[05/02/2024]

Bonjour bonjour !

Bon, actuellement, on est vendredi et je me suis tapé 9k mots à corriger dans la journée entre mes deux chapitres, mais ça va mdr

J'ai juste rien pu faire d'autre 🤣😭

Bref, au moment où ce chapitre sortira, je serai arrivée en Belgique (sauf si avec les grèves de la RATP, je rate mon bus pour Bruxelles et donc mon concert du soir, mais ne parlons pas de malheur 🤡🤞).

J'espère que tout le monde ici passera une bonne fin d'après-midi et une bonne soirée mdr

Dans deux chapitres, on entre dans un nouvel arc de l'histoire. J'en reviens pas qu'on soit déjà arrivé.e.s là. Tout passe trop vite, le temps comme les chapitres 😭

J'espère d'ailleurs que celui-là vous plaira.

Bonne Léocture ! ♥

~~+~~

Quelque chose se posa sur mon épaule et je fis un bond sur mon fauteuil. Mon âme réintégra mon corps lentement lorsque je vis que Steven se trouvait à côté de moi, et qu'il semblait rire aux éclats.

« Mais t'es malade !? »

Je retirai mon casque et le posai près de mon clavier alors qu'il se payait ma tête à un tel point qu'il allait manquer d'air.

« Et faut que tu me rendes cette clé. Marre que tu viennes quand ça te chante. »

Il continua de rire et je retournai à mon écran. J'enregistrai le fichier sur lequel je travaillais et il reprit son souffle.

« Je n'aurais pas besoin de débarquer comme ça si tu décrochais ton foutu téléphone de temps en temps, hein.

– Je bosse, j'ai pas vu que tu avais essayé de m'appeler, répondis-je en haussant les épaules. Qu'est-ce que tu me voulais ?

– Trois choses, mais je venais aussi pour Dean.

– Ah ?

– Ouais.

– Je t'écoute. »

Je continuai de bidouiller sur mon ordinateur et il soupira avec force.

« Tu fais quoi depuis deux semaines ? »

Je tournai la tête vers lui en fronçant les sourcils.

« T'es venu jusqu'ici pour me demander ça ?

– Non, aucun rapport. Je me questionne juste en voyant tes écrans.

– J'essaie de composer quelque chose.

– Vraiment ?

– Vraiment. »

Ses yeux s'écarquillèrent, puis il me fit un sourire franc.

« C'est chouette à entendre. J'ai hâte d'écouter ça.

– Mouais, on verra. Bref, du coup, accouche.

– Premièrement, dis-moi que tu as des photos de Jimin.

– Je te demande pardon !?

– De son nouveau tatouage.

– Nouveau ? Quoi !?

– Les lunes. Dans son dos.

– Aaaaaah, ça. Il est pas nouveau.

– Quoi !? Bien sûr que si ! Il n'en avait qu'une, avant !

– Ça fait déjà plusieurs semaines qu'il a les autres.

– Dis-moi que tu as des photos !

– J'en ai.

– Alors montre !

– J'ai interdiction de les montrer. C'est pas de ton âge, en plus.

– Déconne pas, Hyde, montre !

– Je regarde ce que je peux faire. »

Il tenta de garder un visage impassible, en vain. J'expirai par le nez, un sourire en coin, et je m'emparai de mon téléphone. Je balayai toutes mes notifications et ouvris la galerie. Je fouinai dans les photos enregistrées, et j'en trouvai une du dos de Jimin, que je pouvais qualifier de « tout public ».

« Tiens. Profite, c'est la seule et unique fois. »

Il se décomposa à la vue de cette merveille et je jubilai.

« Putain, c'est canon...

– C'est Jimin.

– Je t'envie.

– Pourquoi donc ?

– Parce que tu peux voir ça quand tu veux... Et j'imagine que tu vas bien en profiter quand tu vas le revoir... »

Cette fois-ci, ce fut à lui de jubiler quand je sentis mon visage devenir rouge. Calme, Hyde. Ne pense pas à ça. C'est pas le moment.

« Bref, dis-je en me raclant la gorge. Deuxième question ?

