𝟎𝟒:𝟗𝟕 - Starset, 𝑀𝑦 𝐷𝑒𝑚𝑜𝑛𝑠
[29/04/2023]
Bonsoir bonsoir !
Bordel, dans deux jours on est déjà au mois de mai......... Le temps passe beaucoup trop vite 😭
Mon petit séjour à Paris a été tellement rapide que j'ai l'impression que je ne suis en fait jamais partie. C'est trop bizarre.
L'expo sur Ramsès II était sympa. Bon, concernant les objets présents, je pense pouvoir dire sans mentir que 90% ne lui appartenaient pas (pour ça que dans le titre y avait "et l'or des pharaons" ptdr) et c'était un peu dommage, mais il y avait des trucs vraiment chouettes. Les vidéos explicatives, notamment une avec une technologie holographique, était trop cool à regarder. Gros point négatif par contre sur le monde dans un même créneau horaire, et surtout sur les enfants et les ados. Y a une nana qui parlait ultra mal, ça se voyait qu'elle en avait rien à faire de ce qu'elle voyait, et elle a osé mettre ses mains sur le dessus d'un coffre de sarcophage en granit, qui n'était pas sous vitrine. Vous pouvez pas savoir à quel point j'ai dû lutter pour ne pas lui en coller une. J'en reviens pas qu'il faille encore apprendre à certaines personnes qu'on ne doit PAS TOUCHER quand on est dans un musée. Hallucinant. BREF.
Plus de 6.2k mots pour ce chapitre, j'espère que je n'ai pas laissé passer de faute.
J'espère qu'il vous plaira.
Bonne Léocture ! ♥
~~+~~
J'étais tranquillement assis au bar quand des voix s'élevèrent et qu'on prononça mon nom.
Je me retournai, et en voyant et entendant qu'on m'acclamait, je me levai.
Les personnes présentes sur l'estrade m'attendaient et me souriaient, puis me firent signe de les rejoindre. Je sautai alors de mon tabouret et montai sur la petite scène avec un grand sourire. Quand je vis que ma basse m'attendait près d'un micro, je vins m'en saisir. Je passai la sangle par-dessus ma tête pour qu'elle repose sur mon épaule gauche, et l'éclairage me grilla les rétines. Je ne voyais plus personne dans la salle, mais pourtant, on continuait de m'acclamer. Une voix sortait du lot et elle me faisait chaud au cœur. En revanche, je ne savais pas qui c'était, et cette personne semblait loin.
« T'es prêt ? me demanda soudain quelqu'un sur ma droite.
– Oui ! » répondis-je en tournant la tête.
Scott était là, son éternelle Fender entre les mains, et il m'envoya un clin d'œil. Je lui répondis de la même façon, et la salle fut soudain plongée dans le noir. J'entendis les baguettes du batteur choquer entre elles pour donner le top départ, puis la guitare de mon ami d'enfance résonna. Cependant, lorsque je voulus jouer, mes doigts restèrent bloqués sur le manche. Qu'est-ce qu'on était en train de jouer ? Je ne me rappelais plus. C'était un nouveau morceau ?
Je tentai de jouer quelques notes, mais le manche de ma basse disparut et je me retrouvai avec seulement un médiator dans la main droite, et un micro devant moi. Scott continuait de jouer, et le batteur, qui était probablement Dean mais que je ne voyais pas, aussi. Moi, je ne pouvais plus jouer, mon instrument avait disparu. Je ne comprenais pas. Comment était-ce possible ?
« Hyde ? »
Je me retournai d'un coup, et mon cœur s'arrêta.
« Chelsea... »
Elle me sourit et passa à côté de moi sans m'adresser plus d'attention. Ses longs cheveux rouge sang brillaient et chutaient jusque dans ses reins, tandis que le corset en cuir qu'elle portait, lassé sur la poitrine, dévoilait un peu et faisait ressortir cette dernière de façon provocante, et que son pantalon de la même matière moulait le bas de son corps à m'en donner le tournis.
Elle commença à chanter et je la regardai faire, ébahi. Je ne comprenais pas où j'étais, ni pourquoi j'étais ici. Est-ce que tout ça était réel ? Est-ce que je venais de sortir d'un long cauchemar ? Elle était là. Scott aussi.
