[11/08/2023]

Bonsoir bonsoir !

À l'heure où je vous écris ces lignes, on est mercredi, il est plus de 22h30, et je sais que je suis dans la merde pour la fin de semaine vu que je ne dormirai pas assez, mais je n'avais vraiment pas envie de devoir repousser ce chapitre à lundi prochain, alors j'ai pris sur mes précieuses heures de sommeil. Notez le sacrifice 🤧 (Édit de vendredi : j'ai envie de dormir mdr)

Le jour où j'ai entendu "Clumsy" d'All Time Low, j'ai SU que je ferais quelque chose de spécial de cette chanson, dans cette histoire. Et voilà. Pour l'anecdote, une de ses phrases est tatouée sur mon bras depuis deux ans. C'est l'un de mes tatouages qui a un double sens qui fait référence à une de mes histoires/mes personnages 🤭

Il y a d'ailleurs un fanart que j'ai commandé à un.e de mes fanartists préféré.e.s qui est tiré du chapitre d'aujourd'hui. Je réfléchis encore à comment vous le partager héhé

Bref, j'espère que ce chapitre vous plaira.

Bonne Léocture ! ♥

~~+~~

Lorsque je réussis à entrouvrir les yeux, un corps couché sur le mien, il me fallut quelques secondes pour me rappeler quel était l'endroit inconfortable où j'étais. Le canapé de Steven.

Je grognai et tentai de repousser Jimin pour m'étendre et me lever mais il ronchonna et raffermit sa prise sur moi. Je soupirai et essayai de nouveau, mais il bougea sa jambe et j'eus un sursaut. Il fallait que je me lève.

« Jimin, laisse-moi me lever, faut que j'aille pisser.

– Mmh... »

Bordel.

J'inspirai profondément et le poussai contre le dossier avant de m'extraire difficilement sous ses gémissements de mécontentement. Je me repérai dans l'appartement et me dirigeai vers les toilettes où je m'enfermai avant de vider ma vessie dès que je le pus. Putain, ce que ça faisait du bien.

Les yeux clos, je profitai de cette sensation de soulagement en faisant défiler la soirée de la veille derrière mes paupières. Mes deux amis avaient été tellement emballés par cette idée de cover, de duo entre Jimin et moi, et surtout leur idée de nous faire enregistrer en live en studio, que j'avais fini par flancher.

Mon compagnon ne m'avait pas aidé et avait sautillé de hâte sur sa chaise lorsque je lui avais expliqué le projet. Il semblerait que je n'aie plus le choix. Mais qui sait, ça allait sans doute être marrant. C'était le plus important. Et ça allait faire plaisir à Jimin. Je ne devais penser qu'à ça. Uniquement à ça.

Je me lavai ensuite les mains, puis le visage, et n'ayant pas de brosse à dents sur moi, je piquai le bain de bouche posé sur une étagère afin de ne pas puer de la gueule comme un cadavre en putréfaction. J'entendis ensuite la poignée s'abaisser et la porte s'ouvrit dans mon dos.

« Oh, désolé, s'excusa immédiatement Steven.

– Non, t'inquiète. Je t'ai piqué du bain de bouche.

– Pourquoi donc ? Tu veux rouler la pelle du siècle à ton merveilleux et magnifique petit copain dans la minute ?

– Qui sait, ricanai-je en traversant la pièce.

– J'ai des brosses à dents en stock si tu veux.

– Vraiment ? Super, je te rembourserai.

– T'en fais pas, c'est pas ça qui va me ruiner.

– Du coup, on fait quoi ? demandai-je en le regardant se diriger vers les toilettes.

– J'ai faim, alors personnellement je vais commencer par bouffer. Ensuite je vais prendre une douche et me changer. Et après-

– Tu prévois de me faire ton planning dans les détails ? ricanai-je alors qu'il commençait à se soulager à son tour.

– J'en sais rien. Dean doit nous envoyer un message quand il sort du taf, non ?

– Si, pour nous confirmer s'il a pu réserver un studio. Et trouver des musiciens. Sinon ça tombe à l'eau.

– Hors de question que ça tombe à l'eau, mon pote, déclara-t-il en tirant la chasse d'eau.

