[19/12/2022]

Bonjour bonjour !

Bordel, demain je retourne sur Paris juste pour un tatouage, et j'ai encore rien de prêt xD

Du coup je vous balance mon chapitre et je vais me mettre à mon sac xD

Dernier que je poste sur mon vieil ordi portable qui s'éteint quand il le souhaite avant un moment, d'ailleurs. Croisons les doigts.

J'espère qu'il vous plaira.

Bonne Léocture ! ♥

~~+~~

Jimin laissa échapper un nouvel éclat de rire, sa tête partant en arrière, avant de se rasseoir correctement.

« Tu ne m'auras pas ! J'ai gagné, et je gagnerai la prochaine fois aussi !

– Je t'ai laissé gagner pour ne pas que tu te tapes la honte, souris-je en continuant de couper ma pizza.

– Tu mens. Et quand bien même, personne ne saura que c'est moi sur cette vidéo. Donc quel en aurait été l'intérêt ?

– C'est au cas où ça fuite avant les retouches sur ta voix.

– S'ils ne t'envoient pas le ficher sans les retouches alors ça devrait aller.

– Je suis tellement généreux de leur offrir les sous-titres, n'empêche, soupirai-je.

– Tu gagneras la totalité des revenus de la vidéo comme je ne veux rien, de quoi tu te plains ? pouffa-t-il.

– C'est pas faux. Je te dois quelque chose, du coup.

– Tu ne me dois rien, soupira-t-il. Je te l'ai déjà dit.

– Les bons comptes font les bons amis.

– Alors tu n'as qu'à m'offrir ce resto. On sera quittes.

– Quand la vidéo sortira, je gagnerai bien plus qu'un resto, Jimin. Même si, je l'avoue, ça sera sûrement dérisoire par rapport à ce que vous, vous devez gagner quand vous sortez une vidéo.

– Eh bien dans ce cas, si tu gagnes bien plus qu'un resto, je sais ce que tu pourras faire pour me rembourser. »

Il posa ses couverts et croisa ses bras sur la table. Je me figeai, un peu décontenancé, puis je terminai de mâcher mon morceau avant de l'avaler.

« Quoi donc ?

– Tu pourras te payer l'aller-retour jusque Séoul pour venir me voir. Tu n'auras plus d'excuse. »

Je continuai de le regarder dans les yeux pendant quelques secondes, puis je pouffai fortement en tournant la tête.

« Quoi ? Qu'est-ce que j'ai dit de drôle ?

– Rien, c'est juste que tu ne perds pas le nord, ris-je. Mais c'est d'accord. Quand la vidéo sortira, si jamais je gagne assez pour me payer un billet d'avion, je viendrai te voir. Je te l'avais déjà promis la dernière fois, d'ailleurs.

– Oui, et tu n'es pas venu.

– J'ai eu trop de choses à faire ici, et avec Noël, ce que j'ai gagné a aussitôt disparu. Mais cette fois, je viendrai te voir avant le début de ta tournée si je le peux.

– Promis ?

– Promis. »

Il me tendit son petit doigt et je souris tendrement avant de venir le crocheter du mien et d'ensuite poser mon pouce contre le sien.

« Promis, répétai-je. Je viendrai te voir à Séoul. Mais j'espère que tu pourras me trouver un endroit pour dormir, parce que les potes que j'ai là-bas sont soit dans des résidences universitaires donc y a pas la place, soit vivent dans leur famille et c'est pareil, ou alors sont en couple, donc moyen.

– Ta famille ne vit pas sur Séoul ?

– Non, la majorité est sur Gwangju.

– D'accord. Tu pourras tout simplement venir dans notre coloc, il n'y aura aucun problème.

– Votre coloc ?

– À moi et les gars.

– Tu veux que je me retrouve au milieu de six mecs que je ne connais pas et qui sont des stars mondiales ? ris-je.

– Et pourquoi pas ? Je me suis bien retrouvé au milieu d'une famille de quatre personnes que je ne connaissais pas non plus, il y a six mois.

– Mmh, pas faux, répondis-je en reprenant mon repas.

– Ma famille est de Busan, sinon tu penses bien que je t'aurais enfermé là-bas, rit-il.