Je m'avançai alors vers elle et elle se retourna vers moi avant de me sourire. Elle leva sa main gauche et cette dernière vint caresser mon visage, avant qu'elle ne se rapproche de moi. Elle m'embrassa, et plus rien n'exista autour de nous. Tout continuait, la musique, les gens qui nous acclamaient, mais personne ne nous voyait, nous étions seuls au monde. Puis, elle me poussa en arrière et je tombai, mais je fus heureusement bien vite rattrapé par un canapé miteux. Elle grimpa sur moi et revint m'embrasser, tandis que la musique cessait, et que les cris de la foule semblaient calfeutrés, comme si nous n'étions plus sur scène, mais dans une pièce derrière.
J'entendis du bruit près de nous alors je rouvris les yeux et la repoussai. Scott était assis dans un fauteuil à côté et traçait des lignes sur la table basse à l'aide de sa carte bancaire. Puis, il roula un billet sur lui-même et se pencha afin d'inspirer la poudre blanche par le nez. Il se laissa retomber contre le dossier en me regardant, un large sourire sur le visage, et il me tendit le billet. Je le fixai sans faire un geste, puis la main de Chelsea vint saisir mon menton pour m'obliger à lui refaire face. Son regard brûlant me donnait chaud, son sourire aguicheur me rendait fou.
Elle glissa deux doigts dans sa poche et en ressortit un petit sachet avec des cachets de différentes couleurs. Elle en fit sortir un rose qu'elle glissa dans sa bouche, puis elle se pencha vers moi et m'embrassa de nouveau. Le comprimé se retrouva sur ma langue, et elle me donna ensuite un verre d'eau pour que je puisse l'avaler. Et comme un imbécile, je le fis. Comme toujours.
Ses mains s'activèrent sur le haut de mon corps avant de descendre au niveau de ma ceinture. Comme toujours.
Et lorsque je m'accrochai à ses cheveux en retenant un gémissement, et que je penchai ma tête sur le côté pour regarder Scott, il n'était plus là. Comme toujours. Qu'il ait été présent physiquement ou pas, son esprit n'avait jamais été avec nous à ces moments-là. Et le mien commença à s'envoler. Mais il y avait quelque chose qui n'allait pas. Je le sentais. Mon cœur était encore plus lourd que d'habitude, mais je ne savais pas d'où ça venait.
Et petit à petit, la voix que j'avais entendue dans le public, de longues minutes plus tôt, revint. Elle m'appelait, encore et encore. Encore et encore. Elle m'appelait, autant que Chelsea soupirait mon surnom contre mon oreille au rythme de ses coups de hanche. Cette voix ne cessait pas, elle continuait de m'appeler, de se rapprocher, elle me rendait fou. Autant que les baisers de la petite amie de mon ami d'enfance. Était-il revenu, d'ailleurs ? Allait-il nous surprendre, cette fois ?
Je mis fin à notre baiser, passai ma langue sur ma lèvre inférieure et mes deux piercings, et lorsque mes yeux tombèrent dans ceux de Jimin, tout s'arrêta. Tout devint noir. Chelsea disparut, et il n'y eut plus que les yeux de Jimin dans les miens, vides, sans expression aucune. Ses yeux, rien que ses yeux, rien d'autre, mais je les aurais reconnus entre mille. Je tendis la main vers lui, je tentai de marcher vers lui, mais la distance entre nous ne se réduisit pas. Elle resta la même, quel que soit le nombre de pas que je pus faire ou leur vitesse.
« Jimin... »
Il ne me répondit pas, et ses yeux continuèrent de me regarder. C'était comme s'il n'était pas là, lui non plus. Puis Chelsea réapparut. Elle s'approcha de lui et sembla l'embrasser. Lorsqu'elle recula, la bouche de Jimin se dessina, et quand il tira la langue, j'y vis une petite pastille jaune.
« Avale pas ça ! » hurlai-je.
Mais il ne m'écouta pas. Chelsea revint l'embrasser et il l'avala. Lorsqu'elle recula de nouveau, je vis les yeux de Jimin devenir de plus en plus vides tandis que ses pupilles se dilataient. Elle voulut l'embrasser de nouveau, mais cette fois je pus les rejoindre. J'attrapai son poignet pour tirer dessus et l'empêcher de le toucher. Mais lorsqu'elle se retourna vers moi, je me retrouvai face à mon propre reflet. Je restai alors figé un long moment, pétrifié sous la surprise, et sous la peur.
