Chapitre 𝟮𝟴 - Akhetaton pt.2
[11/08/2020]
Bonjour bonjour !
Qui a survécu aux photos teaser de DYNAMITE ? Pas moi en tout cas. Jung Hoseok putain. Et les autres aussi mais Jung Hoseok. Il me faisait trop penser au Hoseok de l'une de mes histoires et paf, voilà qu'on m'envoie plusieurs montages de cette photo où il est couvert de tatouages. Décès puissance 1000.
Voici la deuxième partie du chapitre "Akhetaton". À l'origine ça n'était qu'une seule update mais quand j'ai tout rassemblé en un seul fichier, je me suis dit que ça serait plus simple pour moi de le diviser en deux vu la longueur. Heureusement, vous n'aurez pas eu à attendre trop longtemps x)
J'espère que la fin de ce passage vous plaira du coup.
Bonne Léocture ! ♥
~~+~~
La nuit était désormais tombée sur la ville d'Akhetaton. Un peu plus tôt dans la soirée, le prince avait momentanément délaissé sa chambre et son ami pour faire une apparition au repas du soir. Il avait peu mangé, prétextant qu'il n'avait pas faim, et était reparti sous les menaces de son père, mais il n'en avait eu que faire. Il avait aussitôt été retrouver « Moni » et n'avait plus quitté la pièce qui était la sienne avant que le dieu Atoum laisse à Thot le soin d'éclairer l'Égypte.
Et maintenant que le palais était calme, Hotepaton entraîna le jeune prêtre dans les couloirs de pierre jusqu'aux cuisines où les restes du repas avaient été entreposés avant d'être jetés. De nombreux serviteurs savaient que le prince venait manger ici pendant la nuit, alors ils lui laissaient de la nourriture de côté avant de jeter ce qu'il restait le lendemain. Ils grignotèrent donc en cachette pendant de longues minutes, chuchotant, avant de longer de nouveau la pierre froide. Hotepaton poussa soudain une lourde porte, faisant signe à son ami de le rejoindre rapidement, et il referma derrière eux. La salle du trône. Le prêtre fut une fois de plus ébloui par la grandeur du lieu et sa clarté, due aux larges ouvertures. De cette pièce, ils avaient une vue à cent quatre-vingts degrés sur la ville.
« Alors, t'en penses quoi ?
– C'est... bêtement grand, murmura le prêtre en se raclant la gorge. Mais c'est beau.
– Non, je te parle de moi, rigola le prince.
– Comment ça ? »
Le serviteur d'Amon tourna la tête en direction de la voix de son aîné, puis pouffa.
« Tu as le droit de t'asseoir là ?
– Non, mais je m'en fiche royalement. Et j'ai le droit, je suis le fils de Pharaon ! »
Ils rigolèrent doucement en cœur, puis le plus jeune alla une fois de plus s'accouder aux larges fenêtres, donnant cette fois sur le peuple endormi. Il écouta le doux bruit provoqué par ceux veillant encore, celui de la fraîche brise légèrement salée provenant du Nil, puis il leva ses yeux sur le ciel étoilé. Il n'avait pas prié Amon ce soir, il ne lui avait pas fait ses offrandes, n'avait pas pris soin de sa statue et n'avait pas dansé pour lui. Est-ce que le dieu allait le pardonner ? Même si, dans le fond, il faisait tout ça bien plus par habitude que par réelle dévotion, sortir de sa routine était étrange et le dérangeait. Malgré tout, il n'était pas mécontent d'être venu jusqu'ici avec Hotepaton. Même s'il ne le lui avouerait jamais, il était émerveillé de découvrir toutes ces choses, ces endroits où peu de personnes pouvaient aller.
« À quoi tu penses, encore ? murmura soudain le prince en venant se poser à ses côtés.