– Dean a trouvé un bassiste et voulait savoir si tu étais dispo ce soir pour le rencontrer.

– Sérieux !?

– Oui. Tu le saurais si tu avais regardé ton téléphone.

– J'étais occupé, je te dis.

– Du coup ?

– Du coup oui. Où et quand ?

– Playful, vers dix-huit heures. »

Je jetai un coup d'œil à l'horloge de mon ordinateur.

« Je vais essayer de pas rater le coche. Si je bosse trop bien, ça va être chaud de m'arrêter en plein milieu, mais je vais essayer.

– Ok, super. Et troisième question : pourquoi tu ne m'as rien dit !?

– À quel propos ?

– De BTS ! De leur pause !

– Ah, ça y est ?

– "Ça y est" !? couina-t-il. Tu le savais et tu ne m'as rien dit !?

– Jimin m'a dit il y a six mois qu'ils pensaient à mettre le groupe en pause.

– Et pourquoi tu ne me l'as pas dit ?

– Parce que c'était confidentiel, et aussi parce qu'ils y songeaient juste. C'était pas certain.

– Mouais. Tu aurais quand même pu me le dire, que je me prépare au choc !

– Bah maintenant que tu le sais, tu peux t'y faire. T'as quoi, un mois ?

– Un mois ? J'aimerais bien, mais non, ça y est, c'est maintenant ! »

J'écarquillai les yeux, et lui, il fronça les sourcils.

« Tu le savais pas ?

– Que c'était maintenant ? Non. Jimin ne m'en a pas parlé.

– Tu déconnes !?

– Non. On ne parle pas trop en ce moment, il a pas mal de taf à cause de son comeback, et moi aussi.

– Mais quand même ! BTS est en pause, bordel !

– Ça me concerne pas.

– Mais il doit pas en mener bien large, boulot ou pas boulot ! Pourquoi il ne t'en a pas parlé ?

– Je ne sais pas... Peut-être qu'il avait peur de m'embêter avec ça...

– Ils étaient tous au bord des larmes en l'annonçant, et ça fait deux jours depuis qu'ils ont fait leur live, alors appelle-le ! »

Deux jours !? J'hochai la tête.

« Je vais faire ça. Il est encore tôt pour lui alors je l'appellerai plus tard, s'il m'envoie des messages, ou dans la soirée quand il sera rentré...

– J'en reviens pas que tu sois pas au courant d'un truc pareil.

– Je suis étonné aussi...

– T'es sûr qu'il ne te l'a pas dit mais que tu n'as juste pas ouvert ses messages ?

– Non, certain. C'est les rares que je ne zappe pas. Mais je te l'ai dit, on ne discute pas beaucoup depuis quelques temps.

– Tout va bien ?

– Oui. Enfin, j'avais l'impression que ça allait bien jusqu'à maintenant. »

Je le fixai dans les yeux plusieurs secondes, puis je posai mes pupilles sur mon écran de gauche.

Oui, j'avais été noyé dans le travail, et lui aussi ; nous n'avions pas parlé autant qu'avant le soir, ou le matin, mais je ne m'étais pas alarmé. Maintenant que j'y pensais, son appel il y a quelques jours avait été vraiment étrange. Ça n'était pas il y a deux jours, d'ailleurs ?

Il ne m'avait pas paru en forme, au début. Sa voix était tremblante, son souffle court, et je l'avais soupçonné de pleurer, mais il avait balayé mes craintes en me disant qu'il venait d'avaler le dernier morceau de chocolat, et que je lui manquais. J'avais aussi compris qu'il avait bu, et je ne m'étais pas plus inquiété que ça. J'avais joué le jeu lorsqu'il m'avait demandé s'il pouvait se toucher, car après tout, ça faisait longtemps que nous n'avions pas fait ça, et quitte à me toucher, autant que ça soit en l'entendant faire de même.

