𝟎𝟒:𝟏𝟎𝟎 - Bad Omens, 𝐾𝑖𝑛𝑔𝑑𝑜𝑚 𝑂𝑓 𝐶𝑎𝑟𝑑𝑠
[08/05/2023]
Bonsoir bonsoir !
Dernier chapitre de la partie 4 ! Je n'en reviens pas qu'on en soit déjà arrivés là.
Lundi prochain, ça fera un an que cette histoire est sortie (ça sera aussi les 11 ans de la rencontre IRL de Jimin et Hoseok huhu).
Désolée pour les cœurs brisés lors des derniers chapitres. J'espère que celui-là ne finira pas de vous achever.
La chanson que j'ai mis en titre est une de mes préférées du groupe Bad Omens (c'était ma préférée avant la sortie de leur dernier album l'hiver dernier, maintenant elles se battent dans mon cœur avec "Just Pretend" xD). Le jour où je l'ai entendue et que je l'aie ajoutée à ma playlist YRTE, j'ai su qu'elle serait le titre d'un chapitre important. Quoi de plus important qu'une fin de partie pour clore un arc.
Plus de 7k mots pour ce chapitre, j'espère que vous avez du temps devant vous pour le lire XD
Bref. J'espère ne pas trop vous faire souffrir avec, et que si jamais, ce chapitre vous plaira quand même. On se retrouve en bas pour une petite note de fin de partie !
Bonne Léocture ! ♥
~~+~~
Je me redressai difficilement en entendant du bruit dans la pièce, et quand je réussis à entrouvrir les yeux, je vis face à moi une femme qui était en train d'enfiler un pantalon par-dessus le dragon qui longeait sa cuisse jusqu'à la limite de son sous-vêtement en dentelle. J'avais soif et j'étais épuisé.
Je finis par m'asseoir dans le lit, et en m'entendant bouger, elle se retourna vers moi.
« Oh, t'es réveillé, super ! Faut que je parte bosser.
– Ça marche, je lève le camp.
– Merci. »
Bordel, j'avais encore passé la nuit chez quelqu'un. Je n'avais jamais fait ça avant, sauf grosses exceptions, mais jamais je n'avais passé la nuit chez un coup d'un soir. Mais depuis un mois, j'étais dans un tellement mauvais état après mes sorties que je n'avais plus la force de rentrer chez moi. En serais-je capable, de toute manière ? J'étais tellement défoncé la plupart du temps que savoir qui j'étais et où j'habitais me serait impossible.
Je descendis du lit et partis à la recherche de mes vêtements. Je m'habillai tel quel, me disant que je me laverais en rentrant, puis je cherchais la jeune femme afin de ne pas claquer la porte sans un « au revoir ».
« Bon, j'y vais, du coup.
– Ça marche. Mais oublie pas que tu me dois trente balles.
– Trente balles ? Pour ?
– L'ecsta'. Tu crois que c'est gratuit ?
– J'en ai pris autant que ça !?
– Dès que tu redescendais. Et on a été ensemble un bon moment, depuis hier.
– T'aurais dû me dire non, dis-je en fouillant dans mes poches.
– Tu crois que j'ai pas essayé ? Mais t'étais tellement dans le mal que j'ai eu pitié de toi.
– Je vois. »
Je sortis mon portefeuille et en sortis deux billets. Je n'avais pas le compte, mais tant pis. Je voulais partir d'ici.
« Tiens. Garde la monnaie.
– Merci. À la prochaine ?
– Ouais, sans doute. Bon courage.
– Merci, toi aussi ! »
Je quittai l'appartement, et une fois dehors, quand je vis le soleil qu'il y avait, je me mis à déprimer davantage. Il ne pouvait pas pleuvoir, pour une fois ?
Je cherchai mon téléphone dans mes poches, puis finis par le trouver dans ma veste. Pourquoi, je n'en savais rien, mais je l'avais toujours, c'était le principal.
Je vis que j'avais des messages de mes amis, de ma cousine, mais je balayai tout. Je n'avais envie de parler à personne. Je voulais juste me poser quelque part et ne rien faire.
Il était huit heures alors normalement, tout le monde devrait avoir quitté la maison. Je vérifiai où j'étais pour savoir dans quelle direction partir, puis je me dirigeai vers chez moi mollement.
En passant la porte d'entrée une bonne demi-heure plus tard, je me dirigeai vers la cuisine et me servis un grand verre d'eau. J'étais totalement déshydraté.
Lorsque je me retournai sur le plan de travail, je trouvai un plateau avec un café froid, un jus de fruit, et des viennoiseries ainsi qu'un petit mot.
« Si jamais tu as faim en rentrant. Bonne journée, mon chéri. »
Je n'avais pas faim. Je me forçai cependant à manger, au moins pour faire plaisir à ma mère et qu'elle n'ait pas préparé ça pour rien, comme à chaque fois, mais je n'avais vraiment aucune envie de manger.
Je n'avais rien envie de faire, de regarder, d'écouter, je ne voulais voir personne. Le monde était en noir et blanc, aujourd'hui ; le soleil renforçait les contrastes et ça me déplaisait, c'était trop dur.
Je débarrassai moyennement le plateau, me contentant de le poser près du micro-ondes et de mettre la vaisselle dans l'évier, puis je montai à l'étage, gravissant chaque marche comme si cela me demandait un effort considérable.
Une fois dans la salle de bain, je me déshabillai et jetai mes vêtements dans la panière, puis j'entrai sous la douche et laissai couler l'eau. Je n'avais aucune force pour me savonner correctement, alors je laissai l'eau et le gel douche se répartir sur mon corps du mieux possible à l'aide de quelques frictions.
Je finis par sortir, je me séchai à peine, et je quittai la pièce pour rejoindre ma chambre. Je m'approchai de mon lit et me laissai tomber dessus à plat ventre. Je trouvai cependant la force de regarder mon téléphone, puis d'ouvrir Twitter.