– Au fait que tu m'as empêché de faire mon devoir, mentit-il. Et puis en plus de ça, tu m'as emmené dans la maison de son rival. Je ne pense pas qu'Amon te le pardonne un jour. »
Le fils d'Aton resta muet. S'était-il vraiment mis le dieu à dos en enlevant son serviteur et en l'empêchant d'accomplir ses rites quotidiens ?
« Mais quand je serai devenu pharaon, je viendrai le prier avec toi, et je lui ferai de nouveau des offrandes. Il me pardonnera, non ?
– C'est à voir, sourit malicieusement le prêtre tout en continuant de regarder le ciel. Peut-être que oui, peut-être que non. Ils sont capricieux, tu sais.
– On a un temple...
– Un temple dédié à Aton. Je ne vais pas y prier pour quelqu'un d'autre.
– Mmh... »
Un silence non pesant s'étendit de nouveau entre eux, puis Hotepaton finit par soupirer fortement, brisant ainsi leur petite bulle de paix.
« Viens, on va retourner dans ma chambre. Si on se fait attraper, on est mal. »
Il tourna alors les talons et traversa la pièce lentement. Le prêtre finit par le suivre, et silencieusement, ils quittèrent la salle du trône pour prendre la direction de la chambre du prince. Mais à peine furent-ils de nouveau cachés ici qu'ils entendirent du bruit dans le couloir.
« Cache-toi là-bas ! » murmura le prince en indiquant un paravent au fond de la pièce.
Son ami n'attendit pas une seconde pour fuir à l'autre bout de la chambre. Inquiets, ils patientèrent un instant, avant que les bruits de pas ne se fassent entendre à l'entrée de la pièce. Hotepaton prit donc les devants et sortit. L'homme présent dans le couloir se tendit alors sous la surprise, puis soupira.
« Mon prince, vous m'avez fait peur. Pourquoi ne dormez-vous pas encore ?
– Que fais-tu là ?
– J'ai entendu du bruit, je m'inquiétais pour vous.
– Tout va bien. Continue ton tour, tu sais que ça me stresse quand quelqu'un campe devant ma chambre, que ça soit pour ma sécurité ou non. Qui viendrait me faire du mal ici, de toute façon ?
– Vous avez raison. Excusez-moi, mon prince. »
L'homme finit par repartir et Hotepaton soupira avant de retourner dans sa chambre et de refermer la porte en calfeutrant au mieux l'entrée de la pièce.
« C'est bon, il est parti, chuchota-t-il.
– Que voulait-il ?
– Il aurait entendu du bruit. Mais je me méfie de lui.
– De lui ? Pourquoi ? Qui est-ce ?
– Longue histoire », ronchonna le prince.
Il se laissa alors tomber sur son lit, le petit feu au centre de la pièce crépitant encore un peu et les éclairant, et le prêtre s'y dirigea. Il s'assit devant pour se réchauffer un peu et plongea ses yeux dans les flammes, avant qu'il n'aperçoive des papyrus roulés et entassés le long du mur.
« Oh, que racontent tes papyrus ?
– Mmh ? Oh, ça ? demanda Hotepaton après avoir brièvement levé la tête.
– Oui.
– Des choses bien trop ennuyeuses.
– Comme quoi ?
– Je crois que ça parle de géographie et de politique. À moins que ça ne soit des prières. Ou des histoires. Je ne sais pas, je m'en fiche, c'est inintéressant et ennuyeux au possible. Bref, laisse tomber et viens dormir.
– Comment ça ?
– Viens avec moi, mon lit est bien assez grand.
– Il en est hors de question, le sol me suffira.
– Moni !
– Et je t'ai dit de ne pas m'appeler comme ça ! »
Le prêtre se mit alors à genoux et rampa sur le sol jusqu'aux rouleaux pour s'en emparer et retourner avec auprès du feu.