Mais j'avais sous-estimé l'effet du chocolat aphrodisiaque. Il avait gémi que ce n'était pas suffisant, m'avait demandé s'il pouvait utiliser ses doigts... Puis il avait presque pleuré que ce n'était toujours pas suffisant, qu'il n'aurait pas dû manger ce morceau de chocolat parce que seul, c'était une vraie torture, qu'il voulait que je sois là avec lui, qu'il allait mourir tellement il n'arrivait pas à se satisfaire... J'avais évoqué ses jouets, et après m'avoir demandé s'il en avait le droit, chose que je ne comprenais pas trop, il s'était empalé sur je-ne-sais-quel objet en gémissant mon prénom.

J'avais mis tout ça sur le compte de la frustration, du chocolat, et de l'alcool, parce que je savais qu'il avait bu, je l'avais entendu dans ses intonations. Mais maintenant, Steven me disait qu'il y a deux jours, ils avaient officiellement annoncé que le groupe se mettait en pause ?

Il fallait que je l'appelle. C'était forcément le même soir, voire la veille ou le lendemain. Il avait dû sourire tout du long de leur live, et il avait craqué après ça, ou la veille en se disant que le morceau allait être lâché. Et moi, comme un imbécile, j'avais saisi l'opportunité de varier un peu les plaisirs sans me poser de question sur l'appel subit, ni son état. Quel abruti.

« Hyde ? »

Je sortis de mes pensées et reportai mon attention sur Steven.

« Oui ?

– Ça va ?

– Oui, je réfléchissais, répondis-je en grattant mon annulaire de mon pouce. Je vais l'appeler d'ici une heure. Non, je vais lui envoyer un message maintenant et lui dire de me rappeler. »

Je me redressai sur mon fauteuil et attrapai mon téléphone.

« T'es sûr que ça va ?

– Oui, ça va, mentis-je encore. Bref, c'est tout ce que tu avais à me dire ? Ou à me demander ?

– Oui, c'est tout.

– Ok. Tu viens ce soir ?

– Pourquoi pas. Je suis curieux.

– Ok, super. On se voit ce soir alors.

– Hyde, t'es sûr que ça va ? Tu me caches pas quelque chose ? »

Je reposai mes poignets contre mon bureau et tournai la tête vers lui.

« Je m'étonne juste du fait que Jimin ne m'ait pas dit, pour sa pause. Rien de grave. Je te dirai ce qu'il m'aura répondu.

– Ça marche, on fait ça alors.

– On fait ça. À ce soir ? »

Il comprit que je voulais le congédier, alors il hocha simplement la tête avec un sourire. Il n'avait pas envie de discuter.

« À ce soir. Je préviens Dean.

– Merci. »

Il posa son index et son majeur près de sa tempe gauche et me salua à la façon militaire avant de tourner les talons. Je ramenai mes yeux sur mon téléphone, et lorsque j'entendis la porte de ma chambre se refermer dans son dos, je me laissai tomber contre mon dossier en lâchant un puissant soupir.

Pourquoi est-ce que Jimin ne m'avait pas prévenu de sa situation ? Pourquoi est-ce qu'il m'avait appelé ce soir-là, dans cet état ? Qu'est-ce qu'il s'était encore passé ? Ça me rendait dingue qu'après tous ces mois, ces problèmes que nous avions eu dans notre couple à cause du manque de communication, volontaire ou non, il me cache encore des choses. Pourquoi ne m'avait-il rien dit ?

[...]

Je ris une fois de plus, puis saisis mon verre. Je vidai la fin de ma bière et jetai un coup d'œil à mon téléphone. Toujours pas de nouvelles de Jimin.

« Je vais me reprendre quelque chose à boire, dis-je en interrompant le musicien du nom de Tom, que Dean m'avait présenté. Quelqu'un veut quelque chose ?

– Je veux bien une autre pinte, me répondit Steven.

– Pareil.

– Je veux bien un mojito s'il te plaît ! me dit la jeune femme qui accompagnait Tom.

– Pareil, une pinte, mais je viens avec toi, tu ne vas jamais pouvoir tout ramener.

– Ok. »

Je me levai, et Dean fit de même. Nous saisîmes les verres vides et repartîmes vers le comptoir. Nous déposâmes tout et nous accoudâmes au bois en attendant qu'un barman veuille bien nous porter de l'attention afin qu'on puisse repasser commande.