Je tapai le pseudo du compte de Jimin et de son groupe, puis je regardai brièvement les dernières choses qu'ils avaient pu poster. Rien de sa part.
J'allai alors dans ma galerie et je regardai pendant quelques minutes toutes les photos et vidéos que nous avions prises ensemble depuis que nous nous étions rencontrés. Mes paupières papillonnèrent et ma respiration accéléra. Je fermai alors fortement les yeux et laissai retomber mon écran contre ma couette. J'avais envie de mourir.
[...]
Nous étions mardi. Le 8 décembre, précisément. Ça faisait deux jours depuis que je m'étais encore défoncé à l'ecstasy avec une femme que je ne connaissais pas, et j'étais toujours en pleine redescente.
J'étais assis en terrasse du Redwood Bar et je comatais après avoir pris une deuxième bière. Je ne savais pas si c'était la drogue, mais j'avais le sentiment de tenir de moins en moins l'alcool. Aussi, je ne mangeais pas parce que je n'en avais pas envie. Ça ne devait pas aider.
« Enfin je te trouve ! »
Je sentis une main tomber sur mon bras et quelqu'un s'asseoir à côté de moi. Je ne réagis pas, et on me secoua pour me faire bouger.
« Hyde, bordel, réveille-toi ! Ce n'est plus possible, là !
– Fous-moi la paix, râlai-je.
– Non ! Tu n'as pas vu Twitter ? Il faut vraiment que tu arrêtes tes conneries, putain !
– J'emmerde Twitter, répondis-je à Dean.
– Et Jimin ? Qu'est-ce qu'il va penser quand il verra ce que tu fous ?
– J'emmerde Jimin.
– Putain, ça suffit, là. »
Il tira sur mon bras, ce qui me fit basculer sur la droite, puis me redresser pour retrouver mon équilibre et ne pas me retrouver par terre, mais à peine lui fis-je face que je me reçus une claque bien cinglante. Je restai figé, stupéfait, et il se passa plusieurs secondes avant que ma peau ne commence à chauffer et la douleur à envahir mon visage.
« Mais t'es malade ? soufflai-je en tournant la tête vers lui. D'où tu me frappes ?
– Il faut bien que quelqu'un le fasse, non ? Il faut que tu te réveilles, Hayden, ça suffit les conneries. Tu te rends compte que tu mets tout ton entourage dans la merde ? La réputation de ta famille, déjà, mais ensuite nous tous qui traînons avec toi ? Il n'y a pas que toi, là-dedans. Moi, personne ne me connaît, je m'en fous, mais l'image de Fine Brothers ? Et Steven ? Lui, ce n'est pas pareil, ce n'est pas qu'une relation de boulot, c'est un de tes meilleurs potes. Ses haters disent qu'ils l'ont vu avec toi dans ces soirées louches.
– Il a qu'à démentir.
– Parce que tu crois que ça aura un quelconque impact ? Et tu as vu tes stats, mec ?
– Je m'en branle. Qu'ils se cassent. Si plus personne ne me suit, plus personne ne fera attention à moi.
– Et Jimin ?
– Quoi, Jimin ? On n'est plus ensemble. Ce que je fais ne le regarde plus. Et personne ne savait pour nous, donc il n'y a aucune raison que ça ait des retombées sur lui.
– Tu te fous de ce qu'il peut penser de toi ?
– Il ne doit plus rien penser de moi, maintenant.
– Et si tu te trompais ? Il t'aimait. Il n'a pas pu t'oublier aussi vite, et devenir aussi insensible en un mois. Évidemment qu'il sera dévasté s'il apprend ça.
– Ça n'a plus d'importance, murmurai-je en tentant de retenir les larmes qui voulaient m'échapper. C'est terminé.
– Hyde, ce n'est pas une raison pour te mettre dans cet état.
– Et comment tu veux que je fasse autrement ? demandai-je en relevant les yeux sur lui. Comment ? »
Je me penchai ensuite sur la table et pris une cigarette dans mon paquet avant de l'allumer. Il me regarda sans rien dire, et il reprit la parole après de longues secondes.
« Tu t'enfonces dans ta tristesse au lieu d'essayer de rebondir. Prends ce que tu as tiré de cette relation. Tu en as forcément tiré du positif. Il suffisait de te regarder ; tu avais changé, tu étais heureux. Ne détruits pas tout ça parce que vous vous êtes séparés.
– Tout est resté avec lui, soufflai-je. Tout.
– Tout ?
– Oui. Mon cœur, notamment. »
Il pouffa, et je finis par ricaner à mon tour. Je cachai mon visage de ma main libre tout en continuant de rire.
« Et mon humour, rajoutai-je après un instant.
– Non, ça je peux te garantir qu'il est toujours là, les disquettes aussi. »
Je ris de nouveau, puis ramenai ma cigarette à mon visage avant de tirer longuement dessus.
« Je suis là ! »
Je relevai la tête sur Steven qui venait de débouler de n'importe où, et qui était un peu essoufflé.
« Parce que c'était prévu qu'on se retrouve ?
– Prévu qu'on te foute une claque tous les deux, répondit-il.
– Je lui ai déjà donné la mienne, c'est à ton tour.
– Oh, m'exclamai-je en reculant, vous êtes sérieux, là ?
– Un peu, qu'on est sérieux, répondit Steven. Allez, amène-toi.
– Me touche pas.
– Mec, je me suis retrouvé embarqué dans ta sauce, dimanche soir, alors si, j'ai le droit de t'en coller une, au moins pour me soulager un minimum.
– Je règlerai ça, mais tu me touches pas.
– Et comment tu veux faire ? me demanda-t-il en tirant la chaise sur ma gauche. C'est trop tard, ta parole ne vaut plus rien, maintenant. Et avec tes antécédents, tu penses bien que ça n'a fait que mettre le feu aux poudres.
– Je vais régler ça. Et je ferai plus attention, la prochaine fois.
– "La prochaine fois" ? Pardon ?