– Sans façon, souris-je. Après, y a tous les systèmes du guesthouses, au pire, je peux toujours aller là-bas, même si une chambre solo ça doit coûter plus cher qu'une chambre à plusieurs.

– Oui. Mais quitte à te retrouver avec des personnes que tu ne connais pas, autant venir chez moi, hein. Et puis niveau confort, il n'y aura pas photo...

– Mais y a de la place ? Vous êtes déjà sept !

– Il y a de la place, ne t'en fais pas. Et puis, au pire... Bon, je ne suis pas censé en parler, mais on n'y vit pas tous en continu. Certains ont acheté des appartements et y vivent la plupart du temps. Donc si ça se trouve, ils ne seront pas tous là. Ceci dit, si je suis certain qu'ils tiennent tous à te rencontrer, alors peut-être qu'ils passeraient quand même, ajouta-t-il avec un sourire aux lèvres. Notre maknae adore tes tatouages. Je suis certain que tu pourrais avoir une très mauvaise influence sur lui.

– Comment ça ?

– Il a déjà fait un quart de son bras en quelques mois. S'il te voit, il voudra le terminer, et faire le suivant ensuite.

– Il a le quart de son bras de tatoué ? m'étonnai-je. Mais comment il fait ?

– En studio, il est obligé de porter des manches longues et des trucs qui cachent sa main et ses doigts, que ça soit du tissu ou des pansements. Mais bon, il s'en fout. En dehors de ça, il ne se gêne pas pour les montrer. Par contre, on a des fans qui se font faire les mêmes que lui et ça le met un peu mal à l'aise.

– Tu m'étonnes. Un tatouage c'est personnel. Ça me viendrait pas à l'idée de copier celui de quelqu'un.

– On est d'accord...

– Enfin bref, soupirai-je. Il est certain que s'il me demande des conseils, je me ferai un plaisir de lui en donner.

– Mouais, on verra ça, rigola-t-il. Quoi qu'il en soit, si tu viens sur Séoul, tu me tiens au courant. Si jamais tu galères niveau logement, ne te casse pas la tête, tu viens chez nous.

– On verra.

– C'est tout vu. Je mettrai mon coloc dehors si besoin.

– Ton coloc ?

– Oui, je partage ma chambre avec le danseur principal.

– Ah oui ? »

J'arquai un sourcil, surpris.

« Oui, je ne t'en avais pas parlé ?

– Je ne me rappelle plus... Mais niveau intimité c'est pas ouf, si ?

– Ça ne me dérange pas. Je me sentirais seul si je ne partageais pas ma chambre en fait.

– Je comprends, souris-je doucement en continuant de manger. Enfin bon, on verra en temps et en heure.

– Mmh, mais je n'oublierai pas, tu sais ! Et maintenant que j'ai le numéro de ton pote, je pourrai savoir exactement combien tu as touché !

– Ouais alors ça d'ailleurs, c'était pas forcément la meilleure idée du siècle.

– Pourquoi ? me demanda-t-il en fronçant les sourcils. Je n'ai pas donné mon numéro, j'ai juste pris le sien. Enfin, il m'a donné sa carte ; je n'allais pas la refuser.

– Si tu le contactes, il aura tes coordonnées. Même si je lui fais confiance, tu devrais être plus vigilant avec les personnes que tu viens de rencontrer.

– Dit celui qui s'est réveillé d'un black-out avec un message d'une inconnue il y a deux mois, répondit-il en reprenant son repas tandis que je roulai des yeux. Oh, d'ailleurs, ça en est où ?

– Nulle part, soupirai-je. Maintenant que je la connais, je me vois plus coucher avec.

– Tu te fous de moi ? s'écria-t-il.

– Du tout.

– Et pour le reste ?

– Pour le reste, c'est comme d'habitude. C'est devenu une pote et ça le restera. Point barre.

– Hayden...

– On peut changer de sujet ? J'ai assez de Dean et Steven pour ça.

– Pardon.

– T'excuse pas, soupirai-je.

– Mmh. Enfin bref, pour en revenir au sujet de départ, tu n'as pas besoin de me baby-sitter. Je suis adulte, je connais le monde. Et je suis prudent.