« Quelque chose te tracasse ?

– Ouais. On se parle pas beaucoup avec Jimin en ce moment parce que je bosse, et que lui vient de faire un comeback avec son groupe, mais Steven m'a dit cet aprèm que leur groupe venait de se mettre en pause. J'étais pas au courant, et la dernière fois que je l'ai eu au téléphone, il était pas dans son assiette.

– Tu m'étonnes... Mais je suis étonné qu'il ne t'ait rien dit.

– Moi aussi. On a eu tellement de problèmes dans notre couple que se cacher un truc pareil et son état était la dernière chose à faire. Steven m'a dit qu'ils étaient tous au bord des larmes en l'annonçant.

– J'imagine bien...

– Donc j'attends qu'il m'appelle ou m'envoie un message. J'en ai envoyé un tout à l'heure mais il était tôt, chez lui. Et pour le moment, rien.

– Rappelle-le ?

– Il doit être occupé, ou pas prêt à m'en parler. Je vais attendre.

– Comme tu veux. »

Le barman s'approcha de nous et j'expirai, heureux que cette conversation se termine. Nous passâmes commandes, et j'expirai encore.

« Et sinon, concernant Tom, tu en penses quoi ? »

Je commençai à hocher la tête, la mâchoire crispée.

« C'est un mec cool. On a les mêmes goûts musicaux, en plus, donc ça pourrait pas mal matcher musicalement parlant.

– C'est ce que je me suis dit.

– Donc à voir comment il joue. Mais par contre, sa pote, il essaie de nous la refourguer comme chanteuse, non ?

– Qui pourrait lui en vouloir ? me dit-il dans un rire.

– C'est sûr, mais non.

– Non !? Pourquoi donc ?

– J'aime pas sa façon de parler, ni de me regarder.

– De te regarder ? Elle te regarde comme toutes les femmes qui sont à moins de dix mètres de toi.

– Justement. J'ai eu ma dose. Et j'en ai marre de devoir dire toutes les cinq minutes que je suis en couple. »

Il lâcha un rire en secouant la tête.

« Ce melon, Hyde.

– Pourquoi ?

– Tu ne t'es pas dit que c'était peut-être toi qui étais parano ou qui avais un trop gros égo ?

– Pourquoi donc ?

– Ce n'est pas parce que tu peux lui plaire qu'elle a forcément envie de te mettre dans son lit, tu sais.

– Même. Je veux éviter ce genre de situation.

– Comment ça ?

– Je ne veux pas qu'il y ait d'histoires de cul au sein du groupe. Trop malsain, et trop dangereux.

– Je comprends ce que tu veux dire. Mais tu sais aussi bien que moi que les sentiments ou les envies ne se décident pas.

– Je sais. Mais je préfère éviter. T'imagines s'ils étaient encore là ? Si on avait signé avec un label, et tout ? Même sans prendre en compte la drogue et toutes nos conneries, ça aurait forcément foutu le groupe en l'air. J'aurais fini par devenir malade à force de les voir ensemble. Et Scott aurait forcément fini par comprendre ou voir quelque chose. Il m'aurait cassé la gueule. Et à raison.

– Tu n'as pas choisi de tomber amoureux d'elle. C'est elle qui avait choisi de ne pas te repousser et de coucher avec toi dans son dos. Arrête de te flageller pour ça.

– Je ne me flagelle plus. Je suis passé à autre chose, grâce à Jimin. Mais bref, pour en revenir au sujet de base, c'est un nid à emmerde, les relations entre personnes d'un même groupe. Le plus simple serait d'avoir que des mecs, mais bon...

– Tu oublies qu'il y a un bisexuel parmi nous ? ricana-t-il.

– Jiminsexuel, corrigeai-je. S'il te plaît. »

Il rit plus franchement et je le laissai faire, tandis que le barman posa la dernière bière devant nous.

« Bref, donc lui pourquoi pas, on pourrait faire un essai. Mais elle, c'est mort.

– J'ai pris note. »

Je sentis soudain mon téléphone vibrer dans ma poche alors j'eus un léger sursaut, et je m'empressai de m'en emparer.