– Hyde, arrête de déconner, rajouta Dean.
– Écoutez, je suis pas venu boire ici en solo pour que vous veniez me faire des leçons de morale. J'ai envie d'être seul.
– On s'en branle, tu vas quand même nous écouter.
– Dans ce cas, je me barre, dis-je en écrasant mon mégot.
– Non, tu vas rester ici, me dit Steven. Et tu vas nous écouter. »
Je roulai des yeux et capitulai. De toute façon, je n'avais pas la force de me battre.
« Premièrement, tu vas arrêter de prendre tous ces trucs. Ça t'aidera en rien.
– Si, ça m'aide.
– Ça t'aide ? Et en quoi ?
– C'est une vraie question ? ricanai-je.
– Évidemment, je n'ai jamais touché à ces merdes, moi.
– Ça me détend, ça m'empêche de penser, et ça m'aide à prendre mon pied.
– D'où prendre ton pied ne te détend pas et ne t'empêche pas de penser ?
– Parce que j'y arrive pas, je suis cockblock à chaque fois, j'ai envie de me tirer une balle, je pouvais plus... J'en pouvais plus. Et j'en peux plus encore aujourd'hui. J'arrive pas à m'en détacher. C'est pas par plaisir que je prends ça. Quand j'en prenais avec Chelsea, c'était parce qu'elle se défonçait tous les soirs et que je voulais être avec elle. Maintenant, c'est pour réussir à oublier ce qui me fait souffrir. Tu peux comprendre, non ? »
Steven resta silencieux, analysant probablement ce que je venais de lui dire pour essayer de le digérer.
« Il y a d'autres solutions que la drogue, tu sais, finit-il par répondre.
– Et quoi ? Dis-moi, je suis preneur. »
Il me fixa gravement, puis échangea un regard avec Dean avant de soupirer. Je saisis alors mon verre que je terminai d'une traite. Ils n'eurent pas le temps de m'en empêcher que je le reposais déjà sur la table, puis je sortis une nouvelle cigarette de mon paquet.
« Ça aussi, tu devrais penser à réduire, reprit Steven.
– Je peux pas essayer de me sevrer de tout en même temps, hein.
– Je te dis pas d'arrêter, juste de réduire.
– Je-
– Hayden. »
Je relevai la tête pour voir qui venait de m'interrompre, et je me figeai. La flamme de mon briquet s'éteignit.
« Il faut qu'on parle. »
J'avais des visions ? J'avais trop bu ? Mais lorsque Steven se leva d'un coup, je sursautai et posai mes yeux sur lui. En voyant sa tête, je compris que je ne rêvais pas. Et je réalisai que je ne lui avais jamais avoué ça. Mais... ce n'était pas possible.
« Ji... Jimin ? demanda-t-il.
– Ah, oui, bonjour. Pardon.
– Qu'est-ce que tu fais là ? demandai-je, en tentant toujours de croire à une hallucination.
– Il faut qu'on parle.
– Mais... Vous...
– Hayden... fit soudain Dean.
– Vous vous connaissez ? Quoi !? Hyde ? » continua Steven.
Mes yeux ne quittaient pas ceux de Jimin. Il était vraiment là ? Il ne pouvait pas être là. J'étais défoncé, en plus. Moins qu'habituellement, mais je l'étais, j'avais bu. Ça ne pouvait être qu'une hallucination. Il ne pouvait pas être là, c'était impossible.
« Lève-toi », dit-il sèchement.
J'ouvris la bouche, mais aucun son n'en sortit. Mon cœur en revanche, lui, battait fort. Je ne pouvais pas le quitter des yeux. Il était vraiment là ? Quoi ?
« Hyde !? Qu'est-ce qu'il se passe ? Tu m'expliques ?
– Je... te raconterai plus tard.
– T'étais au courant ? demanda-t-il à Dean.
– Oui.
– Pourquoi !? Pourquoi j'étais le seul à ne rien savoir ? glapit Steven en nous regardant tous les trois à tour de rôle.
– T'étais pas le seul, il n'y avait que Dean qui était au courant, soufflai-je, mes yeux toujours plongés dans ceux de Jimin.
– Je suis désolé d'être aussi insistant, reprit d'ailleurs ce dernier. Mais il faut vraiment qu'on parle. Alors tu me suis. Maintenant. »
Son ton sec et autoritaire me ficha la frousse. C'était bien le mec que j'avais rencontré deux ans auparavant et qui s'excusait à chaque paragraphe ? Le mec avec qui je... Ouais, celui-là...
Il adressa ensuite quelques mots d'excuse en anglais à mes deux amis, et il tourna les talons.
« Hyde, tu m'expliques !? Pourquoi Park Ji-
– Arrête de hurler, le coupa soudain Dean.
– C'est facile de dire ça alors que tu étais au courant ! continua-t-il en tendant le doigt en direction de Jimin qui s'éloignait.
– Un pur hasard. Je les ai croisés dans le bar de mon oncle un soir.
– Parce que t'es allé au bar avec lui !?
– Oui, je...
– Hyde, me dit Dean. Vas-y.
– Je suis pas en état, commençai-je à paniquer. Comment tu veux que... Qu'est-ce que je peux lui dire ?
– La vérité.
– Je suis pas sûr d'y arriver...
– Tu vas y arriver. C'est ta chance. Alors tu te lèves, et tu te dépêches de le rattraper.
– J'ai peur de comprendre, là, souffla Steven.
– Je... Je te raconterai plus tard, si je suis toujours en vie. C'est promis.
– Pourquoi tu ne le serais plus ? »
Je quittai enfin Jimin du regard et posai mes pupilles sur Steven. J'avalai difficilement ma salive, mais je ne réussis pas à dire un mot.
« Hyde, vas-y, m'encouragea Dean.
– C'est... commença Steven, hésitant. C'est pour ça que quand je t'ai montré le MV de "Life Goes On"... ? »
Je déglutis une fois de plus difficilement, puis je me levai. Je remis ma cigarette dans mon paquet avant de le ranger avec mon briquet dans ma veste, et je repoussai ma chaise en essayant de tenir debout.