– Si on n'a pas de studio, on n'aura pas le choix, répondis-je en haussant les épaules.

– On trouvera forcément. Et puis il est prioritaire. Si y a un créneau de libre dans son école, il passe avant. Et il connaît du monde.

– Mouais.

– Déprime pas, Hyde. Tu vas la faire, ta prestation live avec ton adorable et talentueux petit copain.

– Tu me lâcheras jamais avec ça, hein ?

– Jamais, répondit-il en se séchant les mains.

– Voilà pourquoi je ne voulais rien te dire.

– Non, la raison pour laquelle tu ne voulais rien me dire, c'était que tu avais peur qu'il tombe amoureux de moi. Et tu avais raison. Je suis bien plus beau, plus talentueux et plus méritant que toi.

– Plus méritant ? ris-je. Parce que tu crois que Jimin se gagne au mérite ?

– J'ai plus d'amour à lui offrir que toi, rétorqua-t-il en me refaisant face. Moi, je n'aurais jamais snobé ses concerts si gracieusement offerts.

– Parce que te trémousser au milieu d'adolescentes c'est ton kiff, pas le mien. »

Il lâcha un éclat de rire et je m'adossai au montant de la porte en croisant mes bras sur ma poitrine.

« Je te laisse les concerts.

– Tu manques vraiment de goût.

– Du tout. J'ai juste plus intéressant à voir et à entendre ailleurs.

– Je suis scandalisé qu'il aime un con comme toi.

– Je parlais quand même de lui.

– Comment ça ?

– Dans mon lit. Tu vois. »

Ses yeux valsèrent entre les miens et un large sourire se dessina sur son visage.

« T'es vraiment con.

– Je le sais.

– Donc tu avoues.

– Avouer ? Je n'avoue rien du tout.

– Tu préfères le voir et l'entendre dans ton lit. C'est très explicite, mon ami.

– Si tu savais », répondis-je avec un large sourire.

Il fit de même, puis mordit sa lèvre inférieure avec les sourcils arqués.

« Sérieusement ?

– Sérieusement quoi ?

– Vous avez couché ensemble ?

– C'est top secret.

– C'était pas une blague alors, ton message hier après-midi ?

– Ah, ça... »

Je baissai le visage une seconde en souriant.

« Si. En fait, je bossais et il me lisait tes messages. Et je lui ai dit de répondre ça pour moi. Quand il a compris ce que je lui avais fait écrire, il a voulu me casser la gueule.

– Tu m'étonnes ! Mais du coup ?

– Du coup c'est top secret.

– Non mais tu-

– Hayden ? »

Nos sourires quittèrent nos visages lorsque la voix de Jimin se fit entendre dans le couloir.

« I'm here, honey. Come, don't be shy. »

J'échangeai un regard et un sourire avec Steven, puis je pivotai le long du montant de la porte afin de me retrouver dans le couloir. Jimin m'aperçut et il pressa le pas vers moi.

« Je ne t'ai pas entendu te lever, murmura-t-il, j'ai eu peur.

– Peur ?

– Mmh, je me suis demandé où j'étais pendant un instant.

– Je vois. »

Je levai mon bras pour entourer ses épaules et l'amener à moi, puis je lui volai un baiser claquant. Ses lèvres furent surprises, mais il m'imita, tandis que ses mains saisirent le bas de mon t-shirt. Je souris contre lui, puis en entendant Steven expirer dans mon dos, je relâchai mon amant.

« Tu veux manger un truc ?

– Mmh, j'ai faim, me répondit-il.

– Bon, on se fait un petit dej' ensemble alors ? proposai-je en me retournant vers Steven.

– Ça me va ! s'exclama-t-il en sortant de l'ombre. Salut, Jimin. »

Mon compagnon leva immédiatement ses mains à son visage, gêné, et je commençai à rire avant de tirer sur ses épaules pour l'amener contre moi.

« Bonjour, Steven, bredouilla-t-il. Je ne savais pas que tu étais là aussi.

– Tu n'as pas à être gêné de quoi que ce soit. Fais ici comme chez toi.

– Merci...

– Je vais voir ce que j'ai. Café tous les deux ?

– Oui, merci.