– Mouais, j'aurais pu être un pervers psychopathe quand on a commencé à parler, hein. »

Il rigola en secouant la tête de droite à gauche.

« N'importe quoi. »

Je continuai de manger, un sourire aux lèvres, quand l'écran de mon téléphone s'alluma sur la table. Je m'en emparai donc et posai mon pouce sur l'écran pour le déverrouiller, et c'est là qu'apparut un message de Dean.

« Il part de chez lui. Il devrait être là d'ici une vingtaine de minutes. Il veut savoir s'il nous retrouve ici ou directement dans un bar, ou ailleurs.

– Comme tu veux. Si j'arrête de parler, dans cinq minutes j'ai fini de manger, personnellement.

– Pareil. T'as une idée de l'endroit où tu veux aller ?

– Pas vraiment. Soit un endroit assez calme où on pourra discuter tranquillement pour faire connaissance en espérant ne pas se faire repérer, soit un endroit très bruyant et sombre où il sera plus difficile de s'entendre, mais où je passerai incognito.

– Donc si je résume, un café pour les vieux ou une boîte de nuit, c'est ça ?

– J'ai envie de danser, me répondit-il avec un sourire.

– Je lui réponds ça. C'est pas ma cam alors je ne connais pas de bonne boîte ; il doit s'y connaître mieux que moi, il y va plus souvent malgré son boulot.

– D'accord. »

Je répondis donc à mon meilleur ami, puis je soupirai en reposant mon téléphone et repris mon repas. Il fallait que je finisse ça rapidement pour ne pas qu'on le fasse attendre trop longtemps.

[...]

Assis autour d'une table au fond de la discothèque, il nous était effectivement assez difficile de nous entendre, mais ça ne semblait pas poser de problème à qui que ce soit. Celui qui allait le plus regretter ce lieu de rendez-vous allait être mon compte en banque, parce que le cocktail à dix dollars, ça piquait. Cependant, je n'allais pas réussir à tenir toute la soirée avec un seul verre si je devais les écouter se foutre de moi tous les deux, bien que la communication soit assez difficile.

Je vidai mon verre en grimaçant, puis je me levai à contrecœur pour aller en chercher un autre. Je sentis les yeux de mes amis se poser sur moi, et je vis Jimin me parler mais je n'entendis pas ce qu'il me disait.

« Je vais me reprendre un verre.

– Quoi ? »

Je roulai des yeux, puis me penchai vers lui.

« Je vais me reprendre un verre, dis-je contre son oreille.

– Ah, d'accord. »

Je me redressai donc, répétai la même chose à Dean, puis j'enjambai Jimin étant donné qu'il se trouvait entre moi et la sortie de notre petite alcôve. Je sentis cependant sa main saisir la mienne et me retenir. En me retournant, je le vis vider son verre et me le tendre une fois vide.

« Tu peux m'en reprendre un aussi ? »

J'hochai la tête pour toute réponse et saisis son verre vide lorsqu'il lâcha ma main. J'échangeai un regard avec Dean qui me fit signe que c'était bon pour lui, et je repris ma route jusqu'au bar illuminé de toute part. Je dus jouer des coudes pour réussir à m'y présenter et poser mes deux verres vides, puis patienter plusieurs minutes avant qu'on ne prenne ma commande. En tout, une bonne dizaine de minutes s'écoulèrent avant que je ne reparte avec deux verres pleins.

Lorsque je fus de retour à notre table, j'eus la surprise de voir que Jimin avait changé de place et était désormais assis à côté de mon ami. Ce dernier lui parlait et lui montrait des choses sur son téléphone. Je ne les quittai pas des yeux et repris ma place en posant les verres sur la table, mais ils ne me remarquèrent même pas. Je serrai les dents, récupérai ma veste, puis je me relevai et me dirigeai vers la sortie de la boîte.

Une fois dehors et au frais, j'inspirai profondément l'odeur de l'extérieur avant de chercher une cigarette dans mes poches. J'aurais pas dû écouter Jimin. On aurait pas dû venir ici. L'alcool y était cher, la musique était à chier, on ne pouvait pas s'entendre, et en plus je semblais tenir la chandelle alors que c'était moi qui venais de les présenter l'un à l'autre. Ça me saoulait.

