𝟎𝟓:𝟏𝟎𝟏 - Amaranthe & Noora Louhimo, 𝑆𝑡𝑟𝑜𝑛𝑔
[15/05/2023]
Bonjour bonjour !
Happy Hopemin Day !
Et Happy YRTE Day aussi !
11 ans, et 1 an pour cette """petite""" histoire. Déjà.
C'est trop drôle qu'il y ait un chapitre à tomber aujourd'hui, pile le jour des un an, et encore plus drôle que ça soit le premier chapitre de la partie 5, qui en plus porte le numéro 101. Espérons que cette nouvelle année soit synonyme de renouveau/renaissance, et que nos bébés (mais vous aussi, y a pas de raison) trouviez la paix et passiez des mois incroyables !
Bref, je suis partie loin ptdr
La coïncidence est juste trop drôle. Surtout qu'au départ quand j'avais fait mon planning, c'était pas prévu comme ça, et un jour je me suis rendue compte que j'avais oublié un chapitre dans ma numérotation Google Calendar. En redécalant tout, paf, le 101 tombait aujourd'hui xD
BREF.
Cinquième et avant-dernière partie. Et très longue partie. J'ai hésité à la couper, mais bon, ça n'aurait pas été très pertinent alors elle est restée comme ça, avec une cinquantaine de chapitres. J'ai bien galéré pour la jaquette arrière, mais j'ai réussi à tout faire tenir quand même, je suis fière xD (et j'suis amoureuse de la jaquette avant, me demandez pas pourquoi). Le titre "Hold Me Tight" a d'ailleurs été une évidence lorsque j'ai décidé d'utiliser les chansons de BTS pour les parties, et contraster avec les noms des chapitres ^^
Concernant le tic d'Hayden lorsqu'il ment, je pense que je vais vous laisser relire ou chercher, ça serait trop bête que je donne la réponse 😈
Re bref, terminons cette intro bien trop longue ici.
J'espère que ce chapitre, et cette nouvelle partie vous plairont.
Bonne Léocture ! ♥
~~+~~
Nous avions passé la fin de la journée et le début de la soirée ensemble, l'un contre l'autre devant la télé ou un repas monté directement dans la chambre. Il était maintenant près d'une heure du matin, je sentais que mon corps était encore sous les effets de tout ce que j'avais consommé dans le weekend et dans la journée, mais la présence de Jimin m'aidait.
J'étais épuisé, et la douche que j'avais prise quelques heures plus tôt n'aidait pas à me maintenir éveillé. En revanche, je ne pouvais pas dormir. Et si Jimin disparaissait ? Et si je me réveillais pour me rendre compte que tout ça, c'était un rêve ? Que je sortais simplement d'une soirée relativement chère et que j'avais bien déliré au lieu de faire un bad trip ?
« Pourquoi tu ne dors pas ? murmura Jimin en fixant l'écran géant en face de nous.
– Je te retourne la question.
– Je regarde le film. En revanche, je sais qu'il ne t'intéresse absolument pas, et que tu es sur le point de t'endormir. Alors pourquoi est-ce que tu luttes et que tu ne te laisses pas aller ?
– Parce que j'ai trop peur de me réveiller.
– De te réveiller ? Comment ça ? »
Il se redressa, se détachant alors de mon corps, et il plongea ses yeux dans les miens.
« Hayden ?
– J'ai peur de me réveiller demain et de me rendre compte que je dors seul je-ne-sais-où, et que tu n'as été qu'une illusion provoquée par l'alcool ou par ces pilules...
– Tu ne te réveilleras pas seul. Tu ne te réveilleras plus jamais seul.
– J'aimerais te croire, dis-je avec un faible sourire.
– Je ne repars que dans deux jours. D'ici là, on ne se quittera pas une minute. Et après ça, je t'enverrai des messages tous les jours pour que tu te réveilles avec moi. Ok ?
– Ok. J'essaierai de m'en contenter... »
Je levai ma main gauche lentement et vins caresser sa joue. Il se laissa faire, et quand mes doigts quittèrent sa peau, il se rapprocha de mon visage pour m'embrasser tendrement.
