[19/04/2024]

Bonjour bonjour !

J'ai toujours pas pris mes hôtels et billets de train pour I Prevail pouahaha, je vais bientôt chialer tellement ça va être hors de prix, ça va me revenir à 300 balles à ce rythme 🤡

Bref. Alors, ce chapitre. J'ai pas grand chose à dire dessus en intro qui ne spoilerait pas son contenu, alors je ne vais rien dire. Mais concernant le précédent, je suis contente que vous ayez aimé cette dernière scène entre Hayden et son père. Tout le dernier passage (à partir du moment où son père quitte le salon), je l'ai rajouté il y a quelques semaines, en faisant ma mise en page. Je voulais que les deux puissent se réconcilier, mais je n'avais pas trouvé la manière de le faire "face caméra", et juste le dire suite à une ellipse, ça me dérangeait.

Quand j'ai relu le "je sais que tu me méprises" d'Hayden, ça m'a fait vachement mal. Et je me suis dit que si son père ne démentait pas ça, ne trouvait pas la force de faire le premier pas à ce moment-là, ça serait terminé. Alors je lui ai donné la force de démentir, et surtout, de lui dire que malgré tout, il l'aimait. C'est ce que représente ce "mon fils". Son père ne l'a jamais appelé autrement que par son prénom, depuis des années.

Bref, je ne vais pas faire une thèse entière sur ce passage, je sais que tout le monde l'a compris, mais j'avais envie d'écrire ça quelque part.

Sur ce, je vous laisse avec cette update, j'ai un tirage au sort à faire sur Insta 👀

J'espère que ce chapitre vous plaira.

Bonne Léocture ! ♥

~~+~~

Notre petit concert dans le bar s'était bien passé. Nous n'avions pas avoué que Maria avait quitté le groupe, nous avions juste dit qu'elle n'avait pas pu être là, ce soir. Nous avions enchaîné nos chansons, comme d'habitude, et une fois le set terminé, nous avions remballé nos affaires et étions allés boire un coup.

Dean et Adrian avaient tenté de savoir si Kate avait accepté mon offre, mais elle leur avait dit sous quelle condition elle était. Par conséquent, Dean savait que c'était mort, ou en tout cas actuellement. Nous allions devoir ralentir le pas et annuler certaines dates. À quoi bon se produire avec une moitié de groupe seulement. Surtout qu'il y avait des soirs où Adrian ne pourrait pas être là, et que sans personne pour le remplacer, nous n'allions pas pouvoir performer à deux.

La dernière semaine du mois de juillet s'était écoulée ainsi trop rapidement, et le dernier jour de Jimin avec moi aussi. Ce soir, il était hors de question qu'on le passe à la maison à essayer de se montrer distants et discrets. Alors on avait abandonné Kate sans scrupules, et on était partis à l'appartement, tous les deux.

Nous nous étions fait un petit dîner aux chandelles, il avait vidé la moitié de la bouteille de vin à lui tout seul, et quand était arrivée l'heure du dessert, il avait commencé à se déshabiller dans la cuisine. Je savais ce qu'il attendait depuis bientôt un mois, et j'allais enfin exaucer son rêve. Je lui avais fait l'amour sur le plan de travail, puis je l'avais tiré jusqu'à la chambre. Je l'avais poussé sur le lit et l'avais surplombé avant de l'embrasser avec tendresse pendant de longues minutes.

J'avais un cadeau pour lui. Je voulais lui offrir pour son anniversaire à l'origine, mais je savais que nous ne pourrions pas être ensemble, cette année. Devrais-je lui offrir maintenant ?

« J'ai quelque chose pour toi, murmurai-je après un moment.

– Ah oui ? Quoi donc ?

– Une surprise.

– Qui est ? soupira-t-il alors que je déposais des baisers le long de sa jugulaire.

– Ferme les yeux. Je l'installe.

– Tu l'installes ? Oh, tu t'es enfin mis au BDSM ? »

Je lâchai un rire et lui volai un baiser.

« C'est ça. Je vais ligoter ton cœur. »

Il m'embrassa et me laissa m'échapper.

« Ferme les yeux.

– D'accord, d'accord. »

Il se rallongea et porta les mains à son visage.

« Je peux essayer de deviner ?

– Si tu veux. »

Je quittai la chambre et je l'entendis aussitôt protester.

« Ne me dis pas que tu oses me planter comme ça ?

– J'ai dit "ferme les yeux", je reviens !