« Hayden... » murmura Jimin.
Je tournai la tête vers lui. Nous tournâmes la tête vers lui. Il était là, entièrement, et il était livide.
« Aide-moi... »
Je tendis la main vers lui, mais je passai au travers de son corps. Il se mit alors à tomber en arrière dans un puit sans fond, et j'avais beau essayer de l'attraper, de le retenir, je n'y arrivais pas. Il tombait encore et encore en me regardant d'un air suppliant, en me murmurant de le sauver. Je n'allais pas y arriver. Il tombait à cause de moi, et rien de ce que je pouvais faire ne me faisait le rattraper dans sa chute.
J'hurlai son nom, puis son corps se figea soudain dans un craquement cauchemardesque, la tête et les bras pendant dans le vide, les jambes faisant de même de l'autre côté, comme s'il était tombé sur une pyramide invisible, et que cette dernière s'était logée au-dessus de ses reins.
Il ne bougeait plus. Il ne m'appelait plus et ne me demandait plus de l'aider. Il ne me regardait plus. Jimin n'était plus là, lui non plus.
J'ouvris soudain les yeux, en panique et couvert de sueur, mais j'étais seul. Je me levai alors et traversai la chambre.
« Jimin ! criai-je en déboulant dans le couloir. Jimin ! »
Mais il n'y avait personne, dans la maison. J'étais seul.
J'entrai dans la cuisine, ouvris le robinet et passai mes mains sous l'eau pour asperger mon visage et ma nuque. Je restai penché au-dessus de l'évier pendant un long moment et je tentai de remettre mes idées en place.
Je venais de faire un cauchemar. Un horrible cauchemar. Il y avait tellement de choses qui n'allaient pas dedans que je voulais tout oublier. Le bar, la musique, le groupe, Chelsea, Scott, la drogue, ma relation avec elle... et Jimin. Qu'est-ce que ça signifiait, tout ça ? Est-ce qu'il y avait quelque chose à en comprendre ? Et puis... Pourquoi maintenant ? Ça faisait des mois que je n'avais pas rêvé d'elle, des années que je n'avais pas rêvé d'une chose aussi explicite et aussi vraie. Alors pourquoi maintenant ? Pourquoi y mêler Jimin ?
Pourquoi est-ce que Chelsea s'était transformée en moi après avoir donné un cachet de MDMA à Jimin ? Est-ce que c'était prémonitoire ? Est-ce que je me voyais comme ça ? Est-ce qu'en réalité, j'avais le sentiment d'être avec lui comme elle, elle était avec moi ? Est-ce que je me servais de lui ? Ça me rendait malade. Surtout que la conclusion était cette dernière : j'allais tuer Jimin.
J'avais envie de vomir.
Je courus en direction de la chambre que je venais de quitter, puis je me ruai vers la salle de bain. Je me laissai tomber devant la cuvette et pris ma tête dans mes mains. J'avais la tête qui tournait et mal au cœur. Où était Jimin ? Quelle heure était-il ? Je voulais le voir. Je voulais le voir, le serrer dans mes bras et l'écraser contre moi.
Mais... Et si ce cauchemar me disait de me réveiller, de prendre conscience que les choses n'allaient pas bien se passer ? Qu'elles ne pouvaient pas bien se passer ? Et si c'était un signe que ça ne pouvait pas marcher et que j'allais finir par le blesser, quoi qu'il arrive ? Que j'étais maudit, que j'allais retomber dans mes vieux travers sans le vouloir parce que j'étais faible, trop faible pour supporter ce qui m'arrivait ?
Je finis par trouver la force de me relever après de longues minutes, et je courus à la recherche de mon téléphone. En posant mon doigt sur l'écran, je vis immédiatement que j'avais reçu des messages de Jimin alors je m'empressai de les ouvrir.
Mes doigts se resserrèrent sur mon téléphone, et je me laissai tomber sur le bord du lit avant de me recroqueviller sur moi-même et de tirer sur mes cheveux. Effectivement, il était un peu plus de neuf heures, et je n'avais donc pas vu Jimin depuis la veille. Depuis que nous nous étions séparés après être rentrés, en fait. J'avais passé plusieurs heures à me trifouiller la cervelle dans un bar avant de rentrer et de m'endormir. Ma fatigue de la veille plus l'alcool n'avaient pas fait bon ménage. Est-ce que c'était à cause de ça, ce cauchemar ? Ou est-ce qu'il y avait vraiment autre chose ? Est-ce qu'au fond de moi, je sentais que ça n'allait pas ? Que ça n'allait plus, ou que ça n'irait plus d'ici un temps ?