« Tu peux les brûler, ricana le prince, ils ne me manqueront pas. »
Le plus jeune des deux ne répondit pas et déroula le premier sur ses jambes pliées en tailleur. Ses yeux commencèrent à parcourir les signes. De longues minutes s'écoulèrent sans qu'un autre bruit que leur respiration calme, le crépitement du brûloir et des torches ainsi que le dépliement des rouleaux ne fende doucement la nuit. Hotepaton finit par se tourner sur le côté et fronça les sourcils.
« Tu lis ? »
Le prêtre se contenta d'hocher la tête, et le prince se redressa pour s'asseoir.
« Tu sais lire ?
– Évidemment. Et je sais écrire, aussi.
– Vraiment !?
– Bien sûr. Tu croyais que seule la famille royale avait accès à ce savoir ? Les nobles, les scribes, les services administratifs aussi savent lire et écrire, ils sont obligés, et nous aussi. Ça fait partie de notre formation, même si j'ai appris presque tout seul. Il faut que je sois capable de retranscrire notre histoire et mon savoir pour ceux qui prendront la relève. Il faut que je puisse enseigner aux futurs prêtres ce que je sais.
– Aux futurs prêtres ? Mais... tu es tout seul... Qui vas-tu former ? »
Le visage du serviteur d'Amon se ferma une seconde, puis un sourire se forma sur ses lèvres.
« Quand tu seras devenu pharaon, les choses changeront pour moi. Tu as dit que tu m'épouserais.
– Sérieusement, rigola le prince.
– Tu as dit que tu ferais changer les choses pour moi. Si mon temple est de nouveau florissant et que tu autorises de nouveau le culte d'Amon, je ne serai plus seul, là-bas. »
Leurs yeux se croisèrent alors et ils restèrent silencieux. Est-ce qu'au fond de lui, il se sentait vraiment seul, dans ce grand temple empli de fantômes et de cauchemars ?
« Je le ferai. »
Le cœur du prêtre loupa un battement. Quoi ? Il le ferait ? Il baissa alors la tête en souriant et la tourna doucement de droite à gauche.
« Tu déferais tout ce que ton père s'est tué à faire ? Quel fils ingrat.
– Je n'ai que faire de ce qu'il a construit. Nous avons toujours eu plusieurs dieux, alors pourquoi nous ne devrions en prier plus qu'un ?
– Ce n'est pas ce que tu disais lorsque nous nous sommes rencontrés.
– Justement. Je t'ai rencontré et j'ai réfléchi.
– Oh, ça t'arrive ?
– C'est ça, rigole. Enfin, soupira-t-il. Restaurer le culte d'Amon ne m'empêchera pas d'avoir une prière pour Aton. De plus, le peuple continue de vénérer les autres dieux en dehors d'ici, je l'ai vu à Malqata. Ça ne changera pas grand-chose, au fond. »
Il se rallongea sur le dos et expira, tandis que le prêtre reprit sa lecture. Le document qu'il avait sous les yeux parlait d'accords commerciaux avec l'île d'Alachia que le pharaon Amenhotep III aurait passés. C'était tout simplement passionnant.
« Où est-ce ? L'île d'Alachia ?
– Mmh ? Euh... Au nord-est ?
– Au nord-est de quoi ? rigola le prêtre.
– Bah... De Djedet ? Si tu pars en Lydie par la mer, tu as l'île d'Alachia sur ta route.
– Tu me parles en hittite, sourit-il.
– Attends. »
Le prince descendit alors de son lit et commença à farfouiller dans les papyrus présents, mais il ne trouva pas ce qu'il cherchait.
« Je reviens.
– Quoi ?
– Je fais vite. »
Il se leva donc et quitta sa chambre, abandonnant l'adolescent près du feu. Repliant les papyrus proprement, le jeune prêtre attendit que son aîné revienne. Il n'aimait pas être ici tout seul, surtout après ce qu'il lui avait dit. Par conséquent, il se recroquevilla un peu sur lui-même et attendit. Lorsqu'il entendit qu'on rentrait dans la chambre, il se tendit mais releva tout de même la tête pour voir au-dessus du lit, et son soulagement fut plus que visible.