« Il n'y aura pas un jour où je ne le ferai pas. J'ai trop peur que tu m'oublies autrement.
– Je ne pourrai pas t'oublier. Je n'oublie jamais les personnes auxquelles je tiens.
– Je sais, me sourit-il. Et je trouve ça très beau.
– Beau ?
– Oui.
– Tu...
– Mmh ?
– Enfin... Je ne sais pas comment dire...
– Tu veux parler d'elle ? De Chelsea ?
– Oui, soufflai-je. Je... Même si aujourd'hui, c'est différent d'il y a six mois... Je ne sais pas si je réussirai à l'oublier, avec le temps. Tu sais, il n'y a eu qu'elle pendant si longtemps, pour moi...
– Je sais, murmura-t-il en posant sa main droite sur ma joue à son tour. Je le sais, et je le comprends. Mais je ne veux pas que tu l'oublies. Je ne veux pas que tu l'effaces. Elle a été une personne importante dans ta vie alors c'est normal, et jamais je ne te reprocherai de penser à elle. Je ne me sens pas mal vis-à-vis d'elle, je ne cherche pas à l'égaler ou à la surpasser. Je veux juste t'aimer aussi longtemps que possible, et que tu m'aimes de la même façon aussi longtemps que tu le pourras également. C'est la seule chose qui m'importe. »
Il déposa un nouveau baiser sur ma bouche, ses doigts caressant ma joue, puis il glissa ses lèvres sur ma gorge avant de descendre sur ma poitrine. Sa main droite glissa le long de mon abdomen et saisit le bord de mon t-shirt qu'il commença à soulever.
« Jimin, je...
– Je peux le voir ? »
Je mis quelques secondes à comprendre qu'il parlait de mon tatouage, et j'hochai finalement la tête, l'autorisant ainsi à remonter mon vêtement au-dessus de mon pectoral. Ses yeux et ses doigts se posèrent sur mon flanc, et il en approcha son visage avant d'embrasser l'encre qui se trouvait sous ma peau.
« Mais je mentirais si je disais que je n'avais pas envie d'être également gravé dans ta peau pour l'éternité. »
Son pouce caressa une fois de plus mon tatouage, puis il remonta à mon visage.
« J'ai le droit d'être jaloux pour ça ?
– Tu peux. »
Sa main droite remonta à mon visage et il le caressa du bout des doigts avant de m'embrasser une fois de plus. Je glissai les miens dans ses cheveux, que je tirai doucement, avant de venir serrer sa nuque en mettant fin à notre baiser.
« Mais il me reste de la place sur mon flanc gauche. Et il est plus près de mon cœur. »
Je vis toutes sortes d'émotions passer dans ses yeux et sur son visage, et il ne put se retenir de sourire alors que ses muscles faciaux tremblaient. Puis, il m'embrassa passionnément et je le serrai avec force dans mes bras. Chelsea resterait toujours dans un coin de mon esprit et de mon cœur, c'était certain, mais elle était mon passé. Je ne savais pas si Jimin était mon avenir, mais mon cœur semblait partant, alors même si je doutais et que j'avais peur, j'allais le suivre sur cette étrange route.
[...]
Il était un peu plus de midi lorsque nous poussâmes la porte d'entrée de la maison.
Jimin n'avait pas pris ses bagages parce qu'il allait finalement rester dans son hôtel, et j'allais rester avec lui. Je ne voulais pas lui imposer mon entourage cette fois, surtout que nous venions de nous retrouver. Je voulais pouvoir manger avec lui et parler tranquillement, regarder quelque chose à la télé en le prenant dans mes bras, et dormir avec lui sans que personne ne nous regarde ou n'ait à se poser de questions.
Normalement, il ne devrait y avoir que ma mère et Ally, aujourd'hui et à cette heure. Je refermai la porte d'entrée, et j'entendis du bruit dans la maison. Nous nous dévêtîmes, et je finis par entendre des pas dans les escaliers.
« Hayden, c'est toi ? fit la voix de ma mère.
– Oui c'est moi, maman, je suis rentré. »
Les marches craquèrent soudain un peu plus rapidement, et je fis signe à Jimin de rester en arrière.