« C'est Jimin. J'te laisse.

– Oui, ne t'en fais pas, je me débrouille. À tout de suite. »

Je décrochai et m'empressai de m'éloigner.

« Coucou, le saluai-je en slalomant entre les clients. Ça va ?

– Oui, ça va. Je viens de me réveiller.

– Vraiment !? Mais il est quoi, bientôt midi ?

– Je me suis couché tard hier soir.

– Tu as fait quoi ?

– J'ai bu un peu avec les gars, et on a longuement parlé...

– De votre pause ?

– Mmh... »

Je poussai la porte du bar et me retrouvai sur le trottoir.

« Pourquoi tu ne m'en as pas parlé, Jimin ?

– Parce qu'en parler aurait rendu la chose vraie, définitive... Même avec les gars, on n'en parlait pas. On ne voulait pas l'annoncer aux fans, surtout ce jour-là, mais on a dû se faire une raison. Et maintenant, on a l'impression que nos vies n'ont plus aucun sens.

– Tu aurais quand même pu m'en parler. Ça aurait peut-être été moins dur.

– Peut-être.

– C'est pour ça que tu étais bizarre quand tu m'as appelé l'autre jour ? »

Un silence s'ensuivit et je compris que la réponse était oui.

« Je me sens con. Et dégueulasse, soupirai-je.

– Quoi !? Pourquoi ?

– Parce que j'ai remarqué que tu n'étais pas dans ton état normal, et que ce n'était pas que le chocolat ou ce que tu avais bu, parce que je l'avais entendu, que tu avais bu. Mais j'ai fait passer ma libido avant.

– Ne pense pas ça. Je me suis senti mieux, au contraire. Si je t'en avais parlé, tu te serais senti mal.

– Je me sens encore plus mal maintenant de ne pas avoir été là pour te soutenir.

– Tu l'as fait d'une certaine manière. Ne va pas culpabiliser pour quoi que ce soit.

– Si tu le dis. »

Je fis mes poches à la recherche d'un paquet de cigarettes, mais je réalisai qu'il était resté dans ma veste.

« Et toi ?

– Moi ? demandai-je. Quoi, moi ?

– Tu es allé au bar, du coup ?

– Ouais, j'y suis encore. Dean vient de me présenter un bassiste. Il est sympa et on a les mêmes goûts, c'est cool. Ça pourrait matcher si j'apprends à le connaître. Par contre, il est venu avec une fille, et j'ai le sentiment que si on veut le prendre, faudra la prendre aussi. Mais j'en veux pas.

– Pourquoi ? Elle chante mal ? Elle n'a pas-

– J'en ai aucune idée, mais je crois avoir compris que j'étais à son goût.

– Je vois.

– Mais que ça soit moi, Dean, ou même son pote, je ne veux pas d'histoires d'amour ou de cul entre les membres du groupe. C'est un truc à emmerdes et c'est la meilleure idée pour faire spliter.

– Ce n'est pas faux...

– Donc voilà. Bref, ne change pas de sujet.

– Je n'ai pas changé de sujet ?

– Si. On parle de moi alors que le sujet de la conversation, c'était toi.

– Je n'ai pas le droit de te demander ce que tu fais de ta soirée ?

– Je ne suis pas idiot, Kitty. Tu veux éviter le sujet principal. »

Il ne trouva rien à répondre et je soupirai.

« Tu bosses, aujourd'hui ? lui demandai-je.

– Non, on a notre journée de libre.

– Super. On a du temps pour parler, alors.

– Mais tu es au bar avec tes amis ! Je te dérange, je-

– Non, le coupai-je fermement. Tu sais que tu passes avant. »

Il ne répondit pas et je continuai.

« Est-ce que tu vas bien, entre ton comeback et l'annonce de votre pause ? »

Je l'entendis prendre une grande inspiration, mais je rajoutai un mot avant qu'il ne réponde.

« Honnêtement. »

Silence. Il avait voulu me mentir ou atténuer la vérité.