Je fumai donc ma cigarette nerveusement, puis me résolus à devoir retourner dans ce sauna. J'y rentrai donc de nouveau à contrecœur, traînant les pieds, et alors que je traversais la foule qui sautait sur place en hurlant pour retourner à notre table, quelqu'un me sauta dessus. Je me tendis immédiatement et tournai la tête en direction de mon agresseur, et quand je reconnus Jimin, le soulagement fut immédiat.

« T'étais où ? J'ai eu peur !

– Je suis juste sorti fumer cinq minutes, pourquoi tu paniques ?

– Parce qu'il n'y avait plus aucunes de tes affaires ! J'ai cru que tu étais rentré sans moi !

– Je n'aurais pas fait ça, rigolai-je. Et dans le pire des cas, Dean t'aurait ramené à la maison, va.

– Si c'est censé me rassurer, c'est raté. »

Je laissai échapper un éclat de rire, puis je lui fis un signe de tête pour lui faire comprendre que je voulais retourner m'asseoir. Il me lâcha alors et m'emboîta le pas, et nous reprîmes place autour de la table.

« Vous parliez de quoi ? demandai-je en posant ma veste à côté de moi et en m'emparant de mon verre.

– Je lui parlais du groupe.

– Ah.

– J'ai appris des tas de trucs, me dit Jimin avec un sourire.

– T'avais qu'à demander, je t'aurais répondu.

– Je n'osais pas. Je sais que c'est un sujet sensible pour toi.

– Ça l'est, mais je t'ai dit que tu pouvais tout me demander.

– D'accord, me sourit-il avant de revenir à Dean. Et du coup, tu me disais que vous aviez déjà fait un concert dans une salle devant près de euh... trois cent personnes ?

– Oui. Ça doit être totalement ridicule et dérisoire pour toi, mais à notre échelle, c'était immense.

– Pas du tout ! Tu sais, euh, quand on a commencé, hésita-t-il en cherchant ses mots en anglais, on avait peu de fans. C'est venu petit à petit. Trois cent, c'est énorme !

– Pour nous, ça l'était en tout cas. On avait été approchés par quelqu'un d'une agence de disque, mais Scott voulait le faire attendre, qu'on voie s'il nous voulait vraiment parce qu'il aimait ce qu'on faisait, ou juste parce qu'on avait un peu de succès. On a enregistré un EP en solo et ça avait plutôt bien marché.

– Quoi ? Vous avez enregistré un album ?

– Oui ! Il ne te l'a pas dit ?

– Non... »

Jimin risqua un coup d'œil vers moi, et je détournai aussitôt les yeux.

« Attends, je dois avoir une photo. »

Dean chercha sur son téléphone pendant de longues secondes, puis il lui montra.

« Oh, oui, je me rappelle de votre nom ! Mais pourquoi "-10" ?

– C'était le nom de l'EP.

– C'était le titre d'une chanson ?

– Non, c'était un des délires d'Hyde quand on était au lycée. Tu sais pourquoi notre groupe s'appelait "STIX" ?

– J'imaginais que c'était pour le Styx ?

– C'est ça, mais en réalité, c'étaient nos initiales, moins dix lettres. Le H de Hayden moins dix lettres, ça donnait un X. Le D, un T, ect.

– C'est trop cool !

– Le suivant, ça aurait probablement été "+17", sourit-il. Mais du coup... Enfin, j'imagine que Hayden t'a raconté.

– Oui, répondit Jimin en me jetant un coup d'œil et un sourire triste. C'est vraiment dommage.

– Oui. Mais c'est comme ça. On a dû aller de l'avant.

– Tu n'aurais pas voulu reformer un groupe ?

– J'aurais aimé, mais sans Hyde, c'était même pas envisageable, dit-il en plongeant ses yeux dans les miens. Et comme il te l'a peut-être dit, il est incapable de jouer depuis ce jour-là.

– Mmh, il me l'a dit. Il m'a dit qu'il n'avait joué et chanté que deux fois depuis.

– Et on doit remercier Steven pour l'une de ces deux fois, rigola-t-il. D'ailleurs, je ne sais pas si Hyde envisage de te le faire rencontrer un jour, mais c'est un de tes fanboys.