« La salle était fermée, j'ai dû passer par la fenêtre.
– Quoi ? s'étonna le prêtre.
– La salle d'étude. Tiens. »
Il laissa tomber les papyrus au sol avant de s'asseoir à son tour. Il en déplia un qu'il maintint difficilement de ses deux mains.
« Tiens ça. »
L'invité obtempéra, et Hotepaton se leva pour chercher dans sa chambre de quoi lester le document. Il revint avec un coffret à bijoux, un petit jeu en ivoire, un éventail et une sorte de vasque. Il déposa les quatre objets aux extrémités du papyrus, mais l'éventail se releva un petit peu.
« Zut... »
Il regarda autour de lui, puis posa ses yeux sur le bracelet en or qui ornait son biceps gauche quotidiennement. Il le fit glisser le long de son bras pour le retirer et le posa autour du manche du petit flabellum.
« Parfait. »
Il se rapprocha de « Moni » qui l'observait en silence depuis quelques minutes, et vint s'asseoir à côté de lui, en tailleur également.
« Regarde, c'est notre pays.
– Ah bon ? s'étonna le plus jeune en reposant ses pupilles sur le papyrus.
– Oui ! Akhetaton est là. Et tu vois, ça c'est le Nil, et Ouaset est ici. Toi, tu habites là ! »
Émerveillé, le prêtre ne sut pas quoi dire.
« Et si on remonte le Nil, on arrive à la mer. Ici, tu as Djedet. Ici tu as l'île d'Alachia, et là c'est la Lydie. »
Suivant des yeux le doigt du prince qui traçait le chemin sur la carte de papyrus, le cœur du serviteur s'emballa.
« Tu as déjà été là-bas ?
– Non, c'est bien trop loin, rigola Hotepaton. Et puis les peuples vivant là-bas ne sont pas forcément tous nos alliés.
– Et tu as déjà été à... Djedet ?
– Je n'en ai pas le souvenir, non. Mais j'aimerais voir la mer, un jour. Ça doit être beau, de l'eau à perte de vue...
– J'aimerais aussi... »
Le prince arqua les sourcils, plus que surpris d'entendre son ami émettre le vœu de voyager. Un sourire éclaircit ensuite son visage et il glissa sa main dans celle de son cadet.
« Quand on sera plus grands, on ira voir la mer. »
Le serviteur d'Amon pouffa alors tout en tentant de récupérer sa main.
« Pourquoi parler aussi sérieusement, d'un coup ? Ça ne te va pas.
– Mmh, bouda le prince. Pourquoi voulais-tu savoir où c'était, d'ailleurs ?
– Parce que ça parle de cette île dans ce papyrus, répondit-il en le récupérant sous les nouveaux et en le montrant au prince.
– Ah ?
– Oui. Tu ne le savais pas ?
– Non. Je ne les ai jamais lus, ça me gonfle.
– Mais c'est super intéressant ! C'est l'histoire de ton pays, il faut que tu la connaisses !
– Lire, c'est chiant. Et c'est long et compliqué, ça m'énerve.
– Tu ne sais pas ce que tu rates. Lire, c'est passionnant.
– Mmh.
– Tu sais lire, au moins ?
– Évidemment ! s'outra le prince. Je suis le fils de Pharaon, évidemment que je sais lire ! »
Le prêtre haussa alors un sourcil en le regardant étrangement. Il mentait.
« Tu ne sais pas lire. J'ai honte pour toi.
– Hey, moi au moins je connais Djedet et l'île d'Alachia !
– Tu as au moins quelques connaissances en géographie, je le reconnais. Tes capacités intellectuelles ne sont pas totalement nulles. »
Le prince commença à bouillonner. Ça faisait longtemps que son ami ne s'était pas montré aussi ironique et hautain, et ça ne lui avait étrangement pas manqué.
« Je sais lire, grogna-t-il en arrachant le papyrus des mains du prêtre. Je vais te le prouver.