« Où est-ce que tu étais passé ? éleva-t-elle la voix. J'étais affreusement inquiète !
– Tout va bien, maman. Je suis désolé de t'avoir inquiétée. Mais c'est fini. Je ne disparaîtrai plus sans prévenir, et je n'agirai plus comme ça. Tout va bien.
– Tu es sûr ?
– Oui. »
Elle me regarda attentivement, puis prit mon visage entre ses mains.
« C'est vrai que tu as l'air un peu plus en forme, constata-t-elle en hochant la tête. Tu as bien dormi ? Tu as pris des vitamines ?
– Oui, on peut dire ça. »
Je me détachai de ses paumes et reculai d'un pas pour passer l'angle du mur. Mes yeux plongèrent alors dans ceux de Jimin et je lui fis signe de venir. Il approcha timidement, et lorsqu'il se retrouva face à ma mère, je vis à son visage qu'il paniquait un peu, alors il s'empressa de s'incliner.
« Bonjour, ma tante ! Ça faisait longtemps ! »
Ma mère le regarda, surprise, puis reposa ses yeux sur moi. Je lui souris, et Jimin se releva à ce moment-là.
Elle reposa son regard sur mon compagnon, puis lui tendit ses bras. Ce dernier bugua, puis tourna la tête vers moi. Je ris donc doucement et hochai la tête pour lui faire comprendre qu'elle savait. Il piqua un fard et me fusilla du regard, mais il revint bientôt à ma mère pour ne pas être malpoli. Il avança vers elle d'un pas hésitant, puis se laissa enlacer. Elle lui murmura alors des choses que je me concentrai à ne pas écouter, puis elle le relâcha sans perdre son sourire.
« Tu restes ici combien de temps ?
– Je repars dans deux jours. Je n'avais pas le droit de venir à l'origine, j'ai dû bousculer tout l'emploi du temps du groupe, mais c'était un cas de force majeure. »
Ma mère me jeta un coup d'œil avec un petit sourire, puis revint à Jimin.
« Tu dors ici ce soir ?
– J'ai un hôtel, cette fois. Comme... Enfin, on vient seulement de se réconcilier, dit-il, mal à l'aise.
– Je comprends. Vous restez manger au moins ?
– Oui, ce midi, répondis-je.
– Enfin si ça ne vous dérange pas, bien sûr, s'empressa-t-il de rajouter.
– Tu ne me dérangeras jamais, Jimin. Tu es ici chez toi.
– Merci. On va jouer avec Ally, aussi.
– J'espère bien ! Ça fait des mois qu'elle pleure pour que tu reviennes, rit-elle en le regardant avec affection.
– Je serais revenu plus tôt si je l'avais pu, vraiment. Elle m'a manqué aussi.
– Elle ne te laissera pas partir, rit-elle de nouveau.
– On ne restera pas ce soir, par contre, interrompis-je la discussion. Je n'ai pas envie de croiser Troy, ni papa.
– Hayden, tu sais qu'il s'inquiète pour toi aussi...
– Mais il ne le montre pas vraiment. Il est plus inquiet pour sa réputation que pour moi.
– Et à raison, cingla Jimin. Tu as déconné. »
Je roulai des yeux tandis que ma mère nous regardait tour à tour, surprise.
« Bref. Ally est dans sa chambre ? demandai-je.
– Oui, elle révise son solfège avant que nous ne mangions.
– Tu veux aller jouer avec elle, Jimin ? Je vais préparer la table.
– Comme tu veux.
– Alors vas-y. Tu connais la maison.
– Ça marche. Je vais l'aider si elle a besoin de quelqu'un pour réviser. À tout à l'heure !
– À tout à l'heure. »
Nous nous sourîmes, puis il sourit à ma mère et passa à côté d'elle pour rejoindre l'étage. Nous le regardâmes gravir les marches puis disparaître, et je reposai mes yeux sur ma mère qui m'observait de nouveau.
« Oui ?
– Alors ?
– Alors quoi ? dis-je en faisant semblant de ne pas comprendre de quoi elle parlait.