– J'avais cru comprendre ça, rit-il à son tour. Mais je ne crois pas que ça soit d'actualité. Il a peut-être peur que je tombe amoureux. »

Dean ricana en me jetant un coup d'œil, et je roulai des yeux.

Ils continuèrent de discuter et je plongeai mon nez dans mon verre. Je me sentais mal. J'aurais préféré ne pas assister à la fin de leur discussion. Chelsea refusait de quitter mon esprit embrumé. Ça me rendait malade.

Je sentis soudain quelque chose sur ma main, et après quelques secondes, je relevai les yeux sur Jimin qui visiblement me parlait.

« Quoi ?

– Ça va ?

– Oui. J'ai soif. »

Alors sans plus attendre, je vidai mon verre d'une traite et me levai pour aller en chercher un autre. Il fallait que j'oublie ça.

J'accélérai le pas vers le bar quand on saisit mon poignet et tira dessus pour me faire arrêter. Je me retournai donc et me retrouvai face à Jimin qui me regardait avec des yeux brillants et l'air inquiet.

« Hayden, tu es sûr que tu vas bien ? C'est parce qu'on a parlé de votre groupe ?

– Non, j'ai juste soif.

– Tu es sûr ? Tu es bizarre depuis tout à l'heure. Je suis désolé si jamais j'ai dit ou fait-

– Arrête de t'excuser, Jimin. Je t'ai déjà dit cinquante fois que ça me gonflait. Et non, vous pouvez bien parler de ce que vous voulez. Je m'en tape.

– Alors pourquoi est-ce que tu es aussi distant depuis tout à l'heure ? Tu m'inquiètes. C'est la fatigue ?

– Je ne voulais pas t'inquiéter. Tout va bien. Arrête de réfléchir, tu te prends la tête pour rien. »

Sa main droite relâcha mon poignet, et alors que je pensais que la gauche allait faire de même et qu'il allait me laisser aller picoler comme un sac pour oublier mon cœur qui me faisait soudain très mal, il glissa ses doigts sur mon visage et caressa ma joue de son pouce.

« Pardon, je n'ai pas réfléchi. J'étais trop curieux et heureux de rencontrer ton meilleur ami, je n'ai pas pensé qu'aborder ton passé te ferait mal, en plus de t'exclure un peu. Je me sens mal. »

Je ne répondis pas, les yeux perdus dans son dos. Quelque chose avait attiré mon regard.

« Dis quelque chose s'il te plaît... Hayden... Je... J'ai vraiment pas voulu- »

Je le repoussai soudain, plaquant mon verre contre sa poitrine, et je fonçai en trombe vers la silhouette qui me faisait trembler depuis de longues secondes. J'attrapai le poignet de la jeune femme aux cheveux rouges qui dansait sans se préoccuper du monde autour d'elle, et lorsqu'elle se retourna vers moi, je réalisai que je venais de déconner.

« Oui ? me demanda-t-elle.

– Pardon, je... Je vous ai pris pour quelqu'un d'autre... Excusez-moi. »

Confus, je tournai les talons, la tête basse, mais la jeune femme vêtue de cuir me rattrapa par le bras et m'amena à lui faire face de nouveau.

« C'est pas grave. Tu peux me prendre pour qui tu veux, ça ne me dérange pas, chéri. »

Je déglutis difficilement. Non, ce n'était pas Chelsea, même si elle lui ressemblait sur énormément de points, jusque dans sa façon de me parler. Ça ne pouvait pas être elle. Ça ne pourrait jamais être elle. Plus jamais. Chelsea était morte il y avait cinq ans. J'étais stupide. Pourquoi j'avais sauté sur la première fille en cuir et avec des cheveux rouges ? Ça faisait longtemps que ça ne m'était pas arrivé. Est-ce que c'était parce qu'on venait d'en parler ?

« Pardon. Faut que j'y aille. »

Je me détachai de sa prise pour m'éloigner d'elle et me faufilai entre les personnes qui s'amusaient au milieu de la piste. Je revins à notre table, mais je vis que Dean était seul.

« Où est Jimin ?