« Honnêtement, c'est dur. L'annonce de la pause a déçu énormément de monde, ça nous fait mal à nous aussi, mais l'annoncer nous a paradoxalement fait nous sentir plus légers. Ça a un peu gâché notre comeback comme il n'y a eu que trois jours entre les deux. La promo nous aide, mais c'est compliqué. On sera bientôt en vacances, mais on ne sait pas quoi faire. Rester ici ? Rentrer chez nos parents ? Partir en voyage ? Bosser en solo sur des albums, des partenariats, des collaborations ? On va être libres, mais il y a encore tellement d'attentes qui pèsent sur nous que c'est étouffant... J'angoisse énormément... »

Mon cœur était serré.

« Pourquoi tu ne m'as pas parlé de ça plus tôt ? Je me serais débrouillé pour venir, j'aurais pu t'aider...

– Je ne pouvais pas...

– Pourquoi ? Y a de nouveau un contrat sur ma tête ? »

Un petit rire lui échappa.

« Non. Je ne voulais pas, en réalité. »

Je fronçai les sourcils.

« Pourquoi ça ? Ton amant était chez toi ? »

Il lâcha de nouveau un bref rire.

« Oui, mais ce n'est pas la raison principale...

– Alors qu'est-ce que c'est ?

– Je... Enfin, je me sens capricieux en vérité, et non légitime à te reprocher quoi que-

– Me reprocher !? Qu'est-ce que j'ai fait ?

– Je... Pardon, j'ai mal choisi mes mots, je-

– Non, dis-moi ce que j'ai fait de mal.

– Rien, rien du tout ! C'est... »

Il lâcha une forte expiration et continua.

« On ne s'est pas beaucoup parlé ces dernières semaines, et c'est de ma faute, à cause de l'album, et de la pause du groupe. Et je sais que tu ne m'as pas trop contacté non plus pour ne pas me déranger et tout... Mais je sais aussi que c'est en partie à cause du fait que tu songes sérieusement à te remettre à la musique... »

Il fit une pause et j'attendis, les entrailles nouées.

« Je suis super heureux que tu veuilles enfin tourner la page et essayer de remonter un groupe. Je sais que c'est ce qu'il te faut. Mais ça te prend beaucoup de temps, et tu n'en as plus autant qu'avant à me consacrer. Je crois que je me suis senti un peu délaissé. Tu t'es un peu éloigné, mais qui je suis pour te reprocher de vouloir réaliser tes rêves ? Je n'ai pas le droit de te dire quoi que ce soit, de t'empêcher de faire quoi que ce soit, même de me mettre un peu de côté. Je l'ai fait à de nombreuses reprises pour toi aussi. J'ai souvent fait passer mon groupe avant toi. Et tu n'as jamais rien dit. Je me suis trouvé égoïste. »

Je me sentais mal. Je n'avais pas réalisé que je l'avais mis de côté. Je pensais lui avoir laissé de l'air, autant pour ne pas peser sur son temps libre, que pour qu'il puisse se concentrer sur son travail.

« Enfin bref. Voilà. Ne parlons plus de ça. Je me sens mal.

– Mal ? Qu'est-ce que je devrais dire ? ricanai-je.

– C'était pour ça que je ne voulais rien te dire.

– Au contraire. J'aurais fait plus attention à toi.

– Tu l'as fait comme il le fallait, Hayden. C'est juste moi. Je me suis rendu compte que j'étais trop gourmand. Et égoïste.

– Je peux te rappeler dans une heure ? »

Pris de court, il mit quelques secondes à me répondre.

« Oui, bien sûr.

– Super. À tout à l'heure. »

Je raccrochai sans lui laisser le temps de répondre, et je retournai dans le bar. Je pressai le pas jusqu'à notre table où les quatre personnes qui m'attendaient discutaient en riant. Quand Steven m'aperçut, son sourire disparut et ses sourcils se froncèrent.

« Tout va bien ? »

Toute l'attention se posa sur moi. Je les regardai tour à tour, puis plongeai mes yeux dans ceux de Dean avant de prendre une profonde inspiration.

« Désolé, les mecs, mais je laisse tout tomber. »