« Je... Je m'arrangerai pour que tu aies ta photo et ton autographe. Mais pas un mot pour le moment, sinon t'es aussi mort que moi. »
Je passai derrière Dean, puis je descendis les marches en essayant de ne pas me casser la gueule, et je remontai le trottoir.
J'aperçus Jimin qui continuait de marcher à quelques dizaines de mètres de moi. Je pouvais m'enfuir, il ne me retrouverait pas, si ?
Il s'arrêta pour traverser, et je ralentis le pas pour ne pas me retrouver à côté de lui. Je le vis soudain sortir quelque chose de sa poche, et le poser sur le dessus d'une poubelle. Lorsque le feu passa au vert, il s'engagea sur le passage piéton, et j'avançai jusqu'au bord du trottoir. Je regardai quel était l'objet qu'il avait déposé, et en comprenant qu'il s'agissait d'une carte magnétique, je la récupérai rapidement. « Soixante-trois », je n'en savais pas plus.
Ayant trop attendu, le feu était passé au rouge lorsque je voulus traverser. Je dus donc patienter, puis continuai à suivre Jimin, qui m'avait encore mis plusieurs dizaines de mètres dans la vue.
Je traversai ainsi trois fois avant de réaliser que je ne le voyais plus. Je regardai autour de moi, et en apercevant l'hôtel Hilton, en face en direction du nord, je traversai une fois de plus, puis je cherchai l'entrée du bâtiment pendant un moment.
Une fois dans le hall, je remarquai immédiatement des regards sur moi, alors j'accélérai le pas en direction des ascenseurs. Je sentis qu'on voulut me suivre, mais lorsque j'exhibai la carte tout sauf discrètement, j'eus l'impression qu'on laissa tomber.
J'entrai dans l'appareil lorsque la porte s'ouvrit, et après quelques secondes d'hésitation, j'appuyai sur le sixième étage. Ça serait étonnant que la chambre soixante-trois soit au deuxième ou au dixième étage.
Je me laissai transporter, et si j'aurais préféré prendre les escaliers pour être plus discret, je n'en avais pas la force, aujourd'hui.
Lorsque l'ascenseur s'ouvrit, j'avançai dans le couloir à la recherche de la bonne chambre, puis je passai la carte. J'entendis la porte se déverrouiller, alors je la poussai avec crainte. Si ça se trouve, aussitôt la porte fermée dans mon dos, j'allais me faire planter puis découper dans la baignoire. On ne retrouverait jamais mon corps. Dans le fond, je ne manquerais pas à grand monde. Six personnes, tout au plus.
La porte claqua et se verrouilla immédiatement dans mon dos. Mon sort était scellé.
J'avançai dans la pièce avec crainte, qui par ailleurs, ressemblait bien plus à un salon étant donné la présence d'un immense canapé, d'une table avec quatre chaises, d'une bibliothèque et d'un meuble télé ainsi que d'un bar.
En entendant du bruit sur ma droite, je tournai la tête vers l'ouverture qui semblait donner sur une autre pièce. J'y avançai donc, et je finis par découvrir Jimin, debout devant la large fenêtre, les bras croisés contre sa poitrine.
J'avalai ma salive difficilement et m'arrêtai. Je ne savais pas quoi lui dire. Je me sentais mal, peureux, honteux. Était-il effectivement au courant pour mes nouvelles addictions ? Est-ce qu'il était venu jusqu'ici pour ça ?
« J'ai vu que tu prenais du bon temps. »
Donc il savait. Je serrai les dents et baissai légèrement la tête. Il n'avait rien le droit de me reprocher, en réalité. Nous n'étions plus ensemble, je ne lui devais plus rien.
« Qu'est-ce que tu fais là ? » finis-je par demander.
Je l'entendis pouffer, puis il se retourna vers moi avec un regard noir et un sourire mauvais.
« Ce que je fais là ? Tu te le demandes vraiment ? »
Je fronçai les sourcils.
« Comment je serais censé le savoir ? On ne s'est pas parlé depuis un mois.
– C'est vrai qu'officiellement, tu es mort dans un crash d'avion
– Quoi !? Pourquoi ça ?
– Je n'ai jamais reçu ton message me disant que tu étais bien arrivé. »
Je pouffai en faisant la grimace.
« Tu l'attendais vraiment ?
– Oui. »
Je perdis mon sourire et serrai les dents de nouveau.
« Alors tu es idiot. Comment tu voulais que je puisse te renvoyer un message après ça ?
– Après quoi ?
– Après... ce que je t'ai dit... dis-je en baissant la tête.
– Ah, oui, après que tu m'aies largué, tu veux dire ? »
J'avais envie de m'enterrer dix pieds sous terre. Je ne voulais pas être ici. Pourtant, ça faisait plus d'un mois que je crevais à cause de son absence.
Il reprit la parole.
« Au contraire, peut-être que ça aurait pu m'aider, tu ne penses pas ? Si on avait continué de se parler, moins, différemment, mais qu'on était resté en contact ?
– Comment tu peux penser ça ?
– Et toi, comment tu peux ignorer pourquoi je suis venu ici ? Tu fais le mort pendant un mois sur Internet alors que tu étais censé recommencer à poster des vidéos à ton retour. Tu n'as même pas fait une seule réaction sur le nouveau clip et la nouvelle chanson de Black Veil Brides. Plus personne n'entend parler de toi, je n'ai aucune idée de ton état, puis ta cousine débarque et-
– Quoi ?
– Oui, ta cousine a débarqué à l'agence en demandant à me parler parce que c'était urgent. Tu imagines bien la douche froide quand je lui ai tout raconté. Là, elle me dit que tu es au fond du trou, je réponds que ce ne sont plus mes affaires même si ça me fait mal au cœur, et paf, d'un coup tu fais de nouveau parler de toi sur Twitter, mais c'est pour faire savoir que tu baises toute la ville sous cocaïne ou je ne sais quoi ?