– Vous vous êtes réconciliés ?
– Oui. Je me suis excusé pour le mois d'octobre, et on a parlé... Et voilà.
– Donc vous êtes de nouveau amis ?
– Oui.
– Plus qu'amis ?
– Maman, t'es gênante. »
Je tournai les talons pour filer dans la cuisine mais elle me suivit.
« Je suis peut-être gênante, mais je suis ta mère, et ça fait deux mois que je ne sais plus quoi faire, et que je me ronge les sangs en te voyant te détruire petit à petit.
– Je suis désolé, soufflai-je avant de me retourner vers elle. Vraiment désolé. Mais c'est fini, tout ça. Je vais me reprendre en main.
– Vraiment ?
– Oui. Je... Je ne comprends toujours pas comment ni pourquoi, mais... Il me fait me sentir bien. Et je l'ai inquiété autant que toi avec mes conneries, c'est pour ça qu'il est revenu malgré le fait que... qu'on se soit séparés y a deux mois. Je ne veux plus l'inquiéter, et toi non plus. Je suis désolé de t'avoir fait peur et si je t'ai causé du tort. Ça n'arrivera plus.
– C'est bon, Hayden. C'est passé, c'est derrière nous. Si tu vas mieux et que tu es heureux aujourd'hui, alors c'est tout ce qui m'importe. Je me moque du reste. »
Elle me tourna le dos et s'approcha du lave-vaisselle pour commencer à le vider. Je la regardai faire pendant trente bonnes secondes, puis je pris mon courage à deux mains.
« Maman...
– Oui ?
– Ça ne te dérange vraiment pas ?
– Quoi donc ?
– Que je sois tombé amoureux de lui.
– Non. C'est un garçon adorable. Et ta sœur l'adore.
– Je ne parle pas d'Ally mais de toi.
– Il est très gentil, il est beau, et puis il est riche. Pourquoi je serais dérangée ?
– C'est un homme ?
– Et alors ?
– Alors ça fait de moi un homme qui en aime un autre. »
Elle se figea une seconde dans ses gestes, puis continua de ranger la vaisselle.
« Je mentirais si je disais que je n'ai pas eu du mal à accuser le coup. Mais je pense que je l'avais senti venir. Et... je mentirais aussi si je disais que je n'ai pas été déçue, parce qu'au fond de moi, j'espérais que tu puisses un jour rencontrer une jeune femme qui te rendrait heureux, et avec qui tu pourrais te marier et avoir des enfants. Et que je pourrais être grand-mère, aussi. »
J'entendis sa voix trembler, et elle posa ses mains sur le bord de l'évier.
« Mais c'est ta vie. Si ton bonheur est avec lui, alors je serai heureuse pour toi. J'aurai toujours peur pour toi quoi qu'il arrive, parce que je reste ta mère. Je ne cesserai de me demander si tu es certain d'avoir fait le bon choix, si tu ne regretteras pas certaines choses... Et puis il y a ton père, et il y a le monde autour, aussi. Mais la seule chose qui m'importe, c'est que tu sois heureux. Je ne veux plus... »
Sa voix craqua et je compris ce qu'elle voulait dire. Je m'empressai alors de faire le tour du plan de travail et je la pris dans mes bras.
« Je ne te ferai plus jamais revivre ça, maman. Je te le promets. Même si ça ne marche finalement pas, je ne referai pas le con comme j'ai fait ce dernier mois. Je suis vraiment désolé, encore une fois. Je n'ai pas su gérer ma douleur, et j'ai choisi la simplicité... Je sais maintenant que ce n'était pas la bonne solution. Je ne recommencerai pas, et je te promets de laisser tout ça derrière moi.
– Merci », souffla-t-elle.
Je resserrai doucement ma prise sur elle et embrassai le dessus de son épaule. Sa main droite monta près de mon visage et elle glissa ses doigts dans mes cheveux pour les ébouriffer.
« Maintenant aide-moi, il faut que nous fassions à manger à mon beau-fils. »
Je la relâchai en pouffant, et je la poussai pour vider le lave-vaisselle à sa place. Je l'entendis renifler mais je fis comme si ça n'avait pas été le cas, et nous entreprîmes la préparation du repas.