Je fis alors apparaître mon clavier et je commençai à taper un message. Je l'effaçai, puis recommençai pendant un long moment.
Les messages envoyés, j'observai mon écran jusqu'à ce qu'il s'éteigne. Je le posai à côté de moi par la suite, puis je repris ma tête dans mes mains. Il fallait que je lui parle. Que je lui avoue mes peurs, mes craintes. Je ne pouvais pas garder tout ça pour moi, j'allais exploser.
Je me laissai tomber en arrière sur le lit et j'observai le plafond pendant un long moment. Puis, je me redressai et allai me laver afin de me changer.
Une fois habillé, je vis que je n'avais pas de réponse de Jimin. Je n'avais aucune idée de ce qu'il faisait aujourd'hui.
Je me posai alors à son ordinateur pour travailler, mais au bout d'une heure, je n'avais monté que quelques rushs. Je n'avais aucune motivation, et ça ne me plaisait même pas, j'allais devoir recommencer. J'abandonnai donc et tournai en rond dans la maison déserte pendant un moment, avant de me décider à sortir. J'avais faim, et je ne voulais pas piquer dans les placards, même si j'en avais l'autorisation.
Je traînai dans les rues, finis par atterrir sur Itaewon comme la veille, où je me posai dans un café pour avaler une boisson chaude et grignoter quelque chose, puis je pris un métro et me dirigeai vers Hongdae. Je traînai dans le quartier pendant un long moment, et en voyant l'heure, j'appelai à la maison.
Je tombai sur mon père qui m'échangea seulement quelques messages avant de me passer ma mère avec qui je discutai plus longuement. Vint ensuite le tour d'Ally qui me monopolisa pendant un bon quart d'heure tout en chouinant pour que je ramène Jimin parce que je n'avais pas tenu ma parole la dernière fois, puis elle me repassa ma mère. Je lui reconfirmai mon retour le vendredi, et lorsqu'elle me demanda si quelque chose me tourmentait parce que j'avais l'air ailleurs, je m'empressai de clore la discussion et de raccrocher.
Ramenant mon écran devant moi, je vis que Jimin m'avait répondu. J'appuyai alors sur la notification, et je vis tout de suite de la peur dans ses messages.
Je ne pouvais pas lui dire par message, et sûrement pas maintenant qu'il était en plein travail. Devais-je mentir pour le rassurer, et qu'il puisse se reconcentrer ?
Je rangeai mon téléphone dans ma poche, et lorsque la faim m'étreignit de nouveau, j'atterris dans un petit restaurant japonais. Je remplis mon estomac et payai avant de sortir, et après avoir parcouru quelques centaines de mètres, j'entendis mon nom être prononcé. Je me retournai, et j'écarquillai les yeux.
« Dave !?
– C'est bien toi ! Qu'est-ce que tu fais à Séoul ? Je ne savais pas que tu revenais ! »
Je lui rendis son accolade avec un petit temps de retard, choqué. Je ne m'étais pas attendu à tomber sur mon collègue youtubeur ici et maintenant.
« Je suis venu voir ma famille et des amis. Comment tu m'as reconnu ?
– Il n'y a que toi pour avoir cette dégaine et cette démarche. »
Il lâcha un rire et je l'imitai.
« En vrai ?
– J'ai vu ton tatouage, me répondit-il en levant le menton en direction de ma gorge. C'est pas courant par ici, et je le connais plutôt bien.
– Bien vu. Qu'est-ce que tu fais dans le coin ?
– J'étais en train de faire quelques petites courses, je tourne une vidéo cet après-midi avec des amis. Tu veux venir ?
– Si ça ne les dérange pas, pourquoi pas ? Je n'ai rien à faire jusqu'à ce soir.
– Vraiment ? Alors viens, je t'embarque ! Ils seront contents de faire ta rencontre. Oh, il y a Mizuki-chan avec qui tu as tourné quand tu es venu l'été dernier !
– Oh, elle va bien ?
– Oui, super ! Elle m'a demandé de tes nouvelles il y a quelques semaines d'ailleurs ! Ça va lui faire plaisir comme surprise !
– Alors je vais jouer le jeu, ris-je. Je te suis ! »
Nous continuâmes de discuter tout le long du chemin, jusqu'à ce qu'on arrive chez lui pour préparer notre tournage.
[...]
Lorsque j'ouvris les yeux en ayant l'impression que quelqu'un jouait de la grosse caisse avec mon crâne, je me levai d'un bond en réalisant que je n'étais pas dans un endroit familier. Je regardai autour de moi, puis ça finit par me revenir. Je me décomposai alors entièrement, puis me jetai sur ma poche, mais mon téléphone n'y était pas.
« Jimin... »
Je cherchai sous mon corps, dans les plis du canapé sur lequel j'étais couché jusqu'ici, sur la table basse, par terre, puis je me levai et perdis l'équilibre. Je me rattrapai de justesse au dossier d'un fauteuil et continuai mes recherches.
Lorsque mes yeux tombèrent sur une pendule et que je vis qu'il était dix heures, et du matin, pas du soir, mon cœur se serra. Pourquoi est-ce que j'étais ici ? J'avais déconné, ou quelque chose avait fait que je n'étais pas rentré ? Pourquoi est-ce que je ne me souvenais pas de ma présence ici ? Et où était ce foutu téléphone, surtout, putain ?
Je me jetai sur une bouteille d'eau que je trouvai dans la cuisine et je la vidai de moitié. Ça me fit du bien, mais mon mal de crâne était toujours présent ; il ne partirait pas comme ça. Il fallait que je trouve mon téléphone. Est-ce que Jimin savait que j'étais ici ? J'étais où, d'abord ?
Je tentai de me calmer et de regarder autour de moi, et je finis par reconnaître l'appartement de Dave. Bon, c'était à moitié rassurant, parce que ça voulait dire que je ne l'avais pas quitté de la soirée. Par conséquent, mon téléphone ne pouvait-être qu'ici.
Je fis alors toutes les pièces, et je finis par le trouver, posé sur le bord du lavabo dans la salle de bain. Je me jetai dessus et le déverrouillai. L'écran était sombre, signe que je n'avais pas beaucoup de batterie. Je m'empressai d'ouvrir KakaoTalk, et là, je serrai les dents et remontai dans la conversation.
Je n'avais aucun souvenir de mes derniers messages envoyés, et encore moins des réponses de Jimin. J'avais un très mauvais feeling.
Je me retins de justesse de ne pas m'éclater la tête contre l'un des meubles de la pièce. C'était la deuxième fois que je lui faisais ce coup. Je ne le méritais pas. Je m'empressai alors de lancer un appel, mais au bout d'une bonne minute, il coupa. Il devait travailler.
Je quittai la pièce et tentai de récupérer mes affaires. Lorsque je rejoignis le salon, j'entendis une porte s'ouvrir alors je fis demi-tour, et je tombai face à Dave qui venait visiblement de se lever.
« Oh, Hayden, bien dormi ?
– Je pense, mais j'ai une migraine de l'enfer.
– Je peux te passer quelque chose si tu veux.
– Ça sera pas de refus... »
Il partit vers la pièce que je venais de quitter, et revint vers moi avec une plaquette.
« Tiens.
– Je te remercie.
– Je t'en prie. C'était cool, hier.
– Oui, à ce propos... Est-ce que tu sais pourquoi est-ce que je suis resté ?
– Comment ça ?
– Je devais passer la soirée avec un ami...
– Oh merde... C'est vrai, maintenant que tu me le dis...
– Je l'ai inquiété, il m'a envoyé des messages toute la nuit...
– Je suis désolé...
– T'as pas à t'excuser, c'est moi, j'aurais pas dû commencer à boire...
– T'as voulu partir à un moment, mais tu étais tellement déchiré que j'ai préféré te garder ici... Je t'aurais mis dans un taxi ou je t'aurais accompagné, sinon...
– T'as pas à t'en vouloir, j'aurais fait pareil pour toi, par sécurité, lui souris-je. Mais du coup je dois rattraper ça. Donc je vais filer. Tu veux que je t'aide à faire un brin de ménage avant ça ?
– Non t'en fais pas, on a quasiment tout rangé hier soir, déjà.
– D'accord. J'avale ça et j'y vais.
– Oui, t'en fais pas. »
Il s'enferma aux toilettes et je m'empressai d'aller à la cuisine pour avaler un cachet avec beaucoup d'eau. Je retournai ensuite à la recherche de mes affaires, puis je partis vers la salle de bain où je retrouvai mon ami.
« Merci, dis-je en lui rendant la plaquette.
– De rien. Tu y vas, du coup ?
– Oui, j'y vais. Merci encore pour la vidéo, c'était cool. Et puis pour la soirée aussi.
– De rien, rit-il. Quand tu veux pour une nouvelle vidéo.
– Je repars vendredi matin, alors ça ne sera pas avant un moment maintenant, mais avec plaisir.
– Ça marche ! Tu me redis quand tu repasses ici !
– Sans faute ! Bon, bah à une prochaine du coup !
– C'est ça ! Bon retour à toi !
– Merci !
– Salut ! »
J'hochai légèrement la tête, puis je tournai les talons en direction de l'entrée. J'enfilai mes chaussures, récupérai ma veste, et je quittai l'appartement.
[...]
Lorsque je fus de retour devant l'immense maison, j'inspirai profondément et tapai le code de la porte avec la main tremblante. Il n'y avait pourtant personne, mais je n'étais pas bien.
La porte s'ouvrit et je la tirai vers moi pour rentrer. Je retirai mes docs et ma veste, et avançai dans le petit couloir jusqu'à arriver dans le grand qui traversait la maison dans toute sa longueur. Je rentrai dans la pièce en face, me déshabillai sur le chemin, puis m'enfermai dans la salle de bain. Je me lavai avec de l'eau tiède afin de me remettre les idées en place, puis je sortis, me séchai et me rhabillai. Je vérifiai mon téléphone, mais rien, alors je m'assis au bureau de Jimin, et j'ouvris mon ordinateur.
Je me concentrai du mieux que je le pus et essayai de travailler un peu. Je repris la vidéo que j'avais commencé à monter la veille, et ça ne me plut effectivement pas. Je supprimai alors tout et recommençai depuis le début.
Lorsque la faim commença à trop me déconcentrer, je me résolus à me lever pour aller me faire quelque chose à manger, ou aller acheter un truc. Au final, je pris la décision de sortir faire quelques courses. Je regardai mon téléphone avant de quitter la maison, et je vis que Jimin m'avait répondu.
Outch. Ça faisait mal. Cependant, je l'avais cherché. Je ne lui répondis pas et sortis comme prévu. Mon ventre grogna de plus en plus mais je tentai de l'ignorer.
Je me dirigeai vers le commerce qui se situait au cœur de leur immense complexe résidentiel, mais quand je vis les prix, je me rendis compte que ce n'était pas fait pour mon pouvoir d'achat ; nous n'étions pas du même monde. Je sortis alors du quartier afin de trouver un magasin ou une supérette avec des prix un peu plus abordables, et j'achetai un peu de tout.
Une fois rentré, je rangeai tout ça au frigo, puis me fis à manger. Je fis ensuite la vaisselle, puis je retournai travailler après avoir fumé deux cigarettes.
Les heures s'écoulèrent, et je ne reçus pas de message de Jimin. Est-ce que sa journée avait été plus longue que prévu ? Est-ce qu'il voulait me faire payer la nuit dernière ? Je n'en savais rien. Mais lorsque dix-huit heures trente apparut sur mon écran, je refermai mon ordinateur et me levai. Je fonçai en cuisine et commençai à préparer une omelette, des sushis et des kimbaps. Je ne savais pas trop ce qu'il pouvait manger en période de « travail », alors du riz, des légumes, un petit peu de viande et de poisson, ainsi que des œufs, ça ne devrait pas être trop mal.
Lorsqu'enfin j'entendis du bruit dans l'appartement, je me redressai et délaissai mon téléphone sur la table de cuisine. Je me retournai, mais je me retrouvai face à Taehyung et je me figeai.
« Oh, Hayden, salut ! Ça va ? C'était comment, les vacances ?
– C'était... C'était sympa. Et les tiennes ?
– C'était super cool ! J'ai revu ma famille, des potes d'enfance, on a fait des trucs avec Yoongi-hyung, c'était super cool !
– C'est super, souris-je alors, embarrassé.
– Tu nous as fait à manger !?
– Oh, euh, je...