– C'est de l'ecstasy, c'est-
– Je m'en fous de ce que c'est ! me coupa-t-il en élevant la voix. Tu crois vraiment que personne n'a fait le lien ?
– Le lien ? Quel lien ?
– Moi ?
– Toi !? lâchai-je dans un éclat de rire. Tu penses que je suis comme ça à cause de toi ? T'as pris la grosse tête depuis octobre ?
– Arrête de me mentir !
– Je ne te mens pas !
– Tu me mens ! Tu as un putain de tic qui te trahit à chaque fois, alors arrête de jouer au con !
– Et même si c'était le cas, en quoi ça te regarde ? On n'est plus ensemble, Jimin. Je t'ai largué, ouais, t'as raison. Pourquoi t'es ici à culpabiliser pour un abruti d'ex ? Tu me dois rien, Jimin. Si je fous ma vie en l'air, c'est moi que ça regarde. Si je suis parti, c'est justement pour te protéger de ça. Alors-
– Pour me protéger de ça ? me coupa-t-il. De quoi tu parles ? »
Merde. J'en avais trop dit.
« Je suis un abruti. Je me suis servi de toi pendant tous ces mois. Je suis incapable d'assumer une relation avec toi, je bois et me drogue de nouveau, et cette fois de mon propre chef. T'as d'autres personnes à sauver que moi. Alors rentre chez toi. »
Je tournai les talons, mais je sentis rapidement sa main venir attraper mon bras et m'obliger à me retourner vers lui.
« Je ne partirai pas d'ici tant que tu ne m'auras pas dit la vérité, Hayden.
– La vérité ? Quelle vérité ?
– Est-ce que tu es vraiment parti parce que tu ne m'aimais pas, ou au contraire parce que tu as eu peur de notre relation et de tout ce que ça pouvait impliquer ? »
Je déglutis encore plus difficilement qu'auparavant. Comment on avait pu en arriver à ça ? Je l'aimais à l'époque, et je l'aimais encore aujourd'hui, maintenant ; je crevais d'amour pour lui. Alors pourquoi est-ce que nous nous engueulions, depuis tout à l'heure ? Et pourquoi est-ce que je voulais juste le repousser et le chasser ? Parce que j'avais peur, ou parce que je voulais le protéger de mes frasques ?
« Réponds-moi.
– Je n'ai rien à te dire, déglutis-je difficilement. T'aurais pas dû venir ici. »
Je voulus m'échapper mais il s'empressa de me rattraper. Sa main droite glissa dans ma nuque, et une seconde plus tard, ses lèvres s'écrasèrent contre les miennes. Je ne réagis pas, surpris, mais aussi privé de toute sensation. Je savais qu'en temps normal, mon intérieur aurait frémi.
Jimin finit par reculer, et lorsqu'il remonta ses yeux dans les miens, je vis ses pupilles briller. Il me relâcha et recula d'un pas.
« Alors c'était vrai ?
– Vrai ?
– Tu ne m'aimais pas, et si tu étais tactile avec moi, c'était parce que je t'excitais comme n'importe qui aurait pu le faire ? »
Ma bouche fut soudain étrangement sèche, et je n'arrivai pas à prononcer un mot. Il hocha doucement la tête et recula encore. Il était blessé, bien plus que lorsque je l'avais quitté en octobre.
« Tu avais raison, cet été.
– Sur... Sur quoi ? soufflai-je.
– Sur le fait de se sentir utilisé. Tu avais raison. Je n'aurais pas dû faire ce caprice, et tu n'aurais pas dû accepter. On n'aurait jamais dû se mettre ensemble. »
Je baissai la tête et écrasai une fois de plus la carte magnétique de la chambre dans ma main. Je fis finalement un pas vers lui, et je la posai sur la commode qui faisait face au lit, et au-dessus de laquelle un écran géant était suspendu.
« Je suis désolé, murmurai-je. Je dirai à Sooyeon de ne plus te contacter. Tu n'entendras plus parler de moi à l'avenir. »
Je tournai les talons et quittai la chambre. Mon cœur était lourd, il saignait abondamment, mais je ne pouvais plus revenir en arrière. Je lui faisais trop de mal, je n'étais pas la personne qu'il lui fallait, et j'étais dangereux pour sa carrière. Et je savais que ça ne marcherait jamais entre nous. Je m'étais fait une raison, même si mon cœur, lui, ne voulait pas s'y plier. Il fallait que je laisse Jimin passer à autre chose.
Je m'approchai de la porte d'entrée, mais lorsque je tendis la main pour saisir la poignée, quelque chose me frappa le crâne et je perdis l'équilibre. Je me rattrapai grâce au dossier de l'une des chaises de l'antichambre, même si cette dernière manqua de tomber avec moi, emportée par mon poids.
« Je refuse d'y croire ! tonna Jimin en revenant vers moi. Je refuse. Je sais que tu me mens, et tu n'es pas cohérent. Tu ne buvais quasiment plus depuis un moment, et tu avais même réduit la cigarette sans t'en rendre compte. Mais la drogue, tu ne m'auras pas, tu n'en as jamais pris quand on était ensemble. Alors pourquoi tout aurait repris d'un coup, juste après ton retour ?
– J'ai... Parce que...
– Arrête de chercher des excuses ou des mensonges ! cria-t-il en récupérant le coussin qui m'avait presque fait chuter un peu plus tôt. Réponds-moi !
– Je ne cherche pas d'excuse ou de mensonge !
– Tu mens ! dit-il en me frappant de nouveau.
– Mais t'es malade ?
– C'est ça, je suis malade ! En attendant, ce n'est pas moi qui me défonce tous les soirs !
– T'as pas le droit d'émettre le moindre avis sur mes activités, Park Jimin, dis-je entre mes dents. Je fais ce que je veux et avec qui je veux.
– Oh, oui, des blondes, visiblement.