– Ah oui ? Alors vas-y, j'écoute. »
Le prince inspira fortement et posa ses yeux sur le parchemin de plante. Il aurait peut-être mieux fait de se taire.
[...]
Il faisait jour lorsque quelqu'un se faufila dans la chambre. L'intrus se figea en apercevant deux corps au sol, dont celui du prince, alors il commença à paniquer, se demandant s'il devait donner l'alerte ou non. Puis, voyant que le corps de son frère bougeait légèrement sous ses lentes inspirations, il avança timidement jusqu'aux deux adolescents et s'assit en face de leurs visages posés sur les papyrus dessinés. Il les observa quelques minutes avant de glisser sa main sur le bras du prince qui était posé au-dessus de sa tête.
« Mon frère, murmura-t-il. Mon frère, réveille-toi ! »
Hotepaton grogna simplement et tenta de se retourner. Puis, réalisant que l'endroit où il était couché était froid et horriblement inconfortable, il essaya d'ouvrir les yeux. Lorsque ses pupilles tombèrent sur le visage de son ami, il sursauta et se redressa. Il remarqua alors qu'il était couché au sol, et que son petit frère était assis près de lui. Il fit un bond une fois de plus, puis porta sa main à son cœur avant de la passer sur son crâne lisse.
« Tu m'as fait peur, Tout'. Qu'est-ce que tu... »
Il ramena soudainement ses yeux sur le corps du prêtre, puis les reposa sur son frère, paniqué.
« C'est qui ? demanda l'enfant. Un copain à toi ?
– Ne dis rien à Père ! supplia alors le plus âgé en posant ses mains sur les épaules frêles de Toutânkhaton.
– Pourquoi je lui dirais ? Je ne suis pas un rapporteur comme Sétenperê.
– C'est vrai, excuse-moi.
– Alors ? C'est un copain ?
– Oui.
– Pourquoi tu as dormi par terre ? Tu es tombé ?
– Non, on a regardé les papyrus jusque tard dans la nuit et on s'est endormis ainsi comme on était fatigués. Il voulait pas venir dormir avec moi alors j'allais pas le laisser dormir par terre tout seul. »
Le petit garçon commença alors à glousser et Hotepaton fronça les sourcils.
« Qu'est-ce qu'il y a ?
– Tu voulais qu'il dorme avec toi ?
– Bah oui, et alors ?
– Comme si c'était ton amoureuse ? »
Hotepaton arqua ses sourcils tout en regardant son petit frère avec étonnement.
« Mais qu'est-ce que tu racontes ? Tu laisserais tes invités dormir par terre, toi ? »
Un léger gémissement se fit alors entendre, et le serviteur d'Amon se redressa en froissant quelque peu les papyrus qui se trouvaient sous son corps. Il frotta son visage avant d'ouvrir les yeux, se tendit lorsqu'il se rendit compte qu'il n'était pas chez lui, et termina par manquer d'avoir une attaque quand ses pupilles tombèrent sur une personne qui n'avait rien à faire là. Le petit Toutânkhaton finit par reconnaître l'intrus et il recula précipitamment contre le lit.
« Pourquoi il est là ? Il m'avait fait peur et il m'avait fait mal ! commença-t-il à geindre.
– C'est lui qui avait retrouvé le bracelet ! Tu sais, celui que tu avais perdu ! Et il avait pu me le redonner, c'est pour ça que tu ne t'étais pas fait gronder quand tu étais petit, tu te rappelles ? »
L'enfant hocha la tête doucement sans pour autant quitter le prêtre des yeux.
« C'est mon ami, maintenant. Alors n'aie pas peur de lui. Il ne te fera plus peur et plus mal non plus. N'est-ce pas ? »
L'autre jeune homme se tendit lorsque les pupilles de son aîné se posèrent subitement sur lui, mais il hocha la tête avant de regarder l'enfant.
