[22/03/2024]

Bonsoir bonsoir !

Omg, j'suis au bout de ma vie. J'ai passé plus de 2h30 dehors sous la pluie à aider mes parents à bricoler. Et pourtant, j'ai réussi à relire et corriger ce chapitre en 30-40 minutes. Je suis choquée.

Alors certes, je suis déjà repassée dessus des dizaines de fois, mais c'est comme tous les autres. Donc c'est louche. Y a moyen qu'il y ait des fautes qui soient restées un peu partout, n'hésitez pas à me les signaler mdr

Comme pour le duo de Jimin et Hayden sur "Clumsy", j'ai mis toutes les paroles de la chanson "Line It Up" dans les répliques des personnages. Désolée d'avance si certain.e.s d'entre vous ne comprennent pas bien l'anglais, ça des lignes inutiles 🥲

Je vous conseille d'ailleurs de l'écouter en même temps que ce début de chapitre (déjà parce que je l'adore (comment ça, c'est pas une raison ?), mais aussi parce que ça vous mettra sans doute mieux dans l'ambiance 😉)

Bref, je m'en vais comater. J'espère que ce chapitre vous plaira.

Bonne Léocture ! ♥

~~+~~

Les premières notes résonnèrent sur les cordes de ma guitare. Dans la version originale, elles étaient jouées au piano. Je répétai les vingt notes une deuxième fois, et je me rapprochai du micro en reprenant la partie de guitare, les yeux fermés pour me concentrer sur ma voix.

« I'm feeling like a stranger 'cause I'm stuck here. Living like my parents is my worst fear. They had some kids and got lost in the suburbs... Working jobs they hated made them suffer. And I'd rather die than live my father's life and pretend like I'm satisfied. »

Des frissons remontèrent ma colonne vertébrale, et j'entamai le refrain.

« So line it up for me. Steal away my dreams, 'cause I don't need no sleeping when I'm diving off the deep end. Line it up for me. Steal away my dreams, 'cause I don't need no sleeping when I'm diving off the deep end. I'm diving off the edge. »

Je repris les notes du début, et Kate se rapprocha de son micro.

« Crashing in these secondhand motel rooms, driving across the country 'cause I want to. I can't slow down because I'm scared to stand still. »

J'inspirai et chantai avec elle.

« I can't go home because it feels like hell. And I'd rather die than live my father's life and pretend like I'm satisfied. »

J'avais des frissons. Et l'arrivée du refrain n'allait pas arranger les choses, j'en étais certain.

« So line it up for me. Steal away my dreams, 'cause I don't need no sleeping when I'm diving off the deep end. Line it up for me. Steal away my dreams, 'cause I don't need no sleeping when I'm diving off the deep end. I'm diving off the edge. »

Je serrai fortement mon médiator entre mes doigts pour enchaîner les accords, puis je pris une grande inspiration.

« Why should I come back to earth when all that's there is tears and hurt ?

– There's absolutely nothing there for me, reprit Kate avec moi, for me. Diving off the edge feels good, I'm finally not misunderstood, I know that there is no way I can stay. »

Je fis vibrer deux cordes et continuai, quasiment a capella.

« I'd rather die than ever live my life that way. I'd rather die than ever live my life that way. »

Kate m'avait rejoint sur les deux derniers mots, et j'avais senti mes poils se dresser sur mes bras. La fin de la chanson arrivait, et j'étais certain que je n'allais pas survivre à l'entente de sa voix.

« Line it up for me ! lâchai-je, rauquement.

– Steal away my dreams, chanta-t-elle avec moi, 'cause I don't need no sleeping when I'm diving off the deep end. Line it up for me ! Steal away my dreams, 'cause I don't need no sleeping when I'm diving off the deep end. I'm diving off the edge ! I'm diving off the edge ! I'm diving off the edge ! »

Je laissai mes cordes vibrer, mais je ne les entendis pas. Tout ce que j'entendais, c'était la voix de Kate au fond de mon crâne. Et quand sa main se posa sur mon bras, je relevai les yeux et revins à moi. J'entendis enfin les applaudissement et les hurlements des personnes en face de nous. Troublé, je souris et retirai la sangle de ma guitare de mon épaule.