– Parfait. Je vais vous préparer ça. Prenez votre temps ! »

Steven disparut au bout du couloir, et Jimin me fit reculer, son visage toujours caché contre mon torse. Je ris doucement et posai mes mains sur ses bras pour le repousser.

« Pourquoi tu te caches ?

– Parce que je dois avoir une sale gueule. Je ne peux pas me montrer à lui comme ça, au naturel !

– Mais si, Kitty.

– Non.

– Tu es magnifique en toute circonstance. Ne te prends pas la tête. »

Il mordit ses joues, ses doigts toujours resserrés sur mon t-shirt.

« Et depuis quand tu m'embrasses comme ça devant lui ? Je suis gêné.

– Alors que la dernière fois, c'est toi qui m'as embrassé devant lui parce qu'il ne voulait pas me croire quand je lui ai tout raconté ? ris-je.

– Mais c'était différent !

– Et en quoi était-ce différent, sweetheart ?

– Bordel, arrête de faire fondre mon cœur. »

Mon rythme cardiaque s'arrêta, ne m'attendant pas à cette réponse qui n'en était pas une, et lorsqu'il plaqua sa bouche contre la mienne, ce fut encore pire. Heureusement, son baiser ne dura pas bien longtemps et mon palpitant put reprendre du service.

« Fais plus ça, soufflai-je.

– Quoi donc ?

– De faire fondre le mien, de cœur. J'ai failli te rester entre les doigts, il s'est arrêté pendant plusieurs secondes. »

Il lâcha un doux rire, un large sourire étirant ses lèvres, puis il mordit celle du bas avant de me tourner le dos pour se diriger vers les toilettes.

« Tu peux fermer derrière toi ?

– Bien sûr. À tout de suite. »

Je laissai mes yeux glisser le long de son corps tandis qu'il ouvrait sa ceinture, mais je dus me résoudre à quitter la pièce pour rejoindre Steven qui s'affairait dans la cuisine. Moi aussi j'avais faim, maintenant.

[...]

Nous nous regardâmes tous les trois, les lèvres pincées, et lorsque le début d'un sourire se dessina sur le visage de Steven malgré tout, Jimin tendit le doigt vers lui et hurla :

« Vu ! Tu as perdu !

– Pas du tout ! rétorqua Steven.

– Si ! Je t'ai vu !

– Je t'ai vu aussi, ajoutai-je.

– Oh, comme c'est surprenant ! ironisa mon ami en levant les yeux sur son plafond.

– Tu es mauvais, tu es mauvais, c'est tout, chantonnai-je en haussant les épaules.

– Je t'interdis, Hyde ! dit-il en plissant les yeux.

– Tu m'interdis rien du tout, c'est une constatation.

– Bien sûr. Vous ne vous êtes pas du tout ligués contre moi, tous les deux.

– Absolument pas, j'ai de l'honneur, moi, monsieur.

– "Honneur", bien sûr, n'utilise pas des mots dont tu ignores le sens, je te prie. »

Je lâchai un éclat de rire et Steven pouffa à son tour.

« Tout le monde saura, le jour où cette vidéo sortira, que tu n'as pas été réglo parce que vous avez décidé de jouer en équipe.

– Pas du tout ! démentis-je.

– Bien sûr que si, c'est évident ! Qui prendrait le risque de laisser son sublime et charismatique petit copain à quelqu'un d'autre s'il perdait ? »

Je ricanai tandis que Jimin continuait de nous regarder parler avec un sourire aux lèvres, ne comprenant pas toujours la totalité de ce que nous pouvions dire. Je posai alors doucement ma main sur sa cuisse et il tourna la tête vers moi avec un sourire.

« Ça va ?

– Oui, pourquoi ça n'irait pas ?

– Comme ça. »

Il me sourit, et je dus lutter pour ne pas l'embrasser. Sa main se posa tendrement sur la mienne et je dus doubler de motivation.

Je pris une grande inspiration et ramenai mon attention sur Steven, mais quand je voulus lui demander si nous pouvions continuer, je vis qu'il était sur son téléphone. J'attendis patiemment quelques secondes, le vis taper, puis poser l'objet sur la table qu'il y avait entre nous trois.

« C'était Dean.

– Ah ? demandai-je en récupérant ma main pour saisir mon propre téléphone.