– Une blonde, et c'est ma copine. Donc oui, je fais ce que je veux.
– Tu mens.
– Je ne mens pas. »
Ses yeux glissèrent vers le bas de mon corps et je fronçai les sourcils en suivant son regard.
« Qu'est-ce que tu regardes ?
– Tu mens.
– Sur quoi ?
– Ce n'est pas ta copine.
– Bien sûr que si. Quel intérêt j'aurais à mentir ? »
Je vis ses narines se soulever, et une seconde plus tard, il releva le coussin et m'assena un puissant coup qui me fit reculer d'un mètre.
« Tu mens ! hurla-t-il. Je te l'interdis, Jung Hayden !
– Mais t'es un malade, dis-je en faisant le tour de la table.
– Dis-moi la vérité !
– Quelle vérité ?
– Pourquoi tu es parti ! Dis-moi pourquoi tu es parti ! »
Sa voix avait tremblé, et le coussin atterrit violemment à mes pieds.
« Je te l'ai déjà dit... soufflai-je.
– Et je sais que tu me mens, Hayden. Tu m'as caché des choses en octobre, je le savais. Depuis qu'on est revenus de Busan, j'ai vu que quelque chose avait changé, que tu étais travaillé. Tu es sorti, tu as bu, tu m'as zappé... Je me doutais que tu me dirais que tu voulais qu'on se sépare, avant de partir. Je l'avais senti, que c'était terminé. Tu es parti, et tu es revenu pour me le dire en face, et en ça, je te suis reconnaissant. Mais... Mais je n'ai pas pu m'empêcher de penser qu'il y avait autre chose derrière tout ça. Et puis tu reviens ici, tu disparais de la sphère publique, et quand tu réapparais dans ma vie, c'est dans cet état ?
– C'est un pur hasard. Je ne pensais pas que tu entendrais de nouveau parler de moi après ça.
– Comment j'aurais pu ne pas entendre parler de toi ?
– Me bloquer de partout ?
– Je ne vois pas pourquoi j'aurais fait ça. Je voulais qu'on recommence tout, qu'on redevienne amis, comme au départ. Alors pourquoi j'aurais fait ça ?
– Parce que c'est impossible, dis-je sèchement.
– Impossible ?
– Oui. »
Il m'observa un long moment et je vis son visage coléreux se peiner de plus en plus.
« Tu le penses vraiment ?
– Oui. C'est impossible qu'on redevienne amis, Jimin. »
Ses yeux valsèrent entre les miens quelques secondes, puis glissèrent de nouveau sur mon corps sans que je ne comprenne pourquoi. Ils remontèrent ensuite à mon visage, puis partirent vers la fenêtre tandis qu'il tenta de prendre une grande inspiration tremblante.
« Très bien, vacilla sa voix. Dans ce cas, qu'on en finisse une bonne fois pour toutes, Hayden.
– Comment ça ? »
Il baissa la tête et regarda ses pieds.
« Je t'aime toujours, avoua-t-il. Ça me tue. Tous les jours, toutes les heures, toutes les minutes, depuis que tu es parti, parce que je sais que tu n'as pas été pleinement honnête avec moi, et que je n'ai cessé de nourrir l'espoir que tu allais revenir. Au final, c'est moi qui suis revenu, sourit-il, mais ça n'a pas d'importance. »
J'avalai ma salive difficilement pour la énième fois de l'heure, et lorsqu'il remonta son regard dans le mien, je ne pus en détacher mes yeux.
« Je t'aime toujours, répéta-t-il. Alors je veux que tu me dises la vérité. Est-ce que tu es vraiment parti parce que tu te forçais à être avec moi et que tu ne voyais aucun avenir à nous deux, ou est-ce que tu es parti à cause d'autre chose ? »
Je serrai les dents et tournai la tête. Mon cœur battait à tout rompre ; je me sentais mis à nu alors que je ne lui avais rien avoué. Ça me mettait mal, j'avais envie de me protéger.
Je tournai les talons et me dirigeai à mon tour vers la grande fenêtre en longueur qui faisait tout le long du mur, tout en restant à plusieurs mètres de lui. Je laissai mes yeux se perdre sur le paysage urbain en face de moi, et je glissai mes mains dans les poches de ma veste.
« Tu as raison. Finissons-en. »
Il resta silencieux et je pris une grande inspiration.
« Déjà, concernant la fille dont tu parles, je ne sais même pas qui c'est. Je couche avec ce qui me passe sous la main. Je bois pour oublier, mais même quand je suis saoul, ma tête n'arrête pas. Même quand je suis à poil avec une femme, je n'arrive pas à oublier. Même saoul et avec une femme, mon esprit refuse de lâcher prise. Retomber dans la drogue est la seule chose que j'ai trouvée qui soit efficace pour m'aider. Je n'en suis pas fier, tu sais. Si tu t'inquiètes pour la dépendance, c'est progressif, ce que je prends. Je peux arrêter facilement. Mais je ne peux pas. J'en ai encore trop besoin. »
Je fermai les yeux et baissai la tête.
« Pourquoi ? me demanda-t-il doucement.
– Pourquoi ? Parce que je n'arrive pas à te faire sortir de ma tête. Quoi que je fasse, où que j'aille, avec qui que je sois, tu ne quittes pas mon esprit. Même quand je suis à poil avec une femme, t'es là à me cockblock. Si je ne peux même plus m'envoyer en l'air, alors c'est que je ne suis plus bon à rien. »
Je sentis une larme couler sur ma joue gauche, alors je m'empressai de sortir ma main de ma poche pour l'essuyer, puis je repris.
« T'as raison, j'ai pas été totalement honnête, il y a un mois. En vrai, l'avenir m'a toujours terrifié, mais j'avais décidé de ne pas me prendre la tête et de vivre au jour le jour, avec toi. Mais ton père m'a coincé le dernier soir, et il m'a fait prendre conscience d'énormément de choses. J'ai toujours su que j'étais un danger pour toi, mais j'avais réussi à me convaincre que je pourrais devenir quelqu'un de respectable pour toi. Mais à côté, j'étais incapable d'oublier ta morphologie et de te satisfaire pleinement, même si souvent, tu arrivais à me provoquer de sales envies. »
J'avalai ma salive aussi discrètement que possible.