– Woaaa, fallait pas ! J'adore ça en plus !
– Sers-toi, c'est là pour ça, souris-je en le regardant se diriger vers la table.
– Ça a l'air super bon... T'es un vrai homme à marier ! »
Je le laissai rire, toujours aussi embarrassé, et je jetai un œil dans le couloir.
« Tu es tout seul ? demandai-je tandis qu'il s'emparait de deux baguettes.
– Non. Jiminie doit encore être en train de faire les cent pas devant la porte d'entrée pour savoir s'il doit rentrer ou non. »
J'arquai un sourcil.
« Pourquoi ça ?
– Parce qu'il est de mauvais poil depuis ce matin. Je crois qu'il a mal dormi. Ou alors il était frustré.
– Ah ?
– Ouais. D'ailleurs, je suis pas censé t'en parler parce que ça ne me regarde pas, mais il a jamais eu une période d'abstinence aussi longue, c'est trop drôle », rit-il en enfonçant un kimbap dans sa bouche.
Je ne répondis pas, mal à l'aise, et je le regardai se délecter de ce que j'avais préparé pour Jimin, quand il écarquilla les yeux.
« Bordel, c'est trop bon ! Tu les as faits ou tu les as achetés !?
– Je les ai faits. Je suis content qu'ils te plaisent, je ne suis pas du genre à faire la cuisine, en réalité, répondis-je en grattant l'arrière de mon crâne. Je suis même assez mauvais pour être honnête.
– Peut-être qu'il manque juste un peu de piment, murmura-t-il en regardant au plafond tout en mâchant, avant de reposer ses yeux sur moi. Mais c'est super bon quand même, tu peux être fier de toi !
– Tant mieux. Et merci.
– Ah, et du coup, reprit-il en coupant un morceau d'omelette avant de le fourrer dans sa bouche et de continuer tout en mâchant, ouais, il est frustré. Et vu comme je le connais, il-
– Ferme ta gueule et dégage. »
Je manquai de faire une attaque, et lorsque Taehyung pouffa en se retenant de cracher ce qu'il avait dans la bouche, je me retournai vers Jimin qui était posé à l'entrée de la cuisine, les bras croisés contre sa poitrine. Il ne m'adressa pas un seul regard et resta les pupilles fixes sur son ami, qui finit par se lever.
« J'ai compris que c'était ton repas cuisiné avec amour, t'imagine pas comme j'ai dû me retenir pour ne pas tout manger, gloussa Taehyung.
– Ta gueule et dégage.
– Détends-toi, Jiminie !
– Ta gueule et dégage. »
Taehyung passa devant moi en riant, puis tenta de passer sa main dans les cheveux de Jimin, mais ce dernier le repoussa. Je le regardai s'éloigner, puis pivotai pour me retrouver face à mon compagnon. Après de longues secondes, il daigna enfin poser son regard noir sur moi, et je ne sus pas quoi dire. Toute ma culpabilité remonta d'un coup.
« Jimin, je... »
J'avalai ma salive, puis je baissai la tête.
« Tu as intérêt à avoir une putain de bonne excuse. Si tout ce que tu as, c'est un "désolé" et un repas fait main pour te faire pardonner, tu peux retourner d'où tu viens. »
Je serrai les dents et les poings. Son ton sec aurait étrangement pu me faire quelque chose, si je n'avais pas eu effectivement beaucoup à me faire pardonner. Je l'avais blessé, je l'avais inquiété ; il était plus qu'en droit de m'en vouloir.
« C'est un vrai bordel dans ma tête depuis quelques jours, finis-je par avouer. Je ne m'attends pas à ce que tu comprennes ou que tu me pardonnes, mais je crois que j'ai peur... »
Je relevai les yeux sur lui, mais il ne dit rien. Il continua de me fixer, le visage neutre.