– Bah fais vite, je n'en peux plus, moi ! »

Je ris et récupérai mon sac abandonné plus tôt dans le salon. Je le ramenai dans la chambre. Mes yeux glissèrent sur sa silhouette, sa peau brillante et lisse, sans aucune imperfection, ses formes qui me faisaient tourner la tête, et je me raclai la gorge pour revenir à son cadeau.

J'ouvris le sac, repoussai mes vêtements, puis soulevai le couvercle de la boîte de carton qui était posée au fond. En essayant de faire le moins de bruit possible, je la pris et la retournai pour en faire sortir son contenu, coincé entre deux blocs de polystyrène.

« Mmh, vu le bruit, je me dis que ça ne doit pas être une paire de menottes, ni un fouet. »

Je me contentai de souffler, et le contenu fut libéré de la boîte. Je m'empressai de séparer les deux protections et d'en sortir le globe et son fil électrique.

Je jetai un coup d'œil à Jimin pour m'assurer qu'il ne trichait pas, et je posai l'objet sur la table de nuit avant de détendre le câble de chargement. Je me mis à genou pour trouver une prise dans le mur, et lorsque ce fut fait, je le branchai. Évidemment, le bruit ne passa pas inaperçu.

« Oh. Donc c'est quelque chose qui se charge. Il s'utilise au lit ?

– D'une certaine manière, oui.

– C'est un jouet ?

– Pas vraiment. »

Il continua de réfléchir. J'ajustai l'objet sur le coin de la table de nuit, puis je remontai sur le matelas.

« Je peux rouvrir les yeux ?

– Oui, mais ne regarde que moi, pour le moment. »

Il retira ses bras de son visage, et ses paupières se soulevèrent.

« Quand est-ce que je vais pouvoir voir ce que tu veux m'offrir, alors ?

– Bientôt. »

Je plongeai sur sa bouche et l'embrassai comme s'il n'y avait pas de lendemain. Après tout, même si j'allais tout faire pour le rejoindre avant qu'il ne parte faire son service, on ne savait pas ce qui se passerait dans ma vie, d'ici quatre ou cinq mois. Peut-être que c'était la dernière fois que nous étions ensemble avant son retour.

« Je vais te faire voir les étoiles, Jimin. Essaie de garder ces quelques heures dans ta mémoire.

– Arrête de parler comme ça, tu vas juste me faire pleurer.

– Excuse-moi. »

Je l'embrassai encore et il croisa ses bras derrière ma nuque. Mes lèvres glissèrent ensuite sur sa gorge, et ma main frôla son corps.

« Hayden... »

J'effleurai son entrejambe et il lâcha un soupir coupable.

« Hayden... »

Je laissai ma langue remonter sa gorge jusqu'à son menton, puis replongeai mes pupilles dans les siennes.

« Qu'est-ce que c'est, ce cadeau ? »

Je le regardai dans les yeux en silence, puis je m'appuyai sur mon bras droit pour saisir sa main et la lever vers la table de nuit. Il se laissa guider, et lorsque je trouvai le bouton, j'abandonnai ses doigts dessus. Je devinai à son regard qu'il essayait de savoir ce que c'était.

« Appuie dessus quand tu penses que c'est le bon moment.

– Tu m'intrigues.

– Je sais. »

Je l'embrassai encore, éteignis le lustre d'une pression sur la tête de lit, et la pièce fut plongée dans le noir.

« C'est une lampe ? murmura-t-il entre deux baisers.

– Peut-être. »

Je continuai de l'embrasser, mon corps ondulant contre le sien. Il remonta ses cuisses le long de mes flancs et croisa ses chevilles sur mes fesses. Il me fit implicitement signe de me fondre encore en lui en pressant ses mollets contre moi. Je ne me fis pas prier, et sa main libre griffa aussitôt mon omoplate.

« Hayden... »

J'augmentai la profondeur de mes mouvements, la chaleur de mes baisers, et après quelques minutes, alors qu'il se cambrait puissamment contre moi, je l'entendis actionner le bouton.

Je ralentis et déviai mes baisers sur sa joue, pour le laisser voir le spectacle. Dans mon dos, sur le plafond, était normalement apparu le système solaire et ses milliers d'étoiles.

« Hayden... »

Sa voix avait tremblé. Sa respiration accéléra, ses mollets se resserrèrent contre moi, et sa poigne dans mes cheveux redoubla.

« C'est si beau...