« Quand ton père a voulu me demander implicitement d'être... doux avec toi, j'imagine, si jamais on couchait ensemble, et que je lui ai répondu que je ne t'avais jamais touché, et que je n'étais pas gay, tout de suite, il a changé de tête et a été rassuré. Ça m'a fait peur. »
Je pris une grande inspiration et continuai.
« Vivre caché ne m'amusera pas toute ma vie, Jimin. Et toi, tu devras cacher ta bisexualité toute ta vie, sauf si le monde prend en maturité et en ouverture d'esprit d'un coup de baguette magique. Ma vie est ici, la tienne est là-bas. Et puis sans compter cette histoire de service militaire... J'avais déjà du mal à m'imaginer loin de toi pendant un mois ou deux de nouveau, alors deux ans ? Plus un an de tournée ? Trois ans ? J'ai pété un câble. »
Je fis une nouvelle pause, histoire de respirer un grand coup et d'humidifier ma bouche et mes lèvres de nouveau.
« Je t'ai caché beaucoup de choses, en effet, et je suis désolé. C'était pour me protéger, mais c'était aussi pour te protéger. J'ai fait le choix de vivre avec des œillères pendant quatre mois, et je n'aurais pas dû. On n'en serait pas arrivés là, autrement. Dire que je regrette ce qu'on a vécu ensemble serait mentir, mais je ne me pardonnerai jamais d'avoir profité de toi pendant tout ce temps, et de t'avoir blessé. Je suis terrifié, tu sais. Par ce que tu ressens, par ce que je ressens, par ce que tu veux, par ce que je veux... Par ce que le monde veut, pense, juge et condamne. Et par l'avenir et son absence de perspective. On finira par être un poids l'un pour l'autre, ou alors on finira brûlés en enfer. Et au fond de moi-même, je sais que tu mérites mieux. Peut-être que dans une autre vie... Enfin, soupirai-je. Ça aurait été tellement plus simple si tu t'étais appelé Anna ou même Bryan Smith et que tu bossais à la supérette du coin... mais la vie en a décidé autrement. »
Je baissai la tête et tentai d'inspirer de nouveau. Puis, je sentis qu'il se rapprochait, et son bras vint effleurer le cuir de ma veste.
« C'est toujours possible, tu sais...
– Possible ?
– Oui. Le groupe ne durera pas éternellement...
– Et tu comptes tout abandonner ? Redevenir une personne lambda ?
– Je pourrais le faire pour toi.
– Mais dans combien de temps ? »
Il resta muet, et je repris.
« Je ne te mettrai sûrement pas d'ultimatum, je n'en ai pas le droit. Je ne veux pas non plus te mettre un couteau sous la gorge ou te faire signer un quelconque contrat. Ce n'est pas comme ça que les choses fonctionnent... Mais... »
Je déglutis une fois de plus, les yeux égarés sur une plante sur le bord de la fenêtre, quand Jimin posa ses mains sur mes bras pour me faire pivoter face à lui. Ses yeux brillaient, et ses joues également, signe qu'il avait pleuré en silence.
« Je t'aime. Je ferais n'importe quoi pour toi, je te l'ai déjà dit. Mais-
– Je ne veux pas que tu sacrifies ou changes qui tu es pour moi.
– Mais si je veux le faire ?
– Je le refuserai. Je n'accepterai jamais que tu laisses tout tomber pour moi. Et puis, c'est Jimin de BTS qui m'a eu dans ses filets, ne l'oublie pas. »
Il sourit et baissa la tête une seconde en pinçant ses lèvres, avant de remonter ses yeux dans les miens.
« Il me casse les couilles, d'ailleurs, murmurai-je. Il a foutu ma vie en l'air. »
Un faible rire lui échappa alors qu'il continuait de me sourire, et sa main droite vint doucement saisir la mienne.
« Je t'aime, Hayden. Et j'ai aussi peur de l'avenir. De ce que le groupe va être amené à faire, du service militaire, de mon image, de ma réputation... Mais on n'a qu'une seule vie, et je veux en profiter. Je veux être heureux.
– Tu ne le seras jamais avec moi.
– Je t'assure que si.
– Tu ne disais pas que tu allais mal, depuis un mois ?
– J'étais mal justement parce que je n'étais pas avec toi ! »
J'arquai les sourcils, surpris, puis je lâchai un petit éclat de rire.
« Bien joué.
– C'était facile, avoua-t-il en riant.
– Mais, Jimin... Avec mes nouvelles frasques, vraiment...
– Ça ne me fait pas peur.
– Tu devrais. On ne peut pas être vus ensemble, même en tant qu'amis. Et puis, si tes préférences étaient révélées...
– Je les assumerais avec fierté. Pas toi ?
– Je ne sais pas... Dans le fond, je ne suis pas gay. Mais c'est ce que les gens penseront.
– Et alors ? On s'en fiche, non ? Depuis quand tu te soucies de ce que le monde pense de toi, autour de toi ? »
Je le regardai longuement, puis montai ma main à son visage. Je caressai doucement sa joue, mes yeux fixant ses lèvres, puis je souris et remontai mes pupilles dans les siennes.
« Depuis que je t'ai rencontré. »
Tout un tas d'émotions passa alors sur son visage, et sa main gauche plongea sur ma gorge. Son sourire disparut bien vite, écrasé contre ma bouche, et même si je ne ressentis pas grand-chose, je tentai de répondre à son baiser du mieux que je le pus en passant mes bras autour de sa taille.
Après quelques secondes, il s'éloigna de moi et reprit son souffle.
« Pardon, je n'aurais pas dû faire ça... souffla-t-il.