– Il dit qu'on peut se retrouver dans une heure devant son école, qu'il a tout ce qu'il faut, et qu'il a même une surprise.

– Je vois ça, dis-je en fronçant les sourcils, les pupilles sur le message. Je le sens pas trop.

– Pourquoi donc ?

– Je ne sais pas. Je ne le sens pas.

– Tu es parano, mon pote.

– Qu'est-ce qu'il se passe ? murmura Jimin.

– Rien. Dean nous attend dans une heure devant son école, et avec une surprise.

– Une surprise ?

– Ouais. Je suis sceptique aussi.

– Non, je suis curieux.

– Oui, tu es toujours curieux. »

Il me fit un petit sourire en coin, et Steven se raclant la gorge nous fit redescendre sur Terre.

« Bien. On termine la vidéo et on se met en route ?

– Yep. Finissons ça. »

[...]

Lorsque Dean poussa la porte du studio d'enregistrement, mon ventre se tordit. Tout ça me rendait si nostalgique et me donnait tellement envie que ça me faisait presque monter les larmes aux yeux.

« Alors, ça te plaît ?

– Et comment, répondis-je. Wow, je ne savais pas que vous aviez de tels studios dans ton école !

– Eh si. Je t'y aurais emmené bien plus tôt si tu me l'avais demandé, tu sais. »

Je ne répondis pas et fis le tour de la salle, observai les larges écrans, les tables de mixage, platines, claviers et autres matériels. Puis, derrière la large vitre, le reste du studio où une magnifique batterie rouge était posée, plusieurs pieds de micros, quelques guitares sur des trépieds, d'autres instruments dans leurs boîtes ou leurs housses.

« Tu auras de quoi jouer, ici, comme tu n'as pas emmené ta guitare, ni ta basse.

– La Gibson est canon...

– Je savais que c'était celle qui te taperait dans l'œil, rit-il.

– Enfin bref. Et du coup, cette surprise ?

– J'ai réfléchi toute la nuit, et je me suis dit que, comme on était déjà samedi, et que tu repartais déjà demain, Jimin, ajouta-t-il en lui jetant un regard et un petit sourire triste, on n'aurait jamais le temps de tout faire. Piste audio version studio, surtout. Alors dans la nuit, j'ai envoyé un message à Ben, le prof de basse de l'école qui va d'ailleurs bientôt nous rejoindre avec d'autres de mes collègues, et je lui ai parlé du projet. Il a été hyper emballé et on a bossé dessus dès six heures ce matin. Je peux vous dire que la journée de boulot après a été compliquée.

– Ça se voit sur ta gueule, pouffai-je.

– Tu me revaudras ça plus tard, Hyde. Mais tout ça pour dire qu'on a bossé ensemble deux heures, et que lui y a ensuite passé toute la matinée. On a travaillé la chanson en se basant sur le son et les arrangements que tu m'as envoyés il y a quelques jours, et du coup, les parties de basse et de batterie sont terminées pour la version studio. Tu as juste à check, faire la partie de guitare si ça te va, et au moins vous aurez l'audio de prêt, on pourra vous le balancer dans les casques pour que vous puissiez enregistrer le chant par-dessus. La version live sera plus compliquée à faire, surtout que tu n'as pas joué avec quelqu'un depuis une éternité, mais une fois lancé, ça devrait aller.

– Possible.

– Bien. Alors commençons par ça. »

Il ferma la porte derrière Steven, puis traversa la pièce pour rejoindre l'un des ordinateurs. Il saisit la souris et la secoua, puis l'écran s'alluma. Mon ventre me démangeait. J'avais hâte d'écouter ça.

[...]

Dean nous avait fait écouter la piste audio et elle avait été vraiment parfaite. J'étais ensuite allé chercher la magnifique Gibson qui m'avait fait de l'œil dans l'autre partie du studio, et j'étais revenu dans la pièce contenant les ordinateurs pour m'atteler à la partie de guitare manquante. Après une bonne heure, nous avions tout validé. Le mixage final serait pour plus tard.

Jimin avait ensuite fièrement tendu devant lui le découpage de la chanson qu'il avait refait pendant que j'enregistrais ma partie de l'instrumental, car le document original était resté chez moi, et après quelques ajustements, tout le monde avait validé la répartition.