– Je suis heureux que ça te plaise. C'est pas grand-chose, mais j'ai pensé à toi, quand je l'ai vue. Je voulais te l'offrir pour ton anniversaire...

– C'est magnifique. Merci.

– Je t'en prie.

– Merci. »

Il saisit mon visage en coupe et m'amena à l'embrasser encore une fois. Je ne me fis pas prier, puis remontai contre lui. Il gémit contre ma bouche, me murmura qu'il m'aimait, et m'embrassa de nouveau.

« Allume cette lampe... à chaque fois que ça ne va pas... et que je te manque...

– Promis. »

[...]

Jimin était reparti. J'avais essayé de rejouer de la basse, mais je n'y arrivais toujours pas. Je préférais abandonner et continuer de chercher un bassiste à part entière. C'était lâche, je le savais. J'avais envie de m'y remettre, mais au fond de moi, j'avais peur de ne plus y arriver, et de me rendre compte que jamais je ne réussirais à retrouver mon niveau d'avant. C'était plus ça qui me bloquait qu'autre chose, aujourd'hui.

Néanmoins, nous avions trouvé un compromis, avec Kate, afin qu'elle rejoigne quand même le groupe. Je lui laissais les solos de guitare, et je remplaçais la basse à coup de guitare rythmique. En attendant de trouver mieux, nous allions fonctionner comme ça.

Jimin, quant à lui, avait participé à l'un des concerts de Yoongi, après son retour en Corée, début août.

Le 4 septembre, nous avions fêté nos 1000 jours. À distance, malheureusement. J'aurais aimé me rappeler la date pour lui faire la surprise, préparer quelque chose, mais c'était mal me connaître. Lui avait évidemment tout de noté quelque part. Nous avions mangé ensemble, chacun d'un côté de l'écran, puis nous avions regardé un film. Pendant un instant, j'avais eu l'impression qu'il était près de moi. Seule la nuit qui avait suivi m'avait rappelé que non, il était à des milliers de kilomètres d'ici.

Ensuite, il avait accompagné Jungkook sur la promotion de ses singles, et Taehyung sur la sortie de son l'album solo. Leur planning était rempli, mais plutôt clair. Après les derniers concerts de Jungkook qui auraient lieu fin novembre, ils partiraient tous faire leur service. Leur agence était en train de faire la demande d'enrôlement pour lui, ses deux cadets, et Namjoon, afin qu'ils partent tous les quatre ensemble. Ce qui voulait dire que d'ici deux mois, il ne serait plus là...

Aujourd'hui, nous étions au mois d'octobre, et chacun bossait comme un fou de son côté. Jimin allait sortir une sorte de reportage sur le tournage de son album, pour son anniversaire, ce qui nous empêchait dans tous les cas de pouvoir le passer ensemble. Il allait même faire un mini fanmeeting après ça. C'était chouette pour lui, même si, une fois encore, j'enviais toutes ces personnes qui pouvaient le voir plus que moi.

Il continuait de sortir des petites vidéos réaction sur sa chaîne YouTube, et je les regardais à chaque fois, sans exception. J'aimais le naturel qu'il avait à ces moments-là. Et, jetant un coup d'œil à mon téléphone, je vis qu'il devait être levé. Je lançai donc un appel, et sa voix endormie me répondit après de longues secondes.

« Hi, sunshine of my life. Je t'ai réveillé ?

– Oui.

– Excuse-moi.

– Ce n'est pas grave. »

Il soupira et sembla se retourner dans les draps.

« Tu vas bien ?

– Oui. Et toi ?

– Oui. Tu as fait quoi, aujourd'hui ? »

Je lui détaillai donc ma journée, et quand je lui dis que je venais de regarder sa dernière vidéo, je devinai son sourire à travers sa voix.

« Je suis content que ça t'ait plu. Ça m'éclate, vraiment. Et il y en a une en particulier que j'ai hâte de pouvoir tourner.

– Ah oui ? Laquelle ?

– J'ai hâte de pouvoir tourner un "Jimin reacts to WIDZ". »

Je laissai échapper un petit rire.

« Tu sais qu'on risque de changer de nom d'ici peu...

– Ça ne va pas devenir compliqué ? Niveau marketing et image de marque, tout ça...

– Pour les professionnels extérieurs, si, mais pour nous... Pour le moment, beaucoup suivent, ou suivaient, "le groupe d'Hayden Jung", donc le nom importe peu. Maintenant, c'est mon groupe à moi et Kate.