Elle me serra contre elle en me murmurant un « Merci, c'était génial », puis me lâcha. Elle passa ensuite un bras autour de mes épaules, et Dean fit de même en se posant à ma gauche. Je les pris par la taille avant qu'on ne s'incline tous en même temps. Je planais à dix mille.

Nous nous redressâmes et nous lâchâmes les uns les autres. Kate sauta en bas de la scène et s'éloigna, et je me mis à paniquer. Je l'imitai donc et la rattrapai. En se retournant vers moi, son regard changea, et elle me sourit.

« Tu m'as fait peur. »

Je desserrai ma prise sur son poignet, puis saisis sa main et tirai dessus pour l'amener dans un coin un peu à l'écart. Une fois que ce fut fait et que mon regard croisa le sien, je lui sautai dessus. Elle se figea instantanément.

« Merci à toi, surtout. C'était géant.

– Je t'en prie, Hayden. »

Elle rit et se mit à tapoter mon dos, tandis que des voix autour de nous s'élevaient.

« Mais je suis d'accord. C'était géant. »

Je m'éloignai et plongeai mes yeux dans les siens.

« J'ai jamais ressenti ça avec aucune des chanteuses qu'on a eu en essai. »

Elle sembla ricaner et me lança un drôle de regard.

« Je suis censée comprendre quelque chose ? »

En réalisant que ce que je disais pouvait être mal interprété, je me sentis piquer un fard.

« Non, non, pardon ! Je voulais dire, en termes d'alchimie. D'interprétation. J'aime ta voix, sa couleur, ta façon de chanter, la façon dont elle se marie avec la mienne. On n'a jamais chanté ensemble, on n'a même pas pu répéter, je t'ai fait monter sur scène comme ça, et tu as vu les harmonies qu'on a réussi à faire ? C'était si... Si parfait ! »

Elle sembla lâcher un petit rire, son buste tressautant.

« Je suis d'accord. Mais où est-ce que tu veux en venir ?

– Je veux que tu nous rejoignes.

– Et ta chanteuse ?

– Elle...

– Et Dean, et ton nouveau bassiste ? Il faudrait peut-être leur en parler, non ?

– Je le ferai. Ils comprendront. Ils comprendront, et ils seront d'accord.

– Te casse pas la tête. Je suis flattée par l'offre, mais je la refuse. »

Le plafond me tomba sur la tête.

« Pourquoi ?

– Je t'ai proposé de nous rejoindre il y a quelques mois, tu te rappelles ? Et tu as refusé.

– Tu sais que je ne pouvais pas accepter. Il y a Dean. Lui et moi, on est un lot. Si tu veux l'un, tu dois prendre l'autre.

– Et j'apprécie ta fidélité. Je l'aime beaucoup, mais je n'avais qu'une place de guitariste à pourvoir, dans mon groupe. Et maintenant qu'on est sur le point de signer avec une maison de disque, je ne veux pas retourner à la case départ. Pourtant crois-moi, c'est très tentant, comme proposition.

– Je comprends.

– Désolée, Hayden. On pourra toujours faire des duos, une fois qu'on sera lancés chacun de notre côté. Ça me plairait carrément. Mais là, c'est trop tard.

– Ne t'excuse pas, je comprends, vraiment. Mais je mentirais si je disais que je n'étais pas déçu.

– Ça se voit sur ton visage, tu sais. »

Elle se mit à rire, et je peinai à sourire.

« Ta chanteuse est cool. J'ai entendu ce que vous avez fait, elle se débrouille bien. Elle pourra faire des étincelles, avec le temps. Donne-lui sa chance.

– Je sais...

– Allez. Je me sauve, j'ai des tas de choses à faire. Profite de ton succès naissant, Hayden.

– Merci. »

Je lui souris, et elle s'approcha soudain de moi. Sa bouche effleura mon oreille et un frisson remonta ma colonne vertébrale.

« Et embrasse ton fiancé pour moi. J'ai hâte de le revoir. »

Elle recula avec un large sourire, puis elle s'éloigna. Je la regardai s'enfoncer dans la foule qui parlait et buvait encore. Je ne me repris que lorsque j'entendis mon nom. Adrian déboula soudain devant moi avec un air amusé.

« Alors c'est elle, ta copine ?

– Non. C'est juste une amie.

– Vraiment ?

– Oui.

– D'accord. Viens, faut que je te présente quelqu'un ! »

Je le suivis, et nous retrouvâmes Dean qui parlait avec un groupe de plusieurs personnes, un verre à la main. Ça allait être le moment de bosser notre communication.

[...]

Il s'était écoulé un mois depuis ce fameux concert où Kate nous avait rejoints sur scène. Et j'avais beau faire tous les efforts du monde, je n'arrivais pas à me la sortir de la tête.

Nous avions réussi à nous décider sur le nom du groupe : WIDZ. Une fois encore, c'étaient nos initiales, moins quatre lettres. De plus, ce mot signifiait « spectateur », en polonais, dans le sens de « regarder sans prendre part ». C'était assez amusant, et c'était pour ça que tout le monde avait aussitôt été convaincu.

Nous avions continué de travailler sur de nouvelles chansons originales, et avec Dean, on avait commencé à investir de l'argent de façon concrète, dans la réalisation de notre premier EP. On se débrouillait pas mal à deux en montage audio, mais on voulait quelque chose de pro, alors on allait devoir embaucher quelqu'un. N'importe qui n'était pas mauvais en photo, mais nous n'avions pas les yeux de vrais photographes ; on n'avait pas envie de photos et d'une couverture qui fassent amateur. On avait donc aussi besoin d'un ou d'une graphiste. Toutes ces personnes, il fallait les trouver, faire des devis, pour ensuite les payer une fois le travail accompli.

Même si mes vidéos les plus populaires continuaient à me ramener un petit SMIC sans rien faire, et que ma vidéo avec Steven et Jimin avait très bien marché, je savais qu'une fois tous ces professionnels recrutés et payés, je n'allais plus rien avoir sur mon compte.

Me prendre une semaine ou deux de vacances pour aller le voir était hors de question. De toute manière, je n'en avais pas le temps. Et Jimin avait l'argent, mais pas le temps non plus. La pause de son groupe n'avait pas facilité les choses. Son album solo sortait d'ici deux semaines, et il était quasiment injoignable. Après ça, il allait faire pas mal de promo, et il m'avait dit qu'il avait signé avec Dior et Tiffany pour être leur ambassadeur, alors qu'il serait beaucoup en déplacement et aurait énormément de séances photos à faire dans les mois qui venaient.

Mais on s'en était doutés. On l'avait su depuis le début, que si je me relançais dans le monde de la musique, alors notre couple serait en danger. Mais on voulait y croire. Même si on ne se parlait plus, qu'on n'allait pas pouvoir se voir avant des mois, on voulait croire en notre amour, et se dire qu'une fois que nous aurions passé ce cap, alors tout serait plus facile. C'était très utopique en réalité, mais nous voulions y croire. On allait tout faire pour y arriver.

J'allais passer ma Saint Valentin seul, mon anniversaire sans lui, mais j'allais le supporter. Parce qu'un jour, grâce à nos sacrifices actuels, nous n'allions plus avoir à nous séparer. C'était l'objectif que nous poursuivions.

[...]

L'album solo de Jimin venait de sortir. Et c'était encore pire que nous l'avions imaginé, niveau communication. Cependant, cette fois, j'apercevais sa bague à ses doigts, ou suspendue à son collier, avec le petit pendentif en forme de clé qui allait avec le mien, autour de son cou. Elle était aussi discrète que je l'avais voulue, et personne n'y avait fait référence, quel que soit l'endroit, ou le doigt, où elle était visible.

La mienne, je la portais continuellement. Personne non plus n'avait compris. Dans un sens, c'était amusant. Mais pour en revenir à Jimin, je savais qu'il la portait. S'il la portait, c'était que tout allait bien, même si nous ne pouvions pas nous le dire.

J'avais, comme le reste du monde, pu voir le clip vidéo de la chanson « Set Me Free pt.2 » que j'allais devoir faire en cover. Intéressant, comme Jimin me l'avait dévoilé. Cependant, je m'étais étouffé devant le MV. Quand il m'avait dit qu'il allait « tout donner », je ne m'étais pas attendu à ce que ça soit dans ce sens-là, et à ce point. Ça me dérangeait un peu que le monde entier puisse voir à quel point il était beau, gracieux, sexy. Putain de sexy, avec cette phrase en allemand qui entourait son corps. Elle me donnait envie de la parcourir de mes lèvres, et c'était une très mauvaise idée.

Bref, ça me rendait un peu jaloux, dans un sens. Mais j'étais aussi grisé de voir à quel point l'homme que j'aimais, et surtout qui m'aimait en retour, était magnifique et faisait tourner des têtes, en sachant qu'il était à moi, et uniquement à moi. Mais qu'autant de monde puisse voir certaines facettes de lui me démangeait. Tout ce que je ressentais était très contradictoire.

Et aujourd'hui que son album était sorti, que cette chanson en particulier était dévoilée, je ne pouvais plus reculer. J'allais devoir exécuter ma punition. J'allais devoir en faire une cover, mais j'étais certain que ça serait moins pire que la première fois. Bien entendu, Dean, Maria et Adrian étaient au courant de ce pari et étaient partants pour travailler avec moi sur cette chanson, même si elle n'était pas au goût de tout le monde.

Et qui disait « part du pari exécutée », disait « Steven et Jimin aussi ». Mon ami avait repoussé et encore repoussé, mais désormais, il savait qu'il allait devoir s'exécuter et nous maudissait. Quant à Jimin...

J'étais en train de travailler devant mon ordinateur quand mon ami débarqua sans même frapper à la porte.

« Hyde, dis-moi qu'il l'a pas vraiment fait ! »

Quand je fus remis de ma mini crise cardiaque, je fis pivoter mon fauteuil.

« Premièrement, de quoi tu parles, deuxièmement, WhatsApp ça existe, troisièmement, frapper à la porte n'est pas payant, tu le sais ?

– Je te parle de Jimin et de son piercing ! »

Je fronçai les sourcils.

« De quoi tu me parles ?

– De son piercing ! Qu'il vient de faire ! C'est le gage de notre vidéo !

– Il ne m'a rien dit, tu es sûr qu'il l'a fait ?

– Certain ! »

Il sortit son téléphone de sa poche et appuya dessus avant de me plaquer l'écran devant le nez. Je le repoussai pour mieux voir, et je m'étouffai.

« C'est un montage, mec, c'est pas possible.

– Un montage ? Non, j'en ai déjà vu des tas, des montages. Ça, c'en est pas un.

– Il aurait pas fait ça sans m'en parler. Et puis ça date de quand ? Il l'avait pas lorsqu'il a tourné son MV, c'est sûr et certain. Et il date d'il y a quelques semaines.

– Il l'avait pas, vu le nombre de fois que je l'ai maté. »

Je le fusillai du regard et il continua comme si de rien n'était.

« Mais bon, un piercing, ça prend une minute à faire. Dix, si tu comptes la désinfection tout ça tout ça.

– Il m'en aurait quand même parlé avant de faire un truc pareil.

– Pourquoi ? C'est son corps, il fait bien ce qu'il veut, il n'a pas-

– Je ne disais pas ça dans ce sens-là. »

Après, on avait du mal à se parler quotidiennement, ces dernières semaines. Peut-être qu'il n'en avait juste pas eu le temps.

« Hyde ?

– File ton tel.

– Pourquoi ?

– Pour que je regarde. »

Il me le tendit sans discuter et je rallumai l'écran pour observer la photo de Jimin qui apparemment, venait de sortir. Jimin avec son tout nouveau piercing. Au nombril. Est-ce qu'il l'avait vraiment fait ? Ou est-ce que c'était un faux pour un shooting ?

Maintenant que j'y pensais, quand il m'avait reparlé de cette histoire de piercing, il m'avait dit qu'il y en avait qu'il trouvait sexy, et c'était moi qui lui avais parlé du nombril. Est-ce qu'il l'aurait fait pour moi ?

« Alors, t'en penses quoi ? »

Je sortis de mes pensées et lui rendis son téléphone.

« J'en pense que c'est probablement un faux, et que de toute façon, la photo n'est pas d'assez bonne qualité pour qu'on puisse dire si c'est ça ou pas. C'est peut-être juste une paillette sur son t-shirt, une poussière sur l'objectif...

– Toi-même tu n'y crois pas.

– J'y croirai le jour où il me montrera son nombril.

– Chanceux. »

Je me contentai d'un sourire en coin, puis soupirai en faisant pivoter mon fauteuil pour me retrouver face à mes écrans.

« Si c'est tout ce que tu voulais me dire...

– Non, je voulais aussi savoir comment tu avançais, toi.

– Doucement. Je viens de me mettre à l'instrumental. Et toi ?

– J'ai fini mes achats. Plus qu'à tourner.

– Tu auras besoin d'aide ? Tu voudras que je vienne filmer ou autre chose ?

– J'apprécie la proposition, mais je n'ai pas envie de te voir te foutre de moi en face. »

Je lâchai un ricanement et me retournai vers lui.

« Je sais être pro quand je le dois, tu sais.

– Tu n'as pas envie d'avoir la surprise à la fin ?

– Après réflexion, j'avoue que j'apprécierai plus de déguster le produit fini, oui.

– Alors problème réglé.

– T'es venu juste pour ça ? Pour cette histoire de piercing ?

– Pour cette histoire de Jimin avec un piercing », corrigea-t-il.

Je roulai des yeux.

« Mais oui, c'était tout. Du coup je te laisse bosser.

– Ça marche. Tiens-moi au courant.

– Toi aussi ! On se fera des react', si ça te dit.

– Carrément !

– Dommage que ton remarquable et canon as fuck petit ami ne puisse pas participer avec son mignon et sexy as fuck petit nombril.

– Dans tes rêves, ricanai-je.

– C'est bien ce que je dis. Allez, à plus, Hyde.

– À plus. On se tient au courant ! »

Un dernier sourire, et il quitta ma chambre. Lorsque la porte se referma dans son dos, j'expirai bruyamment et plongeai mon visage entre mes bras, sur le bois de mon bureau. Est-ce que Jimin avait vraiment fait ça ?

Je relevai la tête et regardai l'heure. Je m'emparai ensuite de mon téléphone et tapai un message. J'attendis quelques secondes, et en voyant le message être ouvert, je n'attendis pas plus longtemps et lançai un appel. Ça sonna, puis la musique d'attente cessa.

« Coucou, me fit la voix endormie de Jimin.

– Salut, angel. Bien dormi ?

– Oui. Et toi, ta journée ?

– Ça se passe bien. Je viens de commencer à bosser sur ma cover de ta chanson.

– Oh, j'ai hâte de l'entendre, si tu savais...

– J'en doute pas une seconde. D'ailleurs, c'est pour ça que je t'appelle.

– Ah oui ? Pourquoi ? Tu as besoin de quelque chose ?

– Non, je disais "pour ça" pour parler de nos gages.

– Oh...

– Ouais. Steven vient de débarquer avec une photo de toi. »

Je l'entendis rire à l'autre bout du fil.

« Alors tu l'as vraiment fait ? Ici ? Sérieusement ?

– Non, c'était un faux.

– Je m'en doutais.

– Pourquoi ? Tu n'aimes pas ?

– Je n'ai pas vu assez clairement pour avoir un avis sur la chose, mais ça m'aurait semblé bizarre que tu fasses ça sans m'en parler.

– Attends deux secondes. »

Vu le bruit que j'entendis ensuite contre mon oreille, j'en déduisis qu'il avait posé son téléphone et qu'il s'était levé. Bien, soit.

J'attendis, et après de nouveaux bruits désagréables, je l'entendis gémir d'aise.

« Ça va ? demandai-je.

– Oui. Attends deux secondes. »

Bien. Bien.

« Regarde ton écran. Je passe en vidéo. »

Je fronçai les sourcils, mais je m'exécutai tout de même. J'activai également ma caméra, et son visage m'apparut.

« Coucou, souffla-t-il.

– Re. Je t'ai réveillé avec mon message ?

– Non, mon réveil avait sonné un peu avant et je traînais au lit, c'est pour ça que je l'ai vu tout de suite.

– Comment ça se passe en ce moment, d'ailleurs ? On ne s'est pas trop parlé.

– J'enchaîne les émissions, et les pre-record dans la nuit, c'est exténuant. Mais c'est bientôt terminé, je vais tenir le coup.

– J'imagine...

– Raeho a fait sa demande pour partir faire son service, au fait.

– Quoi !? Mais pourquoi ? Il est plus jeune que toi !

– Oui, il a l'âge de Jungkook, mais il préfère s'en débarrasser le plus vite possible. Il a sorti son mini album l'été dernier, tu sais, et il en est satisfait. Il préfère partir là-dessus. Et puis, il a fini tout ce qu'il avait à faire pour Louis Vuitton, donc il est totalement libre, il n'a plus d'obligation. Comme ça, il sera de retour pour l'automne 2024. Ça sera cool. On aimerait être tous de retour pour 2025...