« Je suis terrifié par ce que je ressens quand je suis avec toi. Je ne comprends pas ce que c'est. Je suis terrifié par nous, par cette relation, par ce qu'elle implique. Je ne me reconnais plus. Et hier, j'ai fait un cauchemar. J'ai vu plein de choses, et à la fin, j'étais le responsable de ta chute. Je suis hanté par ça, depuis. Ta chute. Je suis terrifié de faire quelque chose qui puisse te détruire, et détruire la carrière pour laquelle tu as tant travaillé depuis des années. J'ai peur de ne jamais être à la hauteur pour toi, à la hauteur de ce que tu mérites, de ce que tu attends. À la hauteur de ce que les autres attendent de toi, aussi. »
Je déglutis difficilement et continuai de valser entre ses yeux. Il ne prononça pas un mot, et après presque trente secondes de silence supplémentaire, il fit un pas vers moi, puis un deuxième. Il passa finalement à côté de moi et vint s'asseoir à la table. Il prit la deuxième paire de baguettes et commença à piocher dans les diverses assiettes en silence. Je restai figé près du réfrigérateur et l'observai manger de dos.
Lorsqu'il engloutit un dernier sushi, il reposa ses baguettes, vida son verre d'eau, puis il se leva. Il passa devant moi sans m'adresser un mot ou un regard, et il s'enferma dans sa chambre.
J'avais mal au cœur. Je ne savais pas si je devais aller le retrouver immédiatement et m'excuser une fois de plus, le prendre dans mes bras ou que sais-je encore, ou si je devais rester où j'étais.
Je finis par avancer vers la table et je me rassis à ma place, là où il était un instant plus tôt, et je récupérai ses baguettes pour terminer le reste des plats. Une fois que ce fut vide, je lavai tout, puis, hésitant, je pris la direction de sa chambre. Je poussai la porte et la refermai dans mon dos, mais il n'était pas couché. Je me dirigeai alors vers la salle de bain, mais lorsque j'appuyai sur la poignée, la porte refusa de s'ouvrir. C'était la première fois qu'il verrouillait cette pièce. Devais-je m'inquiéter ? Je fis donc demi-tour et sortis sur le balcon pour fumer.
Lorsque je revins dans la chambre, cette dernière était toujours vide, et la salle de bain était libre. J'y entrai alors et fis ma toilette également, et en revenant une fois changé dans la pièce à coucher, je vis qu'il n'était pas dans le lit. Avait-il découché ? Dormait-il avec Taehyung ou dans la chambre de l'un de ses amis pour ne pas devoir partager mon lit ? Dormait-il sur le canapé ? Pourrais-je le faire changer d'avis après mon monologue un peu plus tôt ?
Je finis par me glisser dans son lit et je posai mes bras sur mon visage en expirant fortement. J'avais mal au cœur. J'étais fatigué. Fatigué d'essayer de comprendre ce qu'était l'amour, de me demander si je devais continuer ce que je faisais ou changer de direction. Mais mon cœur était lourd. Malgré tout, je ne voulais pas de cette distance entre Jimin et moi.
Je sentis mon cœur et ma respiration accélérer alors je tentai de calmer tout ce bordel dans ma poitrine.
Quelques minutes plus tard, alors que j'étais enfin sur le point de sombrer, j'entendis la porte de la chambre se refermer. Somnolant, je ne bougeai pas et écoutai les bruits de pas se rapprocher de moi. Je sentis la couette être soulevée, puis un corps se coucher à côté de moi. Je me questionnai une seconde sur qui était la personne à mes côtés, mais je reconnus bien vite l'odeur de Jimin. Je retirai mes bras de mon visage et rouvris les yeux.
Je dus attendre un petit moment avant qu'ils ne se fassent à l'obscurité, et je compris qu'il me tournait le dos. Je me tournai alors sur mon côté gauche, et après un instant d'hésitation, je levai ma main vers lui et la posai sur son bras. Je la glissai lentement le long de sa peau et il ne bougea pas. Il ne me repoussa cependant pas, alors je finis par me dire qu'il s'était peut-être déjà endormi de fatigue, mais lorsque je l'entendis renifler, je compris qu'il n'en était rien. Mon cœur se brisa. Je voulus prononcer son nom et le prendre dans mes bras, mais il se retourna d'un coup et vint se blottir contre moi.
« T'es un gros con, sanglota-t-il contre ma poitrine. Je te déteste.
– Je suis désolé, soufflai-je en le serrant contre moi. Je suis vraiment désolé, Jimin...
– Ne me refais plus jamais ça. Tu as compris ?
– Promis. »
Il continua de pleurer contre moi pendant un long moment, puis il finit par s'endormir, épuisé. Je le serrai encore plus fortement contre moi et j'embrassai ses cheveux blonds avec douceur. Il fallait que j'arrive à réparer ce que j'avais fait.
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