De longues minutes plus tard, la voix d'Ally retentit dans les escaliers et je l'entendis descendre les marches en courant.
« Ally, élevai-je la voix, ne-
– Ne cours pas dans les escaliers ! cria Jimin en me coupant sans le faire exprès.
– Oppaaaaaaa ! »
Ma sœur déboula dans la cuisine, et j'eus juste le temps de reposer mon couteau avant qu'elle ne me saute dessus.
« T'as tenu ta promesse ! s'écria-t-elle.
– Euh... oui ?
– De revenir avec Jiminie-oppa ! C'est pour ça que t'étais encore parti ?
– Ah, oui, c'est pour ça, mentis-je en détachant ses bras de ma taille pour m'abaisser à son niveau. Je suis allé le chercher juste pour toi.
– C'est vrai !?
– Oui. Mais on ne peut le garder que quelques jours avec nous. Il doit retourner travailler, après.
– Oh, fit-elle en perdant son sourire.
– J'essaierai de revenir dès que possible, intervint-il.
– Tu restes pas à Noël avec nous alors ?
– Non...
– Mais l'année dernière t'avais dit que tu ferais avec nous...
– Je sais, et je suis désolé, mais l'année dernière, je ne pouvais pas prévoir qu'il y aurait ce virus partout, ma puce.
– Alors nous on peut aller chez toi en Corée pour faire Noël ?
– Ally, on ne s'invite pas chez les gens comme ça, la réprimanda ma mère.
– Mais...
– Quand tu viendras en Corée, enchaîna Jimin, je t'inviterai chez moi. D'accord ? »
Ma sœur reposa ses yeux sur lui, puis hocha vigoureusement la tête.
« D'accord !
– Bien ! »
Il se redressa et plongea ses yeux dans les miens en me souriant, avant de regarder ce que vous avions préparé avec ma mère.
« Oh, pardon, on vous a dérangés ?
– Non, t'en fais pas, on allait mettre ça au four.
– Je suis curieux, souffla-t-il avant de pincer ses lèvres.
– Je suis certain que tu vas adorer. »
Il laissa traîner ses yeux dans la cuisine, et lorsque je le vis apercevoir la bouteille de Porto et une conserve de pêches, je m'empressai de lui sauter dessus et de lui faire faire demi-tour.
« C'est cuit dans un quart d'heure, va jouer ailleurs !
– Mais je-
– Non, tu dégages ! »
Il laissa échapper un éclat de rire, et Ally s'empressa de nous suivre et de l'attraper par la main pour l'entraîner de nouveau à l'étage. Je laissai alors ma mère enfourner les papillotes et allai dresser la table dans la salle à manger.
[...]
Tandis qu'Ally mastiquait son canard dans un bruit infernal malgré mes nombreuses réflexions et celles de ma mère, Jimin passa sa langue sur ses lèvres et reposa ses couverts sur son assiette.
« C'était excellent, ma tante.
– Merci, Jimin, sourit ma mère. Ce n'était pas grand-chose. Et je t'ai dit que tu pouvais m'appeler "mère". »
Je m'étouffai tandis que lui rougit légèrement.
« Je... C'est gentil, mais je ne me sens pas à ma place.
– Très bien, je n'insiste pas, dit ma mère en tendant sa main vers la carafe d'eau. Mais ce n'était vraiment pas grand-chose. Si tu as bien mangé alors c'est tout ce qui m'importe.
– C'était vraiment très bon. C'était la première fois que je mangeais du canard préparé de cette façon.
– C'est un plat que j'ai goûté en France il y a de nombreuses années.
– Je vois, répondit Jimin. J'ai adoré !
– Tant mieux. Tant mieux, répéta-t-elle. En revanche je m'excuse, mais je n'ai rien pour le dessert, vous m'avez prise de court tous les deux en arrivant à l'improviste.
– Ne vous en faites pas, je n'en ai pas besoin ! Je n'ai plus faim. Et ça serait presque dommage de gâcher le goût de ce plat que j'ai encore en bouche.
– Alors disons ça, sourit ma mère. Tu veux un café, un thé ?
– Je veux bien un café.
– Moi aussi, s'il te plaît.
– Je vais préparer ça, dit-elle en se levant.
– Laisse, je vais débarrasser.
– D'accord, merci. »
Elle quitta la table pour rejoindre la cuisine et je reposai mes yeux sur Ally.
« Eh bien, tu es longue à manger, aujourd'hui.
– C'est dur à manger !
– Tes dents ne coupent pas ? ricanai-je.
– Bah non !
– Je vais te couper ça en plus petits morceaux si tu veux, proposa Jimin.
– Oui ! S'il te plaît ! »
Je l'observai pousser son assiette et ses couverts vers Jimin, qui attrapa tout ça et commença à recouper la viande de ma sœur.
Je me levai alors et débarrassai nos affaires ainsi que celles de ma mère, puis je la rejoignis à la cuisine. Je jetai les papillotes vides dans la poubelle ainsi que l'excédent de jus, et je mis tout au lave-vaisselle avant de sortir des coupelles pour les tasses à café. Lorsque ces dernières furent pleines, je les emportai dans la pièce à côté et ma mère me rejoignit. Nous discutâmes de nouveau tous les trois tandis que mon compagnon emboquait ma sœur avec un sourire amusé, puis je sortis fumer.
Après deux minutes, la baie vitrée s'ouvrit dans mon dos, se referma, et Jimin se rapprocha de moi. Il resta silencieux, posa la moitié de son torse contre mon dos, puis son menton sur mon épaule.
« Oui ? demandai-je en changeant ma cigarette de main pour ne pas l'incommoder davantage.
– Tu ne m'avais pas dit que ta mère savait pour moi... Enfin, pour nous. J'ai été mal à l'aise en arrivant. Et quand elle m'a dit de l'appeler "mère", j'ai failli faire trois malaises. »
Je relâchai un petit rire tout en recrachant ma fumée.
« Elle a fait les liens toute seule quand je suis rentré en octobre. Même si je lui ai dit que j'étais seulement fatigué et que c'était pour ça que je voulais aller me coucher, elle a compris que je lui mentais. Alors elle est montée dans ma chambre, chose qu'elle n'a pas fait depuis au moins dix ans, parce que j'interdis à quiconque de rentrer dans ma chambre... Et elle m'a pris dans ses bras. Elle n'avait pas fait ça depuis des années non plus... Et j'ai craqué. Ça faisait un moment qu'elle soupçonnait que j'avais quelqu'un ; quelqu'un en Corée. Elle pensait que tu n'étais qu'un alibi, mais elle a fini par comprendre. Alors quand j'ai tout déballé, elle n'a pas été si surprise que ça. »
Il glissa doucement sa main dans la mienne et j'aperçus son sourire dans ma vision périphérique.
« Tu as pleuré ? me demanda-t-il.
– Pleuré ? Pourquoi je pleurerais ?
– Tu dis que tu as craqué et que tu as tout déballé.
– Craqué dans le sens où il fallait que j'en parle à quelqu'un.
– Tu n'as pas pleuré ?
– Non. Je ne pleure jamais. »
Ma main droite se crispa légèrement sur la sienne, et il pouffa. Je voulus lui demander ce qu'il avait, mais en me rendant compte que j'étais en train d'enfoncer l'ongle de mon pouce dans sa peau, je tentai de récupérer ma main.
« Excuse-moi, je t'ai fait mal ?
– Mal ? Non, me répondit-il d'un sourire. Mais c'est dommage.
– Dommage ? Tu veux que je te fasse mal ? m'étouffai-je.
– Non ! répondit-il dans un éclat de rire. Dommage que tu n'aies pas pleuré. Parce que moi, j'ai versé des milliers de larmes pour toi, en octobre.
– Je suis désolé...
– C'est pardonné. C'était une épreuve, et nous l'avons surmontée. C'est tout ce qu'il faut qu'on retienne de ça, tu ne penses pas ?
– Si. Tu as raison. »
Je ramenai mes yeux dans les siens après avoir recraché ma fumée sur ma gauche, et nous nous fixâmes pendant un long moment. Puis, ses pupilles tombèrent sur ma bouche et je finis par faire de même. La tension monta de plus en plus, et il la brisa en se retournant vers la baie vitrée. Je pus enfin respirer de nouveau, mais cette inspiration fut courte car il revint vers moi, sa main gauche glissant dans ma nuque, et il posa ses lèvres contre les miennes. Le baiser ne dura que deux petites secondes, puis il donna un coup dans mon nez du bout du sien avant de reculer d'un pas.
« Même si ta mère sait, elle n'est peut-être pas prête à voir ça, me dit-il en pinçant ses lèvres. Et puis il faut protéger Ally aussi, elle est encore trop petite.
– Oui, tu as raison.
– Je te laisse, elle voulait qu'on joue à la poupée. Il faut que je profite du moment. On ne va pas tarder à repartir, non ?
– C'est vrai qu'il est presque quinze heures... Mon père ne rentrera pas tout de suite, mais je ne veux pas prendre le risque de croiser Troy.
– Je t'avoue que moi non plus. Je vais voir Ally, du coup. Viens me chercher quand tu veux partir.
– Ça marche. À tout à l'heure. »
Il me sourit tendrement, puis rentra de nouveau dans la maison. Je continuai de fumer ma cigarette, puis je rentrai à mon tour.
Je montai dans ma chambre et m'emparai d'un sac où je plaçai quelques vêtements plus le strict nécessaire pour vivre encore deux jours hors de la maison, puis j'allai retrouver ma mère dans le petit salon à côté de ma chambre. Nous discutâmes pendant une bonne demi-heure, puis nous nous levâmes et j'allai chercher Jimin dans la chambre de ma sœur. Elle se mit à chouiner et à s'accrocher à lui comme un koala à son arbre, et elle lâcha prise lorsque Jimin lui promit qu'ils se reverraient bientôt et que s'il ne le faisait pas, il ferait ce qu'elle voudrait la prochaine fois.
Les deux femmes de la maison descendirent pour nous accompagner jusqu'à la sortie, et une fois chaussés et vêtus, nous nous retournâmes vers elles pour les saluer.
« Merci encore pour le repas, dit Jimin en s'inclinant légèrement. C'était vraiment très bon !
– Je t'en prie, ce n'était rien du tout ! Fais attention à toi !
– Oh, t'as oublié mon dessin ! » s'écria Ally.
Elle partit en furie et ma mère soupira en levant les yeux au ciel.
« Je ferai attention à moi, rit Jimin. Faites de même !
– Je le ferai. »
Elle tourna la tête vers moi.
« Et tu reviens quand, du coup ?
– Vendredi soir.
– D'accord. Je vais prévenir ton père.
– D'ailleurs, à ce propos, si tu pouvais ne rien lui dire... Et à Troy non plus... J'ai dit à Ally de tenir sa langue, mais bon...
– Je ne lui dirai rien, si tu veux. Mais je vais lui dire que tu rentres vendredi.
– Oui, ok.
– Et... »
Elle posa ses yeux sur Jimin, puis revint sur moi, et eut soudain l'air embarrassée.
« Si jamais... Enfin, vous êtes grands, j'imagine que...
– Je refuse de parler de ça avec toi ! m'écriai-je, rouge de gêne.
– J'espère juste que vous faites attention !
– On n'en est pas à là, t'en fais pas !
– Ok ! D'accord ! dit-elle en levant les mains devant elle, la tête basse. Le sujet est clos ! »
Bordel, j'étais mort de honte, et j'étais certain que Jimin à côté de moi n'en menait pas large non plus.
« Mais le jour où...
– On verra ! m'empressai-je de répondre. Mais Jimin s'y co-aïe ! Mais t'es malade !?
– Ferme-la, me dit-il entre ses dents en m'adressant un large sourire, les yeux excessivement ouverts.
– Je l'ai retrouvé ! » s'écria soudain Ally depuis l'étage.
Ses pas retentirent de nouveau bien trop rapidement dans les escaliers, et ma mère lui dit une fois de plus de ne pas courir. Je remerciai le Ciel d'avoir envoyé ma sœur à cet instant précis pour nous rejoindre, parce que sinon, je n'aurais pas fait long feu.
« Tiens ! »
Elle le tendit à Jimin et continua :
« Tu pourras l'accrocher dans ta maison !
– Promis. Je t'enverrai une photo !
– Oui ! »
Il le prit et tenta de le ranger proprement dans son sac pour ne pas l'abîmer.
« Bon, on va y aller, du coup. On prend ma voiture.
– D'accord, dit Jimin en s'abaissant devant ma sœur pour la prendre dans ses bras.
– Donc vendredi, dit ma mère après s'être raclé la gorge.
– Vendredi soir, je suis de retour à la maison. Et j'arrête les conneries. C'est promis.
– T'as dit un gros mot ! s'écria ma sœur.
– Pardon, ris-je. J'ai le droit à un câlin, moi, ou il n'y a que Jimin qui a le droit ?
– T'as le droit, mais tu reviens vite !
– Je reviens vendredi. Je viendrai même te chercher à l'école, si tu veux.
– Promis ?
– Promis. »
Elle se jeta sur moi et je la pris dans mes bras à mon tour, tandis que Jimin souriait à ma mère, mal à l'aise. Je finis par me séparer d'Ally, puis je rouvris la porte d'entrée et fis passer Jimin devant moi.
« Je t'envoie un message quand j'ai récupéré Ally vendredi, du coup.
– Très bien. Rentrez bien. Et toi aussi, Jimin. Prends soin de toi.
– Promis. »
Après de nouveaux sourires, je tournai les talons et me dirigeai vers ma voiture qui était garée le long du trottoir, là où je l'avais abandonnée plusieurs jours plus tôt. Je l'ouvris et montai à l'intérieur. Jimin ne tarda pas à me rejoindre. Nous nous attachâmes et je démarrai, et le voyage se fit dans un silence pesant.
Lorsque je m'arrêtai à un feu rouge quelques minutes plus tard, il enfonça son poing dans mon épaule, puis sur le dessus de ma cuisse et je hurlai.
« Mais qu'est-ce qui te prend !? hurlai-je en reposant mes yeux sur lui. T'es malade !?
– Malade, moi !? Tu as failli dire à ta mère que je m'étais tapé toute la ville et c'est moi le malade !?
– J'allais pas lui dire ça !
– Alors tu allais lui dire quoi !? Le début ressemblait étrangement à un "Jimin s'y connaît" ! »
J'ouvris la bouche, mais aucun son n'en sortit. Bon, ouais, sur le moment, j'avais peut-être paniqué et failli dire un truc du style.
« Ça aurait pu la rassurer de savoir que tu avais de l'expérience dans le domaine et qu'on savait ce qu'on faisait.
– Justement, on ne fait rien.
– Pour plus tard. Si jamais.
– Ce n'est pas une raison. Je n'ai pas envie qu'elle me colle une étiquette "folle du cul" sur le front ! »
J'éclatai alors de rire, et je manquai de me faire klaxonner car le feu était passé au vert depuis quelques secondes.
« Ce n'est pas drôle ! couina-t-il en se renfrognant sur son siège. Ce n'est pas toi qui passes pour un cliché dans sa tête après ça.
– Tu te prends trop la tête. Même si elle aurait pu en avoir, avoir des aprioris et tout ce que tu veux, elle te connaît.
– Ça ne l'empêchera pas d'avoir une image différente de moi en entendant ce genre de chose.
– Tu te prends la tête pour rien. Je t'assure.
– Mmh. »
Il continua de bouder, et lorsque nous arrivâmes sur une voie rapide et que mon levier de vitesse n'allait pas me servir avant un moment, je glissai ma main sur sa cuisse et la serrai entre mes doigts.
« Qu'est-ce que tu fais ?
– Je conduis. Pourquoi ? »
Il se contenta de pouffer, et il laissa ma main où elle était. La route s'effaça rapidement, et un quart d'heure plus tard, nous étions de retour à l'hôtel.
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