« Oui. Je m'excuse pour la dernière fois. Je ne le ferai plus. »
Le prêtre et l'enfant se jaugèrent du regard pendant un long moment, avant que le visage du plus petit ne s'illumine d'un grand sourire.
« D'accord ! »
Les deux adolescents parurent d'un coup horriblement soulagés, mais Hotepaton ne perdit pas le plus important de vue.
« Tout', pourquoi tu es dans ma chambre ?
– Je voulais savoir si tu avais assez mangé hier soir quand même, et si tu étais malade.
– C'est gentil, mais tout va bien. On a été manger dans la nuit.
– Ooooh... D'accord !
– Est-ce que tout le monde est levé ou est-ce qu'il n'y a que toi pour le moment ?
– Père est levé, je l'ai entendu parler.
– Ah... »
Les regards des deux adolescents se croisèrent alors.
« Bon, on va se débrouiller pour sortir. Merci, Tout' !
– De rien ! À plus tard ! »
L'enfant se releva, glissa sa canne sous son bras, puis quitta la chambre de son frère aîné. Les deux amis l'observèrent partir, puis soupirèrent et se regardèrent de nouveau.
« Bon, ça va être compliqué de sortir, mais on y arrivera, fais-moi confiance.
– Mmh... »
Le prêtre reposa alors ses yeux sur les papyrus et laissa ses doigts glisser dessus. Hotepaton le regarda faire tout en repassant son bracelet d'or sur son biceps.
« Tu veux les emmener ?
– Quoi ? Non, pourquoi ?
– Ils te seront plus utiles qu'à moi.
– Vu que tu ne sais pas lire, c'est certain.
– Je sais lire ! » grogna le prince en se levant.
Il s'étira en gémissant, puis se tourna vers son ami qui était toujours au sol et qui fixait les textes et les cartes sans savoir quoi faire.
« On en a plein, ça ne nous manquera pas. Et puis on a sûrement plusieurs exemplaires. Prends-les si tu les veux.
– D'accord. »
Il entreprit alors de réenrouler tous les documents avant de se lever à son tour, pendant qu'Hotepaton récupérait son drap et le reposait proprement sur son lit.
« Tu es certain qu'il n'y a rien que je n'aurais pas le droit de lire, là-dedans ?
– Non, ne t'en fais pas. Et puis même si c'est le cas, je ne te vois pas aller vendre des informations à nos ennemis.
– Oh tu sais, tu ne me connais pas.
– Si, je te connais.
– Non. Tu ne me connais pas. »
Hotepaton fronça les sourcils mais le prêtre détourna le regard.
« Allez, ramène-moi chez moi. J'ai des tas de choses à faire.
– D'accord. Suis-moi. »
Discrètement, ils refirent le chemin inverse, et au bout de plusieurs minutes, ils furent à l'extérieur du palais.
« Retiens bien le chemin ! C'est mon passage secret, personne ne le connaît à part nous. Comme ça, si un jour tu veux me rendre visite, tu n'auras qu'à passer par là.
– Te rendre visite ? Je n'en aurai pas besoin, tu es sans aucun doute celui qui craquera le premier. Je te trouverai devant ma porte avant même d'avoir eu le temps de penser à toi. »
Hotepaton sourit largement en réponse. Il n'avait pas tort.
« Je vais chercher les chevaux et mon char, attends-moi ici, je fais vite. »
Hochant la tête, le serviteur d'Amon serra les rouleaux de papyrus contre sa poitrine en le regardant s'éloigner, un léger sourire éclairant son visage à cause de celui bien trop communicatif de son ami.
Et en attendant que ce dernier vienne le rejoindre afin de le ramener chez lui, il observa ce qui l'entourait. Le soleil était déjà assez haut dans le ciel, et pas un seul nuage ne venait briser le domaine de Nout qui le surplombait. Le trajet allait être difficile à faire et à supporter. Aton brillait beaucoup trop, aujourd'hui.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro