
𝟎𝟔:𝟏𝟖𝟗 - Halestorm, 𝑇ℎ𝑒 𝑆𝑡𝑒𝑒𝑝𝑙𝑒
[06/05/2024]
Bonjour bonjour !
Update presque matinale, aujourd'hui mdr
Je viens de rentrer du taf, et comme on se refait les Kuroko's Basket avec mes sœurs depuis ce weekend et qu'on enchaîne les épisodes, ça aurait été chiant (pour elles, surtout) de s'interrompre en plein milieu d'après-midi ou tôt ce soir pour que je m'occupe de mon chapitre. Du coup j'ai fait avec ma faim pour corriger ce chapitre et vous le poster maintenant x)
Plus de 5.4k mots, d'ailleurs, et je crois que je n'ai mis que 45 minutes. Je suis choquée. Soit c'est l'urgence qui m'a fait ne pas lire mot à mot comme d'habitude, ou alors c'est la faim mdr (mais du coup, si y a un "le" à la place d'un "la" ou une faute de frappe sur une lettre, y a moyen que je l'ai ratée, donc désolée mdr)
Avant-dernier chapitre... j'en reviens toujours pas. Et j'ai pas envie. J'ai pas envie que cette histoire se termine, même si j'en ai une "nouvelle" qui démarrera à la fin du mois. Ça va m'occuper, certes, mais c'est pas pareil. Hayden me manquera beaucoup trop. Et ce Jimin-là aussi. Puis Dean, Steven, tous les autres 🤧
Mais nous avons encore neuf jours devant nous. Et tant que je n'ai pas posté ma note de fin, alors on pourra dire que ce n'est pas vraiment fini. Hein, on fait comme ça ? Je pensais la poster le 16, mais honnêtement, je pense que je n'arriverai pas à la faire à chaud. Bref, nous verrons mdr
Vendredi dernier, pour la date de signature du contrat de toute notre petite bande dans leur maison de disque, j'avais mis le 5 juin, à l'origine. Et puis je me suis demandé pourquoi j'avais mis une date si tôt, pourquoi je ne l'avais jamais retouchée. J'ai pas trouvé la réponse, alors je l'ai reculée au mois d'août. C'était plus cohérent.
Plus cohérent, certes, mais du coup avec le chapitre d'aujourd'hui, qui se passe début août, ça ne collait plus MDR (#boulet), donc je l'ai de nouveau reculée, mais j'ai mis au 14 juin (j'aurais préféré le 15, mais c'est un samedi, donc y a moyen qu'ils ne bossent pas dans les bureaux, le samedi xD). Disons que ça me convient mieux. Puis c'est presque la même que Jimin (ça aurait fait trop de mettre le 13, fallait pas abuser non plus XD)
Bon, sur ce, je termine cette intro qui est beaucoup trop longue.
J'espère que cet avant-dernier chapitre vous plaira.
Bonne Léocture ! ♥
~~+~~
Nous saluâmes la foule une ultime fois, et nous nous résolûmes à quitter la scène. Une fois hors de vue, je sautai dans les bras de Dean qui tapa dans mon dos en riant. Ulrich, Kate et Adrian se joignirent à l'étreinte. Sautillants tous, je sentis leurs corps se frotter contre le mien et je les repoussai en râlant, avant de rire à mon tour. Nous nous éloignâmes pour retrouver notre loge et laisser les techniciens débarrasser la scène et la préparer pour le prochain groupe.
On venait de mettre le feu, en plein festival. Au Lollapalooza de Chicago, entourés de stars mondialement connues. Un groupe s'était désisté, et notre maison de disque avait pu nous obtenir le créneau. Moi, j'avais partagé l'affiche avec Blink-182 et Pierce The Veil, et également Stray Kids, dont les membres connaissaient Jimin. Je ne réalisais toujours pas. C'était un truc de malade.
Tous nos potes étaient venus, mes parents, ma sœur, et...
« Oppaaaaaaaaaa ! »
Et Sooyeon, aussi.
Je la rattrapai au vol et la fis tourner, sous les hurlements de jalousie de ma sœur. Sooyeon avait pris quelques jours de vacances pour venir me voir, et ça me faisait un bien fou. Je ne l'avais pas revue depuis presque huit mois, après le départ de Jimin. Ça m'avait sauvé, ce jour-là. Elle, elle n'avait pas pu revenir aux États-Unis depuis son échange universitaire, il y a des années de ça... Oui, il y a si longtemps. Jimin et moi venions seulement de nous rencontrer...
« C'était tellement bien, tu as géré ! Je suis trop fière de toi ! murmura-t-elle contre mon cou.
– Merci, Sushi. Je suis content que ça t'ait plu. Et je suis heureux que tu sois là.
– Je n'aurais loupé ça pour rien au monde. »
Je la serrai contre moi et Ally se plaignit encore que c'était à son tour. Sooyeon s'éloigna en riant, et je pris ma sœur dans mes bras. Elle avait encore grandi, et si je m'en apercevais désormais, c'était parce que je ne la voyais plus quotidiennement. Ça me serrait le cœur de voir qu'elle grandissait, et loin de moi.
Je la serrai contre moi en caressant ses cheveux tandis qu'elle pleurnicha près de mon oreille.
« C'était trop bien !
– Merci, ma puce.
– C'est quand, ton prochain concert ?
– À la fin du mois, mais tu seras déjà retournée à l'école. »
Elle commença à se plaindre et je la laissai faire en riant en silence. J'échangeai un sourire complice avec ma mère. Je croisai ensuite le regard de mon père qui me sourit en hochant la tête.
Les choses s'étaient apaisées, entre lui et moi, depuis quelques mois. J'avais fini par lui dire que nous étions fiancés Jimin et moi, sans détour, et il avait simplement répondu qu'il espérait que nous avions pris la bonne décision. Et puis quand je m'étais relancé corps et âme dans la musique, que j'avais quitté la maison pour travailler depuis chez Jimin, les tensions restantes étaient retombées. Il ne m'avait jamais soutenu autant que quand je jouais, à l'époque. Il n'attendait que ça, en fait. Comme s'il avait toujours su que c'était ce chemin qui m'était destiné.
Quant à Troy, je ne l'avais pas revu depuis plusieurs mois. Nous nous étions engueulés au moment de mon déménagement, et nous avions fini par nous taper dessus. Il m'avait craché ce qu'il avait sur le cœur. Même si, en lisant entre les lignes, j'avais cru comprendre que le fond de sa haine pour moi était un mélange de jalousie et de mépris, j'avais décidé de ne rien en faire. Ma vie avait toujours été trop facile ? J'avais toujours été admiré et soutenu ? Tout m'était toujours tombé tout cru dans le bec ? Le talent, les potes, les filles, la carrière, l'argent, Jimin, un nouveau groupe et un nouveau contrat ? Non. Loin de là. Mais j'en avais assez de me disputer avec lui. Alors j'avais quitté la maison en lui souhaitant bon courage pour la suite. Nous ne nous étions pas revus depuis, pas reparlé. Et je ne m'en portais pas plus mal.
Notre manager déboula soudain dans la pièce en nous applaudissant, et nous fit de puissantes éloges. Nous le remerciâmes, gênés, et l'écoutâmes. Il nous parla pendant de longues minutes, puis nous commençâmes à remballer nos affaires pour laisser la place au groupe suivant. Il nous expliqua que plusieurs magazines l'avaient approché pour obtenir des interviews, alors qu'il fallait qu'on se bouge. Ce fut un peu la panique, mais désormais, notre vie était comme ça. Comme celle de Jimin. Imprévisible, et allant à toute vitesse.
[...]
Après notre participation au Burning Man dans le désert du Nevada, notre manager nous annonça que nous allions faire la première « première partie » des groupes I Prevail et Halestorm à l'automne, et je manquai de faire un malaise. C'étaient des groupes dont j'étais extrêmement fan, et mon syndrome de l'imposteur ne fit qu'augmenter. Mais pour pouvoir faire ce genre de concert, il fallait une setlist d'enfer. Performer en tant que première partie était particulièrement difficile, car souvent, le public ne venait que pour la, ou ici les, têtes d'affiche et ne connaissait pas le reste. Il fallait réussir à mettre de l'ambiance, emporter les gens, et ne pas perdre espoir même s'ils n'étaient pas très réceptifs et ne chantaient pas avec nous. En ça, la présence sur scène de Kate allait nous être d'une très grande aide, mais ça ne suffirait pas. Il nous fallait des titres percutants, un tantinet commerciaux, pour qu'ils puissent accrocher et rester en tête, assez pour donner envie à ces différents publics de s'intéresser à nous et de nous suivre.
L'heure de produire un premier album avait donc sonné.
Adrian, désormais père de famille, allait devoir mettre les bouchées doubles pour nous aider à la production. L'album entier serait prévu pour début 2025, mais il allait nous falloir au moins deux singles à sortir avant le début de la tournée.
Il nous fallait quelque chose de rock avec un bon solo de guitare, un refrain accrocheur pour rester dans la tête, une chanson qui laissait de la place aux capacités vocales de Kate, et une mélodie qui avait quelque chose de sexy. Pourquoi est-ce que ça faisait partie du cahier des charges, je n'en savais rien, mais si nous devions faire ça, je savais quel groupe allait pouvoir m'inspirer : Palaye Royale. Il y avait quelque chose dans certaines de leurs chansons qui leur donnait un côté sensuel, même si c'était involontaire. Alors j'allais me replonger dans leur discographie pour essayer de trouver leur secret.
[...]
Nous avions produit les deux titres dans un temps record, et ils allaient avoir le droit à leur clip vidéo. Le premier que nous allions tourner était celui de la chanson principale, qui s'appelait « Your Game », et nous étions tous un peu stressés. Surtout quand on connaissait les paroles de notre chanson, qu'on savait quelles intentions on avait voulu mettre dedans. Je partais clairement avec un mauvais pressentiment.
Et quand notre van passa me chercher en bas de l'immeuble de Jimin, ce matin-là, et que je vis la tronche que tiraient mes potes, je compris que je n'étais pas le seul à ne pas sentir ce tournage.
« À votre avis, on va avoir droit à des scènes +18 ? demanda Dean.
– Carrément. En temps normal, ça ne m'aurait pas dérangée, mais là, je ne sais pas pourquoi, je ne le sens pas.
– Moi non plus, bâilla Ulrich.
– Content de savoir qu'on sera au moins quatre à refuser s'ils nous demandent de faire des trucs louches.
– Après, il y a louche et louche.
– Je peux savoir quelle différence tu trouves à ça ? demandai-je à Kate avec les yeux plissés.
– Je te dirai tout à l'heure. Laisse-moi terminer ma nuit. »
Elle se laissa retomber sur l'épaule de Dean, et moi je soupirai. Je récupérai mon téléphone et envoyai un message à Jimin. Il n'avait pas encore ouvert celui que je lui avais envoyé la veille, mais ce n'était pas grave. D'ailleurs, il avait fait la moitié de son service. Même plus de la moitié. Il ne lui restait plus que huit mois. « Plus que » huit mois. C'était passé à une vitesse folle, et j'espérais qu'il en soit de même pour lui. D'ici trois semaines, j'allais partir en tournée pour plusieurs mois. Je ne savais pas quand est-ce que nous allions pouvoir nous retrouver, mais j'avais l'espoir que le temps accélère encore un peu.
[...]
« Non. C'est mort. »
Je tournai les talons sous les cris de protestation de notre manager. De la tension ? Du sexe ? Une orgie ? Ils étaient pas bien ? J'avais une petite sœur, et même si elle allait avoir quatorze ans cette année, il était hors de question que je lui fasse voir ce genre de truc. Et puis mon père... Et Jimin. Et Jimin surtout, bordel. C'était mort. Jamais de la vie.
Je poussai la porte du studio et la laissai se refermer derrière moi. Je tombai sur un technicien qui fumait sa clope alors je lui demandai s'il pouvait m'en passer une. Il accepta sans problème et je le remerciai.
Moi, dans une orgie ? Même bidon, c'était mort. J'allais forcément devoir toucher des gens, me faire toucher... Bon, en réalité, je savais que ça ne ferait ni chaud ni froid à Jimin. C'était limite si ce genre de chose ne pourrait pas l'exciter. Mais pour Ally, pour mes parents... et pour les siens. Pour les siens, bordel. Pour son agence. Et si jamais en plus je me retrouvais à tourner ce genre de truc avec une nana aussi malade que celle qui avait été invitée chez Dylan il y a quelques années... Je serais terminé. Non, c'était mort.
« Hyde ? »
Je recrachai ma fumée mais ne bougeai pas d'un poil. Dean se posa près de moi et m'observa un instant.
« Ça va ?
– Non.
– Ils réfléchissent à la manière dont on pourrait t'éviter ça.
– "M'éviter ça" ? Parce que vous, vous allez le faire, finalement ?
– Il nous a expliqué le concept, et c'est intéressant, en fait.
– Faire semblant de baiser avec n'importe qui, c'est intéressant ?
– Moi qui croyais que sortir avec un mec t'avait décoincé...
– Je t'emmerde. Je suis pas coincé. Et ça n'a aucun rapport.
– Je suis certain qu'il s'en ficherait.
– Il s'en ficherait. Mais pas ses parents. Pas les miens, ni Ally.
– Elle est ado, Hyde. Arrête de la voir comme une petite fille.
– Je peux pas. Ça reste mon bébé.
– Elle est ado. Elle a peut-être même déjà regardé du porno, tu sais.
– Sûrement pas ! »
Il ricana et je serrai les dents.
« Quant à tes parents ou à ceux de Jimin, franchement... Rock'n'roll, Hyde. Si tu voulais faire de la musique toute clean et toute lisse, alors il fallait te lancer dans la pop ou dans du classique. Pas dans du hard rock ou du metal. »
Il n'avait pas tort.
« Tes parents savent à quoi s'attendre, ils ont connu les premiers groupes à l'époque, même s'ils ne les écoutaient pas forcément. Et je pense que ceux de Jimin se sont habitués à ton côté sulfureux. »
Je ricanai.
« D'autant plus qu'ils ont déjà pu en avoir un aperçu, si je me souviens bien.
– Je t'interdis de parler de ça, putain. Je savais que j'aurais dû mentir quand vous avez posé la question.
– On ne triche pas aux jeux d'alcool, c'est interdit, sinon il n'y a plus aucun intérêt. »
Je grognai dans ma barbe, et sa main s'abattit sur mon épaule.
« Allez, viens écouter leur proposition. »
Il tourna les talons et je restai là. Seulement une fois ma cigarette fumée, je n'eus plus trop le choix. Je l'écrasai donc et retournai dans le studio.
« Bon. C'est quoi, votre proposition ? » demandai-je en voyant notre manager et mon groupe au loin.
Tout le monde se retourna vers moi avec un grand sourire aux lèvres.
« Puisque ce concept a l'air de t'angoisser, nous limiterons tes scènes à Kate, si ça te va.
– À Kate ? En quoi ça résout le problème ?
– Je lui ai dit, pour nous. »
Je posai mes yeux sur elle. Je ne comprenais pas. Ulrich et Dean semblaient se retenir de rire. Elle reprit la parole :
« Comme ça te gêne par rapport à moi, de possiblement embrasser quelqu'un d'autre, ou d'être touché par quelqu'un d'autre, on n'aura ce genre de scène que tous les deux. Ça te va ? »
Oh. J'avais compris. Seulement ça ne changeait rien au problème.
« Est-ce que ça te va ? répéta notre manager. Pour tout vous avouer, l'idée de faire croire à un couple entre vous deux avait été évoquée plus haut, que ça soit pour plaire à votre public et jouer sur ça, ou pour faire taire diverses rumeurs.
– Diverses rumeurs ?
– Oui, des rumeurs de couple avec d'autres personnes, fondées ou non, faire fuir les fans excessifs... En conclusion, je suis plutôt satisfait d'entendre qu'au final, il est vrai, et que nous n'aurons pas à faire semblant. Et-
– Est-ce que l'homosexualité est un problème, pour vous ? »
Il s'interrompit, et tous les regards se posèrent sur moi. Kate se décomposait, les yeux de Dean semblaient sortir de leurs orbites, et la mâchoire d'Ulrich allait tomber.
« Non, pas du tout, il y en aurait même, dans ce MV. Pourquoi ? »
Kate secouait la tête de droite à gauche pour me signifier de m'arrêter là. Mais je voulais aller au bout.
« Parce que Kate a juste voulu m'aider. On n'est pas ensemble, elle et moi, mais je suis en couple. Avec un homme. »
Le teint de notre manager perdit quelques couleurs.
« Vraiment ?
– Oui.
– Depuis longtemps ?
– Oui.
– Je vois.
– Est-ce que ça pose un problème ?
– Ça ne me pose aucun problème. C'est ta vie privée, ça ne me concerne pas, même si d'un point de vue professionnel, j'avoue que tu aurais peut-être pu en faire mention un peu plus tôt ; si jamais c'est quelque chose que tu veux cacher ou révéler plus tard, à moins que ça te soit totalement égal que les gens le devinent par eux-mêmes à un moment. Mais on aurait aimé être au courant.
– Pour le moment, je vais garder ça pour moi. Je le révélerai peut-être d'ici quelques mois ou quelques années, mais ça ne dépendra pas de moi.
– Et de qui ?
– De mon petit ami.
– D'acco-
– Enfin, de mon fiancé. »
Pendant une seconde, j'eus peur qu'il fasse un malaise.
« Ton fiancé ?
– Oui.
– Je vois. »
Il sortit son téléphone de sa poche et pianota dessus.
« On ira voir les boss après le tournage.
– Pourq-
– Tu n'as pas le choix. Il faut qu'on prenne nos dispositions. Pour nous, mais aussi pour vous deux. Ça semble très sérieux, alors si on veut pouvoir vous protéger en cas de problème, il faut qu'on se prépare.
– Vous n'êtes pas prêts..., murmura Dean avec un sourire en coin.
– Pourquoi ça ? »
Mes amis se mirent à ricaner et notre manager revint à moi.
« Vous... »
En comprenant qu'il pensait que j'étais avec Dean, Kate partit dans un fou rire incontrôlable. Nous eûmes du mal à nous retenir de l'imiter, et je démentis en promettant à mon manager que j'allais le suivre après le tournage, et que je répondrais aux questions.
« Bref, revenons-en à ce MV. En quoi ton homosexualité pose un problème ?
– Alors, déjà, je ne suis-
– C'est surtout la réaction de son entourage au concept du MV qui le chiffonne, me coupa Dean.
– La réaction de ton entourage ?
– Ouais. J'ai une petite sœur. Et les parents de mon compagnon ne seront pas ultra fans de me voir en pleine partouze. Déjà qu'ils ont du mal à accepter que je me... enfin, que je fréquente leur fils...
– J'entends bien, mais ce n'est pas mon problème, ça, Hayden. Tu as trente ans. Tu as signé un contrat avec une maison de disque, qui s'est engagée à faire ta promotion, produire tes albums, tes clips vidéo, et tes tournées. En échange, tu dois composer, et te produire sous différentes formes pour nous. Le deal est entre toi et nous. Ce que pensent les parents de ton petit ami, c'est le cadet de nos soucis. »
Je ne répondis pas. Il avait raison. Si je m'arrêtais à ça, tout deviendrait un problème et je ne pourrais plus jamais rien faire. Il fallait que je fasse abstraction du monde autour de moi. Et je devais lui faire confiance. Il savait ce qu'il faisait, en nous proposant un concept pareil. Même si je ne saisissais pas, il devait y avoir une raison.
« Ok. Je vais le faire.
– Ravi de te l'entendre dire. »
Il me donna une tape dans l'épaule.
« Suivez-moi. »
[...]
Nous nous étions changés et avions été maquillés et coiffés. Je m'étais moqué de Dean en voyant sa tête, mais en voyant ensuite la mienne, j'avais moins ri. Je ne m'étais pas maquillé de la sorte depuis une dizaine d'années. J'avais du mal à me reconnaître. Jimin aussi se payerait ma tête. Et puis après il me dirait que j'étais sexy... Cette pensée me donna chaud alors je m'empressai de la chasser.
Nous prîmes une bonne centaine de photos, tous les quatre, comme en solo, ou accompagnés d'une dizaine de figurants. Nous vérifiâmes tous les clichés, et même si je trouvais toujours ça étrange, le rendu était assez esthétique. L'éclairage tamisé, les corps, les vêtements blancs aux grosses coutures noires qui donnaient un effet 2D, c'était sympa.
Puis nous nous étions changés et étions remontés dans le van. On nous avait conduits au lieu de tournage du clip, une vieille barraque bien flippante avec un grand jardin sombre tout aussi flippant. L'équipe du maquillage nous avait accompagnés pour nous repasser des coups de peigne ou de fond de teint. Kate se prêtait volontiers au jeu, ça l'éclatait. Ulrich avait l'air d'adorer qu'on s'occupe de ses cheveux. Dean était en mode pokerface. Moi, j'allais avoir besoin de temps pour me faire à tout ça.
Une fois prêts, nous retrouvâmes notre manager qui discutait avec un type équipé d'une oreillette et d'un porte-documents, un peu comme Kurt, chez Fine Brothers, que je n'avais pas vu depuis des années, d'ailleurs...
« Ah, vous voilà. »
Nous nous rassemblâmes autour de notre manager qui nous speecha le storyboard.
« Du coup, Hayden, tu ne veux tourner qu'avec des hommes ? »
Oh bordel.
« Non. Au contraire. J'suis pas gay.
– Quoi ? Mais...
– Faites comme si je vous avais rien dit. Je sors avec un mec, mais je suis pas gay pour autant. J'aime les femmes. »
Il me regarda de haut en bas, puis hocha la tête.
« Ça va faciliter les choses et arranger tout le monde.
– Ah oui ?
– Oui. Parce qu'on avait prévu que le clip tourne autour de toi.
– Ah. »
Super. J'étais censé être celui qui se tapait tout le monde, c'est ça ?
Il nous expliqua plus en détail les scènes, et je me sentis me décomposer petit à petit. Niveau tension, ils allaient en avoir pour leur argent. Je n'en revenais pas que moi, j'allais tourner ce genre de truc. Si jamais je refaisais un duo avec Jimin, est-ce qu'ils pourraient nous demander de tourner un truc de ce genre ? Oh bordel. Jamais de la vie.
Je hochai la tête mécaniquement jusqu'à ce que j'entende mon nom et celui de Dean.
« Attendez, quoi !? Moi, embrasser Dean ? C'est une blague !? »
Mon meilleur ami se mit à ricaner, tandis que notre manager leva les yeux au ciel.
« Oui ? Quel est le problème, cette fois ?
– C'est mon meilleur ami ! C'est comme mon frère, on peut pas faire ça !
– Tu as un problème avec ça, Dean ?
– Je suis d'accord que ça va être très étrange, comme situation.
– Merci ! répondis-je.
– Et si on vous filme de loin ? De dos ?
– Je pense que ça peut le faire.
– Tu penses que ça peut le faire !? m'étranglai-je. T'as pensé à Steven ?
– Steven ? C'est le nom de ton petit copain ?
– Sûrement pas ! »
Kate et Ulrich commencèrent à se payer ma tête, et Dean suivit. Bordel, j'en avais marre.
« C'est ça, rigolez ! Je vais tous vous rouler des grosses pelles et vous ferez trois malaises !
– Ravi de te l'entendre dire, rétorqua notre manager.
– Moi je n'attends que ça, tu sais ! »
Kate me lança un clin d'œil et je levai les yeux au plafond avec un petit sourire.
« Bien. Tout est clair pour tout le monde ?
– Oui.
– Est-ce que vous avez des bières, sur le plateau ? demanda soudain Kate. Je pense que ça pourrait me faire du bien.
– Bonne idée, acquiesçai-je.
– Je vous fais apporter ça et on y va ?
– On boit ça et on y va.
– Parfait. »
Il s'éloigna et nous nous retrouvâmes tous les quatre au milieu des techniciens qui ajustaient les éclairages et vérifiaient les caméras. Les figurants attendaient un peu plus loin, et nos instruments avaient été montés dans l'une des pièces de la maison.
« Le premier qui me roule vraiment une pelle, je le saigne sur le plateau. Rien à foutre, ronchonnai-je.
– Je savais que tu n'avais que de la gueule, Hayden, rit Kate. C'est dommage.
– Fais pas la maligne, toi. Je vais te mettre en PLS en deux secondes, si je joue vraiment le jeu.
– Mais c'est ce que tout le monde attend, que tu joues vraiment le jeu. Pense à Jimin, quand il regardera ce MV, à sa sortie. Tu n'as pas envie de faire grimper sa tension ? De faire grimper son envie ? De lui donner envie de sauter dans le premier avion pour L.A. afin de prendre nos places ? »
Putain. Si, j'en avais envie.
« Voilà ! Servez-vous, mais soyez raisonnables. Si vous n'êtes pas capables de tourner après ça, ça va être problématique.
– On gère. »
Je décapsulai la première bière que je passai à Kate avant d'ouvrir les autres et de les distribuer. Nous trinquâmes tous les quatre et vidâmes notre bouteille en quelques secondes. Ça allait nous monter très vite à la tête, mais personnellement, ça allait me désinhiber. C'était parfait.
Nous fîmes un tour de tout le plateau, de toute la maison, et découvrîmes les pièces, les décors. On nous expliqua quelle scène allait être tournée à quel endroit. Nos instruments avaient été déposés dans quatre pièces différentes, et nous allions donc chacun avoir la nôtre. On nous présenta tous les figurants et nous les saluâmes et les remerciâmes d'être là avec nous. Et lorsque tout le monde fut prêt, le réalisateur lança le top départ.
Nous commençâmes à tourner en suivant les directives. Les figurants se mêlèrent à nous, et notre chanson hurlant dans les enceintes, l'ambiance changea petit à petit. Des mains glissèrent dans les miennes, frôlèrent mes bras, mon dos. Rien d'indécent, tant que je n'étais pas d'accord. Nous montâmes à l'étage et dûmes refaire la prise plusieurs fois, pour que les caméras puissent nous suivre chacun notre tour.
Une fois en haut, nous nous séparâmes pour tourner nos scènes séparément. Il valait mieux qu'on soit filmés en train de jouer tant qu'on était effectivement encore en capacité de jouer. Dean commença, et je l'observai faire sans un mot, avec un sourire aux lèvres. Il fit de nombreuses prises, parfois totalement seul, parfois avec des figurants autour de lui, près de lui, ou en train de se pécho à même le sol. Au bout d'un bon quart d'heure, le réalisateur jugea que c'était bon, et on passa à Ulrich. Même chose. Puis ce fut à moi. J'avais pensé que ça serait simple, mais en fait, avoir tous ces yeux et toutes ces caméras sur moi, c'était intimidant. J'inspirai un grand coup et hochai la tête pour lancer le top départ. J'entendis notre chanson hurler dans les enceintes alors je me calai sur ces moments-là pour enchaîner les accords. Les figurants entrèrent dans le champ de la caméra et se rapprochèrent de moi.
« Regarde les caméras, Hayden ! »
Je m'exécutai.
« C'est ça ! Continue ! »
Je fis diverses expressions, et je crus voir mes amis se payer ma tête, dans ma vision périphérique. Cependant, ça avait l'air de plaire au réalisateur qui était rivé sur le retour vidéo, et qui me jetait des coups d'œil de temps en temps.
Je recommençai plusieurs fois alors que des caméras mobiles me filmaient en plans rapprochés.
« C'est bon, coupez ! »
Mon bras droit retomba le long de mon corps, et un homme s'approcha de moi et tendit les mains pour récupérer ma guitare. Je rejoignis les autres et on me fit une place près du retour pour que je puisse regarder les rushs.
« Dis-moi ce que tu en penses. »
Je hochai la tête et regardai ce qu'ils avaient filmé. Je trouvais que j'avais tout bonnement l'air ridicule et je fis la grimace.
« J'ai l'air stupide.
– Stupide ? Pas du tout.
– Moi, je t'ai trouvé canon, intervint Kate.
– Bien sûr, tu t'es payé ma tête les trois quarts du temps.
– Je me retenais de te sauter dessus.
– Très drôle.
– Je t'assure, Hayden. Tu étais canon. »
Je remontai mes yeux dans les siens. Son sourire était sincère.
« Il fera dix malaises en te voyant. Je te le promets. »
J'eus un rictus amusé, puis je fis face au réalisateur.
« C'est bon pour moi. J'arriverai pas à faire mieux de toute manière, alors si ces rushs vous conviennent, on garde ça.
– Parfait. À toi.
– Yay ! »
Nous changeâmes de pièce. Lorsque j'arrivai dans l'entrée, Kate avait déjà passé la sangle de sa guitare sur son épaule, et elle trépignait d'impatience. Le prix de l'enthousiasme lui revenait haut la main.
Pour terminer, toute l'équipe se dirigea vers la grande salle, à l'étage, où allait être tournée la moitié du clip. La batterie de Dean avait déjà été remontée, et ma guitare ainsi que la basse d'Ulrich nous attendaient aussi. Nous récupérâmes nos instruments, et Kate nous rejoignit avec sa guitare. Nous prîmes nos positions habituelles, et on nous replaça légèrement par rapport aux décors et aux lumières.
La chanson fut lancée depuis le début, et nous commençâmes à jouer par-dessus. Nous la fîmes en entier trois fois, des caméramans tournant autour de nous lors des deux prises suivantes, et lorsque le réalisateur jugea que c'était bon, nos instruments furent récupérés et rangés.
Nous reprîmes la suite de la première scène filmée, à la remontée de l'escalier. On me demanda de m'allonger sur un canapé type XVIIIᵉ français de façon lascive, tandis que tout un harem se formait autour de moi, et que je devais fixer Kate sans sourciller. Je m'exécutai et la regardai flirter avec un type, pendant que des mains caressaient mon corps et que des souffles cognaient contre ma peau. Certains me provoquaient des frissons incontrôlables, comme toujours, lorsqu'ils effleuraient mes oreilles.
Quand le type coucha Kate et se pencha vers elle pour l'embrasser, je me redressai d'un bond. Mouvement instinctif, qui n'était pas prévu, mais le réalisateur n'arrêta pas la prise pour autant. Que faire ? Rester ainsi assis ? Me rallonger ?
Je me levai, attrapai l'un des poignets qui était près de moi, et je tirai dessus. La jeune femme me suivit, jusqu'à ce que nous soyons cachés dans une petite alcôve. Je jetai un petit coup d'œil derrière nous, et en voyant qu'un caméraman nous avait suivis, je compris que j'étais coincé. Je refis donc face à la jeune femme, et je m'excusai. Elle eut un petit rire et me dit que je n'avais pas à le faire. Je glissai mes mains sur sa gorge et approchai mon visage du sien. Vu l'angle, personne ne pouvait se douter que je ne l'embrassais pas réellement, et elle joua le jeu en s'accrochant à moi.
Ça allait le faire, si tout le tournage pouvait se passer de cette manière. L'alcool commençait à vraiment envahir mes veines, étant donné que je n'avais rien mangé au réveil, et avec la chaleur, je n'allais pas tenir longtemps. Si je commençais à vraiment embrasser quelqu'un ou autre, j'allais avoir des problèmes.
J'attendis qu'on me dise de sortir de ma cachette pour ne pas gâcher un éventuel plan. Quand le réalisateur coupa la scène, je bougeai avec la jeune femme. Il me félicita pour mon impro et nous donna de nouvelles directives. J'inspirai profondément, et lorsque la caméra se remit à tourner, je m'approchai de Kate et glissai mon visage dans son cou. C'était vraiment trop bizarre, comme situation. Elle se laissa pourtant faire, et ses doigts effleurèrent mon dos.
« Je suis désolée, Hayden, murmura-t-elle.
– Désolée ? Pour quoi ?
– Ça commence à m'exciter un peu, leur délire. »
Je m'étouffai et m'éloignai d'elle pour tousser alors qu'elle se mit à rire.
« Coupez ! »
Je continuai de tousser et on m'apporta un verre d'eau alors qu'elle était tombée au sol dans les pétales de fleurs, et qu'elle se roulait dedans comme si elle l'allait jamais pouvoir reprendre sa respiration.
« Qu'est-ce qui se passe ? demanda le réalisateur.
– J'ai respiré de travers.
– D'accord. Tu me dis quand c'est bon, on reprend où on en était. »
[...]
Ça faisait trois bonnes heures qu'on tournait. J'étais épuisé. Kate, Dean et l'une des figurantes avaient tourné une scène qui m'avait donné un peu chaud, et j'avais honte de le reconnaître. J'étais heureux de ne pas y avoir assisté en direct et d'avoir seulement vu le retour. Pendant qu'eux avaient été ensemble, j'avais été avec Ulrich, et deux figurants. Allongé sur le dos, pendant que « j'embrassais » une jeune femme, la main d'Ulrich s'était baladée sur mon torse alors que le deuxième figurant était dans son dos et embrassait sa gorge. Bien plus soft que la scène des deux autres, mais tout de même émoustillant. J'avais dû lutter pour ne pas imaginer que c'était Jimin, à mes côtés. Une vraie torture. Alors heureusement, HEUREUSEMENT, que je n'avais pas assisté à la scène de Kate et Dean en direct. J'aurais dû aller me baigner dans de l'eau bénite.
Il me restait encore deux scènes à tourner. Une dernière avec Kate, et une avec Dean. Et je ne le sentais pas, du, tout.
« Prêts ? »
Non, absolument pas, mais avais-je encore le choix ?
Je m'exécutai donc, et de fil en aiguille, je finis contre Kate, dans les pétales de fleurs et les coussins, entourés de tous les autres figurants.
« J'te promets que si tu me sors une nouvelle connerie, je te cogne », chuchotai-je.
Elle se contenta de rire. Le visage tourné vers le plafond, l'une des caméras la fixait. Sa voix sortit des enceintes, et je sentis sa poitrine se gonfler quand elle prit une grande inspiration pour chanter le refrain. Je fis ce qu'on m'avait dit de faire, perdis mes doigts dans ses cheveux, le long de son visage, puis fis pareil de mes lèvres. Je descendis, descendis. Ma tête tourna quand son décolleté se prononça un peu trop contre moi. Je n'avais pas eu de seins si près de moi depuis une éternité. Mais ce n'était pas le moment de penser à ça. Alors j'inspirai et continuai de descendre pendant qu'elle jouait avec la caméra.
Hors du champ, je me redressai et inclinai ma tête de droite à gauche. J'attendis un instant, puis repris ma place d'origine. Cette fois, je n'étais pas contre elle, mais au-dessus d'elle, les bras tendus.
« Quand vous voulez ! »
J'échangeai un regard avec elle, et elle me sourit. Plus vite ça serait fait, plus vite ça serait terminé. L'éclairage commença à clignoter et je pris une grande inspiration.
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