– Alors pourquoi tu ne le fais pas, toi ? Qu'est-ce qui t'en empêche ? En dehors de ta promo solo ?

– J'ai encore pas mal de partenariats à honorer, d'interviews et de photoshoots pour des magazines à faire, sur plusieurs mois. Il y a aussi les albums des autres, j'ai envie d'être là pour eux, au moins pour celui qui sortira le sien en dernier. Si on part tous les uns après les autres, le dernier sera tout seul pour fêter sa sortie.

– Je comprends. Mais pourquoi ça serait à toi de te sacrifier ?

– Parce que je sais qu'il ne restera plus que moi... Yoongi-hyung partira après l'été, et je ne sais pas encore pour Namjoonie-hyung. Si le dernier à sortir son album est Taehyung, je ne peux pas ne pas être là pour lui, c'est mon meilleur ami. Et si c'est Jungkook, alors Taehyung sera trop occupé à profiter de sa copine s'il est encore là. Il faudra que je sois là. Et puis il y a toi...

– Il y a moi, mais à quoi bon, si tu es là-bas et que moi je suis ici ?

– Ça nous laissera quand même un peu de temps par-ci par-là. Il faut que je revienne te voir au moins une fois à Los Angeles avant de partir... Je dois revoir Ally une dernière fois aussi, et ta mère.

– Oui, et puis surtout, il y a une chose qu'on doit annoncer...

– Je vais me liquéfier...

– Pourquoi donc ? Ma mère va probablement fondre en larmes de joie. Tu sais à quel point elle m'a aidé et soutenu pour ça.

– Je sais... mais ton père...

– Lui c'est autre chose. On verra plus tard.

– On va dire ça.

– Bref, oublions ça pour le moment. Dis-moi pourquoi tu es passé en appel visio, Kitty. »

Il pouffa soudain et passa une main sur son visage.

« J'avais totalement oublié.

– Quoi donc ?

– Pourquoi j'avais lancé un appel visio.

– Petit poisson rouge.

– Je voulais te montrer.

– Me montrer quoi ? »

Il m'envoya un petit sourire en coin et j'eus du mal à avaler ma salive.

« Regarde. »

Il pinça sa lèvre inférieure et inclina la caméra vers le bas de son corps. Je sentis le mien commencer à chauffer, et lorsqu'il descendit un peu son téléphone, que sa main gauche repoussa le drap, je me demandai s'il existait quelque chose contre les problèmes de déglutition. J'en avais de plus en plus à chaque fois que je me retrouvais face à lui, ça devenait inquiétant.

« Tu me fais quoi ? soufflai-je.

– Tu as dit que tu n'avais pas bien vu, alors je te montre. »

Je ne pus m'empêcher de dévorer ses clavicules des yeux, ses pectoraux, ses tétons dressés, son tatouage, sa ligne abdominale... jusqu'à son nombril, où un anneau était fiché.

« Alors ? Maintenant que tu vois mieux, tu en penses quoi ?

– J'en pense que c'est sexy. Mais c'est un faux ?

– Oui. »

Ses doigts vinrent aussitôt le retirer et il frotta sa peau pour la détendre après le pincement exercé par le bijou.

« Alors, tu préfères avec ou sans ?

– Peu m'importe, ce n'est pas ton nombril que je regarde le plus, chez toi, tu sais.

– Je sais. »

Un petit silence s'étendit. La caméra n'avait pas bougé de place.

« Tu ne veux pas me remontrer ton visage, sweetheart ?

– Je peux. Ou je peux aussi te montrer plus bas. »

Je vis le bord de son boxer apparaître et je manquai de m'évanouir.

« Bordel, Jimin.

– Non, tu préfères mon visage ?

– Je veux tout voir. Pourquoi tu fais ça ? Je te veux là, avec moi, contre moi, pourquoi tu me frustres comme ça ? Pourquoi tu me chauffes alors que tu viens de sortir du lit et que moi je suis en train de bosser ? Encore une fois ? Saloperie.

– L'ambiance était propice, je crois, rit-il. En réalité, je vis plutôt bien mon abstinence forcée, c'est choquant.