– Au contraire, ça fait un point pour moi. »
Il souffla par le nez, puis passa sa main dans ses cheveux.
« Je t'ai gêné.
– Non.
– Si, tu n'étais pas du tout à l'aise.
– Ce n'est pas de ta faute. »
Il remonta ses yeux dans les miens, et je vis de la peur envahir son visage de nouveau.
« Alors... tu ne veux pas...
– Je suis encore en pleine redescente, avouai-je en grattant l'arrière de mon crâne. Je ne ressens pas grand-chose, que ça soit de la joie, du plaisir... Les émotions positives me passent au-dessus depuis hier matin.
– Ah... »
Il détourna le regard et le silence s'installa de nouveau entre nous. Je lui avais tout avoué, et il avait répondu à mes craintes.
« Qu'est-ce que tu veux qu'on fasse, Jimin ? » murmurai-je.
Il tourna la tête vers moi.
« Tu me promets que tu ne me fais plus jamais ça ?
– Je te le promets. Jamais.
– Et toi, si tu oublies le futur, si tu oublies le monde autour... Au plus profond de toi, qu'est-ce que tu veux ? »
Je déglutis, puis détournai les yeux une seconde. Mon cœur battait vite dans ma poitrine.
« Toi », finis-je par avouer.
Il se rapprocha de moi, et doucement, ses doigts vinrent saisir mon poignet droit.
« Vraiment ?
– Oui. »
Je regardai nos mains, puis remontai mes yeux à son visage. Il les regardait aussi.
« Quoi ?
– Rien, sourit-il avant de remonter ses yeux dans les miens.
– Alors pourquoi tu souris comme ça ?
– Parce que je veux qu'on réessaie. À ton rythme. Je reconnais que j'ai été impatient à de nombreuses reprises et que ça a pu aider à ce que les choses dégénèrent de cette façon. Mais je veux qu'on réessaie, peu importe ce qui pourra se passer. Je veux être avec toi. »
Je le fixai un instant, mon pouls accélérant, puis j'hochai la tête en lui envoyant un petit sourire. C'était la pire idée possible, mais j'étais incapable de refuser.
« D'accord. »
Il me sourit en retour, et son bras gauche se leva pour passer autour de mes épaules afin de me serrer contre lui.
« Je t'aime », chuchota-t-il contre mon oreille.
Mon rythme cardiaque fit soudain une pause, puis reprit de plus belle. Est-ce que je devais lui dire ? Est-ce que c'était le moment ? Est-ce que ça pourrait être le déclenchement d'un nouveau départ, pour nous comme pour moi ?
« Je... Je- »
Il relâcha cependant son étreinte et vint poser ses doigts contre ma bouche. Je ne réagis pas, surpris, et je ne terminai pas ma phrase non plus.
« Pourquoi tu... ?
– Je ne veux pas que tu le dises maintenant, souffla-t-il. Je veux que tu attendes d'être sobre et débarrassé de tout ce qu'il y a dans ton corps.
– Vraiment ?
– Oui. Je sais à quel point ces mots sont précieux pour toi. Je veux que tu attendes le bon moment pour les dire. Quand tu seras prêt. J'attendrai.
– Tu es sûr ?
– Certain.
– D'accord. Mais je peux dire autre chose alors ?
– Oui... ?
– HLJ. »
Ses pupilles valsèrent entre les miennes, et un large sourire illumina enfin son visage. Il me prit dans ses bras et me serra contre lui. Je fis donc de même, cachant son visage dans mon cou, et je plongeai mes doigts dans ses mèches blondes avant qu'il ne me réponde dans un souffle :
« IK. »
~~+~~
Ainsi s'achève cette partie 4 intitulée "What am I to you?" !
Alors, satisfait.e.s ?
Pensez-vous que désormais, ça peut marcher, entre eux ? Qu'ils ont eu raison de se donner une nouvelle chance ? 🤧
Ce chapitre est tellement vieux, c'est un des passages que j'ai écrits en premier. Quand j'ai repris cette histoire en 2020, le premier jet était déjà rédigé. Autrement j'avais quoi, genre les 4 premiers chapitres, c'est tout ? 🤣
Je suis contente d'avoir pu garder le maximum. J'ai dû adapter les dialogues sur certains points, mais je suis satisfaite qu'en 100 chapitres, l'histoire ait quand même suivi mon fil conducteur pour rejoindre des passages écrits plus de trois ans avant.
Sans transition, quelqu'un a relevé quel était le tic dont Jimin parle ? Je suis trop curieuse de voir si quelqu'un l'a remarqué 🙃
La prochaine partie est immense. Une soixantaine de chapitres, et je galère à faire tenir tous les titres sur le visuel. D'ailleurs, je n'ai pas encore fini de trouver un titre à tous les chapitres, je sens que les dix qu'il me manque finiront avec une chanson attribuée au pif 🤣
Le titre de la partie 5 était déjà décidé depuis très longtemps, même si au départ, il me semble que c'était la 4 qui devait porter ce nom. Bref, peu importe. En tout cas, de tous les montages que j'ai pu faire pour cette histoire, c'est celui que j'aime le plus. Il ne casse pas trois pattes à un canard, mais je le trouve trop beau 🤣
Hâte d'avoir votre avis dessus quand je le posterai vendredi. Une idée de la chanson de BTS utilisée pour son nom, d'ailleurs ? 👀
Le chapitre 101 arrivera donc lundi prochain, pour les 1 an de cette histoire, mais aussi les 11 ans de la rencontre IRL de notre petit Hopemin. Espérons que ce nouveau départ soit le bon pour notre petit duo fictif !
Bref, je vais m'arrêter ici. Merci encore à toustes pour votre soutien sur cette histoire. Le livre a dépassé les 18k il y quelques semaines et je n'en reviens pas. Je suis vraiment heureuse qu'elle vous plaise ! Et j'espère que vous resterez encore un moment avec moi pour suivre la suite des aventures d'Hayden et Jimin 🥰
À bientôt 💙
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