait, puis il s'était détaché de lui et avait voulu partir en direction du temple d'Ipet-sout, la rage prenant place dans tout son corps.
Personne n'avait le droit de lever la main sur lui. Personne n'avait le droit de le blesser. Personne. Personne n'avait le droit de le toucher. Pourquoi n'était-il pas resté pour le défendre ? Il aurait dû insister. Il aurait dû se faire battre à sa place. Pharaon les aurait ensuite fait condamner. Le roi était contre la violence, mais il ne pardonnerait jamais que quelqu'un ait pu faire du mal à son fils. Le jeune prince était rongé par la culpabilité et par la douleur. Il souffrait de voir que son meilleur ami avait été frappé. Lui qui méritait tellement d'amour... Et Hotepaton en avait tellement à lui donner.
Le fils d'Akhenaton ne fit rien pendant plusieurs secondes, puis, ne pouvant plus tenir, il avança son visage et posa ses lèvres dans la nuque de son cadet. Le cœur d'Aapep loupa alors un battement et ses yeux s'écarquillèrent. La bouche du plus âgé glissa doucement dans le creux de son cou tandis que sa main précédemment posée sur sa hanche remonta sur son coude et longea lentement son bras. Puis, ses lèvres caressèrent le haut de son épaule, et alors que ses doigts vinrent saisir la manche de la tunique pour que sa bouche puisse continuer son chemin sur la peau bronzée et désormais couverte de chair de poule, le prêtre remonta immédiatement son vêtement et se redressa.
« Qu'est-ce que tu fais ? trembla sa voix.
– Je... Je ne sais pas... »
Aapep se leva et traversa la petite pièce pour venir s'accouder à sa fenêtre.
« Excuse-moi... murmura Hotepaton. Je ne sais pas ce qu'il m'a pris... »
Le serviteur d'Amon resserra ses doigts sur son vêtement, d'étranges sensations continuant de se développer dans sa poitrine et dans son ventre.
« Tu es... »
Aapep attendit la suite de la phrase, mais elle ne vint pas. Alors après de longues secondes de silence, il réussit à entrouvrir de nouveau ses lèvres.
« Je suis ?
– Magnifique. »
Le benjamin eut du mal à retenir un petit sourire, puis il baissa la tête en fermant les yeux, ses doigts relâchant son vêtement pour se poser sur son épaule qu'il écrasa légèrement.
« Je ne suis pas magnifique.
– Si. Et tu es pur. Tellement pur.
– Je ne suis pas pur, je te l'ai déjà dit. Et puis tu le sais. Tu as toi-même dit que j'étais un serpent et tu m'en as donné le nom.
– C'est parce que je sais que sous ces écailles, il y a quelqu'un de beau et de pur.
– Sous ces écailles... ricana Aapep.
– Oui. Sous tes cicatrices. »
Les ongles du prêtre s'enfoncèrent dans sa peau et dans son vêtement, ses dents se serrèrent, puis il releva la tête.
« Sous mes cicatrices ?
– Oui. Mais même avec, tu es beau. Tu-
– Arrête de dire ça. Tu ne me connais pas.
– Bien sûr que si je te connais ! rétorqua le prince en se redressant à son tour pour s'asseoir en tailleur. Pourquoi continues-tu de-
– Tu veux savoir d'où elles viennent, ces cicatrices ? demanda alors Aapep en faisant volte-face. Tu veux savoir pourquoi je ne suis pas beau ? Pourquoi je ne suis pas pur ? Pourquoi ils m'ont affublé de ce nom horrible ? Pourquoi je prie pour Seth, Anubis et Apophis ? Pourquoi je suis seul dans ce temple depuis des années ? »
Hotepaton resta muet. Il ne s'attendait pas à ça. Et bien qu'il sût qu'obtenir ces informations pourrait être dangereux, il hocha pourtant la tête.
« Alors je vais te le dire. J'ai été déposé dans ce temple alors que je n'étais qu'un bébé. Je ne sais pas qui étaient mes parents, et j'ai grandi ici parmi de nombreux prêtres. Parfois j'allais à Ipet-sout, mais la plupart du temps je restais ici parce qu'on ne voulait pas de moi. Je me pliais en quatre pour répondre à leurs exigences mais j'avais l'impression que ce n'était jamais assez. Et puis un soir, alors que je ne dormais pas encore, j'ai entendu du bruit. Je suis sorti et je suis tombé sur trois voleurs qui venaient de violer l'enceinte du domaine d'Amon. J'ai hurlé pour prévenir tout le monde, pour demander de l'aide, j'ai fait tout ce que j'ai pu pour les empêcher de nous voler. Mais je n'étais qu'un gamin. J'ai été frappé, j'ai été souillé, et Amon a été bafoué. Et tu sais quel est le plus drôle dans tout cela ? Lorsque les prêtres sont enfin arrivés, c'est sur moi que la faute est retombée. Je n'avais pas réussi à protéger notre dieu et je nous avais couverts de honte. Malgré leur statut d'hommes de religion parfaits et blancs comme neige, ils ont essayé de se débarrasser de moi à de multiples reprises, que ça soit en m'empoisonnant ou en tentant de me sacrifier pour diverses raisons. Mais à chaque fois, j'ai étrangement échappé à mon sort, comme si Anubis ne voulait pas s'occuper de mon corps, comme si Osiris ne voulais pas de moi non plus. Ils ont fini par m'ordonner prêtre mais leur dégoût à mon égard n'a jamais changé. Mon nom ne signifie pas que "crime", il peut aussi vouloir dire "le mal" ou "impur". C'est ce qu'ils préfèrent comme signification. "Impur". »
Il avala sa salive, un sourire mauvais aux lèvres.
« Mes cicatrices viennent de ce soir-là où le temple et ma personne ont été souillés. Veux-tu savoir pourquoi je suis seul ici depuis toutes ces années, maintenant ? »
Hotepaton avait des sueurs froides. Il ne voulait pas croire ce qu'il venait d'entendre, il avait même du mal à assimiler les éléments. Pourtant, il hocha la tête faiblement. Aapep se rapprocha alors doucement de lui, glissa sa main sous la couverture sur laquelle il était couché jusque-là, puis il en ressortit son poignard. Et en une seconde, la pointe de la lame se retrouva sous le menton du prince qui crut mourir pendant un instant. Il avait peur. Pourtant, déglutissant difficilement, il parvint à replonger ses yeux dans ceux de son ami qui le regardait avec un sourire moqueur.
« Veux-tu vraiment connaître la réponse, mon prince ? »
L'aîné déglutit une fois de plus difficilement.
« Oui... souffla-t-il.
– Alors je vais te la donner. »
Aapep laissa la lame glisser lentement jusqu'à quitter sa peau, puis il rapprocha son visage du sien et vint chuchoter à son oreille.
« Je les ai tous tués. »
Hotepaton se figea et son cœur arrêta de battre pendant quelques secondes. Quoi ? Qu'avait-il dit ? Aapep s'éloigna alors de lui et porta ses deux mains à la griffe qui maintenait sa tunique avant d'en faire tomber le haut, dévoilant ainsi son buste nu et déchiré.
« Tous. Un par un, leur offrant les mêmes blessures que celles que j'avais reçues. Leurs âmes étaient déjà souillées et corrompues depuis des années, en ça, ton père a eu raison de mettre en place son culte de dieu unique et de récupérer leur or ; ils en avaient bien trop et se considéraient comme son égal, comme les égaux des dieux. Ils n'en avaient pas le droit.
– Et...
– Oui ?
– Qui... Qui le sait ?
– Tout le monde le sait, à Ipet-sout. Enfin, ils n'ont aucune preuve, mais ils ne sont pas idiots, ils ont deviné. C'est aussi pour cela qu'ils m'ont confiné ici. Je ne les ennuie pas, et ils ne m'ennuient pas ; c'est une sorte d'accord tacite. »
La peur se voyait dans les yeux du fils de Pharaon qui n'arrivait pas à détacher son regard du corps de son ami. Ami qui se rapprocha une fois de plus de lui, posant un premier genou sur le lit de fortune, puis un second avant de coller son visage au sien.