– Vraiment ?

– Oui.

– Tant mieux alors.

– Oui. Je n'ai pas le temps d'y penser, et quand je rentre, je suis tellement épuisé que même si j'en avais envie, je ne tiendrais pas dix secondes avant de m'endormir la main dans le boxer.

– Image très plaisante à imaginer, même si la fin est plutôt décevante. »

Un nouveau rire lui échappa.

« Et toi ? Ça va, de ce côté-là ?

– Oui. T'en fais pas pour moi. J'ai pas non plus le temps d'y penser, et comme je ne côtois personne qui soit en mesure de me draguer, actuellement, ça ne me démange pas.

– Alors c'est une bonne chose.

– Très. »

Il soupira et frotta son visage.

« Je vais devoir te laisser, il faut que je me prépare.

– Ça marche. Je vais reprendre ce que je faisais.

– D'accord. D'ailleurs, fais-moi penser à t'envoyer quelque chose, ce soir.

– Quoi donc ? Tu peux être certain que j'aurai oublié.

– Alors patiente deux minutes. Sinon moi aussi je vais oublier. Ça fait déjà un mois que j'oublie.

– Un mois ?

– Oui.

– C'était quoi ? Un truc pour mon anniversaire ? »

Il ne répondit pas, mais au sourire qui s'était dessiné sur son visage, je compris que la réponse était oui.

« Qu'est-ce que tu avais prévu que tu n'as pas pu m'envoyer à temps, Park Jimin ?

– Attends deux minutes, je t'ai dit. »

Je roulai des yeux avant de les reposer sur son visage concentré. Il ne se rendait pas compte qu'avec ses petits yeux du matin, ça lui faisait une bouille foutrement adorable.

« Voilà. Je t'ai envoyé le lien d'une application. Télécharge-la.

– C'est quoi ?

– Télécharge-la, tu verras.

– Je préfère te regarder toi, pour le moment. T'es trop mignon. »

Ses yeux remontèrent à sa caméra une seconde, puis il les monta au plafond en secouant la tête.

« Bref, reprit-il en revenant à son écran. Télécharge cette appli. On en reparle d'ici quelques heures quand j'aurai fini ma journée, si tu ne dors pas, ou demain.

– Ça marche. Bon courage pour ta journée, Kitty.

– Merci, bonne fin de journée à toi, et bon courage pour ta cover. J'ai hâte de l'entendre.

– J'espère qu'elle te plaira.

– Je n'en doute pas.

– Allez, file.

– Oui. À plus tard. Je t'aime.

– Bonne journée, je t'aime aussi. »

Il m'envoya un baiser volant, puis raccrocha. La conversation réapparut, et j'appuyai sur le lien, qui me conduisit automatiquement à l'application sur Play Store. Je lançai le téléchargement sans réfléchir, puis regardai le nom pour savoir ce que c'était. « We Vibe » ? C'était en rapport avec son duo avec Taeyang ?

Je fronçai les sourcils et descendis un peu sur la page pour lire la description. Mon corps se mit alors à bouillonner, et quand j'appuyai sur les images qui donnaient un aperçu de l'application, je me rendis compte que ma respiration était devenue très rapide.

Je retournai dans Kakao et lançai un appel. Quelques secondes plus tard, Jimin décrocha.

« Oui ? me dit-il d'une voix angélique.

– C'est quoi, ton truc ? C'est pas ce que je pense, si ?

– Si. C'est exactement ce que tu penses.

– Tu veux me tuer, c'est ça ?

– Pas encore. On doit tester mes nouveaux jouets.

– Putain, Jimin...

– Tu veux que j'en prenne un avec moi pour aller bosser ? »

Je manquai de faire un malaise.

« T'es pas bien ? m'étouffai-je.

– Tu as raison, tu ne maîtrises pas encore l'application, ça pourrait être dangereux.

– Jimin !

– Eh bien quoi ? Ça ne te plaît pas, de commander à distance ? »

Des images m'apparurent et je manquai de faire un deuxième malaise.

« Je te laisse à ton imagination, mon cœur, je dois aller me préparer. Bon courage pour ta cover. »

Il raccrocha. Seulement je n'avais plus aucune envie de travailler, moi, maintenant. Et ce n'était pas la première fois qu'il me faisait un coup pareil. J'allais le tuer.