– Pauvre Dean...

– Ouais, je me sens mal. Mais tu as raison sur un point : ça nous complique les choses pour se faire connaître professionnellement. C'est pas sérieux de changer de nom à chaque départ de membre, et ça peut perdre les gens qui connaissaient notre musique sans nous connaître nous personnellement. C'est pour cette raison que déjà, les vidéos du groupe que l'on fait, je les poste sur ma chaîne secondaire. Quand on aura pris une décision pour le nom du groupe, on fera une chaîne officielle. Mais bon, pour le moment...

– Oui, je sais que c'est compliqué... Mais vous avez déjà réfléchi à un autre nom, quand même ?

– Non, pas encore. Disons que ce n'est pas notre priorité. On préfère se concentrer sur la composition pour le moment. Quand on aura assez de titres, assez de bons titres, et ensuite assez d'argent pour financer un EP, alors on s'inquiétera pour le nom.

– Tu fais les choses à l'envers, Hayden.

– Je fais souvent les choses à l'envers. Tu ne l'avais pas encore remarqué ? »

Il se passa quelques secondes avant qu'il ne pouffe.

« C'est vrai que moi aussi, te concernant.

– Voilà.

– Dis, aucun rapport, mais quand vous aurez enfin votre chanson titre, votre MV, votre nom, tu penses que tu pourrais me partager tout ça en avant-première ?

– Bien sûr, pourquoi tu me poses la question ?

– Enfin, professionnellement parlant ?

– C'est-à-dire ?

– Ça me plairait vachement d'être le premier à pouvoir tourner une vidéo réaction sur votre premier tube. »

Oh.

« Si on finance l'EP nous-même alors oui.

– Super !

– Mais y a un problème, Kitty. Si on le sort l'année prochaine... tu seras pas là pour faire une vidéo réaction dessus. »

Le silence s'étendit entre nous.

« Je ne sais pas à quelle fréquence tu auras accès à Internet ou que tu seras en permission, mais ça me paraît difficilement réalisable.

– Fait chier. »

J'esquissai un sourire.

« J'aurais trop aimé être le premier...

– Je t'enverrai des extraits audios, si tu veux. Voire la piste quand elle sera terminée. Tu l'entendras quand même avant tout le monde.

– Je vais me contenter de ça... »

Mon sourire s'affaissa doucement. Les choses devenaient concrètes : d'ici deux mois, nous ne serions quasiment plus en contact. Ça me tordait les entrailles.

« T'es obligé de partir ? soufflai-je.

– Oui... Enfin, je peux essayer de tricher, mais ça sera forcément découvert, et non seulement je prendrais pire, mais en plus, socialement parlant, je serais fini.

– Alors tant pis.

– J'aurais aimé pouvoir faire un service civil comme Yoongi-hyung ou d'autres de mes amis, et pouvoir rentrer chez moi tous les soirs. Ça n'aurait pas changé grand-chose à ma vie. C'est juste qu'au lieu de chanter, de danser, d'être filmé et photographié sous tous les angles, j'aurais travaillé pour mon pays comme un citoyen lambda.

– Et tu ne peux pas demander à faire ça ?

– On ne m'y autorisera pas sans bonne raison. Et je n'ai aucune bonne raison. T'aimer n'est pas suffisant. »

Je baissai la tête, un sourire aux lèvres.

« J'ai marqué un point ? murmura-t-il.

– Je ne compte plus depuis bien longtemps, alors si ça te fait plaisir.

– Je suis certain que je t'écrabouille, et de loin, de toute manière. »

J'allais répondre quand l'écran de mon téléphone s'alluma contre mon oreille. J'y jetai un rapide coup d'œil avec pour objectif de le remettre à sa place aussitôt après, mais la vision du nom de l'expéditeur me fit hésiter. Ulrich.

« Attends, bouge pas, je viens de recevoir un message.

– De qui ?

– Ulrich.

– Qui est-ce ?

– Tu sais, le gosse qu'on avait rencontré à Paris, et qui s'était pointé à mes auditions.

– Oh, oui ! Qu'est-ce qu'il veut ?

– Quitte pas. »

Le message s'ouvrit dans WhatsApp et je le lus rapidement. Les yeux écarquillés, j'entendis à peine Jimin qui continuait de me supplier pour que je lui dise ce qu'il me voulait.

« Hayden !