« Alors, mon prince, me trouves-tu toujours aussi beau ? Me trouves-tu toujours aussi pur ? Veux-tu toujours toucher mon corps et embrasser ma peau ? Es-tu heureux de savoir ce que je cachais sous mes écailles ? »
Hotepaton avala sa salive difficilement et finit par reculer et détourner les yeux. Il n'arrivait pas à croire ce qu'il venait d'entendre. Il ne voulait pas y croire. C'était impossible. Et pourtant, il sentait dans ses veines que tout était vrai. Pourquoi lui raconterait-il cela si ce n'était pas le cas, d'ailleurs ?
Sans trop savoir pourquoi, il replongea ses yeux dans ceux de son ami et leva sa main tremblante pour venir la poser sur sa joue. Aapep se figea, ne s'attendant pas à cela, et il perdit son sourire.
« Je... Je m'en fiche. Ils... Ils le méritaient. Ils t'ont fait du mal... »
Ce fut au tour du prêtre de déglutir difficilement. Pourquoi son aîné était-il comme ça ? Il tenta de reculer mais Hotepaton suivit le mouvement, sa main accompagnant son visage pour rester sur sa joue. Le serviteur d'Amon vint alors saisir le poignet de son ami, son pouce effleurant une seconde le dos de sa main, puis il tourna le visage pour déposer un baiser dans sa paume.
« Et je leur en ai fait aussi. Je ne suis pas immaculé comme tu sembles le penser. »
Il réussit enfin à s'éloigner de la chaleur de son ami, retourna à la fenêtre et s'y accouda de nouveau, son poignard toujours à la main, et le haut de sa tunique toujours baissé, dévoilant ainsi son dos aux rayures plus claires et aux récentes ecchymoses encore visibles.
« Rentre chez toi, fils d'Aton. Il vaudrait mieux que nous ne nous revoyions plus désormais.
– Aapep...
– Je n'ai jamais été destiné à la lumière. Toi en revanche, tu l'es. Ne reste pas ici, tu pourrais perdre de ton éclat. Ta place est à l'extérieur. »
Hotepaton ne sut pas quoi répondre. Une partie de lui avait envie de partir en courant, mais l'autre voulait rester ici plus que tout. L'autre partie voulait le prendre dans ses bras.
« J'ai cru pendant un moment que la lumière de ton dieu pourrait m'atteindre si je restais auprès de toi. Mais mon âme est trop noire. Malgré tout, j'ai apprécié les moments que j'ai passés à tes côtés. Je les garderai toujours en mémoire.
– Pourquoi parles-tu comme... comme si on n'allait jamais se revoir ?
– Parce que nous ne devons pas nous revoir... Tu sais tout, désormais.
– Oui mais je...
– Raconte ça à ton père.
– Quoi ? Pourquoi ? Tu es conscient que si j'en parle à qui que ce soit, tu seras probablement mis à mort ?
– Je le sais. C'est bien pour ça que je te dis de le révéler. Ce n'est pas le poids de mes péchés qui m'étouffe, mais ma propre existence.
– Je ne peux pas faire ça...
– Et pourtant tu le feras. Parce que c'est ton devoir et ton destin. »
Le silence s'étendit de nouveau dans la minuscule demeure, et Hotepaton finit par se lever.
« Très bien. »
Les cœurs des deux hommes s'arrêtèrent, mais aucun n'allait revenir sur sa décision.
« Je te libérerai de tout ça. Je te le promets.
– Merci », souffla Aapep.
Le prince attrapa sa cape de lin qu'il passa autour de ses épaules, puis il avança jusqu'à la porte.
« Au revoir, mon ami. »
Aapep sourit doucement, et sans le regarder, il le salua à son tour.
« Au revoir, mon prince. »
Sur ces derniers mots, Hotepaton quitta le minuscule habitat, puis le temple, le cœur lourd. C'était la fin, ils le sentaient tous les deux. La fin de leur amitié, de leur histoire, du début de leurs sentiments. Aucun des deux ne pouvait supporter ça, il fallait qu'ils y mettent fin. Et alors que le prince repartait vers le centre de Ouaset à pied, son visage tremblant sous l'émotion, le prêtre continua d'observer le ciel et laissa une larme couler sur sa joue.
« Au revoir, mon roi. »
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