– Il est parti il y a dix secondes à peine. Il m'a dit qu'il avait besoin de prendre l'air. »

Sans attendre une seconde de plus, je me dirigeai vers la sortie, mais une fois dehors, aucune trace de lui. Je pris donc mon téléphone dans ma poche et essayai de l'appeler, mais il ne me répondit pas. J'envoyai alors quelques messages, sautant sur place pour me réchauffer, puis je l'appelai de nouveau.

Après un nouvel essai infructueux, je fis demi-tour en jurant et m'empressai de rejoindre notre table. Dean était toujours seul.

« Je sais pas où il est, je suis inquiet. Il faut que je le trouve.

– Je suis certain que tu t'inquiètes pour rien, il ne doit pas être bien loin.

– Tu connais pas la bête.

– Très bien. Tu y vas alors ?

– Oui. Désolé.

– T'en fais pas. Ça m'arrange en réalité, je bosse demain. Mais Hyde, t'es sérieux ?

– Sur quoi ? »

Il me regarda longuement, puis tourna doucement la tête de droite à gauche.

« Rien. Trouve-le vite, il doit être fatigué, et j'ai cru comprendre qu'il ne valait mieux pas qu'on sache qu'il était ici.

– Oui. Je te tiens au courant, dis-je en enfilant ma veste.

– Ça va aller pour rentrer ?

– Oui, t'en fais pas, j'ai pas bu autant que je le voudrais. Et je ne peux pas le chercher à pied de toute manière.

– Fais attention. Tu veux que je t'accompagne ?

– C'est bon, je vais me débrouiller. On se tient au courant. Rentre bien !

– Toi aussi. Fais attention. »

Je lui fis un signe de main, puis je m'enfuis de la boîte de nuit en courant, bousculant des jeunes sans même m'excuser. Je m'en fichais. Je voulais juste trouver Jimin.

Une fois près de ma voiture, je m'engouffrai à l'intérieur et allumai le contact.

« Ce petit con. »

Je passai ma ceinture et tentai de l'appeler une nouvelle fois, sans succès.

« Je vais te casser la gueule, Park Jimin. »

J'allumai mes feux et démarrai, puis je commençai à faire le tour du quartier. Et heureusement, après un bon quart d'heure, je finis par le reconnaître, assis à un arrêt de bus. Je freinai brutalement pour m'arrêter devant et je klaxonnai. Il sursauta et releva la tête, et en apercevant la voiture, il fit comme s'il ne l'avait pas reconnue. Je descendis donc ma vitre et le hélai.

« Monte ton cul dans cette voiture, Jimin. Tout de suite. »

Il resta immobile un instant, puis il se leva et avança vers moi. Il ouvrit la portière, s'assit, puis la referma.

« Je peux savoir pourquoi t'es parti comme ça ?

– J'avais besoin de prendre l'air, répondit-il en appuyant sur le bouton pour faire remonter la fenêtre.

– T'es au courant que t'avais pas besoin de faire autant de chemin pour respirer ? J'étais inquiet putain !

– Bah voyons.

– Je ne plaisante pas, Jimin. Quand t'es sous mon toit, je suis responsable de toi. Tu me refais plus ça, c'est clair ?

– Ouais, dit-il sans vraiment le penser. Tu peux y aller.

– Mets ta ceinture. »

Il le fit avec toute la mauvaise foi du monde, et je vérifiai dans mes rétroviseurs avant de redémarrer.

« Sérieusement, t'as quoi dans la tête ? Ça va pas de nous planter comme ça ? Et pourquoi tu décrochais pas ton putain de téléphone ? »

Il ne me répondit pas et je resserrai mes doigts sur le volant.

« Je te parle, Park Jimin.

– Plus de 4G.

– Bah voyons, fous-toi de ma gueule. »

Je continuai de rouler en direction de la maison, mais le silence qui régnait dans la voiture me rendait dingue.

« Réponds-moi putain.

– Je suis fatigué, soupira-t-il. Arrête de hurler, c'est bon, j'ai compris, je ne le referai plus. »

Bordel, il me saoulait. J'allais laisser couler pour ce soir, mais demain, il pouvait être certain qu'il allait m'entendre.