Contre toute attente, ça avait été plus compliqué pour lui d'enregistrer le chant que pour moi. Déjà parce qu'ayant retravaillé cette chanson dans ma tonalité, il avait dû s'adapter à moi, comme la veille, mais surtout, la présence de mes deux meilleurs amis et de personnes qu'il ne connaissait pas l'avait plus intimidé qu'il ne le pensait. Il avait pourtant fini par s'en sortir, un grand sourire aux lèvres, et l'heure du moment tant attendu était arrivée. C'était le moment de jouer en groupe, en live.

Avec Dean et Ben, son ami professeur de basse, nous changeâmes de pièce. Après que nous ayons fait un peu de vide dans le studio, mon meilleur ami se plaça derrière la batterie et commença à s'échauffer, tandis que son collègue sortit sa propre basse de sa housse. Je lorgnai dessus quelques secondes, puis me raclai la gorge. J'observai la pièce et ses murs de couleurs différentes ; celui dans notre dos étant bleu, les deux autres jaunes, et celui nous faisant face, autour et sous la vitre, bleu également. C'était original.

Nous accordâmes nos instruments, puis Steven vint placer des caméras dans la pièce. Il ajusta la lumière, les angles, sachant qu'il resterait aussi avec nous, caméra au poing, et lorsque toute l'équipe fut prête, je tentai d'oublier Jimin qui me regardait de l'autre côté de la vitre, et nous commençâmes à jouer.

Nous dûmes nous y reprendre plusieurs fois, toujours à cause de moi, que ça soit par stress ou par la perte de l'habitude de jouer avec quelqu'un d'autre et pas une bête boîte à rythme. De plus, voir Steven bouger autour de nous, se rapprocher, s'éloigner, me déconcentrait.

De temps en temps, je lui lançai des regards caméra, bien malgré moi, et ça me fit me planter ; mais personne ne m'en voulut.

Au fur et à mesure, je fus plus à l'aise, pour chanter, pour jouer ma partition, et pour jouer avec la caméra de mon ami.

Lorsque nous réussîmes à terminer la chanson entièrement, nous nous rejoignîmes tous pour regarder la caméra principale, qui était celle de Steven. Jugeant que le son était bon, que la chanson n'avait aucune fausse note, et qu'avec les caméras fixes complémentaires on pourrait faire du bon travail, nous nous félicitâmes tous pour cette nouvelle heure de travail.

Et lorsque la main de Jimin se posa sur mon épaule et qu'il appuya légèrement dessus, je compris que le dernier moment était venu. Désormais, nous allions nous filmer tous les deux. Cette vidéo ne sortirait sans doute jamais, mais je m'en fichais. Il s'en fichait, surtout. Il voulait absolument la faire, il y tenait comme à la prunelle de ses yeux. Alors je n'allais pas lui refuser ça.

Nous repartîmes tous les cinq dans la pièce à côté, les collègues de Dean restant assis devant les tables de mixage, et nous réfléchîmes. Jimin se mit sur le côté droit de la salle, dos au mur jaune. Il était à environ un mètre cinquante de moi, dans ma diagonale, et ça me stressait énormément. Steven ajusta de nouveau les caméras, en ajouta de nouvelles, et lorsque nous fûmes tous prêts, Dean lança le décompte, et nous commençâmes.

[...]

« Allez, une dernière fois pour être sûrs ! s'exclama Dean.

– Mec, ça fait déjà trois fois, soupirai-je en me retournant vers lui.

– Je veux bien qu'on en refasse une ! s'exclama Jimin. Une dernière fois ! »

Un sourire en coin illumina le visage de mon meilleur ami et je roulai des yeux. Il savait que j'allais capituler.

Bordel, j'étais devenu un vrai canard, c'était pitoyable.

« Très bien. Dernière fois. Vraiment dernière, après, je ne pourrai plus la voir en peinture non plus. »

Je plongeai mes pupilles dans celles de Jimin, et quand je vis le sourire pervers qu'il tentait de retenir, je détournai les yeux rapidement. Il m'épuisait.

« Dernière fois, répétai-je en faisant glisser le médiator sur les cordes métalliques de la guitare. Quand tu veux.

– Prêts ? demanda Dean.