– Oui, je... Il me dit qu'il a vu qu'on était toujours à la recherche d'un bassiste, et...

– Et !?

– Il me dit qu'il aura son diplôme à la fin de l'année, et que si jamais la place est toujours disponible, et qu'on veut bien de lui, ça pourrait l'intéresser...

– Oh mon dieu. Accepte !

– Je ne sais pas...

– Mais pourquoi !? Tu ne m'avais pas dit que vous aviez failli l'engager, l'année dernière ?

– Si, mais y avait eu des frictions avec Adrian, et avec les autres participants avant ça, pendant les auditions, uniquement parce qu'on se connaissait déjà. Il avait pris ça à la rigolade, mais je suis certain que ça avait dû le mettre mal à l'aise, en réalité.

– Appelle-le tout de suite et engage-le.

– Jimin, je ne-

– Fais-le. Maintenant.

– Mais pourquoi ?

– Parce que je le sens bien, ce mec. Même si j'étais liquéfié à l'intérieur de moi, quand il nous a surpris et qu'il m'a reconnu, j'ai eu une bonne impression. Et vous avez failli l'engager, la dernière fois. C'est qu'en plus il est doué. Je suis persuadé que c'était un signe, qu'on l'ait rencontré à Paris. Alors ne rate pas cette occasion.

– Il faut que j'en parle aux autres.

– Je suis sûr qu'ils seront d'accord avec moi. Kate ne va que pouvoir l'aimer, et je suis certain que Dean l'apprécie aussi. Le courant ne pourra que passer, entre vous quatre. Et plus vite votre groupe sera au complet, plus vite vous pourrez décoller. Tu ne crois pas ?

– Il me dit "à la fin de l'année", Jimin. Et que "si la place est toujours libre". Ça veut dire qu'on doit s'attendre mutuellement, si j'accepte.

– Accepte, Hayden. Accepte pour moi. »

C'était bien beau, de me demander ça, mais je ne pouvais pas remettre toute ma carrière et celle de mes amis entre ses mains, sur son bon vouloir. Même si à lui seul il pourrait nous aider à produire un album en entier, nous trouver une agence, faire notre communication et financer une tournée en un claquement de doigts, je ne pouvais pas. La facilité ne nous aiderait en rien, surtout dans ce milieu.

« Je vais l'appeler.

– Tiens-moi au courant !

– Bien sûr. Rendors-toi ou passe une bonne journée.

– Merci. Je vais me lever. Envoie-moi un message dès que tu l'as appelé.

– Je le ferai. À tout à l'heure, sweetheart.

– À plus tard ! »

Je raccrochai. L'écran se ralluma automatiquement, et je tombai sur le message d'Ulrich. Si jamais il avait rouvert la conversation, alors il savait que je l'avais lu. Je laissai mes yeux parcourir plusieurs fois ses mots, puis je pris mon courage à deux mains et je lançai un appel. Il décrocha presque aussitôt et je fus pris de court.

« Salut, Hayden ! Comment tu vas ? Je m'attendais pas à ce que tu m'appelles tout de suite. Je t'ai pas dérangé au moins ? Ça pouvait attendre, tu sais. Je t'ai envoyé ce message comme ça, sur un coup de tête. En vrai, je regrette un peu, je me sens idiot. »

Il rit et je retins un soupir. J'avais oublié à quel point c'était un moulin à paroles.

« Je suis vraiment surpris. »

Il s'interrompit.

« Pardon. Je parle trop. »

Ce fut à mon tour de lâcher un rire.

« Tu parles trop, confirmai-je. Mais disons que ça fait partie de ton charme. »

Il s'esclaffa de l'autre côté de la ligne et je portai une main à mon visage. Mais qu'est-ce que je racontais ?

« J'ai lu ton message, dis-je pour désamorcer la situation. Et, pour être honnête, je suis toujours dans le même conflit que la dernière fois.

– Je comprends.

– Dans tous les cas, il faut que j'en parle à Dean et à Kate. Et à Adrian, parce que même s'il n'est plus sur scène, il restera à bosser avec nous en production.

– Je vois.

– Et puis... La fin de l'année scolaire, pour toi, c'est quand ? Juin ? C'est dans huit mois.

– En fait, j'aurais pu avoir mon diplôme en juin, mais j'ai demandé à mes profs de ne pas le valider afin que je puisse faire un stage supplémentaire. Je bosse dans un gros studio, le Robert Lang Studios à Shoreline, dans l'État de Washington. »

Wow, ce n'était pas un petit studio amateur.