– Prêt, répondit son collègue.

– Prêt ! fit Jimin.

– Alors c'est parti. »

Il tapa ses baguettes l'une contre l'autre pour donner le tempo et le top départ, tandis que je positionnais ma main gauche sur le manche. Le premier accord retentit une fois de plus.

« I flew too close to the sun... Fell back to Earth like a stone, commençai-je avant de reprendre une grande inspiration. I got too high on myself, Too young and stupid to tell. »

J'inspirai encore profondément avant de commencer à chanter le pré-refrain. Juste après, ça allait être à lui.

« I was bound to make a mess of things, Mixin' fireworks and gasoline. Never meant to make you fall with me...

– I let you down... »

Un frisson remonta à nouveau ma colonne à l'entente de sa voix. Décidemment, je ne me ferais jamais à cette étrange sensation qu'était le fait de chanter en duo avec lui.

Je gardai cependant les yeux penchés sur ma guitare, mes doigts faisant vibrer les accords, et il continua le refrain.

« I've been clumsy with your heart again... I guess you figured me out... Now here's a taste of my own medicine...

– I let you down... » murmurai-je, les yeux clos.

Les accords retentirent plus fortement, et il commença le second couplet.

« Caught at the end of the lifeline, the catch of a lifetime...

– I should've known, should've known, should've known... fredonnai-je.

– Oh! we were destined for danger, Familiar strangers.

– I should've known, should've known... »

Il inspira fortement et enchaîna avec le pré-refrain à son tour.

« We were bound to make a mess of things, Mixin' fireworks and gasoline, Never meant to make you fall with me.

– I let you down ! repris-je fortement, ma voix s'enraillant un peu. I've been clumsy with your heart again. I guess you figured me out. Now here's a taste of my own medicine. »

Je pris une rapide inspiration. La phrase suivante, nous la chantions ensemble.

« And for all this pain, that I can't explain, There's a black flag wavin' tonight.

– You know I let you down, continuai-je seul. I've been clumsy with your heart again... »

Je m'éloignai du micro et repris ma respiration, à bout de souffle, concentré sur les accords, et les sourcils froncés.

Dans ma vision périphérique, je vis cependant Jimin se rapprocher du micro et poser ses deux mains autour avant de reprendre d'une voix grave que je n'entendais pas souvent.

« Turn the desert all to glass, Droppin' bombs on future's past, Nothing left for us, shadows dancin' in the ash...

– Turn the desert all to glass, Droppin' bombs on future's past, Nothing left for us, shadows dancin' in the ash... répétai-je d'un ton bas.

– Turn the desert all to glass, Droppin' bombs on future's past, Nothing left for us, shadows dancin' in the ash... continua-t-il, les yeux clos.

– Turn the desert all to glass, Droppin' bombs on future's past, Nothing left...

– I let you down ! reprit-il, sa voix ayant une tessiture bien plus rauque qu'habituellement.

– I've been clumsy with your heart again... enchaînai-je.

– I guess you figured me out...

– Now here's a taste of my own medicine !

– And for all this pain, nous reprîmes en duo, that I can't explain, There's a black flag wavin' tonight.

– You know I let you down... chantai-je.

– Let you down !

– I've been clumsy with your heart again !

– Turn the desert all to glass, murmura-t-il. Droppin' bombs on future's past, Nothing left for us, shadows dancin' in the ash...

– Turn the desert all to glass, Droppin' bombs on future's past, Nothing left for us, shadows dancin' in the ash... »

Quelques secondes passèrent, et le silence retomba sur le studio. Je rouvris mes paupières lentement et mes yeux se perdirent immédiatement dans ceux de Jimin.

Son sourire était éclatant, et je voyais dans ses pupilles à quel point il était heureux. Mes amis commencèrent à hurler et sauter sur place, satisfaits de cette dernière prise, mais je ne les entendais pas, perdu dans le regard de mon compagnon.

Mon cœur était gonflé à un point inimaginable. Tout compte fait, j'étais satisfait de cette expérience. Ça m'avait fait du bien, ça avait fait plaisir à Jimin, mais surtout, j'avais l'impression que ça nous avait permis de nous rapprocher d'une certaine manière. Et ça, ça n'avait pas de prix.