« Je finis dans quelques semaines, et là, j'aurai mon diplôme. Donc c'est fin d'année, mais calendaire, du coup, pas scolaire. Désolé, mon message n'était pas clair.

– Aucun souci. »

Un petit blanc s'installa.

« Hayden ?

– Pardon, je réfléchissais.

– D'accord.

– Donc si je comprends bien, techniquement, d'ici quelques semaines, si jamais on te le demandait, tu pourrais venir à L.A. ?

– Techniquement, oui. Bon, y aurait le problème du logement qui ne se règlerait pas en quelques jours, mais autrement, oui... »

Je réfléchissais à mille à l'heure. C'était un signe. Et même si j'allais encore passer pour un gros forceur, je savais que ça pourrait le faire.

« Hayden ?

– J'te rappelle.

– Oui, bien sûr. »

Je raccrochai sans attendre une seconde de plus. J'envoyai un message à Dean pour lui dire que d'ici trente minutes, avec Kate, on allait débarquer dans son école pour lui parler entre deux cours de batterie, et j'allai frapper à la porte à côté de la mienne. J'ouvris dès que mon amie m'invita à y entrer, et elle releva les yeux de sa guitare, que nous avions récupérée quelques semaines plus tôt avec ses autres instruments, grâce à son ancien batteur.

« J'ai trouvé notre bassiste.

– Quoi !?

– Viens, on va retrouver Dean. »

Je quittai la chambre et je l'entendis poser sa guitare avec précipitation avant de surgir dans le couloir pour me courir après.

« Comment ça ? Qui ?

– Viens. Je vous dirai tout une fois là-bas. »

[...]

Je leur avais tout dit. Dean avait cru pendant un moment que j'avais encore fait des magouilles dans son dos, mais je lui avais assuré que non, et il avait capitulé. Après tout, il l'aimait bien aussi, ce gosse, et il l'avait convaincu, lors des auditions.

Lorsqu'Ulrich nous rejoignit dans le studio de l'école de musique, ce jeudi après-midi de mi-novembre, alors que Jimin, lui, venait d'atterrir en Hongrie pour le tournage du clip de son prochain single, nous discutâmes pendant de longues minutes. Nous lui refîmes faire des essais, que ça soit en impro, sur des morceaux connus, ou sur certaines de nos compositions. Il se laissa prêter au jeu sans rechigner.

Kate fut convaincue, Dean aussi, et même Adrian, qui avait pu nous rejoindre. Toute animosité s'était envolée entre eux. Nous discutâmes pourtant entre nous tous les quatre, Ulrich attendant sagement dans la pièce voisine, de l'autre côté de la vitre.

« Bon... Il semblerait qu'on soit tous d'accord, acta Dean avec un sourire. Hayden, je te laisse l'honneur d'aller lui annoncer ? »

Mes yeux plongés dans les siens, je ne répondis pas tout de suite. Il fronça les sourcils et leva son menton dans ma direction.

« Je veux rajouter une condition. »

Tous écarquillèrent les yeux.

« Qu'est-ce que tu racontes ? me demanda Kate en tirant sur mon bras. C'est toi qui as tout fait pour qu'on le prenne, et maintenant tu changes d'avis ?

– J'avoue que j'ai du mal à te suivre », fit Dean.

Je replongeai mes yeux dans les siens, puis je me levai. Je m'approchai du micro et m'y penchai en appuyant sur la touche pour l'activer.

« Je veux te faire passer un dernier test », déclarai-je.

Ulrich passa de sa basse à moi aussitôt, et il hocha la tête.

« Aucun souci. »

Son large sourire réchauffa ma poitrine, mais peut-être allait-il regretter de me l'avoir envoyé, d'ici quelques secondes.

« Bien. »

Je relâchai le bouton et refis face à mes amis.

« Hyde, qu'est-ce que tu as en tête ?

– Un truc égoïste. Comme toujours. »

Je m'emparai de ma guitare et quittai la salle de mixage pour entrer dans celle d'enregistrement à côté. Ulrich me sourit encore, mais quand je lui tendis l'instrument, son expression cria l'incompréhension.

« Comme tu le sais, j'étais bassiste, avant. Et je veux réussir à reprendre la basse. Si un jour j'y arrive, alors on aura besoin que toi, tu prennes la guitare. Est-ce que tu penses pouvoir y arriver ? »